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Arq. NeuroPsiquiatr. vol.10 número3

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Academic year: 2018

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P A R A - O S T É O - A R T H R O P A T H I E D E L A HANCHE A U COURS D'UNE COMPRESSION M É D U L L A I R E P A R MÉNINGIOME

LuCIEN ROUQUÈS *

Les tumeurs médullaires sont certainement une des causes les plus ex-ceptionnelles des para-ostéo-arthropathies du type Dejerine-Ceillier. Un neurologue ayant une experience aussi vaste et aussi incontestée que celui dont nous célébrons dans ce journal le jubilé scientifique, n'en a jamais observe qui ressortissent à cette étiologie. Aussi ai-je pense qu'il ne serait pas sans intérêt d'en rapporter un cas démonstratif.

OBSERVATION

U n e j e u n e f e m m e de 2 5 ans, m è r e de deux enfants, entra dans un hôpital parisien le 10 m a i 1919 p o u r des douleurs d u bras gauche et de la partie s u p é -rieure du rachis. O n releva, dans ses antecedents, des m a n i f e s t a t i o n s rhumatis-rnales sans complications cardiaques à 12 et à 14 ans et un infiltrat tuberculeux r a p i d e m e n t curable du p o u m o n droit à 18 ans. E l l e fit, en Janvier 1949, une fausse-couche de 3 m ó i s , qui coincida à peu près avec le début des d o u l e u r s , d'abord dans le bras g a u c h e oü elles prédominaient sur la face interne, du conde aux doigts, puis quelques j o u r s plus t a r d dans les regions cervicale et dorsale supérieure de la colonne v e r t é b r a l e ; des traitements s y m p t o m a t i q u e s n'empeehe-rent p a s les douleurs de devenir de plus en plus intenses; à Fentrée, elles étaient presque p e r m a n e n t e s , lancinantes, avec une impression de striction sur le sein gauche, a u g m e n t é e s p a r la t o u x , le rire, les m o u v e m e n t s , mais ne subissant p a s d'influence p o s t u r a l e ; quelques j o u r s a v a n t son admission, la m a l a d e avait note une certaine faiblesse du m e m b r e inférieur g a u c h e , qui avait entrainé des c l m t e s ; elle avait r e m a r q u e aussi, en se b a i g n a n t , qu'elle ne percevait plus la chaleur d e 1'eau a u niveau de la j a m b e et du pied d r o i t s ; les mictions étaient devenues un peu difficiles.

À 1'examen, on t r o u v a un s y n d r o m e de B r o w n - S é q u a r d g a u c h e ; de ce cóté, la m a l a d e f a u c h a i t ; la force m u s c u l a i r e était diminuée d'une façon globale au m e m b r e inférieur, sans m o d i f i c a t i o n nette d u tonus mais avec exagération des reflexes tendineux, manoeuvre de B a r r e positive et signe de B a b i n s k i ; aux trois autres m e m b r e s , il n'y avait p a s de troubles m o t e u r s . L e s sensibilités s u p e r f i -cielles étaient toutes abolies sur le m e m b r e inférieur droit, f o r t e m e n t diminuées sur Phémitronc avec une limite supérieure assez nette un peu au-dessus du sein; les sensibilités p r o f o n d e s étaient normales. L a percussion de 1'apophyse épineuse de réveillait de la douleur. L e liquide céphalo-rachidien lombaire était inco-lore avec 16 cellules p a r m m s et 2,40 g. d'albumine p a r litre. U n e injection d e

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lipiodol f u t faite p a r voie basse et, après bascule, on crut voir u n e encoche a la hauteur d e Dn. A u m é p r i s de tout bon sens, sans se p r é o c c u p e r de la

dis-cordance de cet arret et des signes cliniques, un chirurgien fit le 10 j u i n 1949 une laminectomie dorsale basse qui, naturellement, ne niontra rien d'anormal. L e s résultats de cette intervention intempestive furent ceux que Pon pouvait p r é v o i r ; dès que 1'anesthésie générale f u t dissipée, la m a l a d e remarqua qu'elle avait une p a r a p l é g i e flasque t o t a l e ; le soir, 1'anesthésie était absolue à tous les m o d e s et des deux côtés j u s q u ' a u second s e g m e n t d o r s a l ; la retention des urines et des matières complete.

