Le probl` eme des rotations de Mazur: groupes d’isom´ etries et transitivit´ e dans les espaces de
Banach, avec C. Rosendal
Partie 3
Valentin Ferenczi,
Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC
Mini-cours du GDR, Mai 2016
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Probl` eme de Mazur, version isom´ etrique
Probl`eme (Rotations de Mazur, version isom´etrique)
Sik.kest une norme ´equivalente sur H, transitive, doit-elle ˆetre hilbertienne?
Bien sˆur, siG =Isom (H,k.k) est un groupe d’unitaires
relativement `a une norme ´equivalente hilbertienne k.k0 sur H, alors par transitivit´ek.k0 sera un multiple dek.k et donck.ksera hilbertienne.
Donc le probl`eme de Mazur isom´etrique est li´e `a la question de savoir quelles repr´esentations born´ees surH sontunitarisables, i.e.
unitaires pour une certaine norme hilbertienne ´equivalente.
Fixons quelques d´efinitions.
Repr´ esentations born´ ees de groupes
Une repr´esentation de groupes π: Γ→GL(H) est dite born´eesi π(Γ) est born´e. On sait queπ est alors une repr´esentation isom´etriquepour une norme ´equivalente surH, par exemple k|xk|= supg∈G kgxk2 - ici ”isom´etrique” veut dire queπ(γ) est une isom´etrie pour toutγ.
SIX =H Hilbert, cette norme n’est pas a priori hilbertienne, donc on d´efinit aussi:
D´efinition
Une repr´esentation π : Γ→GL(H) est
unitaire, siπ(γ) est une isom´etrie (i.e. un unitaire),∀γ ∈Γ.
unitarisable s’il existe une norm ´equivalentehilbertienne sur H pour laquelleπ est unitaire.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Day-Dixmier
Th´eor`eme (Day-Dixmier, 1950)
Toute repr´esentation born´eeπ: Γ→GL(H)d’un groupe (d´enombrable) discret moyennable Γ est unitarisable.
D´efinition
Un groupe (d´enombrable) discret G est moyennable s’il admet une mesure de probabilit´e µfiniment additive invariante `a gauche, µ(gA) =µ(A) si g ∈G et A⊂G .
D´emonstration: Soit k.k une norme ´equivalente π(Γ)-invariante (i.e. π(γ)∈Isom(H,k.k) pour toutγ). Soit < ., . >un produit interne tel quekx0k=√
<x0,x0 >pour x0 fix´e. On d´efinit [x,y] =
Z
γ∈Γ
< π(γ)x, π(γ)y >dµ,
C’est un produit scalaire pour lequelπ(γ) est unitaire pour toutγ, kxk0 p
kxk.
Probl` eme de Dixmier
On va voir que Ehrenpreis et Mautner (1955) montrent que cela ne s’´etend pas aux groupes non-moyennables.
Question (Probl`eme d’unitarisabilit´e de Dixmier) Soit G un groupe d´enombrable discret dont toutes les
repr´esentations born´ees sur H sont unitarisables. G doit-il ˆetre moyennable?
On va maintenant ´etudier certaines repr´esentations born´ees
”triangulaires” non-unitarisables (de groupes non moyennables) d´efinies `a partir de ”d´erivations”.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
D´ erivations
D´efinition
SoitΓun groupe etλ: Γ→GL(H) une repr´esentation unitaire.
On appelle d´erivation deλune application born´ee deΓ dansL(H) telle que
d(γγ0) =d(γ)λ(γ0) +λ(γ)d(γ0), ce qui signifie que
λd(γ) :=
λ(γ) d(γ) 0 λ(γ)
d´efinit une repr´esentation λd : Γ→GL(H) =GL(H1⊕H2).
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (1) ⇒(3)
On utilise la projection associ´ee `a H1⊕H1⊥ o`u l’orthogonal est pris au sens de la norme hilbertienne pour laquelleλd est unitaire. CommeH1 estλ(Γ)-invariant,H1⊥est invariant par toutλ(γ)∗=λ(γ)−1 =λ(γ−1), doncλ(Γ)-invariant.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (1) ⇒(3) On utilise la projection associ´ee `a H1⊕H1⊥ o`u l’orthogonal est pris au sens de la norme hilbertienne pour laquelleλd est unitaire. CommeH1 estλ(Γ)-invariant,H1⊥est invariant par toutλ(γ)∗ =λ(γ)−1 =λ(γ−1), doncλ(Γ)-invariant.
