ÉVOLUTION DE DIFFÉRENTS PARAMÈTRES SANGUINS DU MÉTABOLISME ÉNERGÉTIQUE CHEZ LA VACHE LAITIERE EN DÉBUT DE LACTATION
J.B.
COULON B. REMOND 1
M.DOREAU
M.JOURNET 2
Jeanne FLECHET Renée LEFAIVRE, B. MARQUIS Claire SORNET
1: Laboratoire de la Production Laitière, INRA-CRZV de Theix, 63122 Ceyrat, France.
2: Station de Recherches sur la Vache Laitière, INRA -Sain t- Gilles, 35590 L’Hermitage, Franc,.
Summary
EVOLUTION OF SOME PLASMA COMPONENTS OF ENERGY METABOLISM IN DAIRY COWS IN EARLY LACTATION. ―
Thirty eight lactating dairy
cows weregiven
ad libitum a diet of maizesilage supplemented
with concentrate(3
to 5.5kg/day).
Five bloodsamples
were taken from 25 cows from the last week of pregnancy to the 8th week of lactation. The other thirteen cows weresubjected
to a morefrequent sampling (three
times a weekduring
the first five weeks oflactation).
Eachplasma sample
wasanalyzed
in order to assess itsglucose,
acetone,p-hydroxybutyrate
and non-esterifiedfatty
acidscontents. The
glucose
content of theplasma
was minimum and the acetone content was maximum at the end of the second week of lactation when the cumulated energy balance was at its mostnegative
level. It
appeared
that the individualglucose
and acetone contents wereclosely
related to the cumulated energy balance, while the non esterifiedfatty
acids content wasclosely
related to the energy balance at the time ofsampling.
From all the data obtained, agood negative
curvilinear relation between theglucose
content and the ketone bodies content was observed. These results are discussed with the mobilization ofbody
reservesduring
theearly
lactation and its consequences.En début de lactation chez la vache laitière forte
productrice,
lebrusque changement
dansl’équi-
libre entre les besoins et lacapacité d’ingestion
entraîne des modifications
importantes
des diffé-rents métabolismes et en
particulier
du métabo- lismeénergétique.
Ces modifications se traduisent par de fortes variations des teneursplasmatiques
de certains métabolites; enréponse
à un déficiténergétique important
et à une demande élevéeen
glucose
par lamamelle,
l’animal mobilise sesréserves
lipidiques
et augmente sanéoglucoge-
nèse
hépatique,
cequi
conduit à une élévation des tauxplasmatiques
d’acides gras non estérifiés et des corpscétoniques (Decaen
etJournet,
1967 ; Remond et al.,1973;
Schwalm etSchultz, 19761.
La mesure de ces
paramètres
peut permettred’évaluer l’état de nutrition
énergétique
del’animal
(Erfle
et al.,1974;
Rowlands et al.,1975).
Dans le cadre d’une étude
plus générale
de lacapacité d’ingestion
des vaches laitières en début de lactation(Coulon
et al.,1984a),
nous avonscherché à relier certaines anomalies de
l’ingestion
à des circonstances
métaboliques particulières (acétonémie)
(Coulon et al.,1984b).
Nousdispo-
sions donc de données trèsfréquentes
obtenuessur des animaux conduits de
façon homogène.
