HAL Id: hal-00902171
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Submitted on 1 Jan 1994
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Infection expérimentale du canard mulard par Eimeria mulardi sp nov : effets sur la croissance pondérale et modifications de différents paramètres hématologiques et
biochimiques
A Pascalon-Pekelniczky, Cm Chauve, M Gauthey
To cite this version:
A Pascalon-Pekelniczky, Cm Chauve, M Gauthey. Infection expérimentale du canard mulard par
Eimeria mulardi sp nov : effets sur la croissance pondérale et modifications de différents paramètres
hématologiques et biochimiques. Veterinary Research, BioMed Central, 1994, 25 (1), pp.37-50. �hal-
00902171�
Article original
Infection expérimentale du canard mulard
par Eimeria mulardi sp nov :
effets sur la croissance pondérale et modifications de différents paramètres hématologiques
et biochimiques
A Pascalon-Pekelniczky CM Chauve M Gauthey
Équipe
associée INRAlENV deLyon,
«Protozoaires entéricoles du canard&dquo;, laboratoire deparasitologie, École
nationale vétérinaire deLyon,
BP 83,69280
Marcy-l’Étoile,
France(Reçu
le 12juillet
1993;accepté
le 4 novembre1993)
Résumé ― L’infection par E mulardi a été réalisée sur des canards mulards femelles
(Cairina
mos-chata x Anas
platyrhynchos)
recevant individuellement per os àl’âge
de 11j, 10 4 ,
105 ou 10600-cystes
sporulés (JO).
Aucune mortalité n’a été observée. La croissancepondérale
n’était ralentie que dans les lots 105et10 6 ,
avecamaigrissement
à J7. La présence de sang dans les matières fécales, révélée par caractérisationchimique
del’hémoglobine, exceptionnelle
à la faible dose, a été obser- vée dès J3 à la forte dose et l’excrétiond’oocystes
a débuté à J6 dans tous les lots infectés. Les ef- fets de l’infection se traduisaient aux 2plus
fortes doses par uneaugmentation
de la vitesse de sédi- mentation et une anémie modérée. Une chute des taux deprotéines
et delipides plasmatiques
totaux était observée aux 3 doses infectantes. Ces résultats reflètent le pouvoir
pathogène
d’E mulardi chez la canette mularde, ainsi que sa relation avec la dose infectante. Les différents pa- ramètres, en dehors de la vitesse de sédimentation,
présentaient
des variations maximales entre J6 et J9, et se normalisaientrapidement,
en relation avec la dose infectante, sauf en cequi
concerne lepoids.
Cesperturbations
ont été observées lors de coccidioses aviaires.Eimeria mulardi 1 canard /
paramètres biochimiques
/paramètres hématologiques
/ crois-sance
pondérale
Summary ―
Infection in mulard duck with Eimeriamulardi sp
nov: effects ongrowth
and dif-ferent
haematological
and biochemical parameters.Eleven-day-old
female Mule ducks(Cairina
moschata x Anas
platyrhynchos)
wereindividually
infected per os with asingle
inoculation contain-*
Correspondance
et tirés à parting 10 4 ,
105or 106sporulated
oocysts of E mulardi, orkept
as uninfected controls. Nomortality
wasobserved. Growth rate was not modified at lower doses, but was reduced in the other 2 groups, with
weight
loss on d 7 post inoculation(PI).
Blood was detected in fecesby
chemical characterization ofhemoglobin
asearly
as d 3 PI with thehighest infecting
dose, while oocyst excretionbegan
on d 6 PIin all infected groups. With 105and 1 ()6 oocysts, the authors observed a
significant
increase in sedi- mentation rate and aslight
anemia. Totalprotein
andlipid
concentrations in theplasma
decreased in the 3 infected groups. These results show thepathogenic
effect of E mulardi in Muleduckling,
withdose-dependent changes.
