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Le Morgado de Mateus et la Casa da Ópera de São Paulo

No documento UNIVERSIDADE NOVA DE LISBOA (páginas 130-141)

Dom Luis Antonio de Souza Botelho Mourão, 4e Morgado de Mateus et Gouverneur de la capitainerie de São Paulo (1766-1776) fut une figure de proue de l’institution de l’activité théâtrale permanente en Amérique Portugaise.

La situation politique et économique de la capitainerie de São Paulo était très instable durant les années précédant l’arrivée de D. Luis : l’agriculture improductive et une population dispersée, n’attirait pas l’intérêt des Finances Royales, tournées vers l’administration des zones minières du Centre-Ouest, ainsi que les zones productrices de sucre au Nord-Est de la colonie. Par conséquent, le territoire Sud de l’Amérique Portugaise avait été rattaché à la

237 P. MARCOY, Voyage a travers l’Amérique du Sud, de l’Océan Pacifique a l’Océan Atlantique, Paris,

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capitainerie de Rio de Janeiro, les capitaineries de Goiás et Mato Grosso étant séparées de la capitainerie de São Paulo par une ordonnance royale datée de 1748. Tout cela fit que la capitainerie de São Paulo, dépossédée de ses territoires les plus riches, perdit son autonomie politique, le Roi ne considérant pas nécessaire la présence d’un Gouverneur Capitaine Général dans la capitainerie de São Paulo.238

Malgré cela, la Câmara de la ville de São Paulo demeurait active, et assumait un rôle important dans l’administration de la capitale, presque dépeuplée à cette époque. Selon Heloísa Bellotto, pour la couronne, les Câmaras des zones les moins prospères avaient un rôle bien particulier contrairement aux zones plus riches de la colonie, où le Gouvernement central était beaucoup plus présent et plus vigilant.

239 Ce fut précisément la Câmara de São Paulo qui

empêcha la construction du premier théâtre permanent de cette capitainerie, l’édification d’une Casa da Ópera étant considérée « indésirable » pour le bien public. Une lettre du conseil municipal, écrite par le procureur Joaquim Ferreira ordonna que la construction du théâtre fût interrompue jusqu’à ce que l’ordonnance royale l’autorisant fût présentée par ses propriétaires.240

Le projet de la maison de l’Opéra, de la responsabilité du capitaine João Dias Cerqueira, Luis Lopes Coutinho et Pedro Luis Seixas, ne fut jamais concrétisé. Toutefois, à São Paulo, comme dans toutes les villes et vilas de l’Amérique Portugaise, il existait bel et bien des représentations dans les théâtres éphémères construits sur les places pendant les fêtes publiques du royaume.241

Les multiples conflits, dans la région Sud de la colonie, auxquels la capitainerie de Rio de Janeiro se trouvait dans l’incapacité d’apporter une réponse étant donné l’immense étendue de territoire qu’il lui aurait fallu couvrir, ajoutés à l’état de pauvreté de la capitainerie vicentine et à la diminution de l’activité minière du Centre-Ouest, ont provoqué la restitution de

C’est probablement après la restauration de la capitainerie et la nomination du nouveau Gouverneur que l’activité théâtrale réalisée dans un théâtre permanent a été effectivement établie dans la capitainerie de São Paulo.

238 H. L. BELLOTTO, « O Morgado de Mateus, Governador de São Paulo », Boletim da Biblioteca da

Universidade de Coimbra (Volume XXXIV, 34, 2ª parte), 1979, pp.20-21.

239 Ibidem, p.25.

240 E. R. AZEVEDO, « O Teatro em São Paulo », in A. A. PRADO (ed.), História da Cidade de São Paulo : a

cidade colonial 1554-1822, vol.I, São Paulo, Editora Paz e Terra, 2004, p.528 ; AHMSP, Actas da Câmara Municipal, XIV, p.469. Apud: SANT’ANNA Nuto, São Paulo Historico: aspectos, lendas e costumes. São Paulo: Departamento de Cultura, 1944, v.IV, p.54-55.

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l’autonomie de la capitainerie de São Paulo.242 C’est ainsi que le 5 janvier 1765, D. José

nommait Dom Luis Antonio de Sousa Botelho Mourão au poste de Gouverneur et Capitaine Général de la capitainerie de São Paulo, pour une période de trois ans.243

Fig. 22 - Portrait de D. Luís António de Sousa Botelho Mourão, 4e Morgado de Mateus, huile sur toile,

(XVIIIesiécle). VILA REAL : Fundação da Casa de Mateus.

