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Réflexions sur le concept de qualité dans
l’agro-alimentaire. L’exemple de la filière lait fromage dans les Alpes du Nord
Brigitte Dubeuf
To cite this version:
Brigitte Dubeuf. Réflexions sur le concept de qualité dans l’agro-alimentaire. L’exemple de la filière
lait fromage dans les Alpes du Nord. INRA Productions Animales, Paris: INRA, 1992, 5 (2), pp.91-
101. �hal-00895965�
Brigitte
DUBEUFINRA Unité de Recherches sur les
Systèmes Agraires
etDéveloppement,
Route de
Saint-Cyr -
78026 Versailles CedexRéflexions
sur le concept
de qualité dans l’agro-alimentaire.
L’exemple de la filière lait fromage dans les Alpes du Nord.
La qualité est
unenjeu économique d’importance croissante
surles marchés des produits agro-alimentaires. Elle est également
unenjeu central des relations entre les différents acteurs impliqués dans
cesfilières de
production et dans l’aménagement d’un territoire. C’est pourquoi il
nousest
apparu intéressant de faire le point
sur ceconcept de qualité,
enl’illustrant par l’exemple de la filière lait-fromage d’une
zonede montagne, où
sonimpact est vital.
Depuis
le début des années80,
la saturation des marchés internationaux et la limitation de l’offre desproduits agricoles imposée
par la CommunautéEuropéenne
ontprofondément
modifié le fonctionnement des marchés des
produits agro-alimentaires.
Dans de tellesconditions,
l’action sur lesprix
et lesquanti-
tés n’assure pas à elle seule
l’ajustement
del’offre et de la demande. La
qualité
des bienscontribue
également
àréguler
l’activité écono-mique,
comme l’énonce la théorie des conven-tions de l’économie de marché
(Eymard- Duverney 1989).
On assiste en
conséquence
à un renforce-ment des
règles
propres à diverstypes
de pro-duits,
telles que lesappellations d’origine,
leslabels,
lesproduits
del’agriculture biologique, l’appellation
et la provenance"montagne",
lacertification de conformité.
Parallèlement,
pour les
entreprises,
"faire de laqualité"
apparaît
désormais comme "leprix
à payeraujourd’hui
pour être encore sur le marché dedemain" (Valceschini 1991). Elles
attaquent
le marché en lesegmentant
pour mieux cibler lademande,
et diversifient leursproduits
pour yrépondre
de manièreplus spécifique.
Ellescherchent
également
àgarantir
le niveau dequalité
de leurproduction, grâce
à la mise enplace
dessystèmes d’assurance-qualité.
A la veille de l’ouverture du marché
unique européen,
nous nous proposons de faire lepoint
sur leconcept
de"qualité"
dansl’agro- alimentaire,
et sur ses difficultésd’application
en nous
appuyant
surl’exemple
du secteurlaitier,
etplus particulièrement
des filièreslait-fromage
dans lesAlpes
du Nord.Le
présent article,
destiné à faire réfléchirsur le
concept
dequalité
àpartir
d’uneexplo-
ration de la littérature
française
consacrée àce
sujet,
aborde d’une manièregénérale
lanotion de
qualité,
à travers laperception
deséconomistes,
destechnologues, puis
des diffé-rents acteurs de la filière
agro-alimentaire : producteurs, entreprises
et consommateurs. Il propose ensuite uneapplication
de ceconcept
dequalité
àl’analyse
des relations entre pro- ducteurs de lait etentreprises fromagères.
Un
prochain
article traitera des outils misen
place
en vue du marchéunique
pour identi- fier etgarantir
laqualité
desproduits
et del’entreprise,
ets’interrogera
sur leuradapta-
tion concrète aux besoins d’une filière telle que la filière
lait-fromage
desAlpes
du Nord.Résumé ’
Le
concept
dequalité
est soumis à desinterprétations
variées. La définition de laqualité
desproduits
d’une filière n’est pas dictéeuniquement
parl’aval,
mais résulte d’un processuscomplexe,
danslequel
les relations entreagents
sont déterminantes.La mise en
place
d’unepolitique
dequalité
nécessite une mobilisation collective à l’échelle d’une filière. Une démarche de modélisation estproposée
pour construire des outils d’aide à la décision en matière de maîtrise de laqualité.
1 / Le concept de qualité des
produits
l.i / Une grille de lecture : les &dquo;modes de définition&dquo; de la qualité
Dans le cadre du marché
agro-alimentaire,
laqualité
desproduits prend
uneplace
cen-trale, puisqu’elle participe
activement à sarégulation.
Comment aborder cetteprobléma- tique
de laqualité,
dont chacuns’empare aujourd’hui ?
Commentcomprendre
ce que les acteurséconomiques
mettent concrètement derrière ce terme ? Comment la Recherchepeut-elle
les aider à concevoir et à instrumen- ter despolitiques
dequalité adaptées
à leursbesoins ? Les réflexions actuelles sur les
&dquo;modes de définition&dquo; de la
qualité proposent,
nous
semble-t-il,
un cadred’analyse pertinent
des discours et des
pratiques qui
sedévelop- pent
autour despolitiques
dequalité.