All parameters, except sedimentation rate, showed maximal variationsduring
the acutephase
of infection, between d 6 and d 9 PI, and returned to normal valuesearly,
inrelation to the
infecting
dose, except that theweight
remained lower than in the uninfected group at the final control (d 28 PI). Theseperturbations
have been described in avian coccidiosis.Eimeria mulardi / duck / biochemical parameters /
haematological
values /weight
tINTRODUCTION
Les coccidioses du canard sont encore assez mal connues en France. Un inven- taire conduit dans des
élevages
landais decanards mulards a
permis
d’isoler 7 es-pèces
différentes(Chauve et al, 1991 ). Ei-
meria
mulardi, fréquemment
isolée dans cetteenquête,
sembleresponsable
depertes
deproductivité.
E mulardi a d’abord été considérée
comme
correspondant
à Eaythyae (Farr, 1965) : cependant,
si les caractères mor-phologiques
desoocystes sporulés
de ces2
espèces
sont trèsproches,
lecycle
évo-lutif
reproduit expérimentalement
s’est par contre révélé trèsoriginal
chez Emulardi, justifiant
de la considérer comme une es-pèce
distincte(Chauve et al, 1994).
L’infection par E
aythyae
a été décrite pour lapremière
fois enAmérique
par Farr(1965)
sur un canardplongeur, Aythya
affi-nis
(Lesser
scaupduck, fuligule
miloui-nan).
L’allureépizootique
de cette infectiona été confirmée par
Windingstad
et al(1980) :
les formes mortelles sont accom-pagnées d’importantes
lésionshémorragi-
ques intestinales. L’infection
spontanée
ducanard
domestique
par Eaythyae
a étémise en évidence pour la
première
fois par Zuo et al en Chine(1990).
Les études
parasitologiques
et anato-mo-cliniques,
lors d’infectionexpérimentale
par E
mulardi,
font ressortir lafréquence
des lésions intestinales
congestivo- hémorragiques (Chauve
etal,
résultatsnon
publiés).
De nombreuses
répercussions biologi-
ques, liées à des
pertes
deproductivité,
ont été observées dans les coccidioses in- testinales du
poulet, particulièrement
lorsd’infection du duodénum et du
jéjunum
par Eacervulina,
E necatrix ou E maxima. Ces effets concernent le retard de croissance(Tyzzer, 1929 ;
Yvoré etal, 1972a ; Turk, 1978),
les modificationshématologiques (Stephens, 1965; Stephens et al, 1967)
etdivers métabolites
plasmatiques, particuliè-
rement les
protéines (Schlueter, 1963 ; Turk, 1978 ;
Ruff etAugustine, 1982),
etles
lipides (Turk, 1978 ; Allen, 1988).
Nous n’avons trouvé dans la littérature
aucune
publication
concernant lesréper-
cussions
biologiques
des coccidioses chez le canard.L’objet
de ce travail est d’étudier la cinéti- que des effets de l’infection de la canette mularde par E mulardi sur lamortalité,
la croissancepondérale,
la vitesse de sédi-mentation,
lessignes
d’anémie(numération
des
érythrocytes, hématocrite,
taux d’hémo-globine),
ainsi que sur les tauxplasmati-
ques de
protéines
et delipides
totaux.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Animaux
Quatre-vingt-dix
canettes,réceptionnées
àl’âge
de 1
j,
ont été élevées surpaille,
souslampe
in-frarouge,
dans des conditions permettant d’évi-ter tout contact infectant. Ces
sujets
étaientissus du croisement de canards de Barbarie
(Cairina
moschata) mâles et de canards de Pékin(Anas platyrhynchos)
femelles. Les ani- maux étaient maintenus à unetempérature
am-biante de 18 à 22°C. L’eau et la nourriture étaient distribuées ad libitum. La nourriture était constituée d’un aliment industriel
équilibré
oison-caneton sans anticoccidien
(Agri
Sud-Est, Saint-Priest, France) distribué dans des man-geoires métalliques.
