• Nenhum resultado encontrado

REVUE DU RESEAU TRANSMEDITERRANEEN DE RECHERCHE EN COMMUNICATION

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2018

Share "REVUE DU RESEAU TRANSMEDITERRANEEN DE RECHERCHE EN COMMUNICATION"

Copied!
13
0
0

Texto

(1)

REVUE DU RESEAU TRANSMEDITERRANEEN DE RECHERCHE EN COMMUNICATION

(2)

MEDIAS ET MEDIATION CULTURELLE A

L’EPREUVE DE L’UNIVERSALITE DE LA

MEDITERRANEE: LA REPRESENTATION

DE L’ALTERITE – RETROSPECTIVE DANS

LA PRESSE ECRITE ALGERIENNE

Bouchaala aldjia NaBila1

Résumé: La notion de médiation, aussi polysémique soit-elle, semble aujourd’hui porteuse d’espoir à un monde caractérisé par les conflits et par les mutations majeures

qu’induisent les usages des technologies de l’information et communication. Cela est d’autant plus vrai dans le contexte méditerranéen qui connait voilà plus de deux ans de grands bouleversements dont l’aspect spectaculaire s’est plus exprimé dansson versant

sud. Alors que dans la médiation culturelle, il ya d’abord la culture qui somme toute est évocatrice des particularités qui ne peuvent se dissoudre dans un humanisme articulé, rêvé et fantasmé par tant d’humanistes ! Ensuite, il ya les médias dont la transmission des cultures leur incombe de facto. Toutefois, nous constatons, et sans ambages, que la place de la culture dans les médias algériens constitue l’une des questionssur laquelle achoppent beaucoup de rédactions. Certains journalistes s’engagent dans des luttes

à l’intérieur de leur rédaction afin d’arracher une place au fait culturel sans y parvenir dans beaucoup de cas. D’ailleurs, cette problématique a été relativement discernée par les chercheurs dessciences de l’information et de la communication dans d’autres

contextessocioculturels. D’un autre côté, la dimension universelle, voire humanitaire, de la culture semble peu considérée par les responsables des médias. Le regard porté par les rédactionssur la culture étrangère semble se réduire au spectacle, qui n’est que l’effet fantasmagorique de la culture, transformée en produit marchand par lesspécialistes de la «com». Comment alors rendre visible la culture de l’autre et l’introduire dans un contexte étranger, sans risquer les questions de domination culturelle? Comment lutter contre l’exclusion et introduire à la diversité culturelle qui caractérise le bassin méditerranéen? Quelle est la nature de la place occupée par la culture étrangère dans les pages culturelles

(3)

de la presse écrite algériennes? Cet espace socio temporel est indéniablement celui de croisement de cultures et le rôle des médias dans la construction de passerelles cultu-relles n’est plus à démontrer. Il s’agit dès lors de questionner l’altérité à l’aune d’un espace qui rassemble autant qu’il sépare. notre objectif consiste dans un premier temps à déli-miter l’espace culturel dans la presse écrite pour cerner les représentations dont il est l’im-manence. Ensuite, nous définirons les mécanismes qui concourent à l’introduction de la culture méditerranéenne dans toute sa diversité dans ces pages dédiées à la culture. Pour ce faire, l’analyse de contenu des pages culturelles et la connaissance des postures des

