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Au détour d’un sentier… la production d’un autre territoire L’exemple du Parc naturel régional LivradoisForez :: Brapci ::

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Academic year: 2018

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(1)

Au dé t ou r d’u n se n t ie r … la pr odu ct ion d’u n a u t r e

t e r r it oir e - L’e x e m ple du Pa r c n a t u r e l r é gion a l

Liv r a dois- For e z

Cé cile Ta r dy

Univer sidade de Avignon e da Região de Vaucluse Labor at ór io Cult ur a & Com unicação

Resumo

"A análise incide sobre um dispositivo escrito (circuito pedestre composto por uma série de balizas que dão a ler uma narrativa), situado num contexto social e organizacional específico, um Parque natural regional. Ele é apreendido ao mesmo tempo na sua componente gráfica e discursiva, na sua materialidade e na sua espacialização. O desafio é de mostrar a forma como opera este dispositivo de escrita no 'tornar-se património' de um sítio ambiental. "

Palavras- chave:

Sentido; Território; Sítio ambiental

Résumé

L’analyse porte sur un dispositif écrit (circuit pédestre composé d’une suite de bornes donnant à lire un récit), situé dans un contexte social et organisationnel spécifique, un Parc naturel régional. I l est saisi à la fois dans sa composante graphique et discursive, dans sa matérialité et sa spatialisation. L’enjeu est de montrer la façon dont opère ce dispositif d’écriture dans le devenir patrimoine d’un site environnemental.

Mots- clés:

Sens; Territoire; Site environnemental

Au cent re du propos est un sent ier dit à « t hèm e », com posé de

bor nes suppor t ant l’écr it ur e d’un r écit , cr éé et inst allé sur un ancien

espace de t r avail à vocat ion past orale à la dem ande du Par c nat ur el

r égional Livr adois- For ez en 19931 . L’espace où s’inscr it ce sent ier ,

t r adit ionnellem ent appelé la « m ont agne », est auj our d’hui plus

souvent désigné sous le t er m e de « haut es chaum es » depuis la

cr éat ion du Par c nat ur el r égional en 1986 et le développem ent à son

init iat ive d’un savoir écologique et pat r im onial. Ce sit e ém inem m ent

cult ur el par son passé est alor s engagé par cet t e nouvelle appellat ion

de « haut es chaum es » dans une aut re hist oir e, celle de l’inst it ut ion

qui en a fait son sit e phar e au t it r e de ses r ichesses écologique et

pat r im oniale.

L’enj eu de l’analyse est de s’int ér esser à ce disposit if d’écr it ur e

com m e élém ent t ier s per m et t ant des échanges et des act ions. Le j eu

(2)

visit e sur le sit e, m ais s’ét end à d’aut r es gr oupes sociaux : usager s

de l’espace pr ésent s de m anière sous- j acent e dans le sent ier

découver t e ; collect ifs d’aut r efois évoqués dans le r écit ; concept eur s

et com m andit air e du cir cuit . Prêt er at t ent ion à cet élém ent

int er m édiair e per m et d’éclair er la façon dont un Par c nat ur el r égional

dispose, à t r avers ses sent ier s à t hèm e, des condit ions de la

r éinvent ion d’un aut r e r appor t à son t er r it oir e. I l s’agit de

com pr endr e, non pas si l’inst it ut ion Par c nat ur el r égional a r éussi ou

non dans sa polit ique d’am énagem ent du t er r it oir e, m ais la fonct ion

de ce t ype de disposit if « ludico- éducat if » dans la r éalisat ion d’un

changem ent de sens in sit u — sans déplacem ent physique dans

l’enceint e d’un lieu r esignifiant — pour cet ancien espace à vocat ion

past or ale : son devenir pat r im oine. L’appr oche de ce disposit if

com m unicat ionnel fait t enir ensem ble le cont enu des bor nes

int er pr ét at ives ( com posit ion gr aphique et discur sive) , la m at ér ialit é

de l’écr it ur e à t r aver s le suppor t ut ilisé ainsi que sa spat ialisat ion2 .

