HAL Id: jpa-00236746
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L’élasticité du milieu cristallin et l’élasticité des cristaux métalliques de symétrie cubique
Jean Laval
To cite this version:
Jean Laval. L’élasticité du milieu cristallin et l’élasticité des cristaux métalliques de symétrie cubique.
J. Phys. Radium, 1963, 24 (1), pp.1-13. �10.1051/jphysrad:019630024010100�. �jpa-00236746�
1
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
L’ÉLASTICITÉ
DU MILIEU CRISTALLINET
L’ÉLASTICITÉ
DES CRISTAUXMÉTALLIQUES
DESYMÉTRIE CUBIQUE
Par JEANLAVAL,
Collège de France.
Résumé. 2014 Une première partie de cet article est consacrée à un examen critique des théories qui ont pour sujet l’élasticité du milieu cristallin. La seconde partie porte sur l’élasticité des cris- taux métalliques de symétrie cubique. La théorie de cette élasticité fait fond sur les travaux de
Fuchs ; elle est développée selon la méthode de Max Born. On trouve que les coefficients d’élas- ticité statique ont trois composantes : l’une est due au réseau formé par les ions positifs, l’autre
à la compressibilité du milieu formé par les électrons de conductibilité, la troisième à la tension
thermique. En outre, la théorie est étendue à la dynamique des ondes élastiques. On définit des forces de
rappel
pressantes qui s’exercent sur les atomes. Elles ont pour origine la compressibilitédu milieu formé par les électrons de conductibilité. Chacune d’elles prend une intensité propor- tionnelle à l’élongation de l’oscillation qui la développe, au carré du nombre d’onde de la même
oscillation, et à un coefficient de réduction (inférieure à l’unité) qui décroît quand le nombre
d’onde augmente.
Abstract. 2014 The first part of this article is devoted to a critical study of the theories of the
elasticity of the
crystalline
medium. The second part deals with the elasticity of the metalliccrystals of cubic symmetry. The theory of this elasticity is based upon Fuch’s works ; it is deve- oped according to Max Born’s method. We find that the elastic constants have three compo- nents : one is due to the lattice formed by the positive ions, another to the compressibility of the
medium formed by the conductivity electrons, the third one to the thermal tension. In addition the theory is extended to the dynamics of elastic waves. We define
the "compression"
inter-atomic forces which are exerted upon the atoms. Their origin is the compressibility of the medium formed by the conductibility electrons. Each one takes an intensity proportional to the
displace-
ment of the oscillation which develops it, to the square of the wave-number of the same oscillation and to the réduction coefficient (less than unity) which decreases when the wave-number increases.
Tome 24 N° 1 JANVIER
1963
1
Théories de l’élasticité du milieu cristallin A. Théorie de
Cauchy.
- Lapremière
théorieconsacrée à l’élasticité du milieu .cristallin est due à
Cauchy [1].
Legrand géomètre envisage
un réseaude
particules identiques,
unies pardes
forces decohésion
dirigées
suivant les : Bdroiteil qui
lesjoignent,
entièrement déterminées par leurs dis-tances, qui
décroissent vitequand
ces distancesaugmentent
et s’annulent dèsqu’elles
deviennentplus grandes qu’un
rayon d’action sensible. Les forces de cohésionqui répondent
à cette définitionsont dites « centrales ».
B. Théorie
classique (Voigt).
- Au début de cesiècle, Voigt
est revenu sur l’élasticité du milieu cristallin[2].
Il tient uncompte rigoureux
de lasymétrie
et del’anisotropie caractéristiques
de cemilieu.
Mais,
à l’encontre deCauchy, Voigt
ne seréfère
plus
à la structure réticulaire. Il invente les tenseurset,
par le calcultensoriel,
il étend lâthéorie
classique
de l’élasticité au milieu cristallin.Cette théorie fait état d’un milieu absolument
homogène,
où toute déformation serépète
danstout élément si
petit
soit-il. Elle définit les défor-mations par la variation des distances entre les
points matériels,
et supposequ’en
toutpoint
lestensions
sont intégralement
déterminées par la dé- formationponctuelle
localisée à ce mêmepoint.
C’est admettre que les
points
matériels sont unispar des forces de cohésion
centrales,
et que ces forces ne s’exercentqu’entre
despoints
infinimentvoisins,
c’est-à-dire s’annulent à distance infini-tésimale [3], [4].
