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ÉVOLUTION DU NOMBRE ET DE LA TAILLE DES CELLULES DANS LES TISSUS DE LA RATE
ADULTE AMAIGRIE A LA SUITE D’UNE CARENCE ÉNERGÉTIQUE. CROISSANCE COMPENSATRICE
Geoffroy Durand, Éliane Penot, Noëlle Bourgeaux
To cite this version:
Geoffroy Durand, Éliane Penot, Noëlle Bourgeaux. ÉVOLUTION DU NOMBRE ET DE LA TAILLE
DES CELLULES DANS LES TISSUS DE LA RATE ADULTE AMAIGRIE A LA SUITE D’UNE
CARENCE ÉNERGÉTIQUE. CROISSANCE COMPENSATRICE. Annales de biologie animale,
biochimie, biophysique, 1969, 9 (4), pp.575-587. �hal-00896492�
ÉVOLUTION DU NOMBRE ET DE LA TAILLE DES CELLULES
DANS LES TISSUS DE LA RATE ADULTE AMAIGRIE
A LA SUITE D’UNE CARENCE ÉNERGÉTIQUE.
CROISSANCE COMPENSATRICE
G.DURAND
Éliane
PENOTNoëlle BOURGEAUX Station centrale de Recherche de Nutrition
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Quatre
lots de 8 rates adultesâgées
d’un an sont maintenus aupoids
de 35o g avec unrégime semi-synthétique
contenant r3 p. 100de matières azotées totales(régime témoin).
Un lot est sacrifiéà ce
poids (lot témoin) ;
les trois autres lots sont soumis à une réduction del’apport
des élémentsénergétiques
de la ration(lipides
+glucides),
defaçon
que lepoids
des animaux diminue de 28 p. 100en go
jours.
A la fin de cette secondepériode,
un devxième lot est sacrifié; les deux lots suivantsreçoivent
de nouveau lerégime
témoin, l’un à volonté, l’autre enquantité
limitée. Ces deux lots sontsacrifiés
lorsqu’ils
sont revenus à leurpoids
initial de 3go g, c’est-à-dire au bout de 9jours
pour lespremiers
et 5ojours
pour les seconds.Le corps des animaux est
disséqué
etpartagé
en sixcompartiments
danslesquels
sont déter-minées : - la teneur en ADN,
proportionnelle
au nombre de cellules - la valeur du rapportpoids frais/ADN, proportionnelle
à la taille des cellules - et la valeur des rapportsprotéines/ADN
etARN/ADN,
témoins de l’activité cellulaire.Les résultats montrent que la restriction
énergétique
entraîne une perteglobale
assez faibled’ADN
(―
13p.100 ),
deprotéines (―
12p.100 )
et d’ARN(―
17 p.100 ).
L’examen de chacun des sixcompartiments corporels
étudiés montre que Icsplus
sensibles sont les tissusadipeux
et la peauauxquels
sontimputables respectivement :
5q p. 100et 18 p. 100de la perteglobale
depoids
vif,2
g p. 100et 31 p. 100de la diminution
globale
du nombre decellules,
rz p. 100et 40p. 100de la perteglobale
deprotéines.
Les
compartiments, foie
et viscères + sang, sontaussi,
à diverstitres,
assez fortement touchés par la carenceénergétique.
Enrevanche,
les tissus musculaires et osseux s’avèrent très résistants.La réalimentation contrôlée ramène
pratiquement
les sixcompartiments
à leur état initial. La réalimentation ad libitum entraîne unehypertrophie,
sans doutepassagère,
descompartiments
foie et viscères + sang, au détriment du
compartiment
tissuadipeux.
INTRODUCTION
Dans une récente
publication (D URAND et al., 19 68)
nous avons étudié les effetsd’une
réduction sévère del’apport
des élémentsénergétiques
de la ration(glucides
-
f- lipides)
sur l’évolution des teneurs en acidesnucléiques
et enprotéines
dans lefoie,
les muscles des membrespostérieurs
et le corps éviscéré dejeunes
rats mâles(
275
g, 9semaines).
La réductionimposée
était telle que ces animaux avaientperdu
27p. 100 de leur
poid
vif en 28jours.
