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Termes et concepts dans le protocole pharaonique des Lagides : le cas du nom d’Horus

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(1)

ORIENT ALIA LOV ANIENSIA ANALECTA

---

150

---PROCEEDINGS OF THE

NINTH INTERNATIONAL

CONGRESS OF EGYPTOLOGISTS

ACTES DU NEUVIEME CONGRES

INTERNATIONAL DES ÉGYPTOLOGUES

Grenoble, 6

-

12 septembre 2004

Volume I

&

II

EDITED BY / ÉDITÉS PAR

Jean-Claude GOYON et Christine CARDIN

UITGEVERIJ PEETERS en DEPARTEMENT OOSTERSE STUDIES LEUVEN - PARIS - DUDLEY, MA

(2)

6.3

TERMES ET CONCEPTS DANS LE PROTOCOLE

PHARAONIQUE DES LAGIDES.

LE CAS DU NOM D'HORUS JOSÉ DAS CANDEIAS SALES

Les Noms du protocole des Lagides reflêtent une profonde conceptualisation civili-satrice et assument une signification historique qui doit être valorisée, de par sa cohé-rence, sa signification et son importance. Les Noms sont des formules condensées d'histoire, des vestiges actifs du passé et des programmes idéologiques d'existence. 11 ne s'agit pas uniquement de simples expressions litaniques et rhétoriques d'utili-sation obligatoire, mais de véritables réceptacles de concepts et de valeurs, autrement dit, d'authentiques formules concentrées d'histoire et d'idéologie.

En acceptant la titulature comme source historique, notre objectif est d'aborder spécifiquement la titulature des Lagides, au travers du cas particulier du Nom d'Horus (NH), dans le sens d'établir un encadrement précis de sa morphologie et de sa signifi-cation historique, insistant en particulier sur

I

'unité minimale ~wnw et les expressions wr-phty, Hpw-

'nó

et it

f,

1.

CONCEPTS OPÉRATOIRES ET CRITERES D' ANALYSE

Pour l'analyse formelle du NH des Lagides, nous utiliserons comme concepts opé-ratoires: noyaux significatifs etlou unités minimales de signification. Par noyaux signi-ficatifs, nous entendons les expressions ou phrases que l'usage traditionnela

canoni-sées comme vecteurs obligatoires de l'onomastique royale égyptienne, en général, et de l'onomastique lagide, en particulier. Les unités minimales de signification sont les éléments isolés ou dispersés, apparemment minimaux, mais qui de par leur ampli-tude de signification politique, culturelle et sociale sont, en ce sens, renvoyés aux titulatures.

L'idée sous-jacente à la création de ces concepts s'est fondée sur la conception que les «producteurs de protocoles» (prêtres, hauts fonctionnaires, membres de la famille royale, au-delà du propre souverairI) essayaient d'établir des liens de relation avec des éléments similaires et attractifs du passé, tout en recherchant la cohérence interne de chacun des Noms du protocole. Cet effort et cette emphase spécifique pouvaient four-nir à l'onomastique royale une apparence «traditionnelle» et «nationale» et, ainsi, fonctionner comme élément légitimateur efficace, surtout lorsque les souverains en cause étaient, du point de vue génétique, des étrangers.

(3)

1674

I.D.C. SALES

2

.

ANALYSE FORMELLE

o

u

NH

DES LAGIDES

2

.

1. Tableau gén

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:

NOMDEPHARAON NOMD'HóRUS(NH)

Ptolémée ler Sôter X

Ptolémée II Philadelphe X

Arsinoé II

-Ptolémée III Évergete ler X32

Bérénice II X2

Ptolémée IV Philopator X

Ptolémée V Épiphane X

Cléopâtre lere X

Ptolémée VI Philométor X

Ptolémée VIINéos Philopator

-Ptolémée VIII Évergete II X4

Cléopâtre II

-Cléopâtre III X

Ptolémée IXSôter II X2

Ptolémée X Alexandre I X

Bérénice III

-Ptolémée XI Alexandre II

-Ptolémée XII Néos Dionysos X

Bérénice IV

-Cléopâtre VII X2

Ptolémée XIII

-Ptolémée XIV

-Ptolémée XV X4

1 Cf.Henri Gauthier, LeLivre des RoisIV.Époque Macédo-grecque. Recuei! de titres et protocoles

royaux, nomspropres de rois, reines, princes et princesses, noms de pyramides et de temples solaires, suivi d'un index alphabétique, MIFAO, LeCaire, 1907, p.199-422,437-452; Jürgen von Beckerath,Hand -buch der Âgyptischen Kônigsnamen. MAS 20,1984, p. 117-123,285-295; Idem, Handbuch derAgypt

i-schenKõnigsnamen, MAS 49,Munich, Mainz, 1999,p. 232-247, et Dieter Kurth, «Ptolemaios» in LAIV,

Wiesbaden, 1982,cols. 1193-1197.

2 Le recuei I du NH danslestitulatures hiéroglyphiques desLagides, effectué àpartir dessources indi-quéesci dessus,nouspermet de constater quecertains gouvemants del'Égypte des siêclesIVàIav. J-C, possêdent plusd'une forme ougraphie confirmée de leur NH.C'est pourquoi, devant le«X» qui marque l'occurrence surgit,parfois, un nombre (<<X2», «X3», «X4», etc.),qui indique, de cette façon, leno m-bre deformes et/ ougraphies attestées.