Donc, Voigt
suppose que le milieu cristallin esthomogène
à toute échelleet,
parsuite,
ilprend
enArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019630024010100
compte
des déformations TaY accordées à cettehomogénéité, lesquelles
forment un tenseursymé- trique (03C403B103B3) :
si u est ledéplacement
d’unpoint
enposition d’équilibre
x(1),
Les coefficients d’élasticité
dXYt(38,
définisd’après
ces
principes,
conservent le même module sous lespermutations
de oc et y,de B
et8,
et de ocy etBdB,
En
conséquence,
leursgrandeurs
distinctes s’élèventau nombre 21 pour un cristal
triclinique
et tombent’au nombre de 3 pour un cristal
cubique holoédrique.
Voigt
ne traite passpécialement
des ondes élas-tiques.
Mais tous lesphysiciens qui
ont abordé ce,
sujet reprennent
aussi lesconceptions
et les mé-thodes de l’élasticité
classique [3], [4]. Et,
à lalégère
correctionprès, qui
tientcompte
de la diffé-rence entre une déformation isotherme et une défor- mation
adiabatique,
ilsrapportent
directement ladynamique
des ondesélastiques
aux coefficients d’élasticitéstatique Cocy, (38,
tels queVoigt
les adéfinis
[2].
C. Théorie fondée sur la structure
atomique (Max Born).
-Cependant,
en1913,
la réflexion sélective des rayons X révélait la structure ato-mique
du milieucristallin et,
parconséquent,
quece milieu est
hétérogène
à toute échelle moindre quel’angstrôm
etqu’il
n’a donc pasl’homogénéité
absolue que lui attribue
Voigt.
Dès lors il conve-nait de
reprendre
la théorie de son élasticité. Max Born le fit aussitôt.De
prime abord,
Max Bornrapporte l’énergie potentielle
d’un cristal à sa structureatomique ;
et,
de cetteénergie,
il déduit ladynamique, puis
l’élasticité du milieu cristallin
[5], [6].
Pour définirsimplement l’énergie potentielle
d’un cristal enfonction de sa structure
atomique et,
du mêmecoup, en fonction de sa structure
réticulaire,
ilconvient de
prendre
pourorigine
des coordonnéesun noeud du réseau
cristallin, puis,
àpartir
de cetteorigine,
de définir laposition
d’unatome,
par une translationtriple
m+ j + ujl,
résultante d’une translation m propre au réseaucristallin,
d’unetranslation j
contenue dans la mailleélémentaire,
et d’une
élongation uj,
celle de l’oscillation ther-mique
faite par l’atome àpartir
de saposition
moyenne m
-i- j.
Demême,
laposition
d’un secondatome
sera définie par unetriple
translation p+ k + uPk,
celle d’unetroisième
par unetriple
translation q
+
1 +uf, etc...,
et p, q, ...étant, cjijlme
m, des translations propres au réseau cris-tallin ; k,
1 ... commej,
des translations contenues.
(1),
Précisément, si y diffère de oc, Voigt prend en compteles
déformation
TayOUGC oUy
mais faire étatici
des, uxy uxoc
déformations
ainsi définies entraînerait des confusions.dans la maillé
élémentaire,
etuP, u",
... commeul!l
des
élongations.
Celaposé,
Max Bornexprime l’énergie potentielle
d’un cristal en état stable(2),
et à
température
0 constante et uniforme :’illo(0) est,
à latempérature
absolue0, l’énergie potentielle
ducristal,
libre de toutecontrainte,
exercée par le milieu
extérieur,
les atomes au repossur leurs
positions
moyennes ; etrz â, ul) uly,
...étant les
composantes
cartésiennes desélongations um, ul, u1q
... on a :Et la
différence, ’UB0)
-’ID0(0h
mesurel’énergie potentielle
del’agitation thermique.
D’autre
part, quand
le cristal est déformé par des tensionsappliquées
sur sesfaces,
si l’on fait abstraction del’agitation’ thermique,
et si l’onreprésente
parLilil, Uui uf,
... lesdéplacements accomplis
par lespositions
moyennes des atomes àpartir
despoints
m+ j, p
+k,
q+ 1 ...
où ellesse
trouvaient
dans le milieu cristallin libre de toutecontrainte,
la différence’ID(0)
-’ID 0(O)
me-sure, en ce second cas,
l’énergie
reçue par le cristalau cours de la déformation.
Ainsi,
selon MaxBorn, l’énergie potentielle
del’agitation thermique,
etl’énergie prise
par unedéformation,
sont l’une etl’autre entièrement déterminée par les
dépla-
cements
uT, up, uq
... des atomes àpartir
de leurspositions moyenne’s.
