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Manuel de Japonais

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(1)

MANUEL DE JAPONAIS CLASSIQUE

(2)

Maisonneuve et Larose, 1 982. La Littérature japonaise

en collaboration avec Jean-Jacques Tschudin,

Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 1983.

Le Chrysanthème solitaire

édition du manuscrit Smith-Lesouëf japonais 96,

introduction et traduction par Jacqueline Pigeot et Keiko Kosugi, Bibliothèque nationale, 1 984.

(texte japonais et traduction française d'un court roman du xw siècle)

Voyages en d' autres mondes - Récits japonais du xvr siècle traduits et commentés par Jacqueline Pigeot et Kosugi Keiko

avec la collaboration de Satake Akihiro,

éditions Philippe Picquier /Bibliothèque nationale, 1 993. Questions de poétique japonaise

(3)

Jacqueline Pigeot

MANUEL DE JAPONAIS CLASSIQUE

Initiation au bungo

Ouvrage publié avec le concours de la Fondation pour /'étude de la langue et de la civilisation japonaises

LANGUES

�1

MONDES

L ' ASIATHÈQUE 1998

(4)

Composition et mise en pages : Stéphanie Geel

Composition du chapitre premier et des annexes : Ludovic Tousch Photographies de la page 24 : Ludovic Tousch

©Langues & Mondes / L' Asiathèque, 6 rue Christine, 75006 Paris, 1 998. ISBN : 2 9 1 1053.46.X.

(5)

Sommaire

Avant-propos . . . .. . . .9

I. Définition du bungo.

Phonétique et écriture . . . .1 3 II. Le shûshi-kei et le rentai-kei des mots de qualité et des verbes . . . ..25 III. Le mizen-kei des verbes et des mots de qualité.

L'auxiliaire de négation -zu (au shûshi-kei et au rentai-kei) . . . 33 IV. Les auxiliaires -mu et -ji . . . .. .. . .. . . .39 V. Les auxiliaires -ru et -raru.

Les auxiliaires -su et -sasu . . . .. . . .. . . .47 VI. L'auxiliaire d'accompli -tari . . . 57 VII. Les auxiliaires d'accompli -tsu et -nu .. . . .. . . 63 VIII. Les auxiliaires de passé. -ki, -kemu et -keri . . . .. . . 7 1

IX . L'assertif nari.

Les mots de qualité nominaux (keiyô-dôshi) . . . .. . . 8 1 X. Les auxiliaires -beshi et -maji . . . .. . . .. . . 9 1 XL Les auxiliaires de conjecture -rashi, -nari, -ramu et -meri . . . 97 XII. L'auxiliaire d'accompli -ri.

Les noms de nombre. Les particules ga et no . . . 1 05 XIII. La particule -ba après le mizen-kei. La particule -ha après le ren.yô-kei.

L'auxiliaire -mas hi. . . . . . . . . . . . . 1 1 3

XIV. Les auxiliaires désidératifs -tashi et -mahoshi.

La particule -namu après le mizen-kei . . . .. . . 1 2 1

XV. L'expression de la politesse. Honorifiques et dépréciatifs . . . 1 29

Annexes . . . 1 49 Textes en japonais . . . 1 5 1

Lexique sélectif. . . .1 65

Principaux termes grammaticaux japonais . . . .1 67 Tableau de conjugaison des keiyô-shi . . . .1 69

Tableaux de conjugaison des verbes . . . .. . . .. . . 1 70

Tableau des principaux honorifiques . . . .. . . 172 Tableau des auxiliaires (jodôshi) . . . .. . 173

(6)
(7)

Avant-propos

Le présent ouvrage est un manuel destiné aux personnes qui souhaitent se familiariser avec la langue classique (bungo ). Il suppose que l'utilisateur possède les bases du japonais moderne, tant pour la grammaire que pour le vocabulaire.

Il ne prétend pas à l'exhaustivité, mais vise à donner les rudiments nécessaires pour accéder aux ouvrages de référence en japonais (ou en anglais). Les explications grammaticales reprennent dans leurs grandes lignes celles qui sont proposées dans les manuels japonais à l'usage des débutants, et elles se veulent les plus pratiques possible. Elles n'ont aucune ambition théorique.

Conçu pour initier à la lecture des textes, ce manuel part d'exemples concrets, qui sont analysés sous tous leurs aspects (vocabulaire, morphologie, syntaxe). La progression a été soigneusement étudiée. L'utilisateur doit donc impérativement suivre l'ordre des chapitres, et ne passer à une nouvelle leçon que lorsque la précédente a été comprise et assimilée (ce qui suppose sans doute plusieurs relectures).

La difficulté principale, dans l'étude du bungo, résidant dans la variété et la complexité des formes verbales, le plan de cet ouvrage a été conçu en fonction d'un apprentissage méthodique de la morphologie des verbes, des mots de qualité et des auxiliaires. Les autres aspects de la langue (notamment les faits de syntaxe) sont présentés au fur et à mesure de leur apparition dans les énoncés proposés en exemple. Un index permet de les retrouver aisément et de les relier entre eux.

Pour ce qui est de la terminologie grammaticale, en l'absence d'un consensus des spécialistes et enseignants français, nous avons le plus souvent conservé la terminologie japonaise (tout en proposant des traductions). L'avantage est que l'on ne sera pas dépaysé en passant aux ouvrages de référence en japonais.

On trouvera à la fin du présent volume : - le texte en japonais des exemples proposés ;

- un lexique des mots rares ou poétiques (ceux qui ne figurent pas dans les dictionnaires courants de japonais moderne, ou dont l'acception a changé au cours des siècles) ;

- une table des principaux termes grammaticaux, avec les kanji ; - des tableaux de conjugaison ;

- un index grammatical.

On s 'étonnera peut-être que, du chapitre IV au chapitre XIV, les exemples proposés soient des poèmes (waka). Nous avons pris ce parti pour les raisons suivantes :

- les poèmes sont des énoncés courts, mais complets, qui peuvent se comprendre hors contexte (même si quelques indications relatives aux circonstances de composition ou à la sensibilité de l 'époque sont parfois nécessaires) ;

- leurs thèmes étant relativement peu nombreux, le vocabulaire est lui aussi limité ; on s'en rendra vite compte ;

(8)

- les poèmes ne comportent ordinairement pas de keigo ( « mots de politesse » ). Or les keigo sont, en langue classique, très complexes. Leur étude a ainsi pu être reportée au dernier chapitre, et le problème laissé de côté jusque-là ;

- nous avons aussi pensé que ce choix pourrait éveiller le lecteur à la sensibilité ancienne, et lui donner un aperçu des images et des thèmes fondamentaux de la littérature classique.

Bien sûr, on a choisi des poèmes d'expression (relativement) simple et directe. Ils sont pour la plupart tirés du Shinkokin waka-shû (début du xnr siècle), recueil où cette esthétique a été privilé­ giée. Les références à cette anthologie sont indiquées par le sigle ShKKS.

La graphie adoptée reproduit celle de l'édition 1 wanami (collection N ihon koten bungaku taikei). On pourra se reporter aussi à d'autres éditions, notamment celles des collections Shinchô Nihon koten shûsei (éd. Shinchôsha) et Nihon koten bungaku zenshû (éd. Shôgakkan), où figurent des paraphrases des poèmes en langue moderne. Les kanji y sont donnés sous leur forme simplifiée.

Nous proposons une traduction française de chaque poème, mais, s'agissant d'un manuel de langue, ces traductions n'ont aucune prétention « littéraire ». Elles visent à serrer le plus près possible l 'original.

*

Ce manuel ne constituant pas une grammaire systématique ni exhaustive, il faudra ensuite recourir à des ouvrages plus complets. Signalons, en anglais : Tadashi IKEDA, Classical Japanese Grammar illustrated with Texts (The Tôhô Gakkai, 197 5).

La grammaire de Komai et Rohlich intitulée An Introduction to Classical Japanese (éd. Bonjinsha, 199 1 ) est claire, mais la progression y est déroutante.

Il existe de très nombreux manuels ou études spécialisées en japonais.

Pour ce qui est des dictionnaires de langue, le Shinchô kokugo jiten (dirigé par Hisamatsu Sen.ichi, éd. Shinchôsha, 1 re éd. 19 65) est commode, dans la mesure où il donne à la fois les accep­ tions modernes et anciennes des mots (avec des références précises).