Ce sent ier est const it ué d’une suit e de bor nes qui com pose un

cir cuit pédest r e. Chaque bor ne se présent e sous la for m e d’une t able

légèr em ent inclinée, com m e un pupit r e, où s’inscr it r écit et dessins,

la lect ur e s’effect uant en posit ion debout . Le pr om eneur est ent r aîné

dans une découv er t e ludique de l’act ivit é passée gr âce à un r écit dont

le nar r at eur fict if est un colpor t eur d’ant an. Alor s que ce sent ier du

colpor t eur invit e le pr om eneur à fair e des « pauses » - t er m e associé

à chaque ét ape de lect ur e - , l’analyse conduit e ici pr opose une

pr om enade par allèle en quat r e « act es », l’int ér êt ét ant de saisir

l’act ion sociale et sym bolique qui se dér oule dans les dét our s du

sent ier , considér és com m e des écar t s r évélat eur s d’une aut r e

hist oir e. Le r egar d ser a ainsi por t é sur quat r e élém ent s du sent ier :

l’annonce fait e au pr om eneur en am ont de la pr om enade découver t e,

le paysage « dans le dos » du pr om eneur en act ivit é de lect ur e, les

(3)

colpor t eur , deux bor nes placées l’une hor s- cir cuit , l’aut r e en am ont

de la pr om enade.

Pr e m ie r a ct e : Le pr om e n e u r pa r t icipa n t

Si le pr om eneur pr end connaissance du sent ier par

l’int er m édiair e du « Guide nat ur e : r andonnées, sit es nat ur els,

sent ier s à t hèm es, loisir s de plein air », édit é chaque année par le

Par c nat ur el r égional, il peut lir e, concer nant la présent at ion du

sent ier dit « du colpor t eur » :

« Com m e j adis, en suivant les t races du Colpor t eur char gé de

br eloques, découvr ez au cœur des Cr êt es du For ez un ensem ble de

j asser ies ( les fer m es d'en haut ) , t ém oins pr éser vés de l'hist oir e

past or ale de la r égion.… »

À t r aver s les t er m es « com m e j adis », le pr om eneur est invit é à

fair e sem blant de r em ont er le t em ps : à « fair e com m e si » il vivait

aut r efois. I l ne va donc pas s’agir d’appr endr e en lisant m ais

d’appr endre en faisant , le Par c nat ur el r égional n’annonce pas une

pr om enade explicat ive et inst r uct ive, m ais une pr om enade init iat ique.

Le pr om eneur ser a init ié aux secr et s de la m ont agne par un

per sonnage hist or ique, le colpor t eur d’ant an.

Une fois sur le sit e, com m ent cet t e invit at ion à r em ont er le

t em ps se concr ét ise ?

Ar r êt ons nous un m om ent à la prem ièr e t able de lect ure. Elle

diffèr e des t ables suivant es car elle a une fonct ion int r oduct iv e. Elle

est placée en am ont de la pr em ièr e « pause » où début e le r écit du

colpor t eur et cont r air em ent aux aut r es t ables, elle ne r envoie pas à

un élém ent du parcour s, elle ne m ont r e r ien de r éel. I l s’agit d’un

m ode d’em ploi qui doit per m et t re au pr om eneur de planifier son

par cour s. Cependant , la planificat ion possible est ext r êm em ent

(4)

im age de l’it inér aire à t r aver s une r epr ésent at ion sym bolique des

pr incipaux élém ent s qu’il va r encont r er . L'int r oduct ion n'est donc pas

pr ior it air em ent d'ordr e pr at ique.

Aut r e const at at ion : cet t e t able int r oduct ive sit ue le pr om eneur

dans la car t e, donc dans l'univer s du t ext e et de la r epr ésent at ion

gr aphique. En effet , r elevons un dét ail : La car t e est suffisam m ent

clair e pour que le lect eur puisse r epér er sa sit uat ion init iale car la

pr em ièr e t able de lect ur e du sent ier , num ér ot ée « 1 » sur le plan, se

sit ue envir on t r ois pas devant la t able int r oduct ive. Ainsi, le « vous

êt es ici » m ar qué d’un pet it t r iangle noir ne se j ust ifie pas sur le plan

pr at ique. Le pr om eneur pr end place dans la car t e sous la for m e de ce

signal qui n'est pas at t aché à un lieu ( une pause) m ais à sa per sonne.

Le pr om eneur est dans la car t e. Son act ivit é de lect ur e passe au

second plan. Ce qui pr im e, c’est ce qu’il fait : on ne lui suggèr e pas «

Vous aur ez des panneaux à lir e » m ais « des pauses à fair e ».

D'em blée, le cir cuit donne la pr im eur à ce qu’il va vivr e plut ôt

qu’appr endr e.