Le tenseur
symétrique (Tay), pris
encompte
parVoigt,
est une donnée insuffisante(3)
pour définir lesdéplacements communiqués
auxpositions
moyennes des atomes lors d’une’ déformation du milieu cristallin. Afin de définir entièrement ces
déplacements
il est nécessaire deprendre,
comme(2) Le milieu cristallin, supposé stable, les dérivées pre- mières de son énergie potentielle, par rapport aux compo- santes (m + /)o: ; (p +
k)(3, .... des translations
qui trans-portent l’origine des coordonnées sur les positions moyennes des atomes, sont toutes nulles.
(3) La déformation oey (y #
oc)
nedépend
point du rapport entre les deux dérivées OUa/OXY etZuy JZx3,
tandisque les déplacements
um, uk ...
varient avec ces dérivées et, par conséquent, avec leur rapportlorsque
la défor-mation TaY (y # ex) reste constante.
Max Born l’a fait le
premier,
un tenseur des défor-mations
(tay) à
neufcomposantes :
Mais ce tenseur
adopté,
Max Bornsuppose
lesatomes du milieu cristallin unis par des forces de cohésion centrales
[6],; et,
par cettehypothèse,
ilretrouve les coefficients d’élasticité définis par
Voigt,
sauf sichaque
atome se situe sur un centrede
symétrie,
cequi
a lieu seulement dans des cris- tauxcubiques holoédriques. Lorsque
le milieu cris- tallin a cettestructure,
les atomes sont distribuéscomme les
particules identiques qu’envisage Cauchy.
Et lVlax Born faisant état de forces de cohésioncentrales,
retombe nécessairement sur les coefficients d’élasticitéqui
satisfont les relations deCauchy, lesquels
conservent le même modulesous toutes les
permutations
desquatre
indices (x,91
Yi8,
et neprennent donc,
pour des cristauxcubiques holoédriques
que deux valeurs distinctes : c««,«« etcococ,(3(3
‘cOE5,’%5,
tandisqu’en
accord avectoutes les observations et toutes les données des
expériences, Voigt
leur en attribue trois(4) : c«a,aa ; caoc.(3(3
et coc(3,a(3(cococ.(3(3 = cocf3.oc(3).
.Considérer les atomes du milieu cristallin unis par des forces de cohésion centrales c’est supposer
qu’ils
ont unesymétrie spMrique.
Si ces atomessont
tels,
toutes leurspropriétés,
enparticulier
leurdensité
électronique
et leurchamp
deforces,
serépètent identiquement
suivant tous leurs rayons, donc il suffit de se donner les coordonnées de leurs centres degravité
pour définir entièrement la struc- ture du milieu cristallin(5).
Or les théoriciens de l’élasticitéclassique envisagent,
ce milieu à trèsgrande
échelle parrapport
aux rayons desatomes, et,
de cepoint
de vue, les atomes se confondentavec des
points
matériels. D’autrepart,
les forcesde cohésion que les atomes exercent les uns sur les autres ont un rayon d’action sensible
plus grand
que leurs
diamètres,
maisqui
reste borné.Et,
comme une déformation
élastique (6)
n’altère pas sensiblement lasymétrie primitive
desatomes,
c’est-à-dire leur
symétrie
dans le cristal libre de toutecontrainte,
ellepeut-être définie,
sans inter-détermination
sensible,
par la variation des dis- tancesinteratomiques.
Telles sont les raisons de l’accordentre
les théories deVoigt
et de MaxBorn. De
fait,
lesénergies
de déformation et les tensionsprises
encompte
par Max Born ne varientpoint
avec les déformations de cisaillement tocy et tya(y # oc) prises individuellement ;
elles sont (4) En symbole de Voigt à deux indices : les coefficients de modules distincts, satisfaisant les relations de Cauchy,sont Cil et c12 = c44, tandis que Voigt trouve c12 # c44.
(5) La structure des atomes étant supposée connue.
(6) Une déformation élastique est celle qui
développe
des tensions sensiblement conformes à la loi de Hooke.
G’est donc toujours une déformation légère.
fonctions
uniquement
de leurs sommes, donc des déformationsclassiques :
D.
Propriétés
des atomesengagés
dans le milieu cristallin. -Depuis
que lamécanique quantique
apris
corps, les théoriciens l’ont mise en oeuvre sans cesse pour déceler la structureélectronique
dumilieu cristallin et le
champ
de forces dont il est lesiège.
