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L’élasticité du milieu cristallin II. - Dynamique des ondes élastiques
Jean Laval
To cite this version:
Jean Laval. L’élasticité du milieu cristallin II. - Dynamique des ondes élastiques. J. Phys. Radium,
1957, 18 (5), pp.289-296. �10.1051/jphysrad:01957001805028900�. �jpa-00235657�
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
L’ÉLASTICITÉ DU MILIEU CRISTALLIN II. 2014 DYNAMIQUE DES ONDES
ÉLASTIQUES.
Par JEAN
LAVAL,
Collège de France, Paris.
TOME 18
---
No 5 MAI 1957
1. Les ondes
élastiques
et la matrice de Fourier.--
Envisageons
dans un milieu cristallin illimitéune oscillation
harmonique
des atomes :Selon le
principe
ded’Alembert,
etcompte
tenude
(4, ~). (1),
nous avons :[1.j et [Lk sont les masses des atomes en
position.}
el Iudans la maille. Les constantes de
rappel C â ~
serépètent
par les translations q du réseau cristallin :En
conséquence,
leséquations
séculaires(2)
serépètent
par les mêmes translations :Supposons
le milieu cristallin stable. Les oscil- lationsatomiques (1)
conserventpartout
desampli-
tudes bornées. La
répétition
deséquations
sécu-laires
(2)
par lestranslations q
du réseau cris- tallin(3) implique
larelation (démontrée
parl’algèbre linéaire)
S étant un vecteur de
l’espace réciproque.
La
répétition périodique
des atomes entraînecelle de leurs oscillations. Elles forment des ondes
planes
dites ondesélastiques
Soit
g le
nombre des atomes par motif cristallin.Compte
tenu de(4),
leséquations
séculaires(2)
ennombre infini se réduisent
à3g équations
seulement:et
compte
tenu de(3!1, 1)
A condition
qu’elles
soienttoujours rapportées
au même
système
deréférence,
lescomposantes tensorielles, ik peuvent
êtreenvisagées
comme leséléments d’une
matrice,
y, d’ordre3g
X3g,
quej’ai appelée
matrice deFourier,
car ses termesyj§(7)
sont
égaux
à des séries de Fourier. Lerepère
étantorthonormé,
lescomposantes covariantes (j
etcontrevariantes
~51,
des vecteurs~5 s’expriment
par des nombreségaux (réels
oucomplexes).
Ellespeuvent
donc êtreprises,
demême,
pour les élé- ments d’une matrice ~ d’ordre3g
X 1. De la sorte, les3g équations
linéaires(6)
segroupent
en uneseule : (1) Il sera entendu que le chiffre romain 1 désigne une
formule se trouvant dans la première partie du mémoire :
«
Énergie
potentielle d’un cristal et constantes de rappel atomiques. »LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM - T. 18 - No 5. MAI 1957, PAGE 289, 19
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01957001805028900
290
Les carrés des
pulsations, ú}2,
sontégaux
auxvaleurs
caractéristiques
de la matrice y, et les vecteurspropres ~
de la même matrice ont pourcomposantes
lesvecteurs l;J (j =1, 2,
...,g).
Nous pouvons
toujours
poser :~{;( = u9« e-i21t(Sj- 8iC() (8) u’x étant un nombre réel. Sauf si
chaque
atome se trouve, enposition
moyenne, sur un centre desymétrie,
lapropagation
des oscillations est engénéral
non uriforme à travers le motif cristallin(8l~
0 k0).
La matrice de Fourier est hermitienne
(6 ; 7),
définie
positive (le
milieu cristallinsupposé stable).
C’est une fonction
triplement périodique
du vecteurd’onde S
(4 ; 5).
Sespériodes
sont celles du réseaupolaire.
Si M est une translation de ceréseau,
lesvecteurs d’onde S et S + M
pilotent
les mêmesoscillations
harmoniques,
au nombre de3g.
Deplus :
. -... -.En
conséquence :
Les
équations
séculaires(2)
serépètent
seule-ment par toute translation q du réseau cristallin si le milieu cristallin est sans limite. Nous avons
donc seulement démontré que les oscillations har-
moniques
des atomess’organisent
en ondes dans unmilieu cristallin illimité. Il convient de se demander si les oscillations
atomiques qui
ont lieu dans uncristal,
donc dans un milieuborné,
forment aussi des ondes.Reportons-nous
àl’équation
séculaire(6~. rtA.u
facteur
près
son second membre
exprime
la force derappel (4, I) appliquée
sur un atomemi engagé
dans un milieucristallin illimité.