journalistes culturels, à travers les entretiens, constituent la matrice de la compréhension de la problématique soulevée. nous analyserons en outre deux titres de la presse écrite que sont ELwatan et Elkhabar, pour la période des premierssix mois de l’année 2013. Le choix des deux derniers titress’explique par la disposition du premier d’un supplément culturel hebdomadaire, alors que le second quotidien sert d’élément de comparaison à cause de la tradition acquise par l’équipe de la rubrique culturelle qui trouve à sa tête un journaliste écrivain, traducteur. notre analyse portera précisément sur la titraille laquelle va nous renseigner sur le type d’information et le contenu culturel transmis dans l’espace de la presse écrite algérienne. Car «La titraille (qui peut être considérée comme un genre en soi dans le mesure où elle fait l’objet de régularités textuellessous le contrôle d’une instance d’énonciation) se trouve franchement dans la zone de ‘l’évènement rapportée’ même si parfois elle intègre de façon plus au moins explicite des éléments de commen-taire» (Charaudeau, 2011: 198). Nous remarquerons en outre la prédominance de l’évè -nement rapporté, qui est expliqué par le recours presque systématique de la rédaction d’Elwatan aux dépêches des agences internationales. notre réflexion se limitera donc au volet production de contenu informationnelle culturel, sans qu’elle ne traite la question de la réception de ce contenu, qui fera l’objet d’un autre travail afin de compléter l’étude. Pour ce faire, notre analyse qui se veut socio-sémiotique prendra en considération les

conditions de production du discours médiatique à propos des productions culturelles

étrangères. On cherchera à savoir quel est la nature de l’information culturelle étrangère publiée? Quel est le genre de contenu culturel le plus favorisé? Comment sont traitées les

questionssoulevées?

Mot-clés: Médias, Mediation Culturelle, Universalité Méditérranée, Altérité, Presse Écrite.

(4)

nós constatamos claramente que o lugar da cultura na mídia argerina constitui uma das questões sobre a qual muitos textos tropeçam. Alguns jornalistas se engajam em lutas no interior de suas redações, a fim de arrebatar um lugar no fato cultural, muitas vezes sem o conseguir. Além disso, este problema foi relativamente identificado por pesquisadores

em ciência da informação e comunicação em outros contextossocioculturais. Por outro lado, a dimensão universal, mesmo humanitária, da cultura, parece ser pouco considerada pelos responsáveis pela mídia. A visão dos editores da cultura estrangeira parece se reduzir ao espetáculo, que é o efeito assustador da cultura, transformada em produto comercial pelos especialistas do “com”. Como então tornar visível a cultura do outro e a introduzir

em um contexto estrangeiro, sem o risco de problemas de dominação cultural? Como

lutar contra a exclusão e levar à diversidade cultural que caracteriza a bacia mediterrânea? Qual o lugar ocupado pela cultura estrangeira nas páginas culturais da imprensa escrita argelina? Esse espaço sociotemporal é, definitivamente, o de cruzamento de culturas e o papel da mídia na construção de passarelas culturais está bem claro. Trata-se, portanto, de questionar a alteridade em termos de um espaço que ao mesmo tempo une e separa.

nosso objetivo consiste, primeiramente, em delimitar o espaço cultural nos jornais para identificar as representações que lhe são imanentes. A seguir, definiremos os mecanismos

que concorrem para a introdução da cultura mediterrânea em toda sua diversidade em

todas as páginas dedicadas à cultura. Para isso, a análise de conteúdo das páginas cultu-rais e o conhecimento das posturas dos jornalistas culturais, através de entrevistas, cons -tituem a matriz da compreensão do problema levantado. Analisaremos dois jornais, o ELwatan et o Elkhabar, durante os primeirosseis meses do ao 2013. A escolha desses dois

periódicos explica-se pela disposição do primeiro de um suplemento cultural semanal,

enquanto que o segundo diário serve de elemento de comparação, devido à tradição

adquirida pela sua equipe da rubrica cultural, que é encabeçada por um jornalista escritor e tradutor. nossa análise incidirá especificamente sobre o título e os títulossecundários,

o que irá informar-nossobre o tipo de informação e conteúdo cultural transmitido no

espaço da imprensa argelina. Isso porque “O jogo gráfico2 (que pode ser considerado um gênero em si mesmo na medida em que é objeto de regularidades textuaissob o controle

de uma instância de enunciação) encontra-se normalmente na zona de ‘evento relatado’,

mesmo se, às vezes, integre de forma mais ou menos explícita elementos de comentário” (Charaudeau, 2011, p. 198). Ressaltaremos também a predominância do evento relatado, que é explicado pelo recurso quase sistemático de escrever do Elwatan para despachos

das agências internacionais. nossa reflexão, portanto, se limitará à produção de conteúdo informacinal cultural, sem tratar da questão da recepção desse conteúdo, que será objeto de outro trabalho, a fim de completar o estudo. Para isso, nossa análise, que se diz s ocio-semiótica, levará em consideração as condições de produção do discurso midiático sobre as produções culturais estrangeiras. Procuraremos saber: Qual é a natureza da informação

(5)

cultural estrangeira publicada? Qual é o gênero de conteúdo cultural mais favorecido? Como são tratadas as questões levantadas?