(4)

TERMES ET CONCEPTS DANS LE PROTOCOLE PHARAONIQUE DES LAGIDES

1675

La premiere observation globale qui s'impose est relative aux gouvemants Lagides qui

ne po

ssê

dent p

as

de NH: Ptolémée VII, Ptolémée XI

,

Bérénice IV

,

Ptolémée XIII

,

Pto-lémée XIV -

ph

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5

. Soulignons tout

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cial

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ment

Ptolémée VIII et Ptolémée XV

,

pour lesquel

s

nous connaisson

s

quatre NH différent

s.

Nous pouvons dire que NH a

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té un composant e

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sentiel d

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termin

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r leurs dénominateur

s

communs le

s

plu

s

importants:

PHARAONS NH (NOMD'HoRUS) Ptolémée ler Sôter - wr-phty nsw kni

Ptolémée II Philadelphe - f:!wnw kni

Ptolémée IIIÉvergête

r

1. hkn-ntrw-rmt-hr

f

2. hkn-rurw-rmt-hr

f

m-ssp f-nsyt-m- 'sit]

3. wr-phty iri-'dt-m-btnw.f Bérénice II - s3t-f:!*3irt-n-hkl Ptolémée IV Philopator - f:!wnw-kni sI:!'i.n-sw.it

f

Ptolémée V Épiphane - f:!wnw I:!'i-m-nsw-hr-st-it

f

Cléopâtre lere - hwrüt) s3t-~1*3ir(t)-n-f:!*3t mrtti-ntrw-Blla I:!kr(t)-n-Ijnrnw

13tt-s3t-!)f:!wty wrtti-pht» shr(t)-t3wy rdi-n.s-Nbty-rhyt-n-nfrw

kni-sy-Nt-nbtu-Slw [ni-sy-Hthr-m-mrwt.s

3 Lesdeux premiers onteudesrêgnes si éphémêres sitantestque Ptolémée VIIa réellement régné en

145-144 avol.-C...,que,commeon peutcomprendre, il n'y apas eu detempsutile suffisantpoursa com -position.Bérénice IV (reine sanstitulature), qui a remplacé épisodiquement sonpêre aupouvoir, pendant que celui-ci s'exilait àRome (58-55 avol.-C.), n'a jamais eu deNH. Lesdeux frêres deCléopâtre VII,

cornplêtement subordonnés àleursceur etsubjugués par les événements dela conjoncture internationale deI'époque, I'ont vuassumer pour eux leNH.

4 Contrastant avec ces reineslagides,Bérénice H,Cléopâtrelere, Cléopâtre IIIet Cléopâtre VII ont porté

le NH (ainsi que le Nomen). Pour Bérénice H et pour Cléopâtre VII,on connait même deux formes de NH. Les autres reinesde la dynastie qui neportaient pasde NH possédaient, cependant, d'autres noms du protocole: Arsinoé II(Praenomen et Nomen), Cléopâtre IIet Bérénice III(Nomen). Même dans ce cas, il ne s'agit quedu nom leplususuel (nom personnel) dela titulature, simpletransposition deI'ono -mastique grecque sur des supportshiéroglyphiques, avecmoins d'impact etde signification.

5 Jürgen von Beckerath netranscrit point dans ses ouvrages unautre NH relatifà Cléopâtre Ill, qui,

cependant, est mis en évidence par W. Barta: nb(t)-t3wy kt-nht, «Maítresse desdeux terres, taureau vic -torieux» (Cf. W.Barta, «Zur Konstruktion der âegyptischen Kõnigsnamen» inZAS 116,1989, p. 111). Ce nom figure également dansPhillipeDerchain,El-Kab I.Lesmonuments religieux à l'entrée del'Ouady Hellal, Bruxelles, 1971,maisil n'est pastranslittéré.

(5)

1676 l.D.e.SALES

PHARAONS NH (NOMD'HoRUS)

Ptolémée VI Philométor - tni-m-ht snsn-Hpw-'nfJ-~r-msfJn(t).sn

Ptolémée VIII Évergete II 1.~wnw hkn.tw-m- 'nfJj-~r-nst-itjm 'r-spw dsr-msh'w f-hn=Hpw- 'nó

2. ~wnw hkn.tw-hr-nst-it

f

tit-dsrttl-nt-nsw-turw stp-n-Itm-ds

f

3. ~wnwhri-tp-pdt-S sJ-Wsir msi-m-Ist ssp-nf-nsyt-Rt-m- '-itj 4. ~wnw

Ptolémée IX Sôter II 1.dsr-mswt-hní-Hpw- 'nÓ npy- hpriw) snsn-mshniti-ni-sl-lst 2. kJ-nfJt ity-psd-m-Timri-mi-Hpw- 'nfJrdi-nf-hbw-sd- 'sJw-w/w