Compte
tenu de(7),
ce secondmembre
peut
encore être formulé :quand
la distancejal
augmente, les constantesde
rappel Câ ~
décroissentrapidement.
La force derappel appliquée
sur un atome est donc surtout exercée par les atomes voisins. Elle admet un rayon d’action sensible R(Cauchy),
tel que la somme(10) tronquée,
étendue seulement aux translations a de module inférieur àR,
se confonde sensiblement avecla somme
intégrale
étendue au milieu cristallin sanslimites.
Cependant,
ce rayon d’action sensible est celui de la force derappel Fm (2, 1), appliquée
surun atome en
position,
strictement il ne serapporte
même
qu’à
la seule composanteFi.
Mais les3g
sommes
partielles
diminuent en gros suivant la même loi
quand
agrandit.
Pour une même oscillationharmonique,
lerayon d’action sensible est à peu
près
le même pourtous les atomes d’un cristal.
Toutefois,
ainsidéfini,
le rayon d’action sensible est une fonction
pério- dique
du vecteur d’onde S; et Sdonné,
il varieencore avec les vecteurs
t;k,
soit avec lapulsation
ode l’oscillation.
Mais, quand
S et cùvarient,
iloscille en
général faiblement,
sauf dans les cristauxioniques,
et nous ferons seulement état de sa limitesupérieure.
Si le rayon d’action
sensible, .R,
est infime parrapport
à toutes les dimensions ducristal,
leséqua-
tions séculaires
(2)
serépètent
encore sensiblement par toutes lestranslations q inscriptibles
dans lecorps du
cristal ;
nous retrouvons des ondes. Aucontraire,
si le rayon d’action sensible excède toutes les dimensions ducristal,
leséquations (6)
ne sontplus valables ;
nous retombons sur leséquations primitives (2).
Elles déterminent un vecteurÇ%t
par atome. Doncchaque
atome effectue une oscillationsingulière (que
nul autre atome- nereproduit)
comme s’il était
engagé
dans un milieu dénué de la structure réticulaire. Il n’existeplus
d’ondes.De nombreux
phénomènes,
entre autres l’effetRaman et la diffusion des rayons
X,
nous fontconnaître les oscillations
atomiques qui
constituentl’agitation thermique.
Dans tous lescristaux,
mêmes’ils sont
minuscules,
même s’ils sont formés par desions,
ces oscillationss’organisent
en ondes.Donc,
dans tous les cristaux les forces derappel appliquées
aux atomes admettent un rayon d’action sensible etqui
est minime. C’est que lesconstantes de
rappel Câ~
tombentrapidement
à zéroquand
la distance[ a Îj - kl augmente,
de sortequ’elles
s’annulent sensiblementquand
cette dis-tance atteint seulement
quelques
diamètres ato-miques, excepté
dans les cristauxioniques. Car,
les ions
supposés sphériques,
lacomposante
cou-lombienne des constantes de
rappel C i ce a 5 k
décroîtseulement comme
à
-f- j -k¡-3.
II. Polarisation
électrique produite
dans uncristal. ionique par les ondes
élastiques.
- Dans uncristal
ionique,
un train d’ondesélastiques (5) produit
unepolarisation électrique qui
estpério- dique :
Z’e est la
charge électrique (positive
ounégative)
des ions en
position 1
dans la maille. Prenant encompte cette
polarisation,
R. H.Lyddane
etK. F. Hertzfeld
(1938) [1],
Kellermann(1940) [21,
Kun
Huang (1949) [3], parviennent
àexprimer
lapart
coulombienne des coefficientsy[§ (7)
par une sérierapidement
convergente et démontrent que les ondesélastiques
sontcompatibles
avec lechamp électrique
coulombien. Pourtant ion faitimportant
est
négligé
dans leurs études.Ils admettent que les ions sont
polarisés
uni-quement
par lechamp électrique
desdipôles (11).
Les ions se déforment en oscillant et cette défor- mation
périphérique
modifie fortement la densité de leurcharge électrique Zie.
