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Ibn Arabi et Jean de la Croix deux poètes mystiques

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2016

Ibn Arabi et Jean de la Croix

deux poètes mystiques

Dr Azouz Ali Ahmed Queen’ s Universit y Ont ario, Canada

Résumé :

Frappée du sceau de l’ universel, l’ expérience myst ique ne cesse de soulever des int errogat ions à la fois sur ses fondement s (ses assises t héoriques, spirit uelles et cult urelles) et sur les dif f érent es voies qui lui permet t ent de s’ inscrire dans l’ ordre des choses comme un phénomène social inéluct able sout enu par des penseurs, des art ist es, des f emmes et des hommes de Let t res except ionnels. Dans not re art icle, nous nous int éressons à deux grandes f igures du myst icisme : Ibn Arabi (560/ 1165 - 638/ 1240) et Jean de la Croix (1542/ 1591). A la lumière d’ une ét ude st ylist ique à visée comparat ive de deux de leurs composit ions poét iques, que nous sit uons dans une plus large perspect ive (hist orico-sociale), nous mont rons comment le même désir (concept sur lequel un dét our lacanien s’ impose) de Dieu s’ exprime, Chez Ibn Arabi, par le moyen d’ une écrit ure de l’ ent re-deux qui se singularise par un enchevêt rement st ruct uré des dimensions philosophique et lit t éraire. Tout comme chez Jean de la Croix, par une écrit ure poét ique d’ un lyrisme qui, avec une rare subt ilit é, ent ret ient une f orme d’ équivocit é const it ut ive du discours exprimant l’ amour divin avec le langage de l’ amour prof ane.

Mots-clés :

myst ique, t ranshist oricit é, amour divin, f ragment , désir.

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quat re cent s), couvent égypt ien que Pacôme a ét abli à Mêné ou Tismênai, près de Panoplis. Forme première de ce qui deviendra "Folie pour le Christ ". Une f emme sans nom qui disparaît aussit ôt que reconnue, précède d’ aut res f igures, d’ hommes qui port ent

des noms : Marc le f ou (salos), dans la ville d’ Alexandrie (VIe

siècle) ; Syméon le f ou, d’ Émèse, en Syrie (VIe siècle) ; André Salos, à Const ant inople (IXe siècle) ; et c. Avec les siècles, cet t e f olie mont e vers le nord et se f ait nombreuse(2).

Tel un mouvement irrésist ible, une onde de choc suivant une f ort e secousse t ellurique, le myst icisme s’ est répandu part out sur la t erre, et a connu des périodes d’ apogée et de déclin, qui s’ inscrivent dans la t rame du récit des grands moment s polit iques, hist oriques et sociocult urels vécus par les

nat ions(3). Ainsi, dans l’ espace mohammedien, par exemple, la

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leurs déviat ions, leurs perversions et leurs caricat ures. La t héorie de l’ union myst ique avec Dieu implique nat urellement une concept ion de Dieu et de l’ âme. Socrat e, Plat on, Arist ot e et Plot in ont f ourni les bases mét aphysiques de ces concept ions(6).

Cet t e universalit é de l’ expérience myst ique, mais également son enracinement philosophique - en part iculier plat onicien - se ret rouvent chez deux grands poèt es appart enant aux sociét és musulmane et chrét ienne, Ibn Arabî (560/ 1165- 638/ 1240) et Jean de la Croix (1542/ 1591) qui sont cependant nés sur une même t erre (l’ Espagne, Bilad el Andalus). Celle qui permit la f ulgurance d'un âge d'or, moment de convergence, de rencont re et de dialogue ent re des civilisat ions assises sur le socle des t rois religions monot héist es appart enant à un même large espace géographique, le Moyen-Orient . Dans not re art icle, t out en met t ant en relief la poét ique du f ragment qui caract érise l’ œuvre de Jean de la Croix, celle d’ Ibn Arabi et leur rapport à la quest ion du désir, nous nous penchons en une ét ude st ylist ique à visée comparat ive sur deux de leurs poèmes "Flamme d’ amour vive" de Jean de la Croix, et "Chant ons l’ amour de l’ amour" d’ Ibn Arabi). Not re analyse nous permet de même de sit uer les deux composit ions dans une perspect ive plus large, car, pour reprendre Collot(7) "t out e expérience poét ique engage au moins t rois t ermes : un suj et , un monde, un langage".

