HAL Id: jpa-00236739
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Submitted on 1 Jan 1962
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Quelques remarques sur les systèmes thermodynamiques de Boltzmann et les invariants adiabatiques
Francis Fer
To cite this version:
Francis Fer. Quelques remarques sur les systèmes thermodynamiques de Boltzmann et les invariants adiabatiques. J. Phys. Radium, 1962, 23 (12), pp.973-978. �10.1051/jphysrad:019620023012097300�.
�jpa-00236739�
973.
QUELQUES REMARQUES SUR LES SYSTÈMES THERMODYNAMIQUES DE BOLTZMANN ET LES
INVARIANTS
ADIABATIQUESPar FRANCIS
FER,
Laboratoire Joliot-Curie de Physique Nucléaire, Orsay.
(Institut Henri Poincaré, Paris).
Résumé. 2014 Il existe deux sortes de démonstrations de l’invariance adiabatique, l’une relevant de la Mécanique rationnelle, l’autre de la Thermodynamique et passant par la formule de Boltz-
mann. L’identité, pourtant nécessaire, des deux méthodes, n’apparaît pas toujours très clairement,
et la présente note a pour objet de préciser les hypothèses physiques qui sont à la base de l’une et
de l’autre et d’en faire ainsi ressortir le lien.
Abstract. 2014 There exist two sorts of proofs of the adiabatic invariance, the first deriving from
the basis of mechanics, the second from thermodynamical theory and using Boltzmann’s formula.
The identity, obviously necessary, of the two methods, is not always perfectly clear, and this paper aims at stating precisely the physical hypotheses which are at the basis of both them, and how they are related one to another.
PHYSIQUE 23, 1962,
Les récents travaux de M. L. de
Broglie [1]
surl’unification du
principe
de maximum de l’entro-pie
et duprincipe
de minimum del’intégrale
d’ac-tion ont ramené l’attention sur la théorie méca-
nique
de lathermodynamique.
J’ai été ainsi con-duit,
au cours de l’année1961-1962,
à réfléchir surla formule de Boltzmann et la théorie des inva- riants
adiabatiques,
et à tenter une mise aupoint que je livre,
sur lasuggestion
de M. L. deBroglie,
à la
publication.
Cette tentative
peut surprendre
àpremière
vue.Il est en effet admis
généralement
que cette théorie estparfaitement assise,
et elle l’est eneffet,
si l’onn’en considère que le seul formalisme. Il n’en subsiste pas
moins,
à une lectureattentive, plu-
sieurs
points obscurs,
quej’examinerai
en détailplus bas,
mais quej’énumère
brièvement ici :quelles
sont leshypothèses
exactes faites sur lesforces de
liaison,
et comment se combinent-ellesavec
l’hypothèse
de réversibilité pour fixer les pro-priétés particulières
des transformations réver- sibles ?Pourquoi
les démonstrationspurement mécaniques
de l’invarianceadiabatiques
font-ellesappel
à unehypothèse
d’incohérence dephase
entre les forces de liaison et les mouvements in-
ternes, alors que la démonstration
thermodyna- mique
se passe de cettehypothèse ?
De manièregénérale
àquel
momentintervient,
dans les dé- monstrationsmécaniques, l’hypothèse
d’adiaba-tisme
(au
sens propre de ce terme :échange
dechaleur
nul) qui s’y
trouveimplicitement,
etfigure explicitement
dans la démonstrationthermodyna- mique ? Comment,
dans cettedernière,
sont modi-fiées les
équations
de lamécanique analytique
pour faireapparaitre
leséchanges
dechaleur, qui
ensont absents en
général ?
Ce
travail, qui reprend
dans sesgrandes lignes
l’exposé
de Boltzmann[2]
sur lathermodynamique mécanique
et la démonstration de M. L. Bril- louin[3],
consiste en la clarification deshypothèses physiques qui permet
derépondre
à cesquestions.
1.
Mécanique analytique
dans le cas de forcesquelconques.