O n m e niontra la m a l a d e à la fin de j u i n ; étonné de cette erreur de localisation du lipiodol, alors que j e n'en connais aucun exemple valable, j e d e m a n -dai à voir les radiographics et j e constatai que la soi-disant encoche de la re-gion dorsale inférieure n'etait qu'un aspect sans valeur pathologique du à u n e bascule t r o p rapide, le lipiodol s'etant étiré s u r une quinzaine de centimetres et s'etant un peu dévié de c ô t é ; s'hypnotisant s u r cette region, le chirurgien ne vit p a s qu'a la partie toute supérieure du cliche, le lipiodol dessinait avec la plus g r a n d e precision 1'image arrondie d'une t u m e u r extra-médullaire dans la moitié gauche d u canal, derrière la premiere d o r s a l e ; le pédicule gauche de la septieme cervicale était d'ailleurs m a n i f e s t e m e n t atrophié, sans élargissement de l'espace in-terpédiculaire. J e conseillai done une réintervention, qui ne f u t p a s pratiquée, les neuro-chirurgiens consultes m a n i f e s t a n t p e u d'empressement teilement l'etat de la m a l a d e était devenu g r a v e ; des troubles m o t e u r s firent leur apparition aux m e m b r e s supérieurs, surtout à g a u c h e ; des escarres enormes se creusèrent sur le sacrum, les fesses, les mollets, les talons et les coudes, avec un gros oedème tro-phique des m e m b r e s inférieurs et de la moitié du t r o n e ; a u bout d'un mois, la retention d'urines f u t brusquement remplacée p a r une incontinence complete et la m a l a d e eut tous les deux ou trois j o u r s des selles involontaires.

F i n a l e m e n t , la m a l a d e entra dans m o n service le* 2 1 d é c e m b r e 1 9 4 9 , oü elle se trouve encore, ne 1'ayant quitté que p o u r la période opératoire. II m e pa-rait inutile de r a p p o r t e r les três n o m b r e u x examens qui o n t été p r a t i q u e s ; j e ne donnerai quelques details que s u r celui que j ' a i fait à 1'entrée, époque oü la para-ostéo-arthropathie, d'apres ce que l'on sait de revolution habituelle d ? cette lésion, existait presque certainement d é j à .

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-dicamenteuses et les pansements de 1'escarre sacrée étaient devenus douloureux. L e s troubles de la sensibilité thermique s'arretaient net au niveau des clavicules; íl y avait s u r l e trone une hypoesthésie tranche surmontée à droite s u r la hauteur d'une p a u m e p a r une zone oü le froid était perçu c o m m e t i è d e ; s u r les m e m -bres interieurs, 1'anesthésie était complete. L e s troubles de la sensibilité doulou-reuse avaient à peu près les m ê m e s limites: anesthésíe au-dessous des plis ingui-naux, hypoesthésie au-dessus, avec, sous la clavicule droite, une bande d'hyperes-thésie de quatre travers de d o i g t ; m ê m e s hypoesd'hyperes-thésie et anesd'hyperes-thésie pour le tact. L e sens vibratoire et le sens des positions étaient c o m p l è t e m e n t abolis a u x m e m -bres interieurs, n o r m a u x a u x m e m b r e s supérieurs. L e s pupilles et les tentes p a l p é b r a l e s étaient égales. U n três g r o s oedème b l a f a r d , d u r , envahissait les m e m b r e s iníerieurs et les lombes. II y avait une enorme escarre sacrée de 2 0 centimetres, des escarres sur les fesses et Jes cuisses, sur les j a m b e s du talon à mi-mollet, s u r le coude gauche. L'incontinence sphinctérienne restait c o m p l e t e et les urines étaient infectées. L'etat general était mediocre, mais Panémie restait m o d é r é e et la p r o t i d é m i e normale.