Il était montré
qu’au
cours d’une tellepériode
de restriction et dans les condi- tionsexpérimentales utilisées,
le foieperd
peu(ou pas)
decellules,
le tiers de sesprotéines
etprès
de la moitié de sonARN.
Les muscles desmembres postérieurs perdent
peu(ou pas)
decellules,
7 p. 100 deprotéines
etprès
de la moitié de leurARN.
Le corps éviscéréperd
21p. 100de sescellules, près de
lamoitié
de sonARN
et8-
9
p. IOO de sesprotéines.
Le corps éviscéré est un ensemblecomplexe, comprenant principalement
la peau, lamusculature,
les tissusadipeux
et lesquelette,
et la ques- tion seposait
de savoirquelle
était lapart respective
de ces diverscompartiments
dans la
perte importante
decellules qui
était constatée.Le
travailexposé
ici a enpartie
pour butd’apporter
desprécisions
aux résultatsdu travail
précédent
etd’apporter
desréponses
auxquestions qu’il
avait soulevées.Pour
répondre également
à certainesquestions
d’ordrezootechnique,
concernantl’action des carences alimentaires sur les
reproductrices âgées,
nous avons utilisécomme animaux
expérimentaux
des rates vieilles d’un an etayant
étél’objet
deplusieurs gestations.
En
outre,dans
laprécédente publication,
nous avionsétudié
le déroulement et les effets de lacroissance compensatrice qui
ramenait les animauxamaigris
àleur
poids initial, après
une réalimentatian ad libitum. Dans leprésent travail,
nousnous sommes intéressés aux mêmes
phénomènes :
i. dans le cas d’une réalimentation ad
libitum ;
_
2
. dans le cas d’une réalimentation contrôlée.
Les variations
des quantités
d’ADN sontutilisées
pour mesurer l’évolution du nombre de noyaux(Bomirr et al., =g 4 8),
et, parextension,
du nombre descellules,
- le
rapport poids frais/ADN
comme test de la taille descellules,
- et lesrapports protéines/ADN
etARN/ADN
comme critères de l’activité cellulaire.MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
I. - Matéyiel animal
Trente-deux Rates adultes Wistayâgées d’un an, pesant 35o g f 20 g, et ayant élevé trois
portées
de
jeunes, reçoivent
unrégime semi-synthétique
à 13 p. 100 de matières azotées totales(MAT
= N X6, 25 )
dont lacomposition
est donnée dans le tableau i(régime témoin).
Une consom-mation de 12,1
g/jour (matière sèche)
de cerégime
leur permet de maintenir leurpoids
constant.Quatre
lots de 8 animaux sont constitués. Un lot est sacrifié(lot
A = lottémoin).
Les trois autres B, C et D sont alors soumis à une réduction del’apport énergétique
de la ration telle que leurpoids
moyendiminue linéairement de 2
g/jour.
Pour obtenir ce résultat onprocède
de la manière suivante : les animauxreçoivent chaque jour
autant deprotéines,
minéraux et vitaminesqu’ils
en recevaient lors-qu’ils
étaient maintenus àpoids
constant,cependant
que les élémentsénergétiques (amidon,
huile etsaccharose)
sont distribuéschaque jour
enquantité
convenable pour obtenir la perte depoids
désirée.En
pratique,
il faut réduireprogressivement
laquantité
d’élémentsénergétiques
de 50 à6 5
p. 100 par rapport à cequi
est consommé par les animaux témoins maintenus àpoids
constant.Lorsque, après
50jours
derestriction,
lepoids
des trois lots expérimentaux est tombé à zgo g,un lot est sacrifié
(lot B) ;
les deux derniers lotsreçoivent
alors de nouveau lerégime témoin,
soit ad libitum(lot C),
soit enquantité
contrôlée, telle que legain
depoids
moyen soit de 2g/j (lot D).
Leslots C et D sont sacrifiés
lorsqu’ils atteignent
à nouveau lepoids
de 350 g, cequi
demande 9jours
pour le
premier,
et évidemment 50jours
pour le second. Lesquantités journalières
moyennes d’ali-ments consommées par
animal,
en fonction dupoids
vif, sontportées
sur lafiguie
i. L’évolution dupoids
des animaux en fonction du temps estportée
sur lafigure
2.Sac Y
ifice et prélèvements.
