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LA LANGUE AU XIXE SIECLE A PARTIR DES ECRITS DE JOSE DE ALENCAR

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LA LANGUE AU XIXe SIECLE A PARTIR DES ECRITS DE

JOSE DE ALENCAR

LANGUAGE IN THE NINETEENTH CENTURY FROM THE WRITINGS OF JOSÉ DE ALENCAR

Vanise Medeiros Universidade Federal Fluminense, UFF, Rio de Janeiro, RJ, Brasil Verli Petri Universidade Federal de Santa Maria, UFSM, Santa Maria, RS, Brasil Résumé: Dans cet article, nous examinons la figure vigoureuse d’un écrivain du XIXe siècle qui a réfléchi et écrit sur la langue de et au Brésil: José de Alencar. Sa production est large et diversiviée: des glossaires détaillés pour plusieurs de ses romans (Diva, Ubirajara, Iracema etc.), des préfaces et des post-scriptum de ses romans (dans lesquels il expose le langage), manuscrits, des chroniques, des correspondances. Dans ce texte, nous allons nous concentrer sur des questions relatives à langue dans les notes de Diva, l’un de ses romans urbains.

Mots-clés: Alencar, Diva, Glossaire, Langue, Literature.

Abstract: In this article, we consider the vigorous figure of a writer of the nineteenth century who reflected and wrote about the language of and in Brazil: José de Alencar. His work is vast and varied: extensive glossaries for several of his novels (Diva, Ubirajara, Iracema, among others), warnings and postscripts for his novels (in which he expose on the language), manuscripts, chronicles, correspondence. In this text, we will focus on the clarification of questions concerning language in the entries in Diva’s notes, one of his urban novels. Keywords: Alencar; Diva; Glossary; Language; Literature.

É preciso um certo debate de natureza mais técnica a respeito do papel das “anotações” na formação do “efeito de real”. Que todas elas constituem um bom critério para caracterizar certos romances como realista é indubitável. (RICOEUR, 2007, p. 263, citations de l’auteur).

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Sur les notes

Dans ce travail, la fascination par le mot et l’attraction par les marges du texte se rencontrent autour de la figure d’un écrivain brésilien du XIX e siècle, José de Alencar. Intellectuel remarcable et engagé dans la société brésilienne, sa littérature n’est pas faite sans bords, paratextes sous la forme de prologues, avertissements, postfaces, lettres, notes, qui constituent des espaces du dire sur la langue dans le/du Brésil, sur la terre et les gens (nature, culture, religion, marale, coutumes, entre autres questions importantes à son époque), sur la littérature et la nation. Pour ces réfléxions, nous nous attacherons aux notes de l’un de ses romans: Diva. Notre travail est partagé en quatre parties. Dans la première, nous ferons des commentaires rapides à propos des notes de bas de page; ensuite, nous passerons par les notes d’Alencar; une troisième partie nous lance vers l’univers du mot et d’un des vocables de Diva; et finalement, dans la quatrième partie, nous nous tournons vers la circulation des vocables dans des dictionnaires du XXe siècle.

Les études sur les notes de bas de page sont rares dans la littérature. Au Brésil, elles sont encore ponctuelles. Pourtant, selon Grafton « la note de bas de page avait une popularité surprennante comme artifice littéraire » (GRAFTON, 1998, p. 98, traduction sémantique) dans le XVIIIe siècle. Issues de commentaires aux marges sur des textes anciens, les notes forment une alliance entre le littéraire et le filologue, qui se fasait déjà depuis le XV e siècle avec les commentaires. Grafton étudie la note de bas de page dans le discours historiographique et affirme qu’elles « se sont diffusées dans l’historiographie du XVIIe siècle, dû au fait d’être déjà courrentes dans la fiction » (idem), des producteurs de notes importants étaient déjà compris dans la chaîne littéraire et les commentaires étaient déjà vus comme un genre littéraire fertile. Dans l’historiographie du XIXe siècle, elle devient une activité ordinaire, comme une place pour les preuves, les sources, fonctionnant de façon à légitimer le texte. Cet auteur nous rappelle encore que tel espace ne se fait pas sans polémique, désaccords, tricheries et omissions ; ce qui nous permet de dire qu’elles se construisent sur l’illusion de la légimité du texte. Voilà son paradoxe : les notes du discours historiographique s’articulent comme quelque chose de l’ordre de la véracité, la nécessité et la précision, bien qu’elle faussent, omettent, cachent, trompent ou calomnient aussi. Elles servent, comme nous dit Grafton, à des gouvernements tirans mais aussi à ceux démocrates.

