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(1)

grâce La d’une cathé

drale

cathédrales de

provence

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Les cathédrales en leur cité

C’est en termes originaux que s’inscrit, en Provence, la relation entre cathédrale et cité épiscopale.

3DVVpHOD¿QGHO¶$QWLTXLWpOHVDJJORPpUDWLRQVTXLOHVDEULWHQW sont pour la plupart fort modestes. Lorsque l’on commence jSRXYRLUHQPHVXUHUODWDLOOHDXGpEXWGXਘਉਖ

e

siècle seulement, 0DUVHLOOH$UOHV$YLJQRQHW1LFHGpSDVVHQWFHUWHVOHVKDELWDQWV

$L[*DS6LVWHURQ*UDVVHHWSHXWrWUH(PEUXQDYRLVLQHQWOHV 0DLV$SW'LJQH5LH]HW7RXORQQ¶HQUDVVHPEOHQWJXqUHTXHj )UpMXV$QWLEHV9HQFHHW6HQH]PRLQVGHHWOD6HGVGH*ODQGqYHV n’est qu’un gros village. Les cathédrales ne jouent donc que partiellement

ODIRQFWLRQGHS{OHVVWUXFWXUDQWVjO¶pFKHOOHGHVORFDOLWpVTXLOHVDEULWHQW

6LVWHURQHWVDFDWKpGUDOH1RWUH'DPHGHV3RPPLHUVDXਘਉਘesiècle sur une estampe

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE / VA-4 (2)-FOL

(3)

L e s c a t h é d r a le s e n le u r c i t é

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L e s c a t h é d r a le s e n le u r c i t é

aux cathédrales de l’Antiquité tardive. Car c’est dans l’angle sud-est de la ville antique, autour de la cathédrale élevée vers 500 sur le forum, mais aussi de la forteresse ensuite installée sur la porte d’Italie, que sont nées à l’aube du Moyen Âge deux autres « villes », comtale et épiscopale, qui ont connu un sort tout autre que la « ville des Tours » installée dans l’angle sud-ouest de l’ancienne colonie romaine. Des faubourgs successivement UHPSDUpVRQWHQHIIHWSHXjSHXÀDQTXpFHVGHX[

nouvelles villes, et ce, surtout en direction du midi.

Comme le montre la superposition des tracés de l’enceinte romaine et de celle du එඏංංesiècle, le site d’Aix-en-Provence a connu de ce fait une sorte de rotation vers le sud-est, dont l’axe est constitué par la cathédrale Saint-Sauveur.

Ainsi, même si les touristes – voire les Aixois – n’en ont guère conscience quand ils se rendent l’été à une représentation dans la cour de l’arche- vêché, le pavé qu’ils foulent repose sur le remblai qui fut déposé au ඏංesiècle sur les dalles du forum URPDLQD¿QG¶DPpQDJHUOHVDERUGVGXGHX[LqPH groupe épiscopal de la ville. C’est là aussi un legs de l’Antiquité tardive.

C AT H É D R A L E E T E N C L O S C A N O N I A L A U M O Y E N Â G E

Y V E S E S Q U I E U

La cathédrale et les bâtiments qui lui sont liés (baptistère, maison épiscopale, xenodochium destiné à l’accueil des pauvres) se sont implantés de façons diverses par rapport à l’espace urbain préexistant, sans que l’on sache cependant toujours ce qu’était la situation originelle. Paul-Albert Février notait en effet que, dans beaucoup de cas, il n’est pas possible de dire si la cathédrale se trouvait dans la ville antique, « soit parce que le périmètre de la cité n’a pu être repéré », soit

« parce que la cathédrale n’a pas conservé de traces architecturales d’un monument paléochrétien ».

Nous connaissons la position du groupe cathédral de Riez parce que le baptistère a été conservé, mais on situe très mal les limites de l’agglomé- ration. À Nice comme à Vence, à Sisteron ou à Cavaillon, on ne sait rien ni de la ville, ni de la cathédrale paléochrétienne.

Délimiter l’espace de prière

La règle canoniale, particulièrement celle édictée au concile d’Aix-la-Chapelle en 816, suivie de façon plus ou moins implicite par les chapitres canoniaux séculiers, faisait de la clôture, à l’image de celle des moines, une obligation essentielle.