1 - Poétique du fragment :

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soumet t re l’ ordre est hét ique à l’ ordre ét abli(8).

L’ ordre ét abli - qui érige des normes canoniques à même d’ encadrer la croyance en Dieu et ses diverses f ormes d’ expression -, c’ est celui dont les myst iques s’ éloignent pour chercher l’ Aut re par des voies originales. C'est cet aspect qui a, sans dout e, permis à Bart hes cet t e j udicieuse réf lexion : L'opposit ion "le cout eau de la valeur) n'est pas f orcément ent re des cont raires consacrés, nommés (le mat érialisme et l'idéalisme, le réf ormisme et la révolut ion, et c.) ; mais elle est t ouj ours et part out ent re l'except ion et la règle. La règle, c'est l'abus, l'except ion, c'est la j ouissance. Par exemple, à de cert ains moment s, il est possible de sout enir "l'except ion" des Myst iques. Tout , plut ôt que la règle (la généralit é, le st éréot ype, l'idiolect e : le langage consist ant "(9).

A part ir d’ un aut re prisme, Rappelons que le myst icisme de la poésie baudelairienne, symbolisée par "La mort des amant s"(10), rest it ue avec une charge inouïe de poét icit é, t out en la représent ant de manière assez remarquable, la mét amorphose de l’ expérience charnelle en un appel à une f usion du même et de l’ aut re en Un dans la mort et , en même t emps, comme élan vers une vie spirit uelle assumant comme récept acle la t ransf igurat ion de la chair en esprit . En conséquence, les amant s du poème s’ unissent dans l’ inf ini de la mort en une espèce de hors-t emps proche de l’ ét ernit é, qu’ espèrent et à laquelle aspirent les myst iques dans leur t ent at ive d’ union avec Dieu.

Par ailleurs, précisons-le, des t ext es lit t éraires ant érieurs à ceux de la modernit é lit t éraire révèlent aussi une poét ique du f ragment (en premier les t ext es saint s révélés par int ermit t ence) qui, comme chez Pascal(11), mont re une absence d’ ordre dans son œuvre capit ale, "Les Pensées"

.

Ecart script uraire qui épouse les

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l’ anéant issement de soi (condit ion d’ une renaissance) peut ouvrir la voie de la rencont re possible du divin. A cela, il f aut aj out er que la poét ique du f ragment dans l’ œuvre de Jean de la Croix, t out comme dans celle d’ Ibn Arabi, est aussi liée d’ une cert aine manière aux expériences des deux poèt es. En ef f et , la vie de Jean de la Croix, que ret race Bernard Sesé en int roduct ion aux "Poésies"(13)

,

dévoile un it inéraire spirit uel assez mouvement é,

des ét apes ext rêmement dif f iciles - prison dans des condit ions de dét ent ion éprouvant es, évasion, accusat ions et mise à l’ écart . Donc un cheminement myst ique cont rarié, et un parcours lit t éraire chaot ique qui impose de f ait la f ragment at ion à l’ act e de créat ion poét ique pris dans la t ourment e de l’ imprévisible, des dures épreuves de la vie, mais aussi des j eux de langage et de leur mat érialit é. Encore que chez Ibn Arabi, aut eur de quelques quat re cent s ouvrages selon ses exégèt es, la poét ique du f ragment correspond plus à ce qu’ on peut appeler des "halt es", celles de la discont inuit é des pas du marcheur qui a quit t é l’ Andalousie pour se rendre au Maghreb, au Moyen-Orient , pour ensuit e revenir en Espagne, aller à la Mecque et enf in rej oindre la Syrie pour y f inir sa vie. Ainsi, il écrivit dans les "Fut uhat " : "La siyaha

,

c’ est de parcourir la t erre pour médit er sur

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demeurant en haut , près de Dieu, t andis que l’ aut re descend dans la "cit adelle du corps"(15).

