É G Y P T E C H R É T I E N N E
E T A R A B E
Chronique d’Égypte XCIV (2019), fasc. 187 – doi: 10.1484/J.CDE.5.119068
Des citations des Psaumes dans les inscriptions
des monastères de Saqqarah et Baouît
Les psaumes occupent une place centrale dans la liturgie chrétienne et par extension dans la culture monastique. Dans la région thébaine, des dizaines et des dizaines d’ostraca découverts dans des établissements religieux ont ainsi conservé des extraits, plus ou moins longs ou travaillés, du texte psalmique (1).
Ces documents, tantôt aide-mémoire, tantôt exercices d’écriture, témoignent de l’importance du livre biblique dans les ermitages et couvents d’Égypte. L’épigraphie fournit également des attestations de psaumes en contexte monas-tique. Ces inscriptions, destinées à nourrir les prières des moines, permettaient pour ainsi dire de matérialiser, sous forme écrite, ce texte essentiel dans la liturgie et la spiritualité monastique. On peut en citer des exemples aux Kellia (2), au
Deir Sombat (3), au Deir Abou Fana (4), à Baouît (5) et près d’un ermitage au
sommet de la Vallée des Reines (6). À ces quelques témoins, je propose d’ajouter
ici six graffitis des monastères de Saqqarah et de Baouît.
(1) A. Delattre, « Between Education and Religion. Quotations and Compositions of Psalm
verses in the Theban Area », à paraître dans les actes d’une journée d’études tenue à Oslo en janvier 2017.
(2) Ps. 120, 7-8 et 28, 3, en grec, cf. A.E. Felle, Biblia epigraphica. La Sacra Scrittura nella
documentazione epigrafica dell’Orbis Christianus Antiquus (III-VIII secolo) (Bari, 2006), nos 1-2. (3) Ps. 90, 11-13 et Ps. 120, 7-8, en grec, cf. M. Martin, La laure de Dêr al Dîk à Antinoé
(Le Caire, 1971), pp. 85-86 [inscriptions éditées par J. Jarry].
(4) Ps. 67, 16-17, en copte, cf. A. Delattre, « Une inscription grecque inédite d’Ansina »,
Analecta Papyrologica 21-22 (2009-2010), pp. 99-103, en part. p. 100, n. 5.
(5) Composition psalmique, en copte, cf. A. Delattre, « Remarques sur quelques inscriptions
du monastère de Baouît », BIFAO 108 (2008), pp. 69-81, en part. pp. 75-76. Voir aussi Ps. 71, 6 en copte, cf. J. Horn, « Die koptische (sahidische) Überlieferung des alttestamentlichen
Psalmen-buches - Versuch einer Gruppierung der Textzeugen für die Herstellung des Textes », Der Septua-ginta-Psalter und seine Tochterübersetzungen. Symposium in Göttingen 1997 (Göttingen, 2000), pp. 97-106, en part. p. 105, n. 41.
(6) Ps. 76, 26, en copte, cf. A. Delattre & G. lecuyot, « À qui et à quoi servaient les
“ermi-tages” des vallées sud-ouest de la Montagne thébaine ? », Coptic Society, Literature and Religion from Late Antiquity to Modern Times. Proceedings of the Tenth International Congress of Coptic Studies, Rome, September 17th-22nd, 2012 and Plenary Reports of the Ninth International Congress of Coptic Studies, Cairo, September 15th-19th, 2008. I (Louvain - Paris - Bristol, CT, 2016), pp. 709-718, en part. p. 714.
(7) J.E. Quibell, Excavations at Saqqara (1908-9, 1909-10). The Monastery of Apa Jeremias
(Le Caire, 1912), p. 18.
(8) Quibell, Excavations [n. 7], p. 111 : « There are traceable remains of 14 lines, but the
following portions of the last six lines alone are legible ». (9) Quibell, Excavations [n. 7], p. 112.