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Si, d’un côté, nous observons que les notes deviennent indispensables au discours historiographique, de l’autre, elle nous attire l’attention pour le fait que son statut dans le discours littéraire n’est pas le même, au moins dans les XXe et XIXe siècles, où elles sont fortuites (nous nous référons aux notes de l’auteur). Cela n’a pas été, pourtant, le cas du discours littéraire du XIXe siècle au Brésil, c’est-à-dire de la littérature romantique brésilienne qui poussait de toute force dans une époque de grand effort intellectuel pour la construction d’une identité et d’une langue que l’on dirait nationales, ce qui nous mène à considérer les notes comme un espace privilégié pour le développement d’un projet politique de Brésil.

A ce moment de l’histoire du discours littéraire brésilien, les notes se sont présentées de façon proéminente, comme nous pouvons lire chez Alencar ou chez Visconde de Taunay1, pour citer un autre écrivain chez qui

les notes sont abondantes au bas de page des romans. En résumé, les notes marquent et soutiennent notre littérature romantique, en lui servant pour la formation/construction d’un imaginaire de langue, de sujet et de nation. Il y a une réflexion intéressante sur la question de la vraisamblance dans le roman du XIX e siècle (et pas seulement) dans laquelle il est important de penser sur la place de la note de bas de page pour telle construction. Nous laisserons ce chamin pour une autre étude. Pour l’instant, nous affirmerons, en citant Watt, que l’ascension du roman a fait apparaître de mode aigu « le problème de la correspondance entre l’oeuvre littéraire et la réalité qu’elle imite  » (WATT, 2010, p. 11, traduction sémantique), c’est-à-dire le problème de la distinction (et de la relation) entre réalité et fiction, une réflexion, il est important de rappeler, qui touche aussi l’écriture de l’histoire.

A propos des notes chez Alencar

[…] com a dissolução de 13 de maio de 1863, escrevi Diva que saiu a lume no ano seguinte, editada pelo Sr. Garnier. (ALENCAR, 2005, p. 68).

Comme on a dit, nous nous concentrerons sur les notes du livre Diva, qui ont la particularité d’apparaître dans l’épilogue du roman à sa deuxième édition, en 1857, comme réponse à des critiques à ses créations linguistiques

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et à ses gallicismes. Ce n’est pas le premier roman à paraître avec des notes2;

cet effet s’applique à O Guarani, d’Alencar, de 1857, dont les notes sont publiées à la première édition. Et il y a encore d’autres romans postérieurs à celui-là, Iracema, O Gaúcho et Ubirajara, avec des notes et d’autres formes de paratextes.

Longues, polémiques et polyphoniques, créatives et érudites, pleines de sources variées, avec des citations en latin et en français, ou encore en indicant la connaissance et la maîtrise de langues indigènes, les notes se tournent vers les mots et sur les choses du monde, en composant, on le dira avec Debove (1984), deux ordres distinctes de vocables : celui des mots et celui des choses. Au premier, on apporte des savoirs sur la langue, à la manière d’une confection d’un dictionnaire  ; au deuxième, on traite de savoirs sur le monde, en s’approximant de la confection d’une encyclopédie. Les notes de Diva3 se situent dans le premier ordre. Ce sont seize vocables, à

la fin du livre, ordonnés selon leur apparition dans le texte, à savoir :

núbil [nubile]; escumilhar [broder sur un tissu très délicat]; pubescence [pubescence]; exale [adjectif passif qui vient du latin exhalatus, exhalis]; palejar [pâlir]; rofado [ridé; verbe qui vient du latin rufo]; gárceo [adjectif relatif à garça/héron]; garrular [verbe formé à partir de gárrulo/ gazouilleur]; olímpio [olympique ; du latin olympius]; elance [lancement ; du latin lancea]; rutilo [du verbe rutilar/briller]; roçagar [effleurer; frôler] ; frondes [feuillage jeune; du latin frons, ondis]; aflar [du latin ad, pour, et flo, souffler]; rubescência [rougeur, rougissement]; fervilhar [bouillonner] (ALENCAR, 1957, p. 565-570).