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (2) ⇒(1)
pour<x,y >0=<Ax,Ay >, si λd(γ) =
λ(γ) −Aλ(γ) +λ(γ)A
0 λ(γ)
=
Id −A 0 Id
λ(γ) 0 0 λ(γ)
Id A 0 Id
=A−1
λ(γ) 0 0 λ(γ)
A
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (2) ⇒(1) pour<x,y >0=<Ax,Ay >, si λd(γ) =
λ(γ) −Aλ(γ) +λ(γ)A
0 λ(γ)
=
Id −A 0 Id
λ(γ) 0 0 λ(γ)
Id A 0 Id
=A−1
λ(γ) 0 0 λ(γ)
A
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (3) ⇒(2)
On ´ecritp =
Id A
0 0
et Id A
0 0
λ(γ) d(γ) 0 λ(γ)
=
λ(γ) d(γ) 0 λ(γ)
Id A
0 0
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
D´ erivations internes
On a l’´equivalence classique:
Proposition
Sont ´equivalents, pour d d´erivation de λ: Γ→GL(H):
1 λd est unitarisable
2 d est ”interne”: il existe A∈ L(H) :d(γ) =−Aλ(γ) +λ(γ)A
3 il existe une projection lin´eaire continue p de H1⊕H2 sur H1, qui estλd(Γ)-invariante (p(λd(γ)) =λd(γ)p pour toutγ).
D´emonstration: (3) ⇒(2) On ´ecritp =
Id A
0 0
et Id A
0 0
λ(γ) d(γ) 0 λ(γ)
=
λ(γ) d(γ) 0 λ(γ)
Id A
0 0
CAF´E ?
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Exemple: torsion par un op´ erateur lin´ eaire non born´ e
Th´eor`eme (Ehrenpreis-Mautner, 1955)
Le groupe libre F∞ admet une repr´esentation born´ee non-unitarisable sur H.
(Mantero, Pytlik, Szwarc, Zappa,...) Soitλla repr´esentation unitairede F∞ sur H=`2(F∞) d´efinie par
λ(γ)(X
as1s) =X as1γs.
D´efinition
Soit L:`1(F∞)→`1(F∞) le ”Left Shift”, i.e. l’op´erateur d´efini par L(1e) = 0 and L(1s) = 1ˆs pour s6=e, o`u ˆs est le pr´ed´ecesseur de s dans F∞.
DoncLest un op´erateurnon-born´e`a domaine dense sur H=` (F ).
Exemple: torsion par un op´ erateur lin´ eaire non born´ e
D´efinition On d´efinit
d∞(γ) =−Lλ(γ) +λ(γ)L
sur`1(F∞)⊕`1(F∞). V´erifier que cela d´efinit un op´erateur born´e surH=`2(F∞)⊕`2(F∞).
Notons que siL´etait born´e,d∞ serait interne.
Th´eor`eme
d∞ est une d´erivation born´ee,non interne deλ. Par cons´equent λd∞ est une repr´esentation non unitarisable de F∞.
On va maintenant donner une autre repr´esentation de d∞ `a l’aide d’applications born´ees, non-lin´eaires.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Torsion par une application uniform´ ement continue
Proposition (F. - Rosendal 2015)
Siλd: Γ→GL(H) est une repr´esentation d’un groupeΓ sur H=H1⊕H2 laissant H1 invariant, i.e.
λd(γ) =
u(γ) d(γ) 0 v(γ)
,
alors il existeψ:H2→H1 homog`ene,uniform´ement continuesur la sph`ere, telle que d(γ) =u(γ)ψ−ψv(γ) pour toutγ ∈Γ, i.e.
λd(γ) :=
Id −ψ 0 Id
u(γ) 0 0 v(γ)
Id ψ 0 Id
Ceci s’applique au cas de d∞.
D´ emonstration
Exercice
Soit une famille de normes uniform´ement convexes k.kα, qui sont uniform´ement ´equivalentes entre elles,
telles que δk.kα()≥Cp,∀α.
Alorsk|xk|= supαkxkα d´efinit une norme uniform´ement convexe de type p.
Exemple
Si G est un sous-groupe born´e de GL(H) alors
k|xk|= supg∈G kgxk2 est uniform´ement convexe de type2.
- Donc la normek|xk|= supγ∈Γkλd(γ)xk2 est une norme
´equivalenteλd(Γ)-invariante sur H1⊕H2 qui est uniform´ement convexe (de type 2).
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
- Par r´esultats classiques, cela implique que l’application p de
”nearest point inH”,p :H1⊕H2 →H1, est uniform´ement continue sur la boule.