De toutes leurs études sedégagent
des con-clusions en accord sur deux
points.
1)
Sauf dans les cristauxcubiques
formés par lesmétaux,
les atomesengagés
dans le milieu cris- tallin sont dénués de lasymétrie sphérique.
Leurcorps central conserve bien cette
symétrie,
maisleurs électrons faiblement liés
(en particulier
lesélectrons de
valence)
sont distribués avec une den- sitéqui
ne l’admetplus,
donc leurchamp
de forcesest de même.
Prenons les coordonnées
polaires
r,0,
cp, et fixons leurorigine
sur le centre degravité
d’unatome
qui appartient
au milieu cristallin. Si cet atome avait unesymétrie sphérique,
sa densitéélectronique,
sonchamp
deforces,
seraient fonc- tions de la variable rseule ;
mais cet atomen’ayant
pas une
symétrie sphérique,
sa densitéélectronique,
son
champ
de forces nepeuvent
être définis que par des fonctions des trois coordonnées r,0,
cp. Etces fonctions sont
changées
par toute rotationaccomplie
parl’atome,
autour de son centre degravité
etqui
ne le ramène pas sur lui-même(7).
Ainsi,
dans toutsystème
deréférence,
enparticulier
dans celui
qui
estadopté
par lescristallographes,
les atomes
qui
forment le milieu cristallin ont uneorientation, laquelle
est déterminée par les fonc- tionsqui expriment,
dans cesystème
deréférence,
leur densité
électronique,
leurchamp
deforces,
ettoutes leurs autres
propriétés.
Enconséquence,
pour connaitre la structure du milieu cristallin à l’échelle
atomique,
outre lespositions
moyennes,il est encore nécessaire de se donner les orientations des atomes
(8).
Les déformations
élastiques
du milieu cristallinsont
d’amplitude
minime. Et il est admis que,parmi elles,
les déformations de cisaillement tocy(y
=x) n’impriment
pas des variations considé- rables à la densitéélectronique
desatomes ;
seulesmodifient considérablement cette densité les con-
tractions ou dilatations toca. Et la modification n’affecte pas le corps central des
atomes ;
elle est restreinte à leur assisepériphérique,
là où leur(1) Si l’atome se trouve (en position
moyenne)
sur unaxe de symétrie, il revient sur lui-même par des rotations de 21t ln, n = 2, 3, 4, 6 ; s’il se trouve sur un centre de symétrie il est ramené sur lui-même par une inversion
prise par rapport au centre.
(8) La structure électronique des atomes étant
supposée
connue.
densité
électronique
est laplus faible,
à peuprès
réduite aux électrons de valence. Donc les défor- mations du milieu cristallin consistent essentiel- lement en un
déplacement
desatomes
les uns parrapport
aux autres. Cesdéplacements
relatifsum
-up
sont déterminés par les neuf compo- santestay (3)
de la déformation :Supposons
les déformations TaY constantes : Cette conditionremplie,
toute variation des rap-ports trxy ¡tyoc
entre les déformations de cisaillement(y =A oc)
entraine undéplacement
des atomes les unspar
rapport
aux autres(9).
Et comme les atomes dumilieu cristallin sont dénués de la
symétrie sphé- rique,
et ont parconséquent
uneorientation,
cettevariation modifie la densité
électronique
du milieucristallin alentour de
chaque atome, supposé
immo-bile
(1°) ;
donc elle modifie la déformationimprimée
au cristal et fait de la sorte croître ou diminuer les tensions
qu’elle développe
etl’énergie
nécessairepour la créer
(11). Mais,
pourparvenir
à cette con-clusion, j’admets
que les déformations de cisail- lement n’altèrent pas sensiblement la densité élec-tronique
des atomesengagés
dans le milieu cris- tallin. Il n’est pasprouvé
que cette densité ait exactement cettepropriété.