ü n n e t t o y a les escarres, on fit des t r a n s f u s i o n s ; un traitement p a r 1'auréo-m y c i n e ra1'auréo-mena en deux j o u r s à la n o r 1'auréo-m a l e la t e 1'auréo-m p e r a t u r e , qui présentait depuis des semaines de g r a n d e s oscillations que ni la pénicilline ni la s t r e p t o m y c i n e n'avaient influencées. Je profitai de cette accalmie p o u r confier la m a l a d e à m o n a m i M a r c e l D a v i d qui, en fidèle disciple de Clovis V i n c e n t , p o u r qui il valait m i e u x soigner les m a l a d e s que les statistiques, voulut bien a s s u m e r les risques d'une intervention dans des conditions aussi précaire.3. L e 10 Janvier 1 9 5 0 , il enleva un m é n i n g i o m e lateral gauche à la hauteur de la premiere dorsale, m a r -q u a n t une empreinte prof onde s u r la m o é l l e ; eelle-ci n'était p a s atrophiée et sa vascularisation semblait satisfaisante.

M a l g r é cet a s p e c t f a v o r a b l e , la recuperation resta insignifiante. D e u x ans après 1'opération, la m a l a d e ne réussit encore à faire que des m o u v e m e n t s de três faible a m p l i t u d e des orteils, des pieds et du genou g a u c h e ; la surréflectivité de defense persiste dans les limites du j e u articulaire; i^ne attitude en g r i f f e des trois derniers doigts de la main gauche s'est p e u à peu installée; les troubles sphinctériens persistent; les escarres sont à p e u près cicatrisées, mais 1'oedème dur des m e m b r e s interieurs n'a p a s regresse. Seules, ies p e r t u r b a t i o n s de la sen-sibilité o b j e c t i v e se sont améliorées; la sensen-sibilité superficielle reste à p e u p r è s nulle s u r le m e m b r e inférieur d r o i t ; elle est quasi-normale ailleurs; les douleurs, três vives dans les mois qui ont suivi 1'opération, se sont atténuées. L e s raideurs articulaires des m e m b r e s inférieurs ont resiste a u x traitements classiques; des phénomènes analogues se sont p r o d u i t s a u x m e m b r e s supérieurs et s'il a été p o s -sible de débloquer les épaules, le coude et les d o i g t s gaúches restent enraidis. B i e n plus, vers le mois de s e p t e m b r e 1 9 5 0 , le m e m b r e inférieur gauche a c o m -mence à se m e t t r e en rotation interne; en décembre 1 9 5 0 , à la rotation se sont a j o u t é e s une adduction de la cuisse et une flexion de la j a m b e ; depuis février 1951, le m e m b r e est en adduction et rotation interne forcées, le genou à angle droit reposant sur 1'autre cuisse. Je n'ai p u corriger cette d e f o r m a t i o n p r o g r e s -sive qui a a b o u t i à u n e subluxation en dehors de la hanche; les escarres de la j a m b e et du talon n'ont p a s permis d'installer vine extension continue p e u c o m -patible d'ailleurs avec les m o u v e m e n t s incessants d'automatisme. Signalons que cette deviation du m e m b r e a été précédée p a r de violentes douleurs irradiant en eclair du talon au genou, survenant p a r crises au corns desquelles l'hyperesthesie cutanée était extreme.

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parmi les autres manifestations articulaires *. D e p u i s que nous avons dépisté la paraostéoarthropathie, son aspect r a d i o g r a p h i q u e ne s'est pas modifié. I l r a p -pelle grossièrement celui d'une butée ostéoplastique p o u r a r t h i o d è s e ; des ombres unissent l'os iliaque au-dessus du sourcil cotyloïdien à la f a c e supérieure d u g r a n d trochanter, f o r m a n t à l'articulation un couvercle de plus d'un centimètre d'épais-seur; leur limite supérieure est tranchée au couteau, leur limite inférieure plus imprécise car elle se p r o j e t t e sur la tête et sur le col du f é m u r ; leur densité est égale ou supérieure à celle des os voisins, elle n'est p a s h o m o g è n e et sans qu'il y ait une véritable architecture c o m m e dans le col f é m o r a l , on a l'impres-sion en certains points de travées longitudinales parallèles. D e s o m b r e s analogues semblent p a r t i r de la p a r t i e antéro-inférieure du sourcil et se p e r d e n t en se su-p e r su-p o s a n t sur la tête du f é m u r ; d'autres ont leur origine sur la f a c e antérieure du g r a n d trochanter et se dirigent vers le cotyle. D a n s les parties où elles ne sont pas masquées p a r les o m b r e s , les s u r f a c e s articulaires sont n o r m a l e s ; l'inter-ligne articulaire est bien c o n s e r v é ; il n'y a p a s de décalcification notable ( f i g 1 ) . I l n'y a p a s d'autres p a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e s a u x g e n o u x ou le long des f é m u r s . L e s interlignes sacro-iliaques sont visibles et le rachis l o m b a i r e indemne. L a seule anomalie à signaler est une décalcification p a r petites zones au niveau de l'extré-mité inférieure du f é m u r gauche, sans hyperostose.

