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Utopie et science chez Charles Fourier

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Academic year: 2023

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Ivone Gallo

Universidade Católica de Campinas (Brasile)

Traduit par Marie-Sophie G. Camarão Telles Ribeiro

Ivone Gallo est professeur d’Histoire à l’Université Catholique de Campinas, Brésil. Elle a obtenu le titre de maître en Histoire à L’Université de Campinas (Unicamp) avec une monografie sur le mouvement milénariste-messianique du Contestado, travail publié sous le títre O Contestado: o sonho do milênio igualitário, Campinas (SP): Editora da Unicamp, 1999. Elle a soutenu son doctorat en Histoire aussi à l’Unicamp avec une thèse sur la colonie fouriériste du Saí sous le titre “A aurora do socialismo: fourierismo e o falanstério do Saí (1839-1850), Campinas, Unicamp: IFCH, 2002.

À présent elle prépare son post-doctorat auprès du département de Théorie Littéraire de l’Institut d’Études du Langage (Unicamp) sur le thème de la reinvention de l’utopie dans la pensée de Charles Fourier.

Résumée

Charles Fourier, dans ses écrits, nous fait réfléchir sur le rapport difficile entre l’utopie et la science.

A partir du contexte historique du XIXème siècle et aussi des particularités de la pensée de Fourier, nous nous proposons d’établir les liens entre une science sociale et l’utopie, comprise ici comme une idée positive qui se rend possible par l’application des lois de l’association et de l’organisation du travail.

Chez Fourier, l’utopie se présente comme une réalité virtuelle que l’humanité peut atteindre au présent et non dans un temps futur indéterminé.

Une telle certitude vient de l’application au contexte social d’une science exacte qui permet le calcul des harmonies et du bonheur.

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Q

ui de nous n’a pas entendu dire que Charles Fourier (1772-1837) fait partie des grands penseurs sociaux de son époque, ou tout au contraire que Fourier était un lunatique qui prétendait changer le monde, ou même encore que Fourier était un visionnaire incompris par l’humanité. En vérité ce personage soulève encore aujourd’hui des polémiques sans fin; et ceci en raison d’une défense d’idées controversées même pour nos modèles actuels. Comme le dit Luigi Firpo1 dans une interprétation émouvante et sensible sur le problème des utopies: “L’utopiste est un prophète désarmé, sujet à toutes sortes de malentendus”. Né à une époque troublée, Fourier a connu des moments très difficiles durant le processus révolutionnaire de 1789; il a profondément marqué sa personnalité et l’on pense même qu’il pourrait être le facteur qui l’aurait provoqué à écrire et à réfléchir sur des formes capables de reconduire les hommes et le monde sur le chemin de l’harmonie, leur vrai destin.

Son oeuvre, dû à la richesse de son contenu et au caractère innovateur des idées qu’elle présente, est passible d’être apprehendée par diverses domaines de la connaissance. Nous avons, par exemple, les abordages de Charles Gide orientés sur l’aspect économique et sa préoccupation pour les recherches des mouvements coopératifs en Fance. Il existe également un grand intérêt sur l’aspect politique de son oeuvre et nous trouvons alors des études reliant Fourier aux libéraux ou le situant aux racines de l’anarchisme; il existe même des chercheurs qui considèrent Fourier comme l’un des précurseurs de Freud2. Sans renier la valeur de ces différents efforts analytiques, il nous semble toutefois que ces analyses, étant fragmentées et en dehors du contexte général de l’oeuvre de Fourier, sont insuffisantes pour rendre compte de l’ensemble que représente son oeuvre. Dans celle- ci en effet, tous les éléments de l’économie à la politique, du social au comportemental, interagissent et, c’est pour cette raison qu’ils ne peuvent pas être compris séparément.

L’abordage privilégié dans cet article traite de l’aspect de la science et de la technique dans l’oeuvre de Fourier du point de vue historique;

cependant sans prétendre en épuiser le sujet, et sans explorer les domaines de l’épistémologie et de la philosophie des sciences, des thèmes suffisament traités actuellement par d’autres auteurs3. Notre travail consiste à rechercher dans la pensée de Fourier le point coïncidant entre l’utopie et la science, car ces termes apparaissent dissociés dans la plupart des perspectives d’interprétation de son oeuvre; il consiste également à étudier les utopies d’une manière générale4.

Initialement, nous aimerions souligner un caractère marquant qui parcourt toute l’oeuvre de Fourier - donnée importante pour que nous puissions défendre notre point de vue - sa résistance declarée à l’académisme qui enrobait la présentation de la science au XIXème siècle.

Il était lamentable, de son point de vue, que la science ne soit reconnue socialement et officiellement que lorsqu’elle était liée à une institution qui autorisait alors sa dissemination en tant qu’un savoir réel et opérant. Aussi bien Fourier que certains de ses disciples cherchèrent à défier le status quo en donnant de l’importance à des formes de la connaissance non autorisées,

1 Firpo, Luigi, “Pour une définition de l’Utopie”, in Revista Morus:

utopia e renascimento, nº. 2, 2005.

