Comité permanent de l'Office International d'Hygiène Publique

Comité Permanent de 1’Office International

d’Hygiène Publique

SESSION EXTRAORDINAIRE (MA1 1930)

Le Comité a été mis au courant des études sur la peste poursuivies dans 1’Inde britannique sous les auspices du Gouvernement ou sous la direction des directeurs de la Santé publique des provinces. A 1’Institut Haffkine de Bombay, on s’est occup8 d’améliorer le sérum et le vaccin antipesteux; on a établi que la peste est transmise expérimentalement de rat $ rat par la puce Xenopsylla astia, à peu près aussi facilement que par X. cheopis, et que la transmission peut aussi être réalisée par X. brusiliensis.

Une étude tres développée des insectes et des larves susceptibles de transmettre la peste, notamment dans les dépôts de grains, a été faite en Italie; elle vise à expliquer les épidémies de peste dans lesquelles on ne découvre pas de rats pesteux. Au Sénégal, il existe deux zones limitées d’endémicité pesteuse, dans lesquelles les cultures d’arachide et de mil fournissent une nourriture abondante aux rats. Une mission travaille depuis dix-huit mois a identiiier les espèces de rats et de puces. Pour les premiers, Mus rufinus et Golundu cumpanae prédominent. Les puces sont des X. cheopis dans la proportion de 95 pour cent, des X. astia pour le reste. 11 semble exister un autre réservoir de virus que le rat, et peut-être un autre insecte piqueur que la puce. Une petite épidémie de peste pulmonaire, qui a duré cinq semaines, s’est produite en U. R. S. S. dans un groupe de hameaux voisins de Turkestan chinois; l’infection a paru provenir d’espèces locales de lièvres.

L’enquête, poursuivie pendant deux ans, sur les conditions d’apparition du cholera dans les Provinces-Unies de 1’Inde britannique a conduit à la conclusion que les poussées épidémiques avaient presque toujours pour point de départ un cas importé de choléra, rarement un convalescent de choléra, et plus rarement encare un sujet en periode d’incubation du choléra. Aucune des épidémies analysées n’avait pour origine un porteur sain.

L’lndiun Reseurch Fund Associution a subventionné tout un ensèmble de travaux sur les bactériophages. Pour le choléra, les recherches ont établi qu’il existait trois types de bactériophages et que des vibrions resista& vis-à-vis de deux de ces types étient détruits par le troisième. L’emploi préventif et théra- peutique du bactériophage ne doit donc donner son plein résultat que si l’on dispose d’un mélange de races appropriées des trois types. Dans I’application, l’addition de bactériophage aux puits pendant la fête religieuse de Puri (Puri Mela) semble avoir eu pour conséquence une grande diminution des cas de choléra; ils ont été 10 fois moins nombreux que dans les secteurs dont les puits n’avaient pas été traités. L’année 1930 a été marquée par une des plus grandes fêtes religieuses de I’Inde, qui a lieu tous les douze ans, et a réuni à Allahabad 3 millions et demi .de pèlerins, dont 2 millions et demi se baignèrent le même jour, le 29 janvier

dans le Gange. De tres grands préparatifs avaient été faits pour assurer la distribution d’eau pure, pour dépister les malades et les hospitaliser sur place, pour multiplier les vaccinations, 168 cas de choléra seulement eurent à être traités, et le choléra a été moins fréquent dans I’Inde, au cours des deux mois suivants, que pendant la période correspondante des années precedentes.

La saison chaude 1929-30 s’est écoulée $ Rio-de-Janeiro sans réapparition de la fievre juune; la destruction des stegomies, réalisée avec une ampleur et une ténacité mémorables, a donc bien mis fin à l’épidémie de 1929. Parmi les mesures d’assainissement entreprises à Dakar, la plus originale est la ségrégation des indigènes, qui a fait de grands progrès.

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La Commission de la variole et de la vaccination antivariolique, constituée en mai 1929, a presente au Comité un rapport concernant trois questions:

10 La définition des termes de variola majo,, varioloide, variola minor ou alastrim. La varioloïde, forme fruste de la variola majar, a été nettement séparée de la variola minor, dont les épidémies se développent, en general, tout $ fait indé- pendamment de celles de variola major. Il a été spécifié que la variola minor devait être soumise aux mêmes mesures administratives et prophylactiques que la variola majar, les autorités responsables d’un pays conservant, toutefois, la liberté d’atténuer la rigueur de ces mesures.