Ils composent, disons, un glossaire qui dés(organise) la langue portugaise, c’est comme il la nome dans plusieurs vocables, en indiquant ce qui dans la langue se complète, s’ajoute et se perfectionne de façon à la signifier au Brésil, parce qu’il manque dans la langue, comme nous avertit Nunes (2006). Il s’agit d’un glossaire qui peut être lu à part, indépendamment du livre ; enfin, un artefact sur la langue (AUROUX, 1992) produit, à ce moment-là, par un écrivain brésilien, dans un processus de décolonisation linguistique (ORLANDI, 2007).

En gros, les vocables de Diva marquent les classes de mots: verbes,

2 Jamil Nadaf (2002) nos dit que Diva a été publié en feuilleton dans Diário do Rio de Janeiro en 1856, mais Alencar dans Como e porque sou romancista (2005) indique l’écriture du roman en 1863.

3 Chez Diva, roman urbain d’Alencar, différemment de ce que l’on observe dans ses romans indianiste (O Guarani, Iracema et Ubirajara), il n’y a pas de lexique indigène.

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noms et adjectifs. Des mots, alors, lexicaux; il n’y a pas d’indication de mots grammaticaux, ni d’ explications dans les vocables concernantes la syntaxe. Cela est intéressant parce que les critiques à Alencar retombent aussi sur sa syntaxe, auxquelles il répond dans plusieurs écrits (CHAVES DE MELLO, 1972). Pourtant, dans les notes de Diva, la syntaxe apparaît de forme indirecte, c’est-à-dire issue de changements de classe proposées. En effet, sa préoccupation se fixe dans la formation de mots, le changement de classe et l’euphonie, autrement dit, son intervention est sur la forme et la sonorité du mot, en cherchant, peut-être, prendre pour cible des situations particulières au Brésil de ce moment-là. C’est l’étymologie latine qui soutient son argumentation (soit pour justifier un morphème soit pour une sonorité plus adéquate) et qui permet un éloignement par rapport au Portugal et aussi une objection à une dérivation de la langue française. Si la langue est portugaise (au Brésil), elle est fille du latin. Telle filiation permet, donc, à l’écrivain brésilien le lien direct avec le latin en refutant une paternité portugaise, comme on lit dans palejar (« Et pourquoi devrais-je faire de mon verbe grand-fils du verbe radical, s’il pourrait être son fils tout simplement ? »), ou encore en refusant une provenance française, comme on peut observer dans le vocable elance, indiqué comme issu de élan:

Telle est la vraie étymologie du mot portugais lance, non celle exposée par Morais – du français élan […] Pourquoi la langue aurait-elle besoin d’utiliser un élément étranger, si elle-même avait déjà les ressource pour former de la racine lancea le mot lance? [...] (ALENCAR, 1957, p. 567).

Dans le notes de Diva, nous voyons face à un inventaire de mots dont le souci ne retombe pas sur la signification (ce sont cas de núbil;

escumilhar; pubescência, exale; garrular; olímpio; elance; rutilo; fervilhar). Il

y a peu de vocables dont la signification est présentée (ce sont les cas de

aflar, frondes, gárceo, palejar, roçagar, rofado, rubescência), pourtant dans ces

cas, la signification n’apparaît pas sans le préoccupation sur la formation de mots. Cela nous permet d’affirmer que son travail n’est pas, donc, sur la désopacisation de tel ou tel vocable, mais sur la création et expansion d’un vocabulaire dont la production est le rôle de l’écrivain à fin de promouvoir une littérature nationale, comme il indique dans l’épilogue précédant aux notes. Dans les notes, Alencar avoue avoir créé plusieurs vocables (comme

exale, aflar, elance, olímpio), mais pas tous. Il y a ceux qui capturem sur le sol

brésilien (comme c’est le cas de fervilhar, « mot connu et utilisé ; diminutif de ferver [bouillonner]) et dénoncent son absence comme faille dans les