-mi-Pth- Tltnn-ii-ntrw

Ptolémée X Alexandre ler - rury-rn-hthnn.n-sw-Hpw- 'nfJ-~r-msfJn(t) hwnw-nfr bnr-mrwt sh'i.n-sw-mwt f-hr-nst-it

f

tml-' hwi- fJ3swtiti-m-shm.f-mi-R

"-psrj.j-m-3fJt

Ptolémée XIINéos Dionysos - hwnw-nfr bnr-mrwt !ni-sw-nbfic-rfJyt-~n'-kJj dwl.n.f-hnmw-s ps-r-ssp-n f-ti '(it-m-nsw snsn.n-shnw-m-b "w-mi-Nd-it

f

!~n-msw(t) -hr-nst-it.f-mi-Hr-kl-nht ity-psd-m-Tlmri-mi-Hpw- 'nfJ rdi-nf

-hbw-sd-'S3w-w/w-mi-Pt~-Tl!nn.it-npw Cléopâtre VII 1. wr(t) nbtti-nfrw 3fJ(t)-s~

2. wrt twt-n-it-s

Ptolémée XV 1. ~wnw

2. hwnw-nfr

3. hwnw-nfr bnr-mrwt 4. kl-nh: iJfJw-stwt-R'-J'~

En tennes diachroniques, i1 semble y avoir eu une complexification et uneplus grande profusion des formes constituantes du NH des Lagides, à partir dePtolémée

vm

inclus: plus qu'un nom, le NH est devenu une énumération de multiples épithêtes. Exception faite de Ptolémée X et Ptolémée

:

xn

,

tous les souverains lagides postérieurs à Ptolé -mée VIII (inclus) présentent plus d'une forme attestée de NH6• Durant la période antérieure, seul Ptolémée III possede plus d'une forme connue (plus précisément,

trois formes différentes de NH).

11faut également souligner que Bérénice II et Cléopâtre lereont aussi eu droit au NH. Cléopâtre VII est une autre des femmes de la dynastie qui apparait dotée d'un NH.

Cet aspect est d' autant plus important que, théoriquement, le NH serait exclusivement destiné au détenteur masculin du titre de «Horus».

6 Ptolémée VIII--4; Ptolémée VIII--4; Ptolémée IX-2; Cléopâtre VII-2 etPtolémée XV--4.En ce

qui concerne lesquatre NH de Ptolémée VIII, persistent certains doutes, àsavoir si leursNH2eNH3ont_

(6)

TERMES ET CONCEPTS DANS LE PROTOCOLE PHARAONlQUE DES LAGIDES 1677

2.2. Les u

n

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-nht

Globalement, I'unité minimale de signifieation de plus grande importanee est

l

~

~

'

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,

«le jeune» 7.En effet, eette expression revient 14 fois, ee qui eorrespond à son utilisation par 8 souverains différents":

~wnw ...

PrOL. PrOL. PTOL. CLÉOP. PTOL. PrOL. PrOL. PrOL.

II IV V I VIII X XII XV hwnw! hwntt)

hwnw-nfr bnr mrwt

• •

hwnw-kni

hwnw-hkn.tw-m- ...

hwnw-nfr

~wnw hri-tp-pdt 9

I:twnwIJ'i-m-nsw-hr st-it

f

Cependant, dans ses 14 oeeurrenees, l'expression eomprend différentes utilisations: dans 3 eas (Cléopâtre Iere9, Ptolémée

vm -

NH4 et Ptolémée XV - NH,), elle appa-rait isolée, le NH du pharaon étant simplement

~

wnw;

dans 4autres eas (Ptolémée X, Ptolémée XIlIO et Ptolémée XV), elle apparaít eomme élément intégrant un noyau signifieatif:

h

w

nw-nf

r

bnr-

mrw

t

,

«Ie jeune parfait, pur d'amour»;

dans 2 eas (Ptolémée 11 et Ptolémée IV), elle apparait sous une forme eomposée:

~

wnw

k

n

i,

«Ie jeune valeureux»;

dans deux eas également (Ptolémée

vm -

NH, et NH2) apparait la formule:

~

w

n

w

-hk

n

.

t

w

-m-

.

.

. ,

«le jeune ... dans la royauté de ... »;

les expressions eomposées:

h

w

n

w-

nf

r,

«le jeune parfait», et

~

w

n

w

h

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i-

t

p

-

pd

t 9,

«le jeune, suzerain des Neufs Ares», apparaissent une fois ehaeune (Ptolémée XV et Ptolémée

vm

,

respeetivement);

7 DansLA, Dieter Kurth préfêre toujours,pourtousles roislagides qui l'ont utilisée, laformule hwn

à~wnw (Cf./bid., col 1194: Ptolémée III,Ptolémée IV,Ptolémée V et Ptolémée VIII; col. 1195: Ptolé -mée X et Ptolémée XII; col. 1196: Ptolémée XV).

8 Ptolérnée lI, Ptolémée IV, Ptolémée V, Cléopâtre

r

=,

Ptolémée VIII (4 fois: integre ses 4 NH

connus),Ptolémée X,PtoléméeXII(deux fois) etPtolémée XV (troisfois: integretroisde sesquatreNH). Dans lecas dePtolémée XII,on acomptabilisé également laformule abrégée de sonNH présentée dans

IV, col. 1195: hwn-nfr bnr-mrwt lni-sw-nbti-rlJyt-~n'-k]f-r-ssp.nf-l/i-m-nswt-biti-mi-lfp- 'nh, <de jeune parfait,purd'amour, dontlekadistingue lepeupledesDeux Maitresses, celui quis'unit àlui-même,

brillant danslaroyauté comme Apisvivant». Danslapériode argéade, une desformes vérifiées duNH d' Alexandre IV intégrait aussicetélément (~wnw wsr-phty: <dejeune, puissant en/deforce»).