C’est1&dquo;’économie des conventions&dquo;
qui
fournit le fil conducteurnécessaire,
ens’appuyant
surl’étude des confrontations entre les
agents économiques
etqui
amène àdistinguer
troismodes de définition de la
qualité
desproduits (Sylvander 1991) :
* Le
premier
mode de définition se réfère à desrègles objectives,
à des normes,qui
conduisent à une standardisation des
produits
et des
procédés
de fabrication. Onparle
de&dquo;coordination industrielle&dquo; entre acteurs éco-
nomiques.
* Le deuxième mode de définition est fondé
sur la
fidélité, l’estime,
la confiance enversune personne, le
fromager
parexemple, et/ou
un
produit
et sa marque. Onparle
de &dquo;coordi- nationdomestique&dquo;.
* Le troisième mode de définition repose sur
le
prix
duproduit,
établi selon lejeu
de laconcurrence, de l’offre et de la demande. On
parle
de &dquo;coordination marchande&dquo;.A côté de ces formes de coordination
qui peuvent
fonder desprincipes
d’évaluation de laqualité
desproduits,
ondistingue
enfin uneforme de coordination fondée sur la solidarité
collective,
telle que l’onpeut
la concevoir parexemple
entre unecoopérative,
sesproduc-
teurs et ses clients : il
s’agit
alors de &dquo;coordi- nationcivique&dquo; (Valceschini
et Heintz1991).
>.Selon leur
logique
deproduction,
les entre-prises aménagent
descompromis
entre les dif-férentes formes de coordination.
L’entreprise qui
recherche l’amélioration des rendements et la réduction des coûts deproduction privilé- giera
la coordination industrielle. Enrevanche,
cellequi
souhaitegarantir
le main-tien des modes de
production
et le renom de lamarque
développera davantage
les relationsdomestiques (Boisard
et Letablier 1987). Il enrésulte que la définition de la
qualité
d’unproduit dépend
leplus
souvent d’une combi- naison entre les différentes formes de coordi- nation(Lebail
et Valceschini 1990).également
subi une évolutionsensible, qui
vaglobalement
dans le même sens. Unproduit alimentaire,
unfromage
parexemple,
se défi-nit à travers de
multiples composantes, qui jouent
toutes un rôle dans son éventuel succèscommercial (encadré 1). Ce panorama montre
l’importance
et lacomplexité
desparamètres
de
qualité qui
vont entrer dans l’identification d’unproduit.
Composantes
entrantdans la définition d’un
produit
(source : Buron
1990)
- L’objet (le produit
enlui-même ;
saforme ;
sonemballage).
- Sa dénomination.
- Sa marque commerciale.
- Les
composants
dumarketing : politique
des
prix ; politique
depublicité ; politique
de distribution.
- Son
image
pour le consommateur.De nombreux auteurs ont étudié la séman-
tique
de laqualité
desproduits.
Ceconcept
a subi une évolutionparallèle
à celle des exi- gences dumarché,
que Buron (1990) résumeen trois
étapes :
1 - La
qualité
d’unproduit
se définit comme&dquo;l’ensemble des
propriétés
de l’aliment per- mettant une consommationsatisfaisante&dquo; ;
2 - La
qualité
d’unproduit
se définit comme&dquo;une meilleure
aptitude
pour la consomma-tion&dquo; ;
3 - La
qualité
d’unproduit
se définit comme&dquo;l’adaptation
à sonemploi&dquo;
(Juran 1974).La
première
définition fait référence aux normes dictées par lestechnologues
et lesscientifiques.
Ellefige
laqualité
pour un pro- duit donné. Dans ce sens, laqualité s’oppose
àla
non-qualité.
Le désir du consommateurn’est,
enpratique,
paspris
encompte.
Lescomposantes
de laqualité qui
sontprises
enconsidération sont
intrinsèques
auproduit et,
pour la
plupart, objectives
etquantifiables (composition
en élémentsnutritifs,
caractéris-tiques bactériologiques,
etc.).La troisième définition ne
parle plus
de&dquo;consommation
satisfaisante&dquo;,
ni mêmed&dquo;’aptitude
à laconsommation&dquo;,
maisd&dquo;’adap-
tation&dquo; à un
emploi
nonprécisé.
Elleexprime
le fait réel que l’obtention d’un bon niveau de
qualité,
et la satisfaction du consommateurfinal,
passe par la satisfaction de toutes les personnesayant
une relation avec leproduit :
les consommateurs bien
sûr,
mais aussi tous les intervenants des circuits de fabrication et dedistribution,
lesproducteurs
et leursconseillers
techniques,
etc. A l’échelle de l’en-treprise,
cette définition introduit leconcept
de&dquo;qualité
totale&dquo; (Juran1974), qui prend
encompte
l’ensemble des clients et des fournis-seurs
internes,
etrépond
à l’idée que la qua- lité doit être élaborée pas à pas à l’intérieur del’entreprise
(Buron 1990).Cette définition attire
également
l’attentionsur
l’importance
de l’identificationprécise
de1&dquo;’emploi&dquo;
desproduits,
enrapport
avec le pro-cessus d’élaboration de la
qualité :
unproduit
doit être
adapté
auxspécifications imposées
par son
emploi.