Dans lesjours précédant l’expérimentation,
un contrôle coproscopiqueavait
permis
de vérifier que les animaux étaient indemnes de coccidiose.Parmi les 90 canettes, 48 ont été sélection- nées
3 j
avant l’infection unique (JO) en fonctiondu critère
poids,
defaçon
à retenir dessujets
depoids comparable
pourl’expérimentation
(moyenne : 194,2 ± 3,7 g).Chaque
animal étaitidentifié par une
bague métallique
fixée à l’aile.Parasite
Une souche d’E mulardi, isolée en France dans les Landes en 1989 à
partir
de fientes de canardsmulards, a été entretenue au laboratoire et multi-
pliée
par passages(à
intervalles de 3 à 6 mois)sur canettes mulardes infectées à
l’âge
de 10 j. j.Les inoculums utilisés avaient été obtenus à par- tir d’un passage réalisé 3 sem auparavant.
Constitution des lots
L’expérimentation
a été réalisée sur les 48 ca-nettes sélectionnées et réparties par randomisa- tion en 4 boxes de 12 (correspondant aux 4 lots expérimentaux), afin de respecter une même densité
d’occupation
au sol. Ces 4 lots consis-taient en 1 lot témoin non infecté et 3 lots de ca-
nards infectés.
À
J0, les animaux des 3 lotsd’épreuve,
alorsâgés
de 11j,
à jeundepuis
5 h, ont reçu par voieoesophagienne
à l’aide d’unepipette plastique,
1 ml desuspension
renfer-mant : 104, 1 OSou 1 O6oocystes
sporulés.
Prélèvements
Ils ont été réalisés sur 4 des 12 animaux du lot témoin et sur 10 des 12 animaux de chacun des autres lots : ainsi, en cas de mortalité, nous pou- vions
disposer
pour lesprélèvements
de 2sujets supplémentaires
dans chacun des lots infectés.Les
prélèvements
de sang sur EDTA ont été réalisésquotidiennement
entre 8 h et 9 h lematin, au sinus veineux occipital, selon la mé-
thode décrite par Vuillaume (1983). Pour éviter
une soustraction
sanguine susceptible
d’interfé-rer avec les
phénomènes
d’anémie, lesprélève-
ments de sang ont été réalisés
un j
sur 2 sur lamême moitié des animaux de
chaque
lot (soit 2sujets
pour le lot témoin et 5 par lot infecté) desorte que sur 2 j consécutifs, tous les
sujets d’expérience
avaient subi leprélèvement
desang. La programmation des prélèvements a
été la suivante : avant l’infection (J-1 et
JO),
du-rant la période critique (de J3 à
J14),
et au-delàde cette dernière (de J17 à J20, puis à J23 et
J24).
Le volume de sang collecté était de 1 ml aupremier prélèvement et de 2 ml à partir de J3.
Les échantillons de fientes ont été récoltés de J3 à J12, tous les jours, sur les animaux qui
ne subissaient pas le
prélèvement sanguin
cejour-là
(2sujets
pour le lot témoin et 5 par lot in-fecté). Les animaux étaient alors
placés
dansdes cages individuelles, sur grille, entre 8 h et 9 h du matin, et leurs fientes récoltées dans des boîtes identifiées.
Croissance
pondérale
Tous les animaux de
chaque
lot étaient pesésquotidiennement
de J-1 à J21,puis
à J24 etJ28.
Techniques analytiques
Paramètres
érythrocytaires
Les mesures ont été réalisées,
après homogé-
néisation des
prélèvements sanguins
sur unagi-
tateur basculant
(18
balancements par min pen- dant 10min),
selon lestechniques adaptées
auxparticularités hématologiques
des volailles(Hodges, 1977).
La vitesse de sédimentation n’a été mesurée
qu’à partir
de J3, pour éviter desprélèvements
de sang trop
importants
sur dejeunes
animaux.La lecture de la hauteur du
plasma
(en mm) était mesuréeaprès
1 h, sur tubes de Wintrobe inclinés à 45° etplacés
à 20°C(Sturkie
et Tex- tor, 1958).L’hématocrite était mesuré sur tube
capillaire après
unecentrifugation
de 5 min à 12 800 g(Cohen,
1967).La numération
érythrocytaire
était réaliséesur hématimètre de Malassez,
après
dilution au1/200 dans une solution mise au
point
par Natt et Herrick (1955) chez lepoulet.