Né le 21 février 1722 dans la Freguesia de São Verissimo de Riba Tâmega, district de la Ville d’Amarante, le 4e Morgado de Mateus était d’une lignée d’hommes qui avaient servi le royaume de Portugal dans l’administration, dans le domaine culturel ou dans les armes. Homme de caractère, D. Luis Antonio est reconnu comme l’un des plus actifs capitaines généraux de l’Amérique Portugaise pendant la période Pombaline.244

242 H. L. BELLOTTO, op.cit., p.28.

A l’âge de 43 ans, il embarqua pour Rio de Janeiro, laissant sa femme, D. Leonor de Portugal, et ses trois enfants à Mateus.

243 DECRETO PELO QUAL D. JOSE NOMEIA GOVERNADOR e capitão-general da capitania de São Paulo, o

(Morgado de Mateus), D. Luiz António de Sousa Botelho e Mourão, e ordena ao Conselho Ultramarino que passe o respectivo despacho. AHU_CU_023-01, Cx.23, D.2215, Rolo 26. Encore dans les Archives d’outre-mer de Lisbonne on trouve des documents référents à un salaire de 10.000 cruzados par an, ainsi que d’autres papiers communs aux actes de nomination d’un Gouverneur. Apud: H. L. BELLOTTO, op.cit., p.30.

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Le journal tenu par le Morgado, futur Gouverneur de São Paulo, montre que celui-ci éprouve un grand intérêt pour le théâtre et ce dès son arrivée sur le sol brésilien. Ainsi, peut-on y lire que le 23 juin 1765, alors qu’il se trouve encore à Rio Janeiro, après une journée pleine d’activités, le Morgado fut amené à l’opéra, où on représentait la Dido Abandonada, « avec d’excellentes musiques et danses ».245

Dans le journal du Morgado, nous trouvons plusieurs entrées du même genre, c’est-à-dire des rapports où les détails concernant les évènements les plus importants survenus pendant les journées de D. Luis Antonio au Brésil se terminent souvent par la description de représentations d’opéras et comédies. Au cours de son séjour à Rio de Janeiro, D. Luis alla au théâtre du père Boaventura Dias Lopes - à cette époque administré par Luis Marques Fernandes -, les nuits du 24, 28 et 30 Juin 1765.246

Selon Heloisa Belloto, l’enthousiasme caractéristique de D. Luis et son exagération naturelle pour les choses qui l’intéressaient est constant et abondant dans la correspondance qu’il a maintenue avec la cour de Lisbonne pendant son séjour à São Paulo, et ses impressions sur la colonie et les possibilités de croissance de celle-ci, en témoignent. Cependant, malgré l’abondance d’idées novatrices concernant l’administration de São Paulo, la tâche de restaurer cette capitainerie et d’en faire un comptoir productif et, de quelque façon, prospère n’était pas facile. D. Luis était pleinement conscient de ce défi et écrivit à ce propos qu’il avait trouvé la capitainerie morte et que l’entreprise de la ressuciter était plus hardie que celle de la récréer, car la création était parmi les responsabilités de n’importe quel homme, la résurection étant un miracle réservé au Christ. Pour créer le monde Dieu n’a pas mis très longtemps, mais pour le restaurer après qu’il s’est perdu, il dut faire humaine son omnipotence, y consacrer trente ans et donner sa vie.247

Après être resté pendant presqu’un an à Santos, absorbé par l’organisation de nombreuses affaires relatives à son futur gouvernement, le nouveau Gouverneur est entré dans la capitale de São Paulo, précisément, le 5 avril 1766 et a pris possession de son nouveau poste deux

245 DIARIO DE D. LUIS ANTONIO DE SOUSA BOTELHO MOURÃO, 4° MORGADO DE MATEUS. BNRJ,

secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,14 n°001. Cf. Appendice III, I.

246 Ibidem, loc.cit. Les documents classés en tant qu’Archives de Mateus dans la Bibliothèque Nationale de Rio

de Janeiro sont, en fait, des copies incomplètes du journal de Dom Luis António de Souza Botelho Mourão, datées, probablement, de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Dans cette étude, nous faisons référence à tous les

opéras mentionnés dans ces manuscrits, néanmoins il est probable que le journal original, conservé aux Archives du Palais de Mateus, à Vila Real, contienne d’autres références non répertoriées dans les manuscrits de Rio. L’accès aux manuscrits originaux n’était pas autorisé par la Fondation de Mateus à l’occasion de notre visite, réalisée en Février 2010.