Elle délimitait un espace consacré à la prière, d’où étaient exclues les activités profanes, tels

le commerce ou le jeu. Les clercs devaient vivre à l’intérieur de cette limite et l’entrée des laïcs, notamment des femmes, était réglementée. Voilà le principe. La réalité était tout autre. D’abord parce que toutes les cathédrales ne se sont pas entourées G¶XQTXDUWLHUFDQRQLDOELHQVSpFL¿TXHHWGpOLPLWp Ensuite parce que les chanoines se sont vite dispensés de l’obligation de résidence, prétextant VRXYHQW O¶LQVXI¿VDQFH GHV UHYHQXV /HV DFWLRQV réformatrices entreprises par un certain nombre d’évêques au එංesiècle, en consolidant les revenus canoniaux par des donations, ont donc visé à ôter ce prétexte aux chanoines et ainsi à reconstituer la vie commune. Celle-ci pouvait s’entendre pour les chanoines avec l’usage de maisons canoniales individuelles, mais implantées dans la clôture.

Mais aussi avec un propos plus strict, comportant dortoir et réfectoire, lorsque la réforme aboutissait à constituer une vie régulière suivant la règle de saint Augustin.

Si l’on prend l’exemple d’Arles, la régularité existait peut-être dès les années 1030, plus sûrement autour de 1060, tandis que des chanoines

« réguliers » sont clairement mentionnés dans les années 1180 et l’observance de la règle de saint

$XJXVWLQUpDI¿UPpHHQDYHFO¶REOLJDWLRQGH respecter scrupuleusement la clôture, prescription bien souvent rappelée par la suite. Ce qui veut certainement dire que les chanoines ne s’en SUpRFFXSDLHQWJXqUH/HVVWDWXWVpGLFWpVHQ réitéraient l’obligation de résider dans la clôture, précisant que les clés devaient être détenues par les seuls prévôt et prieur claustral. Ils portaient DWWHQWLRQ DX PDLQWLHQ GX FDUDFWqUH VSpFL¿TXH de l’enclos canonial, en y interdisant le passage d’animaux, sauf lorsqu’il s’agissait d’apporter des victuailles ou les fruits des vendanges. Le rôle GHODFO{WXUHHVWDI¿UPpHQFRUHSDUO¶LQWHUGLFWLRQ aux chanoines de la franchir sans l’autorisation du prévôt ou du prieur claustral et l’obligation, en ce cas, d’être accompagnés. La présence d’étrangers dans le quartier était aussi réglementée, limitée aux parents des chanoines et aux « amis de l’ordre » canonial. On veillait aussi à ce que les maisons des dignitaires adossées au mur de la cité n’aient aucun débouché vers le dehors. Les nouveaux statuts de 1433 revenaient sur ce sujet. Le prieur claustral avait la charge de tenir les portes de l’enclos fermées à clé durant la nuit et même de jour, en été, aux heures où l’on doit dormir. Il était fait interdiction à quiconque d’empêcher leur fermeture le soir ou de se les faire ouvrir, sous peine d’excommunication.

Maisons canoniales dispersées

Quelles ont été en Provence les réalités matérielles de la clôture canoniale ? Mettons à part une première catégorie, qui est celle des cathé- drales n’ayant été accompagnées d’aucun quartier FDQRQLDO VSpFL¿TXH HW IHUPp DYHF GHV PDLVRQV canoniales dispersées dans la ville, mêlées aux habitations laïques. Ce fut le cas de Grasse, où

COLLECTION O. LABRÈZE

À Aix-en-Provence, la cathédrale, le baptistère, la maison commune des chanoines, le réfectoire et la demeure du prévôt étaient organisés autour d’une cour que vint ensuite occuper le cloître.

Contre ce bloc s’adossait le palais épiscopal, lui aussi organisé autour d’une cour.

Détail du plan de Belleforest de 1573.

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Le s cathédrale s en le ur cité

À Viviers, un mur de clôture unique en France

La cité épiscopale de Viviers offre l’exemple d’une clôture murale continue, VXI¿VDPPHQWYDVWHSRXUFRQWHQLU l’ensemble des constructions du chapitre (cathédrale, cloître et bâtiments communs, maisons individuelles des chanoines et des autres clercs).

Ci-dessus, la ville ancienne, avec le quartier de la cathédrale au sommet de la butte.

À gauche, la tour de Châteauvieux, la seule conservée en élévation de l’enceinte du quartier cathédrale.