- Il estnécessaire,
enpréliminaires,
de
rappeler
ou d’établirquelques
formules de méca-nique analytique
dans le cas, assez peuenvisagé généralement,
où les forcesappliquées
ausystème
se
séparent
en deux groupesjouant
des rôles diffé-rents,
et dont l’un nedépend
pasobligatoirement
d’un
potentiel.
On considère un
système
à liaisonsparfaites, bilatérales,
holonomeset,
pour éviter unegénéralité inutile, indépendantes
du temps ; en coordonnées deLagrange qi (i
== 1 àN) l’énergie cinétique
Test une forme
quadratique des qi
=dqi/dt
dontles coefficients ne
dépendent
que desqk.
Les forcesappliquées
sontsupposées
serépartir
en deuxgroupes : l’un
dépend
d’unpotentiel V(qi)
quenous supposons aussi
indépendant
dutemps ;
l’autre
peut dépendre, dépendre partiellement,
oune pas
dépendre
dutout,
d’unpotentiel ;
laissantde côté momentanément son
origine physique,
nousnous contentons de
désigner par Fi ’8qi (notation
des indices
muets)
son travail virtuel. Fipeut dépendre
dutemps.
Nous ne faisons pour l’instant aucune
hypothèse
sur une
séparation
des coordonnéesparallèle
àcelle des forcez : une même
coordonnée qi
peut subir simultanément les deux forces- d V/dq2
et Fi. Les
équations
deLagrange
s’écrivent comme on saitArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019620023012097300
974
Nous introduisons la fonction de
Lagrange L(q4, qi)
par la relation habituelleL n’est donc
définie,
outrel’énergie cinétique totale,
que par lesforces
dupremier
groupe seule- ment, et ceci même dans le cas où les forces du se-cond groupe
dépendraient
d’unpotentiel.
Le carac-tère manifestement arbitraire de cette définition
réside,
comme nous le verronsplus loin,
dans lanécessité
physique
depouvoir
définir uneénergie
interne. Les
équations (1) peuvent
s’écrireIntroduisons encore comme d’habitude les mo-
ments pi
et la fonction de Hamilton HT ne
dépendant
pasexplicitement
dutemps
on aet nous donnerons encore à la somme T + V le
nom
d’énergie
dusystème
que nousdésignerons
aussi par la lettre E pour nous conformer aux nota- tions usuelles.
De même que
L,
H ou E sont définies àpartir
des forces du
premier
groupe seulement.La différenciation bien connue de H et l’utilisa- tion des
équations (2)
conduisent auxéquations
de Hamilton modifiées
et une
conséquence
immédiate de ceséquations, puisque
.FI nedépend
pasexplicitement
dutemps,
est
Passons maintenant à
l’intégrale
d’action. Cesera
intégrale prise
sur unetrajectoire
réelle du sys- tème. Si r et r’ sont deuxtrajectoires
réelles infi- niment voisines(r
va deqi1,
tl àqi2, t2,
r’ va deqi1
+dqi1, t1 + 8t1 à qi2§
+qi2, t2
+âi2,
la varia-tion de
l’intégrale
d’action entre r et r’ est donnéepar
Inéquation, qui généralise
la formule habituelleaq2
étant lesvariations,
au cours du mouvement, descoordonnées qi
à t constant(d désigne
unevariation
prise
de manièrequelconque).
Soustrayons
des deuxmembres
de(4)
la varia-tion 0 (ta 2T t1 dt ; on va obtenir au premier
membre
et comme E = H nous arrivons à
8E étant la variation
d’énergie
à t constant.Cette
équation généralise
la variation connue del’intégrale
deMaupertuis ;
mais il faut noter que, contrairement àl’habitude,
lesystème
n’est pas conservatif en vertu del’équation (3),
et niE,
nidE,
ne sont des constantes sur latrajectoire
nonvariée r.