2 Voir sur ce sujet les commentaires de Simone Debout in Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, nouvelle edition corrigée et augmentée du Nouveau monde amoureux (extraits), publié pour la première fois, précédé d’articles et de documents également inédits, d’une importante introduction par Madame S. Debout, et d’une notice biographique sur l’auteur, Paris: Jean-Jacques Pauvert, éditeur, 1967.

3 Pour cette finalité voir ces articles intéressants: Rignol, Loïc “La Phrenologie et l’Ecole Sociétaire. Science de l’homme et socialisme dans le premier XIXème siècle”.

Cahiers Charles Fourier, n.13, dec. 2002, et du même auteur

“Epistémologie des théories de la science sociale.

Association et Communauté dans l’ Organicisme du premier XIXème siècle”

in Cahiers Charles Fourier n.15, dec. 2004. Les deux articles traitent autant de Fourier que de l´interprétation qu’ont faite par ses disciples de son oeuvre.

En ce qui concerne l´anlyse sociologique de ce sujet voir MERCKLÉ, Pierre.

“Le foisonnement analogique dans la “science sociale” de Charles Fourier” in Cahiers Charles Fourier, n.12, déc. 2001.

4 En contre-pied à l’analyse sociologique de Mannheim, nous avons adopté la définition d´Ernst Bloch qui ouvre une ample perspective de compréhension des utopies inscrites aussi bien dans la littérature, que dans l´architecture, que dans l´urbanisme, que dans les arts ou que dans les essais

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ainsi qu’à des noms proscrits par l’Académie, mais qui malgré tout avaient acquis pour lui un poids important dans l’ensemble du développement du savoir humain. Pour démontrer à quel point ce souci était devenu courant au coeur du mouvement fouriériste, nous citons, comme exemples, le médecin fouriériste Benoit Mure, fervent adepte des théories de Fourier, ainsi que Hahnemann et Swedenborg, qui a diffusé en France, en Italie, en Belgique, en Egypte et au Brésil l’homéopathie, le fouriérisme et les idées

“jérusalémites” de sa doctrine “La nouvelle Jérusalem”. Mure croyait à la force de ces sciences méprisées, alliées à la foi d’une religion rationnelle, comme étant des facteurs transformateurs de la vie en société, et regrettait le fait que tant d’intelligences aient été gaspillées parce qu’elles n’avaient pas été acceptées par le milieu académique5. Fourier, de son côté, ne partageait pas l’enjouement pour la phrénologie, le magnétisme, etc., ni l’enjouement pour les sectes. Il limitait son champ d’action au contraire, relativement à d’autres socialistes contemporains tels qu’Owen et Saint-Simon, par son dévouement à la science. Son admiration pour la force de Colomb est basée sur ce paradigme. Colomb, en contrariant toutes les connaissances de son époque, avait défié l’église, la source de tous les savoirs, lorsqu’il avait affirmé que la terre était ronde, ce qui semblait une folie! Il ne nous semble pas juste de baptiser “d’ingénue” cette affirmation de Fourier, car il ignorait les atrocités commises dans les Amériques par Colomb et par les découvreurs.

Elles n’avaient rien à voir avec la science, mais avec les monopoles, avec les marchés et les établissements d’Etats absolutistes si critiqués par Fourier lorsqu’il analysait sa propre époque.

L’intention de Fourier en remémorant ce personnage historique n’avait pas l’idée d’une critique, mais l’idée d’établir une sorte d’analyse comparative à un niveau très simple. Il se servait de l’exemple de Colomb pour démontrer que tous ceux qui proposent les idées plus avancées seront ridicularisés et traités de fous. La comparaison facilitait par un autre biais une certaine critique du système: le savoir comme source de domination politique dans les sociétés hiérarchisées. C’est peut-être en pensant à cela et à l’éloignement du peuple français au cours du procès décisif de la révolution de 1789, qu’il ait donné une telle importance dans ses écrits au problème de l’éducation et à la valorisation des talents.

Mais parler de science en relation à Fourier, nous présente devant une série de difficultés crées par le propre auteur. Nous nous référons, tout d’abord, au concept “d’écart absolu” par rapport à toute connaissance, concept sur lequel tous les analystes de son oeuvre se perdent. Fourier proposait, pour sortir du cahos social dans lequel se trouvait la civilisation, une aléniation complète de toutes les connaissances produites jusqu’alors par les philosophes. On se demandait fréquemment quel était le bénéfice social apporté par les philosophes et les intellectuels de tous les temps. Et d’accord avec ses conclusions nées toujours de l’expérience: absolument aucun. Fourier se risque à dire d’Aristote que sa meilleure assertion aurait été son “Que sais- je?”, et que, par la suite, il aurait dû se taire. Quelle était de même l’utilité d’un Descartes avec sa question sur le doute débutant par l’affirmation si évidente:

“Je pense, donc je suis” ou encore des Platons ou des Sénèques qui, se lançant

politiques. Pour une étude d´anthropologie allant dans la même direction voir KROTZ, Esteban. La otredad cultural entre utopia y ciência. Un studio sobre el origen, el desarrollo y la reorientación de la antropología, México: Fondo de Cultura Económica/Universidad Autónoma Metropolitana, 2002.