Ce pr em ier t em ps d’analyse m ont r e que l’int ér êt du sent ier

n’est pas dans le savoir m êm e diffusé m ais dans la m anièr e dont un

Par c nat ur el r égional fait pr at iquer un sav oir , par le j eu. Le

pr om eneur - visit eur ent r e sur une scène où il sait qu’il est en t r ain de

j ouer la r encont r e ent r e son pr oj et de m ar che et le pr oj et du Par c

nat ur el régional. On ne lui dem ande pas de cr oir e qu’il par t icipe

r éellem ent à une m yt hologie past or ale m ais d’accept er de par t iciper

au j eu en s’engageant sur le sent ier . Cet appel à l’im plicat ion du

pr om eneur - lect eur par l’univer s du j eu est r edoublé par le gr aphism e

enfant in des panneaux, à l’adr esse des enfant s m ais égalem ent des

enfances des adult es. Cet t e dim ension par t icipat ive r eflèt e une

par t icular it é des par cs nat ur els r égionaux, sur laquelle nous aur ons à

r evenir , qui est la négociat ion de la dim ension pat r im oniale de leur

(5)

D e u x iè m e a ct e : Le « t r a cé de fon da t ion »3 du sit e

Cont inuons la pr om enade- lect ure : le pr om eneur est ent r aîné

de bor ne en bor ne au long d’un cir cuit qui, si on le visualise sur une

car t e, r éalise un t r acé. Ce t r acé pose une double lim it e « phy sique »

au pr om eneur . D’une par t il canalise son par cour s en le faisant venir

à cet endr oit - là sur le sit e des haut es chaum es et en induisant sa

cir culat ion le long du par cour s flêché.

D’aut r e par t l’inst r um ent m êm e de m édiat ion, la t able de

lect ur e, l’or ient e cor por ellem ent en l’am enant à r egar der ce dont lui

par le le t ext e, placé devant la t able : une j asser ie, une pr air ie, un

chem in em pier r é… Si le pr om eneur se r et our ne, dépassant la lim it e

qui lui est posée, il r egar de ici une plant at ion d’épicéas, là un ét at de

fr iche, là encor e une const r uct ion t r ès éloignée de l’habit at

t r adit ionnel. L’espace m ont r é fait pat r im oine au r egar d du r écit qui

dér oule au pr ésent l’hist oir e du début du 20èm e siècle, t andis que

l’espace dét our né ent r e en r ésonance en dev enant un non- sens

pat r im onial, fait de nuisances visuelles et écologiques. ( Voir les

im ages 1a et 1b.)

I m a ge s 1 a e t 1 b : La quat r ièm e bor ne int er pr ét at iv e. Dans le sens de la lect ur e, point de v ue

(6)

Le t ype de savoir diffusé par ce sent ier est plus com plexe qu’il

n’y par aît , oscillant ent r e science hist or ique, science nat ur elle et

inst r uct ion civ ique4 .

L’am énagem ent du t er r it oir e, dont les par cs nat ur els r égionaux

sont les pr écur seur s, se r éalise ici de m anière sur pr enant e, t out

d’abor d en am énageant la vue du prom eneur : ce disposit if const it ue

une sit uat ion d’appr ent issage à une cer t aine est hét ique de ce qui doit

fair e pat r im oine dans l'espace r ur al. L’am énagem ent du t er r it oir e se

r éalise égalem ent au sens pr em ier du t er m e « am énagem ent » : les

t ables sont des m eubles qui im pliquent une nouv elle dom est icit é de

l’espace et une nouvelle m anièr e de l’habit er , en le t r aver sant , en le

lisant , en le r egar dant . Cet t e inst allat ion de « m eubles » scellés à

m êm e le sol est à considér er com m e un m ar quage du t er r it oir e dans

sa m at ièr e m êm e : elle pr oduit une m ut at ion de ce sit e past or al en

haut es chaum es pat r im oniales, dans le sens et dans les pr at iques.

Ces t ables visent donc à fair e faire aut r e chose qu’une prom enade, et

d’ailleur s leur pr ésence est indépendant e de celle du pr om eneur . Elles

sont t ouj our s- là, inscr it es im m uablem ent dans le sol, m êm e lor sque

le pr om eneur n’est plus là physiquem ent . Cependant , de par leur

évident e vocat ion à ser vir une pr om enade t our ist ique, ces t ables de

lect ur e font per durer la pr ésence d’un pr om eneur vir t uel. Ainsi, ce

n'est pas le Par c nat ur el r égional qui énonce sa polit ique de m aint enir

des espaces dit s « ouver t s » — c’est - à- dire sans fr iches, sans

boisem ent d’épineux — et une r ichesse écologique5 , m ais c'est la

pr ésence des t ables et le r egar d du pr om eneur qu’elles

sous-ent endsous-ent qui r ecquièr sous-ent une act ion d’sous-ent r et ien de l’espace de

m anièr e à conser ver la vue et s’adr essent ainsi aux habit ant s qui

par t icipent à l’ent r et ien de ce sit e6 .