Cesspécifications précisent
un certain nombre de conditions que le pro- duit doit
remplir
pour satisfaire l’utilisateur.Elles fixent les
objectifs qui permettent
d’orienter les actions del’entreprise
dans unedirection conforme à l’obtention de la
qualité (Faillenet 1985,
nonpublié).
Lesscientifiques,
les
techniciens, l’Administration,
lesprofes-
sionnels et tous ceuxqui
interviennent dans l’élaboration de cesspécifications
ont lacharge
de &dquo;traduire la voix du consommateur, mais sans introduire leur propre voix&dquo; (Buron 1990). Laqualité
duproduit
est évaluéegrâce
à un ensemble de critères
qui
doivent per- mettre dejuger
de sa conformité vis-à-vis desspécifications :
lapertinence
du choix de cescritères est donc essentielle pour la réussite d’une
politique
dequalité (figure
1).La
qualité
attendue variant selon les utili- sateurs et les différentes occasions de consom-mation,
il est nécessaire de détecter avecpré-
cision les demandes du marché et de bien
La
qualité
d’unproduit prend
encompte
sescaractéristiques intrinsèques,
parexemple
sacomposition,
maisaussi un ensemble de critères
traduisant son
adéquation
à lademande du consommateur.
Pour les
fromages
traditionnels de mon-
tagne,
lepositionnement
tcommercial haut de gamme est très lié à
l’image
d’unfromage
deterroir,
augoût &dquo;typé&dquo;, &dquo;,
issu desystèmes
deproduction respectueux
des paysagesalpins.
cibler
chaque segment
de marché. En défini-tive,
laqualité
d’unproduit dépend
dudegré d’adéquation
entre lescaractéristiques
dequalité
duproduit
conçu et mis sur le marché d’unepart,
celles duproduit
attendu par l’uti-lisateur d’autre
part.
S’il existe actuellement un consensus des
partenaires
del’agro-alimentaire
pour définir leconcept
dequalité,
conformément à lanorme AFNOR (NF X 50.109), comme &dquo;l’en-
dans les
Alpes
du Nordpourraient
être clas-sés comme suit :
-
qualité bactériologique :
nombre degermes, de
cellules,
absence de résidu d’anti-biotiques,
-
qualité technologique :
tauxprotéique,
nombre de spores
butyriques ;
-
qualité
sensorielle :odeur, goût, couleur, texture ;
-
qualité d’usage : régularité
des caractéris-tiques
de la matièrepremière, adaptation
duvolume de laits livrés au marché du
fromage ;
-
qualité psycho-sociale :
conformité àl’image
d’uneproduction
traditionnelle de fro- mage deterroir, respectueux
de l’environne- ment et des traditions locales.La
décomposition
de laqualité
duproduit
en
caractéristiques pouvant
fairel’objet
demesures
objectives permet
d’harmoniser et de normaliser les critères dequalité ;
elle tendvers la recherche d’une
qualité
standardisée duproduit.
La fonctiond’usage, qui
faitappel
aux
préférences
diversifiées des consomma-teurs,
renvoiedavantage
lejugement
de laqualité
duproduit
à un mode d’évaluationmarchand,
sanctionné par lejeu
desprix (Eymard-Duverney
1989).2 / Le concept de qualité
ausein d’une filière
Les différents acteurs
économiques
d’unefilière n’ont pas les mêmes besoins ni la même demande de
qualité
sur lesproduits
de lafilière. A un même niveau de la
filière,
les per-ceptions
de laqualité peuvent
en outre êtretrès différentes.
2.i / Les producteurs et la qualité
Reprenons l’exemple
de la filière lait-fro- mage demontagne :
tous lesproducteurs
n’ontpas la même attitude vis-à-vis de la
qualité
dulait. Si la formule de fixation du
prix
dulait, qui
tientcompte
de sacomposition chimique
et de critères
bactériologiques,
incite collecti- vement lesproducteurs
à rechercher une qua- litéqui
leurrapportera davantage,
la gamme des laits livrés n’en reste pas moins trèslarge,
y
compris
sur les critères dequalité
en ques- tion.Cela est
particulièrement
net en zone demontagne,
où les contraintes liées au milieuphysique,
aux structuresd’exploitations
etaux différents
types
defromages fabriqués
sont
fortes,
et où lesobjectifs
desproducteurs peuvent
être très divers : réduction des coûts deproduction, aménagement
dutemps
de tra- vail en relation avec une double activité liéeau
tourisme,
valorisation d’unpatrimoine
reçu en
héritage,
amélioration de laproducti-
vité du travail par
l’augmentation
du niveaude
production
dutroupeau,
etc..Aussi,
lestechniques
et lespratiques
deproduction
sont-elles variées. Certaines sont détermi- nantes pour la
qualité
des laits(Gilibert
et al1987). Mais leurs effets sur les
performances
laitières
peuvent
être différents d’untype d’exploitations
à un autre(Coulon
et al 1990).Les
exigences
en matièred’approvisionne-
ment pour la fabrication d’un
fromage
tel que le reblochon ne sont pas les mêmes pour unefromagerie
industrielle que pour unefromage-
rie
traditionnelle,
car laperception
de la qua- lité du lait est différente. Pour lapremière,
laqualité
du lait estplus
à rechercher dans des critèresbactériologiques
ettechnologiques.