Et l’onpeut
concevoirqu’elle subit,
à déformations -r..constantes,
une modification notablelorsque
lesrapports taYyjtya varient ;
et que cette modification compense cellequi
estapportée
à la densitéélectronique
du milieucristallin
par les déplacements
relatifs de ses atomes.Mais la
probabilité
d’unecompensation exacte
est(9j
La déformation ay Supposée constante, si tay croft de8,y,.
lesdéplacements relatifs
des atomes ont pourexpression :
_(1°)
Enparticulier
la variation du rapporttay /ty0153,
à défor-mation Tay constante, modifie la pénétration mutuelle des
atomes
(voir
la suite).(11)
Selon la théorieclassique
de l’élasticité [3], [4], toute déformation rotationnelle - telle que tyoe diffère de tory(Y = oc)
-peut
être résolue en trois rotationsMay = t0153y - tya.
et en une déformation pure - telle que tya. = t«Y - Ce
théorème n’est pas valable en élasticité du
milieu
cris-tallin ; car les déformations de ce milieu, les tensions
qu’elles développent,
les énergiesqu’elles exigent,
sont, à déformations T«Y constantes, fonctions des rapportstoey Jtyoe.
D’autre
part,
quand ce théorème est valable, c’est-à-direlorsque le milieu déformé peut être confondu avec un
milieu absolument homogène, seules sont définies les défor- mations T«Y
qui
forment un tenseursymétrique.
Donc, ence cas, toute résolution d’une déformation -ry
(y # ex)
en deux composantes toey et tyoe est arbitraire, en
particulier
la
décomposition
en deux composanteségales
tya. = t«y.infime,
sinon nulle. Car une tellecompensation impliquerait
que les atomes du milieu cristallin secomportent,
contrairement auxfaits,
comme desatomes unis par des forces de cohésion centrales.
2)
Selon les théoriciens de l’état solide les atomes du milieu cristallin sepénètrent mutuellement,
c’est-à-dire : les fonctions d’onde des électrons fai- blement liés
qui appartiennent
à des atomes voi-sins,
s’étendent dans un même espace où elles con-servent des
amplitudes
notables. Enconséquence, l’énergie potentielle
d’un cristal n’est pasanaly-
sable en
énergies biatomiques exprimant
les éner-gies potentielles
mutuelles des atomes deux àdeux,
l’un dans le
champ
de forces del’autre ;
elle com-prend
au moins desénergies triatomiques (portant
sur trois
atomes) qui
ne sont pasnégligeables [7], [8].
z
E. Nouvelle théorie fondée sur la structure
atomique.
- J’ai fait récemment des études surl’élasticité du milieu cristallin
[9].
Comme Max,Born, je
fais fond sur la structureatomique
de cemilieu, et je prends
comme donnée sonénergie potentielle
tellequ’elle
estexprimée
par Max Born[6].
Mais pour les raisons queje
viens derappeler j’écarte l’hypothèse
selonlaquelle
lesatomes du milieu cristallin sont unis par des forces de cohésion centrales
et,
en faisant étatd’énergies potentielles triatomiques [8], je prends
encompte
la
pénétration
mutuelle des atomes. Les coefficients d’élasticité queje définis,
àpartir
de cesdonnées,
sont de deux sortes. Les uns,
xcxy.a8,
serapportent
aux déformations
statiques,
lesautres, Dydab,
à ladynamique
des ondesélastiques.
Pour un cristaltriclinique
lespremiers qui
conservent seulement le même module sous lapermutation
de ocy, etde
8d, prennent quarante-cinq grandeurs distinctes,
les seconds dont le module
reste,
enoutre, inchangé
sous lespermutations
de oc et de3,
etde y et de
8,
enprennent
trente-six. Je ne retombe donc pas sur les coefficients d’élasticité définis parVoigt.
F. L’élasticité des cristaux
cubiques
oùchaque
atome occupe un centre de
symétrie.
- Pourtantje
reste en accord avec cephysicien
sur unpoint.
Pour un cristal
cubique
danslequel chaque
atomese
trouve,
enposition
moyenne, sur un centre desymétrie,
les coefficients d’élasticitéstatique, N’zy.ga , et
les coefficient d’élasticitédynamique,
DydaB,
quej’obtiens,
se confondent dans unrepère orthonormé,
et leursgrandeurs
distinctestombent,
comme en élasticité
classique,
au nombre de trois :Mais,
enélasticité classique
lesrapports de
5
grandeur
entre les coefficientsd’élasticité,
propresaux mêmes
cristaux,
à savoir :diffèrent de ceux
que je prévois :
Et de ces différences en découlent de nouvelles dans les
expressions
des tensions Ta.y(12),
et dansles
équations
relatives à ladynamique
des ondesélastiques.
Pour les voirclairement,
posons :Il vient
(13) :
On sait que dans tout milieu cristallin
peuvent
se propager suivant toute
direction
q - de cosinusdirecteurs ql, q2, q3 -
trois
oscillationsrectilignes orthogonales.
