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Les Pyrénées-Atlantiques autrefois

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Academic year: 2023

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L e s P y r é n é e s - A t l a n t i q u e s

A u t r e f o i s

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Michel FABRE

L e s P y r é n é e s -

A t l a n t i q u e s

A u t r e f o i s

Collection : Vie quotidienne autrefois

HORVATH

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A ma mère

Les cartes postales et illustrations f o n t partie de la collection de l'auteur, hormis celles m e n t i o n n é e s "Musée Béarnais, Pau".

Si malgré nos recherches, il s'est avéré impossible de joindre les ayants droit d'auteurs ou d'éditeurs d'ouvrages, de cartes postales anciennes ou de photos, dont nous avons néanmoins tenu à reproduire certains docu- ments, nous espérons que cette occasion leur permettra de se révéler à nous. "Droits réservés" pour cette catégorie de documentation.

@ Editions HORVATH

27, bd Charles-de-Gaulle - 42120 Le Coteau I.S.B.N. 27171-0711-8

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UN JOUR

Anatole France, que l'on oublie de plus en plus, regrettait de voir l'homme trop plongé dans les livres et pas suffisamment dans la nature où l'on peut puiser des consolations. Elles sont nécessaires à l'homme pour panser les plaies morales qu'il s'inflige. Donc, pas de livre ! En revanche, voudriez-vous cheminer dans la nature, écouter, jouir des paysages dus au génie du créateur et des monuments dus au génie de l'homme ? Vous promener dans le passé à la recherche d'images de la vie quotidienne d'autrefois, cueillies au hasard des diffé- rentes classes de la société, images parmi beaucoup d'autres que vous pouvez imaginer ? Autrefois, c'est à la fois le monde du rêve et de l'histoire, tant les ans ont modifié, détérioré ou même détruit les images qui, naguère, vivaient encore dans les mémoires. Observer, essayer de savoir, avant qu'il ne soit trop tard, ce qu'était la vie dans telle ville, tel village, pour tel personnage, à l'époque considérée comme "Belle" aujourd'hui alors qu'elle était loin de l'être pour tous les Français de notre département, Basques et Béarnais...

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Oublier que l'on vit à la fin du XXe siècle, gommer un siècle, parfois plus, parfois moins, afin de se retrouver dans le département d'autre- fois et, bien sûr, dans son chef-lieu, Pau, ancienne capitale du Béarn où naquirent deux rois : Henri IV, roi de France et de Navarre, Charles XIV, roi de Suède et de Norvège... Essayer de vivre dans un climat ensoleillé de bonnes manières et de papotages, d'élégance et d'insouciance, participer aux divertissements en se montrant travailleur ou sportif, assister à des courses de chevaux, prendre part à des chasses à courre puis parcourir en carriole bourgs et villages endor- mis, escalader les pics et, toujours en quête d'émotions, s'en aller rêver au bord de la Côte d'Argent...

Nous le savons : le charme et l'originalité du département procèdent de la présence de la montagne Pyrénée et de la côte que, sur une trentaine de kilomètres, fouette l'océan Atlantique. En 1790, les Pyrénées de notre département, lors de sa création, se virent attribuer l'épithète de "Basses". Elles allaient s'en trouver fatiguées. Quand le 7 prit la place du 9, et réciproquement, en 1970, elles devinrent

"Pyrénées-Atlantiques". C'est logique, on le comprend, et vous avez

compris que, selon le souhait tacite de l'auteur de Thaïs, nous ne vous

invitons qu'à feuilleter un album de cartes jaunies qui, gardant leurs

secrets, suscitent la curiosité et même, peut-être, une sorte d'amour.

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Pau : la maison natale de Bernadotte roi de Suède.

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« P a r c o u r i r en carriole bourgs et villages endormis... »

"Aimez ce que jamais vous ne verrez deux fois", disait Anna de Noailles. Le seul plaisir de la vie n'est-il pas d'aimer ? Principalement les souvenirs embrumés de mystère, transmis de génération en géné- ration, de vous aimer, images d'autrefois, sans lesquelles les images d'aujourd'hui ne seraient pas ce qu'elles sont...

Donc, cette "plaisanterie bouffonne qu'on appelle la vie", disait Flaubert (il ne lui trouvait aucun sens) variait selon les classes de la société. Les uns travaillaient, les autres regardaient travailler. Peu à peu, les fortunes s'effritant, la vie quotidienne, pour ceux-ci, devint moins sereine. Le niveau social la réglementait, façonnant même l'in- tellect de chaque individu. Il serait erroné de croire qu'un paysan pense, juge et agit moins noblement qu'un noble d'extraction. Un ouvrier honnête et consciencieux peut être doté d'une âme plus belle que celle d'un authentique marquis. La vie quotidienne des uns et des autres, de ces hommes issus de provinces différentes gardant leurs coutumes et leurs traditions, la vie de ces hommes appartenant à des milieux différents s'écoulait au rythme des aléas familiaux, des fêtes locales et, surtout, des saisons qui varient les travaux.