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jours après, lors de la fête de Notre Dame des Prazeres, patronne de la Maison des Mateus.248

Le recensement de la population pour la constitution des troupes et la réorganisation de l’armée, l’introduction de la culture du coton et de l’activité textile, l’installation d’une manufacture de porcelaine, le regroupement des indigènes dispersés et le séquestre des biens des Jésuites furent parmi les premières actions de D. Luis Antonio à la tête du gouvernement de São Paulo. La dernière eut des implications importantes pour l’activité théâtrale dans cette capitainerie, la nouvelle Casa da Opéra fut aménagée, selon les souhaits du Morgado, dans l’ancien collège des Jésuites, situé juste en face de l’ancien Séminaire, transformé en Palais du Gouverneur. Selon les informations du journal de D. Luis, en 1769, les travaux entrepris chez les Jésuites n’étaient toujours pas achevés.249

Fig. 23 – T. ENDER Thomas, Ancien Collège de Jésuites à São Paulo, aquarelle (1817-1818). (J. BANDERIDA, R. WAGNER (eds.), Viagem ao Brasil: nas aquarelas de Thomas Ender, 1817-1818, Petrópolis, Kappa, 2000.)

Bien que le mandat du Morgado de Mateus prît fin en 1768, le Gouverneur avait déjà écrit au Comte d’Oeiras pour se mettre à la disposition du royaume « sans l’ambition d’y continuer, mais sans la volonté de s’en retirer », son administration fut prolongée pour sept ans.250

La première référence à une représentation théâtrale réalisée dans la Casa da Ópera de São Paulo, dont nous avons trouvé trace dans les manuscrits du journal du Morgado de Mateus conservés dans la Bibliothèque Nationale de Rio de Janeiro, date du 4 avril 1769. Cependant, selon Rui Vieira Nery, a Casa da Opéra avait été inaugurée en 1767, et on y avait représenté

248 RGCM, São Paulo, v.11, p.244. Apud : H. L. BELLOTTO, op.cit., p.37.

249 DIARIO DE D. LUIS ANTONIO DE SOUSA BOTELHO MOURÃO, 4° MORGADO DE MATEUS. BNRJ,

secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,14 n°001. Cf. Appendice II, I.

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l’œuvre O Anfitrião, d’Antonio José da Silva.251 Sur la représentation d’Avril 1769, il est très

probable que cet opéra ait été réalisé pendant les célébrations pour la fête de Notre Dame des

Prazeres, pour le troisième anniversaire du gouvernement de D. Luis. Selon ce journal, les célébrations religieuses, où on avait chanté la Tota Pulchra ainsi qu’une litanie, ont été suivies de la représentation de diverses œuvres poétiques et d’un sermon burlesque. Dans la soirée, on donna l’opéra d’Ernesto et d’Artabano, intitulé « Le plus héroique secret » (l’Artaxerxes), et ensuite un bon entremez, représenté, curieusement, par les sergents et soldats du contingent militaire. Après la représentation, son Excellence leur offrit un bon souper, aussi bien qu’à ceux qui avaient joué et chanté.252

Certaines parties du journal où il est fait allusion aux représentations dramatiques de la Casa

da Ópera de São Paulo mentionnent que la compagnie était composée, dans ses premières années, de « curiosos », plus précisement de « sergents et soldats ».

253 Néanmoins, à partir du

27 mai de la même année, c’est-à-dire à peu près un mois après la première référence à la

Casa da Ópera permanente de São Paulo, l’operário Mancio de Santos est arrivé dans la ville, et a demandé une audience auprès de D. Luis Antonio, qui, d’abord, lui fut refusée. Par la suite, Antonio Mancio [Manso] dos Santos ou Manço da Mota fut engagé en qualité d’impresario de la Casa da Ópera de São Paulo, qui, à partir de cette date, compta avec une compagnie de comédiens professionnels, mentionnés en tant qu’« operários » dans le journal de D. Luis, l’impresario étant toujours appelé « Mestre da Ópera ».254