La vitesse F des ondesélastiques
etla direction u de l’oscillation
transportée
sont dé-terminées par trois
équations
linéaires et homo-gènes :
’
où
p est la masse
spécifique
du milieucristallin,
etcâ vs
sont les coefficients d’élasticitéadiabatique
définis par
Voigt (lesquels
sontremplacés
par lescoefficients
N03C303B103B3.03B203B4 = DJ
si l’on se réfère à la structureatomique) [9]. Et,
pour les cristauxcubiques envisagés,
danslesquels chaque
atome estsitué sur un centre de
symétrie,
on trouve que les coefficientsAlle (oc, p
=1, 2, 3)
forment deux matrices distinctes :et
La
comparaison
de ces deux matrices donne les relations suivantes(valables
seulement en élasticitédynamique) :
mais
Donc si l’on
prend
encompte les
coefficients d’élasticitéisotherme,
calculés àpartir
des coef-ficients d’élasticité
adiabatique,
eux-mêmes déter- minés par les vitesses mesurées des ondes élas-tiques (4),
on obtient les coefficients de compres- sibilité isotherme calculés : ,et
~
(12)
T03B103B3 est la tension dirigée suivant Oxa. et s’exerçantdans le plan normal à OxY
(13) Si elles sont produites par les tensions symétriques (TYOE = T«Y),
qu’implique l’équilibre
du milieu cristallin, les déformations des cristaux cubiques holoédriques sonttelles que tya. = toey = ’r0153y.
D’autre
part,
les coefficients decompressibilité
isotherme sont directement
mesurables,
en exer-çant
sur les cristaux despressions
uniformes.Bridgman
en a fait ainsi de nombreuses me- sures[10]. Or,
si l’on se réfère aux cristauxmétal- liques
desymétrie cubique,
et si l’on compareleurs
coefficients de
compressibilité
calculés au moyen des formules(8)
et(8 bis)
à leurs coefficients decompressibilité mesurés,
la confrontation est nette- ment en faveur de la théorieclassique (14).
C’estque les cristaux
métalliques
ont une structure ato-mique
tout à fait àpart. Appliquée
à ces cristauxla formule de
l’énergie potentielle (2), posée
par MaxBorn,
ne fait état que desdéplacements
(14)
Au contraire, la matrices!.* (6) s’accorde avec l’élas-ticité des cristaux ioniques qui ont la même structure
atomique que le sel gemme. En
particulier,
déterminé par cette matrice, et compte tenu de la tension thermique, lecoefficient d’élasticité c12 du sel gemme diminue quand la température s’élève ; tandis que déterminé par la matrice
classique
(5)
le même coefficient augmenterait ou tout aumoins resterait constant, à
température
croissante, ce quiest anormale et n’a pas reçu d’explication à ce jour.
(RosE (F. C.), Phys. Rev., 1936, 49, 50 et DURAND
(M.
A.), Phys. Rev.,1936, 50, 449.)La même remarque
s’applique
à l’élasticité de la sylvine (MoRwooD(M.
H.) et BRISCOL(C. V.),
Phys. Reo., 1958, 112,45).
uT ue,
... des ionspositifs.
Ainsi estnégligée
unepartie
de la contribution que les électrons de con- ductibilitéapportent
àl’énergie potentielle.
Enoutre,
les ions ont unesymétrie qui,
si elle n’est pas exactementsphérique,
reste trèsproche
de cettesymétrie. Donc,
entre cesions,
les forces de cohé- sion sont sensiblement centrales. Enconséquence,
au
regard
des cristauxmétalliques,
les données quej’adopte
pour définir l’élasticité du milieu cris- tallincomportent
deux erreurs : l’uneporte
surl’énergie potentielle (2)
l’autre sur lasymétrie
desions
positifs.
Il
Élasticité
des cristauxmétalliques
de
symétrie cubique.
A.
L’énergie potentielle.
- SelonFuchs,
lesélectrons de conductibilité constituent un milieu
qui
a, comme unfluide,
unecompressibilité
pure[11]
’
J’entends par là que
l’énergie potentielle
d’un cris-tal
métallique comprend
unecomposante
due auxélectrons de
conductibilité, laquelle
est f onctionexclusivement de la condensation x
(15) :
De sorte que
l’énergie potentielle
- à latempé-
rature absolue 0 - d’un cristal
métallique, ayant
lasymétrie cubique (16)
etqui
est lesiège
d’unedéformation
statique,
a pourexpression,
la tensionthermique négligée :
(15) Soient vo le volume du milieu cristallinlibre de toute
’
contrainte, et v le volume du mème milieu sous contrainte.