5 Les théories de Fourier furent bien reçues par un groupe de médecins, parmi, eux en sus deMure, le docteur Henri de Bonnard qui travaillait avec des therapies inédites telles que l´hémostase et l´hydrothérapie.

L´analogie entre le corps humain et le corps social est remplie de tous les concepts extraits de la “Science sociale”

de Fourier. Sur ce sujet voir: DESMARS, Bernard

“Médecine et Fouriérisme, les experiences d´Arthur de Bonnard” in Cahiers Charles Fourier, n.8, décembre 1997, pp. 19-40. GALLO, Ivone.

A Aurora do Socialismo:

fourierismo e o falanstério do Saí (1839-1850). Thèse de doctorat, Universidade estadual de Campinas: IFCH, 2002.

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à la défense de l’esclavage et de l’oppression de la femme, n’avaient pas étés capables de croire sérieusement à une amélioration de ce monde. Même la sensationnelle découverte de Newton sur la loi de la pesanteur n’avait pas pu trouver d’emploi adéquat jusqu’à ce que Fourier ne l’associe aux contextes du social. Ce n’est pas par hasard que dans sa Théorie des quatres mouvements et des destinées générales, oeuvre editée de 1808, il définisse le concept de l’écart absolu dans ces termes: “J’avais présumé que le plus sûr moyen d’arriver à des découvertes utiles, était de s’éloigner en tous sens des routes suivies par les sciences incertaines”6. Malgré ce refus péremptoire de toutes les connaissances acquises jusqu’au XIXème siècle, sa propre théorie semble être née de l’inspiration de quelques penseurs et parmi eux: La Mettrie, Helvétius et Holbach. Toutefois plusieurs de ses principaux biographes ont poursuivi des pistes sans arriver à établir effectivement l’origine de ses idées.

En vérité, la découverte des auteurs plus significatifs pour la construction de sa façon de penser ne semble pas décisive pour décoder son oeuvre, car il n’avait pas lui-même le désir d’analyser les théoriciens choisis, mais simplement l’intention de se servir de morceaux épars de ses lectures7. En ce qui concerne les références de Fourier il existe un point important qui peut nous amener à confondre nos idées, car s’il rompt d’un côté avec une tradition l’illuministe, il établit d’un autre une continuité avec des penseurs tel qu’Helvétius dans le sens d’une critique à l’ancien régime réglé sur la reconnaissance que les inégalités entre les hommes ne sont pas innées et si modelées au cours du procès éducatif et instiguées par l’ambiance politique, sociale et culturelle.

Sa rupture avec la notion de statut semble très évidente lorsqu’il montre l’inexistance innée de l’aristocratie, et que la génialité est inséparable de l’expérience et de l’opportunité. Nous pouvons percevoir une autre ligne de continuité avec Bacon en ce qui concerne la compréhension de l’expérience comme base fondamentale de la connaissance. Ce la nous permet d’expliquer, par exemple, le sens commun qui parcourt le rationalisme de Fourier étranger à toute ou à n’importe quelle abstraction antérieure aux domaines de l’expérience sensible. L’exemple de Colomb cité plus haut peut être lu sous cette perspective. Mais le fait de se considérer un continuateur de Newton, nous offre déjá une piste qui permet de le distinguer de plusieurs de ses disciples, surtout de ceux regroupés dans la dissidence fouriériste. Il renforçait en effet le caractère scientifique de ses théories, s’éloignant ainsi de ceux qu’il avait baptisés “fabricateurs de systèmes et de religions8” .

La séparation en domaines distincts de la science et de l’utopie nous semble impossible, du moins jusqu’au XIXème siècle, centre de la pensée et du mouvement social. Robert Paris en investigant la “coexistence paradoxale”

entre science et utopie à la fin de cette époque9, moment où les socialistes semblaient prêts à l’accepter, propose l’hypothèse que l’utopie représenterait alors le contrepied de la science positive; une chose condanable pour le socialisme postérieur à Fourier et qui comme telle, tendait à continuer cachée, dans la même façon que la métaphore du Dr.Jekill et Mr.Hyde.

Cependant, même avec cette condition dangereuse, la dimension utopique de la connaissance captivait de l’ouvrier à l’intellectuel, pourtant plus averti contre ce genre de contamination; il n’était pas rare en effet que le théorique

6 FOURIER, Charles, Théorie des quatres mouvements et des destinées générales, vol. 1 des Oeuvres Completes, Paris: Anthropos, 1966, p.4.