Trois dictionnaires des mots (ou acceptions) anciens, ne donnant donc pas l'usage actuel, sont à recommander particulièrement :

- Kogo dai-jiten (Nakada Norio et al., éd. Shôgakkan, 1 re éd. 1983). Il constitue aussi un dic­ tionnaire grammatical (tous les auxiliaires, particules, etc., faisant l'objet d'une entrée). Il est malheureusement très onéreux.

- lwanami kogo jiten (Ôno Susumu, Satake Akihiro et al., éd. Iwanami, lre éd. 1974), beaucoup plus maniable (et beaucoup moins cher), est aussi excellent, bien que moins complet. Il contient en appendice des rubriques grammaticales très précises.

- Shin meikai kogo jiten (Kindaichi Haruhiko et al., éd. Sanseidô, 1 re éd. 1972).

Les grands textes classiques font l'objet d'éditions scolaires où figurent toutes les explications grammaticales utiles. Il en existe plusieurs collections, qu'on trouvera sans peine aux rayons des livres scolaires de toutes les librairies japonaises.

(9)

AVA N T - P R O P O S M. TE R ADA Akira, linguiste, maître de conférences à l'université du Havre, et Mme TERADA Sumie, spécialiste de littérature ancienne, maître de conférences à l 'INALCO, ont bien voulu relire le manuscrit de ce manuel et me faire des suggestions extrêmement utiles. Qu 'ils trouvent ici l 'expression de ma vive et amicale gratitude.

Je remercie aussi très sincèrement M. Ludovic TouscH, étudiant de maîtrise à l'université Paris 7-Denis Diderot, qui a composé toutes les parties du présent ouvrage comportant des caractères japonais, avec beaucoup de compétence, de minutie et de dévouement.

(10)

IZK JDS MZK RTK RYK ShKKS SSK izen-kei jodôshi mizen-kei rentai-kei ren.yô-kei Shinkokin waka-shû shûshi-kei

Le symbole�+� signale un développement concernant la langue moderne.

L'astérisque * signale une forme non attestée (sauf dans le tableau des keigo, p. 172).

Une indication entre parenthèses comme (V.4.d) est à lire de la façon suivante : chapitre V, paragraphe 4, exemple (d) et commentaire.

Dans tout le cours de l'ouvrage, les paragraphes décalés vers la gauche sont ceux qui concernent directement la question grammaticale faisant l'objet du chapitre, ou qui traitent d'un point particulière­ ment important.

(11)

Chapitre premier

Définition du

bungo.

Phonétique et écriture

1.1. Qu'entend-on par bungo?

Lisons le texte suivant, où, dans une perspective historique, est précisé le sens de ce terme. Il est tiré d'un essai de Tanizaki Jun.ichirô (1886-1965), Gendai kôgo-bun no ketten ni tsuite [À

propos des carences du« style d'écriture moderne reposant sur la langue parlée»], datant de 1929. Nous reviendrons sur sa graphie. Examinons-en d'abord le contenu.

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En voici une traduction :

«Le "style [reposant sur la] langue parlée" passe pour une production postérieure à Meij i, mais

il n'en va sans doute pas nécessairement ainsi. Le style du Genji monogatari, par exemple, devait

être à l'époque une espèce de "style [reposant sur la] langue parlée". D'après ce que j'ai appris jadis à l'école, la scission entre langue parlée et langue écrite dut s'opérer vers la fin de l'époque de Heian. Ensuite, après une phase de "style mixte mêlé de chinois" [pratiqué] à partir de l'époque de Kamakura, le style national serait, sous Meiji, avec la restauration du pouvoir monarchique, retourné à la tradition du style reposant sur la langue parlée. En somme, on peut distinguer grosso modo trois phases dans le développement du style national, depuis 1' invention des kana : l'époque de Heian, la période postérieure à Kamakura, et la période postérieure à Meij i.»

(12)

Comme il apparaît ici, on distingue au Japon différentes catégories de styles : tai �t.. La première distinction s'opère entre le kokubun OO�, c'est-à-dire ce qui est écrit dans la « langue nationale » (kokugo OO�) , et ce qui est écrit en chinois (kanbun 5l ::t ). Tanizaki ne parle pas explicitement du kanbun, dont nous dirons plus loin quelques mots.

Dans le domaine du kokubun, une deuxième distinction doit encore être faite, celle dont traite Tanizaki : la distinction entre le kôgo-tai (kôgo-bun t1 �X) et le bungo-tai (bungo-bun X� X ). Le premier est le « style reposant sur la langue parlée », et le deuxième, le « style reposant sur la langue écrite ».

Qu'entend-on concrètement par là?

Tanizaki retrace ici l'histoire de la composition littéraire au Japon depuis le début de l'époque de Heian (IXe siècle), c'est-à-dire depuis l'époque de l'élaboration des kana, qui permirent de noter la langue japonaise avec toute l'exactitude requise. Reprenons cette histoire. Grosso modo, lors de l'époque de Heian, la « langue écrite » (celle qu'utilisaient les fonctionnaires, les érudits, etc.) était le chinois - un chinois plus ou moins pur, le kanbun. En revanche, la poésie nationale, les romans (comme le Genji monogatari) ainsi que certains recueils d'anecdotes, les journaux intimes ou les mémoires des dames étaient écrits dans la langue parlée par l'aristocratie de l'époque.

Mais la langue parlée évolue constamment, alors que, dans l'écrit, la langue a tendance à se figer : un écart s'est donc creusé dès la fin de l'époque de Heian. Vers l'époque de Kamakura (X1lle siècle) se constitue une « langue écrite » (que Tanizaki appelle bunshô-go ), une sorte de « mélange du japonais [tel qu'il était parlé et écrit à l'époque de Heian], et d' [emprunts au] chinois» (wakan konkô-tai ;fu�i� 3t �).C'est cette langue - que l'on peut qualifier de« langue classique» (langue considérée comme modèle) - qui restera utilisée par les prosateurs jusqu'au début de Meiji. De son côté, la langue parlée continuait à évoluer, si bien que l'écart avec la « langue écrite » ( hungo) devint considérable. Mais à l'époque de Meiji, dans le mouvement général de réformes et de modernisation, les écrivains en vinrent à renoncer au hungo, senti comme artificiel : ils se mirent à écrire sinon dans la langue parlée à leur époque, du moins dans un « style reposant sur la langue parlée » (kôgo-tai). C'est ce qu'on a appelé genbun itchi €, :1:-it ou « fusion du parlé et de l'écrit» (vers 1885).

Toutefois, le hungo est loin d'être mort. On en trouve de nombreuses traces sous la plume de certains écrivains, ainsi que dans des titres de romans, de films, d'articles, etc. D'autre part, beaucoup de tournures ont subsisté dans la langue moderne. Nous en verrons par la suite des exemples.

En bref, le statut du bungo dans la production textuelle japonaise ne peut être comparé à celui de notre «ancien français». Il ne s'agit pas seulement d'une étape dans l'évolution de la langue, mais d'une langue particulière, qui a dominé dans le domaine de l'écrit jusqu'à la fin du XIXe siècle, et qui a conservé une place non négligeable jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'est par exemple dans cette langue que fut rédigée 1 'annonce de la capitulation par l'empereur le 15 août 1945. Jusque dans les années 50, les travaux des universitaires en portaient encore de larges traces.

Le bungo a cependant connu une évolution, lente, mais certaine. Celui que nous présentons dans cet ouvrage (comme le font les auteurs des manuels japonais et occidentaux) est le bungo de l'époque de Heian (qui était donc proche de la langue parlée par l'aristocratie de l'époque). Il a en

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C H A P I T R E 1

effet toujours été considéré comme la référence suprême et c'est de lui que dérivent les autres styles. C'est, de surcroît, celui qui est le plus riche et le plus nuancé. Pourtant, il ne faudrait pas croire qu'il représente l'état le plus ancien de la langue japonaise: à l'époque de Heian, la phonétique s'était déjà simplifiée et le vocabulaire ainsi que la grammaire avaient évolué par rapport au japonais archaïque, celui des poèmes du Man.yô-shû.

1.2. La graphie des textes en bungo

Regardons à nouveau le texte de Tanizaki reproduit plus haut. Bien qu'il soit écrit en « langue

parlée », et qu'il s'agisse d'une édition de 1992, sa graphie n'est pas celle des manuels scolaires

(pour Japonais ou pour étrangers), ni des journaux et revues à grand tirage, ni même de la majorité des romans contemporains.