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La côte que fouette l'océan...

Sur une scène de théâtre (le théâtre n'est-il pas la représentation de la vie mise au moule du talent ou du génie ?), un décor bien comparti- menté permettrait d'observer simultanément un cultivateur parlant basque ou béarnais, suant au soleil, un ouvrier grasseyant et résigné, penché sur son établi, un philistin satisfait dans sa boutique, un baron au timbre flûté de Trissotin pinçant la consonne dans son castel meu- blé de marquetteries estampillées. A la fin de la journée, on retrouve- rait le premier assis au coin de l'âtre qui crépite, le bourgeois, copie conforme de ceux que ne pouvait souffrir Flaubert. Il pérore dans sa salle à manger où le cuivre rutilant de la suspension promène des ombres. L'aristocrate à baise-main, le riche étranger, le voici conforta- blement calé dans une bergère d'époque... Cette pièce, comme un roman de Maurice Genevoix, pourrait s'intituler Un Jour. Cette pièce où se mêlent les genres, c'est vous-même qui, à loisir, la concevez avec les personnages défilant dans ce recueil d'images. Certains travaillent, d'autres regardent. Tous vivent. Pour les mieux comprendre, n'est-il pas nécessaire, voire logique, de commencer par brosser les lieux où ils se trouvent : le décor ?

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(Musée Béarnais, Pau)

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LE DÉCOR

Dans le département, cohabitent donc deux entités, deux histoires faites de conflits, l'eau et le feu, dans des décors également distincts.

Pourtant, l'Eskual-herria, le Pays basque, la terre euskarienne aux cou- leurs vives et la terre béarnaise aux nuances que pastellise la qualité de la lumière s'harmonisent comme le Basque et le Béarnais devenus Français tout en gardant leur individualité (c'est en 1895 que, pour la première fois, à Bilbao, il fut question de nationalisme basque). Les paysages béarnais (les deux tiers du département) avec la muraille des Pyrénées, le pic du Midi d'Ossau (2885 m), Jean-Pierre disent les ini- tiés qui se garderaient bien d'avoir une dent contre cette double dent, cette molaire mordant l'horizon, les paysages avec leurs forêts, les val- lées d'Aspe et d'Ossau dont les gaves respectifs dévalant de la mon- tagne se rejoignent dans celui d'Oloron, les champs de maïs (le maïs, très abondant, introduit dans le département au XVIIIe siècle, donnait

"le pain des pauvres"), les champs de blé (le froment), les coteaux de Jurançon et de Monein enivrants et bronzés où Bacchus fait son oeuvre, n'ont rien de comparable avec les paysages d'Euskadi, savoir les trois anciennes provinces basques : le Labourd, la Basse-Navarre et

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la Soule (la province la plus pauvre) qui forment le Pays basque fran- çais. De ses 900 m d'altitude, la Rhune, dont le nom n'est qu'une déformation de "Larre Ona" (bon pâturage), prend un air de souve- raine observant l'océan tandis que des collines ondulent et que les rivières Nive, Nivelle, Joyeuse, etc. ont des grâces de jeunesse éter- nelle. La côte, ponctuée de stations et de ports sur les rives de l'océan tantôt en furie, tantôt endormi, offre le spectacle à la fois troublant et apaisant de l'immensité. "Il a tout pour lui", disait du Pays basque François Duhourcau : "la montagne et la mer, les champs et les bois et les landes, et une ample chevelure de rivières..." Seul le sol y est relativement pauvre.

Dans ce département aux paysages variés, la principale ressource (on dit industrie) est l'agriculture sous forme de polyculture en exploi- tation familiale. L'élevage occupe une place prépondérante (ovin en montagne, bovin et avicole en piémont). La vie quotidienne des Basques et des Béarnais, à quelque chose près, répète les mêmes gestes dans un climat presque identique où les températures sont douces, où les gelées se font oublier tandis que les saisons se jalousent et se taquinent. L'une prend la place de l'autre. Les hivers ont des charmes de printemps. Les automnes restent des étés même si les pluies parfois y sont tenaces comme au printemps. Un annuaire de

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1850 influencé par les déclarations du médecin écossais Alexander Taylor déclare que "la bégninité du climat des Basses-Pyrénées y pro- longe la vie humaine bien au-delà du terme ordinaire (...) la proportion des décès y est plus faible que dans tous les autres départements". A Nice, une personne sur trente et une meurt. A Pau, une sur quarante- cinq. Comment, dans un tel climat, les étrangers, les oisifs favorisés par la fortune, les malades connaissant les vertus des eaux thermales du département, ne viendraient-ils pas ? Les décors varient sans cesse avec une coquetterie de courtisane. Pour être courtisés ? Les Basses- Pyrénées deviennent région touristique où l'on se plaît à séjourner.