L’hémoglobine
était doséeaprès
conversionen
cyanméthémoglobine,
la mesurespectropho- tométrique
étant réaliséeaprès centrifugation
10 min à 1 000
g (Dein,
1986).Métabolites
plasmatiques
Le taux de protéines
plasmatiques
était détermi- né lejour
duprélèvement
par la méthode au biu-ret (Gornall
et al, 1949).Le taux de
lipides
totaux était déterminé, suraliquotes
conservés à -20°C, par la réactionsulfo-phospho-vanillique (Chabrol
et Charonnat, 1937) avec Lipid-Kit (Bio-Mérieux,Marcy- l’Étoile,
France).Recherche de sang dans les matières fécales
Après homogénéisation
dechaque
échantillon,la recherche individuelle de sang était réalisée d’abord à l’ceil nu,
puis
par la caractérisation del’hémoglobine,
fondée sur sespropriétés
per-oxydasiques,
mises en évidence par l’orthotoli- dine(Bailenger,
1982). Cette méthode s’est ré- vélée sensible à partir de 10 )i! de sang dans 10 g de matières fécales.Coproscopie
Pour la recherche des oocystes, nous avons
réalisé avant l’infection,
puis
pourchaque
échantillon de matières fécales, une coprosco-
pie microscopique
par enrichissement par flotta- tion (5 g de matières fécales dans 20 ml d’une solution d’iodo-mercurate depotassium :
Chauve, 1988). En raison de la normalisation desprélèvements (chaque jour
de 8 h à 9h),
ilétait
possible
de donner une valeurquantitative exprimant
lesgrandes
variations entre lesjours.
Les résultats ont été classés en fonction du nombre d’éléments dans les 5 g de matières fé- cales : moins de 10, de 10 à 200 et
plus
de 200éléments.
Analyse statistique
Nous avons
reporté
sur les tableaux les moyennesquotidiennes (+
erreurstandard)
cor-respondant
aux 5sujets
par lot infecté faisantl’objet
deprélèvement.
En cequi
concerne les témoins, non soumis aux variations de l’infec- tion, les moyennesreportées correspondent
auxvaleurs de 2
jours
consécutifs, regroupant les 4sujets.
Les effets de l’infection ont été recher- chés par lacomparaison
des lots infectés avecles témoins aux dates
correspondantes.
L’analyse statistique
a. été réalisée par uneanalyse
de variance, suivie,lorsqu’elle
montraitun effet
significatif,
de lacomparaison
desmoyennes par le test t.
RÉSULTATS
État général
L’infection s’est
traduite,
aux 2plus
fortesdoses
infectantes,
par del’abattement,
uneperte
depoids,
et une diarrhéeprofuse,
neprésentant
pas de caractèrehémorragique
à l’oeil nu : ces
symptômes
se sont mani-festés
pendant
laphase aiguë
de la mala- die entre J6 etJ8,
defaçon plus
intensechez les canards infectés avec
10 6
oo-cystes.
La consommationalimentaire,
ap-préciée
par les aliments nonconsommés,
était très
perturbée, principalement
dans lelot
10 6 :
elle était ralentie de J4 àJ8,
lesmangeoires
restantpleines
de leurs ali- ments de J6 à J7.Aucun cas de mortalité n’a été observé
sur les 36
sujets
infectés.La croissance
pondérale,
nonperturbée
chez les canards infectés par 104 00-
cystes,
étaitsignificativement
ralentie parrapport
auxtémoins,
dès J3 dans le lot10 6
et dès J4 dans le lot 105 : les différences étaient encore
significatives
à J28(fig 1 ).