L’analyse développée ici saisit le fonct ionnem ent de la

disposit ion de cet t e suit e de t ables au long d’un par cour s pédest r e

(7)

pat r im onial. En écho au r écit pr incipal affiché sur la t able d’or dr e

t em por el r épond un second r écit d’or dr e spat ial qui r acont e et qui

r éalise la t r ansfor m at ion d’un ancien t er r it oir e de t r avail en t er r it oir e

pat r im onial et écologique.

Tr oisiè m e a ct e : Le s n ou v e a u x colle ct ifs

Ce j eu d’une seconde lect ur e inscrit e au cr eux de la pr em ièr e

est à nouveau m ise en œuvre dans le t ext e m êm e. Le lect eur at t ent if

va r apidem ent saisir que deux t em poralit és sont cont enues dans le

r écit . L'hist oir e de la m ont agne past orale lui est cont ée dans le t ext e

pr incipal sous la for m e d’un r écit per sonnalisé, effect ué par le

colport eur à la pr em ière per sonne et au présent ( « et j e vous invit e

aussi à rem ont er le t em ps ») ; un second r écit int er vient sous for m e

de not es en bas de page sur plusieur s t ables de lect ur es7 . Moins

qu’un endroit et un env er s, ce sont deux r écit s qui se pr olongent , l’un

se dér oulant au cr eux de l’aut r e, l’un faisant sens au r egar d de l’aut r e

: hist oir e d’hier à auj our d’hui, passage d’un collect if à l’aut r e.

À chaque fois qu’une ast ér isque int er pelle le prom eneur - lect eur

en le sor t ant du t ext e pour lir e le bas de page, il r encont r e non plus

le nar r at eur - fict if du r écit à t r aver s le per sonnage du colpor t eur , m ais

l’aut eur en t ant que gr oupe des concept eur s. Les not es de bas de

page ouvr ent un nouvel espace de dialogue, per m et t ant une aut r e

pr ise de par ole et une aut r e pr ésence. À t r aver s ces not es, cet aut eur

concept eur se posit ionne de t r ois m anièr es : com m e le guide

pr at ique, en donnant des indicat ions t elle que la dur ée de la

pr om enade ; com m e le dét ent eur d’un aut r e savoir , ce qui se passe

act uellem ent sur le sit e ( allusion à l’ent r et ien des chem ins, à l’act ivit é

de ski de fond) , un savoir anachr onique par r appor t aux

connaissances du colpor t eur au début du siècle qui nécessit e donc

(8)

d’act eur s en indiquant au pr om eneur ceux qui per m et t ent auj our d’hui

de par ler d’hier gr âce aux connaissances hist or iques qu’ils

accum ulent ( Agence des Musiques Tr adit ionnelles d’Auv er gne, Gr oupe

de Recher ches Ar chéologiques et Hist or iques en Livr adois- For ez) et

en le r envoyant ver s d’aut r es point s de découv er t e du t er r it oir e ( le

m usée des Fr om ages, à Am ber t ) .

Dans ce second r écit , les pr om eneur s sont eux- m êm es m is en

scène com m e un nouveau collect if act eur sur la m ont agne, pour qui

les chem ins sont ent r et enus et qui pr at ique en t out e saison la

découver t e du sit e gr âce au ski de fond. L’or iginalit é de ce disposit if

est d’engager le pr om eneur dans un collect if face à d’aut r es m ais

sans face à face : que ce soit avec le collect if des paysans de l’aut r e

t em ps, que ce soit les act eur s locaux cit és au sein des t ables de

lect ur e ou dont la pr ésence est induit e dans l’ent r et ien du pat r im oine

bât i et paysager m ont r é. Le pr om eneur j oue, il est libr e de lir e ou

non, il passe son chem in, prend un r accour ci, s’ar r êt e à chaque pause

ou non : quelque soit son par cour s de v isit e, qu’il le v euille ou non, la

m anièr e dont il pr at ique le r écit l’im plique dans l’hist oir e de la

r éappr opr iat ion pat r im oniale du sit e.