On remarque les phénomènes suivants :

- plusieurs kan.Ji ne se présentent pas sous leur forme actuelle (par exemple� ou �) �

- quelques mots ne sont pas notés avec les mêmes kan.Ji que dans les manuels ou les journaux

actuels ( iu i; ) ;

- plusieurs mots aujourd'hui habituellement notés en kana (vahari, mata, ni oite, wake) sont ici notés en kan.Ji : respectivement * 7l , 1f. , i: �" \ -C , ·� �

- l'usage des kana diffère par endroit de l'usage actuel ( .� (j: h -C , � -J , � -J , etc.). Le -:J

indiquant le redoublement de la consonne qui suit n'est pas écrit plus petit que les autres (cf.

--r:: lb� t::.. ).

- on note la présence d'un kana aujourd'hui absent du syllabaire enseigné dans les écoles : J;J.

Ces particularités s'expliquent par le fait que ce texte, bien que tiré d'une réédition récente des oeuvres de Tanizaki, reproduit la première édition, celle de 1929, c'est-à-dire d'une époque antérieure à la réfonne de l'écriture et de 1 'orthographe mise en vigueur après la guerre. Cette

réforme portait à la fois sur les kana et sur les kan.Ji. Certains écrivains, comme Mishima Yukio, ont

d'ailleurs conservé la graphie ancienne même après la guerre.

a. La réforme a limité l'usage des kan.Ji,

- en imposant les kana pour noter la plupart des mots-outils;

- en réduisant le choix des kanji utilisés pour noter un même mot japonais. Jusque-là, en effet, on

disposait de multiples kanji pour rendre les différentes acceptions d'un même mot. Par exemple, pour iu : ê , i;, �W .

- en imposant la graphie simplifiée pour certains kan.Ji complexes : kuni il -OO , gaku ,. _?if , tai

U.-1*,etc.

Les kanji non simplifiés sont appelés seiji .if..� « caractères corrects », et les « kanji simplifiés »

ryakuji � � (ou =okuji f� � « caractères courants » ).

b. Pour ce qui est de l'usage des kana, il a été adapté à la prononciation moderne des mots.

L'usage ancien s'explique en effet par la phonétique ancienne, dont nous parlerons dans le paragraphe suivant.

Avant d'y arriver, précisons que, si la graphie du texte de Tanizaki diffère de celle des textes

publiés aujourd'hui, elle n'en obéit pas moins à une stricte logique interne.

À

l'époque où il

(14)

renseignement scolaire avait largement répandu la pratique d'une écriture normalisée. Au contraire, dans les textes anciens régnait une grande liberté. On disposait en effet de plusieurs kana,

au choix, pour noter le même son (c'est en 1900 que les instructions officielles imposeront ceux qui sont aujourd'hui en usage, les autres étant qualifiés de hentai-gana � f;fï.{FZ � ou « kana de fonne particulière » ). Voir le texte donné en exemple p. 23. L'emploi des okuri-gana était aléatoire, et la distribution des karyl et des kana n'était pas normalisée comme aujourd'hui. On s'en rendra compte avec les exemples donnés à partir du chapitre TV. De plus, les dakuten iJô ,??, (points indiquant que la consonne est sonorisée, comme dans t:..', ou utilisés pour rendre le son B, comme dans ti) ainsi que les handakuten �)�lL�, (ronds indiquant le son P comme dans C:!) n'étaient pas systématiquement utilisés.

À

la fin de cet ouvrage, nous donnons les textes anciens d'après les éditions modernes. Il ne faut pas croire que ces éditions reproduisent telle quelle la graphie, très anarchique, des manuscrits, ou encore des éditions de 1 'époque d'Edo.

1.3. Phonétique et usage des kana

Nous avons relevé dans le texte de Tanizaki certaines « étrangetés » (pour un œil habitué aux manuels d'aujourd'hui) dans l'utilisation des kana. C'est que Tanizaki respecte l'« usage historique des kana » rekishi-teki kana-::ukai. Cet usage est fondé sur la prononciation ancienne des mots. Nous donnerons ici les plus importantes des lois phonétiques d'évolution, qui expliquent les transformations de la graphie.

1.3.a. La semi-voyelle W

Si on regarde le tableau actuel des kana, on constate que, à la colonne (gy<J) de la semi-voyelle (ou semi-consonne) W, seuls figurent W A h et WO � . En fait, seul W A correspond à un son effectivement réalisé dans la langue standard1 , le kana WO servant seulement à noter l'enclitique prononcée O. 11 n'en allait pas de même dans la langue ancienne, où existaient les sons WE, WI et WO, ainsi que les kana les transcrivant : 2. , J;J , � . (Il ne semble pas que le son WU ait jamais existé). Mais une loi d'évolution phonétique veut que, en japonais, sauf devant A, la semi-voyelle

\V tombe, aussi bien à l'initiale qu'à l'intérieur d'un mot. C'est pourquoi on ne distingue plus dans la langue moderne, ni dans la graphie, WI et I, WE et E, WO et O.

Quelques exemples. L'actuel verbe iru « être » vient d'un ancien wiru, d'où la graphie ;;;, �

figurant dans le texte de Tanizaki. En revanche, les verbes iru « être nécessaire » et iru « tirer à rare » ont toujours été des verbes iru notés '-\ �. De même, on distinguait ai « l'amour » et llYVi

«l'indigo», etc. Autres exemples de mots dont le moderne 1 vient d'un ancien Wf : inaka (-v1·inaka

cl;J IJ:. Ir·), 1nairu (nzawiru t J;J � ).

Mètne chose pour WE. On distinguait jadis e .Z « la baie »,et we 2.. (aujourd'hui également e) « la peinture ». Koe « la voix » est un ancien kmve :. .à .

Cette évolution explique plusieurs « anomalies » du japonais moderne. Pourquoi un certain nombre de mots composés sur koe présentent-ils une forme en kowa ? Par exemple kowadaka (ni) « à voix forte » � koivairo « le timbre de voix ». Deux phénomènes phonétiques sont entrés en jeu. D'une part, on observe en japonais une « alternance » entre les voyelles E et A, c'est-à-dire qu'un même mot peut se présenter avec l'une ou l'autre de ces voyelles (souvent A dans les composés) :

(15)

C H A P I T RE l

cf fune « le bateau» lfimabin « le transport par bateau » � sake « le saké » / saka::uki « la coupe à saké » . On avait donc une alternance klnve/kowa. Or, selon la règle ci-dessus énoncée, le W s'est maintenu devant A, alors qu'il a disparu devant E.

Même chose encore pour WO, qui a donné O. On distinguait dans la langue ancienne oru }.) 6

« tisser » et vvoru � 6 « plier, couper ». Ils sont aujourd'hui homophones et s'écrivent tous les

deux jS 6 . Onna « la femme » vient de vvonna � k �- , okashii « bizarre », de wokashi �Ir L

(nous reviendrons sur cette finale d'adjectifs en -shi), ao «bleu», de awo 60 1:, etc.

1.3.b. L'aspirée H à l'intérieur d'un mot

Dans la langue standard, le japonais connaît bien sùr l'aspirée à l'initiale d'un mot (cf. hehi «le serpent », distinct de chi « la crevette » ), ainsi qu'à ! 'intérieur d'un mot composé, à l'initiale du deuxième élément (cf kawa-ha ha « la largeur de la rivière » ).

En revanche, il n'y a jamais d'aspirée à l'intérieur d'un mot simple (ahiru «le canard» est une exception mal expliquée).

Or il n'en allait pas de même dans la langue ancienne. Que s'est-il passé ?

� L'aspirée à l'intérieur d'un mot a disparu, sauf devant A, où elle s'est alors transformée en semi-voyelle pour donner \V A.

Voici quelques exemples illustrant cette évolution :

- devant A : ka/w Ir (j: -+kavva « la rivière » ; ni ha (.: (j: -+niwa « le jardin » : osoharu

* lJ: � -+o.wwaru « apprendre » : ·wohari � (j: �) -+owari « la fin » (pour ce dernier mot, voir aussi la règle I.3.a).

- devant 1 : kahi h' U' -+kai « le coquillage» : tsuhi nt -J U' '.: -+/sui ni« finalement» :

- devant U : yuhu v)> ,;, -+yuu (vû) « le soir» :

- devant E : ihe "'\ "'--+ ie « la maison » : mahe-+ mae : « devant » : kaheru-+ kaeru « rentrer » :

uhe-+ue «dessus»:

- devant 0 : kaho h' 'l -+kao « le visage » : ohoku t3 'l < -+ooku «beaucoup» (d'où la graphie moderne ;}) ;}) < et non ;}) 1 < ).

Cette loi phonétique a joué deux fois dans l'évolution d'un mot comme nihohi ': 'llf « r odeur», qui a donné le moderne nioi ':;}) \ ', ou encore dans ihi-1nahashi « l'expression, la

tournure», aujourd'hui 1imaV1 .. ashi.