9 Désigné parhwntt}, <dajeune».

(7)

1

6

7

8

J.D.e. SALES

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é

op

â

tr

e

lere

es

t

,

de c

e

fait

,

une lon

g

u

e

compo

s

iti

o

n

g

lorif

i

catrice

des divinité

s é

gypti

e

nnes (dans c

e

cas, Khnoum

,

Thot

,

Neith et Hathor), teI

s «

spon-sor

s

co

s

mique

s

»

de

sa

rel

at

ion au trône et

à

la

s

ou

v

eraineté de l

'

Égy

pte. Le

s «

fai

s

eu

rs

d

e

Nom

s

»

ont ét

é

p

a

rticuli

e

rement

fidêles

a

u

x

notion

s

l

es

plu

s

rel

eva

nte

s

d

e f

a

ve

ur

di

v

ine a

ss

oci

é

e

s

au

N

H et l

es

ont utili

e

s

en prôn

e

d

'

une f

e

mm

e

é

tr

a

n

g

ê

r

e

,

Le

s

II Cf. PPVI,145, 15.

12 Lamême formule est employée dansl'un desNH de Cléopâtre VII utilisés par Dieter Kurth dans LA,autrement dit, slt-hk! ...wr-phty tni-sy-Nt-nbt-Slw, «filledugouvemant. .. grande en/de pouvoir, que Neith, Maitresse deSais,choisit» (Cf.LA IV,col. 1195).

(8)

TERMES ET CONCEPTS DANS LE PROTOCOLE PHARAONIQUE DES LAGIDES 1679

mêmes idées surgissent dans le NH de Cléopâtre VII, au travers de sJt-~~J .

..

wr-phty tni-sy-Nt-nbt-Slw,

«

fille du gouvemant .

..

grande en/ de pouvoir

,

que Neith

,

Dame de

S

ais,

choi

s

it

»

et ~~Jt

wr

t

sl

t-Gb Jl:

J

t-

s

J:t,

«

grande gouvemante

,

f

i

lle de Geb

,

excellente

e

n con

s

eils

»

13.

La glorif

i

cation div

i

ne en

g

lobe dan

s

ce cas Neith et Geb

.

Un

a

utre a

s

pect t

rês

intéressant que nou

s

pouvon

s

id

e

ntifier dan

s

le NH de

Cléo-p

â

t

r

e

lere

est le nom-phr

as

e

wrttr-phty

shr(t)-t

Jwy

rdi-n.s-Nbti-rhyt-n-nfrw,

«

grande en/

de force, ce

l

le qui cause l

a

satisfaction des Deux Terres

,

celle qui

amêne

la perfection

du peuple des Deux Ma

í

tresses

».

Nous nou

s

retrouvon

s

ici dev

a

nt ce que nous pou

-v

on

s

dénommer de

«

NDM camoufl

é»

.

De notre point de vu

e,

l

'

é

v

enta

i

l de si

g

n

ific

ation

s

adj

a

cent à la combin

ais

on de ce

s

no

y

aux

s'

aju

s

t

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parfaitem

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nt au t

y

pe de m

a

ni

f

e

s

tation

s

que

, gé

n

é

r

a

l

e

ment

,

1

'

0n cher

-cha

it

à

d

éc

l

a

rer dans un NDM: d

'

un côt

é

, l

a

pro

c

l

a

m

a

tion d

'

une idée de forc

e

et

v

igueur physique du roi, indispen

s

able à sa performance (wr-

pJ:tt

y

); d'un autre côté,

l'

expression d'un efficace exercice des fonctions sous

-

j

a

cente

s

au titre de souverain

égy

ptien

(s

hr

(

t

)

-t

Jwy

rdi-n.s-Nbti-rkyt-n-nfrwy.

Bien qu'ell

e

n'ait

au

c

un NDM

c

onnu

,

Cléopâtre l

e

r

e

possêde

un NH qui dépa

ss

e

,

à

no

t

r

e

a

v

i

s

, le

s

limit

es

h

a

bituelle

s

de ce

N

om. De

maniêre

di

ss

imu

l

ée

, s

on NH inte

-g

re le

s

même

s é

l

é

ment

s e

t m

ê

me un

e

r

é

f

é

rence directe

a

u

x

Nb

t

i

, «le

s

Deu

x

Ma

i

t

r

e

s

-ses»,

qui pourr

a

it

,

de forme tout

à

fait

a

ppropriée

,

con

s

titue

r s

on NDM.

Le NH de Cl

é

opâtre I

ll

mentionné pl

u

s haut (nb(t)-tJ

wy kJ-nl:Jt)

14attire notre atten

-tion

s

ur l

'

expre

ss

ion

«

tau

r

eau victo

r

ieux

»

, kl

-nht

,

exp

r

e

ss

ion ég

a

lement attribuée

,

en

rêgle

néral

e,

à

un

g

ou

ve

mant m

as

culin

,

comme d

'

ailleur

s

nou

s

pou

v

on

s

le

v

érif

i

er

d

a

n

s

l

e

NH d

e t

roi

s

autre

s

La

g

ide

s

: Ptol

é

m

é

e

IX <NH

z

),

Ptol

é

mée

X

II et Ptol

é

mée

X

V

(

NH

4) 15.

2

.

