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Submitted on 1 Jan 1985
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Atténuation acoustique basse fréquence dans l’eau de mer : étude des mécanismes de relaxation
P. Mallo, G. Waton, S.J. Candau
To cite this version:
P. Mallo, G. Waton, S.J. Candau. Atténuation acoustique basse fréquence dans l’eau de mer : étude
des mécanismes de relaxation. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP,
1985, 20 (6), pp.403-408. �10.1051/rphysap:01985002006040300�. �jpa-00245351�
Atténuation acoustique basse fréquence dans l’eau de
mer :étude des mécanismes de relaxation
P.
Mallo,
G. Waton et S. J. CandauLaboratoire de Spectrométrie et d’Imagerie Ultrasonores (anciennement Laboratoire d’Acoustique Moléculaire),
Formation Associée au C.N.R.S., Université Louis Pasteur, 4, rue Blaise Pascal, 67070 Strasbourg Cedex, France
(Reçu le 4 octobre 1984, révisé le Il janvier 1985, accepté le 4
février
1985)Résumé. 2014 L’atténuation
acoustique
basse fréquence dans l’eau de mer a été calculée à partir d’un modèle de relaxation faisant intervenir différents constituants de l’eau de mer. Lesprédictions théoriques
sont comparéesaux résultats obtenus à
partir
desexpériences
de propagation à longue portée dans les océans.Abstract 2014 The low
frequency
sound attenuation in sea-water is calculated from a relaxational model involvingdifferent components of sea-water. The theoretical
predictions
arecompared
to the results oflong
range pro-pagation
experiments performed
in oceans.Classification
Physics Abstracts
43.00 - 43.30 - 92.10 - 92.20
1. Introduction.
La
dissipation
des ondesacoustiques joue
un rôleconsidérable dans les
expériences
de communicationsous-marine,
car elle limite laportée
des ondes acous-tiques. Malgré
legrand
nombred’expériences
depropagation acoustique
réalisées au cours des trentedernières années dans les océans et les
grands lacs,
lacompréhension
du mécanisme d’atténuation des ondessonores de basse
fréquence (100-10 000 Hz)
poseencore de nombreux
problèmes.
Avant d’aborder l’étude de
l’absorption acoustique
basse
fréquence,
il est utile derappeler
lesprincipaux
résultats obtenus en laboratoire dans le domaine des
plus
hautesfréquences.
En1949,
Léonard et al.[1]
ontmontré à
partir
d’études réalisées au moyen de latechnique
du résonateuracoustique
que laprincipale
contribution à l’atténuation pour des
fréquences supé-
rieures à 10 kHz
provenait
de laprésence
du sulfatede
magnésium
dans l’eau de mer. Ce résultat a été confirmé par Kurtze et Tamm[2],
Wilson et Léonard[3]
et Tamm et al.[4, 5]
et il est universellement reconnumaintenant que cette contribution
provient
d’unmécanisme de dissociation du
MgS04.
Dans le domaine des basses
fréquences, l’analyse
deThorp [6, 7]
en 1965 et les travaux deLeroy
etSkretting [8]
en 1971 mirent en évidence unphénomène
derelaxation autour de 1
kHz, spécifique
à l’eau de mer,sans toutefois en identifier la cause.
Yaeger et
al.[9]
en 1973montrèrent,
sans aucunéambiguïté,
en utilisant latechnique
du saut detempé-
rature, que le processus relaxationnel observé était dû à la
présence
d’acideborique,
en très faiblequantité (0,43
mM enmoyenne)
dans l’eau de mer. Ces résultats furent confirmés ultérieurement par Simmons[10]
aumoyen de la même
technique;
deplus,
cet auteur observa que le mécanisme de base faisait intervenir les ions bicarbonate et carbonateprésents
dans l’eaude mer.