C'est encore cette loi qui explique les« bizarreries» de la conjugaison moderne, pour ceux des

verbes « forts » (go-dan) dont le radical se termine par une voyelle : ka-u, a-u, i-u, onw-u, etc.

Pourquoi ont-i1s un mi::en-kei en WA (kawanai, etc.) ? En fait, comme tous les go-dan, les verbes

de cette catégorie avaient bien un radical consonantique � simplement, la consonne finale du radical

était l'aspirée H, et celle-ci est normalement tombée devant le U de la forme conclusive (shûshi­

kei), devant le I de la forme suspensive (ren.yô-kei), et devant le E de la base dite conditionnelle

(katei-kei). En revanche, devant le A de la base dite négative (nzi::en-kei), l'aspirée a donné W. Les

(16)

omoH-u, omoH-u, omoH-i, omoH-e, alors qu'aujourd'hui le mi=en-kei paraît irrégulier : omo-u, omoW-a, omo-i, omo-e. L' « usage historique des kana» respecte l'étymologie : Tanizaki écrit par exemple�--�" , ;� tJ: h--C .

Cette loi explique aussi comment se sont constitués des couples de mots de même famille comme ue (uhe) «dessus»/ uwagi (uhagi) «vêtement de dessus, veston» ou encore kaeru (kaheru) «s'en retourner»/ kawasu (kahasu) «échanger». Notons que, dans ces couples, on observe encore

l'alternance E/ A déjà si!:,rnalée (cf l.3.a. ).

1.3.c. Les fricatives sonores DZ et DZ (DJ)

Elle ont disparu de la langue standard. Anciennement (et aujourd'hui encore dans certains parlers), on distinguait ZU (-9 ) et DZU ( -5 ). Mais les deux sons sont confondus dans la langue standard. On prononce de la même façon la deuxième sy1 1abe de mi�u « 1 'eau » et de ka=u « le nombre » � or, si ka=u vient bien de ku=u irf , mi=u vient de nzid=u 7-!--1. Ainsi, pour les mots suivants : 1nad=ushii «pauvre», mud=ukashii «difficile», mad=u «d'abord», sakad=uki «la coupe à saké».

De même pour DZ (DJ) devant l ( i:J') aujourd'hui confondu avec JI ( l: ). Dans les mots

suivants, JI est un ancien DJI : aji « le goût» � haji « la honte » � mom{ji « les feuilles d'automne».

Ces mots s'écrivaient donc Jt.> -t)', tJ: t)', th- t)'.

1.3.d. A+U se contractent en Ô

Ainsi dans les mots suivants, où

Ô

vient d'un ancien AU : yô « la façon de faire », dô « la voie »

(cf le chinois tao), 1nukô « là-bas », hô « la direction », etc. La graphie ancienne reproduit cette

prononciation (cf dans le texte de Tanizaki f' -? , � -? ). Le mot ô « le roi » est un ancien l'vau

h ') : le W initial est tombé (cf 1.3.a.) et les deux voyelles se sont contractées. De même, pour tô

«la tour» qui est un ancien tahu t::. .. �" : chute de H devant U à l'intérieur d'un mot, et contraction

de AU en

Ô.

Dans l'expression o-hayô go=aimasu, l'évolution s'est faite comme suit : hayaku --+

hayau (nous reparlerons de la chute de

K

entre deux voyelles) --+hayô.

Il y a une exception: pour les verbes go-dan à radical en A (ancien AH-; cf I.3.b) comme ka-u ou a-u, la contraction ne se fait pas.

1.3.e. E+U et E+HU se contractent en YÔ

Ainsi yô :t « la nécessité », myô '*1) « étrange », sont-ils d'anciens eu ;;(. -? , meu n-?. EHU a

également donné

: H est tombé devant U (cf I.3.b. ), puis les deux voyelles se sont contractées.

(17)

C H A P I T R E 1 1.3.f. I+U et I+HU se contractent en

Yû «l'ami» (cf. yûjin Ïi...À) s'écrivait\'? . Kyû 7L est un ancien kiu �? . Avec la chute de H

devant U à l'intérieur d'un mot, IHU a également donné

YÛ.

Ainsi kyû ,� «rapide» vient de kihu

� ,,.)._ , shû 1fç_ « la collection », de shihu L ,,.)._ .

On trouvera p. le tableau donnant, en résumé, 1 'origine des voyelles longues de la langue moderne.

1.3.g. Les double5l consonnes KW et GW ont donné respectivement K et G

Le double consonne

KW,

suivie de A ( < h ), apparaissait dans la prononciation japonaise de

certains mots chinois comme kwa ::fË « la fleur » (cf. mod. kabin « le vase à fleurs » ), kwai %--« la

réunion », kwai 1& «étrange », etc. Shôgatsu «le nouvel an» s'écrivait l� ') <·n-?. KWAU

\ h? a donné

-:. ? (kwau-+kau-+kô). Cf. lt , 71G.

N.B. Au sujet de la prononciation, notons que, dans les écoles et les universités japonaises, on lit aujourd'hui les textes anciens « à la moderne », sans prononcer, par exemple, les aspirées à l'intérieur d'un mot, et en faisant les contractions (on lit kyô et non pas kehu).

1.3.h. L'écriture

Pendant longtemps, la graphie en kana a reproduit la prononciation ancienne (celle de l'époque où ils étaient nés, c'est-à-dire le IXe siècle), même si la prononciation évoluait, parfois assez vite :

il semble que la disparition du

W

devant I, E et 0 ainsi que la chute de l'aspirée à l'intérieur d'un

mot devant les voyelles autres que A, remontent à la fin de l'époque de Heian. L'usage des kana conforme à la prononciation ancienne est appelé, nous l'avons dit, « usage historique des kana »

(rekishiteki kana-::ukai & � ff.J b' fct -:J IJ' \' ). Le texte de Tanizaki donné en commençant en est un

bon exemple. Aujourd'hui encore, certaines personnes, dans leur correspondance, écrivent --r-tl- -J

pour -C l J: -J, etc.

« L'usage moderne des kana » (gendai kana-::ukai Jl f� IJ" fct -0 Ir'-') reflète la prononciation

actuelle ... non sans quelques flottements, ou aménagements en vue d'une plus grande facilité de

lecture. Le maintien de � pour noter la particule enclitique o (le W étant tombé) en est une preuve.

De même, les enclitiques wa Li et e � conservent-elles la graphie ancienne.

À

leur propos, on

notera que leur évolution phonétique a suivi la loi qui concerne l'aspirée en milieu de mot (cf. 1.3.b). En effet, les enclitiques n'ont aucune existence indépendante et font corps avec le mot

auquel elles sont attachées. 'J: fct (J: se prononce hanaWA, et -) h""- se prononce umiE.

Pour respecter l'étymologie, on conserve dans certains cas, notamment celui des composés, les

kana t; et -:J, même si, dans la langue standard, ils sont censés se prononcer comme L; et i� .

Ainsi quand CHI ou TSU sont suivis de la même syllabe sonorisée (CHIDZI ou TSUDZU) :

-G t; è , -? -:J < . Ou encore dans les composés : hana-ji « le saignement de nez » s'écrit tj ':t t:)'

pour que le chi « sang » étymologique reste visible. De même conserve-t-on le kana -:J pour des

(18)

(kana+tsukai). En revanche, on écrit saka--::uki � ;?�f � sans se conformer à l'étymologie (--::uki vient de tsuki « récipient »).

C'est que l'écriture purement phonétique et l'écriture purement étymologique présentent chacune tellement d'inconvénients que l'usage repose sur un compromis entre les deux.

L'orthographe actuelle du français est le fruit du même compromis �

D'un dictionnaire à l'autre, l'usage varie en fonction des instructions officielles en vigueur au

moment de leur élaboration � on ne s'étonnera donc pas de certaines disparités.

Parmi les dictionnaires bilingues, on notera par exemple Je maintien des doubles consonnes KW

et

GW

dans le Dictionnaire japonais-français de Cesselin ( 1 ère édition 1939, rééd. Meisei-sha,

1 955), un dictionnaire qui reste fort précieux car il donne le nom latin des plantes, des explications concernant certains objets traditionnels, des proverbes, des expressions idiomatiques ... ainsi que

1 'usage ancien de nombreux mots. Par exemple, il faudra chercher gaikoku ( 7� OO) à t:,7Waikoku.

Au Japon, les dictionnaires actuels de kokugo donnent les mots sous leur graphie moderne, mais certains signalent (en petits caractères) la graphie ancienne.