7 Sur ce sujet voir:

MORILHAT, Claude.

“L’inventeur et les sophists.

Notes à propos des sources de la pensée de Fourier”

in Cahiers Charles Fourier n.3, 1992.

8 Fourier, Charles. “La quarantaine vers sa fin, ou L´Arrière-Garde des Zoïles”

in La réforme Industrielle ou Le Phalanstère, journal des interest généraux de l´industrie et de la propriété, n.35, 16 oct. 1833. Il y avaient entre les groupes dissidents un spécialement qui, au lieu d´accepter la dénomination fouriériste, pouvant impliquer une association de Fourier à une divinité, avait préféré la denomination de Newtoniste.

9 PARIS, Robert, “Utopia e Ciência no imaginário Socialista” in História, São Paulo: Editora da Unesp, v. 21, 2002, pp. 13-39.

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ou le militant se plongent dans des lectures très souvent condamnées comme, par exemple, Thomas Morus de Kausky, News from nowhere or an epoch of rest de Morris, L’an 2000, d’Edward Bellamy. La réciproque est vraie, toutefois, l’imagination naît toujours d’éléments extraits à la réalité, et dans un siècle d’importants développements techniques, tels que la découverte de la vapeur en tant qu’énergie, le télégraphe sans fil, etc., le roman lui même naissait influencé par l’aspect merveilleux de la machine et par l’attraction qu’elle exerçait sur l’esprit humain. Les théoriciens du XIXème siècle, à leur tour, emportés par la vague des pseudosciences et de l’expérimentalisme mis à la mode par le siècle, peignaient dans leurs oeuvres, des plans plus que fantastiques, promettant une transformation de l’économie, de la politique et de la société. Ne pourrait-on pas comparer ces faits à l’imagination créative dont les romans utopiques sont imprégnés?

Si nous nous interrogeons sur ce qui est science dans l’oeuvre de Fourier, nous devons nous interroger aussi sur ce qui est utopie pour cet auteur, car “bien qu’il semble que l’ombre des utopies s’étende au supra-historique, elle est toujours liée à la réalité présente par le désir en soi de la modifier et par son recueil d’images: l’utopie est toujours datée parce qu’elle présente des solutions de problèmes historiques parfaitement localisables10”. Fourier refusait le sobriquet d’utopique qui lui avait été donné, par les libéraux ou par ses concurents; il préferait être consideré au contraire un pragmatique.

Selon lui, en effet dans l’utopie on fabriquait une carte sans se préoccuper d’indiquer la manière d’atteindre le lieu du bonheur promis, alors que toutes les instructions pour atteindre ce degré sont offertes dans son oeuvre. Son idée fondamentale se construit sur une science sociale basée sur la rigueur de la méthode et du calcul des sciences exactes rétirant par ce procédé son problème du domaine de la simple fantaisie. Malgré le refus de Fourier nous interdisant d’établir le moindre lien entre son oeuvre et les utopies, si nous obéissons à la définition de l’utopie donnée par Luigi Firpo11, nous trouverons dans son oeuvre les trois élements principaux qui la caractérise comme telle; c’est à dire: son aspect global qui n’est pas que valable pour un côté de la vie, mais pour la société comme un tout; sa proposition radicale voulant provoquer un changement substantiel des structures sociales, et, finalement, l’aspect prématuré des propositions présentées dans la mesure où le message passé ne sera compris qu’à l’avenir.

Dans une recherche sur la situation de l’oeuvre de Fourier dans le domaine des utopies et dans un sens positif, il est nécessaire que nous fassions une distinction qui naît des caractéristiques propres aux penseurs sociaux du XIXème siècle, une fois qu’elle se présente avec une écriture détachée du domaine du roman. L’objectif est celui d’une application immédiate et non celui d’un simple passe-temps, et dû à cette raison, le langage adopté doit être moins recherché pour traiter de thèmes qui n’appartienent pas au roman, comme, par exemple, pour parler de l’organisation du travail ou d’autres thèmes plus serieux. Fourier lui-même nous dit inclusivement qu’il se considère un pragmatique. Toutefois, cette distinction présente des problèmes si nous optons pour une ségrégation des utopies dans les genres exclusivement littéraires; nous rencontrons en

10 ORNELLAS BERRIEL.

Carlos Eduardo, “Editorial”, in Revista Morus: Utopia e Renascimento, Campinas:

Unicamp, n. 1, 2004.

11 “FIRPO, Luigi. “Para uma definição da “utopia”, in Revista Morus, utopia e renascimento, n. 2, 2005.