Nous avons donc voulu d’une part décrire l’évolu- tion
précise
desprincipaux paramètres
du méta- bolismeénergétique
au cours des touspremiers
jours
de la lactation, et enparticulier
de l’acide(3-
hydroxybutyrique,
corpscétonique
leplus impor-
tant en
quantité
et de l’acétone,qui
par son accumulation dans le sang est àl’origine
descétoses. Nous avons d’autre part voulu étudier les relations entre ces différents
paramètres
et le bilanénergétique,
afin depréciser
les circonstances des modifications du métabolismeénergétique
surve-nant à cette
période critique
de la lactation.Matériel et Méthodes
Animaux et prélèvements sanguins
Cet essai a été réalisé entre les mois d’Octobre 1979 et Janvier 1980. Sur une période s’étendant de 15 jours
avant le vêlage à 8 semaines après, il a concerné 38 vaches de type Pie-Noir en 21 lactation et plus, et conduites en stabulation entravée et paillée. Treize d’entre elles, toutes en 31 lactation et plus (lot 1) ont fait l’objet de prélèvements sanguins plus fréquents que
ceux effectués chez les 25 autres vaches (lot 2). Ceux-ci ont été effectués dans la veine jugulaire en début d’après midi (13 h 30) à l’aide d’une aiguille de faible diamètre (1,2 mm) et dans des flacons sous vide héparinés. Les prélèvements ont eu lieu 3 fois par semaine (lundi, mercredi, vendredi) pendant les cinq premières semaines de lactation des animaux du lot 1 et 8 jours avant le vêlage, 7, 21 et 35 jours après sur l’ensemble des animaux et 56 jours après sur certains d’entre eux. Dans le plasma, obtenu par
centrifugation
puis congelé à - 20 °C, on a dosé le glucose par la méthode à la glucose oxydase (Trinder, 1969), les acides gras non estérifiés (AGNE) par la méthode colorimétrique d’Anto- nis (1965), le(3-hydroxybutyrate
(BHB) par la méthode enzymatique de Williamson et Mellanby (1974), l’acétone par la méthode de Procos !1961), la glutamate déshydrogénase (GIDH) par la méthode de Schmidt et Schmidt (1962) optimisée et lay-glutamyl-transférase (yGT)
par la méthode de Szaz (1974).Alimentation
Tous les animaux ont été alimentés de la même façon: en fin de gestation (deux dernières semaines), ils
ont reçu 2 kg de matière sèche (MS) d’ensilage de maïs par 100 kg de poids vif, 1 kg de tourteau tanné et 150 g d’urée.
En début de lactation, l’ensilage de maïs a été distri- bué à volonté. Les quantités d’aliments concentrés offerts ont été, à une semaine donnée, les mêmes pour tous les animaux. Elles sont passées de
3,0 kg/j
en1&dquo;’semaine à
5,5 kg/j
en 51 et 61 semaine. De cette façon, en 5’ semaine de lactation, la ration totale satis- faisait les besoinsénergétiques
d’entretien plus ceux nécessaires à la production de 32kg
de lait à 4 % (soit la production maximale moyenne attendue d’après la lacta- tion précédente). La composition de l’aliment concentréa été adaptée à chaque animal en faisant varier la proportion de tourteau tanné de manière à couvrir les besoins azotés individuels dès la 1&dquo; semaine de lacta- tion (ou de
la 2 e pour
les vaches les plus fortesproductricesl.
L’ensilage
de maïs, l’urée(200 g/jl,
le complément minéral(300 g/j)
et les aliments concentrés ont étémélangés
et distribués en deux fois, en quantités égales à 8 h 30 et 17 h 30. La composition des aliments et leur valeur nutritive sont précisées dans le tableau 1. Du foin (2kg/j)
a été distribué à une partie des animaux, sans conséquence notable sur les quantitésingérées
ou la production laitière (Coulon et al., 1984a). Nous n’avons pas tenu compte de la présence ou non de foin dans la ration pour cette étude.Mesures
Les quantités d’aliment offertes et refusées ont été mesurées 5 à 7 jours par semaine, la production laitière tous les jours et les taux butyreux et protéiques quatre jours par semaine sauf en première semaine (tous les
jours).
Les résultats zootechniques de cet essai ont été décrits antérieurement (Coulon et al., 1984 a et b).Les bilans UFL,
corrigés
pour tenir compte de la proportion d’aliment concentré et du niveau d’alimenta- tion (Vermorel, 1978), ont été calculés par différence entre apports alimentaires et besoins. La concentration énergétique de la ration a été déterminée à partir de la composition chimique des aliments(Demarquilly
et al., 19781. Les besoins alimentaires ont été calculés selon les données de Vérité et al. (19781. Nous avonsappelé
«bilan instantané» le bilan correspondant à un jour de prélèvement sanguin donné et bilan cumulé la somme
des bilans journaliers entre le vêlage et ce jour de prélèvement.
Résultats
1.
Évolution
desparamètres sanguins
entre la fin de lagestation
et la 8e semaine de lactation(fig. 1 )
Chez les animaux du lot1,
entre la dernière semaine degestation
et le 2ejour
de lalactation,
lesparamètres sanguins
que nous avons étudiés ont peu évolué, alors que le bilanénergétique passait
de3,6 UFL/j
à --3,4 UFL/j
et que les quan- titésingérées augmentaient
deprès
de3 kg
deMS.
Ensuite,
tant que le bilanénergétique
restaitnégatif,
les teneursplasmatiques
en AGNE et surtout englucose
ontprésenté
une chuteimpor-
tante
(respectivement
- 141jM/1
et-
15 mg/100 ml).