Nous allons maintenant fournir à cette formule
analytique
un substratumphysique
en définissant lessystèmes thermodynamiques
de Boltzmann.2. Définition d’un
système
de Boltzmann. -- C’est un.système
danslequel
ondistingue
deuxsortes de
coordonnées,
trois sortes deforces,
et deuxmodes d’évolution
dynamique possibles.
A. COORDONNÉES. - Elles se divisent en deux classes :
-- coordonnées à mouvement
rapide,
que nousdésignerons
par lessymboles qi(L
= 1 àn) ;
leursmouvements
peuvent
être vibratoires ou aléa-toires ;
- coordonnées à mouvement
lent,
que nousdésignerons
par lessymboles xP (p
= n + 1 àN).
Ces coordonnées sont
astreintes,
soit à rester cons-tantes au cours du mouvement des
qi,
soit à varier mais de manière très lente encomparaison
desq2.
Ce sont les coordonnées de liaison ou coordonnées cachées.
Il n’est pas besoin d’insister sur les illustrations de cette classification.
Remarquons
seulementqu’en énergétique
lescoordonnées qi n’apparaissent
pas, toutes rassemblées dans la
grandeur tempéra-
ture, et on raisonne seulement sur les coordonnées de liaison. C’estl’inverse,
ou presque, enthermody- namique mécanique,
où lescoordonnées Z"
sontsouvent
masquées
par leur constance. , Il est sansimportance,
pourl’instant,
de savoirsi les
coordonnées qi
d’unepart, xP
del’autre,
serapportent
à despoints
matérielsd’espèces
diffé-rentes : on
peut
très bienenvisager qu’une
mêmemolécule
possède
des coordonnées des deux sortes.Boltzmann,
àqui
est dû l’essentiel de la classifi- cationrappelée ici,
a effectivement traité le pro- blème en coordonnéesgénéralisées,
mais il aéga-
lement défini des
systèmes plus particuliers
danslesquels
lespoints
matérielsreprésentés
par lescoordonnées qi
forment unsystème
matériel dis- tinct de celuiqui
estreprésenté
par lesxp ;
et cettedistinction,
survenant un peutrop
tôt dans sonexposition, peut
laisser croire que certains résul-tats
exigent
cetteparticularisation,
alorsqu’il
n’enest rien.
B. FORCES. - Elles se divisent en 3
catégories.
a)
Forcesimposées.
- Ce sont les forces dont l’existence et lagrandeur
sontindépendantes
de lavolonté de
l’expérimentateur (par exemple
pourun gaz, les interactions mutuelles des molécules et les forces de
pesanteur).
.Elles
peuvent
s’exercer aussi bien sur les coor-données qi
que sur lescoordonnées xP (en
faisantentrer,
parexemple,
dans lesystème physique
traitéle
cylindre
et lepiston qui
enferment ungaz).
Onpeut
encore les subdiviser en forces intérieures ausystème
et forces extérieures àdistance ;
cettedistinction est sans
importance.
La seule
hypothèse
restrictive que nous feronssur cet ensemble de forces est
qu’il dépend
d’unpotentiel V(q, x).
Nous avons ainsi constitué lepremier
groupe de forces duparagraphe
1.b)
Forces d’asservissement. -Ce
sont des forcesqui dépendent
del’expérimentateur,
et dont il sesert pour faire varier à son
gré
les liaisons. Ellesne s’attachent par définition
qu’aux
seules coor-données
xP.
Nous ne supposons rien sur leurdépen-
dance d’un
potentiel,
et on sait que,macroscopi- quement
tout aumoins,
elles sont laplupart
dutemps
à rotationnel non nul. Nousdésignerons
parA p8xp leur
travail virtuel : c’est unepartie
du secondgroupe de forces du
paragraphe
1. Ce sont desforces externes, du
type
réaction.c)
Forces « de chaleur ». - Ce sont des forcesqui dépendent également
del’expérimentateur
mais
qui,
par définition et contrairement auxprécé- dentes, n’agissent
que sur les coordonnéesqi.