Chaque
animal àjeun depuis
rz heures est anesthésié à l’éther etsaigné.
Le sang est recueilli directement dans l’azoteliquide.
L’animal est ensuitedisséqué
etpartagé
en sixcompartiments
distincts : i, peau ;
2
.
dépôts adipeux,
comprenant : lesdépôts adipeux
sous-cutanés,périrénaux, épidydimaires
et
mésentériques ;
3 . foie ;
4
. viscères
(joints
ausang) ;
5
. musculature des membres
postérieurs ;
6. ce
qui
reste du corps de l’annnal, que nousappelons
carcasse etqui comprend
essentiellement lesquelette
et la musculature(moins
la musculature des membrespostérieurs).
Chaque compartiment
estpesé
et refroidi par l’azoteliquide.
Pourchaque
lot, ces six fractionssont
séparément
rassemblées. On obtient ainsi six échantillonsqui
serontanalysés.
II. - Méthodes
analytiques
Les méthodes
analytiques
sont décrites en détail dans uneprécédente publication (DuxANn
et al.,19 69).
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONLa somme des
poids frais,
mesurésaprès
dissection des sixcompartiments constitués
pourchaque
rate estappelé
«poids
vifreconstitué » (PVR).
Ce dernierest inférieur au
poids
réel de 3p. 100environ(tabl., 2 ).
Cespertes faibles
et, au demeu-rant, peu différentes d’un lot à
l’autre, s’expliquent
facilement parl’évaporation
d’eau au cours de la dissection. Dans le tableau 3, les
poids
frais donnés pour lescompartiments corporels
sont donclégèrement
inférieurs à laréalité,
mais compa- rables entre eux. Enrevanche,
les valeursindiquées
pour lespoids
secs etdégraissés,
de même que pour les
quantités
d’acidesnucléiques
et deprotéines,
sont exactes.Les quantités
d’acidesnucléiques
sontexprimées
par la somme(en pM)
de leursbases constitutives
(tabl. 3 ).
Il est aisé de transformer ces données en (1.g de P-ADNou P-ARN en les
multipliant
par 3r.A. -
E!‘’ets de
la restrictionénergétique
et des deuxtypes
de réalimentation sur chacun des
compartiments
étudiés(tabl.
3 et4 )
1 . Foie.
Pendant la
période
derestriction,
lepoids
frais du foie diminue de 28 p. 100, soit sensiblement comme lepoids
vif des animaux.L’organe perd
en mêmetemps
33 p. 100 desprotéines,
13 p. 100 de l’ADN et 34 p. 100 de l’ARNqu’il
contenait àl’origine. En
admettant que laperte
d’ADNcorresponde
à uneperte proportionnelle
du nombre de
cellules,
il résulte des données ci-dessus que la taille des cellules diminue d’environ 16 p. ioo, tandis que leurs teneurs enprotéines
et en ARN diminuentrespectivement
de 25 p. 100et 21 p. 100.A la fin de la
période
de croissancecompensatrice qui
ramène les animaux amai-gris
à leurpoids initial,
lescaractéristiques
du foie diffèrent assez nettement, selon le mode de réalimentation.Lorsque
cette dernière s’effectue augré
desanimaux (lot Cj,
certaines
caractéristiques
étudiées ont des valeursplus
élevées que cellesqui
sontrelevées avant la restriction :
l’organe
estplus
lourd(+
35 p.100 ),
il contientplus
de
protéines (+
15 p.100 )
et d’ARN(!-
14 p.ioo).
Laquantité
d’ADN contenuedans
l’organe
retrouve sa valeuroriginelle.
Ces résultats se traduisent par une aug-mentation sensible des valeurs des
rapports poids frais/ADN, protéines/ADN
etARN/ADN
parrapport
à cellesqui
sont observées chez les animaux du lot A.Lorsque
les animaux retrouvent leur
poids
initialaprès
lapériode
de croissancecompensatrice
contrôlée
(lot D),
on constateégalement
unehypertrophie
dufoie,
mais moinsaccusée. La teneur en ADN retrouve
également
sa valeurprimitive.
