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NOTE SUR LE COMPORTEMENT EN L’INFINI D’UNE FONCTION INT´EGRABLE

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Academic year: 2024

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NOTE SUR LE COMPORTEMENT EN L’INFINI D’UNE FONCTION INT´EGRABLE

EMMANUEL LESIGNE

R´esum´e. Nous d´emontrons qu’en un sens faible toute fonction int´egrable sur la droite r´eelle tend vers z´ero en l’infini ; en utilisant le th´eor`eme m´etrique d’approximation diophantienne de Khinchine, nous ´etablissons que cette convergence vers z´ero peut ˆetre arbitrairement lente.

On notexla variable r´eelle etnla variable enti`ere. La mesure de r´ef´erence sur la droite r´eelle R est la mesure de Lebesgue. Il est bien connu que la convergence d’une fonction vers z´ero en l’infini n’est une condition ni n´ecessaire, ni suffisante pour son int´egrabilit´e. On a toutefois le r´esultat suivant.

Proposition 1. Soit f une fonction int´egrable sur R. Pour presque tout x∈R, on a

(1) lim

n→∞f(nx) = 0.

Dans l’´enonc´e pr´ec´edent, qui concerne les fonctions int´egrables, cela n’a aucun sens de remplacer le presque tout x par tout x. Mais mˆeme si l’on ne consid`ere que des fonctions continues, le r´esultat reste du type “presque partout”. En effet un r´esultat classique, utilisant un argument de Baire, nous dit que si f est une fonction continue surR telle que

pour toutx non nul, lim

n→∞f(nx) = 0, alors

x→±∞lim f(x) = 0.

Ainsi, pour une fonction continue int´egrable qui ne tend pas vers z´ero en l’infini, la propri´et´e (1) est vraie pour presque toutx et non pour toutx.

La proposition suivante ´etablit une forme d’optimalit´e de la proposition pr´ec´edente.

1

(2)

Proposition 2. Soit (an) une suite r´eelle qui tend vers +∞.

Il existe une fonction f continue et int´egrable sur R telle que, pour presque tout nombre r´eel x,

lim sup

n→∞ anf(nx) = +∞.

Il existe une fonction f int´egrable surR telle que, pour tout nombre r´eel x, lim sup

n→∞

anf(nx) = +∞. Remarques

(R1) Si la suite (an) est croissante et v´erifie X

n

1 nan

< +∞, alors il existe une fonction f continue et int´egrable sur R telle que, pour tout nombre r´eelx,

lim sup

n→∞

anf(nx) = +∞.

(R2) On ne peut pas remplacer dans la proposition 2 l’hypoth`ese limnan= +∞ par lim supnan = +∞. On a par exemple, pour toute fonction f int´egrable surR, et pour toutε >0,

n→∞lim n1−εf(n2x) = 0 pour presque tout x.

Ainsi la conclusion de la proposition 2 est fausse pour la suite (an) d´efinie par

an=

(n12ε si nest un carr´e d’entier

0 sinon .

Dans la suite de cette note, nous donnons des d´emonstrations des deux propositions, suivies par des justifications des remarques pr´ec´edentes.

D´emonstration de la proposition 1. Fixons ε > 0 et notons E l’ensemble des points x ≥ 1 tels que |f(x)| ≥ ε. Nous savons que E est de mesure finie. Nous allons montrer que, pour presque toutx∈[0,1], l’ensemble des nombres entiers ntels quenx∈E est fini.

(On note|A|la mesure de Lebesgue d’un ensembleA⊂R.) Pour chaquen≥2, on noteEn:=E∩[n−1, n]. On aP

n|En|<+∞. Fixonsa∈]0,1[, et notons

Fn:=

 [

m1

1 mEn

\[a,1[.

Pour m < n, on a m1En⊂[1,+∞[ ; pourm > n/aon a m1En⊂[0, a[. On a donc

Fn

[n/a]

[

m=n

1 mEn.

(3)

D’o`u

|Fn| ≤

[n/a]

X

m=n

1

m|En| ≤ |En|(ln(n/a)−ln(n−1))≤ |En|(1 +|lna|). On en d´eduit queP

n|Fn|<+∞.

Cela entraˆıne que presque toutx n’appartient qu’`a un nombre fini des Fn. (C’est le Lemme de Borel-Cantelli, qui se d´emontre d’une ligne :

P✶Fn <+∞presque partout puisque Z

X✶Fn(x) dx=XZ

Fn(x)<+∞.)

Ainsi, pour presque toutx∈[a,1], il existen0=n0(x)>0 tel que sin≥n0 alorsx /∈Fn. Dire quex n’est pas dansFn, c’est dire que, pour toutm≥1, mx /∈En.

De plus, pour toutn > n0/x, on anx /∈ ∪nn=20 En. On peut conclure que, pour tout m > n0/x,mx /∈E.