(10) C. WietHeger, Das Jeremias-Kloster zu Saqqara unter besonderer Berücksichtigung der
Inschriften (Altenberge, 1992), pp. 447-448, nos 406 et 407 ; cf. aussi p. 186.
(11) G. Zoëga, Catalogus codicum Copticorum manu scriptorum qui in Museo Borgiano
veli-tris adservantur (Rome, 1810), no CXC. Ces fragments font partie du codex XR du Monastère Blanc, cf. S. eMMel, Shenoute’s Literary Corpus (Louvain, 2004), vol. 1, pp. 233-234.
(12) Horn, « Das koptische (sahidische) Überlieferung » [n. 5], p. 105, n. 41.
lesinscriptionsDelasalle 1802 DuMonastèreD’apa JereMiasà saQQaraH
Lors de fouilles menées au début du xxe siècle, l’archéologue J. E. Quibell a
mis au jour les imposants vestiges du monastère de Jeremias à Saqqarah. Dans le secteur sud-est, la salle numérotée 1802 dans les publications a été interprétée comme « a rather large monk’s cell » (7). Des peintures ornaient les murs et un
oratoire avait été aménagé dans le mur est. Deux graffitis ont été relevés dans cet espace par H. Thompson, en charge de l’étude des inscriptions coptes. Le premier (no 351) était très effacé et seules les six dernières lignes ont été
trans-crites (8) ; le second (no 352) semble avoir fait l’objet d’une édition complète (9).
Les deux textes ont été repris sous les nos 406 et 407 dans le catalogue des
inscriptions du site, publié en 1992 par C. Wietheger (désormais C. Fluck) (10).
Cette dernière notait leur caractère inhabituel. En effet, Thompson avait reconnu dans le no 351 une citation partielle d’une œuvre de Chénouté (11). Quant au
no 352, il l’interprétait comme le début d’un hymne au « père bien-aimé »
(c’est-à-dire vraisemblablement Jérémias).
Une réinterprétation des deux inscriptions s’impose. Pour le no 351, comme
l’avait déjà montré J. Horn, dans une note d’un article paru en 2000 (12), le
rap-prochement avec Chénouté est incident : l’expression ⲡϣⲟⲉⲓϣ ⲉϣⲁⲣⲉ ⲡⲧⲏⲩ ⲑⲗⲟϥ ⲉⲃⲟⲗ ϩⲓϫⲙ ⲡϩⲟ ⲙⲡⲕⲁϩ dans le texte littéraire et le graffiti de Saqqarah est en réalité une citation du verset 4 du psaume 1. On reconnaît aussi dans la trans-cription de Thompson la fin du verset 3 ; le début du psaume était probablement noté dans les huit lignes initiales désormais illisibles.
Quant au no 352, la séquence initiale, éditée ⲇⲱⲇⲏ ϩⲁ ⲡⲙⲉⲣⲓⲧ ⲁⲡⲁ ϩⲏ-ⲧⲁⲩⲟ
ⲉⲃⲟⲗ ⲛⲟⲩϣⲁϫⲉ ⲉⲛⲁⲛⲟⲩϥ (« the hymn for the beloved Apa. Beginning (?) — Utter an excellent song ! »), doit se comprendre ainsi : ⲇⲱⲇⲏ ϩⲁ ⲡⲙⲉⲣⲓⲧ. ⲁⲡⲁϩⲏⲧ ⲧⲁⲩⲟ ⲉⲃⲟⲗ ⲛⲟⲩϣⲁϫⲉ ⲉⲛⲁⲛⲟⲩϥ (« Le chant pour le bien-aimé. Mon cœur a émis une bonne parole »), ce qui correspond à la fin du titre et au pre-mier verset du psaume 44.
Maintenant que les deux citations sont identifiées, on peut proposer une réé-dition des deux textes – ou plutôt une reconstitution hypothétique à partir des transcriptions de Thompson.