Leurnom dit assez le
phénomène auquel
elles sont liées.Elles
forment,
avec les forcesd’asservissement,
le second groupe de forces du
paragraphe 1,
et nouspourrions
leur affecter dessymboles qui
rentre-raient dans la
catégorie
Fi etfigureraient
dans leséquations
de lamécanique analytique
de ce mêmeparagraphe.
Cette notation est toutefoisinutile,
car le but de la théorie est de trouver le maxi-
mum de résultats
indépendants
de la structureindividuelle de ces
forces,
et découlant seulement du transfertglobal d’énergie qu’elles
causent.Nous pouvons maintenant définir
l’énergie
in-terne et la
quantité
de chaleur. Par définitionl’énergie
interne E d’unsystème
de Boltzmann est la sommede son
énergie cinétique
totale T et dupotentiel
Vdes
forces imposées.
Laquantité
de chaleurdQ
absorbée par le
système
dans une transformation réelle est définie parl’égalité
dE
= AP
dXp + dQ (6)où les
AP
sont les forces d’asservissement. Il res-sort de cette définition et de
l’équation (3)
quedQ
serait
mécaniquement
le travail des forces de cha- leur que nous n’avons pas individuellement dénom- mées.Avant de passer aux définitions
suivantes,
nousdevons faire sur les forces d’asservissement une
remarque très
importante
pour lacompréhension
future de la notion de réversibilité. Les coordon-
nées qi
étantrapidement
variables il est clairqu’en général
lepotentiel V,
et parconséquent
lesforces
- Õ V Ivqi qui
endérivent,
sont elles-mêmesrapidement
variables. Onpourrait
penser, par unesymétrie
viteadoptée,
que, lescoordonnées
étant lentement
variables,
les forcesA p qui s’y
attachent sont elles-mêmes lentement variables.
Il n’en est rien et en
règle générale
lesforces
d’asser-vissement
Ap
varient aussirapidement
que les coor- donnéesmicroscopiques.
La chose est immédiate-ment visible sur
l’exemple
dupendule,
danslequel
la force d’asservissement est la réaction du
point
fixe sur le
pendule,
dont il est clairqu’elle
varieavec la
fréquence
de ce dernier. Dans le casgéné- ral,
on verraqu’il
en est encore de même aupara- graphe
Cci-dessous, après
avoir établil’équa-
tion
(7).
Il se
peut
sans doute que, dans certains cas, l’observateurn’enregistre
que des forces d’asser- vissement lentement variables(pression
dupiston
sur un gaz par
exemple) ;
mais c’est alors parcequ’il
se borne à observer un effet de moyenne sur les forcesagissant
sur ungrand
nombre de coor-données
xp,
ou encore de moyennetemporelle.
C. LOIS D’ÉVOLUTION DYNAMIQUE. - C’est ici la distinction essentielle sur
laquelle
repose toute la théorie. Nous supposerons que lesystème
de Boltz-mann
peut
avoir deux sortes de mouvements réels.a)
les mouvementsmécaniques
purs, encoreappelés adiabatiques (==
sanséchange
dechaleur).
Par définition ce sont les mouvements
qui
sontrégis
par les forcesimposées
et les forces d’asser-vissement,
à l’exclusion des forces de chaleur sup-posées
nulles. Ces mouvements obéissent donc auxéquations
de lamécanique analytique (2),
quenous n’avons
qu’à
transcrire ici en lesparticulari-
sant
976
L étant défini comme il a été dit au
paragraphe
1 :L = T ---
V(q, x). D’après l’équation (3)
du para-graphe
1 on adonc,
dans le mouvement réelce
qui, d’après
la définition(6),
entraîne la nullitéde
l’échange
de chaleur.Un mouvement de cette sorte
correspond
enénergétique
à deux sortes dephénomènes :
:-- ou bien à un état, caractérisé par la constance des coordonnées de liaison
xp,
et danslequel
onfait abstraction du mouvement
des qi ;
- ou bien à une
transformation adiabatique,
où les
xp
évoluentégalement,
mais de manière àrespecter
la condition(8)
ou encoredQ
= 0.On
peut
remarquer enpassant qu’au
lieu de con-sidérer,
dans leséquations (7), qi
etxp
comme desinconnues pour des
A P donnés,
onpeut prendre les qi
et lesAP
comme inconnues en se donnant les fonctionsxP(t) :
lapremière ligne
de(7)
fournitalors le mouvement des
q4,
et la deuxièmeligne
lesvaleurs des
AP ;
onpeut
de la sorte calculer les forces d’asservissementqu’il
faut exercer pour obtenir une évolution voulue des coordonnées de liaison.b)
Les mouvementsthermodynamiques,
non adia-batiques.