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effet dans l’oeuvre scientifique de Fourier un langage quotidien, un espace amplement ouvert à l’imaginaire (il décrit le monde et les relations sociales telles qu’ils seront dans l’avenir), et même dans l’abordage de thème plus difficiles, il arrive de permettre à l’imagination du lecteur de s’envoler et, dans de nombreux passages il se montre extrèmement ironique, comique et même hilariant. Si nous rencontrons dans son oeuvre, d’un côté, des traits qui nous permettent de relier cette écriture à une tradition utopique romanesque, nous n’y rencontrons pas comme dans Morus un narrateur qui concéde de l`authenticité à un récit fictif, en s’appuyant sur une présentation de faits et de lieux comme si ils étaient réels! Le cas de Fourier est bien différent, car il part d’exemples pris dans son temps, donc connus par tous;

il se réfère, en les nommant, à des figures bien connues du scénario politique, ou, même, à des philosophes et à des économistes avec lesquels il débat et, à partir de ces données concrètes, il présente une proposition jamais vue, mais qui, en contre-pied avec la réalité paraît très possible. La distance habituelle entre le narrateur, la situation et l’intercoluteur disparaît complètement dans ses écrits. L’intention se trouve dans l’usage de l’interférence directe du vécu, en se servant à cette fin du langage commun au siècle: celui du paradigme scientifique. Fourier prouve mathématiquement, par l’intermédiaire d’un calcul exact, qu’il est possible pour l’homme de vivre en harmonie et dans le bonheur. Si, d’une part, le résultat présenté est dépourvu de tout éclat du langage érudit qui permettrait d’introduire le lecteur à des rêveries d’une vie idéale, la précision chirurgicale avec laquelle il lance à ce même lecteur des mots durs et des critiques aigues sur le temps historique connu, excite d’autre part notre imagination par son contenu d’une expérience partagée.

Tout cela nous amène à ressentir ce malaise dont parle Raymond Trousson. En effet, si nous ne pouvons pas trouver une formule capable de réunir Morus, Campanella, Morelly, les millénaristes, etc, nous ne pouvons pas non plus délimiter, au point de le circonscrire, un corps des utopies;

elles apparaissent autant dans les romans que dans les essais politiques, les récits réels ou imaginaires, les projets urbanistiques, de tel mode qu’il nous est impossible d’établir des critères d’évaluation par séparation de domaines distincts12. Apparemment l’unique hypothèse plus sûre pour evaluer une écriture de ce genre serait celle de son “ancrage historique”. Mais, nous avons un autre port sûr où nous pourrons nous amarrer: une continuité établie entre les diverses formes d’interprétation du concept d’association à unir maintenant à différentes époques.

L’analyse de la science et de la technique de Fourier, que nous proposons, se développe à partir du critère initial qui se doit aux réflexions d’Ernest Bloch dans son ample oeuvre sur le thème des utopies. Il est important de rappeler que pour ce philosophe l’hypothèse de l’existence d’une tradition est incontestable en ce qui concerne les utopies, dissiminées aussi bien dans les romans que dans les projets artistiques, architectoniques et urbanistiques, ainsi que dans les essais de caractère scientifique. Cette tradition attelée à la topologie, dû à l’étymologie du mot utopie, présente toujours, au contraire, un conditionnement à la chronologie, aussi bien par l’argument qu’elle choisit comme point de départ que pour l’avenir qu’elle prétend étreindre. En tant que

12 TROUSSON, Raymond,

“Utopia e Utopismo”, in Revista Morus: utopia e renascimento, n. 2, 2005.

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conscience anticipatoire, crée par l’homme lui même, l’utopie n’apparaît pas comme une divagation, mais née de l’insurrection à l’oppression, elle a pour but d’étreindre la totalité. Imprégnée également de l’aspect subjectif, propre de qui la formule, et impulsée par la puissance d’une énergie transformatrice qui jaillit de tout être humain, sans distinction, l’utopie berce dans son intime, face au malheur, un espoir dans la réalisation du bien. Nous pensons que ces hypothèses sont consistantes pour évaluer l’oeuvre de Fourier.

Ceci dit, passons maintenant à la raison qui pousse l’auteur à cette recherche du bien. Avant tout, l’inacceptation de la société française de l’époque. Pour avoir souffert de près les horreurs provoqués par le processus révolutionnaire, ayant été lui-même envoyé en prison, sans aucune justificative satisfaisante, Fourier a perdu la foi dès le début de ce processus, qu’une révolution puisse faire naître les changements réclamés par la société.

Sa toute première conclusion est que le maintien de la paix est la condition essentielle à une transformation sociale. La révolution, en sus du fait d’exciter les haines sociales et d’inciter des actes irrationnels, détruit les bases de l’économie, et, en le faisant, sape les bases d’un début de transformation possibles qui devraient pourvoir aux hommes les éléments nécessaires à leur survie. Selon Fourier, les incohérences du système permettent que les aliments soient brûlés, pourris, pour maintenir les prix pendant que la population continue à mourir de faim. Dans une société civilisée, ce n’est pas le social qui règne, mais la tyranie du commerce, un point accentué pendant le processus révolutionnaire et qui a déguisé le concept d’égalité en celui de liberté commerciale. Le corps social se trouve privé de ses droits par la banqueroute, l’agiotage et le gaspillage du commerce. D’une façon générale l’être humain est malheureux sous un régime de civilisation, et cela, non seulement du fait de ne pas atteindre à la plénitude de son existence au niveau matériel, mais encore du fait de vivre sous le signe de l’oppression dans tous les aspects de sa vie. Les mariages ne se font pas par libre choix, surtout pour les femmes, sujettes aux règles établies sur les besoins de domination de l’univers masculin. Les enfants sont conditionnés, très tôt, à un comportement règlé qui ampute leur capacité créative et le goût des expériences tellement fondamentales dans cette phase du développement humain.