Ce fait s’applique `a presque tout x ∈ [a,1], donc en fait `a presque tout x∈[0,1].

Nous avons d´emontr´e que, pour toutε > 0, pour presque tout x∈[0,1], pour tout n assez grand, |f(nx)| ≤ ε. Puisqu’il suffit de consid´erer une famille d´enombrable deε, on peut intervertirpour toutε >0 etpour presque tout x∈[0,1], ce qui donne la conclusion attendue.

D´emonstration de la proposition 2. Nous utiliserons le th´eor`eme suivant, r´esultat fondamental de la th´eorie m´etrique de l’approximation diophanti- enne dˆu `a Khinchine1.

Th´eor`eme. Soit (bn) une suite de nombres r´eels positifs telle que la suite (nbn) soit d´ecroissante et la s´erieP

nbn diverge. Pour presque tout nombre r´eel x, il existe une infinit´e de nombres entiers n tels que dist(nx,Z)≤bn. Nous utiliserons ´egalement le lemme suivant (dont une d´emonstration est donn´ee dans la suite).

Lemme 1. Soit(cn)une suite de nombres r´eels qui tend vers z´ero. Il existe une suite de nombres r´eels positifs(bn) telle que

la suite (nbn) est d´ecroissante, X

n

bn= +∞ et X

n

bncn<+∞. Venons en `a la d´emonstration de la proposition 2.

Quitte `a remplacer an par infk≥nak, on peut supposer que la suite (an) est croissante. En appliquant le lemme pr´ec´edent `a la suite cn = 1/√an,

1Th´eor`eme 32 dans le livre : A.Ya. Khinichine, Continued Fractions, ´edition originale russe 1935, traduction anglaise publi´ee par University of Chicago Press en 1961, r´edit´e par Dover en 1997.

(4)

on obtient une suite (bn) telle que la suite (nbn) d´ecroisse, la s´erie P

nbn diverge mais la s´erieP

nbn/√an converge.

On consid`ere la fonction f1 d´efinie surR par f1(x) =

(1/√an si|x−n| ≤min(bn,12), pour un entiern≥1

0 sinon

Cette fonction est int´egrable.

D’apr`es le th´eor`eme pr´ec´edent, pour presque tout nombre r´eel positif x, il existe des couples d’entiers positifs (n, k(n)), avecnarbitrairement grand, tels que

|nx−k(n)| ≤bn.

Fixons un tel nombrexdans l’intervalle ]0,1[. On a limn→∞k(n) = +∞ et, pour toutnassez grand,k(n)≤n. Pour un tel n, on a

|nx−k(n)| ≤bk(n) et donc f1(nx) = 1

√ak(n) . (On a utilis´e la d´ecroissance de la suite (bn).)

Ainsi, pour des entiersn arbitrairement grands, on a anf1(nx) = an

√ak(n) ≥p ak(n) . (On a utilis´e la croissance de la suite (an).)

Et on a bien lim supn→∞anf1(nx) = +∞.

Ce raisonnement s’applique `a presque tout nombrex entre 0 et 1.

Avec une construction similaire, pour chaque entier m >0, on peut con- struire une fonction fm int´egrable (positive ou nulle, et localement en es- calier) surR telle que, pour presque toutx entre 0 etm, on ait

lim sup

n→∞ anfm(nx) = +∞.

Il n’est pas difficile alors de construire une fonction f int´egrable et con- tinue sur Rtelle que, pour toutm >0, il existeAm>0 tel que f ≥fm sur [Am,+∞[. (On peut par exemple choisir une suite croissante (Am) telle que

X

m

Z +∞

Am

f1(x) +f2(x) +. . .+fm(x) dx <∞,

puis poserg=f1+f2+. . .+fm sur l’intervalle [Am, Am+1[. Cette fonction int´egrableg est localement en escalier ; elle est domin´ee par une fonctionf int´egrable et continue.) On a alors, pour presque tout x≥0,

lim sup

n→∞ anf(nx) = +∞.

Un proc´ed´e de sym´etrisation ´evident ´etend la propri´et´e `a presque tout nom- bre r´eel.

La premi`ere partie de la proposition 2 est d´emontr´ee. La seconde partie en est une cons´equence directe : on consid`ere la fonction f construite ci- dessus, et on noteFl’ensemble desxtels que la suite (anf(nx)) soit major´ee.

(5)

L’ensemble {nx | x ∈ F, n ∈ N} est de mesure nulle, et on peut modifier la fonction f sur cet ensemble (en imposant par exemple la valeur 1) sans modifier l’int´egrabilit´e. On a alors, pour tout x,

lim sup

n→∞ anf(nx) = +∞.

D´emonstration du lemme 1. La suite (cn) est donn´ee, et elle tend vers z´ero.