La réduction
énergétique
a des effets moinsmarqués
sur le foie des femelles adultes que sur celui des rats mâles encroissance,
tant en cequi
concerne les dimi-nutiom du
poids frais,
des teneurs enprotéines
et en ARN(D URAND et al., ig6 7 ).
On remarquera
cependant
que lespertes
d’ADN sont du même ordre( 10
et 13 p.100 ),
et
peuvent
résulter soit d’une diminution du nombre decellules,
soit d’une variation du taux depolyploïdie.
Les deux
types
de réalimentation entraînent unehypertrophie
del’organe ;
ceci est à
rapprocher
du fait que laquantité
d’aliments consommée est fortementaccrue
(fig. i).
2
. Viscères
-!- Sang.
La restriction de
l’apport énergétique
entraîne des diminutions modestes dupoids
frais et de la teneur enprotéines
de cet ensemblehétérogène (respectivement
- m p. 100et - 9 p.
ioo).
La diminution de laquantité
totale d’ADN(- y
p.100 )
est
plus
sensible. Enrevanche,
la diminution de l’ARN estinsignifiante.
Il résultede ces données que les
rapports poids frais/ADN, protéines/ADN
etARN/ADN
sontlégèrement plus
élevés chez les animauxrestreints ;
mais cetteaugmentation
n’estsans doute pas
significative.
Dansl’ensemble,
ilapparaît
que lecompartiment
viscères
+
sang n’est pas très sensible à une restrictionénergétique.
Comme dans le cas du
foie,
les effets de la réalimentation sont différents selon que celle-ci est libre ou contrôlée. Dans lepremier
cas, lepoids
frais ducompartiment
considéré est
supérieur
de 21 p. 100 à cequ’il
était chez les animaux du lot A. Demême,
les teneurs enprotéines,
en ADN et ARN sontsupérieures respectivement
de1
8 p. 100, IIp. 100et 33 p. 100à ce
qu’elles
étaient chez les témoins. Dans le secondcas, le
poids
frais revient au niveau où il se situait avantl’amaigrissement ;
mais lesquantités
deprotéines,
d’ADN et d’ARN restentéquivalentes
à cequ’elles
sont chezles animaux
amaigris.
Dam les deux cas, les
rapports poids frais/ADN, protéines/ADN
etARN/ADN
ne sont pas très différents de ce
qu’ils
sont chez les animaux témoins ou les animauxamaigris.
Les résultats
qui
concernent lecompartiment
viscères+
sang sont difficiles àinterpréter
du fait de sacomplexité
et de laprésence
des contenus intestinaux. On remarque tout d’abord que sonpoids
frais et sa teneur enprotéines
ne diminuentque fort peu, alors que la
perte
d’ADN(―
17 p.100 )
est relativementimportante.
Tout se passe comme si les
pertes
de cellulesprovenaient
d’un organe très riche en cellules de trèspetite
taille et de faible teneur enprotéines.
Des travaux antérieurs(DuxAi·rn et al., ig6 5 )
ont montré que l’intestingrêle
et vraisemblablement l’ensemble du tubedigestif répond
à cescaractéristiques.
Onpeut
émettrel’hypothèse
que le tubedigestif répond
à une sous-alimentationénergétique
comme à une carence pro-téique
par une diminution du nombre de sescellules, correspondant
à un renouvelle- mentplus
lentdes
cellulesépithéliales
et à une vitesse demigration plus
faible deces dernières
(HOOP!R
etB I , AIR , i 95 8 ;
MUNRO etGoi,BiKRG, 1963; BRowN et al., 19
6 3
). Cependant,
il n’est pas exclu que des unitésanatomiques,
autres que le tubedigestif,
soient en cause.En
revanche,
le fait que la diminution de l’ARN soit aussi faibleparaît
diffici-lement
explicable.
La réalimentation à volonté entraîne une
augmentation
notable de laquantité
d’ADN
qui
devientsupérieure
à cequ’elle
étaitinitialement ;
il estpossible
que le tubedigestif réagisse
au trèsimportant
afliux alimentaire par une croissance compen- satrice trèsélevée,
entraînant une fortemultiplication
cellulaire.Dans le cas de la
récupération contrôlée,
onpeut
penser quel’apport
alimentairerestant modéré ne suffit pas à faire redémarrer la
multiplication
cellulaire.3. Peau.