En toute rigueur, on a : -
et en posant,
il vient
et
Une oscillation harmonique du milieu cristallin ne pro- duit qu’une condensation très faible. En conséquence, on a
sensiblement :
-
u étant l’élongation.
(16) J’écarte les cristaux métalliques de symétrie hexa- gonale (formés par deux réseaux d’atomes).
(17) Le milieu cristallin est supposé stable ; donc l’énergie
uma., uqB, ... ,
sont lescomposantes
cartésiennes desdéplacements um, up,
...,que
les ionspositifs
ontaccomplis
àpartir
de leurspositions
moyennesdans le cristal libre de toute contrainte. Ces ions étant
sphériques
sont unis par des forces de cohé- sion centrales. Enconséquence,
toutes les forcesqui
leur sontappliquées,
les forces decohésion,
etles forces de
rappel développées
par leursdépla- cements,
dériventd’énergies potentielles
élémen-taires, wmq, portant
sur deux atomes etqui
sontuniquement
fonction de la distance r= m - Pl, qui sépare
leurspositions
moyennes m et p.Enfin les
intégrales
s’étendent dans levolume, cU,
ducristal,
etFuchs
rapporte l’énergie potentielle des
cristauxcubiques
formés par les métaux à leur structureatomique. Puis,
àpartir
de cetteexpression,
ilévalue les coefficients d’élasticité isotherme
[11].
Mais,
à l’encontre de Max Born[5], [6], il! ne rapporte
pas directement ces coefficients à la struc- tureatomique. Simplement,
ilprend
encompte
une déformation
homogène et,
de même que les théoriciens de l’élasticitéclassique,
il déduit lescoefficients d’élasticité de
l’énergie globale qui
estnécessaire pour la
produire.
Fuchs ne traite pas des ondesélastiques qui
sepropagent
dans lescristaux
métalliques.
C’est lesujet
de deux études‘LU(0)
ne compte pas de terme dupremier
degré par rapportaux
déplacements
um uP, .., et par rapport à la conden-sation x.
D’autre part, les termes du 3e degré par rapport aux
déplacements u â Mg,
..., forment une somme qui estencore donnée par l’expression
laquelle est symétrique en m et p.
et
remarquables
duesrespectivement
à E. Bauer[12]
et à Jules de
Launay [13] (19). Cependant
MM. E. Bauer et Jules de
Launay,
pouralléger
leurs
calculs,
ne font état que des forces derappel
entre les ions
positifs premiers
et seconds voisins.Je reviens ici sur l’élasticité propre aux cristaux
métalliques
desymétrie cubique,
afin derapporter
cette élasticité à la structure
atomique,
selon laméthode de Max
Born,
et sans faire nullehypo-
thèse sur la décroissance
qui
affecte les forces derappel quand
la distance entre les ionsgrandit,
admettant seulement que la
portée
de ces forcesest sensiblement limitée par un rayon d’action
sensible (Cauchy).
B. L’élastieité
statique.
--- Pourimprimer
à uncristal
métallique, cubique,
une déformation(tory) élastique, isotherme, homogène,
il faut fournir à cecristal une
énergie qui, d’après
la formule(9), prend
par volumeunitaire,
une densité[9] :
v est le volume de la maille élémentaire.
Rapporté
à l’arête 21 de la maille
cubique,
ce volume est :En
posant
il. vient :
Par
conséquent, pour
un cristalmétallique
de-symétrie cubique,
les coefficients d’élasticité ont pourexpression :
et
(19) Iaa théorie de Jules de Launay a été
développée
parDayal et Sharan [14], et par Dayal et S. P. Singer [15].
En outre, A. B. Mathia a repris le même sujet [16].
ou, en
symboles
deVoigt
à deux indices(2°)
Comme les forces de cohésion entre les ions
peuvent
être tenues pour centralesdonc
Je retombe sur les coefficients d’élasticité définis par
Fuchs,
que l’on retrouve encoresi,
au lieud’évaluer
l’énergie
nécessaire pourproduire
unedéformation,
on calcule directement les tensionsqu’elle développe
selon la méthodeque j’ai
mise enoeuvre
[9].
Aux tensionsproduites
par lesdépla-
cements relatifs des ions
s’ajoute
la tension iso-trope (8-9 ter) :
Et la
compressibilité C2 s’incorpore
ainsi dansles coefficients d’élasticité CIl et c12
(11), (11 bis).