Enconséquence,
lesions sont aussi
polarisés électriquement
par leur déformation(Le Corre, 1955) [4]. Et,
cette secondepolarisation
desions,
de même que lapremière,
celle
qui
estdéveloppée
par lechamp électrique
desdipôles,
est de sensopposé
à lapolarisation
élec-trique primitive (11),
cellequi
estproduite
par les oscillations. Si on lanéglige,
on surestime fortementla contribution du
champ électrique
coulombienaux forces de
rappel interatomiques.
Toutes les oscillations du milieu cristallin forment des
ondes,
donc la matrice de Fourier détermine des oscillations conformes à celles du milieu cristallin. Enparticulier
elles’applique
auxoscillations
acoustiques
de bassefréquence, objet
del’élasticité. Dans un cristal
ionique, qui
est sillonnépar un train d’ondes
élastiques (5 ; 8),
tout motifcristallin
acquiert
unepolarisation électrique :
cette
polarisation serait
nulle si le motif cristallin oscillait sans subir de déformation. C’est cequi
alieu sensiblement dans un train d’ondes formées par des oscillations
acoustiques
de bassefréquence.
Aupassage d’un tel train
d’ondes,
les différents atomes du motif cristallinaccomplissent
des oscillationsqui
ont sensiblement les mêmesamplitudes
vjrx etles mêmes
phases
-2n ( Sj - Oioc) :
car lesphases
2n8j« sont elles-mêmes sensiblementégales,
et le vecteur d’onde S étant très
petit
parrapport
aux
périodes
du réseaupolaire,
toutes lesphases
-
2rcSj
sont minimes et nepeuvent
donc différerque de
quantités
minimes.Donc,
même dans les cristauxioniques,
lapolarisation électrique
pro- duite par les oscillationsacoustiques
de basse fré-quence reste
faible,
d’autantplus
réduite que le vecteur d’onde estplus petit.
Et lacomposante apportée
par cettepolarisation
minime aux forcesde
rappel
exercées sur les atomes reste donc relative- mentfaible (1).
Je ne décrirai donc pas lespropriétés particulières
de cette composante. J’admettrai que lets oscillationsacoustiques
de bassefréquence
obéissent dans les cristaux
ioniques
aux mêmes loisque dans les autres cristaux
(sauf
bien entendu si le cristal estpiézoélectrique).
III. La
dynamique
des oscillationsacoustiques
de basse
fréquence.
~-- Désormaisje
considéreraiuniquement
les oscillationsacoustiques
de bassefréquence,
cellesqui
sontpilotées
par des vecteurs d’onde fondamentaux(J. Laval, 1952) [5],
trèspetits
parrapport
à tous les rayons de lapremière
zone de L.
Brillouin,
etje
substituerai au vecteur d’ondp ~~ deux nouvelles variables 6 et q telles que :q est un vecteur unitaire normal au
plan d’onde,
6 est un nombre
positif si q
et S sontparallèles, négatif
s’ils sontantiparallèles (son
moduleI61
estégal
au nombre d’ondes dans lalongueur 2n).
Selon la
théorie classique
del’élasticité,
dans toutmilieu cristallin
peuvent
se propager, suivant toutedirection q,
3 oscillationsrectilignes orthogonales.
Si l’oscillation a lieu suivant la direction u, et si V est sa vitesse de
propagation
ou, en
symbolisme
matriciel :u est la matrice d’ordre 3 X 1 formée par les 3 com-
posantes ua
ou u5(dans
lesystème
de référenceadopté (orthonormé) ul - M~).
A est la matrice d’ordre 3x3 formée par les 9 coefficients A oc(3 :p est la masse
spécifique
du cristal.Les coefficients c0153Y,f3ô sont les coefficients d’élas- ticité définis par
Voigt [6], symétriques
en a et y,en
et8,
et en ay et~3~.
Ils forment une densité tensorielle 4 foiscontrevariante,
cequi impose
desdéplacements çUf3
covariants et une force derappel contrevariante, laquelle, rapportée
à l’unité devolume du
cristal, s’exprime,
aupoints :
La matrice de Fourier
s’appliquant
aux oscil-lations
acoustiques
de bassefréquence
renfermedonc une matrice
atomique B correspondant
à lamatrice
classique
A(14).