Mais le disposit if génèr e égalem ent une sit uat ion où se j oue la

r encont r e r éelle de ces collect ifs. La sept ièm e pause indique au

pr om eneur : « Pour une dégust at ion, ent r ez à l'auber ge du Coq Noir ,

c'est une bonne m aison, j e v ous la recom m ande. » Le colport eur, lor s

de cet t e der nièr e « pause », accom pagne le pr om eneur dans sa sor t ie

du r écit en l’incit ant à ent r er dans cet t e auber ge, qui est une

ancienne j asser ie. L’ent or se fait e au j eu est sans dout e là : le

pr om eneur ne sait pas qu’il ent r e aussi dans un m usée. I l le pense

d’aut ant m oins qu’une not e en bas de page lui indique t out de suit e

apr ès qu’un m usée des fr om ages est à visit er dans la ville la plus

pr oche. On a t out es les appar ences de l’annonce d’une fausse sor t ie

(9)

t hém at ique du colpor t eur . Tout efois, le pr om eneur cur ieux découvr e

r apidem ent que ce n’est pas t out à fait la m êm e chose. Ce gest e

m uséogr aphique cor r espond davant age à un accom pagnem ent du

pr om eneur j usqu’à l’int ér ieur m êm e du bât im ent , où s’effect ue une

passat ion de la par ole du colpor t eur v er s celle d’un guide bien r éel et

ver s d’aut r es hist oir es, celles des associat ions successives qui ont

accom pagné la t r ansit ion de ce lieu de la fin de la paysanner ie à son

exist ence act uelle, celles des m em br es de ces associat ions qui ont

init ié dès 1956, une t r ent aine d’années avant la cr éat ion du par c, un

aut r e r appor t à ce t er r it oir e des haut es chaum es.

Ce nœud de sens et de pr at iques pat r im oniales sur le sent ier

découver t e lor s de cet t e ult im e « pause » m ér it e d’êt r e souligné car il

m et en exer gue le pr ocessus de for m at ion d’un pat r im oine. Cet t e

j asser ie ( auber ge- m usée dit du « Coq Noir ») est devenue

pat r im oine, dans le sens et les pr at iques, en se t r ansfor m ant

pr ogr essivem ent en obj et d’énonciat ion, obj et de sociabilit é, de

par t age, en obj et insér é dans des pr at iques de com m unicat ion qui le

m et t ent en scène, le m anipulent , l’élabor ent . Focaliser son at t ent ion

sur un disposit if com m unicat ionnel t el que ce sent ier per m et au

cher cheur de r endr e visible ce t r avail de const r uct ion de la valeur

pat r im oniale en se dégageant lui- m êm e d’un j ugem ent de valeur de

ce qui fait pat r im oine dans l’espace r ur al et de m et t r e en exer gue la

fonct ion de cet int er m édiaire en t ant qu’opér at eur de ce pr ocessus

d’ém er gence du pat r im oine sur un t er r it oir e.

Qu a t r iè m e a ct e : La silh ou e t t e du fon da t e u r

La pr om enade s’achève par le r et our au point de dépar t .

Revenons pour finir à la bor ne int r oduct ive pour pour suivr e

l’int er r ogat ion sur les nouveaux collect ifs en j eu à t r aver s ce sent ier

(10)

t able de lect ur e, le plan de m ar che, m ais sur les inscr ipt ions sit uées

dans sa m ar ge, les légendes du plan.

Un élém ent est r epér able com m e celui qui or ganise la

com pr éhension de cet t e lect ur e. I l ne s’agit pas de l’int it ulé, « Le

Colpor t eur des Jasser ies », qui sur plom be le plan de m ar che et qui

n’est d’ailleur s pas écr it dans la m ar ge m ais dans la cont inuit é du

paysage dessiné. I l s’agit d’un sym bole placé dans l’angle dr oit du

panneau, à une place de t r ansit ion ent r e le plan de m ar che et ses

légendes : une signat ur e inst it ut ionnelle, l’em blèm e du Par c nat ur el

r égional Livr adois- For ez.

Sit ué en haut de la m ar ge ver t icale, l’em blèm e du Par c est

placé dans un cadre en for m e de t r iangle t elle une point e de flèche

or ient ée ver s le bas. I l désigne six act eur s, individuels ou collect ifs,

en les or donnançant d’une cer t aine m anièr e.