- Ce sont les mouvements danslesquels
entrent en
jeu
simultanément les trois sortes de force définiesci-dessus,
c’est-à-dire aussi les forces de chaleur.Pour ces mouvements les
équations (7)
ne sontplus
valables. Pourqu’elles
le soient à nouveau, il faudrait fairefigurer
au second membre de leurpremière ligne
les forces de chaleur. On s’abstient d’écrire cette nouvellereprésentation,
pour la raison donnée à l’alinéaB,
c ci-dessus. Mais il n’est pas besoin de cette écriture pour constater que, dans une transformation nonadiabatique,
les
équations
de lamécanique analytique
sontdifférentes du cas
précédent,
où nefiguraient
que les forces usuelles de lamécanique
rationnelle.L’équation (8)
n’est pasdavantage valable ;
elleest
remplacée
par la définition(6),
oùdQ
résumeglobalement
unepartie
du second membre del’égalité (3).
Revenons maintenant un instant sur la varia- bilité des forces
AP.
La secondeligne
deséqua-
tions
(7)
montre clairement que la vitesse de varia- tion des coordonnéesmicroscopiques qi
se re-trouve dans
AP,
par l’intermédiaire de L et de sesdérivées,
comme nous l’avions avancé ci-dessus.Enfin nous pouvons
répondre
à une des ques- tionsposées
dans l’introduction : l’intervention deIl’hypothèse
d’adiabatisme dans les démonstra- tionspurement mécaniques
de l’invariance adia-batique. Raisonnons,
pourplus
declarté,
sur lecas
particulier
dupendule
pourlequel
on pourra sereporter,
parexemple,
à la démonstration donnéepar Sommerfeld
[4].
Cette démonstration com- mence par calculer le travail de la réaction dupoint
fixe dansl’allongement
du fil desuspension (en supposant
cetallongement
infinimentlent,
mais la lenteur n’est pas en cause pour
l’instant) ; puis,
pour obtenir la relation cherchée(Tw
=Cte),
il suffit d’écrire que le travail de la réaction est
égal
à la variation
d’énergie
de la masse oscillante.Mais,
par cette
égalité
-qui
n’est autre quel’égalité (8)
ci-dessus - on suppose
implicitement
que leglis-
sement du fil
qui permet l’allongement
s’est faitsans
dégagement
de chaleur.Ce fait est
général ;
dans toutes les démonstra- tionspurement mécaniques
d’invariance adiaba-tique
d’unphénomène,
il y a un moment où onécrit une
égalité
entre travaux eténergie qui
nedécoule pas des
hypothèses
faites sur lemodèle,
mais
qui
supposequ’on dispose
en outre d’un ren-seignement d’origine physique
sur la nullité del’échange
de chaleur(on
fait aussiparfois l’hypo-
thèse que, dans la variation des coordonnées
xp,
leséquations (7)
continuent d’êtrevalables,
cequi,
d’a-près
ce que nous venons devoir,
revient aumême).