J’aiexposé
la méthode à suivre pour extraire la matrice B de la matrice deFourier,
sans faire nulleapproximation,
par lesopérations classiques qui
conservent un déter- minant : -.(addition
deslignes
et des colonnes mul-tipliées
par des facteursconstants).
J’ai démontréque toute matrice de Fourier détermine une
matrice B et une
seule,
et que cette matrice B serapporte
aux oscillationsacoustiques
de basse fré-quence, J. Laval
(1952) [7].
Jerappellerai
doncseulement les
principes
et les donnéesessentielles, signalant
toutefoisqu’afin
de me conformer stric- tement aux définitions desgéomètres, je prends
(1) Si on la compare aux composantes coulombiennes des forces de rappel développées par les oscillations de haute
fréquence.
292
dans ce mémoire des constantes de
rappel Cm-p i k a B
égales,
mais designe opposé,
à cellesqui figurent
dans ma
première
étude.(Sur
l’élasticité du milieucristallin.)
Le carré m2 de la
pulsation
est une fonctionpaire
de 6(9), qui peut
donc êtredéveloppée
ensérie suivant les
puissances paires
de cette variable :Les oscillations
acoustiques
sont caractérisées par leurfréquence qui
tombe à zéro avec a ; leurpulsation,
(ù, est donc telle que :D’autre
part,
les oscillationsacoustiques
de bassefréquence
sepropagent,
suivant une même direc-tion,
avec une vitesse V constante(13).
Et comme :prendre
encompte
les oscillationsacoustiques
debasse
fréquence,
c’est" conserver seulement lepremier
terme de la série(15)
et poser :Développons
la matrice de Fourier en série suivant lespuissances
entières etpositives
de 6 :Les matrices yo, y2, ..., 1 sont réelles et
symé- triques,
les matrices YI’ Y 3, ...,imaginaires
pures etantisymétriques,
et la matriceyo est
seulementde rang
3g
-3,
car,compte
tenu deségalités (5, 1)
La matrice de Fourier a pour
équation
caracté-ristique (I représentant
la matriceunité) :
-r’ est la somme des mineurs
principaux
d’ordre f n Xn) pris
dans le déterminant~Y~
vLes relations
(17)
donnent :Portons les
expressions (15)
de m2 et(19)
de 1;ndans
l’équation caractéristique (18).
Elledevient, compte
tenu de(20) :
et
Remplaçant S~2
par V2(16)
dansl’expression
de ([)6, nous obtenons :
ou,
puisque z§-3
esttoujours
différent de zéro :C’est une
équation
du troisièmedegré
dontl’inconnue est V2. Le milieu cristallin
supposé stable,
elle atoujours
3 racines réelles etpositives.
Ainsi,
la matrice de Fourier détermine les vitesses des ondesélastiques
de bassefréquence.
Reste à extraire de la matrice de Fourier
(6 ; 7)
la matrice B dont
l’équation caractéristique
est
l’équation (21),
etqui
détermine les directions udes
élongations :
On y
parvient
enprenant
encompte
au lieu de lamatrice de Fourier
primitive (6 ; 7)
une de sesvariantes, P,
seprêtant
mieux au calcul :.
On trouvé :
f1. estla masse du motif cristallin :
Les facteurs
ykl (qui s’expriment
par des nombresréels),
sont les racines des3g équations
linéaires :Les
égalités (5, 1)
et(38, 1)
entraînent respec- tivement les relations :donc les
équations (24)
admettenttoujours
unesolution. Mais la matrice
r 0 (22)
étant seulementde rang
3g
- 3(25),
seules les3g
- 3 différencesCes différences sont les racines des
3g - 3 équa-
tions :
où les coefficients des inconnues
r 0
ra 0~,~
5sformeill unematrice
ro,
seulement d’ordre3(g - 1)
X3(g-1),
obtenues en
supprimant
dans la matricero
lestrois
lignes
et les trois colonnes n, E(s =1, 2, 3).
Les relations
(26)
et(27)
donnentl’égalité
La somme
est
constante, indépendante
’ de la matriceho prise
n
pour l’évaluer
(c’est-à-dire indépendante
den).
Prenons en
compte
les coefficientsv étant le volume du motif cristallin
(égal
àcelui
de la maille
élémentaire).
