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Dehors : Un visage pour les sans-abri - Electre NG

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Academic year: 2023

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D E H O R S

un visage pour les sans-abri

Bruno Bachelet, photos Michel Tournier, préface Gabriel Banret,

Yann Moix, textes

Myriam Maistre, enquête

PARIS musées

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À H U G O , M A R I O N ET ADRIEN

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REMERCIEMENTS

L'auteur tient à remercier tout particulièrement ici les personnes sans l'aide desquelles l'ensemble de ce projet n'aurait pas pu voir le jour.

Au ministère de la Culture : Philippe Douste-Blazy, Stéphane Martin, Alain Deray, Jean-François de Canchy, Agnès de Gouvion Saint-Cyr.

Au secrétariat d'État à l'Action humanitaire d'urgence : Xavier Emmanuelli.

À Paris Match : Roger Thérond,

Michel Sola, Patrick Mahé, Didier Rapaud et son équipe, François Debouté, Pépita Dupont, Christian de Brosses.

Chez Agfa : Serge Carbone, Thierry Marcadet, Carole Guiomar, Agnès Raynaud, Philippe Tinet.

À Lagardère Groupe : Patrick Dechin.

À Monsieur le Maire de Paris Jean Tiberi.

À la Banque La Hénin : Jérôme Meyssonier, Serge Grzybowski.

À Schneider : Didier Pineau-Valencienne.

Au Centre Georges-Pompidou : Jean-Jacques Aillagon, Marcel Bonnaud, Alain Sayag, Marc Audouin, Marie-Jo Poisson, Carole Rio.

À Paris-Pi-emièi-e : Philippe Azoulay.

À Central Color : Françoise Gallois,

Jean-François Derrien, Pierre Moutet, Gérard Boll.

À Matphot : André et Marc Chély.

Merci à Jean-Hubert Levame, président de l'association Domicile Fixe,

Annie Capliez, Laetitia Cattin, Evelyne Doucet et aux bénévoles de l'association.

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SOMMAIRE

8 MISÈRE ET GRANDEUR DES NOMADES Michel Tournier

12 LETTRE AUX AMIS DU DEHORS Bruno Bachelet

13 LES VISAGES

commentés pur Yann Moix 4 2 ÉGAUX DEVANT L'ÉPREUVE

Gabriel Bauret

1 0 5 LE STUDIO MOBILE Gabriel Bauret

1 0 6 LES AUTEURS

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Michel Tournier

MISÈRE ET GRANDEUR DES NOMADES

Leurs derniers descendants s'appellent des S.D.F.

Bruno Bachelet leur rend un visage.

J'ai découvert la misère et la grandeur des nomades d'abord au Sahara1. Pendant des siècles, les Touaregs avaient été les seigneurs du désert. Tels des loups dans la steppe, ils sillonnaient d'immenses espaces à la recherche de proies. Les proies, c'étaient les caravanes qui s'avançaient lentement et lourdement chargées de sel, de marchandises ou de fruits. La razzia n'était ni destructrice, ni meurtrière. Simplement, le seigneur du lieu prélevait sa part. Ils étaient les maîtres de certaines oasis qu'ils faisaient cultiver pour leur compte par des esclaves noirs enlevés dans le sud nigérien.

Survint la Colonisation française. La IIIe République entendait bien imposer l'enseignement obligatoire, laïque et gratuit jusqu'aux confins du Hoggar. D'accord, dirent les seigneurs touaregs, et ils envoyèrent à l'école leurs bâtards noirs grouillant dans les oasis.

Quant à leurs enfants légaux, ils les gardaient avec eux dans leurs vastes randonnées sahariennes.

Le résultat, vingt ans plus tard, ce fut l'accession des enfants noirs des oasis à tous les postes de commande de l'administration, tandis que les fils des seigneurs du désert restés chameliers se reconvertissaient péniblement dans la conduite des camions et des poids lourds. « Si tu as un problème de passeport, me dit un jour mon chauffeur, va voir de ma part le ministre de l'Intérieur à Nouakchott. C'est le fils d'un esclave de mon père. » C'est que le monde moderne appartient aux sédentaires - anciens esclaves, manants et artisans - et ne laisse aucune place aux nomades qui étaient pourtant les seigneurs de jadis avec comme symbole de richesse, de pouvoir et de mobilité, le cheval.

J'ai retrouvé cette même évolution en pays d'Arles chez les gitans dont les démêlés avec ...