Pour la
seconde,
ces critères dequalité
sontégalement pris
enconsidération,
mais ils sontétendus à l’influence (encore mal connue) des
caractéristiques
duterroir,
despratiques
tra- ditionnelles et des moyens deproduction
indi-gènes
sur lesaptitudes fromagères
du laitqui
découlent de sa
composition chimique
et de saflore microbienne naturelle ainsi
qu’à
leurinfluence sur
l’image
associée auproduit
finidans
l’esprit
du consommateur.Ainsi,
dans une filièredonnée,
lesproduc-
teurs comme les transformateurs
peuvent-ils
avoir des
perceptions
et des attitudes très diverses vis-à-vis de laqualité
du lait. Les relations entre tous cesagents économiques
au sein de la filière
intègrent
nécessairement cette diversitéd’approche,
et la maîtrise col- lective de laqualité
doit en tenircompte.
Pour maintenirinchangées
tout aulong
de la filièreles valeurs
qui
fondent laqualité
desproduits,
il est
important,
à cetégard,
que lesproduc-
teurs eux-mêmes aient une
perception
clairedu
positionnement
dufromage
sur lemarché,
et donc de ce
qui
fait saqualité.
2.
2 / Les entreprises et la qualité
Travailler pour la
qualité
d’unproduit
ausein d’une
entreprise
demande uneprise
deconscience à l’ensemble des acteurs de la
&dquo;chaîne alimentaire&dquo;
depuis
leproducteur
delait
jusqu’au
consommateur.Depuis
le débutdes années
90, quelques entreprises
laitièresont fait de la
politique
dequalité
un élémentmajeur
de leurstratégie,
et tentent d’orienter leurpolitique
demarketing
vers la satisfac- tion des besoins du consommateur. Elles sont encore très minoritaires.De nombreux auteurs
français (Multon
etDavenas
1985), japonais
et américains se sontpenchés
sur lapolitique
del’entreprise
enmatière de
qualité.
Cettepolitique
se définitpar un
projet,
autourduquel
le groupe socialreprésenté
parl’entreprise
vas’organiser
et sestructurer.
L’élaboration de la
qualité
d’unproduit
passe successivement dans
l’entreprise
parquatre étapes complémentaires, qui
nécessi-tent de sa
part quatre qualités
distinctes(Bonnome 1990 non
publié) :
1 - la connaissance du
besoin, qui
nécessited’être en permanence à l’écoute du consomma-
teur
(qualité d’écoute) ;
Les
différents
intervenants d’une
filière
contribuent à l’élaboration de laqualité
selon desconceptions
et descritères
parfois
trèsdivers - D’où la nécessité de
définir
collectivement un
concept
dequalité qui puisse
traverserl’ensemble de la
filière.
2 - la
pertinence
du choix desspécifications, qui
doivent êtreadaptées
aux attentes identi-fiées,
de manière àgarantir
auproduit
undegré
de satisfaction donné du besoin(qualité
de
conception) ;
3 -
l’adaptation
del’appareil
deproduction
àla fabrication
programmée, qui permet
de réa- liser lesproduits
conformément auxspécifica-
tions
(qualité
deréalisation) ;
4 -
l’aptitude
à détecter des &dquo;dérives de qua-lité&dquo;,
la mise en évidence de leurs causes et l’élaboration des actions correctives néces- saires pour obtenir la satisfaction visée des consommateurs envers lesproduits (qualité d’usage).
Ces
étapes
renvoient à des fonctions diffé- rentes del’entreprise.
Il fautdonc,
pour lesatteindre, développer
lamotivation,
la cohé-rence et la
compétence
de l’ensemble du per- sonnel.Dans le cas de
l’approvisionnement
des fro-mageries
enlait, l’étape
1 consiste de leurpart
àpositionner
leurfromage
parrapport
àun créneau de marché bien
identifié ; l’étape
2à formuler clairement leurs
exigences
enmatière de
qualité
dufromage
et donc de qua- lité du lait (cahier descharges),
lesétapes
3 et4 à s’informer sur la
fréquence
etl’importance
des livraisons non conformes et à mettre en
place
lesprocédures susceptibles
de les sup-primer,
et d’aboutir au strictrespect
du cahier descharges.
Les deuxprincipaux
moyens d’ac- tion dont usent concrètement lesentreprises
laitières vis-à-vis de leurs fournisseurs sont d’une
part
l’information et le conseil délivrés par leurs servicestechniques,
d’autrepart
lagrille
de fixation duprix
du lait en fonction desa
qualité.