Par ailleurs, il existe des kogo jilen '5���� ou « dictionnaires des mots anciens », c'est-à­

dire des mots qui soit ont disparu de l'usage moderne, soit ont changé de sens (car le vocabulaire a évolué, comme dans toutes les langues). Dans ces dictionnaires, les mots sont donnés uniquement

avec leur graphie ancienne : -9:: « la femme » figure à � lv -l:t. .

Dans le présent ouvrage, à partir du chapitre III, les transcriptions en rômaji reproduiront les graphies anciennes. Si l'on veut chercher le vocabulaire dans un dictionnaire usuel, il faudra donc penser à transposer en graphie moderne : chercher, par exemple, wiru à iru, ou ahare à aware. Nous signalerons d'ailleurs le plus souvent la transposition à effectuer.

À

ce propos, on notera bien la différence entre bungo ou« langue écrite, style écrit» (avant tout

la grammaire), qui s'oppose à kôgo tJM «langue parlée», et d'autre part kogo '5M ou« langue

ancienne » (principalement le vocabulaire), qui s'oppose à gendai-go JJU��, « langue moderne ».

li y a des dictionnaires de kogo (kogo jiten ), et des grammaires de bungo ( bungo bunpô), mais pas

l'inverse.

Les problèmes de graphie, déroutants au premier abord, ne présentent pas, en fait, de difficultés majeures. L'habitude se prend très vite.

1 La« langue standard » (hyôjun-go tJ��B-) est la langue normalisée, commune à tous les Japonais. C'est celle qu'on

enseigne dans les écoles, et qui est utilisée dans les documents officiels, dans la presse, etc. Elle a été fixée, un peu artificiellement, à l'époque Meiji, à partir de la langue parlée par les personnes cultivées résidant à Edo. Mais, tout comme le français, le japonais connaît des variantes régionales, tant pour la phonétique que pour le vocabulaire et la grammaire. Le parler du Kansai, notamment, a derrière lui une longue tradition littéraire. La notion de « langue (ou de japonais) moderne » (gendai-go JJt {� �! ), qui inclut ces variantes, ainsi que certains archaïsmes, est moins restrictive que

(19)

IZ ç.1-e ç. _J_,q. J. -�� -� cp :l +1 :l >:?\')Cf:,) Cf:,) }(/. > �1 }C/-,1q)ç\-1 q) C.f-h 1 ,q ,q. 'S' � 'S' � f.1 ç.� ç.�

ç. ctA � ç. ctA * ç. ctA * >-''5" � '5"� '5' \ 1 'Y� '5' \ 1 'Y1f\1 f \ 1 fct,.,11'. f ct-l '5" +1 '5' +1 ry > ç. +1 ç. +1 ç. ç\-� ç. ç\-� 1-eÇ�� ç. :f * 'S'� ç. � 'S'� ç. � ç. � ç. ç\- '* ç. ç\-\1f.:f ç. :f --- -()ft) jL 1-f (�) J_,q. (*1J) 1 � ( CA>[{t) cp :l +J C OO 16) > = '1 }r,t Of�t) }C/-> � 1 c � n) , 1 ,Cf. ç\- 1 Off��) c +h 1 ,q. (�) ç. <tA � rnri v ) ç. ct-t 1 ç. ct-t � (liJ$) f.ctA�f.ctA* CG) ;vf� <�H) Çct-i'Y-l-<Y�) 'Y1 f<t-l <l�w) f<:t4,11'. (84;.) f::f� c 11r�irt) ry > ç. � � rno ç. :r � (*100) 4! f 'f � C�U) ç. :f ç. � (�) f.:f C tHit ) ç. :f 't (�ti:f) \1f.:f' i-1 }f/. ,q ç. <tA � ç. � ç. � � ç. :f . -

-f 1= ' -f :fJ ' f (J) ' f ::;> ' ç. -:t- Jnod asoL.p awSlw

'5',q '5' ,q. (83) f.=' \ 1+1 ç. q > ç. q > (��),1.f-lf.=' ç. ,q. ç. ,q. (�) ç. =' \11'.lf. = ç. � cmr�n ,111 ç. = �'S"� '$'� (�) � ç. r{ ç. 4 ç.4 (±) ç. r{

ç.�ç.ctAc;,. ç. � (tViiJ) ç.�ç.ctAc;,.

ç. :f ç. r{ ç. � (f:E'Z/) f.:ff.� 4 '5' ::+ 'S' ( 4 fi�) 4 ::+ rhrt r1 rn�) r{,rt ::'=?� � (�)::'=?� � >� � (��) � >Sf v f. V (T) � ç. Y1 Y1 (�) � �S' <::i � � ( �S' i!) �S" ':1 � '5' \ 1 '5' (f.§) ç.,, C..f ç. (C..lt)C..f =1-nc D c=1�) ="1c.. Œ}� � (<fi/) Cf\1 Œ} \ 1 \1 ('-L'Y) cz,,1 \ 1 ,q. ç... 'f'J ,q. � � � ' 1 , rf. ç... 'f'+ 'rf. �H 1ff (.. --., -ç. � � � ç. \1 -

(20)

-La page ci-contre donne un exemple de graphie ancienne (une édition xylographique du XVIIIe

siècle). Le texte est tiré de l ' Ise monogatari

[Contes d'Ise ], un classique du Xe siècle (fin du chapitre 8 et début du chapitre 9).

À

droite, transcription du début du chapitre 9

(ligne 3 à 5). On a remplacé les hentai-gana par les kana aujourd'hui en usage, et indiqué les kanji pour faciliter la compréhension.

Traduction : « Il était jadis un homme. Cet

homme, jugeant que sa personne était inutile, se dit : "Je ne resterai pas à la capitale ; [j ' irai] chercher dans la direction de l'Est une province où pouvoir vivre" ; ce disant, i l partit. »

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(21)
(22)

Kôbe meibutsu tako yaki

« spécialité de Kobe : pieuvre grillée »

chirashi tenpura unagi

(23)

Chapitre II

Le

shûshi-kei

et le

rentai-kei

des mots de qualité et des verbes

Note préliminaire. Dans ce chapitre, la transcnption en alphabet des proverbes donnés en exemple repose sur la graphie japonaise moderne ; pour la graphie ancienne, voir p. 1 5 1.

11. 1 . Le shûshi-kei (SSK) des mots de qualité (lœiyô-shi) Examinons le proverbe suivant :

(a) Tôdai moto kurashi

Ce proverbe signifie : « Le pied du candélabre est obscur. » En effet, le candélabre (sens ancien de tôdai, qui signifie aujourd'hui « le phare ») diffuse sa lumière alentour, mais pas à sa base. On emploie ce proverbe pour signifier que, paradoxalement, certains faits sont mieux connus au dehors que par les personnes directement concernées.

À la différence d'une phrase de japonais standard, aucun des deux mots nominaux n 'est suivi d'une particule enclitique (joshi). On dirait en japonais standard tôdai wa moto ga kurai.

� En bungo, ni la particule indiquant le thème (wa) ni la particule indiquant le sujet (ga) ne sont indispensables.

Le mot de qualité apparaît sous la forme kurashi. En effet,

� si tous les mots de qualité variables (keiyô-shi) à la forme shûshi-kei (SSK : forme conclusive, celle du dictionnaire) ont en japonais moderne une finale en -1, ils ont en bungo une finale en -SHI.

En voici d'autres exemples, encore tirés de proverbes : (b) Onna wa sangai ni ie nashi

« Dans aucun des trois mondes (qui, pour le bouddhisme, composent la totalité de l 'univers), la femme n 'est chez elle (littéralement : n 'a de maison). » Concrètement, la femme est toujours dépendante de quelqu' un (père, mari, fils).

Ici, la présence de wa s'explique parce qu'il a une valeur contrastive (la condition féminine est opposée à la condition masculine).

(24)

(c) Shinin ni kuchi nashi

« Les morts n 'ont pas de bouche » (ils ne peuvent parler, pour rétablir la vérité).

(d) lnochi nagakereba haji ooshi

« Quand on vit longtemps, les hontes sont nombreuses. »

Ici encore, aucun des deux noms n 'est suivi d ' une particule indice du sujet. Ooshi correspond au moderne ôi.

N.B. Nous reviendrons plus loin sur les valeurs de -ba. (e) Saru mono wa hibi ni utoshi

« Ceux qui partent vous deviennent de jour en jour indifférents », c 'est-à-dire : « Loin des

yeux, loin du cœur. »

Utoshi : japonais moderne utoi.