À droite, les étages inférieurs du clocher, porte d’entrée du quartier GHODFDWKpGUDOH¿Qਘਉe- début xiiesiècle.

PHOTOS JEAN-PIERRE GOBILLOT

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L e s t le e t le t e s

occidentale des bâtiments canoniaux d’Aix comme ou aux fenêtres de Notre-Dame-du- ourg de Digne les colonnettes au fût cylindrique ou polygonal, cannelé, torsadé ou en zigzag, et leurs innombrables variantes du chapiteau corinthien l’intégration des colonnettes et demi-colonnes dans des compositions monumentales conçues à l’instar de modèles antiques. Le décor intérieur de la nef, structuré à Aix, Avignon, Cavaillon et Carpentras par des archivoltes moulurées, frises, entablements et corniches, atteint un paroxysme à l’insolite faux triforium de la nef de Saint-Paul-Trois-Châteaux, inspiré de prototypes bourguignons et rhodaniens.

/¶H[WpULHXUGHFHPrPHpGL¿FHH[KLEHXQUpSHU- toire riche et varié de décors proches de modèles antiques de la région. L’un des motifs les plus saisis- sants, resté inachevé à Saint-Paul-Trois-Châteaux, est le fronton triangulaire porté par des colonnes engagées comme encadrement d’un portail sous archivolte, qui transpose l’image monumentale de l’arc de triomphe romain dans le langage du VW\OHURPDQSRXUPDJQL¿HUO¶HQWUpHGDQVO¶HVSDFH sacré. À Arles, c’est tout un frontispice sculpté en avant-corps, rehaussé de colonnes et composé de matériaux polychromes extraits pour partie de monuments antiques. À Embrun, le protiro de

tradition italienne, dont le couronnement de pierres QRLUHVHWEODQFKHVHQDOWHUQDQFHUHSRVHVXUGH¿QHV colonnes aux atlantes et lions stylophores, s’inspire comme son parallèle plus modeste à Notre- Dame-du- ourg à Digne, aujourd’hui incomplet, de modèles cisalpins. Il en va de même pour la dichromie des voûtes d’Embrun qui se retrouve, toujours en milieu alpin, à Sisteron. La cathédrale d’Embrun, bel ensemble de la première moitié du එංංංesiècle, offre l’exemple d’un art roman tardif

« maniériste » qui se distingue de la sobriété plus PDUTXpHGHVpGL¿FHVFDWKpGUDX[GHO¶DUFKLWHFWXUH romane tardive de la Provence orientale, et que l’on retrouve, sous d’autres formes, à l’abside de Cavaillon comme au lanternon de Notre-Dame- des-Doms d’Avignon.

Apports gothiques

/¶LQÀXHQFHGXVW\OHJRWKLTXHVHWUDGXLWGDQV le courant du එංංංesiècle par une assimilation progressive de formes empruntées au premier gothique francilien et bourguignon, comme à la galerie est du clo tre d’Arles et dans les parties orientales de Notre-Dame de Forcalquier, qui KpULWHUD GX WLWUH GH FRQFDWKpGUDOH j OD ¿Q GX එඏesiècle.

En Provence orientale, le voûtement sur croisées d’ogives conna t un développement d’inspiration différente avec les nervures carrées, adoptées à Fréjus et à Grasse, qui existaient dès la première moitié du එංංesiècle en Italie septen- WULRQDOH,OQHV¶DI¿UPHWRXWHIRLVSOHLQHPHQWGDQV les formes du gothique dit méridional, qu’à partir GHOD¿QGXඑංංංesiècle au chevet et au transept qui sont alors ajoutés à la nef romane septentrionale de la cathédrale d’Aix, sans doute à la suite des grands chantiers de Charles d’Anjou à Saint- ean- de-Malte d’Aix et de Charles II à Saint-Maximin.

usqu’à la mise en chantier de la nouvelle cathé- drale de Carpentras, conçue au début du එඏesiècle à l’instar des grandes églises gothiques de O¶$YLJQRQSRQWL¿FDOHODQHISULQFLSDOHHWOHFORFKHU d’Aix constituent sans doute le plus ambitieux projet cathédral d’une région qui avait déjà connu un renouvellement quasi exhaustif de son paysage architectural aux එංංe et එංංංesiècles. Les formes HW OD PRGpQDWXUH ÀXLGHV GX JRWKLTXH WDUGLI GLW

©ÀDPER\DQWªV¶pSDQRXLVVHQWDXWURLVLqPHTXDUW duඑඏesiècle au ch ur de la cathédrale d’Arles, puis, enrichi de somptueux motifs végétaux délicatement sculptés, aux portails de Carpentras et d’Aix. Encore au එඏංe voire au début du එඏංංesiècle, l’art des voûtes à liernes et tiercerons

¿OLJUDQHV VH SRXUVXLW GDQV OD FRQVWUXFWLRQ GH chapelles annexes, comme à Avignon et à Saint- Trophime d’Arles.

PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT

Modénatures romanes sur le portail de la cathédrale d’ range, dans l’embrasure orientale.

Le portail de aint- rophime d’Arles, emblème de l’art roman de Provence.

PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT

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Le st le et le te mps

(8)

A P T

L E C H A N T I E R D U X Ie S I È C L E : U N E C AT H É D R A L E À D E U X N E F S

Au එංe siècle, des travaux sont entrepris sous l’épiscopat d’Alfant, issu du lignage des Agoult, dont les membres se parent du titre de « princes » de la cité. Le chantier débute vers 1056.

Dans les actes, plus de pluriel désormais, mais une seule église, où s’impose le vocable de la Vierge comme dédicace majeure, mais à laquelle est toujours lié le vocable de saint Castor. Ce changement de désignation correspond à une restructuration des églises du siège cathédral : de deux églises distinctes, on passe à une église double. Ce chantier va se prolonger durant un certain temps. Un acte de 1076 évoque les ouvriers de la fabrique et il est fait référence à la cathédrale en cours de restauration encore en 1097. En relation avec ce programme architectural, Alfant proclame que c’est l’évêque martyr Auspice qui construisit et consacra la première cathédrale à l’intérieur des murailles de la cité. Alfant s’efforce de rehausser le prestige de son siège épiscopal en inventant la tradition d’Auspice, soulignant que la cathédrale qu’il reconstruit s’inscrit dans celle-là, et qu’il est lui-même l’héritier du martyr. Nous n’excluons pas que certaines élévations de l’édifice du එංංesiècle conservent des parties du monument du එංe, élevé moins d’un siècle avant. Ainsi, l’abside de l’église sud, duඑංංesiècle, se trouve désaxée par rapport à sa nef. Sans doute cette abside correspond-elle, dans son élévation en moellons assisés, à l’abside du monument du එංesiècle. La réutilisation de murs antérieurs peut aussi expliquer la profondeur des arcatures latérales dans la nef sud. De même, une partie de la crypte, ainsi que le mur gouttereau sud et son retour, à l’angle de la façade occidentale, résultent de l’utilisation d’un appareil de moellons assisés qui tranche avec les parties hautes, liées au rehaussement duඑංංesiècle et élevées en moyen appareil aux joints fins.

L E M O N U M E N T

D U « S E C O N D Â G E R O M A N »

Moins d’un siècle après l’achèvement du chantier du එංesiècle s’engage ainsi un nouveau programme de grande ampleur.

La cathédrale actuelle conserve l’essentiel des élévations de ce monument du second âge roman. L’édifice apparaît au premier abord comme un monument « classique » caractéristique de l’art roman de Provence occidentale, fortement imprégné d’influence antique, que ce soit dans ses choix architecturaux ou dans le vocabulaire de son décor. Néanmoins, désireux de se réclamer d’une tradition locale, ses commanditaires conservent la topographie à deux nefs du එංe siècle, elle-même héritée des églises doubles du haut Moyen Âge. Cela se traduit par un plan spécifique composé de deux nefs accolées encore perceptible aujourd’hui.

La nef majeure était dédiée à la Vierge, tandis que la nef méridionale était consacrée à Castor. La prépondérance de la nef nord se perçoit dès le එංesiècle, lorsque le titre de sainte Marie

PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOTPHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT

essinée ar un scul teur a tésien la statue de sainte nne r té eant la cité est installée au s et du d e de la

cha elle r ale en

La a ade ccidentale et l entrée rinci ale d nnant acc s la ne centrale

(9)

A P T

us le rche du e r i la rte latérale er et d entrer dans la ne sud de structure r ane c nstruite au ਘਉਉesi cle

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A R L E S

(11)