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dictionnaires, qui faillent par l’absence ; c’est le cas aussi de rofado, sur quoi il écrit : « Je ne comprends pas pourquoi les dictionnaires ne font pas mention du verbe rofar, du latin rufo, et rofo, ridé […] », ou par l’équivoque ; c’est le cas de Moraes avec elance, comme nous avons déjà vu. Bref, nous sommes en face d’un amant du mot. Avançons.

Sur le mot et sur le mot palejar

A dificuldade da teoria em sentido estrito reside pois no caráter abstracto e formal, não só dos seus conceitos, mas dos seus objetos.

(ALTHUSSER, 1978 [1967], p. 31).

La citation d’Althusser, qui nous sert d’épigraphe à cette partie de la réflexion, indique que développer un travail théorique est quelque chose de très complexe, pas seulement par sa caractéristique abstraite et formelle en terme de conceptualisation, mas aussi parce que les objectifs étudiés, eux aussi, doivent être compris dans sa dimension abstraite et formelle. Notre objectif est le mot, pas comme on le considère en Lexicologie ou en Lexicographie, non plus comme on le fait en Morphologie, mas surtout comme il est compris par le matérialisme historique, en tant qu’objet matériel à l’intérieur d’une historicité donnée, situé dans une certaine temporalité, en fonctionnement. Il ne s’agit pas de remettre notre lecteur à une longue récupération historique et chronologique, linguistique et/ ou littéraire du XIXe siècle, où José de Alencar produisait ses romans et ses réflexions sur la langue. Il s’agit, donc, d’un mouvement d’analyse qui prend en compte l’historicité et la temporalité comme constitutives de la construction de l’objet en étude : le mot, le mot que fonctionne comme

porte d’entrée, à chaque note produite par l’auteur.

La rencontre de la note proposée par José de Alencar pour le mot

palejar nous fait rentrer dans une discoursivité qui dépasse l’attendu,

contemporainement, d’une note de bas de page, ou bien d’un mot qui fait partie d’un groupe de seize mots qui formeraient une espèce de glossaire très particulier de l’oeuvre littéraire en question: Diva. La spécificité de palejar retombe sur le mode d’exposition et de construction qui introduit dans cet espace ce que nous comprenons comme un processus de constitution de l’objet « en sa forme abstraite et formelle », en marquant une position

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d’auteur qui se garantit, à notre avis, aussi par son observable préoccupation du processus de production de sens. Nous nous basons sur ce que nous apprend Althusser (1976 [1967a], p. 39), en réfléxissant sur le mot

constitution (selon lui plus adéquat que le mot application), pour affirmer

que:

Il ne suffit qu’un nouveau mot pour démêler l’espace d’une question, celle qui n’avait pas été posée. Le nouveau mot ébranle les anciens mots, et fait le vide pour une nouvelle question. La nouvelle question met en doute les anciennes réponses, et les vieilles questions endormies au-dessous d’elles (traduction sémantique).

Lire Diva d’Alencar, au XXIe siècle, à partir des notes, peut être un exercice de compréhension d’une partie d’un processus historique de la constitution de mots dans et pour la langue portugaise (du Brésil), au-delà d’une lecture de l’oeuvre comme exemplaire littéraire.

Alencar ne se contentait pas des synonymes ou de possibles approximations. Lors de son écriture, il cherchait la précision de celui qui taille un joyau, ce qu’il faisait soigneusement, sans perdre aucun détaille du processus. Il persécutait rigoureusement le mot qui avait été taillé pour son roman. C’est ce que nous retrouvons en palejar: la présentation du mot, son origine assurément latine, son authenticité comme la seule capable de produire le sens que la scène décrite demandait de l’auteur.

