46-" RECIT
La paix
d'Angleur, conclueen 1313, un an
aprèsla
ll{ale-Saint-Nlartin,
stipula ,r qr'à
l'avenirnul ne pourrait être
membredu
Conseilde la ville s'il ne faisait partie tl'un
corpscle métier ,.
C'était un sérieux avantage reconnuà la
bourgeoisie.Plus tard, Adolphe de la il{arck, à la suite de
troubles gravesqui
s'étaient produits entrela
noblesseet le
peuple, promulguala
paixde
Fexheet
instituale
Tribunal des XXII.La
première assuraità tous
égalejustice et
obligeait l'évêque à consulterles
États, c'est-à-clirela
noblesse,le
clergéet la
bourgeoisie,lorsqu'il voudrait
apporterdes
changementsaux lois du pays.
Quantau Tribunal
clesXXII, c'était une
assemblée composéede
quatorzedéputés des
villes,
quatre clela
noblesseet
quatreclu
clergé,qui
avaitla
tlécision suprêmesur les
affaires extérieures.Le
commercede Liége,
grâceà tous les
privilèges accordés aux corporations,s'était
cléveloppé extraordinairement;les
draps,les
armes,les
bois de
construction,la houille, le fer,
les dinanderiesou
tratteriesde
cuivresi
recherchées quel'on
fabriquaità Dinant,
formaient d'impor- tantes sourcesde
richessepour le
pays.Les
métiers,
régulièrement constituésdès la fin du xur'
siècle,avaient chacun
leur
bannière représentantd'un côté
les insignes profes- sionnels,de
I'autrele
Perron liégeois, colonne édifiéesur des
marches depiere,
quel'on
avait élevéesur la
Grand'Placeet
d'oùl'on
haranguaitle peuple. Le
Pemonétait
consitléré commele
symboledes
libertés cornmunales.tËS
COMMUNES
81La
démouatiefinit par
être omnipotenteà Liége, et la
noblesse setrouva bientôt
complètement effacee;mais en même
temps l'autorité mêmedu
prince s'affaiblissail,et de
grancls malheurs allaient fondre surla fière cité
liégeoise.Aussi conserve-t-elle
un
ressentiment farouche contre I'auteurde
ses mauxet le
désigne-t-elleà la
postérité sousle nom
cle Jean sans Pitié.Investi de
['évêché, Jeande
Bavièren'avait pas
mêmereçr
lesordres ecclésiastiques. Ce
prince, tout jeune
encore, violentet
hautain, astucieuxet
avicle, sefit haïr
cle ses nouveaux sujets,qui ne
tardèrentpoint à entrcr en
révolte ouverteet à le
chasser clela
ville.Mais
Jean invoqual'appui cle son frère
GuillaumeIV,
comte deHainaut,
et de
son beau-frèrele
d.uc de Bourgogne Jean sans Peur. [Jnenombreuse armée s'avança vers
les
rebelles,qui vinrent à sa
rencontreau
nombrede
trente-tleuxmille
hommes des rnilices communales.La bataille se livra
clansla plaine
cl'Othée ( [&08). Malgré
labravoure des Liégeois,
ils
succombèrent sousle
choc de leurs adversaires,et leur défaite fut
suivie d'exécutions sanglantes(lue
Jeantle
Bavièreortlonna en
rentrant
clansla cité en dcuil. Il fit table
rasede
tous lesprivilèges cles habitants.
Jean,
qui n'avait
pas reçula
consécration épiscopaleet qui
ne tenait d'ailleurs qu'aux riches revenusde sa
charge, abandonnapar la
suitel'évêché de Liége pour tenter d'enlever à sa nièce,
Jacqueline tleBavière, l'héritage paternel
et
s'assurer d'autres seigneuries.Scs successeurs remirent leurs sujets
en
possessionde
leurs libertés.Néanmoins, Liége
avait
reçu ur1 rude coup,gui
devaitêtre suivi
d'autres désastres. Nousen
parlerons dansl'histoirc de la
domination bourgui- gnonne.L'intervention
des
princestle cette
maison dansles
Éffairesde
la principauté,fut bien
funestepour
Liége;
maissi
cette vaillante communeeut à subir
d'effroyables chocs,le petit Étut
liégeois continua pourtantà être
inclépendantet à vivre cle sa vie particulière,
alors même queles autres provinces belges subissaient
le joug
étranger. Nousle
yerronstoujours administré
par
ses princes-évêques jusqu'àla
grande révolutionfrançaise,
à la fin du
xvulu siècle.COLLECTION NATIONALE
CENT RËCITS
D'HISTOIRE NATIONALE
.->X:(<-,
PAR
T.
WEilDELEl{ILLUSTRÉ DE NOMBREUSES
GRAVURESBRUXELLES
LEBÈGUE E,T CiE, IITPRIMEURS-ÉDITELTRS
46, nue DE LÀ ]rADELErxr, 46 T.