Un pr em ier collect if est placé t out cont r e son em blèm e. Ce sont

les concept eur s, r éalisat eur s et financeur s : « Avec l'aide : de l'Et at ,

du Conseil Régional, Génér al, de la CEE ( FEOGA) ; Concept ion :

Conser vat oir e Régional de l’Habit at et du Pat r im oine Nat ur el de

l’Auver gne, Ecom usée de Mar ger ide ; Réalisat ion : cr éat ion gr aphique

F Lienhar d. »

Puis on ent r e dans un espace blanc com m e un silence. La

sépar at ion sem ble net t e ent re ceux qui écr ivent l’hist oir e et ceux qui

vont la vivr e. Cependant , un élém ent se r et r ouve en am ont et en aval

de cet t e sépar at ion : il s’agit du cadr e t r iangulair e de l’em blèm e du

par c qui se r épèt e, ser vant de légende au plan de m ar che. Cet t e

r essem blance int er pelle, laissant im aginer le Par c nat ur el r égional

t r aver sant seul l’espace vide ent r e le gr oupe des concept eur s et celui

des dest inat air es pour se r et r ouver , silencieux, aux côt és de ces

der nier s.

En effet , le pr em ier t r iangle après l’espace int er m édiair e

(11)

suivant s r epr ésent ent chacun une pause av ec son num éro, de un à

sept , le num ér o un r envoyant à un aut r e per sonnage, le colpor t eur .

Ent r e le t r iangle at t aché au pr om eneur et le t r iangle at t aché au

colpor t eur , il y a un aut r e espace. Mais celui- ci n’est pas silencieux, il

est nom m é par le t er m e “ Pauses ” . Cet espace induit une deux ièm e

sépar at ion ent r e les collect ifs d’auj our d’hui ( concept eur s et visit eur s)

et les collect ifs et obj et s d’hier exposés sur ce sent ier . Cet t e

sépar at ion am ène une aut r e lect ur e concer nant la place accor dée au

pr om eneur . Sit ué à l'int er face ent r e le collect if signat air e des

concept eur s et le collect if paysan r epr ésent é par le colpor t eur , il

appar aît com m e la figur e m édiat r ice qui per m et le passage d’un

collect if à l’aut r e, ent r e hier et auj our d’hui, ent r e gens d’ici et ceux

d’ailleur s.

Nous avons dit pr écédem m ent que le logo placé en haut de la

m ar ge ver t icale ét ait un élém ent de t r ansit ion ent r e les légendes

sit uées dans la m ar ge et le plan de m ar che. Plus pr écisém ent , la

t r ansit ion s’effect ue par l’espace hor izont al et en haut eur où est

inscr it le t it r e du plan de m ar che : « Le Colpor t eur des Jasser ies ».

Ainsi, la lect ur e hor izont ale du panneau enchaîne « Le Colpor t eur des

Jasser ies » « Par c nat ur el r égional Livr adois- For ez ». L’int ér êt n’est

pas por t é à la m anièr e dont se j oue l’aut or it é t ext uelle m ais à ce qui

se dessine de m anièr e m ét aphor ique, la silhouet t e du fondat eur du

sit e des haut es chaum es. Le Par c nat ur el r égional, à t r aver s l’im age

du colpor t eur , se définit com m e quelqu'un de non- aut ocht one, m ais

un ét r anger at t endu av ec lequel il y a un cont r at d'échange, qui doit

donc com poser avec les habit ant s et les usager s qui sont sur place.

Du guide fict if au guide r éel, de l’hist oir e passée à l’hist oir e

d’auj our d’hui, d’un collect if et d’un t er r it oir e à l’aut r e, la « bande

annonce » du sent ier du colpor t eur dit l’am pleur du j eu pr oposé au

pr om eneur com m e à l’habit ant et globalem ent aux usager s du sit e :

(12)

Un aut r e endr oit de ce sent ier m ér it e le dét our . I l s'agit d'une

bor ne qui est décalée du sent ier , sit uée hor s- cir cuit , const it uant un

plus à découvr ir . ( Voir l’im age 2.)

Elle explique l’obj et placé en

face d’elle : une bor ne seigneur iale

m ar quée d’un blason. Ce face à

face d’obj et s t ext ualisés sur pr end

par le m im ét ism e en j eu, aussi bien

dans le t ext e de la bor ne

int r oduct ive qui r epr oduit le blason

de la borne seigneur iale que dans

le dim ensionnem ent des deux

bor nes ainsi que dans leur s

m at ér iaux choisis pour leur solidit é

( gr anit e pour la bor ne seigneur iale,

lave ém aillée pour la bor ne

int er pr ét at ive) de m anièr e à

favor iser leur dur ée de vie. Le Par c

nat ur el régional exhibe sa pr opr e

r éalit é de m anièr e t héât r ale,

init iant le pr om eneur - lect eur à un

nouvel univer s sym bolique, pat r im onial, à un nouveau t er r it oir e

inst it ut ionnel, et à un nouveau pouvoir .