Quelle drôle de mutation! Sa beauté splendide se congela. Ses longues paupières semblaient figées sur ses yeux livides et morts. En frôlant son front ombreux, les lumières pâlissaient [palejavam] sa face jaspée. L’entaille, doucement ondulante, se repliait avec une rigidité granitique. Je sentis qu’elle exhalait la même froideur qui enveloppe comme un suaire transparent les statues en marbre (ALENCAR, 1957, p. 565-566, traduction sémantique).

L’extrait du texte est important pour notre observation parce qu’il montre le verbe créé par Alencar en fonctionnement, en explicitant la différence mise dans la note avec le verbe déjà existant: empalidecer.

Palejar – [...] quelqu’un se rappellera peut-être de m’opposer le verbe empalidecer [pâlir], de même origine, et déjà senctionné par l’habitude ; mais ce verbe n’exprime point l’idée de l’autre que j’ai introduit, si avant moi quelqu’un n’a pas déjà fait ce service (ALENCAR, 1957, p. 565, traduction

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sémantique).

Palejar n’est pas empalidecer [pâlir], il ne se rapproche pas de ce vocable déjà existant, ni peut être pensé comme son synonyme (ALENCAR 1957, p. 566, traduction sémantique).

Or, dans la période en question [p. 37, déjà cité], je n’avais pas l’intention de dire que les lumières de la salle rendaient peu à peu pâle le visage de la demoiselle. Bien au contraire, je voulais dire que les lumières produisaient des réflexions et des ondulations qui la rendait pâle. L’idée n’est pas du tout la même. Ce n’est pas une action continue, lente et progressive, mais une action intermittente, rapide et égale. La désinence escer n’était donc pas appropriée. Il fallait trouver une autre solution : la désinence ejar, dérivée du latin ago, très habituelle en portugais […]. (ALENCAR, 1957, p. 566, traduction sémantique)

Comme il avertit, la désinence escer ne lui sert pas, d’où la création à partir d’un autre affixe latin, ago, qui porte une valeur fréquentative. Ce geste d’Alencar prête à l’oeuvre l’authenticité et la brésilité si nécessaires pour l’institutionalisation d’une langue et d’une identité différentes de celles du Portugal. C’est le moment d’affirmer la formation du mot comme pilier pour les sens persécutés par l’auteur.

Sur la circulation des vocables

A língua e a nacionalidade do pensamento, como a pátria é a nacionalidade do povo. (ALENCAR, post-scriptum de Diva, 1957, p. 559).

Selon Orlandi (2001), il y a trois moments de production de discours dont nous nous servons pour penser sur les savoirs : constitution – met en oeuvre une mémoire qu’y intervient pour possibiliter un savoir - , formulation – sur laquelle jouent les conditions de production et où, selon l’auteure, se « corporifient les sens » (ORLANDI, 2001, p. 10, traduction sémantique) ; et circulation – dans laquelle on observe la trajectoire des dires/savoirs. Avec le glossaire d’Alencar, nous sommes sur le moment de fondation qui nous permet d’entrevoir la constitution des sens. Dans cette partie, nous voulons commencer à penser sur la circulation. Ce que nous allons présenter est issu d’un corpus par échantillonnage, c’est-à-dire un corpus formé à partir de

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plusieurs dictionnaires produits dans de différents moments du XXe siècle (dix imprimés et un électronique, de Houaiss, considéré comme le grand dictionnaire complet de langue portuguaise).

D’emblée, il est important de souligner qu’aucun d’eux ne fait référence à Alencar ni indique sa bibliographie. Portant, il y a des cas curieux, comme ceux des vocables frondes et garrular. Dans le dictionnaire étymologique de Cunha (1997), ce qui nous intrigue, par exemple, c’est le fait du dictionnaire indiquer frondes comme vocable de 1858, contemporain donc au livre, avec les mêmes indications du latin dont Alencar parle et la même signification (qui, il est important de dire, se répétera en plusieurs autres vocables analysés ici)4:

Frondes – Le mot latin frons, ondis, qui désigne le feuillage jeune […] élargit la famille de vocables reçus du latin par nos classiques […] (ALENCAR, 1957, p. 569).