Dans ces 2
lots,
on a même noté un amai-grissement
de J6 à J7 surrespectivement
11/12 et 4/12 des
sujets :
les variationspondérales
moyennes(en g)
étaient de45,4
±4,0
dans le lot témoin et de47,9
±4,1, 3,7
±11,4
et-28,7
±8,1 respective-
ment dans les lots
10 4 ,
105 ou 106. Cesmoyennes étaient
significativement
diffé-rentes de celles des témoins à P s
0,01 (lot 10 5 )
et P<_ 0,001 (lot 10 6 ).
Présence
d’hémoglobine
et
d’oocystes
dans les matières fécalesLa
présence
de sang n’ajamais
été détec-tée à l’oeil nu. La caractérisation
chimique
de
l’hémoglobine
réalisée de J3 à J12 a ré- vélé des réactionspositives,
selon la fré- quenceprésentée
sur lafigure
2. Les réac-tions
positives
étaientproportionnelles
à ladose
infectante,
enprécocité,
en fré-quence et en durée.
La
présence d’oocystes
dans les ma-tières fécales a débuté à
J6,
et a concerné9 animaux sur les 10 contrôlés de J7 à J8 dans les 3 lots de canards infectés. Elle a
disparu
à J9 chez les canards infectés par 104
oocystes,
alorsqu’elle persistait
en-core au dernier contrôle
(J12)
chez la ma-jorité
des animaux des lots 105(3/5)
et latotalité des animaux du lot 106
(5/5) (fig 2).
Les
prélèvements présentant plus
de 200éléments,
absents àJ6,
étaient au nombre de 2 dans le lot 104(J7),
5 dans le lot 105(J7
etJ8)
et 9 dans le lot 106(J7
àJ10). À J12,
seuls lesprélèvements
du lot10 6
ren-fermaient encore
plus
de 10 éléments.Hématologie
La vitesse de sédimentation était
significa-
tivement accélérée dès J4 chez les ca-
nards infectés par 105 et 106
oocystes,
età J9 dans le lot
10 6 (tableau 1). Après
unechute à
J13, significative
pour le seul lot10 5
,
on notait une nouvelleaugmentation significative
de la vitesse de sédimentation à J20(lot 10 5 )
et à J19 et J23(lot 10 6 ).
Le nombre
d’érythrocytes
n’étaitsignifi-
cativement inférieur à celui des témoins que dans le lot
10 6 ,
à J8(tableau 11).
L’hématocrite était abaissé de
façon
si-gnificative
dans le lot 105 à J8 et dans le lot 106 àJ8,
J9 et J11(tableau 11).
Le taux
d’hémoglobine
étaitsignificati-
vement abaissé à J4 et J8 dans les lots 10
5 et
10 6 ,
et le demeurait àJ9,
J11 et J17 7 chez les canards recevant laplus
fortedose infectante
(tableau 11).
Constituants
plasmatiques
Un abaissement
significatif
du taux de pro- téinesplasmatiques
totales a été observé à J6 chez les canards infectés par 104 00-cystes,
àJ4, J6,
J7 et J8 dans les lots10 5
et
10 6
et encore à J9 dans le lot 106(ta- bleau III).
Un abaissement
significatif
du taux de li-pides plasmatiques
totaux a été observé à J6 et J8 dans le lot10 4 ,
de J5 à J9 dans le lot10 5
et de J6 àJ10,
ainsiqu’à
J12 dansle lot
10 6 .
Chez les animauxayant
reçu les 2plus
fortes dosesinfectantes,
on a notéun nouvel et discret abaissement
significa-
tif à J18
(tableau III).
DISCUSSION
Nous n’avons observé aucun cas de mor-
talité sur les 36
sujets
infectés aux di-verses
doses, malgré
unamaigrissement important
et un abattementprofond
chezles animaux infectés par
10 6 oocystes.
La croissance
pondérale,
nonperturbée
chez les animaux infectés par 104 00-
cystes,
a étésignificativement
diminuéedès J3 dans le lot
10 6
ou J4 dans le lot10 5
.
Cette diminution de croissance a donc étéprécoce ;
on notait unepériode critique
à
J7,
caractérisée par unamaigrissement
chez la
majorité
dessujets
infectés par106 oocystes,
et chez un tiers dessujets
du lot 105
.