La poét ique du f ragment s’ explique de même, peut -êt re, par l’ irrépressible désir de dire l’ indicible et de répét er inlassablement , d’ expérience en expérience, les paroles et les gest es qui ent rouvrent les port es à une possible rencont re avec le divin, à laquelle un absolu désir ne cesse de proj et er. Sous un aut re angle, M. Amrani, à part ir de l’ œuvre romanesque de Kat eb Yacine, pense que : L’ ambit ion de dire l’ indicible, c’ est -à-dire cet t e quêt e pat hét ique car impossible de l’ ident it é, impose donc à Kat eb Yacine le choix du f ragment comme moyen ef f icace pour j et er t ous les f lot s de lumière sur une réalit é rét ive à l’ éclaircissement sinon par le symbole de l’ ombre f urt ive de Nedj ma, cet t e f emme-pat rie inaccessible, comme l’ ét oile(16).

L’ aspect f ormel évoqué précédemment est une donnée f ondament ale pour cerner le choix de la poét ique du f ragment et rest e dans une cert aine mesure lié aux expériences vécues par les poèt es myst iques et à leur possibilit é (impossibilit é ?) d’ exprimer ce qui ne peut l’ êt re, malgré l’ inef f able, par les mot s. Pour Bart hes, le f ragment s’ oppose à ce qu’ il nomme la "dict at ure" du roman dont la f orme unit aire, achevée, est sous-t endue par les syst èmes idéologiques, en part iculier celui de la bourgeoisie t riomphant e par exemple dans la seconde moit ié du XIXe siècle. Mais la recherche f ragment aire des myst iques répond j ust ement à un mouvement en quêt e d’ une Unit é primordiale, à j amais perdue ? La créat ion lit t éraire, comme avent ure prof ane, serait -elle également , au-delà des empreint es idéologiques qui la marquent consciemment ou non, sous une aut re f orme, l’ expression d’ une quêt e d’ une quint essence t out aussi myst ique ?

2 - L’ expression d’ un absolu désir :

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qui, depuis la révolut ion psychanalyt ique menée par Freud, a mont ré que des f orces inconscient es peuvent êt re à l’ origine de l’ act ion des hommes, et que l'exist ent iel, c'est -à-dire la vie dans ses diverses manif est at ions, n’ est pas aussi t ransparent et limpide qu’ on ne le croit . En ef f et , si les act ivit és humaines dans leur expression mat érielle et int ellect uelle s’ expliquent plus ou moins en t ant que moyen visant la recherche d’ un mieux-êt re (d’ un cert ain équilibre), du bonheur ou du conf ort mat ériel, il n’ en est pas t ouj ours de même pour la créat ion art ist ique qui pose, malgré t out l’ arsenal concept uel disponible, d'énormes problèmes de saisie, de compréhension et d'int erprét at ion. Est -ce une act ivit é insaisissable ? Peut -êt re pas eu égard aux réponses même part ielles qu'elle permet grâce au f ormidable pot ent iel analyt ique déployé par les dif f érent s courant s t héoriques, aux out ils d’ analyse sans cesse renouvelés. En ef f et , les t ravaux de Bourdieu (un sociologue) sur l'art t endent , par exemple, à démyt hif ier les essais qui penchent un peu t rop f acilement vers des int erprét at ions sous-t endues par une t rop grande part d'irrat ionnel réduisant la part de scient if icit é (même relat ive) dans l’ ét ude des œuvres lit t éraires. Selon lui, les réalit és ant hropologiques, cult urelles et sociohist oriques ne peuvent êt re occult ées, même si dans "Les règles de l'art "(17)

,

il insist e sur les

f ormidables apport s de la lit t érat ure dans la connaissance du f onct ionnement des sociét és et ret ient qu'ils en disent beaucoup plus que cert ains t ravaux à prét ent ion scient if ique de par leur appart enance disciplinaire. Et la poésie myst ique n’ échappe pas à la règle malgré ses int ent ions déclarées de t ent at ive de rest it ut ion par la parole ou l’ écrit d’ une expérience, dif f icilement t raduisible, de rencont re, t ouj ours hypot hét ique, avec le divin.