La réussite de la
stratégie
dequalité
de l’en-treprise
repose sur une bonne connaissance deses
objectifs
et de ses moyens (matières pre-mières,
process,matériels, hommes).
Les&dquo;outils de la
qualité&dquo; qui
serontprésentés
dans un
prochain article,
contribuent à cette réussite.L’entreprise
doit donc s’efforcer de fournir desproduits
dont lescaractéristiques
sontdéfinies en fonction de demandes
spécifiques.
D’après
une étude duGroupe
Internationalsur les Recherches Alimentaires
(GIRA) qui
cherche à
préciser
lessegments
de marché dufromage
de l’an 2000 (tableau2),
lespetites entreprises laitières,
pouracquérir
un avan-tage
concurrentiel face à laprésence
deplus
en
plus
vive desmégacoopératives
et des mul-tinationales,
devrontprivilégier
deux axes dedéveloppement :
l’innovation et le travail surdes
produits
de terroirstype
AOC (Richard 1990).2.
3 / Les consommateurs et la qualité
Les études menées ces
vingt
dernièresannées sur
l’analyse
des déterminants de la consommation alimentaire montrent que si le statut social et le niveau des ressources res- tent des critères discriminants pour la diffé- renciation des consommations(Bourdieu 1979, Grignon
etGrignon 1980),
&dquo;la structure desemplois
dutemps
desménages&dquo; (Herpin 1980),
donc le mode de vie et le manque detemps (Sylvander 1988),
influent fortementsur les attitudes des consommateurs vis-à-vis des
caractéristiques d’usage
desproduits.
Parallèlement,
les consommateurs recher- chent uneplus grande
sécurité alimentaire.Le
&dquo;poulet
aux hormones&dquo; a été enquelque
sorte un révélateur. La
part croissante
desproduits
industriels ne faitqu’amplifier
l’in-certitude des consommateurs sur les
qualités
des
produits
alimentaires. Cette incertitudese concrétise par la recherche de
produits
pour
lesquels
le recours à unepratique
tradi-tionnelle et/ou artisanale
pourrait
être garan- tie et par l’intérêt accru pour lesproduits
dits&dquo;naturels&dquo;,
&dquo;frais&dquo; et&dquo;biologiques&dquo; (Sylvander
et al 1986).
De
fait,
l’étudeprécitée
du GIRA sur le mar-ché du
fromage
en l’an 2000 fait ressortir dessegments
de marché enplein
essor(Richard
1990) :
- un marché basé sur la
&dquo;praticité
d’utilisa-tion&dquo; : le consommateur attend des
produits adaptés
aux différentes occasions de consom-mation,
parexemple
lesfromages
emballés enparts
individuelles.- un marché
développant
lacomposante
&dquo;naturelle&dquo; : Dans cette
optique,
lesfromages traditionnels,
lesfromages
frais et les fro-mages naturels (ni
allégés,
ni enrichis) ont debonnes
perspectives
dedéveloppement.
- un marché des
produits
dits &dquo;nutrition- nels&dquo; oudiététiques (allégés
en matièresgrasses,
appauvris
encholestérol,
enrichis envitamines,
etc.).Si les consommateurs se trouvent dans l’in- certitude face à la
qualité
desproduits,
ils lesont
également
face aux facteurs deproduc-
tion de cette
qualité. L’exemple
connu duPoulet Label le démontre : le consommateur définit sa
qualité supérieure
par une bonne adhérence de la viande sur la carcasse et l’ex-plique
par laspécificité
de l’alimentation(Sylvander 1991),
alors que ce critère de qua- lité est fortement corrélé avecl’âge
à l’abat-tage (Touraille
et al1981).
La
qualité
desproduits
et lerespect
de l’en- vironnement sont despréoccupations qui
sesont affirmées au fil de ces
vingt
dernièresannées. Aussi sont-ils souvent associés dans
l’esprit
dupublic
comme dans de nombreux discourspolitiques. Or,
ce sont deux pro- blèmes trèsdifférents, qui peuvent
difficile-ment être résolus
simultanément,
d’unepart
à cause de leur
spécificité respective,
d’autrepart
en raison de leur statutéconomique
diffé-rent
(usage privatif
pour lepremier,
collectifpour le
second),
ainsi que le relève Thiébaut(1991).
Lesproduits d’Appellation d’Origine
Contrôlée
jouent
certes sur la relationqualité-
environnement. Ainsi certains
fromages appuient-ils
leurpublicité
sur laqualité
d’unpaysage
préservé.
Mais si la nature du terroir contribue bien à laqualité
desproduits,
l’im-pact
sur l’environnement dessystèmes
de pro- ductionqui
élaborent cesproduits
est rare-ment
envisagé.
Des
catégories
de consommateurs recher- chent même desproduits
élaborés dans le res-pect
de certaines valeurssociales, qui
contri-buent au maintien de la
qualité
de l’environ-nement,
et celaindépendamment
de laqualité intrinsèque
duproduit (Thiébaut 1991).