AR LES

Saint-Étienne et Saint-Trophime

i e é isc al d s a ant us u

uis rattaché au di c se d i en r ence

A N D R E A S H A R T M A N N - V I R N I C H e t M A R C H E I M A N S

rande cité anti ue ille de lerina e sur les che ins de stelle rles a c n u ué tr s t t des at uts liti ues et s irituels ur l e lace ent G¶XQpGL¿FHSOXVDQFLHQHQFRUHLQFRQQXV¶pOqYHjSDUWLUGXWRXUQDQWGXਘਉ

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auche sur le rtail de la cathédrale est re résenté saint r hi e le re ier é ue d rles

n as h t ra hie ancienne de l entrée de aint r hi e nds artésa sans date

PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT VIGNON 67FI3716 / FONDATION CALVET

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liturgiques d é s o r m a i s a b a n d o n n é s indique une structuration nouvelle du clergé séculier en place, sans doute à l’imitation des réformes en cours dans le nord de la Lotharingie et en Lorraine. Occupant presque la moitié de la nef, ce ch ur un peu plus large que long, de 7 m de c té environ à l’intérieur, ne laissait subsister latéralement que d’étroits passages reliant la nef au chevet, la circulation des la cs dans l’église paraissant ainsi étroitement contr lée. L’aménagement interne du ch ur lui- même fut réalisé avec soin. Entouré d’un muret bien appareillé dans les parties conservées, et sans doute de stalles en bois dont l’emplacement était encore discernable en négatif, il fut recouvert d’une couche d’argile posée sur un épais radier exhaussant le nouveau sol d’une quarantaine de centimètres par rapport aux sols environnants.

Ces travaux dans la nef durent aller de pair avec une réfection de la toiture, au moins au-dessus du ch ur : vers la fin duඑංංe siècle, lors d’un violent incendie, des bois de charpente br lés tombèrent sur le sol rougi par la chaleur, et l’analyse de l’un d’entre eux indique un âge compris entre la fin du ඏංංංe et le එe siècle. Durant cette séquence, un développement très sensible des inhumations se produisit, quantitativement et spatialement, autour de l’église aucune sépulture n’étant admise encore à l’intérieur de celle-ci.

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Peu après les premières décennies du එංe siècle, le site connut un véritable temps de croissance et d’expansion qui devait aboutir à une transformation de l’ensemble ecclésial, désormais concentré autour de l’édifice majeur, la cathédrale. Ces mutations purent se produire au moins partiellement sous l’impulsion de l’évêque Hugues, attesté entre 10 8 et 1066. Conformément à l’étroitesse alors nouée entre patrimoines aristocratiques et ecclésiastiques, le prélat déclarait tenir son office pastoral « de la grâce de Dieu » et son temporel « de son père », un certain Guigue possessionné à Chaudol. Hugues participa au mouvement de restauration des églises, en liaison avec le monastère Saint-Victor de Marseille, dont il fut l’un des bienfaiteurs. Il est donc tentant de penser que c’est sous son impulsion et avec son aide que purent s’ouvrir à

Digne les grands chantiers qui allaient conduire à une complète rénovation des bâtiments religieux de la cité.

Ce fut aussi une mutation stylistique puisque, pour la première fois depuis l’Antiquité, l’on allait renoncer à l’ancienne dissociation des lieux de culte et de leurs annexes, au profit du développement de l’église principale où se concentrèrent les diverses fonctions ecclésiales. Tandis qu’une simple galerie fut implantée au nord au travers des anciens mausolées et de la nef de la petite église, désormais oubliée et enfouie sous de nombreuses sépultures, la restructuration de l’ancienne basilique donna lieu à de multiples travaux qui se poursuivirent pendant le second quart du එංesiècle.

À l’est d’abord, une abside en hémicycle à large banc presbytéral fut insérée à l’intérieur du grand chevet plat qui lui servit d’enveloppe. Au centre de la nef, on procéda à la modernisation et à l’embellissement du ch ur canonial du එesiècle dont la paroi occidentale fut arasée pour élever un jubé à double file de colonnes, qui confirme la fonction canoniale du ch ur. Ces structures encadrèrent toujours la porte dont le large seuil resta visible malgré l’exhaussement des niveaux. À l’ouest, la façade primitive fut arasée et la nef prolongée de plus de 5 m, avec un escalier intérieur de cinq marches pour accéder à la porte située en hauteur à l’emplacement de l’entrée actuelle, les sols extérieurs étant alors exhaussés de plus de 1, 0 m. Les dimensions extérieures de l’édifice atteignaient ainsi près de 40 m de longueur pour 1 ,40 m de large.