Palavras-chave: Mídia, Mediação Cultural, Universalidade Mediterrânea, alteridade, Imprensa Escrita.

FAIBlESSE DU CONTENU CUlTUREl DANS

lA PRESSE ECRITE AlGERIENNE

Le paysage de la presse écrite algérienne malgré sa richesse en terme de nombre de titre, 130 quotidiens, se caractérise par l’extrême pauvreté du contenu culturel, car il n’existe aucun périodique culturel; et les deux expériences au jour d’aujourd’hui qui méritent d’être observées sont celles des deux quotidiens Eldjazairnews et Elwatan, le premier en langue arabe et le second en langue française.

Ces deux quotidiens se sont lancés dans l’édition d’un supplément culturel hebdo-madaire afin de palier le manque constaté en matière de contenu culturel dans l’es-pace médiatique algérien. L’expérience du premier quotidien tiendrait à la sensibilité du directeur et propriétaire du journal, Hmida Ayachi au fait culturel, de part ses acti-vités qui ont trait à la fois au théâtre et au journalisme. La seconde relève de la straté-gie du journal Elwatan d’autonomiser l’équipe de la rubrique culturelle qui a à sa tête aussi un critique littéraire dans la personne de Améziane Ferhani. En dehors de ces deux expériences somme toute récentes, la presse écrite algérienne a connu dans le début des années 1990, une grande expérience en matière de journalisme culturel à travers l’édition par deux écrivains (Mostafa Nettour et Mohamed Ztili) de l’hebdoma-daire Djoussour (ponts) par référence à la ville des ponts suspendus, Constantine, lieu de naissance de cette expérience. Le foisonnement des écrits journalistiques cultu-rels à l’époque était le résultat de la richesse de l’évènement culturel lui-même avant la période de guerre civile qu’a connue le pays. «L’évènement culturel était lui-même un discours qui représentait le pouvoir politique et le caractérisait. C’était un besoin de reproduire un discours sur la «nation algérienne» via tout les modes de communication afin qu’il soit porté par la population par la suite3». Donc les journalistes de la presse partisane et publique assuraient cette fonction de transmission de la vision unique de l’identité algérienne à travers la forte attention accordée aux activités culturelles. Le contenu de l’information participe à la construction des relations quand il ne les définit pas, car « tout discours, avant de témoigner du monde, témoigne d’une rela-tion, ou, plus exactement, témoigne du monde en témoignant d’une relation. Et cela est également vrai pour le discours d’information. Le sujet informateur, pris dans les

(6)

filets du processus de transaction, ne peut construire son information qu’en fonction des données spécifiques de la situation d’échange». (CHARAUDEAU, 2011, p. 31).

Cependant, le contexte d’ouverture politique et médiatique en Algérie des années 1990 a fait que le contenu culturel de la presse soit déclassé. L’information sécu-ritaire a constitué durant plus d’une décennie le centre d’intérêt des rédactions et une attente citoyenne aussi. Vingt ans après l’ouverture médiatique, les pages cultu-relles demeurent les moins considérées et les moins dynamiques de toutes les pages d’un journal algérien. D’ailleurs, lorsqu’on doit arbitrer les espaces, tous les contenus passent avant les pages culturelles. En plus, il existe une tendance à mettre les plus faibles des journalistes à la culturelle, sans oublier le fait qu’il n’existe pas de spéciali-sation culturelle.