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maison". N’ est -ce pas là une descript ion ant icipat oire d’ un myst ique habit é par le désir, qui renonce à t out et s’ en va sur les chemins poursuivre la quêt e du divin. Mais, comme nous le verrons dans les poèmes d'Ibn Arabi et de Jean de la Croix, le désir s’ exprime aut rement que par le desséchement , beaucoup plus dans la beaut é du verbe, et des épanchement s qui port ent une t endresse inf inie noyée dans l’ angoisse inexprimable d’ un absolu hors d’ at t eint e. Dans "Philosophie et psychanalyse, regards croisés sur le suj et "(19)

,

Bernard Baas, à la lumière des t hèses

lacaniennes, appréhende, de manière pert inent e, la quest ion du "désir" qui hant e les myst iques, en d’ aut res t ermes, l’ act ivit é désirant e du suj et : Il f aut donc comprendre, st ruct urellement , le rapport du désir à la chose. Dans son act ivit é désirant e, le suj et vise un obj et empirique comme désirable parce que cet obj et en représent e symboliquement un aut re. Si l’ act ivit é désirant e ne cesse de se port er sur de nouveaux obj et s empiriques, c’ est bien parce qu’ aucun d’ eux n’ est à la haut eur de l’ horizon ult ime du désir : la j ouissance comme f usion du suj et et de l’ obj et dans une présence sans écart ; aut rement dit : j ouir de la chose. Car pour Lacan, la Chose n’ est j ust ement pas quelque chose ; elle n’ est pas un obj et empirique, pas même l’ obj et d’ une expérience originaire ; elle est le pur manque (manque de rien) dont procède en général le désir.

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3 - L’ intemporel sceau du poème mystique :

Même si l’ analyse st ylist ique du poème of f re des dif f icult és singulières comme le souligne Dupriez dans"L’ Ét ude des st yles ou la commut at ion en lit t érat ure"(20)

,

nous essayons de met t re en

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conj ugaison qui permet au suj et d’ exiger l’ accomplissement d’ une act ion, Jean de la Croix at t énue la f orce de son apost rophe avec la marque du condit ionnel hypot hét ique "si" (achève maint enant si t u veux, vers 5 de la première st rophe) car il est en posit ion de dest inat aire, de récept eur. Ces élément s st ylist iques conf èrent au poème une sort e d’ int emporalit é qui f ait de sa lect ure une expérience qui t ranscende l’ espace et le t emps. Aj out ons à cela le f ait que les verbes qui parcourent la t rame du poème (blesser, êt re, achever, vouloir, rompre, avoir, payer, donner, changer, réveiller, demeurer, énamourer) sont de l’ ordre de "l’ ant hropos", c’ est -à-dire de ce qui t ouche à l’ humain t out en qualif iant le divin en un langage mét aphorique que la f igurat ion essaie de dévoiler en une série d’ images cosmogoniques : f lamme, caverne, lampes de f eu, chaleur, lumière. En out re, et malgré leur t onalit é quelque peu t ragique, les verbes "blesser", "achever", "rompre" expriment comme les aut res verbes une sensibilit é part iculière et de f ait appart iennent , du moins dans ce poème, au regist re lyrique et poét ique subsumant une douceur lait euse, charriant une t endresse inf inie que seule peut provoquer la nost algie ou le désir de l’ Aut re (Dieu). Il ne serait pas exagéré d’ avancer que les poèmes de Jean de la Croix sont , d’ une cert aine manière, parmi les prémices qui annoncent le christ ianisme humanist e d’ un François de Sales.

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lat ent , ce désir dans lequel se complaire est une f orme de délice, d’ exquise souf f rance.