F i g . 1 — À gauche, hanche d r o i t e : p a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e . À droite, hanche g a u c h e : luxation pathologique.

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CONSIDERATIONS

Rappel historique — À tout initiateur on peut trouver des préourseurs.

En 1883, par example, Riedel signala, chez un traumatisé de la moelle, une lesion du genou considérée par Voss comme un exemple de la mala-die que nous étudions, mais que Ceillier rapproche avec plus de vraisem-blance, des arthropathies nerveuses. Dans l'important travail consacré en 1900 par Chipault aux reactions articulaires dans les affections de la moel-le (traumatismes, tumeurs, mal de P o t t ) , figurent, à côté de simpmoel-les épan-chements., deux lesions plus graves: l'une n'est sans doute, comme celle du malade de Riedel, qu'une arthropathie; l'autre est três probablement une para-ostéo-arthropathie méconnue des genoux.

II n'en reste pas moins que la question était neuve lorsque Mme. De-jerine et André Ceillier l'aborderent; charges pendant la premiere guerre d'un centre de traitement pour blesses de la moêlle, ils purent faire état, dès 1918, de 38 observations recueillies chez 78 paraplégiques, chiffres portes par Ceillier, dans sa these de 1920, à 79 cas sur 160 blesses; grace à ce materiel considerable dont aucun auteur n'a, même de loin, approché, ils décrivirent, avec une exactitude et une precision parfaites, les aspects anatomiques, cliniques et radiographiques des para-ostéo-arthropathies.

Attribuer, comme le fit Soule, leur découverte à Israel, c'est mécon-naitre singulièrement la réalité. Lorsqu'Israel publia, en 1920, son pre-mier mémoire, d'ailleurs remarquable à une erreur près sur le siege du processus; les relations scientifiques étaient à peine reprises et il ignorait les travaux de Mme. Dejerine et Ceillier, mais il y fit allusion à la fin de son article de 1921 dans une note après correction. Le travail de Voss mérite une mention spéciale parmi les articles ultérieurs; on en trouvera, à la fin de cette étude, une liste sommaire, point de depart d'une bibliographie plus complete; celle-ci est rendue difficile par la di-versité des denominations, les unes correctes — ossifications neuropathi-ques (Israel, 1 9 2 1 ) , néoformations osseuses parostales et para-articulaires

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intramus-culaire et ne résultent pas de l'ossification des fibres nobles; en tout état de cause, le terme de myosite ossifiante est done impropre.

Les para-ostéo-arthropathies, quel que soit leur siège, sont toujours entourées par un tissu fibreux abondant; elles repoussent et dissocient les muscles; elles refoulent parfois les synoviales mais ne pénètrent jamais dans les cavités articulaires libres d'osteophytes. Dans la regie, elles en-trent en contact avec le squelette en un ou plusieurs points, mais ces rap-ports, qui s'effectuent en des zones d'election, paraissent s'etablir secon-dairement. Mme. Dejerine et Ceillier ont constate en effet, qu'a la face interne du genou, siège le plus frequent des para-ostéo-arthropathies, les ossifications restent à distance du condyle lorsqu'elles sont petites; en se développant, elles s'y accolent, mais il y a plutôt contigüité que continui-té; les systèmes de trabéculation du fémur et de l'osteophyte restent in-dépendants et les lamelles périostées s'interposent entre eux; les ossifica-tions, compactes au niveau du condyle, deviennent spongieuses lorsqu'elles se prolongent le long de la diaphyse fémorale à laquelle elles n'adherent que par deux ou trois minces crampons. À la hanche, des jetées osseu-ses, des ponts, des arcsboutants réalisent autour de l'articulation un ve-ritable échafaudage qui, dans les cas prononcés, forme, suivant l'heureuse expression de Mme. Dejerine et Ceillier, une ankylose cerelée.