Pourtant, il existe bel et bien un lectorat de ces pages comme insistent à le rappeler les journalistes de la culturelle: «Le lecteur de la page culturel est très réactif, il ne fait pas que lire, il réagit aussi, surtout que maintenant il existe la possibilité au lecteur de réagir à travers le journal en ligne. Le lecteur arabophone particulièrement lit et écrit donc il parti-cipe quelque part à la réalisation de la page. Et c’est ça la particularité de la page culturelle arabophone4». Or ce qui est intéresse les responsables des journaux c’est la rentabilité, voilà pourquoi la recherche de l’information culturelle se fait dans cette direction. Le résultat est qu’un journal aussi sérieux comme le quotidien Elkhabar fait la une5 avec une super manchette tirée de la série turque Harim esoultalne (le harem du Sultan), une série qui a connu un grand succès parmi le public algérien. L’articulation avec la logique commerciale dans ce cas précis n’est plus à démontrer. Elle est expliquée par les journalistes interrogés par le recul de la participation de l’intellectuel en Algérie dans la fabrication de la presse et dans la vie sociale de façon plus globale.

1.

lA PRESSE, lIEU DE MEDIATION CUlTUREllE

La première observation à construire de l’analyse du corpus des titres est qu’ils sont dans leur majorité, informatifs. Cela est d’autant plus vrai pour l’actualité culturelle étrangère qui se réduit à l’évènement, à l’instantanéité «Festival international du film oriental de Genève: Deux films tunisiens primés6».

D’ailleurs, dans le supplément du quotidien Elwatan nous remarquons que l’agence française de presse (AFP), constitue une des sources d’information du journal, dont

[4] Entretien: Hamid Abdelkader, responsable de la rubrique culturelle. Alger, le 25 septembre 2013. [5] Le Quotidien Elkhabar, édition du 20 septembre 2013.

(7)

souvent l’intégralité de ses dépêches est publiée dans ce supplément. La primauté de l’évènement concerne donc aussi bien l’information culturelle locale ou étran-gère, une situation qui est décriée par les journalistes qui regrettent que les pages culturelles soient réduites à l’évènement rapporté: «La page culturelle est devenue un compte-rendu des activités culturelles et non pas un espace de débat et de discussion loin du besoin d’information qui somme toute est normal au regard des missions de la presse. La vision que nous avons c’est que la page culturelle soit partagée en deux partie; une dédiée à l’information et l’autre au débat. Ce que je plaints c’est l’absence du débat. Dans les années 90 elle était un lieu de débat. Les dix dernières années c’est devenu une page d’information tout court7». En vérité, c’est la disparition de la fonction critique de ces pages qui est regrettée par les journalistes de la culturelle. Surtout que la presse cultu-relle «était un espace d’opinion inscrit dans la tradition des oulémas qui ont manifesté une opposition à l’acculturation du peuple algérien à travers cette action combien pacifiste8».

Alors que le mot culture évoque déjà le dialogue et la rationalité. La culture constitue aussi la façon la moins conflictuelle de représenter l’autre et de l’introduire dans l’es-pace public. Sauf que lorsqu’il s’agit de la médiation assurée par la presse, le rapport n’est pas interindividuel, il est plutôt collectif. On introduit la conduite et la culture d’un groupe, mais l’interprétation n’est pas collective. Elle peut se constituer en caté-gorie mais réellement elle se construit dans le cercle de la vie privée. En plus avec la globalisation culturelle assurée désormais par les technologies de l’information et de la communication et dont le rôle dans la diffusion d’un contenu culturel qui tend à homogénéiser les tendances, goûts, mode vestimentaire, le rôle joué par la presse écrite dans le contexte algérien est à plus d’un titre essentiel. D’abord cette presse écrite, sous forme de support papier reste importante au regard du développement restreint de l’internet, 11 millions de connectés parmi une population de 39 millions. En plus, cette presse depuis qu’elle a commencé à avoir une diffusion en ligne, généra-lement actualisée, elle constitue une source d’information importante aussi bien pour la diaspora algérienne que pour les personnes qui ont des attaches avec l’Algérie. Dès lors, elle constitue une passerelle culturelle entre l’ici et l’ailleurs.