Ils apprennent, très tôt alors, à haïr parents et mâitres, car ils n’en reçoivent que réprimandes et ordres. Les parents, de leur côté, perçoivent leur rôle comme une obligation trop lourde, en effet, la propre routine du travail ne leur permet pas d’accomplir le rôle affectif essentiel à leur condition naturel de parent. Nous pourrions extraire encore d’innombrables exemples de l’oeuvre de Fourier capables de prouver aux lecteurs le cahos dans lequel se rencontre la civilisation, mais ce que nous voulons faire remarquer c’est la proposition présentée par l’auteur.

Pour Fourier, le cahos s’instaure à partir du moment où l’homme refuse sa propre nature et passe à vivre en accord avec les lois humaines, méprisant la révélation divine. Selon les lois de la nature, dictées par Dieu, l’homme est un être doué de passions aux quelles il doit donner libre cours, car c’est cette impulsion passionnelle qui nous attire vers les choses et qui nous entraîne à agir. Dans la civilisation, la soumission à la moral inhibe ce

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procès et, en le faisant, provoque des calamités et des vices, comme les écarts d’un chemin naturel suivi initialement. C’est ainsi que toute forme de travail devient une punition, car sans possibilité de choix, et enchaînés à l’exercice d’une unique activité durant de longues journées (au XIXème siècle, le travail dans les ateliers pouvait se prolonger jusqu’à 18 heures par jour) sans aucune perspective d’obtenir de quoi vivre, l’homme meurt esclave d’un système qu’il aide ironiquement à préserver. Ce cadre pourrait changer si les hommes utilisaient les recours que Dieu leur a légués, ces recours inscrits dans la nature.

Qu’est–ce que Dieu enseigne aux hommes? Tout d’abord qu’il existe un principe d’unité dans l’univers capable d’assembler la diversité de tout ce qui existe. Le monde dans lequel nous vivons est morcelé, précisement parce que l’homme ne sait pas répondre à la différence qui est étouffée ou détruite, au lieu d’être incorporée au tout. Les mathématiques peuvent intervenir positivement, dans ce cas, car la justice distributive y réside, et elle est essentielle pour permettre la combinaison de tout antagonisme, quel qu’il soit. C’est de cette alliance que découle l’établissement d’une harmonie sans laquelle l’établissement de l’unité universelle désirée devient impensable. L’Harmonie et l’unité universelle répresentent selon Fourier le vrai destin de l’humanité; cependant pour atteindre ce stage de développement des sociétés humaines, il nous faut appliquer le calcul des passions à l’organisation de la société. L’organisation du travail, par exemple, a représenté, au XIXème siècle, un des piliers des discussions de la pensée sociale qui soutenaient les divers plans de transformation proposés par les socialistes. Partant de la connaissance des sciences naturelles et des catégories qu’elles établissent, Fourier s’en inspire pour créer un modèle propre de catégorisation basé sur les séries et capable de présenter une nouvelle conception du travail à la société contemporaine. Les séries représentent le mécanisme permettant une distribution équilibrée de l’harmonie, une organisation des différentes passions qui rencontre ainsi le chemin d’un flux libéré. Le mécanisme des séries libère l’homme en relation au travail, s’il admet le libre choix des tâches, s’il intègre l’individu dans une fonction parce que celui-ci la désire ou la désirait même avant de l’exercer.

C’est ainsi que si un individu désire cultiver des poires, la société doit lui assurer la liberté d’exécuter ce travail. Et non seulement cette garantie, mais encore lui permettre de connaître chaque étape du travail afin qu’il puisse l’exercer ou non selon sa convenance, sans épuiser ses forces en réalisant une tâche mécanique, et répétitive à laquelle le travail est réduit. Dans un monde où règne l’harmonie, le travail est mêlé à tous les moments de la vie des sujets, devenant ainsi la raison de leur existence et l’occasion de se manifester en tant qu’être pensant, créatif et actif. Les choix de travail, représentent avant tout, des choix de vie, et simultanément, un agent de socialisation car chacun a le droit de choisir ses compagnons de travail. Si l’on considère que le concept d’harmonie représente l’ensemble idéal des différentes parties d’un tout, un choix ne se fait pas nécessairement par une combinaison parfaite, la rivalité et l’esprit de compétition pouvant, bien au contraire, inciter positivement l’exécution d’une tâche.