Dans les conditions
expérimentales utilisées,
la peauperd près
de 33 p. 100 deson
poids frais,
et par ailleurs i5 p. ioo desprotéines,
22p. ioo del’ADN,
28 p. 100 de l’ARNqu’elle
contenait avantl’amaigrissement.
Toutes les modifications obser- vées allant dans le même sens, leursconséquences
sur la valeur desrapports poids frais/ADN, protéines/ADN
etARN/ADN
sont peuimportantes :
les cellules survi- vantes sontplus petites,
tandis que leurs teneurs enprotéines
et ARN ne sont passensiblement modifiées.
Contrairement à ce
qui
a été constaté pour les deuxprécédents compartiments étudiés,
les deux modes deréalimentation,
lerapide
et lelent,
conduisent au mêmerésultat,
c’est-à-dire à un effacement à peuprès complet
des effets de la sous-nutritionénergétique passagère.
Dans les deux cas, àquelques points
p. iooprès,
lepoids frais,
les teneurs en
protéines
et en ADN ont retrouvé leur valeurprimitive.
Seules lesteneurs en ARN sont
plus
élevées surtoutlorsque
la croissancecompensatrice
estrapide.
En
résumé,
la peau est très sensible à la carenceénergétique :
elle est enparti-
culier le
compartiment qui
mobilise leplus
deprotéines ( 40
p. ioo de laperte totale),
au cours de la restriction. Elle intervient d’une
façon
notable dans laperte
totale depoids
frais(―
18 p.100 )
et elle estresponsable
d’environ 31 p. 100 de laperte
totale de cellule3. Il faut noter que chez des animaux de
petite
taille comme leRat,
la peau constitue un
compartiment
trèsimportant
dupoids vif,
environ 16 p. 100, et contient à peuprès
lequart
desprotéines
de l’animal entier. Il n’en va pas de même chez les animaux degrande
taille : ainsi chez leBoeuf,
la peau nereprésente
que
6- 7
p. ioo dupoids
vif. Unamaigrissement
de 28 p. 100aurait sans doute chez cet animal desconséquences plus
graves que chez le Rat, car sonorganisme
seraitpeut-être
amené à mobiliser desprotéines
enplus grande quantité
dans lecomparti-
ment musculaire.
4
. Muscles des membres
!ostéyieurs.
Au cours de la restriction les muscles des membres
postérieurs perdent
environ14
p. ioo de leur
poids frais,
14 p. ioo deprotéines,
i3 p. 100d’ARN.Cependant,
lecontenu en ADN n’est pas modifié. La taille des
cellules,
ainsi que les teneurs de celles-ci enprotéines
et en ARN sont donc amoindrieségalement
de 13 ou 14 p. 100.Les deux
types
de réalimentation ramènent l’ensemble des données à des valeursnormales,
sauf pour l’ARN dont la concentration cellulaire est un peuaugmentée
au cours de la croissance
compensatrice.
La résistance des noyaux musculaires à la sous-alimentation
énergétique, qui
ne se solde par aucune
disparition
decellules,
estremarquable.
Nous avonsdéjà
noté cela dans l’étude effectuée sur les effets de la restriction
énergétique
chez le Ratmâle en croissance
(D URAND et
al.19 68);
MANDEL et al.( 1949 )
ont montréqu’il
enétait de même dans le cas d’un
régime protéiprive.
5. Carcasse.
La restriction entraîne une diminution de 12 p. ioo du
poids frais,
de 4p. 100 de la teneur enprotéines,
5p. ioo de la teneur en ARN et aucuneperte
d’ADN. Lespertes
deprotéines
et d’ARN de la carcasse sont faibles encomparaison
de cellesqui
ont été relevées à propos de la musculature des membrespostérieurs. Or,
la car-casse est
principalement composée
de muscles. Lesquelette
nepouvant jouer
de rôlemodérateur,
en raison de sa très faible teneur en ARN(P ENOT ,
nonpublié)
il faut donc supposer que la musculature des membrespostérieurs réagit davantage
que l’ensemble des autresmuscles,
au faibleapport calorique
de la ration.Les deux
types
de réalimentation ramènent les diversescaractéristiques
étudiéesà leur valeur
originelle.