S’il est im por t ant de décr ir e avec at t ent ion ce t ype de disposit if

en point ant « les gest es concr et s ou m ét aphor iques » ( Dét ienne

1990) qu’il cont ient , c’est par ce qu’il const it ue la t r ace, or iginale et

invent ive, du t r avail r éalisé par les par cs nat ur els r égionaux : d’une

par t la conver sion sym bolique des espaces r ur aux en pat r im oine sans

déplacem ent phy sique dans l’enceint e d’un lieu r esignifiant com m e

celui d’un écom usée, d’aut r e par t la fondat ion de leur t er r it oir e et de

I m a ge 2 :

Confr ont at ion ent r e bor ne int er pr ét at iv e et

bor ne seigneur iale. ( Voir le point 4 de

(13)

leur s sit es pat r im oniaux. Encor e une fois, en suivant « pas à pas »

cet t e expér ience novat r ice pour ce sit e, l’analyse ne vise pas le

r ésult at obt enu m ais ce qui car act érise les par cs nat ur els r égionaux :

la m anièr e dont ils négocient leur t er r it oir e et sa valeur pat r im oniale

avec les gens qui y vivent8 . I nt ér essons nous à l’expér ience du Par c

nat ur el r égional Livr adois- For ez en la m at ièr e pour com pr endr e ce qui

m ot ive le choix d’un t el disposit if.

Qu e lqu e s m ot s su r le Pa r c n a t u r e l r é gion a l Liv r a dois- For e z

En com m andant ce t ype de disposit if d’int er pr ét at ion d’un sit e,

le Par c nat ur el r égional Livr adois- For ez lance un nouveau pr oduit

t our ist ique sur son t er r it oir e, pr oduit qu’il diffuse par l’int er m édiair e

de ses br ochur es annuelles int it ulées Le Guide nat ur e. Pour t ant , ce

disposit if s’inscr it dans une aut r e hist oir e que celle du développem ent

t our ist ique, celle du sit e m êm e et plus pr écisém ent du r appor t de

l’inst it ut ion à ce sit e. En suivant cet it inér air e dét our né, l’appr oche

pr oposée consist e à se dét acher de cet t e act ion im m édiat e dont le

sent ier t hém at ique par t icipe et où il s’affiche afin de saisir le nouveau

t ype d’act ion qu’il cont ient pour ce sit e et ce Par c nat ur el r égional.

En effet , quelques années aupar avant , ce Par c nat ur el r égional

m et t r a for t em ent en j eu son exist ence en lançant et en obt enant , sur

la base d’un savoir scient ifique environnem ent al, le classem ent au

t it r e des m onum ent s hist or iques et des sit es de deux vallées

glaciair es sit uées au cœur de ce m êm e sit e. Le devenir pat r im oine

des haut es chaum es est alor s lancé, m ais l’inst it ut ion r et iendr a la

violence du face à face avec la populat ion locale. Elle va désor m ais

agir différ em m ent , en engageant des obj et s dans son act ion de

pr ot ect ion de la nat ur e. L’int er act ion engagée par ce sent ier à t hèm e

ent r e l’inst it ut ion et les gr oupes sociaux qui visit ent , habit ent ,

(14)

Ainsi, l’appr oche développée pr opose de r éévaluer l’im por t ance

de ce t ype de disposit if 10 com m e por t eur d’une « act ion à dist ance »

( Char volin, 2001) qui consist e à or ganiser différ em m ent un t er r it oir e,

en lui donnant un aut r e sens, d’aut res pr at iques et d’aut r es act eur s.

Bibliogr a ph ie

Bout aud Jean- Jacques, 1998. Sém iot ique et com m unicat ion. Du signe

au sens. Par is : L’Har m at t an ( Cham ps Visuels) , p. 151.

Char volin Flor ian, 2001. « Act ion à dist ance et engagem ent au

Com it é or nit hologique », in L’engagem ent au plur iel, sous la

dir ect ion de Jacques I on. Publicat ions de l’Univer sit é de Saint

-Et ienne, 2001, chapit r e 6.

Davallon Jean, 1999. L’exposit ion à l’œuvr e. Par is : L’Har m at t an.

( Chapit r e 5 : « Les chem ins de la m ém oir e » : 145- 155.)

Dét ienne Mar cel ( dir .) , 1990. Tr acés de fondat ion, Bibliot hèque de

l’école des haut es ét udes en sciences sociales, sect ion des sciences

r eligieuses, volum e CXI I I , Louvain- Par is : Peet er s.