Malgré
larapide récupération après J7,
lessujets
des lots infectés aux 2plus
fortes doses n’avaient pas retrouvé le
poids
des témoins à J28.La
perturbation
de croissance dans les coccidioses dupoulet
a été souventsigna-
lée
depuis
lespremiers
travaux deTyzzer
(1929).
La coccidiose aviaire intestinale entraîne un ralentissement de croissanceplus marqué
que la coccidiosecaecale,
en fonction de la dose administrée(Yvoré,
1978 ; Turk, 1978).
Chez le
poulet,
ce ralentissement de croissance sembleprincipalement
dû àune diminution de la consommation
(Mi-
chael et
Hodges, 1971, 1972 ; Yvoré, 1978).
Il en va de même dans nos obser- vations chez la canettemularde,
dont la consommation alimentaire estpratique-
ment arrêtée à J6 et J7 chez les animaux infectés par
10 6 oocystes.
La diarrhée
profuse
observée dans nosessais,
sembleaussi,
comme chez le pou-let,
un facteurimportant
dedéshydratation
et de
perte
depoids (Yvoré
etal, 1972a;
Allen
et al, 1973).
Les matières fécales n’ont
jamais pré-
senté de modification de couleur visible
évoquant
laprésence
de sang. La re- cherched’hémoglobine, toujours négative
chez les
témoins,
amontré,
dans les lotsinfectés,
un effetdose,
caractérisé par laprécocité (dès
J3 à laplus
fortedose),
lafréquence
et la durée de laprésence
de cepigment sanguin
dans les fécès. L’effet hé-morragipare
d’E mulardi semble doncréel,
mais modéré.La recherche
d’oocystes, toujours néga-
tive chez les
témoins,
devenaitpositive
àpartir
de J6 dans les 3 lotsinfectés,
et montrait que l’intensité et la durée de l’ex- crétion fécale desoocystes
étaient propor- tionnelles à la dose inoculée. Laquantité d’oocystes
dans les divers lots infectés était maximale àJ7, période critique
del’amaigrissement,
etpersistait
encore àJ12 aux 2
plus
fortes dosesinfectantes, particulièrement
chez les canards du lot 106.
La
perturbation
desparamètres érythro- cytaires
a été recherchée enpriorité,
enraison des lésions
hémorragiques
intesti-nales
signalées
dans les études anatomo-cliniques
lors d’infection par Eaythyae (Farr, 1965; Windingstad
etal, 1980)
etpar E mulardi
(Chauve
etal,
résultats nonpubliés).
Les valeurs
hématologiques
normalesdu canard
(hématocrite,
numération desérythrocytes
et tauxd’hémoglobine)
ont faitl’objet
de divers travaux(Hemm
etCarlton, 1967 ; Spano et al, 1987).
Si de nombreux auteurs ont misparticulièrement
en reliefl’influence de
l’âge,
du sexe, de lasaison,
de la mise en cage ainsi que de la mue
(Kocan
etPitts, 1976 ;
Sreeraman etal, 1979 ;
Smith etHattingh, 1979 ; Driver, 1981), nous
n’avons pas trouvé d’étude concernant les modifications de l’hématolo-gie
du canard lors de coccidioses.L’accélération
significative
maisirrégu-
lière de la vitesse de sédimentation rele- vée chez les animaux recevant les 2
plus
fortes doses infectantes
(10 5
et 106 00-cystes)
au cours de l’essaipeut
être rap-portée
à l’infectioncoccidienne, puisqu’elle
ne s’observe ni chez les témoins ni chez les animaux recevant la faible dose infec- tante
(10 4 ),
etqu’elle
a été notée dans di-verses coccidioses du
poulet
à E necatrix(Stephens, 1965)
ou E maxima(Stephens
et
al, 1967).
Les coccidioses sont doncsusceptibles
deperturber
les facteurs de la chuteglobulaire, représentés
par le nombre et lamorphologie
desérythro- cytes,
ainsi que par la viscosité duplasma,
dans
laquelle
letype
deprotéines
et de li-pides peuvent
intervenir(Sturkie
etTextor, 1960).
