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Au fil de la Loue autrefois : images retrouvées de la vie quotidienne

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Academic year: 2023

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A U F I L

D E L A L O U E

A U T R E F O I S

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Copyright Editions Horvath 15, chemin du Saquin

69130 ECULLY ISBN 2.7171.0742.8

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Jacky THEUROT

A U F I L

D E L A L O U E A U T R E F O I S

Images retrouvées de la vie quotidienne Collection : Vie quotidienne autrefois

HORVATH

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A Maman, ma source de vie.

Iconographie et documentation

Les cartes et photo-cartes reproduites dans cet ouvrage, outre celles de l'auteur, ont été prêtées par divers collectionneurs. En premier lieu Robert Tupin, ami de mes parents, a eu la gentillesse de mettre à ma disposition un patrimoine de grande qualité : je tiens tout particulièrement à le remer- cier. Françoise et Ary Bruand, Jean Robert Delorge, Mme Godard, Gilles Saint-Séver, amis très chers, m'ont été d'une aide précieuse et ils méritent toute ma reconnaissance et celle de l'éditeur. Henri Bertand, qui a repro- duit toutes les cartes postales, a été un précieux collaborateur que nous ne saurions oublier. Mon épouse, qui a accompagné réflexions et correc- tions, relu le manuscrit, consenti des instants précieux, est pleinement associée à cette écriture.

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LA FORCE D'UN NOM

La Loue. Le nom de cette belle rivière comtoise, sorte de trait d'union entre les départements du Doubs et du Jura, a une puissance d'évocation extraordinaire. Prononcez-le, écoutez-le. Le velouté des sons exprimés n'est pas sans rappeler le souffle du vent dans le fond de la vallée du même nom ; sa brièveté est comparable à l'éclat furtif de la truite filant dans le courant ; sa douceur fait penser aux tendres feuillages printaniers des saules et des trembles ourlant le cours de la rivière. L'espace où se love la Loue est créateur de sensations que l'habitant riverain éprouve sans le dire, que le Comtois a en mémoire, qui conduit le touriste de toujours à revenir.

Ces lieux sont du domaine du sensible, créateurs d'un imaginaire

que les poètes et les peintres se sont appropriés au fil du temps.

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Car, depuis toujours - du moins depuis que les hommes ont couché leur sentiment sur le parchemin ou le papier - la Loue a suscité l'émotion, l'attirance. Elle agit sur les âmes sensibles éprises de beauté, voire de fantastique, comme un aimant. N'est-on pas saisi par le mystère émanant de la grotte d'où surgit la rivière ? De même les eaux noires et profondes du Miroir d'Ornans ou de celui de Scey n'exercent-elles pas une attraction puissante ? Le Puits noir ou le gour de Conche, sur les cours d'eau adjacents, ne semblent-ils pas des dédales infinis ? C'est tout cela qui surgit lorsque ce nom est prononcé, c'est cela qui fait sa force.

L'espace ainsi centré sur le cours de la Loue, de sa source à sa confluence avec le Doubs, de même les lieux organisés autour de la Brême, de la Conche et du Lison, à la confluence avec la Furieuse, avec la Cuisance, ne seraient-ils donc que des lieux poétiques ?

Non point, car au fil de la Loue et de ses brefs affluents, sur l'arrière-plan naturel qui les enveloppe, se dessinent des villages et des bourgs qui, au fil des siècles ont été pétris par la main de l'homme, des terroirs ordonnés partant à l'assaut des versants, ou s'épanouissant dans les ombilics de la vallée dégagés par la fureur du flot. Les hommes ont jeté des ponts pour franchir l'onde, ponts de pierre puis de fer, reliant les rives où s'étalent les demeures des hommes. Hommes et femmes ont développé là des activités rurales, artisanales et industrielles, suscité le séjour des touristes, en aména- geant les routes, en tirant des voies ferrées, en érigeant auberges et hôtels aptes à héberger mais aussi à faire apprécier une gastronomie fleurie des produits du terroir - le vin et les alcools, les poissons de la rivière, le comté de la fruitière - denrées exquises nées de la dou- ceur du climat, de l'attention des êtres.