Finalement,
les effets de la restrictionénergétique
sur la carcasse sont, dansl’ensemble, mineurs ;
celaindique
une excellente résistance des divers tissusqui
constituent ce
compartiment (musculaires,
osseux, nerveux,conjonctifs)
à cetype
de carence. Oncomprend
aisément que leslégères
modifications dont cette dernière est la cause soientrapidement
effacées par les deux modes de réalimentation.6. Tissus
adipeux.
Par
rapport
à l’étatinitial,
la restrictionénergétique
provoque dans ce compar- timent une diminution de 70 p. 100 dupoids frais,
de 35 p. 100 desprotéines,
de3
8
p. ioo de l’ADN et de 45 p. 100de l’ARN. Les variations des valeurs desrapports protéines/ADN
etARN/ADN indiquent
que les contenus enprotéines
et ARN descellules survivantes sont peu
modifiés,
mais que leur taille a diminué de 52 p. 100.En
cas de réalimentationrapide,
les tissusadipeux
nerécupèrent qu’environ
8
2p. ioo de ce
qu’ils
ontperdu
enpoids
frais au cours de larestriction ;
lesquantités
de
protéines
et d’ADN ne sont pas, à 10 p. 100près,
redevenues cequ’elles
étaientprimitivement,
tandis que lesrapports poids frais/ADN, protéines/ADN
etARN/ADN
sont redevenus normaux.
’
En fin de réalimentation
contrôlée,
les tissusadipeux
retrouvent leurpoids initial,
mais pas tout à fait toutes lesprotéines,
ni tous les acidesnucléiques qu’ils
contenaient. Il en résulte que les
rapports protéines/ADN
etARN/ADN
sont com-parables
à ceuxqui
sont observés chez lestémoins,
tandis que lerapport poids frais/ADN
marque unelégère supériorité.
En
résumé,
les tissusadipeux
sont, comme onpouvait
leprévoir,
très sévère- ment atteints par la restrictionénergétique.
Ils entrent pour 25 p. ioo dans laperte
totale de cellules.Cependant,
leur intervention dans laperte
totale deprotéines
n’est que 12p. 100, cecis’expliquant
par le fait que le contenuprotéique
desadipocytes
est peuimpor-
tant.
Par
ailleurs,
dans le cas de la réalimentation àvolonté,
les tissusadipeux
semblent être les derniers à bénéficier de la
récupération.
B. -
Comparaison
deseffets de l’a!!oyt énergétique
de la rationsur des rates adultes et des Rats mâles en croissance
I
. Restriction
énergétique
sévère(tabl. 5 ).
Dans une
précédente publication (D URAND et al., 19 68)
concernant les effets d’unamaigrissement
chez le Rat mâle encroissance,
nous n’avions étudié que lefoie,
les muscles des membrespostérieurs
et le corps éviscéré. Il est aisé d’obtenir lescaractéristiques
du corps éviscéré des femelles adultes enregroupant
les résultats relatifs à sescompartiments
constitutifs : muscles des membrespostérieurs +
car-casse
-!-
peau+
tissuadipeux.
Enpourcentage,
les diminutions depoids
vifs sontdans les deux cas, à peu
près équivalentes :
27et 28 p. ioo.Les éléments les
plus
intéressants de lacomparaison
sontportés
dans le tableau 5. On constate que les effets de la restrictionénergétique
vont, chez les uns et les autresanimaux,
dans le même sens, etqu’ils
sont souvent du même ordre. Deuxpoints cependant
semblentparticulièrement notables ;
1° laperte plus importante
decellules
dans le corpséviscéré
desjeunes mâles
que dans celui desvieilles femelles ;
2
° la chute de
l’ARN toujours plus
élevée chez lesjeunes mâles.
Le
premier point peut s’expliquer de
la manière suivante : lesjeunes
ratscontiennent
moins delipides
de réserve queles
ratesadultes.