3. L

es

expr

es

si

o

ns

wr-phty et

Hpw-

'

nl:J

L'e

x

pression

~~

wr-phty

que nou

s

avon

s s

i

g

nalée pour Cléop

â

tre lêre

a

pparait au

ss

i

dan

s

le

s

NH de Ptol

é

mée

le

r et de Ptolém

é

e

Ill,

étant

,

pour c

ett

e rai

s

on

, a

b

s

ent

e

de

leur

s

NDMI6

.

Nou

s

cro

y

on

s,

cepend

a

nt

,

que d

a

n

s

ce

s

c

as,

c

'

e

s

t l

a

propre con

j

oncture

I3 Cf.Ibid., col.1195.

14Note 5.

15 Ence qui concerne le NH4de Ptolémée XV, kJ-nfJtiJfJw-stwt-R'-J'f:t, «taureau victorieux, brillant

com melesrayonsdeRêet deIâh(dieu-lune)», D.Kurth présente une autre lecture (kJ-nfJt iJfJw-R' stwt -J'f:t),autrement dit,avecunelégêre,mais significative modification dusens: «taureau victorieux, brillant commeRê (dieu-soleil) etcomme lesrayonsdeIâh(dieu-lune)» -Cf.

L

A

IV, col.1196.Nousretrouvons

aussi cette expression dans le NDM dePtolérnée X: shrw-ib-tlwy kJ-nfJt shm-nhh, «Celui qui apaise le creur des Deux Terres, taureau victorieux, puissant pour toujours» (Cf. Ibid., col. 1195). Pendant la

période desArgéades, Philippe Arrhidéeprésentait égalernentcette expression (kJ nfJtmri-Ml't, «taureau victorieux, airnédeMaât»), dansl'une desformes vérifiées à Karnak et à Louxor de sonNH.

16 Dansle NH deAlexandre IV,que nous avonsdéjà vu,I'expression, bien qu'ayant fondamenta

(9)

1

680

l.D.e. SALES

hi

st

o

r

iqu

e

qui ju

s

t

i

f

i

e l

a c

on

v

o

cati

on d

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r-p

ht

y

d

a

n

s

leur

s

NH

,

b

ie

n qu

'a

pp

a

remm

e

nt

pou

r

de

s r

aison

s

di

f

f

é

rente

s.

D

a

n

s

le cas de Ptol

é

mée

ler,

p

a

rc

e

que, en tant que premier roi de l

a

nouvell

e

d

y

nas-tie (

sa

tr

a

pe devenu roi)

,

il import

a

it de témoign

e

r dans la titulature de sa bra

v

oure et

d

e sa

di

s

tinction. Rap

p

elons la

s

t

ê

le d

u

satr

a

pe qui

s

ouli

g

n

a

it pr

é

cisément

sa

ferme

et r

éso

lu

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utorit

é

!

"

. L

a c

onjoncture ju

s

tifiai

t

qu

'

il fut e

xa

lt

é so

l

e

nn

e

llem

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nt comme

«

gr

and en/de forc

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ro

i v

aleur

e

u

x

»

, w

r

-

ph

ty nsw

k

ni'

".

D

a

n

s

le

c

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s

de Ptol

émée

Ill

,

nou

s av

o

ns

tro

is

NH

; ce

e

i

dit

,

se

u

l

l

e

~

r

éc

l

a

m

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I

'ac

-clam

a

tion publ

i

que

c

omm

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r-p

hty i

ri-

'

d

t

-

m

-

btnw

f

,

«

gr

a

nd en/ d

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for

c

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, c

elu

i

qui

m

assacre ses

enn

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mi

s

»

. On n

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ai

t p

as

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xac

t

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m

en

t le

s

moti

va

t

i

on

s

du

c

h

oix

/

att

r

i

-buti

o

n d

e

ce NH

3•

L

e c

h

a

n

g

em

e

nt d

e s

ens rel

a

ti

ve

m

e

n

t

au

x

NH

1

e

t NH

2

(

c

e

nt

rés s

u

r

la ro

ya

ut

é a

pprou

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ar

le

s

dieu

x e

t p

a

r les homm

es, a

utrement d

i

t

,

la notion d

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ue-ces

s

i

o

n au trône

s

an

s a

ucune oppo

s

ition

e

t san

s

l

'

ombre d'illégitimité

,

hkn-nt

r

w-rmi-hr

j

, «

celui qui plait aux dieu

x

et

a

ux homme

)

s

u

g

gêre qu

'

il peut avoir été formulé

et util

isé

aprês 241

av

o J

.

-c.

,

autrement dit

,

apr

ê

s

l

a

m

e

Gu

e

rre de S

y

rie. Le NH

3

du

ph

ara

on confirmer

a

it

a

in

s

i le

s

information

s

de l

a s

t

e

l

e

d

'

Aduli

s (

OGI

S

54

).

D

'

o

ü

l

'

a

l-lu

si

on

à

l

a v

i

c

toir

e (

<<

m

ass

acr

eses e

nn

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mi

s

»

)

,

a

b

sen

t

e

dan

s

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es a

utre

s

NH

, s

uppo

sés

ê

tr

e a

nt

é

r

ie

ur

s

.