Dans le même temps, les teneurs en corpscétoniques augmentaient
forte-ment
(+
2mg/100
ml pour l’acétone et+ 1,3 mM/I
pour leBHB).
Apartir
du moment oùle bilan
énergétique
est redevenupositif (fin
de la3
e semaine de
lactation),
les teneurs en AGNE n’ontplus
varié et sont restées à un niveau très faiblejusqu’en
8esemaine de lactation(110- 120 Il M/I) ,
tandis que les teneurs englucose augmentaient,
sans toutefois revenir à leur niveau d’avantvêlage (60,4 mg/100 ml en 8e semaine
contre
67,6
en fin degestation)
et que celles en acétone diminuaient. Les teneurs en BHB se sont maintenues élevées un peuplus longtemps
que celles en acétone.Les teneurs
plasmatiques
en GIDH n’ont pas varié au cours de l’essai(8,8 U/I
enmoyenne)
tandis que celles en
yGt augmentaient
de manièreparallèle
auxquantités ingérées (11,8 U/I
enmoyenne).
Les valeurs moyennes des différents para- mètres du métabolisme
énergétique
obtenues surl’ensemble des animaux à différents stades de lactation
(tabl.2)
confirment les observations faites sur les animaux du lot 1. Les variations indi- viduelles relativement faibles en fin degestation,
deviennent très
importantes
en début de lactation(jours
9 et23),
enparticulier
pour les corps céto-niques (coefficient
de variation de 100 % et de 65 %respectivement
pour l’acétone et leBHB).
2. Liaisons entre les
paramètres sanguins
et le bilanénergétique
Sur les 13 animaux du lot
1,
nous avons étudié les liaisons intra-individuelles(pour chaque
animalou en
moyenne)
au cours descinq premières
semaines de lactation entre le bilanénergétique (instantané
oucumulé)
et les teneurs englucose,
AGNE ou acétone. Sur l’ensemble des
animaux,
nous avons étudié les liaisons inter-individuelles entre ces variables à différents stades de la lactation.
Dans le lot
1,
les teneurs moyennes en AGNE pour les 13 vaches des 15prélèvements sanguins
ont été étroitement liées au bilan
énergétique
instantané
(r = - 0,92 ;
n = 15;P < 0,01 )
alors que cela n’a pas été le cas des teneurs englucose (r = 0,14)
et en acétone(r
= -0,37) qui
ontplutôt
été liées au bilan
énergétique
cumulé(respective-
ment r = 0,71 et r = - 0,71 ;
P < 0,011. Cepen-
dant, si ces liaisons moyennes reflètent assez bien les liaisons individuelles en cequi
concerne les AGNE(la
liaison entre les teneurs en AGNE et le bilanénergétique
instantané estsignificative
chez9 des 13
animaux),
elles masquent en revanched’importantes
différences individuelles en cequi
concerne le
glucose
et l’acétone(les
liaisons nesont
significatives
que chez 3 des 13animaux).
Enparticulier,
pour des bilansénergétiques
cumuléstrès peu déficitaires
(au maximum -20 UFLI,
nous avons observé des différences individuelles considérables dans les teneurs en
glucose (30
à75 mg/100 ml)
et en acétone(0,3
à 7mg/100 mll.
Les liaisons interindividuelles ont rarement été
significatives, excepté
en fin degestation
entre lesteneurs en
glucose
et lesquantités ingérées (r = - 0,53 ; P < 0,01 )
ou le bilanénergétique (r
= - 0,51 ;P < 0,01)
et en début de lactation entre le bilanénergétique
et les teneurs enAGNE;
ces dernières liaisons sont
cependant
lâches (r = ― 0,48 aumieux)
et d’autantplus
que l’ons’éloigne
duvêlage (tabl. 3).
3. Liaisons entre les différents
paramètres sanguins
Les liaisons interindividuelles entre l’acétone et le BHB ont
toujours
été très étroites(r = 0,77
à 0,97 selon le stade delactation) (tabl. 3).
même pour des teneurs très faibles(avant vêlage).
La pente de la droite derégression
diminue au fur età mesure que l’on
s’éloigne
duvêlage (fig. 2), témoignant
d’une réduction de lacétogénèse hépatique
en liaison avec le rétablissement d’unbilan
énergétique positif
et del’importance
accrue du BHBd’origine digestive.
Les teneurs en
glucose
onttoujours été,
sauf en fin degestation,
fortement liées à celles en corpscétoniques,
la liaison avec le BHB étanttoujours légèrement
meilleure que celle avec l’acétone(tabl. 3).