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Touj ours dans le même regist re "Combien délicat ement t u m’ énamoures", dernier vers du poème symbolise l’ expression d’ un sent iment d’ une beaut é et d’ une prof ondeur abyssales. En ef f et , seul le myst ique, dont les mot s s’ af f irment pourt ant impuissant s, arrive à dire, sans vraiment l’ exprimer dans son absolue quint essence, le désir t énu – subt il - du suj et à son obj et . Comme le dirait t out croyant : Dieu seul est inst ruit du lieu et de la f orme de la rencont re.

4 - Poésie et rationalité l'espace de l'entre-deux d’ Ibn Arabi :

Rares sont les myst iques qui, à l’ inst ar d’ Ibn Arabi, af f irment avec aut ant de f orce, voire de cert it ude presque inébranlable leur rencont re (ou son illusion, peu import e) avec le divin : Dans un évènement spirit uel soudain (wâqiâ), j e vis l’ êt re vrai (haqq) qui m’ ent ret int de la signif icat ion cont enue dans les vers qui vont suivre. Il m’ appela par un nom que j e n’ avais j amais ent endu sauf de Dieu dans cet t e circonst ance précise(22).

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sort e de respirat ion dans un mouvement prolongé de la pensée que des composit ions aut onomes. On peut même dire qu’ ils la suppléent t out en s’ en écart ant dans un élan aut re qui échappe au cont rôle du poèt e lui-même, où la réf érence au divin est claire (l’ Aimé, Son union, Sa Maj est é, lorsqu’ Il m’ accorda, Son int ime Beaut é, et c.). Le premier verbe du poème est "savoir", c’ est -à-dire bien voir, observer, expériment er et t héoriser. Donc, Ibn Arabi place la rencont re du divin sous le signe du concept , c’ est -à-dire de la connaissance st ruct urée, et non de la blessure (même t endre) comme le f ait Jean de la Croix. Ce qui implique une démarche cognit ive, plus discursive. Conj ugué au passé simple, le verbe "savoir" renvoie à une act ion passée, à une expérience dét erminant e qui t raça déf init ivement la voie myst ique du poèt e renonçant sans ret our possible aux cont ingences mat érielles de ce monde, et à ses propres biens pour poursuivre une quêt e que seule la mort int errompra. Celui qui disait que Jésus ét ait son maît re surnat urel - avec qui il ét ait en mesure d’ ent rer en cont act par des visions -, part de la Thora pour souligner que l’ amour est une st at ion divine. Il rappelle que Dieu dans la Thora en parle à Moïse de cet t e f açon : "O f ils d’ Adam ! Par le droit que j e t ’ ai accordé, Je t ’ aime (muhibb) et par le droit que J’ ai sur t oi, aime-Moi" (p. 37). Le poème d’ Ibn Arabi se dist ingue par un regist re lexical qui t ouche au divin et à l’ humain dans l’ expression d’ une rencont re assumée dans l’ éblouissement et le dout e qui l'habit e d'aut ant plus (L’ Aimé me f it paraît re / L’ éclat de Son union / Qui f it briller mon êt re / Et mon essence int ime, st rophe 3, p. 35). Il art icule aussi des cat égories de t ypes philosophique (êt re, essence, raison, degré) et physique également comme "pesant eur". Une œuvre poét ique

aux dimensions philosophique(24) et lit t éraire, une des

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5 - Conclusion :

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af in qu’ il le délivre de ce monde périssable ? Vole, vole, oiseau, vers t on séj our nat al, car t e voilà échappé de la cage et t es ailes déployées. Eloigne-t oi de l’ eau saumât re, hât e-t oi vers la source de la vie(26).

Ibn Arabi et Jean de la Croix ont f ait de l’ expérience myst ique un apprent issage de vie sur lequel des œuvres lit t éraires et scient if iques s’ int errogent encore. Faut -il le rappeler ? Le myst ère que port e le désir d’ union avec Dieu rest e ent ier, car il t raduit , sans aucun dout e, cet t e part de nous-mêmes impossible à explorer.