Il vient :La matrice
r 0
étantrégulière,
admet une matricen .
réciproque
G. Enconséquence, compte
tenu de(28)
fi
et (31 ) :
’
Il sera entendu désormais que l’indice n est exclu de toutes les sommations
sur j
et 1~qui portent
surdes termes renfermant en facteurs les éléments d’une matrice G. D’autre
part,
la matrice1, (22)
n
est
antisymétrique,
donc :Et
posant :
nous
obtenons, compte
tenu de(29), (32)
et(33)
Les relations
(40, 1)
de Max Bornécartées,
ladensité tensorielle
(~~) (30), symétrique
en «et p (35, 1), peut
êtreposée
covariante parrapport
aux mêmes
indices,
et contrevariante en ~. Ces variances s’accordent avec la covariance de la forcede
rappel (1, I ; 2,1 ; 4, 1)
et avec la contrevariance desélongations,
mais excluent lapermutation de p
et de a
permise
par les relations(40, 1).
D’autre part, la sommation sur Eet ~ (34)
élimine cesindices par contraction.
Donc,
la densité tenso- rielle(J1ll J8)
est covariante en oc et~3,
contre-variante en y et 8. En
outre,
la matriceho
étantsymétrique,
toute matricero
est de mêmen
(n = 1, 2,
... ,g),
et, parconséquent,
toutematrice G
est aussisymétrique.
Donc les coef- ficients3ll i so
sontsymétriques
en rxy etfi8,
c’est-à-dire :
mais ils n’ont nulle autre
symétrie
tensorielle.Posons :
Il vient :
La densité tensorielle
(Jn2Jg)
est aussi cova-riante en oc et
~,
contrevariante en y et ~.Et, d’après
leur définition
(36),
les coefficients sontsymétriques
en oc et~,
en y et~,
et parconséquent
en ocy et
p8 ;
ilsprennent
donc 36 valeurs dis- tinctes pour un cristaltriclinique.
Posons enfin :
et
Compte
tenu du fait que les deuxf acteurs qy et qs
sont
permutables (35), (37),
leségalités (23), (35) et (37) donnent :
La densité tensorielle
(38)
a les mêmesvariances que ces
composantes
et(J1l2
mais sa
symétrie
est celle de son terme le moinssymétrique
Les coefficients9l #§
sont doncseulement
symétriques
en ay etg~.
Comme lescoefficients de
Voigt,
ils sontassujettis
à lasymé-
trie du milieu
cristallin,
et suivant les mêmes lois.Mais leur
symétrie
tensorielle est moins élevée que celle des coefficients deVoigt ;
leurs valeurs dis- tinctes sont doncplus
nombreuses : 45 au lieu de21,
pour un cristal
triclinique,
4 au lieu de3,
pour un cristalcubique
holoèdre.Les coefficients
(39)
ont la mêmesymétrie
que leurs
composantes J1l2 J8 (36),
car étantsymé- triques
en ay etg~,
et en y et~,
ils le sont aussien oc et
~.
Leurs valeurs distinctes sont donc au294
nombre de 36 pour un cristal
triclinique,
de 3 pourun cristal
cubique
holoèdre. Je lesappellerai
coef-ficients
dynamiques,
car ils serapportent
auxéquations dynamiques
des ondesélastiques.
Touspeuvent
être déduits des vitesses de ces ondes. Aucontraire,
les mêmes vitesses ne suffisent pas pour déterminer tous les coefficientsJ~. â~ (38).
Remarquons,
à cepoint,
que nous avons défini les coefficients(34), Y8 (36), (38), (39)
et la matriceatomique
B(40)
sans faireappel
à lasymétrie
des constantes derappel
en oc
et p ;
seules ont étéprises
en compte les rela-tions fondamentales
(38, 1).
Lasymétrie
des coef-ficients d’élasticité
dynamiques,
celle de la matriceatomique,
restent donc les mêmes que les cons- tantes derappel
soient ou nonsymétriques
en oc et~3.
Nous devons maintenant vérifier que les oscil- lations
acoustiques
déterminées par la matriceatomique
B(23 ; 40)
sont bien cellesqui
sontobservables à l’échelle
macroscopique.
Soit :une oscillation
acoustique
de bassefréquence.