- Cette projectionnon-lin´eaireest invariante par translation de vecteur deH1 donc admet la formep=
Id ψ
0 0
, et invariante par isom´etries,p(λd(x)) =λd(p(x)); on peut conclure comme dans le cas lin´eaire qued(γ) =u(γ)ψ−ψv(γ)
Observation: notons que cette preuve vaut aussi avec
k|xk|= supg∈G kgxk2, si G est un sous-groupe born´e qui contient λd(Γ).
On va maintenant passer de ”unif. continue” `a ”Lipschitz”.
Sous-groupes transitifs de GL(X )
D´efinition
Un sous-groupe born´e G de GL(X)est transitif s’il existe une norme ´equivalente k.ksur X telle que
1 k.k est G -invariante.
2 G agit transitivement sur SX,k.k
Une d´efinition similaire vaut pour quasi-transitif.
On a vu dans le Cours 1 que SiG est quasi-transitif alors toutes les normesG-invariantes sont proportionnelles.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Sous-groupes transitifs de GL(X )
Exemple (Deville-Godefroy-Zizler)
Soit X un espace superr´eflexif qui admet une norme k.k0 de type p0 et une normek.k1 telle quek.k∗1 ait type p1. Alors tout renormage quasi-transitifk.k de X a type p0 etk.k∗ a type p1. D´emonstration: Soit G =Isom(X,k.k), qui est quasi-transitif.
Soitk|xk|0= supg∈Gkgxk0, alors comme sup de normes de type p0, elle est uniform´ement convexe de typep0.
De mˆemek|φk|1 = supg∈G kg∗φk1 est uniform´ement convexe de typep1. Commek|.k|0,k.ket la norme pr´eduale de k|.k|1 sont G-invariantes, elles sont proportionnelles.
Torsion par une fonction Lipschitz
Proposition (F. - Rosendal 2015)
Soitλd : Γ→GL(H1⊕H2) une repr´esentation d’un groupeΓsur H1⊕H2 laissant H1 invariant, et telle queλd(Γ)s’´etende `a un groupequasi transitifG sur H1⊕H2. Alors∃ψ:H2 →H1
Lipschitzet homog`ene telle que pour toutγ ∈Γ, d(γ) =u(γ)ψ−ψv(γ), i.e.
λd(γ) :=
Id −ψ 0 Id
u(γ) 0 0 v(γ)
Id ψ 0 Id
D´emonstration: par DGZ, comme H=H1⊕H2 etH∗ ont type de convexit´e =2, toute normeG-invariantek.kest telle que k.k et k.k∗ aient types p=q= 2.
Par r´esultats classiques, lek.k-nearest point map a module de continuit´e uniforme ω() de l’ordre de p(1−1/q)=, ce qui signifie quep associ´ee et par cons´equentψ est Lipschitz.
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
Conclusion
Corollaire
Soitλd :F∞→GL(H⊕H) la repr´esentation non-unitarisable de F∞ sur H⊕H d´efinie ant´erieurement. Siλd(F∞) s’´etend `a un sous-groupequasi transitif G deGL(H⊕H), il existe ψ:H→H Lipschitz, non-lin´eaire, telle que pour tout γ ∈F∞,
d∞(γ) =λ(γ)ψ−ψλ(γ), i.e.
λd(γ) :=
Id ψ 0 Id
λ(γ) 0 0 λ(γ)
Id −ψ 0 Id
Question
Montrer qu’un telψ ne peut exister.
Ou, montrer que λd(F∞) s’´etend `a un groupe quasi transitif, et identifier la norme quasi transitive non hilbertienne associ´ee.
Conclusion
Question
Trouver un sous-groupe non-unitarisable, quasi transitif, deGL(H).
Question
Trouver un sous-groupe non-unitarisable, maximal born´e, de GL(H).
Valentin Ferenczi, Universit´e de S˜ao Paulo - UPMC Groupes d’isom´etries
R. Deville, G. Godefroy and V. Zizler,Smoothness and renormings in Banach spaces, Pitman Monographs and Surveys in Pure and Applied Mathematics, 64. 1993.
V. Ferenczi and C. Rosendal,Non-unitarisable representations and maximal symmetry, Journal de l’Institut de
Math´ematiques de Jussieu, `a paraˆıtre.
N. Ozawa,An Invitation to the Similarity Problems (after Pisier), Surikaisekikenkyusho Kokyuroku, 1486 (2006), 27-40.
G. Pisier,Are unitarizable groups amenable?, Infinite groups:
geometric, combinatorial and dynamical aspects, 323362, Progr. Math., 248, Birkhauser, Basel, 2005.