En
fait,
lafréquence
de relaxation associée à l’acideborique
est très inférieure au domaine defréquences
accessibles avec la
technique
du résonateur. Eneffet,
pour une
fréquence
de 1kHz,
lalongueur
d’ondeacoustique
est de1,5
m, cequi
rendimpossible
toutemesure directe sur de l’eau de mer en laboratoire. Les informations sur le mécanisme de relaxation associé à l’acide
borique
nepeuvent
être obtenuesqu’à partir
de solutions au moins dix fois
plus
concentrées enB(OH)3
que l’eau de mer. Les travaux trèscomplets
de Mellen
[11]
ont été réalisés dans ces conditions.L’analyse
de ses mesuresapparaît
très délicate cardans ce domaine de
concentration,
d’unepart,
il y a formationd’espèces chimiques qui
ne sont paspré-
sentes en milieu
marin,
d’autrepart,
de nouveauxprocessus de relaxation
apparaissent. Cependant,
cetteétude a montré très nettement que le modèle
simple
de relaxation
proposé
initialement[9]
nepouvait
rendre compte des résultats
expérimentaux.
La
technique
du saut detempérature permet
de tra- vailler dans le domaine de 1 kHz et parconséquent,
d’étudier des solutions d’eau de mer en s’affranchissant des inconvénients de la
technique acoustique.
LesArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01985002006040300
404
seules
expériences
réalisées à cejour
par cette méthode sontdonc,
les mesures deYeager [9] qui
ontpermis
l’identification de
l’espèce
relaxante et les travaux deSimmons
[10].
Cesexpériences,
trèslimitées,
ne sontpas suffisantes pour déterminer le mécanisme.
Récemment nous avons
présenté
une étudesysté- matique
par relaxationaprès
saut detempérature
dessolutions d’acide
borique,
additionnées sélectivement des différents sels contenus dans l’eau de mer.Ces travaux
[12,13]
ontpermis
d’établir le mécanis-me réactionnel
qui produit
l’atténuationacoustique.
Dans cet
article,
nousprésentons
lecalcul,
àpartir
du modèle
réactionnel,
descaractéristiques
de lapropagation
sous-marine d’ondesacoustiques
en rela-tion avec les modifications
océanographiques (tempé-
rature,
pression, salinité, pH).
Unecomparaison
avecles résultats obtenus en mer est
également
effectuée.2. Mécanisme de relaxation
chimique.
Les résultats obtenus par relaxation
après
saut detempérature,
nous ont conduits à proposer un modèle réactionnel fondé sur des transferts deprotons
entre deuxcouples
acide-base : acideborique-borate
etcarbonate-bicarbonate
[13].
Ce modèle peut êtrereprésenté
par le schéma ci-dessous :où ki
etk - (i = 1, 2, 3)
sont les constantes de vitesse directe et inverse.L’équilibre HC03
+ OH-C02 -
+H 0
étantrapide
devant les deux autres, la résolution dusystème d’équations cinétiques
pour un tel modèle conduit à deuxfréquences
de relaxation[13] :
lapremière
cor-respond
àl’équilibre précédent,
la deuxièmeplus
basseest celle
qui
nous intéresseprincipalement
dans lecadre de ce travail et s’écrit :
avec
K15 K2, K3
les constantesd’équilibres thermodyna- miques
sont relevées dans la littérature[13].
Sur les
figures
1 et 2 nous avonsreporté
les variationsde fr
en fonctionrespectivement
de la concentrationen
(HCO-3)
et dupH
pour des solutionssynthétiques.
Nous avons
également représenté
les variations defr,
calculées par
ajustement
del’équation (2).
Le seul para- mètreajustable
étaitk3, kl
ayant été déterminé indé-pendamment [12].
Fig. 1. - Variation de la
fréquence
de relaxation avec la concentrationanalytique Co
enHC03
pour une solution;0,43 mM
B(OH)3,
pH = 9. La courbe en trait plein repré-sente le meilleur ajustement de
l’équation
(2) à nos données.[Variation
of the relaxationfrequency
with the concentra-tion
Co
ofHC03
for a 0.43 mMB(OH)3
solution at pH = 9. The full line represents the best fit of the equa- tion (2) to theexperimental data.]
Fig.
2. - Variation de lafréquence
de relaxation enfonction du pH pour une solution 0,43 mM
B(OH)3
et1 mM
HC03 .