1. I. Saqqarah 351 : psaume 1, 3-4 - - - [ ] ⲡⲁⲓ ⲉⲧⲛⲁϯ [ⲙⲡⲉϥⲕⲁⲣⲡⲟⲥ ϩⲙ ⲡⲉϥⲟⲩ]ⲟⲉⲓϣ. ⲛⲉϥϭⲱⲱⲃⲉ [ⲛⲁⲥⲣⲟϥⲣⲉϥ ⲁⲛ. ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ ⲉⲧϥ]ⲛⲁⲁⲩ [ⲟⲩⲧⲛ. ⲧⲁ ⲁⲛ ⲧⲉ ⲑⲉ] ⲛⲡⲁⲥⲉⲃⲏⲥ. ⲧⲁ ⲁⲛ ⲧⲉ ⲑⲉ. ⲁⲗⲗⲁ ⲉⲣⲉ-5 ⲡⲁⲥⲉⲃ[ⲏⲥ ⲛⲁ]ⲉⲣ ⲑⲉ ⲉⲛⲡϣⲟⲉⲓϣ ⲉϣⲁⲣⲉ ⲡⲧⲏⲩ ⲑⲗⲟⲃ [ⲉ]ⲃⲟⲗ ϩⲓϫⲚ ⲫⲟ ⲉⲙⲡⲕⲁϩ.
2 ⲟⲣⲓϣⲛⲱϭⲱⲱⲛⲉ ed. pr. 3-4 ⲥⲉⲛⲁⲓ ⲥⲉ[ ed. pr. 4 ⲛⲡⲁⲓ ⲉⲃⲏⲉⲧⲁⲩⲁⲛⲓⲉⲑⲉⲁⲗⲉed. pr. 5 ⲡⲁⲉⲃ [ ]ⲉⲣ ⲑⲉ ⲉⲛⲡϣⲟⲉⲓϣ ⲉϣⲁⲣⲉⲡⲩⲉⲧⲟⲃ ed. pr. 6 ⲃⲟⲗ ϩⲓϫⲚ ⲫⲉ ⲙⲡⲕⲁϩ ed. pr.
« … celui qui portera son fruit en sa saison. Ses feuilles ne se flétriront pas. Chaque chose qu’il fera prospérera. Il n’en va pas ainsi de l’impie. Il n’en va pas ainsi. Mais l’impie sera comme la balle que le vent emporte sur la face de la terre. »
3-4 [ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ ⲉⲧϥ]ⲛⲁⲁⲩ ⲥⲉⲛⲁⲥⲟ|[ⲟⲩⲧⲛ] Le texte standard est ϩⲱⲃ ⲛⲓⲙ ⲉⲧϥⲛⲁⲁⲩ
ⲛⲁⲥⲟⲟⲩⲧⲛ, cf. E.A.W. buDge, The Earliest Known Coptic Psalter (Londres, 1898), p. 1.
4 ⲛⲡⲁⲥⲉⲃⲏⲥ L’auteur de l’inscription utilise le singulier alors que le texte standard et
l’original grec portent une forme plurielle (ⲛⲛⲁⲥⲉⲃⲏⲥ).
4-5 ⲁⲗⲗⲁ ⲉⲣⲉ || ⲡⲁⲥⲉⲃ[ⲏⲥ ⲛⲁ]ⲉⲣ ⲑⲉ Le texte du psautier ne répète pas le sujet et utilise
une forme plurielle : ⲁⲗⲗⲁ ⲉⲩⲛⲁⲉⲣ ⲑⲉ, « mais ils seront comme ». 2. I. Saqqarah 352 : psaume 44, tit. ; 1
ⲇⲱⲇⲏ ϩⲁ ⲡⲙⲉⲣⲓⲧ. ⲁⲡⲁϩⲏⲧ ⲧⲁⲩⲟ ⲉⲃⲟⲗ ⲛⲟⲩϣⲁϫⲉ ⲉⲛⲁⲛⲟⲩϥ. ϯⲛⲁϫⲱ ⲉⲛⲛⲁϩ-{ϩ}ⲃⲏⲟⲩⲉ [ ]ⲉⲡⲁⲁⲛⲁⲏ
1 ⲇⲱⲇⲏ : l. ⲧⲱⲇⲏ, ᾠδή | ⲁⲡⲁ ϩⲏ-ⲧⲁⲩⲟ ed. pr.