Ici encore, wa a une valeur contrastive.

11.2. Le rentai-kei (RTK) des mots de qualité (keiyô-shi) Comparons à l 'exemple (d) ci-dessus le proverbe suivant :

(f) Kotoba ooki mono wa shina sukunashi

« Ceux qui parlent beaucoup ne valent pas grand-chose » (shina signifie « la qualité » ). Sukunashi correspond à sukunai du japonais moderne.

Le fait nouveau est la forme que prend ici ooshi (cf. ex. d), à savoir ooki. C'est que ce mot de qualité n 'a plus la même place, ni surtout la même fonction que dans l 'exemple (d) : il déter­ mine le nom mono devant lequel il est placé. C'est ce qu 'on appelle la « forme déterminante »

ou rentai-kei (RTK). Étymologiquement, ce terme signifie « forme (kei) reliée (ren) à un substantif (taigen) ».

En j aponais moderne, seuls les « mots de qualité nominaux » (keiyô-dôshi) se comportent de

façon différente en position finale et en position déterminante : kono hana wa kirei DA (ou DESU) s'oppose à kirei NA hana. Mais,

� en bungo, tous les mots de qualité présentent une forme différente selon qu'ils sont en position finale ou en position déterminante.

La forme rentai-kei des mots de qualité variables (keiyô-shi) est toujours en -KI. Voici une expression toute faite illustrant ce point :

(g) Tori naki sato no kômori

(25)

C H A P I T R E I I L'expression correspond à peu près à notre proverbe : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. »

Naki est le RTK de nashi vu précédemment. On aurait en japonais moderne tori no nai sato ... ou plutôt inai sato (nous reviendrons sur l 'évolution de l'emploi de iru).

N.B. On rencontrera souvent le mot sato, qui, en langue ancienne, désigne tout endroit habité, par opposition à des lieux déserts.

Voici un autre proverbe :

(h) Shitashiki naka ni mo reigi ari

« Même dans des relations intimes, il y a (= il doit y avoir) de la politesse » ou « L'intimité n 'exclut pas la politesse. »

Deux points sont à noter : d'abord, la forme ari prise par le verbe. Nous y reviendrons dans un instant (II.3).

D 'autre part, la forme shitashiki, RTK du mot de qualité shitashi, japonais moderne shitashii.

IJ@f' Il faut distinguer, en bungo, deux catégories de mots de qualité variables keiyô-shi, là où le japonais moderne n 'en connaît qu 'une.

La catégorie à laquelle appartient shitashiki - catégorie que nous rencontrons ici pour la première fois - correspond à un groupe de mots de qualité très nombreux en japonais moderne, ceux qui se terminent en -shii (shitashii, muzukashii, atarashii, mezurashii, natsukashii, etc.). Or si, en japonais moderne, ces mots de qualité ont la même conjugaison que les autres, il n 'en va pas de même en bungo. En effet, alors que pour le premier groupe (par exemple kurai en japonais moderne), au -I de la conjugaison moderne correspond -SHI en bungo, pour le deuxième groupe, c ' est au -SHII moderne que correspond -SHI. Au RTK, dans le premier groupe, le -SHI du SSK est remplacé par -KI, alors que, pour le deuxième groupe, le -KI du RTK s'ajoute au -SHI du SSK. En bref :

1er groupe 2c groupe

formes modernes -I (kura-i) -SHII ( shita-shii)

bungo (shûshi-kei) -SHI (kura-shi) -SHI (shita-shi) " (rentai-kei) -KI (kura-ki) -SHIKI (shita-shiki)

Les grammairiens japonais désignent ces deux groupes de mots de qualité en faisant référence à leur type de « conjugaison » (katsuyô) : le premier est appelé -ku katsuyô, et le deuxième -shiku katsuyô.

�f�

Les formes modernes sont toutes issues du rentai-kei, le K de ces formes étant tombé entre les

deux voyelles :

(26)

Les formes anciennes des mots de qualité ont laissé des traces en langue moderne. Par exemple,

- à côté du japonais standard yoi, on a yoshi ! « C 'est bien ! bon ! » ;

- à côté de nai, on a :

nashi « néant » (par exemple, quand on remplit un formulaire) ;

nashi ni (ou de) « sans » (forme grammaticalement incorrecte, mais largement usitée) ;

naki-haha « la défunte mère » (naki, toujours au RTK dans ce sens, signifie : « ne pas être, être mort ») ;

- bien que « bleu » se dise aujourd' hui aoi, Inoue Yasushi a, en 1960, intitulé un de ses romans Aoki ôkami « Le Loup bleu ».

11.3. Le verbe ari

Regardons une fois encore l 'exemple (h). Le verbe au S SK se présente sous la forme ari, qui correspond à la forme aru du japonais moderne. Voici un autre proverbe où apparaît cette forme :

(i) Un wa ten ni ari

« Notre destin est (entre les mains) du Ciel. »

En revanche, ce même verbe apparaît sous une autre forme dans le proverbe suivant : U) Nô aru taka wa tsume o kakusu

« Le faucon qui a des capacités cache ses griffes », c 'est-à-dire : « L' homme vraiment puissant n 'étale pas sa force. »

La forme rentai-kei du verbe est donc aru. On remarquera que, dans ce cas encore, c ' est le RTK qui a donné la forme moderne.

La conj ugaison de ce verbe est particulière, le shûshi-kei en -1 étant exceptionnel pour les verbes. Les grammairiens j aponais appellent cette conjugaison ra-hen, c 'est-à-dire « conjugaison irrégulière (henkaku katsuyô) pour les verbes dont le radical est en -R ». En effet, comme les kana ne permettent pas d ' isoler les consonnes, on dit ra (ou ra-gyô « colonne RA ») pour R.

Appartiennent à ce groupe d ' autres verbes signifiant « être », comme (w )ori, haberi, ainsi que des composés de ari (kakari, shikari, signifiant l ' un et l ' autre « être tel », etc.).

11.4. La conjugaison des verbes « forts »

Tel était, dans le proverbe (j) , le verbe kakusu. Il a donné en japonais moderne un verbe de même sens et de même forme.

Il est aujourd' hui classé go-dan, c ' est-à-dire « à cinq degrés », parce que son radical présente, selon les formes, cinq voyelles thématiques : kakus-U, kakus-A -nai, kakush-1-masu, kakus-E-ba, kakus-Ô.

(27)

C H A P I T R E I I En bungo, on appelle cette catégorie yo-dan ( « à quatre degrés » ), car les verbes présentent quatre voyelles thématiques (A, I, U et E). Nous verrons d'où vient le Ô moderne (cf. IV.2).

Ces verbes ne présentent aucune difficulté :

- ils se sont en général conservés tels quels en japonais moderne ; - le shûshi-kei et le rentai-kei sont i dentiques.

Nous n 'en dirons donc pas plus.

11.5. La conjugaison des verbes « faibles » Lisorts le proverbe suivant :

(k) Kakusu yori arawaru

Littéralement : « (Quelque chose) apparaît du fait d'être caché. » On pourrait dire : « Rien de tel que de vouloir dissimuler une chose pour qu 'elle se révèle. »

Yori a un sens causal, et correspond à kara ou tame du japonais moderne. Nous le reverrons. Kakusu, se trouvant ici devant une particule enclitique, est au RTK (cf. plus loin, 11.6), mais il présenterait la même forme au S S K (cf. ex. j), car c 'est, nous l'avons vu, un yo-dan.

Quant au verbe final arawaru (graphie ancienne araharu), il a donné en japonais moderne le verbe arawareru, verbe classé ichi-dan, parce qu'il n'a qu'« un degré » (une seule voyelle thématique -E) à toutes les formes (arawarE-ru, arawarE-nai, arawarE-masu, etc.). Ces verbes sont parfois dits « faibles ».

Qu'en est-il en bungo ?

11.5.1. Les verbes kami ichi-dan et shimo ichi-dan

Comme en japonais moderne, il y a des verbes à radical unique, à « un seul degré » (ichi-dan), appelés selon les cas kami ichi-dan (radical en -1), ou shimo ichi-dan (radical en -E).

Pourquoi ces termes ? Kami signifie « en haut » et shimo « en bas ». Étant donné que, dans l'ordre japonais des voyelles, -I vient avant -E, et que, par conséquent, dans le tableau des kana (que tout Japonais a dans la tête), -1 est écrit au-dessus de -E, les verbes en -1 sont dits kami ichi-dan et les verbes en -E shimo ichi-dan.