À l’ouest encore, devant la nouvelle façade, une véritable avant-nef fut construite sur deux puissants massifs de fondation pour élever une tour-porche suivant le modèle qui se diffusait alors dans l’Occident chrétien. Ces tours plus ou moins massives et élevées comprenaient le plus souvent un porche d’entrée vo té et ouvert vers l’ouest par une large arcade, ainsi que plusieurs niveaux correspondant aux étages de la nef, tout en répondant à de multiples fonctions cultuelles et liturgiques.

Au sud, une annexe qui pourrait avoir servi d’oratoire fut créée contre le mur de la basilique. Cette salle était couverte d’une vo te d’arêtes appareillée, et comportait une niche murale orientée, asse profonde pour abriter une statue ou un autel.

Vers la fin du එංe ou au début du siècle suivant, le clocher roman fut bâti en partie sur les reins de la vo te. Ce clocher présente à l’extérieur, sur son premier niveau, un décor de festons et de lésènes. Le second niveau est laissé nu, donnant ainsi toute leur valeur aux quatre colonnes inscrites dans les angles, surmontées de larges tailloirs quadrangulaires qui devaient reposer à l’origine sur des chapiteaux, dont deux subsistent, en réemploi : ils sont attribuables à l’Antiquité tardive ඏංe siècle , et doivent provenir d’un monument sans doute proche et asse considérable pour être orné de colonnades comportant des uvres de cette qualité et de cette taille. L’un des intérêts majeurs de ce clocher reste cependant de définir la hauteur probable de la nef basilicale à laquelle il était accolé.

L’exhaussement des sols réalisé autour de l’église s’accompagna d’une multiplication très rapide des inhumations : pour cette seule période, 450 ont été mises au jour. Leur accumulation sur plusieurs niveaux, ordonnée au début, perdit

MUSÉE GRANET - COMMUNAUTÉ DU PAYS D’AIX-EN-PROVENCE / BERNARD TERLAY

JEAN-MARIE GASSEND

D I G N E

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Cathédrale actuelle

0 5 m 10 m

Église funéraire Chapelle

Saint- Élzéar

Chapelle

NEF CHEVET

Galeries d’Atrium

Chœur canonial carolingien

Notre-Dame-du-Bourg à Digne

(OOHV¶LPSRVHSDUVRQKDUPRQLHVDVREULpWpHWVRQDPSOHXU FRPPHO¶XQGHVpGL¿FHVPDMHXUVGHODUpJLRQ

SUpFLHX[WpPRLQGHVUHFKHUFKHVDUFKLWHFWXUDOHV HIIHFWXpHVDXFRXUVGXਘਉਉਉHVLqFOH

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DAO REPRIS PAR J.-B. RITT, LA NUÉE BLEUE

(14)

E M RU N

e o ei inondant a at dra e et on r a a orte ro a e u oin a Duran e

a imentant e a de erre- on on

(15)

EM RU N

Notre-Dame-du-Réal

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L U C - A N D R É I A R N A I S

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En raison du maillage urbain serré désormais et d’une occupation sans discontinuité de l’Antiquité à aujourd’hui, les données archéologiques sur Embrun sont rares et donc partielles.

En outre, la cathédrale Notre-Dame-du-Réal n’a pas fait l’objet de recherches archéologiques autres que ponctuelles. Pour en écrire l’histoire, il est nécessaire de s’appuyer sur les textes et les travaux d’historiens, nombreux depuis la Renaissance. Il faut enfin s’interroger avec eux, en attendant que de nouveaux apports nous parviennent de campagnes de fouilles.

Embrun est située sur une plateforme d’alluvions fluvio- glaciaires appelée « le roc ». C’est un massif de poudingues qui domine la rive droite et la plaine de la Durance sur un à-pic de près de quatre-vingts mètres. Au ier siècle avant ésus-Christ, Embrun est habitée par le peuple caturige. Il s’agit d’une tribu appartenant à un royaume dirigé par Donnus, puis par son fils Cottius. Ce dernier est contemporain et ami d’Auguste.

