19301 INFORMATION SANITAIRE
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Or, ces auteurs nous apprennent que les déjections des moustiques infectés sant
virulentes et déterminent chez le macaque des formes graves ou non de fiBvre
jaune transmissible; que les mêmes fèces d’A. aegypti infectés, simplement dépo-
sées sur la peau ou la conjonctive des singes peuvent leur transmettre la maladie.
Bien plus, ils nous prouvent que A. aegypti mâle peut tout comme la femelle
transmettre la fièvre jaune soit après avoir piqué un malade, soit fait plus trou-
blant, après être resté en contact avec des femelles contaminées. Il n’est donc
pas illogique d’admettre que la chaîne amaryle est plus complexe qu’on ne
l’admettait jusqu’ici, en se bornant au rôle de vecteur principal reconnu à A.
aegypti, à plus forte raison si on se réfère aux observations faites par Bauer en
Nigeria qui montrent l’intervention possible d’autres moustiques. Bauer, en
effet, a obtenu des transmissions de virus avec d’autres espèces de Stegomyia:
A. luteocephalus, A. spicoannulatus et avec une espèce bien différente qu’on
n’s’attendait pas à trouver dans la bagarre amaryle: SEretemopodites chrysogaster.
Pettit, Stefanopoulo et Roubaud 2 montrent que le magot algérien est tres
sensible au typhus amaril et qu’il en meurt rapidement. En outre, ils établissent que les stegomies des régions, indemnes de fi.èvre jaune, sant aussi capables de
transmettre le virus amaril, que les stegomies des contrées d’endémicité. En
particulier, la stegomie du Nord-africain est capable de jouer le r61e de vecteur de virus. Ces notions sont importantes & connaître pour les hygiénistes, à une époque où les avions peuvent véhiculer un jauneux encore infectieux dans un pays
jusqu’alors exempt du redoutable fl8éau.
L’Encéphdite Postvaccinale et son Traitement
Les commissions officielles de Hollande, d’Angleterre, de la Société des Nations,
ont pensé que l’encéphalite survenant chez des sujets récemment vaccinés n’est
pas le fait du virus vaccinal, mais d’un virus différent qui n’a d’ailleurs jamais été mis en évidence et dont l’activité serait déchaïnée & la suite de la vaccination.
Cette opinion est également acceptée dans la plupart des pays. Hekman 3 pense
cependant plus naturel d’invoquer l’intervention du virus vaccinal dont l’expéri-
mentation a démontré les affinités neurotropes. C’est en partant de cette idée
qu ‘il a, depuis le mois d ‘août dernier, recouru dans les encéphalites postvaccinales
aux injections intraveineuses de sérums de sujets récemment vaccinés avec
succès. Dans presque tous ces cas le sérum provenait de parents vaccinés en
même temps que leurs enfants et avec le même vaccin. Il en a été de même dans d’autres encéphalites traitées par six de ses confrères. Chez un de ses malades
il a employé avec le même succès en injections intramusculaires le sang total
citraté du père vacciné quatre ans auparavant. Le nombre des encéphalites
après primo-vaccination traitées ainsi par l’auteur et ses confr&res a été de 16 sur lesquelles il a étE relevé 14 guérisons complètes et rapides, soit une proportion de
guérisons de 87.50 pour cent si on 6limine un cas injectg in extremis. Cette
efficacité du traitement. en même temps que la modification marquée suivant de
très près la première injection apporte un argument décisif en faveur de la nature
vaccinale de ces encéphalites. Dans les encéphalites survenant chez les revac-
cin&, beaucoup plus rares que chez les primo-vaccinés, l’apparition de I’encépha- lite est sensiblement plus précoce: quatre ou cinq ours ou lieu de dix à quatorze. Cette incubation plus courte correspond à l’apparition plus hâtive de 1 ‘éruption
vaccinale. Elle doit être rapprochée de la durée moindre de l’incubation de la
variole chez les sujets vaccinés, relevbe par de Jong ches les varioleux à La Haye.