Notes :

1 - Louis Massignon : Husayn Mansûr Hallâj , Dîwan, Edit ions du Seuil, Paris 1981, a ut ilisé la not ion de t ranshist oricit é pour met t re en perspect ive la vie de l'’ un des plus grands myst iques musulmans, celui qu’ on a surnommé "le Christ musulman" parce qu’ il a ét é mis en croix avant d’ êt re décapit é et cela après un procès qui a duré neuf ans à Baghdad en 922 pour des prêches publics considérés comme blasphémat oires, en part iculier pour sa f ameuse apost rophe : "Ana al Haqq" (j e suis la Vérit é).

2 - Michel de Cert eau : La f able myst ique, Edit ions Gallimard, Paris 1982, pp. 48 - 49.

3 - Le XVIIe siècle en France a vu la consolidat ion du premier Et at -Nat ion

européen, l’ inst aurat ion de la monarchie absolue, l’ éliminat ion de l’ arist ocrat ie provinciale de la scène polit ique au prof it du pouvoir cent ral représent é par le Roi et la promot ion d’ une vie cult urelle sans précédent marquée par la réalisat ion d’ œuvres magist rales dans le domaine des art s et de la lit t érat ure.

4 - Subst ant if qu’ on rat t ache en général aux radicaux arabes : sûf (laine), safa (puret é), mais aussi au mot grec sophos, sophia (sagesse). La sémant ique du mot "souf isme" suggère t rios caract érist iques principales : le dét achement , la purificat ion et la sagesse.

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les progrès hallucinant s, voire vert igineux des sciences et des t echniques. 6 - Emile Dermenghem : L’ éloge du vin (al khamriya), Poème myst ique d’ Ibn al Faridh, Edit ions Véga, Paris 2002, pp. 8 - 9.

7 - Michel Collot : La poésie moderne et la st ruct ure d’ horizon, Presses Universit aires de France, Paris 1989.

8 - Marc Jiménez : Qu’ est -ce que l’ est hét ique ?, Gallimard, Paris 1997, p. 304. 9 - Roland Bart hes : Le Plaisir du t ext e précédé de Variat ions sur l'écrit ure, Edit ions du Seuil, Paris 2000, p. 111.

10 - Charles Baudelaire : Œuvres complèt es, Gallimard, Paris 1975, p. 126. 11 - Blaise Pascal : Œuvres complèt es, Gallimard, Paris 1954.

12 - La Rochef oucauld : Maximes, Edit ions Garnier, Paris 1967, p. 262. 13 - Jean de la Croix : Poésies, Edit ions Flammarion, Paris 1993.

14 - Pet er Slot erdij k : Sphères I, Bulles, Microsphéroplogie, t raduit de l’ allemand par Olivier Manonni, Pauvert , Paris 2002.

15 - Ibid., p. 624.

16 - ht t p:/ / www.limag.refer.org/ Text es/ Amrani/ Kat ebFragment at ion.ht m 17 - Pierre Bourdieu : Les règles de l’ art , Genèse et st ruct ure du champ lit t éraire, Seuil, Paris 1992.

18 - Plat on : Le banquet , Flammarion, Paris 1999. 19 - ht t p:/ / www.cndp.f r/ magphilo05/ obj et .ht m

20 - Bernard Dupriez : L’ ét ude des st yles ou la commut at ion en lit t érat ure, Edit ions Marcel Didier, Ot t awa 1971.

21 - Jean de la Croix : op. cit ., p. 100.

22 - Ibn Arabi : Trait é de l’ amour, t raduit de l’ arabe par Maurice Glot on, Albin Michel, Paris 1986, p. 32.

23 - Ibid., pp. 29 - 30.

24 - Il f aut rappeler à ce suj et que le premier f rot t ement du souf isme à la philosophie remont e à Farabi (872 - 950)

25 - Gorges Bat aille : L’ expérience int érieure, Gallimard, Paris 1954. 26 - Emile Dermenghen : op. cit ., pp. 5 - 6.

Pour citer l'article :

 Dr Azouz Ali Ahmed : Ibn Arabi et Jean de la Croix deux poèt es myst iques, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 16, 2016, pp. 7 22.

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