Antonio Manso dos Santos fut le protagoniste d’un épisode curieux. Dans l’entrée du 27 Mai 1771, nous lisons que le maitre de l’Opéra, Antonio Manso, traversant la cour du palais, fut abordé par un soldat payé qui se serait plaint du fait que les operários se moquaient de lui. Manso lui conseilla d’aller se plaindre au laquais de l’opéra. Le soldat, offensé par sa réponse, lui donna un coup de poing sur le visage, ce qui entraîna l’arrestation des deux individus. Le journal de D. Luis Antonio nous raconte qu’« après que son excellence eut pris connaissance de l’audace du soldat qui avait osé donner un coup de poing à un homme si amusant devant son palais, il avait ordonné que l’operario fût libéré et que le soldat fût attaché à un tronc

251 R. V. NERY, « E lhe chamam uma nova corte : a música no projecto de administração iluminista do Morgado

de Mateus em São Paulo (1765-1784) », in R. V. NERY(ed.) As Musicas Luso-Brasileiras no final do Antigo

Regime : Repertorios, Praticas e Representações, Actes du Colloque International de Lisbonne 2008, Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian, 2008, en attente d’impression.

252 DIARIO DE D. LUIS ANTONIO DE SOUSA BOTELHO MOURÃO, 4° MORGADO DE MATEUS. BNRJ,

secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,14 n°001, 04/04/1769. Cf. Appendice II, I.

253 DIARIO DE D. LUIS ANTONIO DE SOUSA BOTELHO MOURÃO, 4° MORGADO DE MATEUS. BNRJ,

secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,14 n°001, 04-04-1769 et 16/04/1769. Cf. Appendice II, I.

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[pour être puni au moyen de coups de fouet] ».255

Un autre épisode, dont le registre est fait un an plus tard, plus précisément le 6 Mai 1770, témoigne du contrôle sévère que le Gouverneur exerçait sur les comédiens de la compagnie de sa Casa da Ópera : il s’agit d’opéras ne pouvant être représentés à cause de la fuite de l’un de ses comédiens principaux. L’entrée du 15 mai nous apprend que ce comédien était allé à Goiás et que le Gouverneur prit toutes les mesures nécessaires pour le retrouver et que le 10 juin le comédien fut arrêté à Jacuí, Minas Gerais. Ce que nous venons de dire met en valeur le caractère hardi du Morgado, qui n’épargna aucun effort pour retrouver « son » comédien, même à des centaines de kilomètres de São Paulo. Après sa « capture », nous ne savons pas si l’acteur fut réintégré ou non dans la compagnie de São Paulo, ce que nous savons de façon certaine c’est que, la nuit du 6 juin, lors de l’interprétation de l’opéra Guerras de Alecrim et

Mangerona d’Antonio José da Silva, l’activité de la Casa da Ópera avait repris.

Le souci du Gouverneur par rapport aux comédiens devient évident dans des passages de son journaltel celui de l’entrée datée du 4 avril 1769 susmentionné.

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Les fuites de comédiens de la Casa da Ópera de São Paulo ont sans doute été une pratique récurrente, ainsi, par exemple, un autre comédien, appelé João da Opéra, a-t-il, lui aussi, essayé de s’enfuir, en compagnie de deux compagnons de la milice, le 20 novembre 1770.257 Le troisième cas de fuite dont nous avons trace concerne un certain Bonifacio, qui fut emprisonné en juin 1772 et libéré quelques jours plus tard.258 Une demande que ce comédien

fit en 1773, demandant au Morgado de Mateus la permission d’être transféré à la Ville de Santos à cause des préjudices qu’il subissait dans la Casa da Ópera de São Paulo, évoque que ceux-ci avaient dû être à l’origine de sa fuite l’année précédente.259

Ce fut probablement à cause de ces successives fuites de comédiens de la Casa da Ópera de São Paulo que, en novembre 1772, D. Luis Antonio nomma José Gomes Pinto de Moraes, le Juge de Santos, au poste de directeur des opéras, comme nous le montre le document reproduit ci-dessous :