Les encéphalites postvaccinales sont devenues plus frbquentes alors que la vac-
cination jusqu’à ces dernières années passait, à bon droit, pour inoffensive.
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OFICINA SANITARIA PANAMERICANA [Agosto, 19301Cette différence tient vraisemblablement à ce que, sous I’influence de causes encare
mystérieuses, le vaccin, virus, a acquis un pouvoir pathogène plus marqué. On
vient d’assister à Rotterdam à une modification de même ordre portant sur le
bacille dipthérique contrelequel le serum s’est montré moins efficace. Netter dit
que la communication du docteur Hekman fournit un argument précieux en
faveur de la thèse de la nature vaccinale de l’encéphalite postvaccinale. La
connaissance des résultats obtenus par lui a incité le professeur Paschen (de
Hambourg) à faire recueillir et à garder dans la glacière le sérum prélevé 10 à 12 jours apres la vaccination chez les élèves infirmières qui, des leur admission, sont à la fois vaccinées et soumises à l’épreuve de la tuberculine. Mis à la disposition du docteur Gruneberg d’ Altona, ce sérum a été utilisé dans deux cas d’encéphalite postvaccinale et les effets des injections intraveineuses ont été tres favorables et tres rapides. La connaissance de ces résultats a amen6 le ministre de la Santé de Prusse à émettre le 13 février dernier une circulaire invitant les médicins, en ’ cas d’encephalite, à prélever le sang des parents ou de personnes saines vaccinées
avec succès et à injecter sans retard ce sang total citraté dans les muscles du malade.
Ictères Infectieux et Eacilles du Groupe Typhique
Il est peu de chapitres de la pathologie humaine qui offrent plus d’obscurité que celui des rapports des ictères infectieux avec les bacilles du groupe typho- paratyphique.4 Après un période oti l’on ne parlait que des rapports de causalité entre bacille d’Eberth, paratyphique et ictère infectieux, on en est venu à douter de l’action pathogène de ces microbes et la plupart des chercheurs ne les con-
sidèrent plus que comme des germes de sortie sans action pathogène. On re-
marque en particulier qu’expérimentalement, il est impossible de produire un
ictère infectieux sur I’animal, en provoquant des septicémies avec les bacilles de
ce groupe. Au point de vue clinique, une discrimination immédiate doit être
envisagée. TantBt il s’agit avec Evidente d’une maladie typholde, d’une dothié-
nentérie accompagnée, suivie et parfois même précédée d’ictère; tantot, au con-
traire, il s’agit d’une maladie du type de l’ictère infectieux avec état fébrile
moderé et paraissant évoluer pour son propre compte. Le premier type peut
être rangé sans difficulté dans les ictères secondaires, le second dans les ictères primitifs. Il y a quelques années, avant les travaux d’Inada et Ido, on n’aurait pas hesité, dans ce dernier cas, 31 attribuer la maladie ictérigène au paratyphique, on aurait largement insiste sur les réactions d’agglutination parallèles á l’evolu-
tion morbide et on se serait singulièrement trompé. Néanmoins, il n’y a pas
lieu de considérer comme sans inthret, ces ictères infectieux avec présence de
paratyphiques dans les selles, dans le liquide duodénal, dans le sang; ces germes indiquent sans doute, s’ils sont associés a un virus plus directement ictérigène et
spécifique, une origine intestinale de la maladie, une origine hydrique et ces
constatations microbiologiques doivent 6tre retenues. La preuve évidente de
causalité entre les germes du groupe paratyphique et l’ictère est loin d’être faite. Jusqu’à preuve du contraire, le deuxième type d’ictère que certains auteurs ten-
draient à admettre comme étant de nature paratyphique doit fitre considéré
comme une forme de l’ictère commun fébrile. En tous cas, ces ictères ne pré-
sentent ni I’évolution, ni les lésions anatomiques, ni le pronostic d’une infection
typhoïdique et, en attendant la découverte du virus causal, le traitement pure-
ment symptomatique sera celui de tous les ictères infectieux.