Les extrémités osseuses sont presque toujours indemnes. Mme. Deje-rine et Ceillier ne signalent que deux cas d'anomalies minimes par rap-port à 1'exubérance des néoformations osseuses: luxation de la harche dans 1'un, aplatissement vertical de la tête fémorale, agrandissement et amincissement du cotyle dans l'autre. Miller et O'Neill ont constate, chez un malade ayanl les deux hanches atteintes, le ramollissement d'une des têtes fémorales. On ne peut apprécier exactement 1'intégrité habituelle des os qu'a 1'autopsie, car les productions pathologiques rendent souvent les cliches peu lisibles. La decalcification qui existe chez la plupart des pa-raplégiques, serait, d'apres Ceillier, plus freqüente ( 7 sur 10) et plus ac-cusée chez ceux qui ont des para-ostéo-arthropathies et prédominerait sur les epiphyses du genou. Je rappelle que Ton constate, chez ma malade, une decalcification par petites zones des condyles fémoraux gaúches.

Localization des ossifications — La statistique de Ceillier, qui est de

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lesions para-diaphysaires fémorales, 14 lesions du bassin à distance de l'articulation de la hanche, 2 lesions du massif trochantérien.

Abramson et Kamberg ont insiste sur la frequence d'anomalies radio-logiques du bassin et du rachis lombaire rappelant eel les du rhumatisme chronique; sur 24 paraplégies traumatiques, ils relèvent 15 fois des le-sions des apophyses transverses, 22 fois des anomalies des corps verté-braux (ostéoporose 12, sclerose 6, sclerose et ostéoporose 4 ) , 21 fois la disparition plus ou moins complete d'un ou des deux interligues sacro-iliaques. On n'a signalé qu'exceptionnellement ces lesions qui coexistaient chez certains de ces blesses avec d'authentiques para-ostéo-arthropathies. Steinert (cite par Israel) a observe chez un hémiplégique une ossification du biceps, et chez un autre une ossification du brachial antérieur; mais les véritables para-ostéo-arthropathies des hémiplégiques orit la même lo-calisation que celle des paraplégiques; comme Ceillier l'a écrit, ces for-mations ne siègent jamais au-dessus du bassin ni au-dessous des genoux.

Vitesse de constitution — On ne peut apprécier la vitesse de

consti-tution des para-ostéo-arthropathies que lorsqu'il s'agit d'affections ayant un debut precis, comme les traumatismes; elle parait être três grande. Mme. Dejerine et Ceillier, qui n'ont reçu leurs paraplégiques qu"un certain temps après la blessure, ont note, dès le 40me jour, des osteophytes du genou et dès le 48me et le 52me jour, des productions osseuses déjà enormes. Dans le cas de Chipault, auquel j ' a i déjà fait allusion, les ossifications parafémorales étaient palpables dès le 25me jour. II ne semble pas que les para-ostéo-arthropathies puissent apparaitre tardivement; en tous cas, aucun des blesses de Ceillier dont les radiographics étaient negatives du 3me au 5me mois, n'en a presente ultérieurement. El les évoluent aussi rapidement qu'elles apparaissent précocement; en quelques semaines, eiles atteignent leur était définitif; dans un cas de Voss, les radiographics fai-tes à 10 ans de distance étaient superposables.

Symptomatologie — II est inutile d'insister sur les signes cliniques

des para-ostéo-arthropathies; on ne voit leur saillie que si 1'cedème n'est pas três important, ce qui n'est pas la regie; comme il n'y a pas de cir-culation collatérale, de rougeur et de chaleur locales, pas d'adenopathie satellite, on les méconnait si on ne pense pas à les rechercher par le pal-per, qui montre de façon plus ou moins confuse, une masse de consis-tance osseuse plaquée contre l'articulation ou doublant la diaphyse. C'est bien souvent une radiographic faite pour une lésion associée, qui révèle les para-ostéo-arthropathies; leur aspect est caractéristique, avec les néo-formations osseuses, 1'intégrité morphologique du squelette et, habitue!le-nient, la decalcification.