L’introduction des AGNE comme variableexplicative supplémentaire
n’améliorejamais
significativement
ces liaisons.Chez les animaux du lot 1, les coefficients de
régression
des liaisons intra-individuelles entre les teneurs englucose
et celles en acétone ont étéd’autant
plus négatifs
que les animaux avaientprésenté
une acétonémieplus importante (fig. 3a).
Ceci
explique qu’il
existe, sur l’ensemble des 314 4prélèvements
que nous avonsréalisés,
une liaisoncurvilinéaire
étroite entre les teneurs en acétone(Ya, mg/100 ml) ou en BHB (Yb, mM/1)
et en
glucose (X, mg/100 ml) (fig. 3b) :
i
Discussion
Comme la
plupart
des auteursqui
ontexpéri-
menté sur le début de la lactation(Radloff
et al.,1966;
Decaen etJournet, 1967;
Remond etal., 1973;
Schwalm etSchultz, 1976;
Chilliard et al., 1977 ; Doreau etal.,
1981 ; Dufva et a/.,19831,
nous avons observé des variations très
impor-
tantes et
rapides
desparamètres
du métabolismeénergétique
à cettepériode,
témoin d’unchange-
ment brutal de l’état du bilan
énergétique
desanimaux. Ces variations
s’amorcent
àpartir
du3’ jour
de lactation et sepoursuivent
tant que l’accroissement de laproduction
laitière et donc de laquantité d’énergie
sécrétée estimportant.
Ainsi,
les teneursplasmatiques
englucose, mini-
males dans le courant de la 2e semaine (comme chez Radloff et al.
(1966)
et Dale et al.(1979))
sont remontées dès la 3e semaine alors que le bilan
énergétique
devenaitpositif
et que laproduction
laitièren’augmentait pratiquement plus
(Coulon et al.,1984a).
Le faible niveau du taux d’AGNE
plasmatique s’explique
enpartie par le
fait que nous avons réalisé lesprélèvements sanguins après
le repas,au moment où les teneurs sont minimales
(Decaen
et Journet, 1967;Bowden, 1971 ; Thye
et
al.,
1970; Bas et a/.,19801.
Mais la raisonprin- cipale
est certainement la faiblesse du déficiténergétique
associée à une perte depoids
vifréduite (32
kg
de perte depoids
vif vide au coursdes quatre
premières semaines).
Malgré
cette mobilisationcorporelle
relative-ment modérée, les teneurs en BHB et surtout en
acétone ont été élevées,
supérieures
à cellesconsidérées comme normales
(Ford
etBoyd,
1960; Adler et al.,1963;
Hibbitt et al., 1969;Whitaker et al.,
1983)
et aux valeurs observées par Remond et al.(1971, 1973)
et Fisher et al.(1975)
avec des rations de basecomposées
de foinet/ou d’ensilage
d’herbe. Elles ontcependant
été
comparables
à cellesparfois
observées chez des animaux oùl’apport énergétique
était limité(Dufva
et al.,1983)
ou recevant desquantités importantes
de betteraves associées à de l’ensi-lage
de maïs(Vérité
et Journet,19731. L’impor-
tance de
l’ensilage
de maïs dans la ration a pu favoriser la formation de BHB àpartir
de l’acidebutyrique
du rumen(Schultz, 1971).
d’autantplus
que les
prélèvements
ont eu lieuaprès
le repas, au moment où cette fraction«exogène»
du BHB estla
plus importante (Fisher
et a/., 1975;Coggins
et Field, 1978).Cependant,
en tout début de lacta- tion, cetteorigine
ne semble pasprépondérante (Doreau, 1983)
surtoutlorsque
les teneurs deviennent élevées: celles-ci sont en effet étroite- ment liées à celle de l’acétone dontl’origine
estprincipalement métabolique (Katz
etBergman,
1969; Nielsen et Fleischer,1969);
nous n’avons d’autre part pas mis en évidence de liaison inter- individuelle entre lesquantités ingérées
et lesteneurs en BHB contrairement à ce
qui
estobservé en milieu de lactation
(Bas
et al.,1980;
Bines et al.,
1983)
ou chez des animaux taris (Chilliard et al.,1982;
Bines et Morant,19831,
et,parfois
aussi, en début de lactation(Roberts
et al.,1978),
mais avec des teneurs en BHB faibles. Lesteneurs élevées en corps
cétoniques
semblent enfait
principalement
liées au sévère rationnementénergétique
des vaches lesplus
fortesproduc-
trices (Coulon et al.,1984b).