"Au fil de la Loue autrefois" , soit dans les années courant de 1875 à 1921, environ, nous avons cherché à déceler au-delà des pay- sages et des sites, au-delà de la mémoire des lieux riches de leurs légendes, de leurs demeures anciennes - maisons de Dieu, châteaux, fermes - de leurs personnalités disparues ou présentes en ce temps, qui firent ou font connaître au loin ce coin de Franche-Comté - un Courbet, un Grévy, un Pointelin - les aspects de la vie quotidienne.

En des espaces aussi extraordinaires, il convenait de discerner le comportement des êtres, leurs labeurs, le parti qu'ils purent tirer de la matière - la roche, la terre, le bois - de la force des eaux, des faveurs du climat. Alors des bruits surgissent - cris des radeliers ras- semblant les troncs, des bouviers piquant les boeufs au pas lent, coups sourds des forgerons formant les pièces métalliques, appels des marchands tançant les clients des marchés, timbres grêles "des petites reines" - et bien des odeurs se mêlent. Ce qui se dessine sur

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_ A U F I L d e L A L O U E A U T R E F O I S '

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nos cartes postales, à travers nos commentaires, c'est une vallée de la Loue vivante, foisonnante d'activités, c'est un mélange de scènes que relatait déjà un Courbet, de propos tenus par un Pergaud, que fixent avec envie les nouveaux artistes que sont les p h o t o g r a p h e s d'alors. Cependant il y eût aussi des drames, comme la crise liée au phylloxéra, la déperdition des h o m m e s dans une haute vallée encla- vée, les crues de 1 9 1 0 qui firent bien des dégâts.

Louve, grâce épanouie, telle se présente la Loue, de sa source à sa confluence avec le Doubs, a m a n t qu'un temps elle domina, dit- on ! Elle est à cet instant encore maîtresse de son cours. Alors décou- vrez là, suivez nous dans ce voyage fantastique, en des lieux où, loin des grandes villes, l'eau, la terre et l'azur créent un climat d'excep- tion. Mais si vous voulez observer les truites aux éclairs d'argent, écouter le chant des pinsons au coeur des gorges de Nouailles, saisir le zéphyr glissant dans les branches des peupliers vers Grange de Vaivre, c a p t e r la musique guillerette des clapotis de la rivière, et pourquoi pas, découvrir la Vouivre à son bain, vers Montbarrey, alors chut...! Evadez-vous, émerveillez-vous en lisant les pages qui viennent.

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BONJOUR MONSIEUR COURBET !

Ou la description de la vallée de la Loue, dans ses aspects pittoresques, en compagnie

de Gustave Courbet et de quelques autres.

Ernest Laverdure, journaliste au "Petit Journal envisageait un reportage sur la vallée de la Loue. Nous étions en 1875, alors que la Troisième République, née de la défaite, et après le terrible épisode de la Commune, trouvait enfin son équilibre.

Pour donner à son texte un souffle particulièrement fort, Ernest eût l'idée d'aller rencontrer Gustave Courbet. Il avait en effet en mémoire ce propos du peintre Pour peindre un pays, il faut le connaître. Moi je connais mon pays, je le peins. Ces sous-bois, c'est chez nous ; cette rivière, c'est la Loue ; allez-y voir, et vous verrez mon tableau... ". Après son séjour à Sainte Pélagie et les tracasseries dont il avait été l'objet, Gustave Courbet s'était installé en Suisse, à la Tour de Peilz. Familier des salons d'avant 1870, notre journaliste connaissait bien l'oeuvre paysagiste du peintre, la passion peu com- mune qu'il avait pour son terroir et il lui avait donc demandé une entrevue. Bien que malade, car abusant quelque peu de l'alcool,

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Gustave s'était résolu à le recevoir: parler de la Loue, de sa mer- veilleuse vallée, cela serait une joie, le changerait des propos poli- tiques que l'on cherchait trop souvent à lui faire tenir.

- Bonjour Monsieur Courbet ! Pardonnez-moi d'entrer ainsi en contact avec vous, en pastichant quelque peu le titre de l'une de vos belles oeuvres, mais la formule est de circonstance. Comme cela vous a été dit, notre journal souhaite s'ouvrir à la province, donner à ceux qui souhaitent quelque dépaysement, loin des villes "tentacu- laires" , des informations puisées à bonne source.