Une nouvelle élévation de la vitesse de sédimentation à
J19,
J20 et J23 dans les lots 105 et10 6 évoque
un réveil de l’infec- tionqui
sera discutéplus
loin. La moyenne anormalement faible observée à J13 dans le lot 105laisse supposer un incidentexpé-
rimental ou un
problème
decoagulation.
Aucune modification des
paramètres érythrocytaires
n’a été observée à laplus
faible dose infectante
(10 4 ).
Le taux d’hé-moglobine
a subi les variations lesplus
précoces,
chutant dès J4 dans les lots10 5
et
10 6 .
Uneanémie,
traduite par un abais- sementsignificatif
de l’hématocrite et du tauxd’hémoglobine,
a été observée à J8 chez les animaux des lots10 5
et10 6 :
chez cesderniers,
l’abaissement du nombred’érythrocytes
étaitégalement
si-gnificatif.
La chute de l’hématocrite et du tauxd’hémoglobine
apersisté
dans le lot 106 à J9 et à J11. De même que pour la
présence d’hémoglobine
dans les matièresfécales,
ces modifications reflètent uneanémie
modérée,
en relation avec la doseinfectante, présentant
un maximum d’inten- sité à J8. La discrète diminution du tauxd’hémoglobine
à J17 dans le lot 106 seraévoquée plus
loin.Dans t’infection du
poulet
de 3 se-maines
par E acervulina,
Yvoré et al(1972a)
n’observaient pas de modificationsignificative
de l’hématocrite. Ce dernier est par contresignificativement
abaisséchez le
poulet
infecté par E necatrix(Ste- phens, 1965)
et par E maxima(Stephens et al, 1967).
Il en va de même lors d’infec- tion par E brunetti(Allen
etal, 1973),
aucours de
laquelle
la diarrhée sévère neprésente
pas de caractèrehémorragique.
La chute du taux de
protéines plasmati-
ques a été observée
précocement (J4)
aux2
plus
fortes doses infectantes. Elle estparticulièrement marquée
àJ7,
où les va-leurs sont
respectivement
de 67%(lot 10 5 )
et 50%
(lot 10 6 )
de celles des témoins.L’hypoprotéinémie
s’est manifestée enoutre à J6 à la
plus
faible dose infectante(10 4
).
Larécupération
a étérapide,
inver-sement
proportionnelle
à la dose infec- tante.Cette chute du taux de
protéines plas- matiques,
mise en évidence en 1963 parSchlueter,
dans l’infection par Etenella,
semble une desperturbations
métaboli-ques les
plus marquées
lors de diverses infections coccidiennes dupoulet :
elle aété rencontrée lors d’infection par E acer- vulina
(Yvoré et al, 1972a ; Allen, 1988),
Ebrunetti
(Allen
etal, 1973),
E maxima(Chapman
etal, 1982 ;
Ruff etAugustine, 1982),
E tenella(Mukkur
etBradley, 1969 ;
Padmavathi et
Muralidharam, 1986).
Chez le
poulet,
le rôle de lamalabsorp-
tion et de la fuite des
protéines
à traversl’intestin lésé semble très
important
lorsd’hypoprotéinémie
associée aux infectionscoccidiennes
(Turk, 1974 ;
Ruff etAugus- tine, 1982). L’importance
des lésions intes- tinales observées lors d’infection par E mu- lardi chez la canette mularde(Chauve
etal,
résultats nonpubliés) permet
d’envisa-ger des mécanismes
comparables
à l’ori-gine
del’hypoprotéinémie
observée dans notreexpérimentation.