Etiopathogénie — Les para-ostéo-arthropathies dependent dans la

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Dejerine et Ceillier les avaient notées chez la moitié de leurs paraplégi-ques de guerre, proportion considerable qui tient peut-être à ce qu'ils ne recevaient guère que des sujets gravement atteints. En effect, les para-ostéo-arthropathies sont três rares dans les lesions partielles se traduisant par des paralysies qui passent rapidement à la spasmodicité, avec conser-vation ou recuperation appreciable de hi sensibilité et de la motilité vo-lontaire; elles ne s'observent en pratique que dans les lesions transverses graves, avec syndrome d'interruption anatomique ou physiologique tot ale ou subtotale; aucun des blesses de Ceillier n'a pu faire la moindre ten-tative de marche. En general — mais cette regie souffre d'assez nom-breuses exceptions — les blesses ayant un automatisme important ont des para-ostéo-arthropathies volumineuses et ceux dont les reflexes tendineux et sympathiques restent abolis et qui n'ont pas d'automatisme, présentent des para-ostéo-arthropathies peu étendues, comme avortées.

Les diversas statistiques (Ceillier, Soule, Abramson et Kamberg, etc.) nous indiquent avec quelle frequence tel ou tel étage de la rooelle est lésé chez les sujets qui ont une para-ostéo-arthropathie, mais il serait beaucoup plus intéressant de savoir le pourcentaga respectif des ossifications dans les lesions des divers segments, precision qu'aucune étude, à ma connais-sance, ne donne. On a signalé les para-ostéo-arthxopathies après les bles-sures situées à tous les niveaux, queue de cheval comprise, mais exception-nellement après celles de la region cervicale, sans doute parce que la survie y est rarement suffisante.

En dehors des traumatismes, on a décrit quelques cas de para-ostéo-arthropathies dans les affections les plus diverses de la rnoêlle, depuis les méningo-myélites syphilitiques (Mme. Dejerine et Ceillier) jusqu'a la po-liomyélite antérieure aigué (Drehmann, Hess) ; on trouvera sur ce point une documentation importante dans le mémoire de V o s s ; j e n'envisagerai que les para-ostéo-arthropathies au cours des compressions progressives. Israel en a signalé une au genou chez un jeune homme de 25 ans ayant une tumeur extra et intra-médullaire des deux premiers segments cervi-caux, dont il n'indique pas la nature histologique; elle évoluait clinique-ment depuis six mois et la paraplégie était assez recente. Voss a décrit une para-ostéo-arthropathie de la hanche chez un sujet ayant un syndrome de la queue de cheval et de curieuses lesions des 2me, 3me et 4me lom-baires, qu'il interprete comme des lesions tuberculeuses cicatrisées. Schinz, Baensch et Friedl (cites par Soule) ont signalé des para-ostéo-arthropathies des hanches et des genoux au cours d'une paraplégie pottique. Soule a découvert fortuitement, en faisant une urographie, des ossifications des han-ches chez une jeune femme opérée 6 mois plus tôt d'un abcès epidural dorsal inférieur avec paraplégie persistante.

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polynévrites; Oppenheim a fait allusion à un cas de ce genre; Voss en signale un plus explicite de Lásker au cours d'une polynévrite alcoolique; Guillain et Schmite en ont rapporté un bel exemple chez une femme at-teinte de polynévrite puerpérale. Les observations de para-ostéo-arthropa-thies chez les hémiplégiques par lesions cérébrales sont moins rares; il s'agit d'hemiplegies traumatiques (Israel, Voss, L ü d e k e ) , d'hemiplegies sy-philitiqu.es ou par hémangiome ( V o s s ) .

Que l'origine des para-ostéo-arthropathies soit dans la lésion du sys-tème nerveux, c'est une evidence que nul, sans doute, ne discute; mais dès que l'on veut préciser le mécanisme pathogénique, on se heurte à des contradictions et à des incertitudes. Essayons, non pas de résoudre le problème, ce qui serait premature, mais de discriminer ce qui est acquis de ce qui ne Test pas; envisageons d'abord certains facteurs qui pourraient avoir un role d'appoint.

L'infection? Certainement n o n ; on ne trouve pas de collections pu-rulentes au voisinage des ossifications et les examens histologiques ne mon-trent même pas de reaction inflammatoire; Ceillier a constate que chez les paraplégiques, les os mis à nu par les escarres, tels que le sacrum, étaient uses, rabotés, sans hyperostoses et sans osteophytes.