« Le chant pour le bien-aimé. Mon cœur a émis une bonne parole. Je vais dire mes œuvres… »
2-3 ϯⲛⲁϫⲱ ⲉⲛⲛⲁϩ|{ϩ}ⲃⲏⲟⲩⲉ Le texte standard est ϯⲛⲁϫⲱ ⲁⲛⲟⲕ ⲛⲛⲁϩⲃⲏⲩⲉ Ⲙⲡⲣⲣⲟ,
« moi je vais dire mes œuvres au roi » (cf. buDge, Coptic Psalter, p. 49).
3 [ ]ⲉⲡⲁⲁⲛⲁⲏ Il est possible que la séquence ⲙⲡⲣⲣⲟ ait figuré en partie dans
la lacune et que le ⲉ soit en réalité le ⲟ final de ce mot. Les lettres ⲡⲁ évoquent le début de la suite du verset : ⲡⲁⲗⲁⲥ ⲟⲩⲕⲁϣ Ⲛⲅⲣⲁⲙⲙⲁⲧⲉⲩⲥ ⲡⲉ Ⲛⲣⲉϥϭⲉⲡⲏ ⲉϥⲥϩⲁ, mais la fin de l’édition de Thompson (ⲁⲛⲁⲏ) ne semble correspondre à rien dans ce passage.
(13) J. cléDat, Le monastère et la nécropole de Baouît (Le Caire, 1904), pp. 34-37 et 47.
(14) Mme Dominique Bénazeth, Conservateur en chef au Musée du Louvre, m’a aimablement transmis une image de la page concernée. Qu’elle en soit ici vivement remerciée.
lesinscriptionsDela « cHapelle Vii » DuMonastèreD’apa apollôà baouît
Parmi les vestiges mis au jour lors de la campagne de fouilles dirigée par Jean Clédat en 1901-1902, la « chapelle VII » se présente comme une salle au plan irrégulier, dont les murs étaient couverts de peintures (13). Pas moins
de trente-huit inscriptions y ont été relevées, dont quatre sur le mur sud, percé en son milieu d’une petite niche où un saint – désormais anonyme – était repré-senté.
Les bribes des quatre graffitis tracés en noir sur le mur sud (nosxxxV-xxxViii)
suggèrent qu’il s’agit de citations de textes littéraires. À ma connaissance, aucune identification n’a jamais été proposée pour ces inscriptions, éditées de manière sommaire. Un examen des transcriptions publiées dans le MIFAO 12 permet de reconnaître le début du psaume 17 dans l’inscription noxxxVi et le
verset 3 du psaume 9 dans le noxxxViii. Il est en revanche impossible d’après
l’édition d’identifier les citations des deux autres inscriptions, dont les quelques mots transcrits évoquent également le texte des Psaumes. Un recours au carnet de fouilles original de J. Clédat, conservé au Musée du Louvre (Fig. 1), permet
de réaliser des progrès et d’identifier de manière plausible le texte des inscrip-tions nosxxxV et xxxVii (14).
Je présente ici une réédition, à partir des transcriptions de J. Clédat, des quatre inscriptions ; pour ne pas alourdir l’apparat et les notes, les lectures de l’édition publiée dans le MIFAO ne sont pas systématiquement reproduites.
3. MIFAO 12, p. 47, noxxxv : psaume 17, tit.
L’inscription est notée « au-dessous d’un motif d’ornement, à gauche ». La séquence se lit dans les titres des psaumes 17 et 35 ; il faut reconnaître ici plutôt une citation du psaume 17, qui est noté de manière plus complète dans l’inscrip-tion suivante. Le présent graffiti doit sans doute être considéré comme un pre-mier essai, avorté, de noter le début du psaume 17.