Nous allons construire par r´ecurrence une suite croissante d’entiers (nk) et une suite d´ecroissante de nombres positifs (dk) et nous poserons bn = dk pour nk−1 ≤n < nk. n

Le nombresdk sont choisis tels que

nk−1

X

i=nk

1

bi= 1 ; on pose donc

dk:=

nk1

X

i=nk

1

1 i

−1

. Partons de n0 = 1.

Choisissons n1> n0 tel que, pour tout n≥n1,|cn| ≤ 12.

Choisissons n2> n1 tel que pour toutn≥n2,|cn| ≤ 14 et tel que d2 ≤d1. Plus g´en´eralement, si n1, n2, . . . , nk1 sont construits, on choisit nk > nk1

tel que pour toutn≥nk,|cn| ≤2k et tel quedk≤dk−1. (Cela est bien sr possible parce que limn→+∞

Pn i=nk1

1 i

1

= 0.)

La suite (bn) ainsi d´efinie “par blocs” est telle que la suite (nbn) d´ecroˆıt et elle v´erifie, pour toutk≥1,

nk−1

X

i=nk

1

bi= 1 et

nk−1

X

i=nk

1

bici≤21−k.

Cela garantit le fait quebnest le terme g´en´eral d’une s´erie divergente, tandis quebncn est le terme g´en´eral d’une s´erie convergente.

Justification de la remarque (R1). Le lemme de Dirichlet en approximation diophantienne concerne le cas particulier bn = 1/n dans le th´eor`eme de Khinchine et il donne un r´esultat valable pour toutxet non seulement pour presque toutx.

Lemme 2 (Lemme de Dirichlet). Pour tout nombre r´eel x, il existe des nombres entiers narbitrairement grands tels que dist(nx,Z)≤ 1n .

Nous utiliserons aussi le lemme suivant (dont une d´emonstration est donn´ee dans la suite).

Lemme 3. Si(un) est une suite de nombres positifs telle queP

nun<+∞, alors il existe une suite(tn)tendant vers l’infini et telle queP

ntnun<+∞.

(6)

Justifions la remarque (R1). On consid`ere une suite croissante (an) de nombres r´eels positifs telle que

X

n

1

nan <+∞.

D’apr`es le lemme 3, il existe une suite (bn) de nombres r´eels positifs telle que

bnan→+∞ et Xbn

n <+∞. On consid`ere la fonction f d´efinie surRpar

f(x) =

(bk si|x−k| ≤1/k, k entier≥2 0 sinon

Cette fonction est int´egrable.

D’autre part, en utilisant le lemme de Dirichlet, on obtient, pour chaque x fix´e dans ]0,1[ :

il existe des couples d’entiers positifs (n, k(n)), avecnarbitrairement grand, tels que

|nx−k(n)| ≤ 1 n.

On a limn→∞k(n) = +∞ et, pour toutn assez grand, k(n) ≤n. Pour un tel n, on a

|nx−k(n)| ≤ 1

k(n) et donc f(nx) =bk(n). Ainsi, pour des entiersn arbitrairement grands, on a

anf(nx) =anbk(n)≥ak(n)bk(n). (On a utilis´e ici la croissance de la suite (an).)

Cela prouve bien que lim supn→∞anf(nx) = +∞. Ce r´esultat obtenu pour tous les nombresx entre 0 et 1 s’´etend `a tous les nombres r´eels de la mˆeme fa¸con que dans la d´emonstration de la proposition 2. On peut enfin rem- placer la fonction localement en escalier par une fonction continue comme

nous l’avons d´ej`a fait pr´ec´edemment.

D´emonstration du lemme 3. Pour toutk≥1, il existe n(k) tel que X

n≥n(k)

un≤ 1 k2. On a

X

n

card{k|n(k)≤n}un=X

k≥1

X

n≥n(k)

un<+∞,

et il suffit de poser tn= card{k|n(k)≤n}.

(7)

Justification de la remarque (R2). Soitfest une fonction positive int´egrable

surR. On a Z

R

f(n2x) dx=n−2 Z

R

f(x) dx , d’o`u

X

n≥1

Z

R

n1−εf(n2x) dx ,

et le th´eor`eme de convergence monotone nous assure alors que la fonction x7→ X

n≥1

n1εf(n2x)

est int´egrable, donc presque partout finie.

La proposition 1 r´epond `a une question pos´ee par Aris Danilidis. L’auteur remercie Christian Mauduit qui lui a rafraˆıchi la m´emoire `a propos du th´eor`eme de Khinchine.

Emmanuel Lesigne

Laboratoire de Math´ematiques et Physique Th´eorique Universit´e Fran¸cois-Rabelais Tours

F´ed´eration Denis Poisson - CNRS

Parc de Grandmont, 37200 Tours. France emmanuel.lesigne@lmpt.univ-tours.fr

Referências

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