Quo

i

qu

'

il en

soit, ces c

onje

c

tu

res o

nt pour b

ase

no

tre

con

v

ic

ti

on

se

lon l

a

qu

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ll

e wr

-pf:tty

es

t une m

a

r

q

u

e

d

is

tincti

v

e

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t obli

g

ato

i

re d

es

NDM

(

et de

cer

t

a

in

s

NO

)

e

t

qui

n

'a

pp

a

r

t qu

'

e

x

ce

ptionnellem

e

nt

d

a

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s

le

s

NH d

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Pto

m

ée

ler,

Pt

o

l

é

m

ée

Ill

e

t

Clé

o-p

â

tr

e

lere.

Dans le

s

deu

x

premier

s

c

as

pour de

s

r

ais

on

s

politique

s

tr

ês

concr

ê

te

s

; d

a

n

s

le ca

s

d

e

la reine-r

é

gente, de m

a

ni

ê

re

«

camoufl

é

.

Le N

H

de Ptolémé

e

VI introduit un énoncé import

a

nt dan

s

l

a

t

i

tulature d

es Lag

i-d

es

:

l

{}

\

t

!

-

9-

Hpw- 'nh,

«

Api

s v

i

va

nt

»

!

"

.

C

e

tt

e

ph

ras

e appar

ai

t

éga

lement

,

e

n e

f

f

e

t

,

d

a

n

s

d

es

NH

s

ub

qu

en

t

s:

Ptol

é

mée V

I

II

(

NH

1),

Ptol

é

mée I

X (

NH

1

e

t

~)Z0,

Ptol

é

-m

ée X

21

e

t Ptol

é

m

ée X

II.

17 Cf.J.-M.Bertrand,L'hellénisme. 323-31 avoJi-C. Rois, cités etpeuples, Paris,Armand Colin, 1992,

p.49.

18 Àpropos du terme nsw, soulignons que,dansLA, on noteuneclaire préférence pour la translitté-rationpleine- nswt - bien que, enfait, dansles formules hiéroglyphiques, comme lemontrent H. Gau-thieret J.Beckerath, ellesn'apparaissent pasdanslaforme pleine (Cf,LA IV,col. 1194;LdR IV,p.218; MAS 49,p. 234). Ce choix duLA de nswt sevérifie pourtouslesprotocoles lagides.

19 D. Kurth utilise comme critêre pour touteslestranslittérationsdesprotocoleslagidesquienglobent une

référenceàApis (Hep)la formeHp (au lieu deHpw, commele faitBeckerath)- Cf.LA IV,cols. 1194-1196.

20 Outres lesdeuxréférences patentes danslesdeux NHquenousprésentons dansle schéma-résurné

ci-dessus, onpeutajouter un autre NH misen évidence par D.Kurth: wlhml-mslh'] [...j-mi-Hp- 'nbrur

-nfr np-y-bplw, «celui qui renouvelle les naissances [...]com me Apis vivant, dieuparfait, divin de trans-formations» (Cf.LA IV, col. 1194).

21 Dansle casde Ptolémée X, outre le NH présenté, nous considérons également lavariante foumie

en translittération dans leLA IV, col. 1195: rury-m-ht !Jnm-lfp- 'nh-hr-mshnt f,«divin dans soncorps,

celui qui est associé àApis vivant sursesbriques denaissance». CeNH duLA IV coincide avecla pre-miêre partie duNH deMAS 49,p.242.

(10)

w

TERMES ET CONCEPTS DANS LE PROTOCOLE PHARAONIQUE DESLAGIDES 1681

Tous ces pharaons sont présentés en relation directe avec le taureau divin de

Mem-phis. Dans le cas de Ptolémée VI, il est également appelé

s

n

s

n-Hp

w

-

'nb

h

r

-m

s

hn

i

t

)-sn,

autrement dit, «jumeau d'Apis vivant sur ses briques de naissance». Dans les

autres cas, il n'y a aucune référence directe à la «naissance conjointe» humaine et

animale, bien que Ptolémée IX soit

ds

r-m

swt-

hn '-/jp

w

-

'

nh

,

«distingué àsa naissance

conjointe avec Apis vivant», et Ptolémée X hnm.n-sw-Hpw- 'nh-hr-mshnit], «celui qui

est associé à Apis vivant sur ses briques de naissance».

Indiscutablement, cette mention à Hep/ Apis dans le NH, même si elle n'est pas

tout àfait claire, suggere une profonde association du roi au taureau Apis, adoré dans

son royaume. Les naissances des pharaons en question auraient-elles comcidé avec

l'installation de nouveaux Apis dans le «palais de Memphis»? Serait-ce une co-

rela-tion d' évênernents historiques concrets? Ou bien, sommes-nous devant I'affirmation

d'une relation théologique entre le roi et le taureau memphite?

Pour certains auteurs, les noms reflêtent tout simplement la relation théologique entre

le roi et Apis, sans qu'il y ait une quelconque valeur inhérente aux supposées indica

-tions chronologiques". D'autres, cependant, défendent que les associations théologi

-ques sont bien mieux captées et perçues lorsque reliées à desévénements historiques

concrets, dans le cas présent, la naissance-accession au trône de taureaux

Ap

i

s

'"

.

Nous pensons que lesynchronisme potentiel qui se reflete dans les NH des pharaons

ci-dessus indiqués, à partir de l'unité de signification Hpw-

'n

h

,

prétend souligner

la liaison théologique entre le «dieu Horus» qui est le pharaon et le dieu Apis, nom

d'incamation, importante divinité de Memphis et du panthéon égyptien traditionnel.