Alors que parler de la culture de l’autre exige de l’auteur de la prudence. Mais, lorsque les journalistes oublient les règles de déontologie et d’éthique, en dénigrant une culture ou l’une de ses constituantes, locale soit-elle ou étrangère, cela peut conduire à des frictions. Nous avons remarqué ce fait lors du match de football qui opposé l’Algérie à l’Egypte. Les médias des deux pays se sont donnés à une véritable guerre des mots où le dénigrement de la culture de l’autre paraissait le moyen le plus effi -cace de le blesser. Relayé par les médias ce discours a bien fonctionné. La preuve est

[7] Hamid Abdelkader, Op.cit.

(8)

que les conséquences de cette manipulation médiatique ont été facheuses et se sont fait ressentir aussi bien sur le plan individuel, collectif et même économique. Selon Estrella Israël Garzon «il s’avère utile d’un point de vue éthique, de ne pas juger les valeurs, croyances et coutumes d’autres cultures, l’ouverture étant nécessaire pour comprendre les fondements culturels d’autres peuples, et de ne pas créer d’atmos-phères contribuant au renforcement ou à la transmission de stéréotypes.» (THIEBLE-MONT-DOLLET; KOUKOUTSAKI-MONNIER, 2010, p. 107).

2.

L’INTER-CULTURALITE COMME

MISSION JOURNAlISTIQUE

Il est clair que dans les établissements de formation de journalistes on insiste peu sur la question des relations interculturelles. Le plus gros du travail se fait en direction des nouvelles et de comment les déceler, les dénicher et les rédiger pour les proposer à un lectorat sans se soucier vraiment du feed-back, à quelques exceptions près. Le plus important reste le spectaculaire, ce qui surgit de façon inattendue. Le registre sur lequel insistent les rédactions est celui du sensationnel, il faut vendre et la culture des masses n’est pas très sensible au discours rationnel, aux questions élaborées ni même à la mission de médiation qui incombe à la presse en tant qu’espace public.

Dans ce sens, certains journalistes pensent que les pages culturelles ont leur public et les journalistes de ces rédactions sont conscients qu’ils ne s’adressent pas à tout le monde. Le contenu culturel des médias est de facto exclu de ce large espace acquis par les médias de masse. «Je pense à faire découvrir le public quelque chose d’autre pour qu’il ne reste pas enfermé dans sa culture. Le contraire on n’est plus dans une démarche de la page culturelle9». Les médias participent de par leur fonction à la construction de l’es-pace symbolique de leur société. En même temps ils assurent cette mission de trans-mission de toute la symbolique qu’ils créent, ils représentent la réalité en même temps qu’ils la construisent. «Les nouvelles doivent être exhaustives et proportionnées. Il faut fournir des efforts pour rendre propice la connaissance et la rencontre entre toutes les cultures». (THIEBLEMONT-DOLLET ; KOUKOUTSAKI-MONNIER, 2010, p. 107).

La mission de médiation interculturelle qui incombe à la presse semble se concrétiser à travers la reproduction du réel. A travers des procédés de réitération de la vraie vie, les images de la presse créent un monde symbolique parallèle au réel et inscrivent ce dernier dans la continuité. L’effet d’annonce qui est l’un des rôles des médias repro-duit le réel en le décontextualisant, tel l’annonce d’un festival de cinéma, de musique ou autre, comme le fait ce titre du quotidien Elwatan « Cinéma. Festival de Berlin:

(9)

Hollywood, une marque allemande». Toutefois, le déroulement de l’évènement dans un contexte culturel étranger ne nuit nullement à la réception des messages et ne semble pas soulever un quelconque problème aussi bien pour le journaliste que pour le public de ce journal. Cela répond au principe de contrat journalistique formulé par Elision Veron, un contrat avec le public qui consiste à faire accepter le récit proposé et son contenu, même si la capacité critique des individus reste intacte.