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En comparant cette proposition à la façon avec laquelle le travail, est réellement vu et exercé au XIXème siècle, nous pouvons facilement alors considérer Fourier un révolutionnaire et nous comprenons mieux les images dont il parle. Dans les années 30, en France, la situation des ouvriers pouvait être comparée en plusieurs aspects à celle des esclaves dans les Amériques.

Nous avons sur ce sujet, un compte-rendu laissé par Flora Tristan se référant à la ville de Lyon, le centre traditionnel de fabrication de tissus. Au cours de ces années 30, la ville de Lyon a vécu deux insurrections violentes menées par les tisseurs de soie (appelés cannuts) qui réclamaient une augmentation de salaire, des emplois et des conditions de travail meilleurs. Selon le compte- rendu de Flora Tristan il est bien difficile de ne pas être impressioné par les conditions misérables et déshumaines dans lequelles vivaient les ouvriers de cette ville. Sous la plume de l’auteur ces gens apparaissent comme une masse apathique, squéléctique, édentée, sans cheveux et avec un corps modelé par cette position courbée avec laquelle ils étaient obligés de travailler sur les machines à tisser ou à d’autres tâches de leur labeur tout au long du jour.

Affamés, rôdant dans les villes voisines sans trouver de travail, il devenaient bien souvent menaçants.

Si, dans nombreux de ses exemples, Fourier se réfère directement au triste panorama au quel la France était réduite au XIXème siècle, nous ne pouvons pas oublier que, lorsqu’il travaillait, comme employé de commerce, Fourier avait visité plusieurs pays, entre eux, la Hollande et l’Angleterre, recueillant des données sur ces contrées. Nous pensons que cet auteur a cherché à faire valoir son idée des Phalanstères pour le globe entier, justement parce qu’il avait observé la même incohérence partout. Il s’était rendu compte que le système esclavagiste dans les colonies était à la base du commerce européen; système qu’il condamna dans plusieurs passages de son oeuvre, au point de proposer un article intitulé: “Remède aux divers esclavages”, car il percevait l’esclavage dans chaque homme, dans chaque femme et dans chaque enfant vivant dans la civilisation. Quant au problème spécifique de l’esclavage des nègres, il commença à critiquer les projets en cours dans la Chambre des députés, en France, qui proposaient une perception d’impôts de l’ordre de 300 millions. Ces recours seraient destinés à indemniser les propriétaires dans les colonies françaises pour libérer leurs esclaves. La France suivait dans cette discussion le modèle proposé par l’Angleterre qui dépensait 5 millions pour la même finalité dans ses colonies.

Cette perception d’impôts exigée aux citoyens pour financer la libération d’esclaves représentait pour Fourier une mesure sans raison: pourquoi, au nom de quelques philantropes, qui seraient, eux, les bénéficiaires immédiats à l’adoption de cette mesure, la societé toute entière serait-elle sacrifiée? En sus de ce fait, le problème de la libération des esclaves était anticipé d’une manière inconséquente, le problème essentiel n’était même pas considéré, ou soit: le fait que le propre travail n’a aucune valeur dans la société. La solution pour rémédier cette impasse serait de ressaisir le sens du travail et de trouver un moyen qui satisfasse proportionnellement le capital, le travail et le talent. Au lieu de penser à tout cela, on discutait la capacité des esclaves de s’adapter à la liberté, et d’une telle façon que l’on pensait même à les

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soumettre à un procès d’aprentissage qui durerait douze ans; et l’on voit qu’avec cette mesure il existerait, en vérité, une prolongation de la privation de liberté.

Nous ne nous faisons aucune illusion lorsque Fourier présente une organisation du travail, un modèle possible pour régir la vie politique et économique de la société. Toutes les fois que nous essaierons d’aborder son oeuvre en n’en prenant qu’un aspect à peine (l’économique ou le politique) nous échouerons. Il nous en avertit lui même, d’ailleurs, lorsqu’il fait la critique des intellectuels: les uns prétendent régulariser l’économie, sans s’occuper de la morale et des mariages monogamiques, les autres d’augmenter la production sans compensation pour le travail. Le problème de l’esclavage, pour Fourier, ne réside point dans cette proposition érronée du débat politique mené en France et en Angleterre, mais dans la hiérarchie sociale en soi qui a commencé par la soumission de la femme à l’homme, problèmes essentiels que l’on ne veut pas discuter. Ce qui explique pourquoi ce débat politique semble inverti: pour être centré sur les conséquences et non sur les causes. En relation à l’organisation du travail, par exemple, les moralistes parlent toujours de la nécessité de changer l’homme. Accusé d’une “paresse naturelle” l’homme, afin de combattre la raison principale de son malheur, doit opter pour une modération, pour une vie réglé, pour la fraternité et l’égalité. Et pourtant, pour Fourier les 3000 ans d’expérience de vie humaine sont suffisants pour nous amener à constater que les hommes ne veulent pas changer leur caractère, leurs gôuts et leurs passions, mais qu’ils veulent continuer tels quels: variés et variables.