Gr aft on Ant hony, 1998. Les or igines t r agiques de l’ér udit ion : une

hist oir e de la not e en bas de page. Par is : Édit ion du Seuil

( Libr air ie du XXèm e siècle) .

Lat our Br uno, 1993. La clef de Ber lin, « Le “ pédofil” de Boa Vist a —

m ont age phot o- philosophique », Par is : La découver t e.

« Le r écit m édiat ique », 1997. Recher ches en com m unicat ion, n° 7.

Univer sit é cat holique de Louvain : Dépar t em ent de com m unicat ion.

Roy Har r is, 1993. La sém iologie de l’écr it ur e. Par is : CNRS Edit ions.

Tar dy Cécile, 1999. La const r uct ion pat r im oniale d’un t er r it oir e : Le

cas du par c nat ur el r égional Livr adois- For ez. Thèse de doct or at

en sciences de l’infor m at ion et de la com m unicat ion

(15)

1

Cet article a été formalisé suite à un travail mené dans le cadre d'un programme de recherche franco-américain (CRESAL-CNRS et Cornell University) en sociologie des sciences, intitulé « Collectionner la nature » et dirigé par Florian Charvolin de janvier à octobre 2000. Une première version a été présentée au sein du colloque « Espaces et territoires : du public à l’habitant », axe 2 : Territoires et médiations, université de Lille III, Ecole Normale Supérieure de Lyon, Archives du Monde du Travail à Roubaix, 6-7 juin 2002. Je remercie les différents participants pour leurs questions.

2

L’idée n’est donc pas d’analyser la réception de ce type de dispositif en pleine nature par le public, ni de désarticuler le montage rhétorique du récit conté en dévoilant une manipulation du promeneur-lecteur, mais de regarder du côté d’une pratique d’écriture déployée par une institution à l’échelle d’un territoire (où s’institue un pouvoir) pour agir sur son devenir. Autrement dit, c’est l’opérativité sociale et symbolique du dispositif même qui est au cœur de l’analyse.

3

En référence à l’ouvrage Tracés de fondation (Détienne 1990).

4

C’est le travail des concepteurs et leur identité qui se révèle ici : les textes ont été écrits une première fois par un représentant du Conservatoire Régional de l’Habitat et du Patrimoine Naturel, lui-même étant instituteur et possédant une grande connaissance du milieu naturel et humain local, puis réécrit par le muséographe (écomusée de Margeride).

5

Pour faire face au problème majeur de son territoire qui est le déclin agricole, le parc naturel régional Livradois-Forez lance une opération de gestion de l’espace en 1992 dont le principe est de porter l’aménagement du territoire au-delà du problème foncier agricole, en en faisant un « dossier forestier, touristique (paysages, points de vue, chemins de randonnée, zones de loisirs…), environnemental (sites, protections des paysages, zones naturelles d’intérêt écologique, floristique, faunistique), patrimonial (monuments, bâti), économique (zones d’activité) ».

6

La première charte du Parc (1986) — programme d’action sur 10 ans — éclaire cette volonté d’interpeller les habitants de son territoire. L’objectif fondamental de l’institution est le suivant : « Le Parc a vocation à devenir “l’outil” qui aide ceux qui vivent sur le secteur et leur permet d’analyser les raisons profondes qui conduisent à un déséquilibre progressif du milieu humain et naturel auquel ils sont très attachés et à prendre conscience des possibilités qui leur sont offertes d’inverser ce processus. »

7

Ci-dessous, exemples de notes de bas de pages avec leur appel dans le texte même :

Troisième pause : « La circulation est si dense (*) qu’à dates régulières tous les habitants des villages alentour viennent ensemble refaire le chemin. » Note : « (*) Elle est plus modeste aujourd’hui, mais les chemins sont toujours entretenues pour l’agrément des visiteurs… »

8

Sixième pause : « On chantera, on dansera la bourrée et la polka piquée jusqu’à une heure tardive (*). » Note : « (*) L’Agence des Musiques Traditionnelles d'Auvergne recueille les chants et les récits qui témoignent du sens de la fête que l'on a gardé en Livradois-Forez. »

9

Dans un journal du Parc Livradois-Forez de 1995, ce changement de politique est énoncé par le Président de la Commission tourisme du Parc qui écrit : « Nous avons à notre disposition des mesures de protection (classement, arrêtés municipaux d'interdiction des véhicules à moteur…), mais nous préférons nous attacher à diriger “pédagogiquement” les flux des visiteurs, à la fois pour protéger notre patrimoine et pour leur permettre une découverte de qualité dans les meilleures conditions. »

10

Referências

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