2.1.

l’AlTERITE DANS lES

REPRESENTATIONS MEDIATIQUES

Le récit des évènements culturels ne peut se faire sans une certaine présentation de l’autre. L’individu est le moteur de la culture et aucune représentation de la culture ne peut faire l’économie du traitement des individus ou des identités qui sont au fonde-ment de l’acte culturel. Mais est-ce que les moyens utilisés par la presse reflètent-ils la réalité des choses. «Ainsi, les usages professionnels dans le cas de la représenta-tion journalistique des ‘autres’ nous situent devant une série de distorsions- appelées ‘bruits interculturels’- dont les plus fréquentes sont liées au manque de visibilité». (CHARAUDEAU, 2011, p. 108).

Une telle affirmation signifie que le contenu de la culture ou de l’évènement culturel ne peut être neutre. Des lectures peuvent faire de lui un sujet très controversée. En 2012, une exposition à Marseille sur l’œuvre de Camus a créé une grande polémique, qui a été largement répercutée par la presse des deux pays. Cela pour dire que la représentation de Camus dans les deux rive (Algérie, France) n’est pas la même. Ce fait peut bien s’appliquer sur d’autres thématiques. Faut-il alors éloigner la politique du fait culturel ou bien tout simplement éloigner les hommes de la culture de la poli-tique. Les deux à la fois !!!

(10)

nous a échappée aussi bien dans l’écriture que dans la vie» (ADONIS, apud NAEF, 1997, p. 129).

De cette affirmation, on saisit que l’altérité conflictuelle concerne le rapport à la culture occidentale. D’ailleurs, le responsable de la rubrique culturel du quotidien Elwatan est catégorique: «Le marocain et le tunisien c’est un autre mais qui n’est pas entièrement étranger, nous avons beaucoup d’éléments culturels en partage avec les magrébins, le monde arabe et en partie avec l’Afrique et ensuite avec l’Europe aussi, parce qu’il y’a un patrimoine universelle. Parler de l’altérité c’est toujours une succession de rapprochement, il n’y a pas de total étrangéité. Dans les questions culturelles, il n’existe pas de totale alté-rité. L’altérité c’est une dose d’éléments partagés et une dose d’éléments inconnus1».

Alors que dans beaucoup d’articles qui parlent d’évènements culturels étrangers, on observe que le point de départ est soi-même, il se traduit à travers la présentation des éléments constitutifs de notre culture observables chez l’autre. C’est le cas par exemple lorsqu’il s’agit de traiter une thématique se rapportant à un festival «‘Les jours d’avant’ en compétition à Locarno», il s’agit d’un film algérien qui participe à ce festi-val de cinéma. Cette posture est en effet partagée par toutes les cultures: la volonté de mettre en évidence sa propre culture fait qu’il devient difficile de rendre visible la culture de l’autre.

C’est cette situation de difficulté de parler vraiment de l’autre qui a conduit à cette prise de conscience chez nos journalistes de leur faiblesse. Elle est certes d’ordre struc-turel, mais son influence sur leur mode de production n’est plus à démontrer.

En plus du déficit humain, des rubriques qui fonctionnent avec deux ou trois jour-nalistes, dont la première conséquence est l’impossibilité de se spécialiser dans un domaine culturel précis, les journalistes se trouvent limités dans leurs sources étran-gères. A cause des limites de leurs ressources linguistiques, ils se rabattent sur les lec-tures françaises pour en faire une seconde lecture ou bien la proposer telle qu’elle a été présentée par la presse française. Chose qui se recoupe dans la réalité, car le quotidien Elwatan, reprend des dépêches de l’agence française d’information (AFP), et parfois un site des nouvelles culturelles.