Frondes. Sf. « la cime des arbres » 1858. Du latin frons – dis // frondAR XIX / fronde de 1572. Du latin frondens – entis, part. de frondëre / frôndeo XIXème siècle. Du latin frôndeus / frondESCENTES 1873. Du latin frondescens – entis, part. de frandescère / frondescer 1873. Du latin frondescere (CUNHA, 1997).

Garrular, pourtant, est présenté comme vocable du XXe siècle dans ce dictionnaire étymologique :

Garrular [gazouiller] vb. « palrar tagarelar » [papoter, bavarder] XX. Du latin garrulare / galar XX // garrulice 1858 / gárrulo XVI. Du latin garrülus (ALENCAR, 1957, p. 566).

Dans les dictionnaires de Fernandes (1953) et d’ Aurélio (1964) il est possible d’accompagner le réseau paraphastique qui se forme avec les vocables présentés chez Alencar ; par exemple, pour fronde, maintenant au singulier, on lit « le houppier des arbres, les feuilles des fougères (par analogie rameau ou ramure d’arbre » ou « feuillage de palmiers et fougères (par analogie) rameau d’arbre » ; pour garrular, on répète « tagarelar, palrar » pour les deux. A propos de garrular , il est intéressant d’observer que l’ on n’a pas la signification attribuée au vocable. Dans le texte, nous capturons

4 C’est le cas des dictionnaires de Biderman, Mata Machado Filho, Cândido de Figueiredo, Silveira Bueno, Fernandes, Aurélio.

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garrular comme un murmure qui personnifie le fleuve:

Limpides courrants dont la soif fiévreuse du géant urbain n’étancha pas, coulaient tièdes par les escaspes, sautaient de cascade en cascade, et s’enfuyaient et garrulando se réconfortaient dans les bacins translucides entourés d’herbes. (ALENCAR, 1957, p. 36, traduction sémantique ).

Une question commence à prendre forme : quelle est la raison pour tel silenciement/oubli par rapport à Alencar?

Revenons sur le vocable palejar. Il apparaît chez Fernandes (1953), chez Aurélio (1964) et chez Machado Filho (1976) sous la forme de brésiliennisme5, mais pas dans la conception proposée par Alencar ; au

contraire, dans la conception niée par l’auteur, comme on a dit avant.

Palejar, v. int. (brés.) Empalidecer [pâlir]; tornar-se pálido [devenir pâle]; palidejar [blêmir; pâlir] (FERNANDES, 1953).

Palejar, (pallejar) v. int. (brés.) Empalidecer [pâlir] ; tornar-se pálido [devenir pâle]; de cor pálida [couleur pâle] (AURÉLIO, 1964, 11e édition).

Voilà l’espace de tension du vocable d’Alencar : le verbe circule, mais pas avec le sens indiqué par notre auteur.

Sur la continuation

O único tributo que paguei então à moda acadêmica, foi o das citações. (ALENCAR, 2005, p. 43).

Les résultats de notre étude sont partiels, une fois qu’elle est en développement, mais ils laissent voir déjà qualques conclusions par rapport à ce que nous proposons en ce moment de la réflexion. D’un côté, nous observons que le vocable palejar, créé par Alencar pour satisfaire à la nécessaire précision d’une scène du roman Diva, a été incorporé au vocabulaire de la langue portugaise en marquant sa présence comme brésiliennisme, dans au moins quatre des onze dictionnaires consultés. Si cela consiste en un

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brésiliennisme, cela implique aussi avouer qu’il a été créé sur le sol brésilien. Le vocable apparaît dans les dictionnaires, poutant il n’y a pas de référence à José de Alencar, en démarquant, de cette façon, un mode de silenciement. Il reste encore souligner que les sens proposés, invariablement, font référence à la synonymie avec le verbe empalidecer [pâlir], en contredisant ce que proposait Alencar; ou au moins, en proposant une notion de synonyme plus floue.