255 Ibidem, 27/05/1771. Cf. Appendice II, I. 256Ibidem, 06/06/1770. Cf. Appendice II, I. 257 Ibidem, 20/11/1770.

258 BNRJ, secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,16. Apud : R.BUDASZ, op.cit., p.50.

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« Ordonnance pour que le Juge de Fora Santos en poste dans cette ville assume la Direction des Opéras. Parce que le divertissement des Opéras, pratiqué aujourd’hui dans la plupart des capitaineries de ce Brésil, ne peut se poursuivre ni subsister sans la présence d’un Directeur capable de punir les innombrables fautes faites par ceux qui s’occupent de ces fonctions : je désigne pour directeur le Docteur Juge de Fora de la ville de Santos José Gomes Pinto de Moraes, pour que, au moyen de la direction dont je l’ai investi, il prenne souci de contrôler toutes les fautes et de pourvoir au nécessaire pour l’interprétation des opéras les jours prévus, à son gré, pour que les musiciens et comédiens des opéras mentionnés accomplissent leurs obligations, et l’autorise à les emprisonner et punir chaque fois que ce sera nécessaire ».260

A plusieurs occasions, les invités du Morgado de Mateus, qui avaient assisté aux représentations dramatiques dans la Casa da Ópera de São Paulo, l’ont comparée avec sa correspondante à Rio de Janeiro, le théâtre de São Paulo se trouvant presque toujours en position de supériorité. Indépendamment de la véracité ou non de ces propos, cette comparaison devait beaucoup plaire à D. Luis, qui multiplia les efforts pour entretenir le théâtre, dans des circonstances souvent adverses. Parmi les témoignages qui expriment tout le bien que certains invités pensaient du théâtre de São Paulo, citons celui d’un Sergent-Major, en mai 1770, qui estimait que même si ce batiment n’offrait pas d’aussi bonnes conditions que celui du théâtre de Rio, la qualité des comédiens y était supérieure à ceux du theâtre de la capitale.261 En Juin 1772, le Gouverneur avait invité le Brigadier et l’Abbé de Saint-Benoît,

accompagné de quelques religieux de l’ordre bénédictin, à une représentation d’A Clemência

de Tito. Le contentement du Brigadier concernant les costumes utilisés par les comédiens, tout autant que leur compétence, était évident dans son rapport, où il disait que même les comédiens de Rio n’étaient pas mieux habillés et ne représentaient pas de façon plus élégante que ceux de São Paulo.262

Selon le journal, dans les premières années de fonctionnement de la Casa da Ópera, les opéras, dont les représentations étaient faites « en faveur de S. Excellence », comptait avec la présence majoritaire des principaux de la ville, aussi bien que du peuple en général. Des descriptions comme la suivante étaient fréquentes : « les loges furent occupées par les premières familles, et on plaça le gros du public au parterre aux balcons ». Néanmoins, nous

260 Ibidem. Ortographie actualisée. Apud : R. BUDASZ, op.cit., p.50.

261 DIARIO DE D. LUIS ANTONIO DE SOUSA BOTELHO MOURÃO, 4° MORGADO DE MATEUS. BNRJ,

secção de manuscritos, Arquivo de Mateus – 21,4,14 n°001, 26/05/1770.

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savons que dans un premier temps le Morgado avait encouragé le plus grand nombre possible d’habitants de la ville à assister aux représentations et que plus tard, suite au manque de spectateurs, il avait exigé que l’élite économique de São Paulo assiste aux représentations.263 L’entretien de la Casa da Ópera de São Paulo, à l’instar des autres Casas da Ópera en Amérique Portugaise, se fondait sur la vente de loges et de places au parterre. Cependant, il nous semble que ce système n’était pas à même de couvrir toutes les dépenses de la compagnie, dans la mesure ou nombreux étaient ceux qui ne payaient pas leur abonnement, comme l’explique le journal de D. Luis à la page du 2 septembre 1772 : au bout des 30 opéras pour lesquels les comédiens étaient engagés, ils se trouvaient dans l’impossibilité de poursuivre leur activité à São Paulo, car certains propriétaires de loges n’avaient pas réglé le montant dû, alors que d’autres ne voulaient plus le payer la prochaine saison. Confronté à ce problème, le Gouverneur ordonna au Juge de formaliser un document selon la procédure utilisée à Rio de Janeiro, en déterminant que les comédiens fussent obligés de faire 30 opéras dans un délai d’une année, dont 8 devaient être nouveaux. Les représentations auraient lieu tous les Dimanches à 8 heures du soir, même au cas où le Gouverneur ne serait pas encore dans sa loge. Le document devait porter les noms des propriétaires de toutes les loges et leurs prix, pour que les Gouverneurs puissent inviter toutes les principales familles de São Paulo à choisir les loges qu’elles voulaient. Celles-ci, de leur côté se compromettaient à payer le montant annuel divisé en trois versements de même montant. Il ordonna aussi que les

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