(11)

3.

lA FONCTION DE l’AGENDA SETTING

DANS lA CUlTUREllE

Dans la sélection journalistique le grand handicap est celui de la langue. Dans les rédactions algériennes étudiées, les journalistes interrogés affirment qu’ils tentent toujours de rendre compte de ce qui se fait dans le monde d’intéressant. Mais la sélec-tion des évènements culturels, des nouveautés dans le domaine de l’édisélec-tion, de l’art se fait selon les intérêts du journaliste lui-même. Le problème qui se pose est celui de la langue. Car l’absence de l’anglais fait que tout le monde anglosaxon échappe aux journalistes et l’accès à la culture de l’autre se fait via une autre culture qui a ses propres schèmes de pensées. Le journaliste algérien dépend des choix des français et de leur regard sur l’évènement. Le responsable de la rubrique culturelle d’Elwatan nous donne l’exemple du prix Goncourt qui est selon lui, certes est un prix important mais il y a tellement d’autres à travers le monde. Le problème est situé aussi au niveau de la politique culturelle de l’Algérie qui fait que beaucoup de cultures qui nous sont proches sont sous représentées, l’exemple de la culture chinoise, qui peine à se frayer une place dans le contexte culturel algérien malgré la forte communauté chinoise, la-quelle ne dispose même pas d’un centre culturel chinois. Le journaliste algérien passe par la rive nord de la méditerranée parce qu’il est limité dans ses sources.

3.1.

lA DOMINATION DES INDUSTRIES

CUlTUREllES AMERICAINES

Si nous pensons du côté rive sud de la méditerranée que notre culture est réduite par les médias étrangers au folklore, force est de constater que la culture de la rive nord, et au-delà de cet espace, n’est visible dans nos société que par le spectacle. Bien sûr la responsabilité n’incombe pas exclusivement aux journalistes. Ce folklore et ce spec-tacle sont le pur produit des acteurs de la «com» des deux côtés. Par contre, la respon-sabilité des «Etats nations» dans ce sens est engagé dès lors que de ce côté comme de l’autre il existe une recherche de protéger sa culture et de la rendre visible au maxi-mum et ce sont ces spécialistes qui se sont emparés de cette mission. De l’Entertain-ment à l’infotainel’Entertain-ment, la figure la plus connue de la culture étrangère trouve sa force dans cette image fantasmagorique, qui n’est autre chose que la force des médias dont le moteur est la force économique.

Nous remarquons dans ce sens que Hollywood symbole des industries de la culture ci-nématographique continue à faire rêver les journalistes: «Festival de Berlin: Hollywood, une marque allemande2».

(12)

D’ailleurs, l’instance médiatique qui est marquée par un fonctionnement qui fait que la sélection des sujets à traiter ne se fait pas sans dégâts. Car encore une fois ceux qui sélectionnent dans ce cas ce ne sont pas tout à fait les médias, mais les agents de la «com». Rappelons tout de même que les faits sont nombreux dans les sociétés et que recourir à la sélection signifie en quelque sorte un choix discriminatoire. Même si les choix de journalistes sont toujours justifiés et c’est ce qui donne quelque part une certaine crédibilité au travail journalistique et le dédouane de cette préférence pour certains thèmes au détriment d’autres. Voilà pourquoi nous nous interrogeons sur la prédominance des industries de la culture dans les thèmes culturels du supplément El watan.

Car de l’autre côté, on constate le peu d’intérêt accordé aux chanteurs arabes, ma-ghrébins, méditerranéen. Cela ne reflète-t-il pas les rapports de force qui caractérisent le monde de la culture. Tout est dominé par l’Amérique et certaines industries cultu-relles sont plus économiques et mercantiles que d’autres (la music, le film), et avec les réseaux qui font la promotion de leur produits y compris parmi la presse, les pro-grammateurs déterminent le produit culturel. Or, les thèmes des cultures étrangères représentés dans l’échantillon analysé sont ceux de la culture «dominante». Comment s’ouvrir à l’altérité dans cette optique limitative de l’autre et de notre rapport à lui. Dans la médiation culturelle il existe cette dimension d’apprendre aux publics de nou-velles connaissances. Il s’agit de lutter contre l’ignorance et contre les schèmes domi-nants, car il se pourrait que les médias puissent lutter contre le déni involontaire de l’autre. La médiation interculturelle a aussi pour objectif de réduire la distance, aidée par les médias, le but recherché est celui d’arriver à un rapport de proximité équilibré.