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... l'administration des communes et des populations hostiles mêlent le burlesque au

lamentable. J'ai connu un chanteur guitariste qui transportait toute sa fortune en billets de banque dans une valise. Analphabète, il n'aurait pu signer un chèque. Il refusait d'ailleurs de faire confiance aux banques.

La vérité, c'est que tout dans notre société pousse à la clochardisation des derniers groupes et individus restés fidèles à leur vocation nomade. Ce sont gens « sans feux, ni lieux », c'est-à-dire indésirables, voire hors-la-loi. On les réduit à un simple sigle : S.D.F., Sans domicile fixe, comme si un manque, une absence, un défaut suffisaient à les définir.

Des déchets d'humanité en somme qu'il faut chercher à éliminer.

L'admirable travail de Bruno Bachelet va à rencontre de cette liquidation sans fleur ni couronne. Il remplace ces « sans » par des « avec ». Il nous montre des paysages qui nous sont familiers, que nous revendiquons comme nôtres 2. Mais, ô scandale, ces paysages sont habités par des êtres inattendus et qui ont pourtant un visage, et ce visage reflète un destin. Nous voilà pris au piège de l'image humaine, et la photographie répond ici à sa vocation la plus haute. Cette « identification » des clochards, je l'avais entreprise moi-même il y a bien longtemps quand j'habitais dans l'île Saint-Louis. Nous étions une bande de farfelus - il y avait Yvan Audouard, Armand Gatti, Georges Decaunes, Gilles Deleuze - campés dans un hôtel meublé 29, quai d'Anjou, aussi piteux à l'intérieur qu'il était admirablement situé (on en a fait bien vite un luxueux ensemble d'appartements).

Nos fenêtres donnaient sur les quais plantés de robiniers derrière lesquels passaient majestueusement les péniches et les bateaux-mouches.

Ce qui m'intéressa dès le premier jour, ce fut pourtant le mystérieux va-et-vient des clochards qui peuplaient les berges et clopinaient avec armes et bagages - généralement arrimés sur des voitures d'enfant - en amont et en aval du pont Marie. J'allais souvent les rejoindre et j'essayais d'établir le contact avec eux. Ce n'était pas facile. La plupart

n'avaient aucune envie de communiquer. Je me heurtais à un silence bougon. J'en ...

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... accompagnais certains à la soupe populaire ou à la péniche de l'Armée du Salut. Mais quelque chose en moi trahissait le touriste, l'amateur, le sédentaire invétéré. J'étais jeune pourtant, désargenté et je gagnais ma vie de bric et de broc. Mais ils sentaient bien que je n'avais pas la vocation du voyage.

Dans un cas pourtant, j'ai découvert quelque chose, un mystère humain qui fait encore rêver le romancier que je suis devenu. Chaque soir il était là, au même endroit, revenu de divagations quotidiennes mystérieuses. Nous échangions quelques mots. J'ai vite compris que c'était une fenêtre de la façade la plus proche qui l'intéressait. C'était pour elle qu'il était là. Encore fallait-il qu'elle fût allumée. Mais alors elle exerçait sur lui une vraie fascination. « Le salaud, dit-il une fois. Il est là ! » Et une nuit il a précisé : « C'est lui qui m'a mis où je suis ! » J'aurais beaucoup donné pour en savoir plus. Je fixais avec lui le rectangle de lumière jaune. Il aurait fallu que j'eusse le courage d'entrer dans l'immeuble, de sonner à ce 2e étage. Sous quel prétexte ? Je ne l'ai jamais fait. Peut-être aurais-je alors pu répondre à la grande question : comment devient-on clochard ?

Mais il faut revenir aux origines, c'est-à-dire aux nomades. Qu'est-ce donc qu'un

nomade ? Je répondrai : c'est un homme qui ne regarde jamais derrière lui. Il ne connaît que l'horizon qui l'aspire et vers lequel il marche. C'est l'homme aux semelles de vent, comme se définissait Rimbaud, celui qui ne vit qu'en fonction du lointain.

Rien ne lui est plus étranger que le regard intérieur, l'examen de conscience, le culte du moi et du souvenir. Son léger baluchon ne contient ni miroir, ni journal intime.

J'ai séjourné, comme Bruno Bachelet, avec les « pensionnaires » de la Maison de Nanterre. J'ai vu débarquer du car de la BAPSA 3 les vagabonds glanés par les hommes en bleu dans tous les coins de la capitale. Ils étaient aussitôt lavés, habillés, soignés, nourris. Ils pouvaient rester là dans des conditions tout à fait acceptables le temps qu'ils voulaient.

Et c'est alors que les deux « races » se distinguent et font des options différentes....

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Referências

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