Si les verbes de ce type sont fort nombreux en japonais moderne, il n'en va pas de même en bungo. Il n'existe qu'un seul shimo ichi-dan : keru « donner un coup de pied » , un verbe qui, pour compliquer les choses, est devenu en japonais moderne un go-dan.

Quant aux verbes kami ichi-dan, il n ' y en a qu 'une quinzaine, dont les plus courants sont : mi-ru « voir » ; ki-ru « revêtir » ; ni-ru « ressembler à » ; hi-ru « sécher » ; i-ru « tirer à l ' arc » ; (w )i-ru « être quelque part » ; mochi(w )i-ru « utiliser ».

(28)

� Comme en japonais moderne, les verbes kami ichi-dan et shimo ichi-dan ont la même forme au SSK et au RTK.

11.5.2. Les verbes kami ni-dan et shimo ni-dan

La majorité des « verbes faibles » du japonais moderne sont issus de verbes ni-dan du bungo, c'est-à-dire de verbes « à deux degrés », présentant, selon les formes, deux voyelles : -I ou -U pour

les kami ni-dan ; -E ou -U pour les shimo ni-dan. Comment se conjuguent-ils ?

� Les verbes kami ni-dan et shimo ni-dan ont une forme différente au shûshi-kei et au rentai-kei, mais la voyelle est U dans les deux cas.

Reprenons l'exemple (k), où figure un shimo ni-dan. Là où on aurait en japonais moderne la forme araware-ru, on a en bungo la forme arawaru (S SK, graphie ancienne araharu). Quant au RTK, on a encore en japonais moderne araware-ru, mais, en bungo, on a arawaru-ru (graphie ancienne araharuru). Le S S K et le RTK sont donc différents, mais dans les deux cas on a la voyelle -U (la voyelle -E apparaissant, comme nous le verrons, dans d'autres formes).

Pour les verbes kami ni-dan, la voyelle -I n'apparaît pas non plus au S S K ni au RTK.

En résumé :

(kami) (shimo)

japonais moderne (SSK et RTK) okl-ru arawarE-ru

bungo SSK okU araharU

bungo RTK okU-ru araharU-ru

On prendra bien garde à la forme SSK de ces verbes : quand on débute, on « oublie » qu'il peut s 'agir de verbes faibles, parce que la voyelle -1 ou -E n 'apparaît pas.

Ainsi, la même forme oku peut être le S S K du verbe yo-dan « poser » (comme en japonais moderne), mais aussi, comme dans le tableau ci-dessus, le S S K du verbe « se lever » Gap. mod. okiru) ; de même, kaku peut être le SSK du verbe « écrire » (comme en japonais moderne), mais aussi celui du verbe « suspendre » Gap. mod. kakeru). Tsuku peut correspondre au japonais moderne tsuku « atteindre », mais aussi à tsukiru « épuiser » ou à tsukeru « appliquer ».

Aucune règle ne permet de déterminer à quelle conjugaison un verbe appartient : c'est une question de mémoire. Pour l'interprétation des formes, le contexte est le seul guide.

Pour finir avec ces verbes, voici un proverbe (calqué sur l'anglais), où le même verbe shimo ni-dan (japonais moderne tasukeru) apparaît d 'abord au RTK puis au SSK :

(1) Ten wa mizukara tasukuru mono o tasuku

(29)

C H A P I T R E I I

11.6. Les verbes irréguliers ku et su

Le japonais moderne a deux verbes irréguliers : kuru « venir » et suru « faire ». Selon le principe précédemment exposé (11.3), ils sont appelés par les grammairiens respectivement ka-hen et sa-hen.

Les formes du japonais moderne viennent elles aussi du RTK des verbes anciens. Le S SK de ces verbes est en bungo respectivement ku et su.

Voici deux proverbes où figurent les deux formes de ce dernier verbe : (m) Doku o motte doku o sei-su

« On maîtrise le poison avec le poison », ce qui rappelle notre expression « combattre le mal par le mal ».

En japonais moderne, le verbe est sei-suru. 0 motte signifie « au moyen de, avec ». (n) A n-zuru yori umu ga yasushi

« Accoucher est plus facile qu'on ne le craint », c'est-à-dire : « Le moment venu, les choses se passent mieux qu'on ne le redoutait » (donc, il ne faut pas s'inquiéter à l'avance).

Yasushi (japonais moderne yasui) a le sens de yasashii. An-zuru vient de an + suru (SSK an-zu).

Umu (verbe yo-dan) est resté inchangé en langue moderne. Les deux formes anzuru et umu sont des RTK. En effet,

� devant une particule enclitique (ga, o, yori, etc.), le verbe se met toujours au rentai-kei. Ici, umu ga correspond au moderne umu no ga, umu koto ga « le fait d'accoucher ». En effet, ll@r en bungo, le RTK suffit pour indiquer que le verbe est nominalisé.

Nous y reviendrons.

(30)

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N . B. * Un seu] verbe l' - $� en X�! : it .Q ( 11$� en o �g: )

* Pour la conjugai son irrégulière

t- �

(deux verbes seu1ement), voir le tableau général des conjugaisons

Verbes i rréguliers t.J

-fj-

kuru su ru < .Q 9 .Q t.J � -tj-

ku su < 9 kuru su ru < .Q 9 -Q

(31)

Chapitre III

Le

mizen-kei

des verbes et des mots de qualité L' auxiliaire de négation

-zu

(au

shûshi-kei

et au

rentai-kei)

Note préliminaire. Désormais, les transcriptions en caractères romains reproduiront l' « usage histo­ rique des kana » .

111.1. La forme négative des verbes 111.1.1. Les verbes yo-dan

Examinons le proverbe suivant : (a) Oya no kokoro ko shirazu

Le proverbe signifie : « Les sentiments des parents, les enfants les ignorent. » Autrement dit, les enfants sous-estiment l'amour des parents.

Comme on l'a déjà constaté précédemment, on n ' a pas de particule enclitique (joshi) après le thème de la phrase (kokoro), ni après le sujet du verbe (ko).

La forme verbale correspondant à shira-zu serait en japonais moderne shira-nai. Dans les deux cas, la forme négative est constituée à partir de la base mizen-kei (MZK) du verbe.

On traduit parfois mizen-kei par « base négative », mais cette base n 'a en elle-même aucune valeur négative. Le mot japonais mizen signifie « non encore advenu, non réalisé » . Nous verrons que le MZK apparaît dans des formes qui n 'ont aucune valeur négative.

On constate que, pour shiru, la base MZK est shira- comme en japonais moderne (cf. shira-nai). De fait, en bungo, la base mizen-kei des verbes est identique à celle du japonais moderne (sauf pour le verbe irrégulier su/suru, que nous verrons un peu plus bas). C'est-à-dire qu'elle est en A pour les verbes yo-dan (go-dan en japonais moderne).

Reprenons la forme shira-zu. On remarquera que là où, en japonais moderne, on recourt à l'auxiliaire -nai pour mettre un verbe au négatif, on recourt, en bungo, à l'auxiliaire (jodôshi) -zu.

Voici d'autres expressions présentant des formes similaires :

(b) Wakatake f ue ni na raz u

« Les jeunes bambous ne deviennent pas des flûtes », c 'est-à-dire : « On ne fait pas des flûtes avec de jeunes bambous. » Cf. en français : « C'est dans les vieux chaudrons qu'on fait les bonnes soupes. »

(32)

Nara-zu est la forme négative du verbe naru « devenir ».

Ici encore, le thème de la phrase, wakatake, n 'est pas marqué par la particule enclitique ha/wa. (c) Atama kakushite shiri kakusazu

« Cacher sa tête, mais ne pas cacher son derrière », c'est-à-dire prendre une précaution insuf­ fisante.

On notera dès à présent la forme en -te (kakushi-te), construite à partir de la base suspensive (ren.yô-kei). Celle-ci est en 1 pour les yo-dan, comme celle des go-dan dans la langue moderne.

Par ailleurs, on voit ici que le complément d 'objet n'est pas marqué par la particule wo/o. La chose est courante en bungo.

111.1.2. Les verbes ichi-dan et ni-dan

Pour les verbes autres que les yo-dan, le processus est le même : l 'auxiliaire -zu s'ajoute à la base mizen-kei. Ce MZK est en 1 pour les verbes kami ichi-dan et kami ni-dan, en E pour les verbes shimo ichi-dan et shimo ni-dan. Ces bases sont demeurées identiques en japonais moderne.

(d) Shika wo ohu mono ha yama wo mizu

« Celui qui poursuit un cerf ne voit pas la montagne », soit : « La passion vous met des œillères. » Ohu a donné le verbe moderne ou (cf. 1.3.b).