CONClUSION

Il ressort de ce qui a précédé que les journalistes de la culturel n’ont pas tous la même conscience du contenu culturel étranger. Alors que le pouvoir dont est investi le jour-naliste repose sur cette capacité de construire le sens et le présenter au débat public. Il semble être la première source des contenus des discussions publiques. Il est clair qu’un tel pouvoir repose à son tour sur les groupes de la communauté d’appartenance de ce médiateur de sens. Cette mission journalistique qui consiste à proposer des re-présentations, du sens aux publics, des significations dont ils ne sont pas détenteurs, fait du journaliste un sujet de pouvoir. Nous dépendons alors à un certain degré des interprétations sélectives de ce médiateur et des significations qu’il a choisies pour nous, ce qui nous renvoie encore une fois à la fonction d’agenda setting de la presse.

(13)

sique. Cette angoisse ontologique liée à notre être, à notre venue au monde se vit autrement, à travers le discours. La médiation des cultures méditerranéennes à travers la création des espaces de rencontre s’impose comme une nécessité pour les cultures de la méditerranée. Le différend religieux causé par l’incompréhension et par l’igno-rance non seulement de l’autre mais aussi de sa propre culture conduit à ces conflits désignés par Huntingtton sous le titre «choc des cultures», devenu d’ailleurs très à la mode même s’il est réducteur à bien des égards. La médiation fait supposer l’exis-tence de conflits et il est plus que nécessaire de les identifier aujourd’hui afin d’envi-sager leur dépassement. Surtout que dans la relation que construit la médiation il ya d’abord le discours.

Nous avons pour preuve le phénomène de piratage des œuvres artistiques, très déve-loppé dans les pays du Maghreb, et qui renseigne, au-delà de l’aspect nuisible pour les économies et pour les droits d’auteur, sur l’ouverture sur le monde recherchée par les citoyens de la rive sud de la méditerranée. Cette fascination pour l’autre et la curiosité de le découvrir de l’intérieur ne serait-elle la condition de l’Homme moderne ?

REFERENCES

charaudEau, paTrick. (1997). Le discours d’information médiatique: la construction du miroir social. Paris: Nathan.

charaudEau, paTrick. (2011). Les médias et l’information. Bruxelles: De Boeck.

François, chaubET; laurEnT, MarTin. (2011). Histoires des relations culturelles. Paris: Armand Colin.

kraEMEr, gillEs. (2001). La presse francophone en Méditerranée. Paris: Maisonneuve et La Rose. laMizET, bErnard. (2000). La médiation culturelle. Paris: L’Harmattan.

naEF, silvEa. (1997). Islam- modernité:200 ans d’un rapport conflictuel. In: Joseph, Jurt (Dir).

Algérie – France – Islam. Paris: L’Harmattan.

Referências

Documentos relacionados

En fi n cette diver- sité linguistique et culturelle appelle, dans le cadre du dialogue interculturel de l’espace méditerranéen à la diversité médiatique aussi bien pour les

Car, si l’outil internet accroît la capacité d’auto-organisation du touriste pour se rendre dans certains lieux, il n’est guère e i cace pour d’autres, comme

Le paradigme cybernétique de Norbert Wiener, nous l’avons souligné, avance que le «modèle informationnel» d’un individu est indépendant de son «support physique» (tout

Les étudiants en journalisme évoluent aujourd’hui dans un monde académique à part, au caractère de plus en plus élitiste, le plus souvent éloigné du monde des humanités, là

Par contre c’est en tant qu’“autre inté- rieur” que le rapport avec la langue de l’Autre doit être appréhendé dans le sens qu’il est permis de faire sienne la langue

i n des idéologies 7 , comme le professe Fukuyama, au regard du rôle grandissant que prend l’économie dans les relations internationales, certains espaces résisteraient bien

Les professeurs qui le trouvent «inadéquat» remettent en cause le sérieux et l’objec- tivité des étudiants, son questionnement trop général, le fait qu’il n’y ait pas de droit

Compte tenu de ces résultats et en se référant à la dé fi nition du transmédia de Jenkins: «[...] un processus dans lequel les éléments d’une fi ction sont dispersés