La chute du taux de
lipides plasmati-
ques était un peu
plus
tardive que celle desprotéines (J5
chez les animaux infec- tés par10 5 oocystes),
elle s’est manifestéedans les 3 lots infectés à J6 et à J8. Cette chute du taux de
lipides :
71%(lot 10 4 ),
68%
(lot 10 5 )
et 65%(lot 10 6 )
des valeurs témoins àJ6,
semble commel’hypoprotéi-
némie un
paramètre
sensible etprécoce
de l’infection coccidienne intestinale de la canette mularde par E mulardi. La
récupé-
ration était
également rapide,
inversementproportionnelle
à la dose infectante. La lé-gère réapparition
del’hypolipémie
à J18aux 2
plus
fortes doses infectantes seradiscutée
plus
loin.Dans l’infection
expérimentale
dupoulet
par E
acervulina,
on retrouve uneimpor-
tante chute des
lipides
totaux de J4 à J8(Yvoré et al, 1972a ; Allen, 1988). L’hypoli- pémie
semble résulter lors d’infection coc-cidienne chez le
poulet
de l’anorexie et de lamalabsorption (Ruff
etAllen, 1990) ;
leslésions intestinales observées chez la ca- nette mularde
permettent d’envisager
desmécanismes
comparables.
Ce
protocole expérimental
apermis
demettre en évidence des effets
biologiques,
proportionnels
à la dose en intensité et endurée,
de l’infectionexpérimentale
de lacanette mularde par E mulardi. La faible dose
(10 4 oocystes)
apermis
ledévelop- pement
intestinal duparasite,
avec excré-tion
oocystale
de courte durée etprésence d’hémoglobine
dans les matières fécales chez un seulsujet
à J6.Cependant,
lesmodifications
métaboliques s’exprimaient déjà
à cette faible dose infectante par une chuteéphémère
du taux deprotéines (J6)
et de
lipides plasmatiques (J6
etJ8) :
la ré-cupération
étaitrapide,
la croissance et lesparamètres hématologiques
n’étaient pasperturbés.
Au
contraire,
aux 2plus
fortes doses in- fectantes(10 5
et10 6 oocystes),
les diffé- rentsparamètres
étaientperturbés,
endurée et en
intensité,
en fonction de la dose infectante : mais si cesperturbations
ont
exprimé
despertes
deproductivité,
elles
n’atteignaient
pas le seuil de létalité.Plusieurs des
paramètres
étudiés ontprésenté
une variationparticulièrement marquée
entre J6 et J9 : chute de crois-sance
pondérale, présence d’hémoglobine
et
d’oocystes
dans les matièresfécales,
chute desparamètres érythrocytaires
etdes taux de
protéines
et delipides plasma- tiques.
C’est à cette mêmepériode
quequelques
cas de mortalité étaient apparus dans nos essaispréliminaires :
il sembledonc
qu’il s’agisse
d’une«période
criti-que». La
description
ducycle
évolutif(Chauve
etal, 1994)
devraitpermettre
d’établir la corrélation entre les troubles observés et les stades
endogènes
respon- sables.On
peut
enfinsuspecter
un réveil des modifications de certainsparamètres, après
le retour à lanormale,
au-delà de J17. Ainsi en va-t-il pour la vitesse de sédi-mentation,
le tauxd’hémoglobine
et le tauxplasmatique
delipides
totaux. Il convien- dra derechercher,
par la mesure de l’ex- crétionoocystale,
si cet éventuel «effet re-bond» ne
correspond
pas à un réveil d’infectionchronique,
donc à unerechute,
ou à une
légère
réinfection chez ces ani-maux élevés au sol sur litière infectée.
Yvoré et al
(1972b)
avaient observé chez lepoulet
inoculé àl’âge
de 2 sem avec unmélange
d’Eacervulina,
E fenella et E maxima lapersistance
d’un faibleparasi-
tisme chez certains animaux à 8 sem, in-
apparent,
maiscapable cependant
d’en-traîner des troubles du métabolisme de certaines fractions
lipidiques.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient le professeur Pontier (la- boratoire de biométrie,
Lyon-1)
pour ses conseilsstatistiques,
C Fournier pour son assistancetechnique, JM Gounel pour l’obtention de la souche d’E mulardi et C
Dang
Quoc pour l’entre- tien et la manipulation des animaux.Travail réalisé avec le support de l’INRA.
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