Mais laplupart
des demandes des consommateurs sont satisfaites par desproduits qui
ont enréalité,
directement ou non, une incidence deplus
enplus négative
sur l’environnement(demande d’emballage,
deréfrigération...). On peut
donc penser que le marché desproduits
de
qualité &dquo;respectueux
de l’environnement&dquo;ne se
développera
à terme que si s’instaure véritablement une convergence entre d’unepart
laqualité
desproduits
et d’autrepart
l’incidence sur l’environnement despratiques
liées à leur
production.
3 / Le concept de qualité des produits agricoles
3.i / Qualité &dquo;interne&dquo; et qualité
&dquo;externe&dquo;
Plus encore
qu’un produit alimentaire,
leproduit agricole
destiné à la transformation est souvent perçu à travers sonsystème
deproduction.
Ceci est lié enpartie
à unélargis-
sement de la
conception
de laqualité
chez lesparticipants
de la filière.Aussi,
pour des pro- duitsagricoles,
ceconcept comporte générale-
ment deux volets
(Demeyer 1991,
Thiébaut1991) :
- la
qualité &dquo;interne&dquo;,
ouqualité
directement liée auproduit ;
- la
qualité &dquo;externe&dquo;,
ouqualité &dquo;indirecte&dquo;,
liée à son
système
deproduction.
Dans le casd’une demande de
produits &dquo;respectueux
del’environnement&dquo;,
laqualité &dquo;externe&dquo;,
définiecomme &dquo;le
respect
par les processus de pro- duction d’un certain nombre de valeurs&dquo;(Thiébaut 1991),
devient fondamentale. LeBeaufort,
parexemple,
véhiculel’image
d’unemontagne
humanisée et s’accomoderait mal d’unemontagne
en friche.Aux yeux des
entreprises laitières, l’organi-
sation de la
production
et de la collecte entrent dans la définition de laqualité
du lait.La
gestion
de laqualité
du lait consiste eneffet à maîtriser non seulement des critères
bactériologiques, technologiques,
mais aussila variation au cours de l’année du volume livré sur l’ensemble de la zone de collecte. Le fait
qu’il
soitpossible
de payer au mêmeprix,
dans la même
entreprise,
deux laits dequalité bactériologique
ettechnologique
très diffé-rente
(tableau 3),
ou à l’inverse que leprix
d’un lait de
qualité
constante varie selon la saison montre clairement que leconcept
dequalité
du laitinclut,
pour lesentreprises,
saqualité
externe.3.
2 / Analyse de la qualité d’un produit agricole : le lait
D’un
point
de vuetechnique
ouéconomique,
la
qualité
dulait,
tellequ’elle
est évaluée par les critères définisplus haut, peut
être consi-Le
prix
du laitdestiné à la
fabrication fromagère
tientcompte
non seulement descaractéristiques technologiques
etbactériologiques
mais aussi de critères tels que le mois de
production.
dérée comme une
performance
deproduction,
dans la mesure où ce terme
désigne précisé-
ment tout indicateur ou combinaison d’indica- teurs
permettant
dejuger
de laqualité
d’unanimal,
d’unsystème d’élevage
ou d’un pro-cessus de
production (Landais 1987).
A la dif- férence d’autresperformances
deproduction,
la
qualité
du laitapparaît
certescomplexe,
aussi bien par son mode de définition que par
son
objectivation,
et lapart
desubjectivité
dans la définition de la
qualité peut
être trèsimportante. Néanmoins,
cette assimilation de laqualité
à uneperformance particulière
al’intérêt de situer le
problème
de sa maîtrisedans une
problématique plus générale, qui
estcelle de la &dquo;modélisation de l’élaboration des
performances&dquo; (figure
2).L’objectif
de ce cetype
de démarche consiste à fournir auxacteurs concernés des outils d’aide à la déci-
sion, principalement
pour cequi
concerne leschoix
stratégiques, qui
sont au centre dudébat sur les
politiques
dequalité.
Cette
problématique intègre
lesquestions
relatives au mode de définition et à
l’objecti-
vation de la
qualité.
Son mode de définition relève dessystèmes
de relations entreproduc-
teurs et
organismes
collecteurs de lait(Boisard
et Letablier1987, Eymard-Duverney
Relations entre
producteurs agricoles
et
entreprises
laitières dans lesAlpes
du Nord : la fixation du
prix
du lait.Pour
préserver
leconsommateur,
l’Admi- nistrationimpose
de strictesrègles hygié- niques
etsanitaires, qui
normalisent la définition et les modes d’évaluation descaractéristiques bactériologiques (germes, cellules,
résidusd’antibiotiques) qui
ontune
répercussion
directe surla qualité
dulait. Les
entreprises réagissent
en instau-rant un
paiement
du laitdifférent
selon laclasse
bactériologique.