Les troubles humoraux? Soule, comparant des paraplégiques avec ou sans para-ostéo-arthropathies, n'a pas trouvé de difference pour la proti-démie et la calcémie, mais chez les premiers un taux moyen un peu plus élevé de la phosphorémie (4,7 mg au lieu de 3,9 m g . ) et des phospha-tases (6,2 au lieu de 5 , 2 ) . Les 10 malades de Miller et O'Neill, par contre, avaient leur calcémie et leur phosphorémie dans les limites phy-siologiques et 8 d'entre eux des phosphatases normales ou augmentées d'une façon peu significative. II semble difficile d'attribuer une grande valeur à ces constatations discordantes; l'existence de modifications humorales serait-elle prouvée qu'il resterait à determiner si elles sont la consequence ou la cause des para-ostéo-arthropathies et, bien plus, si elles ont une re-lation avec elles; n'oublions pas que les paraplégiques graves sont in-fectes, decalcifies, anémiés, qu'ils ont souvent des troubles du fonctionne-ment renal, et que les lesions sévères de la moêlle déclenchent des per-turbations métaboliques complexes.

Les traumatismes locaux? Résumons de três interessantes experiences de K. B. Corbin et J. C. Hinsey que Soule a opportunément rappelées; ayant desafférenté les pattes postérieures de chats par radicotomie L4- S3

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Lüdeke, entre autres, met en cause les mouvements automatiques de triple retrait; j ' a i déjà rapporté que, d'apres Ceillier, les para-ostéo-arthropa-thies survenaient chez les paraplégiques qui ont un automaíisme important; mais Ceillier estime que le facteur responsable est 1'exagération conjointe des reactions sympathiques; il n'admet pas le role du íraumatisme et se demande même si les differences entre les arthropathies nerveuses des ta-bétiques et les para-ostéo-arthropathies des paraplégiques ne tiennent pas seulement à ce que les uns marchent et les autres non. J'avoue que le parallèle entre les deux ordres de lesions me paraít force, mais je pense comme Ceillier que les contractions et les contractures ont peu d'impor-tance; ma malade presente à gauche une contracture d'une intensité peu commune puisqu'elle a progressivement subluxé la hanche, et c'est à droite que siège sa para-ostéo-arthropathie. Si les contractions ou les contractu-res jouaient un role, les para-ostéo-arthropathies se développeraient dans les muscles, leurs tendons ou leurs insertions; or cela n'est pas, ce qui me parait trancher la question par la negative.

Après avoir elimine ces facteurs, demandons-nous comment la lesion nerveuse intervient: presque certainement par l'intermediaire d'une pertur-bation sympathique. Parmi les paraplégiques de Ceillier, les uns prcsen-taient des reactions pilomotrices exagérées, des raies vaso-motrices inten-ses, de l'hypersudation; d'autres avaient toutes leurs reactions sympathiques abolies; si les para-ostéo-arthropathies des premiers étaient dans l'ensem-ble plus importantes, ce n'etait qu'une regie générale comportant maintes exceptions. Chez ma malade, la sudation spontanée ou après injection de pilocarpine, le réflexe pilomoteur encéphalique étaient abolis au-dessous de la lesion, et il n'y avait pas de réflexe pilomoteur spinal de defense; les oscillations étaient un peu plus amples au membre inférieur droit qu'au gauche. Worms a note, chez son blessé, des reactions vaso-motrices va-riables suivant les jours et a conclu à l'incoordination des centres vaso-moteurs. On sait d'ailleurs que dans le problème connexe des arthropa-thies tabétiques, André Thomas, maitre incontesté de la sympathologie, avait insiste sur la variability inexplicable des réponses sympathiques.

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

A b r a m s o n , D . J. e t K a r n b e r g , S. — S p o n d y l i t i s , p a t h o l o g i c a l o s s i f i c a t i o n a n d c a l c i f i c a t i o n a s s o c i a t e d w i t h s p i n a l c o r d i n j u r y . J . B o n e a. J o i n t S u r g . , 3 1 : 2 7 5 - 2 8 3 , 1 9 4 9 .

C e i l l i e r , A . — P a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e s d e s P a r a p l é g i q u e s p a r l é s i o n d e l a M o ë l l e é p i n i è r e e t d e l a Q u e u e d e c h e v a l . T h è s e , P a r i s , 1 9 2 0 .