D'où la diversité des classes sociales que l'on y rencontre. Les plus aisées mènent une vie mondaine.

La maison basque, comme son propriétaire, se différencie de la maison béarnaise. L'une et l'autre ont leur caractère propre et, de plus, au sein du Pays basque, comme au sein du Béarn, les types de maisons varient selon les lieux. Il y a la maison labourdine, la maison bas-navarraise et la maison souletine. Ce qui saisit, c'est la blancheur de l'''etche'', temple dont la religion est la famille. Au soleil, cette blan- cheur de chaux éblouit. Les balcons fleuris, les bois peints en rouge ou brun, les poutres disposées géométriquement se détachent sous le toit

Maisons au bord de la Nive à Saint-Jean-Pied-de-Port.

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A Biarritz, comme ailleurs, le paysage changera puisque changeront les personnages qui I 'animent.

Dans les villes et villages, les femmes se vêtent mêmement. Les hommes ne savent plus ce que fut le costume du dimanche de leurs grands-parents et de leurs aïeux. Ils adoptent le jean taille basse, bien moulant comme celui des filles qui veulent être leurs égales. Ils portent le polo bizarrement bigarré, chacun se montrant fier de son propre look à l'heure où la société se banalise, cela n'est pas logique. Dans les rues où les grandes surfaces ont pris la place des petits épiciers, dans les squares où, depuis longtemps, on n'aperçoit plus de curé en sou- tane marmonnant le bréviaire, dans les lieux publics, églises, théâtres on s'embrasse goûlument. Simple constatation. Nous n'oserions criti- quer notre siècle. Mme de Staël dirait que c'est le seul moyen de ne plus en faire partie. Quel dommage! Pour beaucoup de travaux les machines remplacent les bras. Toutes classes confondues, la démocra- tie étant mère d'une seule classe dépersonnalisée, les descendants de ceux qui se targuaient de leurs prérogatives se coudoient avec les des- cendants de ribauds, de cagots et autres proscrits des sociétés éva- nouies. Sur la Côte d'Argent, le sexe que l'on croyait faible et prude ne cherche plus à voiler des seins couleur de fruits surs ou blets. Les mâles, avec fierté, ne cèlent qu'un minimum (et encore!) de formes ombreuses et triomphantes. Dans les rues, au resto, au ciné, dans les boîtes où l'on ne jauge plus les décibels mais les bels, dans les piaules des nanas qui, dès l'âge de treize ans, prennent la pilule (quelle pilule pour le clergé bien pensant!) et qui, toute la journée, en cadence, actionnent leur mandibule en ruminants qu'elles sont, chez les mecs bien velus, vach'ment sympa et super in, les langues basque et béar-

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naise ne sont plus que des sujets d'études, on ne les parle plus cou- ramment. La langue française (elle ne manque pas de mots) souffre de maux multiples. Des termes sont tombés en désuétude, combien depuis la "dolce vita" de la Belle Epoque? Le temps, qui comme la pensée, ne s'arrête jamais a traversé deux guerres et des siècles. Le langage se fait iroquois. Il a ses modes fugitives. Faut être branché. Un ado trouverait ringard de ne pas s'éclater...

Donc, pas de conclusion! Epoques et générations se suivent et se bousculent, s'imprègnent et renaissent depuis la plus haute antiquité.

Rien ne se terminera. Le progrès (?) métamorphose l'éthique, les manières de penser et de vivre. La vie, inlassablement, charrie des images éparses et fugaces ayant suscité l'attention d'un Anatole France à tel point que celui-ci entreprit des recherches dans la Bibliothèque de Pau quand elle était située parmi les légumes et les fruits, les denrées de la halle. Le bibliothécaire, Gabriel Loirette, se montra confus de l'accueillir dans une telle anarchie : "Rassurez-vous, lui répondit celui qui fut l'amant de la subtile Mme de Caillavet; le travailleur ne doit jamais oublier que la pensée ne serait pas possible sans le beurre, les carottes et les choux. C'est pour vous rappeler constamment cette vérité que la ville consent à vous maintenir depuis si longtemps dans ce cadre pittoresque." Pittoresque comme le département où le jour succède au jour, à la fois semblable et différent avec les promesses de l'inconnu aidant à vivre. Oui, Anatole France, que l'on oublie de plus en plus...

De l'autre côté du tunnel, trouve-t-on les Pyrénées-Atlantiques aujourd'hui ?

Referências

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Além do comércio realizado durante as viagens, pude observar outros espaços onde ocorria a venda informal, como o terminal do BRT de Santa Maria e a rodoviária, que