Lesvecteurs
satisfont leséquations
séculaires :et
compte
tenu de(9)
La force de
rappel
exercée sur un atomequi
effectue une oscillation
harmonique,
depulsation
(ù, estproportionnelle
à (ù2.Or,
les oscillations acous-tiques
de bassefréquence
sepropag~nt
avec unevitesse V constante ; leur
pulsation cü
est doncproportionnelle
à a :Et les forces de
rappel produites
par ces oscil- lations sont, enconséquence, proportionnelles
à a2.Développons
en série la matrice r(22)
suivantles
puissances
entières etpositives
de a, etportons
la série
obtenue,
lesexpressions (42)
de(43)
de to, dans leséquations (41).
Ellesdeviennent, en négligeant
les termesqui
renferment la variable (1portée
à despuissances supérieures
à 2 :Le second membre de cette
équation exprirne
aufacteur
près ~1’
-la composante oc de la force de
rappel appliquée
sur un atome Cette force étant
proportionnelle
à a2 nous avons :
2° E
U’5
=0,
et,compte
tenu de(25),
cettek (~
0 a~
condition est
remplie
parL’oscillation
est celle
qui
estaccomplie
par le motif cristallin tout entier. Mais lespériodes
du milieu cristallin couvrent tout auplus quelques
dizainesd’angs-
troms. L’oscillation observable à l’échelle macro-
scopique s’exprime donc,
aupoint x :
2°
Compte
tenu de(45).
ou,
puisque fi
est un indice muetcondition
remplie
par .Les différences de
phases
- cpkE sont donc des fonctions linéaires des différences -Y-Les conditions
(45)
et(47) satisfaites,
sommonsmaintenant
sur j
les deux membres deséqua-
tions
(44). Compte
tenu de la relation(25),
lesamplitudes
inobservables",kf3,
celles des oscillation s que les atomes du motif cristallinaccomplissent
les uns par
rapport
aux autres, et les carrés dephase, grandeurs également inobservables,
s’éliminent. Nous obtenons les trois
équations
sécu-laires satisfaites par les oscillations en
bloc
dumotif cristallin
(46)
ou en
prenant
encompte
les coefficientsBe (23)
IV. Désaccord entre la théorie
classique
et la théorieatomique.
---- La matriceatomique
B(40)
est bien celle
qui
détermine les vitesses de propa-(1) Dans ce facteur a est pris en compte seulement dans la phase de l’oscillation ; et, si la force de rappel est proportionnelle à a2, le coefficient de - 1 doit être proportionnel à a’,
gation, V,
et la direction u des oscillations obser- vables à l’échellemacroscopique (46 bis).
Elle a lamême forme que la matrice
classique, A, (14).
Elleest de même
symétrique
en oc et~3,
et serapporte
àdes coefflcients d’élasticité en même nombre. Mais la similitude entre les deux matrices s’arrête là.
Les coefflcients d’élasticité
qui
entrent dans l’uneet l’autre n’ont pas la même
symétrie
tensorielle et, . parconséquent, prennent
engénéral
des valeurs distinctesqui
ne sont pas en même nombre. Enoutre, la matrice
atomique
est covariante en accordavec des
élongations
contrevariantes et des forces derappel
covariantes(2, 1).
La matriceclassique,
déduite de l’élasticité
statique,
sérapporte
aucontraire à des
élongations
covariantes et à des forces derappel
contrevariantes.La théorie
classique
de l’élasticité a étéportée
àun tel
degré
deperfection qu’elle paraît
la véritémême. Et l’on est tenté d’accuser de
négligence
toute autre théorie
qui
s’en écarte. Enparticulier,
les théories fondées sur la structure
atomique
sonttoutes déduites de la matrice de
Fourier, laquelle
est définie par des séries
illimitées,
et suppose doncun milieu cristallin sans limite.
Or,
si un cristalhomogène
estexempt
de tensions internes(hors
lestensions
thermiques),
tout milieu cristallin illimité serait lesiège
de tensionsperman.entes (Kun Huang, 1950),
et c’est pour les avoirignorées
que l’on trouverait une matriceatomique
irréductible à la matriceclassique.
Mais ces tensions inhérentesaux milieux cristallins illimités ont été
prises
encompte
par un raisonnementtrompeur (1} [8].