Cependant
la formule(9)
ne tient pascompte
de la tension
thermique isotrope, T@, qui
a lieudans les cristaux
métalliques cubiques [17], [18].
En
fait,
leurs coefficients d’élasticité’eflectifs (ou apparents)
sont :-
Et, compte
tenu de la relation(13)
Les tableaux
suivants
donnent les coefficients d’élasticité isothermec’ll, c’12, c’44,
et la sommeC2 + T 9 =
C’12 -c’44,
pourquelques
cristauxmétalliques
desymétrie cubique.
(2oj Selon la loi de correspondance
(21)
B. Dayal et B. B.Tripathi
tiennent la relationpour inexacte [19]. Je
réponds
à cetteobjection
dans unappendice.
,(22) Pour les cristaux
de
cuivrer(290
IDK) = 2,1 X 1 0 1°,Cs(290
OK) = 4,38 x 1011. Pour les cristaux d’aluminium et d’or la tension, T©(290 OK) estprobablement
du mêmeordre de grandeur que dans les cristaux de cuivre, donc
petite
par rapport au coefficient decompressibilité
C2-(23) J. R. Neighbours et G. A. Alers ont mesuré de
nouveau les coefficients d’élasticité de l’or [30] ; leurs résul- tats sont en bon accord avec ceux qui avaient été précé-
demment obtenus par Goens [22]1.
8
RÉSEAUX DE CUBES A FACES CENTRÉES
RÉSEAUX DE CUBES CENTRÉS
C. La
dynamique
des ondesélastiques.
- SelonWigner
et Seitz[25], [26]
les électrons de conduc- tivité ont une densité - mesurée par le carré du module de leur fonction d’onde -qui,
sauf dansle corps central des ions
positifs,
reste sensi-blement constante dans tout
l’espace occupé
parun
atome,
etqui
serépète identiquement
dans tousles atomes sans la moindre discontinuité aux fron- tières entre l’un et l’autre. Cette densité est celle d’un milieu
continu,
queforment,
enquelque sorte,
les électrons de conductibilité. Jesupposerai
d’abord que les oscillations
harmoniques
faites par les ionspositifs
sepropagent
dans ce milieu et que leurpropagation
y est uniforme. Enoutre,
commeWigner
etSeitz, je
substituerai aux atomes enforme de
polyèdres
des atomessphériques, qui
ontle même
volume,
et dont le rayon,rapporté
àl’arête 2l de la maille
cubique,
est :Cela
posé,
une oscillationharmonique
desatomes
(24)
,laquelle,
enposant : peut
encore êtreexprimée,
excite dans le milieu formé par les électrons de
(24)
Par oscillation harmonique des atomes, j’entends l’ensemble des oscillations, pilotées par le même vecteur d’onde S, ayant la même fréquence v, faites par tous les atomes du cristal.conductibilité,
en unpoint
m+
x, une oscillation : et une condensationq1, q2, q3,
sont les cosinus directeurs du vecteur d’onde fondamental 8(25) ;
6 =27tISI :
c’est lenombre d’ondes dans la
longueur 27t ;
c’est la
projection orthogonale,
sur le vecteurd’onde
8,
du vecteurA, dirigé
suivantl’élongation
et. de module
égal
àl’amplitude
A.Cependant
il n’est paspossible
de définir lacompressibilité
et la condensation dans un espacecompris
dans le corps d’un atome(26),
etqui
occupe donc un volumeplus petit
que celui-ci.Car,
enmoyenne dans le
temps,
cet espace ne renferme pas tous les électrons de conductibilité(27)
inclusdans
chaque
atome. Mais à leurs différences demasses
près,
tous lesatomes qui
constituent unmême métal de
symétrie cubique,
ont la mêmecompressibilité qui
est celle du cristalentier.
Etc’est à cette
compressibilité
moyenneet,
par consé-quent,
à la condensation moyenne dansl’espace
(25) Les vecteurs d’onde qui pilotent les oscillations har-
moniques
des atomes ne sont définis qu’à une translationprès du réseau
polaire.
Ceux qui ont les plus petits modulessont appelés vecteurs d’ondes fondamentaux.
(26) L’atome dont il s’agit est l’atome défini par Wigner
et Seitz ; il est compris dans un polyèdre [25], [26].
(27) Pour les métaux monovalents l’espace envisagé ren-
fermerait en moyenne dans le temps moins d’un électron de conductibilité.