Demême,
pour satisfaire auxexigences
de la transforma- tionfromagère, l’entreprise peut
être ame-née à normaliser des critères technolo-
giques (taux protéique,
sporesbutyriques, lipolyse), qui
vont alorsintervenir
dans les modalités d’évaluation du lait. Mais cer-tains
paramètres
entrant dans la fixationdu
prix
dulait,
et surtout du&dquo;prix
debase&dquo;, peuvent échapper
totalement àl’entreprise.
Dans
l’Isère,
la fixation duprix
de base estliée à un consensus entre
entreprises.
Elledépend
en Savoie comme en Haute-Savoie de la moyennepondérée
nationale de l’Emmental Est Central. Mais en Haute- Savoie elle est soumise aussi aujeu
de laconcurrence entre l’offre et la demande de
lait,
et diffère selon la zoned’appellation (Reblochon
ouEmmental). Enfin,
dans lescoopératives
engestion
directe deSavoie,
elle fluctue avec le marché du
fromage.
1989,
Valceschini 1991). Laquestion
ne sepose donc pas sous une forme
unique
etgéné-
rale pour une filière de
produits donnée,
maissous des formes variées selon la
stratégie
desentreprises
et la&dquo;panoplie&dquo;
deproducteurs
dechacune d’entre elles. Ce tissu de relations entre
producteurs
etentreprises
repose sur des confédérations sociales etéconomiques, parfois
très localisées(Caneill
etCapillon
1990). La
gestion
desquotas laitiers,
lesmodalités d’évaluation et de
paiement
dulait,
le niveau local de la concurrence, lesrapports
de force établis entreproducteurs,
transfor-mateurs et
affineurs,
le réseau relationnel(agents
deDéveloppement, agents
commer-ciaux), etc.,
en forment la trame. Tous ces élé- ments exercent une influence sur lagestion
dela
qualité.
La diversité des méthodes de fixa- tion duprix
du lait dans lesAlpes
du Nordillustre bien la
complexité
de cetype
de pro- blème(encadrés
2 à 4).Il est clair que la
qualité
du lait recherchée parl’entreprise
est enpartie
dictée par l’aval :- d’une
part,
laqualité intrinsèque
d’un fro-mage est en étroite relation avec celle du
lait,
et sa
qualité
&dquo;externe&dquo; avecl’image
des sys- tèmes deproduction
et des paysagesagraires ;
- d’autre
part,
le caractère saisonnier des livraisons de lait doit êtrepris
encompte
non seulement pour des raisonstechniques (il
peut pénaliser
la fabrication de certains fro-mages),
mais aussi parce que leplanning
deproduction
doits’adapter
à la saisonnalité de la demande. C’estpourquoi
leprix
dulait,
àqualité intrinsèque constante,
varielarge-
ment au cours de
l’année,
avec uneamplitude
différente selon le contexte
(figure
3).La
qualité
de la matièrepremière
souhaitéepar
l’entreprise dépend également
de son pro-cess
(techniques
deproduction
et contraintes defabrication)
etprobablement,
dans une cer-taine mesure, de la
perception qu’elle
a de sesproducteurs-fournisseurs
et de leur offre dequalité,
comme l’ont montré Lebail etValceschini (1990) dans le secteur du blé dur destiné à la
semoulerie-patisserie.
Larepré-
sentation que se fait
l’entreprise
de sa zone decollecte,
dupoint
de vue de lagéographie agraire
mais aussi à travers la diversité per- çue dessystèmes
deproduction
mis en œuvrepar ses fournisseurs (en termes d’atouts et de contraintes vis-à-vis de la
qualité
duproduit livré), peut
donc exercer une influence sur la définition de laqualité qu’elle
recherche !La
qualité
du lait recherchée par l’entre-prise
se traduit par le choix des critères dequalité, qui
sontdéfinis,
comme nous l’avons vu, en conformité avec lesspécifications.
Dansle cas d’un
fromage d’Appellation d’Origine
Contrôlée
(AOC) fabriqué
au lait cru, cesspé-
cifications sont
imposées
par le décret relatif àl’AOC,
par lesdispositions réglementaires
concernant les laits crus
(décret
du 21 mai 1955) et la liste des critèresmicrobiologiques auxquels
doit satisfaire le lait destiné à la transformation (arrêté du 17septembre
1984).
Relations entre
producteurs agricoles
et
entreprises
laitières dans lesAlpes
du Nord : la
gestion
desquotas
laitiers.(source :
Buisson etGuglielmi 1990).
En
Savoie,
lesquotas
laitiers sontgérés
par un GIE
départemental, qui
estl’unique
acheteur ONILAIT. Cette situation a per- mis à la zone de
production
de Beaufort de continuer à progresser en lait. Dans cetterégion,
les fruitièresfabriquent
unfromage
de
qualité,
dont la demande est soutenue.La forte croissance de la
production
laitièreest assurée par des
petits
livreurs. Pour maintenir cettecroissance,
les fruitières n’hésitent pas àsoutenir,
voire à pousser leursproducteurs.