Nous avons d’ailleurs observé une relation curvilinéairenégative
étroiteentre les teneurs en acétone et en
glucose,
cequi
confirme les observations de Reid et Hinks
(1962)
sur brebis et de Radloff et al.,
(1966)
et Schwalm et Schultz(1976)
sur vaches laitières. Il semble- rait donc que ce ne soit pas les animauxqui
mobi- lisent leplus
leurs réserveslipidiques qui présen-
tent le
plus
derisque
d’acétonémie, maisplutôt
ceux dont la
disponibilité
englucose
est limitéerelativement à leurs besoins mammaires
(Berg-
man, 1971 ; Chilliard et a/.,
1983)
bienqu’en
réalité ces deux situations soientfréquemment
associées(Remesy
et al., 1984; Grohn et al.,1 983).
Il existecependant
de fortes différences du niveau decétogenèse
pour un même déficit éner-gétique.
Ces variations sontpeut-être
à relier à des différences individuelles derégulation
hormo- nale. On sait en effet que l’insuline, l’hormone de croissance et lesglucocorticoïdes
notamment, peuvent modifier le devenir des acides gras et duglucose:
utilisationpériphérique,
estérification ou[3-oxydation hépatique (Remesy
etal., 1984).
Cette
cétogénèse hépatique
n’a pas étéaccompagnée,
comme cela estparfois
observé(Grunder,
1976; Meissonnier etRousseau, 1976)
d’uneaugmentation
des activitésplasmatiques
dela
yGT
et de la GIDH pouvanttémoigner
de lésionscellulaires. Ces activités sont
toujours
restées dans une fourchette considérée comme normale(Rico
eta/., 1977,
Barnouin eta/., 1981). 1.
D’un
point
de vuepratique,
un examen détaillédes liaisons inter-ou intra-individuelles entre les teneurs en
glucose
et en acétone(ou
enBHB)
montre :
- que les teneurs en BHB sont au moins aussi étroitement liées à celles en
glucose
que lesteneurs en
acétone,
bien que lesprélèvements
aient eu lieuaprès
le repas;-
qu’au
cours descinq premières
semaines de lactation et dans les conditions de notre essai(prélèvements après
repas, ration riche en ensi-lage
dema’isl,
les liaisons entre les teneurs enacétone et en BHB sont très étroites et relative- ment semblables d’une semaine à
l’autre;
à uneteneur en acétone de
2 mg/100 ml correspond
ainsi une teneur en BHB d’environ 1,7 mM/I;
- que pour une teneur en
glucose
inférieure à 45mg/1 00 ml, les teneurs en acétone sont prati-
quement
toujours supérieures
à 2mg/1 00
ml, etqu’il
en résultegénéralement
des chutesd’inges-
tion et de
production
laitière(Coulon
et al.,1984b).
Ces valeurscorrespondent
exactement à cellesproposées
par Kronfeld(1965)
pour diffé- rencier les animaux normaux etcétosiques.
Reçu
le1 a’ juin
1984Accepté
le 4septembre
1984Résumé
Trente-huit vaches laitières recevant un
régime composé d’ensilage
de maïs(à volonté)
et de concentrés(3
à 5,5kg
de matièresèche)
ont faitl’objet
decinq prélèvements sanguins
entre la dernière semaine degestation
et la 8&dquo; semaine de lactation. Treize vachesparmi
ces 38 ont faitl’objet
deprélèvements plus fréquents (trois
fois par semaine au cours descinq premières
semaines delactation).
Surchaque prélè-
vement on a dosé le
glucose,
l’acétone, leR-hydroxybutyrate
et les acides gras non estérifiés. Les teneurs englucose
ont été minimales et celles en corpscétoniques
maximales en fin de 2e semaine de lactation, au moment où le bilanénergétique
cumulé était leplus
déficitaire.Intra-individuellement,
lesteneurs en
glucose
et en acétone ont été étroitement liées au bilanénergétique
cumulé alors que cellesen acides gras non estérifiés ont été liées au bilan
énergétique
instantané. Sur l’ensemble desprélève-
ments
effectués,
il existe une liaison curvilinéaire étroite etnégative
entre les teneurs en corpscétonique
et en
glucose.
Ces résultats sont discutés en relation avec la mobilisation des réservescorporelles
endébut de lactation et ses
conséquences.
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