- Mon cher Ernest, vous ne pouviez trouver expression plus juste.

- C'est que la qualité picturale de vos tableaux, la palette que vous utilisez, révèlent une observation attentive de votre terroir et des richesses qu'il renferme. Alors pourquoi ne livreriez-vous pas vos impressions à nos lecteurs ? Epancher votre coeur, faire chanter cette vallée de la Loue, cela éloignerait le spleen qui est le vôtre ?

- Vous ne croyez pas si bien dire. La Suisse, par ici, me rappelle bien un peu la région d'Ornans, par sa végétation, les couleurs qui la parent, mais c'est un havre obligé. La Loue, sa vallée, ce sont d'autres espaces, c'est le berceau de mes rêves. Ah, la Loue, quelle maîtresse ! Regardez-là onduler, virevolter, briller de tous ses feux ;

Carte ancienne (détail). Col. particulière (Cl. H. Bertand)

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elle cherche à vous séduire. Pour mieux vous éblouir, elle se pare du vert des frondaisons, du blanc laiteux des falaises, de couleurs sombres aussi ; puis elle jette mille reflets scintillants, comme les paillettes ornant un vêtement de soie. Quand elle est étale, lascive presque, vous étendez la main pour la caresser... et hop, elle frémit, puis bondit d'un rocher à l'autre, entamant une course folle au fond de sa vallée.

- On dirait, à vous entendre, que vous comparez la Loue à un être avec un esprit, des sens, une certaine malice même. En tout cas vous l'aimez avec tendresse.

- Avec tendresse ? C'est peu dire, il vaudrait mieux parler de pas- sion. D'ailleurs cette belle rivière est un être fantastique. Charles Nodier ne s'exprime point autrement dans ses "Voyages pitto- resques". Tenez, écoutez-le parlant des impressions qu'il ressent en considérant la source : "Quelque chose qui est particulier à ce spec- tacle, c'est qu'il tourmente tous les sens par je ne sais quel excès d'émotion ; l'oeil se trouble, l'oreille s'effraie, la pensée se fatigue et s'éteint. Cela arrive surtout quand la cataracte brisant tous les obs- tacles, et redevenue maîtresse de ses cavernes, ébranle les âpres flancs de ces vieux rochers... L'accablement qu'on éprouve alors est étrangement mêlé d'admiration, de terreur, d'un malaise inexplicable et inconnu... L'imagination ne supporte pas très longtemps ces vives émotions". Voyez-vous, vous êtes comme envoûté par cette rivière et ces lieux. D'autres, il y a bien longtemps, comme Louis Gollut, firent même de la Loue une sorte d'animal sauvage disant que "cette rivière non seulement courante, mais furieuse et ravissante, prenait de la rage son nom de Louve qui lui convient fort proprement.

- Une maîtresse, un être fantastique, une louve, nous ne sommes pas là dans le domaine commun. Votre fascination doit donc recou- vrir des réalités naturelles particulières. Pourriez-vous nous les décrire ?

- Avec plaisir ! Suivons donc le fil de la Loue, plutôt de la Haute Loue, au moins jusqu'à ce que le Lison la rejoigne. A l'origine il y eût comme un puissant coup de sabre qui aurait tranché la masse du calcaire, la pointe ouvrant cette antre d'où jaillit la source, lieu malé- fique, puisque l'on dit que c'est là que la Vouivre demeure et vient s'abreuver.

Gustave voulait toujours mêler fantastique et réalité ; à sa façon il était un conteur. Les hommes apprirent plus tard que le calcaire, dans sa structure, comporte un fort réseau de diaclases et que l'eau y circule. Ils découvriraient aussi que des plateaux, les langues gla- ciaires qui recouvraient le Jura, laissaient échapper de grandes quan- tités d'eau qui affouillèrent ces masses rocheuses. Mais la révélation

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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Referências

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Le sont également les conceptions plus générales comme la définition même de la physique, qui signifiait autrefois la nature, et qui désigne maintenant une science de la nature