La courbe en traitplein
représente le meil-leur
ajustement
del’équation (2)
à nos données.[Variation
of the relaxationfrequency
as a function of pHfor a solution at 0.43 mM
B(OH)3
and 1 mMHCO3.
Thefull line represents the best fit of the equation (2) to the
experimental data.]
3. Atténuation
acoustique.
La
présence
d’un processus relaxationnelproduit
uneatténuation
acoustique supplémentaire présentant
unmaximum à la
fréquence
de relaxation[14].
Le maximum d’atténuation
acoustique,
pour le mécanisme modélisé par le schématriangulaire précé-
dent est donné par
[15] :
Dans cette
relation, 0394V désigne
lechangement
devolume
global impliqué
dans lemécanisme;
po la densité del’eau, vs
la vitesse depropagation
des ondesacoustiques, R
etT
la constante des gazparfaits
et latempérature
absolue.A V peut être calculé en écrivant :
où 0394V1
est lechangement
de volume molaire associé àl’équilibre
et
L1 V 3
lechangement
de volume molaire associé àl’équilibre d’échange
En écrivant les
équations
de conservation de la matière et en tenant compte deséquilibres chimiques,
on obtient
l’expression
de AV :Le
pH
de la mer est voisin de8,1 et | 1 HCO3 1 - 2,3 mM,
par ailleursK2 ~ 105,
cequi
permet d’écrire :La variation de volume lors du
déplacement
deséquilibres
est donc dueprincipalement
à la réactiond’échange :
0394V3
est donné par :Les valeurs des volumes molaires
partiels,
mesuréespar Millero
[16, 17],
conduisent à :0394V3 -
11ml/mole.
Le maximum d’atténuation
acoustique
est alors donné par :A
partir
de la salinité de la mer onpeut,
en utilisant des formulesempiriques [11],
obtenir les concentra- tions enB(OH)3
etCO2-3 ;
àpartir
dupH
on accèdeà la concentration en
OH -,
enfinkl
etk3 dépendent
directement de la
température.
En se
plaçant
dans les conditionsocéanographiques correspondant
àl’Atlantique Nord,
c’est-à-dire unesalinité de 34
g/1,
T =4°C, pH
=8,1,
nous pouvons calculer la valeur 03B1max,03B1max =
3,3
x10-2 dB/km .
La valeur mesurée en océan est de l’ordre de
0,12 dB/km [6].
Parconséquent,
notre modèleprévoit
une atténuation trop faible et ce résultat est
systéma- tique
pour toutes les mers.Les valeurs
trop
faibles des atténuations obtenues peuvents’expliquer
par l’insuffisance du modèle«
triangulaire
». Un traitementrigoureux
dusystème
doit en effet tenir compte des réactions de formation des
paires d’ions,
mettanten jeu
les ionsCO2-3
commel’a
précédemment signalé
Mellen[11]
Ces réactions
peuvent
s’inclure dans notre modèle que l’on écrit alors :où M
représente Mg
ou Ca.REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE. - T. 20, N° 6, JUIN 1985
406
Le calcul de la
fréquence
de relaxation et de l’atté- nuationacoustique
pour un tel schéma est trèscomplexe.
Néanmoins ce modèlepeut
êtresimplifié
en remarquant que la concentration en
CO2-3
libreest en fait très faible dans la mer. Les ions
CO3 -
sontprésents
essentiellement sous la forme depaires
d’ionsMgC03, CaCO03;
il en résulte que la réactiond’échange
acideborique-carbonate peut
alors s’écrire :Nous avons montré
précédemment
que la variation de volume lors dudéplacement
deséquilibres
étaitessentiellement due à la réaction
d’échange.
Par
conséquent
onpeut
écrire que la variation de volumeglobal AV
s’écrit :0394V4
est la variation de volume associée auxéquilibres
de formation des
paires
d’ionsMgCO3
etCaCO3 [18].
0394V41 = 0394V42,
cequi simplifie
nettement les calculs et on a alors0394V4
=0394Y41
=0394Y42,
cequi
conduit à :0394V = - 24
ml/mol.
Le maximum d’atténuation
acoustique
est alors donné par :où | 2- 1 T désigne
la concentration totale(ions
libres et
paires d’ions)
enC02-.