ϯ ⲉ[ⲡϫⲱⲕ ⲉ]ⲃⲟⲗ ⲛⲇⲁⲩⲉⲓⲧ ⲡϩ[ⲙϩⲁⲗ] ⲙⲡϫⲟⲉⲓⲥ
1 l. ⲛⲇⲁⲩⲉⲓⲇ
1 ⲉ[ⲡϫⲱⲕ ⲉ]ⲃⲟⲗ Pour l’histoire de l’expression, qui reste difficile à comprendre, cf.
G. DoriVal, « Autour des titres des Psaumes », Revue des sciences religieuses 73/2 (1999), pp. 165-176, en part. pp. 169-170.
1 ⲛⲇⲁⲩⲉⲓⲧ L’édition indiquait une séquence ⲓⲉⲣⲓⲧϩⲧ, mais la transcription manuscrite
montre que ce qui suit ⲓⲧ est compatible avec ⲡϩ. 4. MIFAO 12, p. 47, noxxxvi : psaume 17, tit. ; 1-2
Le texte est noté sous le précédent, qui en constitue sans doute un premier essai laissé inachevé par le scripteur. J. Clédat explique que l’inscription com-portait onze lignes tracées en noir, de longueur inégale et mal conservées ; il n’a pu en déchiffrer que des fragments. La division des lignes semble erronée dans l’édition ; je reproduis ici la mise en page de la transcription manuscrite.
+ ⲉⲡϫⲱⲕ ⲉ{ⲓ}ⲃⲟⲗ ⲛⲇⲁⲩⲉⲓ[ⲇ ⲡϩⲙϩⲁⲗ] [ⲙⲡϫⲟⲉⲓⲥ] ⲛϣⲁϫⲉ ⲛⲧⲓⲟⲇ[ⲏ ]ⲁⲛⲛⲧⲁϥ[ϫⲟⲟⲩ?] {+} ⲉⲡϫⲟⲉ[ⲓ]ⲥ ⲛⲡⲉϩⲟⲟⲩ ⲛⲧⲁ ⲡϫⲟⲉⲓ[ⲥ] ⲛⲁϩⲙ[ⲉ]ϥ [ⲉⲃ]ⲟⲗ ϩ[ⲓⲧⲛ] [ⲛⲉϥϫⲁϫⲉ ⲧⲏⲣⲟⲩ] ⲁⲩⲱ ⲉⲃⲟⲗ ϩⲓⲧⲛ ⲥ[ⲁⲟⲩⲗ. ⲡⲉϫⲁϥ ϫ]ⲉ ϯⲛ[ⲁⲙⲉⲣⲓⲧ-] ⲕ ⲡϫⲟⲉⲓⲥ ⲧⲁϭⲟⲙ. ⲡϫⲟⲉⲓⲥ ⲡⲉ [ⲡⲁⲧⲁϫⲣⲟ ⲙⲛ ⲡⲁⲙⲁ ⲛⲡⲱⲧ] [ⲙⲛ] ⲡⲁⲛⲟⲩϩⲙ. [ⲡⲁⲛⲟⲩⲧⲉ ⲡⲉ ⲡⲁⲃⲟⲏⲑⲟⲥ…] 2 l. ⲛⲧⲓⲱⲇⲏ
« Pour la fin, de David, le serviteur du Seigneur, les paroles du chant qu’il a adressé (?) au Seigneur, le jour où le Seigneur l’a sauvé de tous ses ennemis et de Saül. Il a dit : je t’aime, Seigneur, mon pouvoir. Le Seigneur est ma force, mon refuge et mon salut. Mon Dieu est mon protecteur. »
2 []ⲁⲛⲛⲧⲁϥ[ϫⲟⲟⲩ?] On attend la forme ⲉⲛⲧⲁϥϫⲟⲟⲩ. Je ne peux expliquer la
séquence ⲁⲛⲛ copiée par J. Clédat.