D’autre côté, une visite rapide sur un site de recherche sur Internet pour le mot palejar nous donne un contrepoint à ce que la formalité des dictionnaires, dits traditionnels, nous apporte. Nous observons que parmi les dix premiers résultats de recherche sur la web pour palejar/palejavam, huit d’entre eux apportent comme exemple l’extrait de Diva, les deux autres appontent une critique à Alencar, à savoir:

Signifié de Palejar : verbe intransitif. [Néologisme] Brés. Vocable proposé à tort par Alencar, au lieu de palidejar6.

Telles informations nous mènent à réfléchir sur le mouvement que l’on fait actuellement, via Internet, pour la réccupération de l’auteur créateur de mots. Dans le cas en étude, la web possibilite que les notes du roman d’Alencar circulent aussi dans d’autres espaces au-delà du livre. Ce qui résulte de la visibilité donnée à ce qui longtemps a été silencié dans des espaces formelles dictionnarisés.

Annexe 1:

PALEJAR – Lorsque j’écrivis ce verbe, j’étais sûr qu’il existait déjà dans les dictionnaires. J’avais tort. Il est possible que quelqu’un préfère le verbe empalidecer [pâlir], de même origine et plus courant ; mais ce verbe est assez loin d’exprimer l’idée de palejar que je créai. La langue portugaise dispose de plusieurs désinences verbales. Elles changent le sens du mot primitif et rendent possible l’expression de différentes actions. La désinence

escer (de esco), adoptée du grec par la langue latine, forme les mots inchoatifs. Esco, en grec, veut dire « croître » ; avec un nom ou un verbe, esco indique

une action continue, plus lente et graduelle que l’idée exprimée par le mot primitif. Ainsi, alvorecer [verbe qui exprime le lever du jour] est le processus

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qui produit le alvor [réveil du jour] ; embevecer [boire] est le processus de boire petit à petit. Or, dans la période en question [p. 37], je n’avais pas l’intention de dire que les lumières de la salle rendaient peu à peu pâle la face de la demoiselle. Bien au contraire, je voulais dire que les lumières produisaient des réflexions et des ondulations qui la rendait pâle. L’idée n’est pas du tout la même. Ce n’est pas une action continue, lente et progressive, mais une action intermittente, rapide et égale. La désinence escer n’était donc pas appropriée. Il fallait trouver une autre solution : la désinence ejar, dérivée du latin ago, très habituelle en portugais. Ago, faire, œuvrer, donne l’idée immédiate de pouvoir créateur. Un nom ou un verbe formé avec la désinence ago explicite l’idée d’une force qui produit à partir de soi-même l’idée exprimée. Par exemple : le verbe almejar [désirer] exprime l’âme qui sort de soi-même lorsqu’elle est touchée par un désir ; arquejar [haleter] est la arca [cage] thoracique qui sort de sa position naturelle ; forcejar [faire un effort ; forcer ; pousser] est la force produite par les muscles ; vicejar [manifester de la vigueur] est l’expansion du viço [de la vigueur]. Puisque la désinence ago exprime la force et le pouvoir créateur, elle indique aussi la persistance de l’idée ou de l’action. C’est pour cela que ces verbes sont appelés « fréquentatifs » par les grammairiens. Ainsi, arejar est la production répétée de ar [air] ; murmurejar est un murmúrio [murmure] menu, etc.

Palejar était donc le verbe qui exprimait vraiment ma pensée. La palidez

[pâleur] produite par les lumières sur la face de la demoiselle. Une pâleur brève, tremblante et intermittente comme l’oscillation de la flamme. Tous ces aspects sont présents dans le verbe palejar. En ce qui concerne sa généalogie, il y a ceux qui préfèrent empalidecer, qui vient de l’adjectif

pálido. Moi, je préfère le verbe latin palleo, d’où vient pallidus, et le verbe

(latin aussi) pallesco. Et pourquoi devrais-je faire de mon verbe grand-fils du verbe radical, s’il pourrait être son fils tout simplement ? (ALENCAR, 1957, p. 565-570).

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Referências

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