Le NH est, sans doute, leNom royalle plus adéquat pour exprimer cette connexion

entre divinités. Simultanément, par association, on releve la précieuse collaboration

poli tique entre les rois et les prêtres memphites d' Apis. En outre, on peut même

accepter qu'un tel clergé ait activement participé

à

l'élaboration des titulatures des

Lagides, surtout àpartir de la fin du Il" siêcle avo

J.

-

c

.

Dans les cas de Ptolémée IX ~) etPtolémée XII, ladite expression Hpw-

'

n

b

inte

-gre une formule bien plus longue ou une juxtaposition de formules auxquelles seul

le NH de ces deux pharaons a recours:

kl-nht it

y

-psd-m-T

l

m

ri-

mi-Hpw-

'

nb

rdi-nf

-hbw-sd- 'S3w-wrw-mi-PtlJ-T31nn-it-nlrw, «Taureau victorieux, souverain qui illumine

laTerre Aimée comme Apis vivant, puisse-t-il mériter de nombreux festivals-sed comme

Ptah-Tatjenen, le pêre des

dieu

xs "

,

Authentique programme d'action de la royauté,

22 Cf. Günther Hõlbl,A History ofthe Ptolemaic Empire,London/ NewYork,Routledge, 2001,p. 281.

23 Cf.Ludwig Koenen, «The Ptolemaic King as areligious Figure» in lmages andldeologies. Sel

f-definition inthe hellenistic World,Berkeley-Los Angeles-London, University ofCalifomia, 1993,p.45.

24 LestermeskJ nht, «taureau victorieux», setrouvent aussi dansleNH dePtolémée XV.AussiPhi -lippe Arrhidée, comme nous I'avons vu,incorpore lamême expression dans sonNH.C'est, enoutre, un

énoncé qui ne s'emploie, entre les souverains Argéades et Lagides, quedansleNHet,dansunseulcas (Ptolémée X),dansleNDM. Voircequenous avonsdit plushautausujetdek!nht,

(11)

1682 I.D.e. SALES

ce NH est, dans le cas de Ptolémée XII, précédé d'autres noyaux qui emphatisent I' approbation de son rêgne.

2.4. La notion de

transmission héréditaire (it f)

Le NH est traversé par une inéluctable conception selon laquelle la délégation et l'exercice de la royauté sont deux vecteurs résultant d'une attribution double: I'hé ri-tage charnel, d'une part, et l'approbation divine, d'autre parto La notion de transmis-sion héréditaire est três forte dans le NH des Lagides et on la perçoit clairement dans les phrases suivantes:

1. m-ssp f-nsyt-m- =it], «celui qui a reçu la royauté à travers de son pêre» (Ptolémée III)25;

2. sh'i.n-sw-it.f, «celui qui est apparu à la place de son pêre» (Ptolémée IV);

3. IJ'i-m-nsw-hr-st-it

f,

«celui qui est apparu comme roi à la place de son pere»

(Ptolé-mée V);

4. hr-nst-it.f, «dans la royauté de son pêre» (Ptolémée VIII: NH! et N~);

5. nsyt-R'<m- '<it

f,

«(a reçu) la royauté de Rê de la main de son pêre» (Ptolémée VIII: NH3);

6. sh

'

i.n-sw-mwt.f-hr-nst-it],

«celui que sa mêre a placé dans la royauté de son pere»

(Ptolémée X)Z6;

7.

thn-mswtt)

hr-nst-it

f

,

«brillant dans la royauté de son pêre» (Ptolémée XII). L'unité minimale composée f:tr-nst-itj

('fiAi27

ou

d;:::::2

ou

8

'r~i

2

9)

ou ses équiv a-lentes n-sw-it

f

C_H.i

30) hr-st-it

f (

'fJi

3!) et nsyt-...-it

f (

Ht.i

32

),

integre donc, les NH de divers Ptolémées (Ptolémée III, Ptolémée IV, Ptolémée V, Ptolémée VIII, Ptolémée X et Ptolémée XII33). L'emphase commune va, notamrnent, à

it

f,

::t

,

«de son pêre».

25 Dans

LA

IV on utilise toujours la translittération nswit pour «royauté», au lieu de nsyt com mele

fait Beckerath. Cette regle s'applique également dans les cas des NH de Ptolémée VIII (phrase 5) et des NO de Ptolémée IX (Cf.

LA

IV,cols. 1194, 1195).

26 La phraséologie de ce Nom dePtolémée Xconcilie de façon créative les formules déjà constatées pour Ptolémée IV et Ptolémée VIII.

27 Ptolémée VIII: NH1(Cf.J. Beckerath, op. cit.,p. 241).

28 Ptolémée X (Cf, Ibid.,p.243).

29 Ptolémée XII (Cf.Ibid., p. 245). 30 Ptolémée IV (Cf.lbid.,p. 237).

31 Ptolémée V et Ptolémée VIII: NH, (Cf.Ibid., pp.237, 241, respectivement).

32 Ptolémée III et Ptolémée VIII: NH3(Cf.lbid., pp. 235,241,respectivement).

33 Simplement de par l'opposition entre lesLagides et lesArgéades, disonsque Alexandre IV Aigos

aun NDM dont le sensestsimilaire: rdi-n f-iiwt-n-it.f, «celui quia étéplacé dans la fonction de son pêr e-(Cf.lbid., pp.233).