« Caturige » se retrouve dans la toponymie proche, comme à Chorges, localité appartenant à la Terre commune, nous le verrons. ur dunu fut un relais routier sur la ia ttia er

l e voie de Cottius par les Alpes . Dès le premier tiers du

PHOTO JEAN-PIERRE GOBILLOT

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M A R S E I L L E

a iei e- a or au remier an et a Nou e e- a or omme im ri u e ur ette er e ti e

age i- ontre a adone de a a or u t e ar oder art a ue ao t en ro e ion dan e uartier oi in du anier

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MARSEILLE

La Vieille-Major et la Nouvelle-Major

i e é isc al de uis

R É G I S E R T R A N D , M A R C O U I R O N ,

A N D R E A S H A R T M A N N - V I R N I C H , F R A N O I S E P A O N E ,

e t E A N - M I C H E L S A N C H E

a v e c G É R A L D I N E M A R T I N O R R I T

Les cathédrales de arseille se distin u rent au c urs des es ar l a leur

de leurs r ra es architecturau en un site litt ral e ce ti nnel

tant ar i les re iers ers de christianisati n des aules la cité a ulu ani ester dans la ierre

sa sin ularité et s n resti e

PHOTOS JEAN-PIERRE GOBILLOT

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La grâce d’une cathédrale

D epuis la Côte d’Azur jusqu’au Rhône, des Alpes à la Méditerranée, la Provence n’est guère perçue comme terre de cathédrales dans l’imaginaire collectif. Et pourtant, cette région connut les premières traces de communautés chrétiennes organisées des Gaules et la présence des papes à Avignon.

Près d’une trentaine de cathédrales, parfois éphémères, y virent le jour au fil des siècles. La plupart portent l’empreinte de l’époque médiévale, inspirée tant par le classicisme antique que par l’austérité monastique.

Beaucoup aussi furent marquées par la reconquête catholique des Temps modernes dont le baroque exprime l’étourdissant programme.

Enfin, les dernières d’entre elles, édifiées au xix

e

siècle, sont parmi les plus récentes de France et rendent hommage à leurs prestigieuses devancières.

Trente-trois spécialistes – historiens, historiens de l’art, archéologues – et neuf évêques nous invitent à une découverte exceptionnelle, somptueusement illustrée.

Directeurs scientifiques : Yann Codou et Thierry Pécout Préface de Mgr Georges Pontier

Textes de Régis Bertrand, Luc-André Biarnais, Philippe Borgard, Marc Bouiron, Yann Codou, Sandrine Claude, Noël Coulet, Gabrielle Démians d’Archimbaud, Mathias Dupuis,

Yves Esquieu, Michel Fixot, Francesco Flavigny, Rollins Guild, Jean Guyon, François Guyonnet, Andreas Hartmann-Virnich, Marc Heijmans, Monique Jannet-Vallat,

Martine Jouve-Codou, Géraldine Martin Orrit, Caroline Michel d’Annoville, Nathalie Molina, Thomas Navarro, Jérôme Nicault, Françoise Paone, Thierry Pécout,

Jean-Pierre Pelletier, Lucien Rivet, Élodie Sanchez, Jean-Michel Sanchez, Élisabeth Sauze, Luc Thevenon, Mariacristina Varano.

Témoignages des évêques de la Province ecclésiastique :

Jean-Marc Aveline, Jean-Pierre Cattenoz, Jean-Michel Di Falco Léandri, Christophe Dufour, François-Xavier Loizeau, André Marceau,

Jean-Philippe Nault, Georges Pontier, Dominique Rey.

Photographies de Jean-Pierre Gobillot - Dessins de Jean-Marie Gassend.

Couverture : Massin 85 € - ISBN 978-2-8099-1275-3

Aix-en-Provence Antibes Apt Arles Avignon Carpentras Cavaillon

Saint-Paul-

Trois-Châteaux Riez Orange Nice Marseille Grasse Gap

Vence Vaison-la-Romaine Toulon Sospel Sisteron Senez Fréjus Forcalquier Entrev aux - Glandèves Embrun Digne Cimiez

AIX-EN-PROVENCE / ANTIBES / APT / ARLES

AVIGNON / CARPENTRAS / CAVAILLON / CIMIEZ / DIGNE EMBRUN / ENTREVAUX-GLANDÈVES / FORCALQUIER / FRÉJUS

GAP / GRASSE / MARSEILLE / NICE / ORANGE / RIEZ SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX / SENEZ / SISTERON SOSPEL / TOULON / VAISON-LA-ROMAINE / VENCE

Referências

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Il est en effet possible de réintroduire l’animal dans la morale aristotélicienne à la condition d’abandonner toute recherche d’un statut éthique pour lui, et avec elle la