Enrevanche,
dans d’autres zones dudépartement,
certainescoopératives,
par crainte despénalités,
ontfreiné leurs
producteurs,
entraînant mêmeun renversement de situation se traduisant par une diminution
trop importante
de leurlivraison de lait ! En
Haute-Savoie,
un sys- tème deprêt
dequotas
assure à tous lesproducteurs ayant
besoin de croissance les droits àproduire
nécessaires. Enpratique,
il a surtout bénéficié aux gros livreurs.
La modélisation du processus d’élaboration d’une
performance,
en vue d’une meilleure maîtrise de sonobtention,
passe par unephase
dedécomposition
de laperformance glo-
bale en
composantes, puis
par unephase d’analyse
des facteurs de variation dechaque composante
et despratiques
parlesquelles
lesopérateurs peuvent
intervenir pour modifier dans un sens ou dans un autre le niveau deces
composantes.
A l’échelle d’unsystème complexe,
cette modélisation suppose que l’on connaisse tous lesphénomènes biotechniques
mis en
jeu,
maiségalement
la manièrespéci- fique
dont ils secombinent,
en raison des mul-tiples
interactionspossibles (Landais
1987).Dans la
perspective
d’une meilleure maî- trise de laqualité
dans une filièrefromagère
de
montagne,
considérée comme unsystème complexe piloté
par les acteurs de ses diffé- rents niveauxd’organisation,
le&dquo;processus
d’élaboration de la
qualité
du lait&dquo;pourrait
ainsi être
étudié,
en suivant cettedémarche,
àla lumière du processus
global
de la filière(production-transformation-commercialisa-
tion-consommation) et de
l’analyse
des rela-tions entre ses divers
participants.
L’une desretombées attendues d’une telle étude pour- rait consister à amener les
entreprises
lai-tières à améliorer la
représentation qu’elles
sefont de leur bassin de collecte et à
adopter
despolitiques
dequalité plus diversifiées, plus
Relations entre
producteurs agricoles
etentreprises
laitières dans lesAlpes
duNord : le
partage
de la valeurajoutée.
Dans certaines filières
fromagères protégées
par une
appellation d’origine,
les acteurséconomiques
ont mis enplace
desstratégies
de différenciation desproduits
et des méca-nismes
puissants
deprotection
du marché.Ces filières ont bénéficié ainsi d’une rente de
monopole,
dont la redistribution a étéplus
ou moins
bénéfique
auxproducteurs
selon lerapport
de force entre lesproducteurs,
lestransformateurs et les affineurs
(Perrier-
Cornet
1990).
’Le Beaufort a su
générer,
par unpositionne-
ment haut de gamme, une forte valeur
ajou- tée, qui profite largement
auxproducteurs organisés
en fruitières. Le cas du reblochon estplus complexe,
enpartie
du fait de la seg- mentation de son marché. La filière reblo- chon laitier bénéficieégalement
d’une valeurajoutée élevée, qui
a étéaccaparée
engrande partie
par les transformateurs.Toutefois,
leprix payé
auxproducteurs
delait, quoique plus
fluctuant que celui de la zoneBeaufort,
est relativement
élevé, grâce
à la création des zonesd’appellation.
Dans lesegment
de filièreoccupé
par le reblochonfermier,
lesproducteurs-fromagers profitent plus complè-
tement de la forte valeur
ajoutée
duproduit.
pertinentes
et au totalplus efficaces,
face à la diversité de leurs livreurs.Conclusion
Cette
rapide
revue des manières d’aborder leconcept
dequalité
et de sesprincipales
dif-ficultés
d’emploi
fait ressortir les éléments suivants :- La mise en
place
d’une véritablepolitique
de
qualité
relève d’une démarche collective à l’échelle de lafilière,
à l’intérieur delaquelle
coexistent
généralement,
selon lespartici- pants,
desconceptions
et desstratégies
trèsdiverses en matière de
qualité.
Ceci résulte à la fois de la diversité de ces acteurs et des dif- férentes formes de coordinationpouvant
exis-ter entre eux. La
principale
difficulté consiste donc à identifier etnégocier
collectivement unconcept
dequalité qui puisse
êtrepartagé
partous,
et traverser l’ensemble de la filière. Ilsemble
important,
enparticulier,
que les pro- ducteursagricoles
comme lesentreprises
detransformation aient une claire
perception
dupositionnement
duproduit
final sur le mar-ché,
et donc une bonnecompréhension
de lademande de
qualité.
Deplus,
la motivation et la mobilisation de l’ensemble dupersonnel
del’entreprise apparaissent
comme des éléments essentiels d’unepolitique
dequalité.
- Tous les acteurs d’une filière intervien- nent, directement ou
indirectement,
à diffé-rents niveaux du processus d’élaboration de la
qualité
d’unproduit (mode
dedéfinition,
éva-luation,
élaborationproprement dite).
Cettequalité
résulte d’un processuscomplexe,
danslequel
les relations entreagents
sont détermi-nantes. Une voie
possible,
pour aborder ceprocessus dans sa
complexité,
est celle de la modélisationsystémique.
Leconcept
actuel dequalité
sedéveloppe
eneffet,
de manièreplus
ou moins
explicite,
àpartir
d’uneperception
très