L’atténuation acous-tique
varie avec lafréquence
selonl’équation :
La valeur de la
fréquence
derelaxation fr
est obtenueà
partir
du modèleproposé
et se calcule parconséquent
à
partir
del’équation (2).
Le tableau 1
permet
lacomparaison
des valeursthéoriques
avec les résultats obtenus lors des campa- gnes depropagation acoustique longue portée
réaliséesen océan.
Les
figures
3 à 5représentent
les variations calculées du coefficient d’atténuationacoustique
en fonction de lafréquence.
Pour obtenir cesvariations,
nous avonsajouté
à la contribution bassefréquence
calculée àpartir
del’équation (18),
le terme dû à la relaxation duTableau I. -
Comparaison des fréquences
de relaxation calculées parl’équation (2)
et obtenues parpropagation acoustique.
[Comparison
between calculated andexperimental
values of the acoustical relaxation
frequency
in severalseas.]
Fig. 3. - Atténuation
acoustique
de l’Océan Atlantique : (2013) calculéed’après
le modèle 12, (---)expérimentate.
[Sound
attenuation in Atlantic Ocean. The full line repre- sents the curve calculated from thediagram
12. The dottedline represents the
experimental data.]
Fig.
4. - Atténuationacoustique de
l’OcéanPacifique :
(2013) calculéed’après
le modèle 12, (---) expérimentale.[Sound
attenuation in Pacific Ocean. The full line represents the curve calculated from the diagram 12. The dotted line represents theexperimental data.]
sulfate de
magnésium.
Par contre, l’atténuation dite«
classique » qui
tientcompte
despertes
par frottementvisqueux
et conductibilitéthermique
a éténégligée.
Sur ces mêmes
figures,
nous avonsreprésenté
enpoin-
tillés l’atténuation obtenue à
partir
des mesures depropagation acoustique
àlongue portée
en océan.4. Discussion.
L’examen du tableau 1 et des
figures
3 à 5 montre que dans l’ensemble et enparticulier
pour les océansAtlantique
etPacifique,
l’accord estsatisfaisant,
compte tenu des remarques suivantes :- les
expériences
en mer sont très délicates à réa- liser[18]
et leurs résultats nepeuvent
pas être trèsprécis,
- pour faire le calcul de l’atténuation à
partir
denotre
modèle,
nous avons dûinterpoler,
voire mêmeestimer
parfois
desgrandeurs thermodynamiques,
telles certaines constantes
d’équilibre
et certainsvolumes molaires
partiels.
Ces valeurs ne sont pasconnues pour toutes les
températures
en milieumarin,
- tous nos calculs ont été effectués pour une pres-
Fig.
5. - Atténuationacoustique
de la Mer Méditerranée : (2013) calculéed’après
le modèle 12,(---) expérimentale.
[Sound
attenuation in Mediterranean Sea. The full line represents the curve calculated from the diagram 12. The dotted line represents theexperimental data.]
sion de 1 atm. Ceci introduit donc une
approximation supplémentaire
car lesexpériences
en océan ont étéréalisées en
profondeur.
Il est certain que lapression
a pour effet de
déplacer
les constantesthermodynami-
ques et
cinétiques,
- il n’a pas été tenu
compte
de laprésence
dephosphates
etd’ammoniaque.
Dans un récenttravail,
nous avons montré que ces
composés pouvaient
affec-ter la
fréquence
de relaxation[20]. L’Atlantique
n’encontient que des
quantités négligeables,
mais ce n’estpas forcément le cas pour d’autres mers pour
lesquelles
nous ne
disposons
pas de données.Au vu de l’ensemble de nos
résultats,
il semble que le modèleproposé permette
deprévoir
les caractéris-tiques d’expériences
depropagation acoustique
à lon-gue
portée
si les conditionsocéanographiques
etphy- sicochimiques
sont bienprécisées.
Remerciements.
Les auteurs remercient Dr. R. H. Mellen pour des discussions très fructueuses. Ce travail a été réalisé
avec l’aide de la D.R.E.T. Contrat no 82-34-025.
408
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