Leurexistence même n’est nullement
prouvée.
Toutes les
expériences
révèlent des ondes élas-tiques
dans les cristaux. La force derappel
exercéesur tout atome admet un rayon d’action sensible.
Les oscillations déterminées par la matrice de Fourier sont bien celles
qui
ont lieu dans les cris-taux, tant
qu’ils
sont, sansirrégularités, exempts
de tensions accidentelles et que la loi de Hookereste valable. La théorie
atomique
tellequ’elle
vient d’être
développée
nepèche
doncpoint
par omission. Fondée sur lespropriétés
communes àtous les
cristaux,
elles’applique
à tous leschamps
de force existant dans les milieux
cristallins, mais,
en
conséquence,
elle ne tient nulcompte
des loispropres à
chaque champ.
Ces lois déterminent lespropriétés particulières
des matricesatomiques.
Elles
peuvent
élever lasymétrie
des coefficients d’élasticité au-dessus dudegré prévu.
Il convientdonc de rechercher s’il existe des
champs
de forcesqui impliquent
une matriceatomique identique
à lamatrice
classique,
c’est-à-dire : des coefficientsdynamiques (39) identiques
aux coefficient deVoigt. Supposons
les coefficientsdynamiques
tels. Nous devons
prendre
les constantes derappel
contrevariantes :
Ca
Les coefficientsDU2
sont
symétriques
en oc et y, eten B
et 8 : sinon les coefficients resteraientdissymétriques
en ocet y, et
en 13
et0,
et différeraient des coefficients deVoigt.
Donc les coefficientsdéjà symé- triques (par définition)
en rx. et~3,
et en y et8,
doivent être
symétriques
parrapport
à leursquatre
indices. Et cette condition est satisfaite si les cons-
tantes de
rappel
dérivent d’unchamp
de forcescentrales
(49, 1) [9].
Demême, les coefficients LjaB,d
et
(30)
sont nécessairementsymétriques,
lespremiers en ~
et8,
les seconds en oc et y(34 ; 38 ; 39)
En
conséquence,
les constantes derappel
doiventen outre être
assujetties
aux relations de Max Born(40 bis, I).
Et cette seconde condition est aussiremplie
par unchamp
de forcescentrales. Ainsi,
des coefficients
dynamiques identiques
aux coef-ficients de
Voigt
serapportent
à l’élasticité d’un milieu cristallin dont les atomes sont unis par des forces centrales(49,1).
Inversement,
si les atomes sont liés par des forcescentrales,
la matriceatomique
B(40)
se confondavec la matrice
classique
A(14).
Max Born ledémontre
[9].
Il confirme enchaque point
la théorieclassique,
sauf si laposition
moyenne dechaque
atome coïncide avec un centre de
symétrie, auquel
cas il retrouve les relations de
Cauchy.
Mais s’ilobtient ces
relations,
c’est en faisant état de lastructure
atomique.
Les théoriciens de l’élasticiténe
prennent point
encompte
cette structure(inconnue
autemps
oùVoigt accomplissait
sesadmirables
travaux),
ils supposent le milieu cris- tallinhomogène
à toute échelle. Ils nepeuvent
donc obtenir les relations de
Cauchy,
inhérentes à la structureréticulaire,
et parconséquent
les récuser.A cela
près,
la théorieclassique
des ondesélastiques
(1) Kun Huang considère un cristal, siège de tensions constantes, donc en état de déformation constante, qui accomplit trois rotations infinitésimales autour des trois
axes de coordonnées. Il envisage d’abord les trois rotations
comme des déformations supplémentaires et exprime l’énergie nécessaire pour les produire. Puis, reconnaissant que nul effort n’est exercé sur le cristal pendant les rota- tions, il pose nulle l’énergie qu’il vient d’évaluer, d’où il
déduit des relations entre les tensions et les coefficients d’élasticité.
Mais, au cours des trois rotations effectuées à déformation constante, l’énergie potentielle du cristal ne varie point.