Du point de vue de Fourier, l’homme doit être le pivot de toute création et comme ce n’est pas ce qui se passe dans la société que nous avons crée, son fonctionnement tend à être défectueux. Le travail n’est pas un motif de plaisir, cependant, contrairement à ce qu’en disent les moralistes, c’est un besoin naturel chez l’homme, et c’est pour cette raison que le travail peut se convertir en motif de fête et d’énergie dont le flux une fois libéré peut produire, sans grand effort, le quadruple de la capacité productive de l’époque, parce qu’il se base alors sur la motivation personnelle ou/et du groupe. La faim abolie par la génération d’une quantité plus grande de produits, mieux distribués, et le salaire aboli également parce qu’il est toujours un motif de pression et de contrainte, l’homme enfim libéré, proffitera de tout son potentiel créatif non seulement pour son propre bénéfice, mais encore pour la communauté comme un tout.

Pour que tous ces bénéfices soient acquéris, il suffit que nous nous servions de l’instrument divin, les séries qui nous permettent de distinguer les catégories, les gôuts, les manies et les passions, en les assemblant, par rapprochement ou par distanciation, par niveaux égaux ou différents, de mode à former un tout harmonieux et qui ne peut être qu’harmonieux parce qu’il est capable d’unir les différends.

En se servant des mathématiques Fourier introduit une innovation.

Les mathématiques selon lui ne comportent pas d’éléments fixes, elles

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sont associées à la même division que celle que nous rencontrons dans l’harmonie musicale. Ainsi, pour organiser la société, nous devons employer un calcul fixe, tout en laissant à chaque situation la possibilité de trouver, elle-même, le calcul qui lui est propre et de le modifier toutes les fois que ce sera nécessaire.

Zilberfar, dans un article de 196513 reprend chez Marx et Engels des critiques sérieuses à l’oeuvre de Fourier. Ces deux auteurs, du point de vue de Zilberfar ont obtenu du succès durant la lecture rationnelle de l’oeuvre de Fourier, a mesure qu’ils ont reussi a en y retirer les éléments fantastiques pour atteindre les points essentiels qui ont reçu alors un regard scientifique. Leurs analyses ont conclu que le problème des conceptions inexactes de Fourier proviennent des conditions historiques de son époque. Parmi les problèmes désignés par Marx et Engels, il existe cette tendance à nier le rôle historique propre à la classe ouvrière, le refus de toute lutte en géneral et spécialement de la lutte révolutionnaire des classes, la croyance d’une participation des politiciens à la transformation sociale, et le maintien de la propriété privée.

À cette critique du socialisme scientifique Fourier aurait pu objecter qu’une transformation réelle de la société n’est valable, en vérité, que quand elle se fait pour l’ensemble de la société et non seulement pour un segment de la société (les hommes sont différents aussi bien dans leurs gôuts que dans leurs inclinations). Quant à la révolution, Fourier prétendait vraiment y arriver, il attaque en effet les principaux piliers de la société bourgeoise, à commencer par les concepts de liberté et d’égalité, mais sans derramer le sang – ce qui se doit à l’expérience de sa vie. Le fait d’admettre les inégalités en tant que’une donnée naturelle, ne veut pas dire qu’il est d’accord avec la propriété privée telle qu’elle est conçue par le système capitaliste. Il prévoit une société basée sur les actions, où chacun fait partie d’un tout non descriminé et que cette société devient avec le temps une propriété commune dont tous sont propriétaires, et non quelques uns à peine.

En conclusion, l´ensemble des hypothèses relevées dans ce bref article indique la necessité d’une revalorisation du concept d’utopie dans l’oeuvre de Fourier, revalorisation qui considère tenant lieu des conditions historiques qui l’on fait surgir. Si Fourier a choisi la conciliation, il le fait parce qu’il subit l’expérience d’un monde désagrégé, sortant d’un processus révolutionnaire inégalé encore aujourd’hui. Mais son idée de conciliation naît surtout, d’un rêve d’unité universelle, d’un idéal de liberté bien différente de celle que proposent les libéraux, car elle vient d’une conviction intime de chaque individu qui existe, au délà de la morale (de la loi des hommes), une dialectique entre la satisfaction individuelle des besoins (spirituels et matériels) et l’élevation du bien commun. Si, d’un autre côté, Fourier rompt avec la tradition utopique c’est parce qu’il perçoit à son époque, une nouvelle époque où la science alliée à l’imagination permetra de réinventer l’utopie. Lors de cette nouvelle époque l’utopie ne sera plus vécue dans l’imagination, elle se confondra avec la propre

existence. 13. ZILBERFAR, B. J. “La

philosophie sociale de Fourier, une dês sources du marxisme”

in Cahiers du Communisme, n.12, 1965 ( Extraits).

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Referências

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