(12)

-TERMES ET CONCEPTS DANSLE PROTOCOLE PHARAONIQUE DES LAGIDES 1683 Les prêtres-compositeurs des Noms, conscients de la valeur de l'ascendance-des -cendance pour la légitimation du pouvoir royal des nouveaux rois,

répêtent

exhaustive-ment les notions de liaison consanguine et de filiation comme vecteurs essentiels à la succession au pouvoir.

La nécessité absolue de vraisemblance de ces traits «familiers», fait que laplupart des unités minimales construites autour de

ir!

sont des allusions à des situations his-toriques précises et déterminées. La réalité vient en aide à l'idéalisation. «Être roi» est, en grande partie, le résultat d'être «fils de rois» et les Ptolémées sont les seuls rois de l'Égypte qui le proclament clairement dans leur titulature. C'est là la grande caractéristique et la grande différence qui les distingue au niveau des rois de l'Égypte ancienne.

3. SIGNIFICATION HISTORIQUE DU NH DANS LE PROTOCOLE PHARAONIQUE DES LAGIDES Le protocole pharaonique des Lagides, tout comme celui des pharaons d'époques plus anciennes, laisse entrevoir la façon dont les souverains voulaient et devaient être vus et considérés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la titulature représente un élément de prerniêre grandeur de l'idéologie royale.

Médiateurs entre les principes étiques etsociologiques de l'ancienne fonction royale et son application au présent, les prêtres égyptiens étaient le lien vital de cette conti-nuité temporelle entre passé et présent. En compilant les divers Noms du protocole des Lagides, réunissant des termes, des expressions, des notions et des divinités, les prêtres assurent l'unité et la cohérence de lapropre idéologie royale et la transforment en une valeur àperpétuer, selon avec les modeles originaires du três ancien fond poli -tique et culturel égyptien. En ce sens, de notre point de vue,

l

'

idéol

og

ie r

oy

al

e

se transforme subtilement, dans le cas des Lagides, en

id

e

ntit

é

d

y

nastiqu

e.

La continuité dynastique est, d'ailleurs, l'un des objectifs de l'idéologie royale.

Certaines formules onomastiques ont été directement inspirées d'évenements his -toriques concrets. Nous intégrons dans cette catégorie l'unité

w

r

-pht

y,

«grand en/ de force». Outre l'évocation de la notion abstraite de roi fort etvictorieux sur le champs de bataille, il peut y avoir eu, en effet, des évênements militaires concrets (externes et internes) sous-jacents à l'élaboration de ces épithêtes. De même, l'expression

kl-nht,

«taureau victorieux», même lorsque appliquée àdes figures féminines (ex.: Cléopâ-tre llI), peut avoir résulté d'une quelconque considération sur la conjoncture historique de certains rêgnes.

Cependant, il nous semble que c'est au niveau des archétypes de la royauté que de telles unités s'appliquent le mieux. Indépendamment du fait qu'elles serattachent aux accomplissements individuels de tel roi, les Noms du protocole agissent sur un plan supra-individuel et renvoient à des comportements idéalisés. Le cas de

I:t

wnw,

«Ie jeune», est paradigmatique. Comme nous l'avons vu, plusieurs rois de la dynastie

(13)

1684 lD.C. SALES

lagide ont été distingués par cette expression onomastique. Dans certains cas, nous comprenons clairement son application individuelle; dans d'autres cas, cependant, son usage dépasse largement les caractéristiques spécifiques de celui qui le porte. Des rois «jeunes» comme Ptolémée V (5 ans), Ptolémée XV (3 ans) ou Ptolémée VIII (15 ans) justifient l'épithete

~wnw.

Ce qui est surprenant c'est que Ptolémée VI, qui alui aussi accédé au trône

à

5 ans, n'a jamais été désigné par cette même terminolo-gie et que d'autres rois bien plus vieux (Ptolémée

TI:

23 ans"; Ptolémée IV: 22 ans35; Ptolémée XII: plus de 20 ans'") soient appelés «jeunes».

Si nous pouvons donc plausiblement accepter l'idée que certains NH aient été élaborés au gré de l'évolution des événements, nous ne pouvons minorer l'éminente composante idéologique qu'ils contiennent. La «jeunesse» royale, garantie absolue de force et de vigueur, était une qualité idéalisée qui pouvait être attribuée au roi, indépen-damment de son ãge concret. Il y a, dans ce cas, un mélange de réalité et de fiction. Le caractêre le plus significatif de l'onomastique pharaonique des Lagides réside précisément dans cette tentative de faire du roi un

setut er netjer nefer,

autrement dit, quelqu'un «qui s'apparente

à

un dieu parfait». Tous les concepts, termes et notions sont conjugués pour atteindre cette aspiration.

Ce qu'était un pharaon - ou ce que l'on prétendait qu'il soit - était manifesté par les titres qu'il portait et les Noms d'Horus qu'il possédait. Du fait que I'accês à la royauté représentait une étape fondamentale de son existence, ou dans une perspec-tive plus métaphysique, une nouvelle existence, les Noms protocolaires devaient la proclamer indubitablement.

34 Cf. PP VI, 14540. 35 Cf. Ibid., 14545. 36 Cf. Ibid., 14558.

Referências

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