Dèslors,
onpeut
penser queles tissus adipeux
et la peau, moinschargés
deréserves,
s’avèrentplus
vulné-rables à la carence
énergétique, vulnérabilité qui
se traduit par la mort d’unplus grand
nombre de cellules.Quant
à lagrande
diminution relative à l’ARN chez lesjeunes mâles,
ellecorrespond
au faitqu’à l’origine,
les cellules de ces derniers contiennentplus
d’ARN que celle desfemelles,
etqu’à
la fin de lapériode
de restric-tion,
les teneurs sont très voisines dans les deux cas. Les variationsrespectives
desteneurs en ARN sont certainement en
grande partie
liées aux variations concomi- tantes del’apport énergétique
des rations(D URAND et
al.z96 7 -z 9 68-x96 9 ).
2
. Croissance
compensatrice
en réalimentation ad libitum(tabl.
6 et7 ).
En réalimentation
adlibitum,
lesjeunes
mâlesamaigris
retrouvent leurpoids initial
enjours,
cequi représente
ungain
depoids quotidien
moyen dezg,6
g.Il
faut 9
jours
auxfemelles
pour atteindre le mêmerésultat,
avec ungain
depoids quoti-
dien moyen de m,z g. Chez les
jeunes mâles, l’appétit
estplus
élevé etl’indice
deconsommation
plus
favorable(tabl. 6).
Les chiffres
portés
dans le tableau 7montrent les effetscomparés
de la réalimen- tation au niveau des troiscompartiments
-foie,
muscles des membrespostérieurs
et corps éviscéré - pour les animaux de l’un et l’autre
type.
Nous retiendrons enparticulier
que : 1° Dans les deux cas, le
poids
dufoie,
de même que sa teneur enprotéines
sontnotablement augmentés,
cequi
est sans doute lié au fait que lesanimaux ingèrent
chaque jour
une très fortequantité
denourriture.
2
0 Dans le foie et dans les
muscles les
teneurs enADN
sontéquivalentes, tandis
que
les
teneurs en ARN sontlégèrement supérieures
à cequ’elles étaient
àl’origine.
Cependant,
le corpséviscéré
desjeunes
mâles nepeut
reconstituer en 5jours
de récu-pération
lesquantités
d’ARN et surtout d’ADNperdues
au cours de lapériode d’amaigrissement,
contrairement à ce que l’on constate chez les femellesâgées.
3
0 L’accumulation
detissus adipeux
estplus
intense chez lesjeunes mâles
que chez lesvieilles femelles,
cequi
est àrapprocher
de la différenced’appétit signalée
ci-dessus. ’
Reçu pour
publication
en avril 1969.SUMMARY
CHANGES IN NUMBER AND SIZE OF CELLS IN TISSUES OF ADULT RATS MADE LEAN BY DEFICIENCY OF ENERGY. COMPENSATORY GROWTH
Four groups of 8 adult female rats a year old were maintained at a weight of 350g on a semi-
synthetic diet with 13 per cent total crude protein (control diet). One group was killed at this
weight (control
group) ;
for the three other groups the supply of energy (lipids and carbohydrates)was reduced so that the weight of the animals declined 28 per cent in 5o days. At the end of this
period the second group was killed, and the other two groups were again given the control diet,
one to appetite and the other in restricted amount. These two groups were killed when they had regained their original weight of 350 g, after 9days for the first and 50days for the second.
Bodies were dissected and separated into six compartments, in which were estimated : the content of deoxyribonucleic acid (DNA), proportional to the number of cells - the ratio of fresh
weight to DNA, proportional to the size of the cells - and the ratios of proteins and of ribonucleic acid (RNA) to DNA, indicative of cellular activity.
Results showed that restriction of energy caused only a small total loss of DNA (― 13 per
cent), of proteins (― 12per cent) and of RNA (― 17 per cent). Examination of each of the six compartments studied showed that the most sensitive were adipose tissus and skin to which could be attributed 54 and 18 per cent of the total loss of liveweight, 25 and 31 per cent of the total decrease in number of cells and 12 and 4o per cent of the total loss of proteins. Liver and visceya + blood also, at different levels , were quite strongly affected by the deficiency of energy. On the other hand muscle and bone showed themselves to be very resistent.
Controlled refeeding practically re-established the six compartments to their original state.
Refeeding to appetite caused hypertrophy, doubtless transitory, of liver and viscera + blood.
at the expense of adipose tissue.
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