D e j e r i n e , M m e . e t C e i l l i e r , A . — P a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e s d e s p a r a p l é g i q u e s p a r l é s i o n m é d u l l a i r e . K t u d e c l i n i q u e e t r a d i o g r a p h i q u e . A n n . d e M é d . , 5 : 4 9 7 - 5 3 5 , 1918.

D e j e r i n e , M m e . , C e i i l i e r , A . e t D e j e r i n e , M e l l e . Y . — P a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e s d e s p a r a p l é g i q u e s p a r l é s i o n m é d u l a i r e . É t u d e a n a t o m i q u e e t h i s t o l o g i q u e R e v . N e u r o l . , 2 6 : 3 9 9 - 4 0 7 , 1 9 1 9 .

G u i l l a i n , G . e t S c h n i i t e , P . — P a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e d e s m e m b r e s i n f é r i e u r s d a n s u n c a s d e p o l y n é v r i t e d e l o n g u e d u r é e c o n s é c u t i v e à u n e i n f e c t i o n p u e r p é r a t e . R e v . N e u r o l . , 3 4 : 6 6 8 - 6 7 1 , 1 9 2 7 .

H a n k e , H . — Ü b e r d i e M y o s i t i s o s s i f i c a n s c i r c u m s c r i p t a n e u r o t i c a b e i P a r a p l e g i ¬ k e r n n a c h W i r b e l b r ü e h e n . D e u t s c h e Z t s c h r . f. C h i r . , 2 5 8 : 2 1 7 - 2 2 1 , 1 9 4 3 - 1 9 4 4 . H e s s , W . E . — M y o s i t i s o s s i f i c a n s o c c u r r i n g in p o l i o m y e l i t i s . A r c h . N e u r o l , a.

P s y c h i a t , 6 6 : 6 0 6 - 6 0 9 , 1 9 5 1 .

I s r a e l , A . — Ü b e r M y o s i t i s o s s i f i c a n s n e u r o t i c a n a c h S c h u s s v e r l e t z u n g d e s R ü c k e n ¬ m a r k e s . F o r t s c h r . a. d. G e b . d. R o n t g e n s t r a h l e n , 2 7 : 3 6 5 - 3 7 4 , 1 9 2 0 .

I s r a e l , A . — Ü b e r n e u r o p a t i s c h e V e r k n ö c h e r u n g e n in z e n t r a l g e l ä h m t e n G i i e d e r n A r c h . f. k l i n . C h i r . , 1 1 8 : 5 0 7 - 5 2 9 , 1 9 2 1 .

L ü d e k e , H . — Ü b e r d a s g e h ä u f t e V o r k o m m e n p a r o s t a l e r K n o c h e n n e u b i l d u n g e n b e i Q u e r s c h n i t t s g e l ä h m t e n . F o r t s c h r . a. d. G e b . d. R ö n t g e n s t r a h l e n , 7 3 : 5 6 4 -5 7 4 , 1 9 -5 0 .

M i l l e r , L . F . e t O ' N e i l l , C . J. — M y o s i t i s o s s i f i c a n s in p a r a p l e g i c s . J. B o n e a. J o i n t S u r g . , 3 1 : 2 8 3 - 2 9 4 , 1 9 4 9 .

S o u l e , A . B . — N e u r o g e n i c o s s i f y i n g f i b r o m y o p a t h i e s : a p r e l i m i n a r y r e p o r t . J . N e u r o s u r g . , 2 : 4 8 5 - 4 9 7 , 1 9 4 5 .

V o s s , H . — Ü b e r d i e p a r o s t a l e n u n d p a r a a r t i k u l ä r e n K n o c h e n n e u b i l d u n g e n b e i o r g a n i s c h e n N e r v e n k r a n k h e i t e n . F o r t s c h r . a. d. G e b . d. R ö n t g e n s t r a h l e n , 5 5 : 4 2 3 - 4 4 1 , 1 9 3 7 .

W o r m s , R . e t G o u g e o n , J . — P a r a - o s t é o - a r t h r o p a t h i e s d e s m e m b r e s i n f é r i e u r s d a n s u n c a s d e p a r a p l é g i e t r a u m a t i q u e . R e v . N e u r o l . , 7 9 : 3 4 6 - 3 5 0 , 1 9 4 7 .

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