5. MIFAO 12, p. 47, noxxxviι = psaume 1, 1
À droite de l’inscription précédente, une inscription se répartit sur deux ou trois lignes. L’édition fournie dans le MIFAO 12 n’est pas intelligible ; la trans-cription n’est guère plus compréhensible. Dans la séquence initiale ⲧⲟⲩⲙⲁⲡⲣⲟⲧ, je propose de reconnaître une variante corrompue et/ou mal lue de l’expression Ψαλμὸς πρῶτος, « premier psaume ». Les trois lettres à la ligne suivante (ⲡⲟ) restent énigmatiques ; dans ce qui suit, je pense identifier les premiers mots du psaume 1. L’interprétation que je propose suppose un certain nombre d’erreurs, essentiellement des omissions, imputables au scribe plus qu’à la lecture de J. Clédat. Elle reste donc très incertaine.
On notera cependant que le début du psaume 1 est fréquemment copié dans les exercices d’écriture. S’agissait-il d’un débutant, qui aurait noté ce premier verset sur une paroi où d’autres avaient noté des passages psalmiques ? En l’ absence d’image du texte ou de commentaire paléographique, on ne peut déterminer le degré de compétence du scripteur et cette hypothèse est hautement spéculative.
ⲯⲁⲗⲙⲟⲥ ⲡⲣⲟⲧ(ⲟⲥ) ⲡⲟ
⳨ ⲛⲁⲁ<ⲧ>ϥ <ⲙⲡ>ⲣⲱⲙⲉ [ⲉⲧⲉ ⲙ]ⲡ[ⲉϥ]ⲃⲱⲕ ϩⲙ <ⲡϣ>ϫⲟⲛⲉ [ⲛⲛ]ⲁ[ⲥⲉⲃⲏⲥ]
1 l. ⲡⲣⲱⲧⲟⲥ ? 3 l. ⲡϣⲟϫⲛⲉ
« Premier psaume… † Béni soit l’homme qui n’a pas marché selon le conseil des impies. »
2 ⲡⲟPeut-être faut-il voir dans cette séquence un essai avorté de noter l’adjectif ⲡⲣⲟⲧⲟⲥ (πρῶτος), comme à la l. 1.
3 [ⲙ]ⲡ[ⲉϥ]ⲃⲱⲕ J. Clédat a lu les deux dernières lettres ⲟ et ⲅ. Le scripteur avait
peut-être écrit ⲙⲡⲉϥⲃⲟⲕ, voire ⲙⲡⲉϥⲃⲟⲅ, pour ⲙⲡⲉϥⲃⲱⲕ.
3 <ⲡϣ>ϫⲟⲛⲉsic Il faut probablement imaginer une inversion des lettres ϫ et ⲟ, en
plus de l’omission des lettres ⲡϣ.
6. MIFAO 12, p. 47, noxxxviii : psaume 8, 3
Le texte est noté à gauche de la paroi.
[ ⲁⲕⲥⲟϥⲧⲉ ⲛⲟⲩⲥⲙⲟⲩ ⲉⲃⲟⲗ]
[ϩⲛ ⲣⲱⲟⲩ ⲛⲛϣ]ⲏ[ⲣ]ⲉ ϣⲏⲙ [ⲙⲛ ⲛⲉⲧϫⲓ ⲉⲕⲓⲃⲉ·]
[ⲉⲧⲃⲉ ⲛⲉⲕϫⲁϫ]ⲉ ⲃⲱⲗ ⲉⲃⲟⲗ ⲛⲟⲩϫⲁϫⲉ ⲙ[ⲛ ⲟⲩⲣⲉϥϫⲓ ⲕⲃⲁ…]
« … Tu as préparé la bénédiction par la bouche des petits enfants et de ceux qui prennent le sein, à cause de tes ennemis, pour défaire l’ennemi et le vengeur… »
Université libre de Bruxelles (ULB) Alain Delattre