Et s’il n’est point de variation d’énergie, il est impossible
d’en définir. Il n’existe aucune relation entre les défor- mations (rapportées à un système de référence lié au milieu cristallin libre de toute contrainte) et les rotations. On peut donner aux rotations toute amplitude infinitésimale, les déformations restant nulles ou constantes. Donc, en mul- tipliant une tension par une rotation, on ne définit pas une densité d’énergie, et non plus en multipliant un coefficient d’élasticité par une rotation et par une déformation, ou par deux rotations. Ces produits n’ont pas la variance d’une densité d’énergie, c’est-à-dire que multipliés par l’unité de volume ils ne sont pas invariants ; en outre, leurs facteurs sont incohérents, les tensions, les coefficients d’élasticité et les déformations se rapportant à un seul système de réfé-
rence, les rotations â deux. (Voir première partie : « L’éner- gie potentielle d’un cristal et les constantes de rappel
atomiques », §VI.)
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s’accorde exactement avec un
champ
de forcescentrales.
V. La
symétrie
du milieu cristallin et lasymétrie
des oscillations
atomiques.
Cas d’unchamp
deforces centrales. - N’était
l’agitation thermique
des atomes, le
champ
de forces dans les cristauxaurait à
chaque
instant lasymétrie
du milieu cris-tallin,
mais en fluctuant ilreprend
cettesymétrie
enmoyenne dans le
temps.
Les constantes derappel
serapportent précisément
auxposi-
tions moyennes des atomes. Il en résulte que les tenseurs
(C~ ~)
=1, 2, 3)
sontassujettis
à lasymétrie
du milieu cristallin. Elleréduit,
commel’on
sait,
le nombre de leurscomposantes
dis-tinctes,
ets’inscrit,
par cescomposantes,
dans lamatrice de Fourier
(D. Cribier, 1953) [10]
et dansla matrice
atomique B (40).
Enconséquence,
lesoscillations détermip-ées par ces deux matrices se
répètent,
àl’amplitude
et à laphase près,
par toutes lesopérations
desymétrie qui
amènent leursvecteurs d’onde en
coïncidence,
mais seulement parces
opérations
desymétrie.
La théorie
classique
de l’élasticité serapporte
àun
champ
de forcescentrales,
et, supposer les atomes unis par des forces de cohésioncentrales,
c’est élever la
symétrie
des coefficients d’élasticitédynamique (39)
et, parconséquent,
c’est définir des oscillationsacoustiques
de bassefréquence qui
serépètent
par desopérations.
desymétrie n’appar-
tenant pas au milieu cristallin
(Y.
LeCorre, 1954) [4].
Dans un cristal
quadratique
dephosphate
mono-ammonique H2(NH4)P04,
des oscillations recti-lignes, transversales,
lesélongations parallèles aux plans
réticulaires100, peuvent
se propager, lesunes suivant un axe de
symétrie
binaire(direc-
tion
010),
les autres suivant un axe desymétrie
quaternaire (direction 001).
Selon la théorie clas-sique,
cesoscillations,
de mêmepolarisation,
sepropagent
avec la même vitesse suivant l’axe desymétrie
bin aire et suivant l’axe desymétrie
quater-naire ;
de sorte que,pilotées
par des vecteurs d’onde ayant le mêmemodule,
elles viennent encoïncidence
(à l’amplitude
et à laphase près)
parune rotation d’un
quart
de touraccomplie
autourd’un axe de
symétrie
binaire(direction 100),
doncpar une
opération qui
ne ramène pas le milieu cristallin sur lui-même.1 FlG.1.
La théorie
atomique prévoit
au contraire deux vitesses depropagation
distinctes suivant l’axe desymétrie
binaire et suivant l’axe desymétrie quaternaire. L’expérience
révèle deux vitesses dif- férentes. La même observation peut être faite surtous les cristaux
quadratiques.
C’est la théorie
classique qui
est en désaccordavec les faits
[11], [12].
,Manuscrit reçu le 6 novembre 1956.
BIBLIOGRAPHIE
[1] LYDDANE (R. II.) et HERTZFELD (K. F.), Phys. Rev., 1938, 54, 846.
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[8] HUANG (K.), Proc. Roy. Soc., 1950, A 203, 178.
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[10] CRIBIER (D.), Acta Crist., 1953, 6, 293.
[11] LE CORRE (Y.), J. Physique Rad. 1956, 17, 924.
[12] RAMAN (C. V.) et VISWANATHAN (K. S.), Proc. Indian Acad. Sc., 1955, 42, 1, 51.