20 La situation actuelle à l’égard de l’encéphalite post-vaccinale. Les donnees recueillies directement auprès des delegues des pays intéressés établissent la fréquence de l’affection au cours des dernières années en Angleterre et en Hol- lande, pays les plus frappés, en Allemagne, en Autriche, en Suède, en Norvège, oh les cas se présentent en nombre assez elevé, en France, aux États-Unis, où ils sont rares, dans 1’Union de l’dfrique du Sud, en Yougoslavie, dans 1’Union des Républiques soviétistes socialistes, en Italie, en Pologne, au Portugal, en Suisse, où ils sont extrêmement rares, ou n’ont plus 6th signa& récemment. Les ren- seignements recus sont entièrement négatifs pour la Belgique, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, le Canada, l’figypte, le Maroc, le Soudan, 1’Inde britannique, 1’Indochine francaise, le Japon, l’Australie, la Nouvelle Zélande, 1’Amérique centrale et 1’Amérique du Sud, malgré le nombre très elevé des vaccinations pratiquées dans beaucoup de ces pays. Le rapport aotuel se contente de pré- senter les faits connus, en faisant ressortir l’influence que peuvent avoir sur la frequence de l’encéphalite les habitudes des divers pays relatives à la vaccination. Il fait ressortir, toutefois, la similitude, constatée par les auteurs anglais et hol- landais, des Iésions anatomopathologiques de l’encéphalite post-vaccinalè avec celle des autres encéphalites consécutives à une infection aiguë (rougeole, varicelle, variole, coqueluche, etc.).

30 La technique de la vaccination antivariolique. Les réponses envoyées par 23 pays au questionnaire de 1’Office portant sur les procédés d’inoculation du vaccin, ont été groupées en un exposé comparatif. Les renseignements réunis, tout en apportant des suggestions intéressantes, ont fait apparaitre l’insuffisance de nos connaissances actuelles. La Commission a proposé de soumettre ces problèmes à une étude expérimentale, avec tous les concours que le Comité pourra s’assurer dans les milieux compétents.

La vaecination centre la tuberculose par le BCG, en injection sous-cutanée, a continué à donner des résultats tres favorables chez les infirmières à Oslo; la tuberculose s’est, jusqu’à présent, déclarée avec une fréquence diz fois moindre chez les vaccinées que chez les non-vaccinées. La documentation rassemblée par 1’Office sur les efforts entrepris dans les divers pays pour lutter centre la tubercu- lose dans l’industrie et pour assurer un travail approprie aux tuberculeux guéris ou stabilises s’est enrichie de plusieurs contributions. Les apercus presentes au Comité sur l’extension de la tuberculose dans les races indigènes, au Maroc, en Algérie, ont montré l’importance de ce sujet. On a signa16 notamment le carac- tère nocif des poussières d’amiante reconnu en Angleterre, et la grande améliora- tion introduite aux États-Unis par la modification des machines et des méthodes de travail en ce qui concerne les poussières de ciment, de granit et de coton.

19301 INFORMATION SANITAIRE

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La tularémie, maladie individualisée aux États-Unis depuis quelques années seulement, est connue aujourd’hui en U. R. S. S., en Norvège, au Japon. Aux États-Unis où les lapins sauvages sont le principal r&ervoir de virus, 420 cas ont 6th déclarés, mais sont loin de représenter le total réel. En U. R. S. S., dans le bassin inférieur du Volga et dans celui de son affluent l’Oka, dans le Gouverne- ment d’ouralsk, dans la région de Tobolsk, des épidémies ‘d’adénites ont été constat6es dès 1877, puis en 1921 et surtout de 1926 à 1928. Elles atteignaient dans des villages une forte proportion de la population; certaines ont frappé jusqu’a 800 personnes. Elle a pour origine la chasse au rat d’eau (Arvicola amphibius L.), qui est largement infect6 par le B. tularense. En Norvège, 12 cas de tularémie ont été identifiés récement, chez des personnes infectées par des lièvres.

La psittacose peut-elle être transmise par contagion interhumaine? En Angle- etrre, dans 3 circonstances, des malades n’avaient êtê en contact avec une per- sonne atteinte qu’après la mort du perroquet; la contamination par des objets infectés par le perroquet ne peut cependant pas être absolument écartée. Aux États-Unis, où 158 cas de la maladie sont connus, sur ll personnes atteintes au cours de recherches au Service de la santé publique á Washington, 2 seulement avaient été en contact avec les oiseaux infectés. En Suisse, plusieurs membres de la famille d’un malade ont été contaminés par celui-ci; le perroquet se trou- vait dans une autre maison. En Allemagne, enfin, où l’on a noté 156 cas de psittacose, l’affection a atteint, dans au moins 4 circonstances, des séries de personnes dont une partie n’avaient pas eu de contact avec les perroquets et n’etaient même pas allées dans la maison où s’étaient trouvés les oiseaux malades. Dans 2 autres séries, le diagnostic de psittacose est moins certain. A noter en particulier 5 cas concernant des médecins, infirmières, personnes soignant des malades. La présence du virus dans des produits filtrés a été établie aux États-Unis, en Angleterre, en Alfemagne. Le virus existe dans les matières féeales des oiseaux.

La poZiom@ite a présenté, en 1929, un accroissement sensible dans les Pays- Bas: 507 cas au lieu de la mogenne habituelle de 60, frappant surtout le groupe d’âges de 0 & 4 ans. En Roumanie, après les épidémies de 1927 et 1928, il n’y a eu que 60 cas environ en 1929.