Le verbe miru est un kami ichi-dan, donc à radical unique mi- (cf. 11.5. 1). Mi-zu correspond au moderne mi-nai.

(e) Mekura hebi ni odjizu

« L'aveugle ne craint pas les serpents » (on ne craint pas le danger qu 'on ignore).

On a affaire ici au verbe odzu (kami ni-dan), aujourd'hui désuet (il a été remplacé par osoreru). Mais la langue moderne en conserve des traces : par exemple l'adverbe ozuozu « craintive­ ment », ou le nom mono-oji « la timidité ». (Sur la disparition en langue standard de DZ et DJ, voir 1.3.c).

(f) Oitaru uma ha michi wo wasurezu

« Le vieux cheval n'oublie pas son chemin » ( ... la force de l 'habitude ! ). Nous laissons pour plus tard la forme oitaru « vieux » (chap. VI).

Wasure-zu vient de wasuru (verbe shimo ni-dan), qui a normalement donné wasureru en japonais moderne (cf. 11.5.2).

(33)

C H A P I T R E I I I (g) Nito wo ohu mono ha itto wo mo ezu

« Qui court après deux lièvres n 'en attrape aucun. »

E-zu est la forme négative correspondant au moderne e-nai (verbe eru). Le verbe étant un shimo ni-dan, la forme shûshi-kei en bungo est u (rentai-kei : uru). Cf. 11.5.2.

�* N.B. On retrouve pour ce verbe, en japonais moderne, l'alternance U/E du bungo. En effet, d'une part, employé seul, il apparaît soit sous la forme uru soit sous la forme eru. D 'autre part, quand il est employé comme auxiliaire ajouté à la base suspensive d'un autre verbe, avec le sens d' « être possible », il a la forme uru au positif, mais il devient enai au négatif. Cf. ari-uru (de aru) « cela peut être » / ari-enai « c'est impossible ». De même, le ren.yô-kei est e- (cf. ari-e-masu).

Par ailleurs, on remarque que,

� en bungo, mo s'ajoute à wo, au lieu de le remplacer.

111.1.3. Les verbes i rréguliers - Le verbe ari

Retenons un point très important : en japonais standard, la forme négative du verbe aru est nai, qui n ' a aucun rapport étymologique (il s'agit à l 'origine du mot de qualité nashi « inexistant »).

Mais, en bungo, le verbe « être » (dont on a vu qu'il se présentait au shûshi-kei sous la forme ari), se comporte comme tous les verbes : il a une forme négative construite à partir de son MZK, c 'est-à-dire ara-zu.

Le MZK en A est celui des yo-dan. En effet,

� le verbe ari et, de façon générale, les verbes appartenant au type dit ra-hen (cf. 11.3), se conjuguent comme les yo-dan, sauf que leur SSK est en 1.

Voir le tableau p. 17 1 .

- Les verbes irréguliers su et ku

Comme en japonais moderne, le MZK de kulkuru « venir » est ko-. On a donc, comme forme négative, ko-zu (moderne ko-nai).

Pour le verbe correspondant à suru « faire », c'est-à-dire su, le MZK est différent du japonais moderne (shi-nai). C 'est se-, la forme négative étant donc se-zu.

III. 2. La forme négative des mots de qualité (keiyô-shi) (h) Ogoru mono hisashikarazu

« Ceux qui s'enorgueillissent ne durent pas longtemps. » Cette maxime, qui figure déjà dans le Heike monogatari (Le Dit des Heiké, xrrr-x1vc siècle), met en garde contre l' arrogance.

(34)

Hisashi (jap. mod. hisashii), mot de qualité signifiant « long » en parlant du temps, se trouve ici à la forme négative, forme qui s 'analyse comme suit : MZK hisashikara + zu.

Concernant le mizen-kei des mots de qualité, on peut dire, d'une façon toute pratique, qu'on le forme en remplacant le -ki du RTK par -kara- :

hisashi-ki -> hisashi-kara- kura-ki ->

kura-kara-En fait, la forme négative des mots de qualité (kurakarazu, hisashikarazu) s'analyse plus scienti­ fiquement d'une autre façon.

Regardons les formes modernes correspondantes : kuraku-nai, hisashiku-nai. Elles sont formées en ajoutant à la base en -ku (RYK) le négatif de aru, c 'est-à-dire nai. Eh bien, le principe est le même en bungo ; seulement, le négatif de ari est, comme nous venons de le voir, non pas nai, mais arazu. La forme négative de kurashi sera donc kuraku arazu, celle de hisashi : hisashiku arazu. Mais ces formes sont très souvent contractées, kuraku arazu donnant kurakarazu, et hisashiku arazu donnant hisashikarazu.

Ce sont ces formes contractées que donnent ordinairement les grammaires, mais on rencontre fréquemment dans les textes les formes non contractées, notamment quand une particule est insérée (par exemple kuraku mo arazu ou kuraku ha arazu).

111.3. Le rentai-lœi (RTK) de -zu

La forme négative des verbes et mots de qualité en japonais standard est invariablement en -nai, que le verbe soit « conclusif » ou qu'il détermine un nom. À kono kamera wa takaku-nai correspond takaku-nai kamera. Il n 'en va pas de même en bungo. Nous avons vu dans le chapitre précédent la différence entre shûshi-kei et rentai-kei : elle s'applique à -zu.

� Le RTK de -zu est -nu.

Précisons que -zu et -nu n 'ont aucun rapport étymologique. On dit que -zu a une « conjugaison particulière » ( tokus hu katsuyô).

(i) Oya ni ninu ko ha onigo

« Un enfant qui ne ressemble pas à ses parents est un petit monstre (littéralement enfant-ogre). » C'est une condamnation des enfants dénaturés.

La forme ni-nu est la forme négative du verbe niru (kami ichi-dan, c 'est-à-dire à radical unique ni-), resté inchangé en japonais moderne. Cf. II. 5 . 1 .

Au shûshi-kei, la forme négative est ni-zu, mais devant un nom le verbe est au rentai-kei : on a donc ni-nu.

Voici un autre proverbe, où apparaît la forme négative, au RTK, d'un verbe yo-dan. (j) Saharanu kami ni tatari nashi

(35)

C H A P I T R E I I I Tatari est un mot difficile à traduire. Il repose sur l'idée que les kami sont des êtres chargés d ' un potentiel d'énergie dangereux, prêt à se décharger ; il vaut donc mieux se tenir à distance. Le proverbe s'emploie couramment dans le sens de « N'éveillez pas le chat qui dort ! » ou de « Qui s'y frotte s'y pique. »

Sahara- est le MZK de saharu (yo-dan), en japonais moderne sawaru.

Dans ces deux exemples, le verbe au RTK détermine un nom. Mais rappelons (cf. II.6) que : � le RTK ne s'emploie pas seulement devant un nom, mais aussi devant les particules

enclitiques Uoshi) ;

d 'autre part, le RTK peut indiquer que le verbe est nominalisé : on a en ce cas en japonais standard verbe + mono, ou verbe + koto, ou verbe + no.

Ainsi en va-t-il dans les proverbes suivants : (k) Ihanu ga hana

Littéralement : « Ne pas parler [est] une fleur », c 'est-à-dire qu'il y a avantage à se taire. (1) Shiranu ga hotoke

« Celui qui ne sait pas [est] un buddha », c'est-à-dire : « Aux innocents les mains pleines. » Ici, un buddha signifie un bienheureux, à l 'abri du tourment.

(m) Kiku ha ichiji no hadji, kikanu ha isshau no hadji

« Demander (se renseigner) est la honte d'un moment, ne pas demander est la honte d'une vie. » Autrement dit, il vaut mieux perdre la face une fois en avouant son ignorance que demeurer toujours ignorant. N.B. isshau se prononce aujourd'hui isshô (cf. I.3.d).

On aura reconnu que, dans les trois cas ci-dessus, le verbe était un yo-dan. 111.4. Note sur la conjugaison de -zu

Signalons (nous y reviendrons) l'existence de formes où -zu se combine avec ari. Il existe donc un RTK -zaru. Cette forme apparaît dans des textes d'un registre particulier. On la trouvera dans le tableau de conjugaison des jodôshi (p. 173, ligne n° 6).

111.5. -zu et -nu en japonais moderne

�f�

Les formes en -zu n 'ont pas disparu. On distingue deux emplois principaux.

1 . D 'abord, un certain nombre d'adverbes. Ceux-ci sont issus de la forme ren.yô-kei de -zu, qui est également -zu.

Referências

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