3. Transformations réversibles. - On
appelle
transformation réversible d’un
système
de Boltz-mann un mouvement réel du
système
danslequel
on
s’arrange
pourappliquer
des forces d’asservis- sement telles que :- les
vitesses dZP/dt
sont infinimentpetites ;
- elles sont constantes ou,
mieux,
les accéléra- tions d2xt /dt2
sont infinimentpetites ;
- les
qi
évoluent sans autres conditions que celles que leurimposent
les lois dusystème.
Ces conditions sont
parfaitement
claires dupoint
de vue
mathématique, l’expression
« infinimentpetite » signifiant
aussipetite qu’il
est nécessairepour que ce
qu’on
va dire soitvalable ;
mais lasignification physique
de cettepetitesse
est moinsévidente,
et nous ne pourrons la saisirqu’après
ladémonstration
qui
va suivre.Dans une transformation
réversible, l’expression
de la
quantité
de chaleurprend
uneexpression
par- ticulière.Soit une telle transformation
partant
d’unpoint qi1, t1
pour aboutir à unpoint q2,
t2. La variationd’énergie
interne estAE,
la chaleurabsorbée Q
et,d’après
la définition(6)
on aOr les
xP
sont des constantes et parconséquent
AP étant la moyenne
temporelle
de AP. On a enoutre
( (t2
--tl) £P = Axp
et parconséquent
977 Cette
équation appelle plusieurs
remarques.En
premier
lieu elleparait triviale,
et le seraiten effet si
Ap
était une moyenne obtenue par inté-gration
sur lescoordonnées xP ; l’équation (10)
serait alors valable même
pour
un mouvement irré-versible,
mais la moyenneAp dépendrait
essentiel-lement du
chemin
parcouru par lesxp.
La moyennetemporelle lévite
cetteindétermination,
mais auprix
de la condition deréversibilité,
c’est-à-direen
imposant aux xP un
cheminparticulier,
linéaireet infiniment
lent ; Ap
doit être considérée comme une limite atteinte pour « une suite continue d’étatsd’équilibre
». On verraplus
bas que c’est la formeparticulière
ainsi choisie de la moyennequi permet
de démontrer la formule de Boltzmann.
L’utilisation de cette moyenne pour calculer la chaleur absorbée montre
également
comments’efface,
dans un examenmacroscopique,
la varia-bilité
rapide
des forces d’asservissement : l’obser- vateur n’enpervoit plus qu’un
effet lentementvariable,
à condition que la transformation soit réversible.Voyons
maintenant ce quesignifie physiquement
la constance des vitesses
xP.
Pour que l’onpuisse
écrire la
première égalité (9),
il suffitque xp
variefaiblement
pendant
queAp
variebeaucoup ;
si l’onraisonne,
pour fixer lesidées,
sur un mouvementvibratoire des
qz,
celasignifie
que la fluctuation dexP
doit avoir unefréquence beaucoup plus
faibleque les
fréquences
de vibrationdes qi :
on retrouvel’hypothèse physique
de l’incohérence dephase
desdémonstrations
purement mécaniques.
En d’autres termes onpeut
dire que l’infiniepetitesse
desd2 xP /dt2
que l’on asupposée
au début de ce para-graphe
n’a pas besoin d’êtremathématiquement
réalisée : il suffit que
ÏPIx/P
soitpetit
devant lesfréquences
des vibrations desqi.
Faisons enfin une remarque de
terminologie.
Ona souvent
l’habitude,
en dehors del’énergétique
oùle terme
adiabatique signifie
seulement « sanséchange
dechaleur », d’appeler adiabatique
unetransformation
qui
est à la foisadiabatique (au
senspropre)
et réversible.Or,
dans les démonstrationspurement mécaniques
de l’invariance « adiaba-tique
», c’est en réalité la réversibilitéqui importe ; comme je
l’ai fait remarquerplus haut, l’hypothèse
de la chaleur nulle est
acquise
aupoint
que l’on n’enparle
même pas, et toute la démonstration roule sur.la lenteur de la variation des coordonnées de liai-
son. Tant
qu’on
reste dans le domaine de la méca-nique
pure, la bonneterminologie
serait donc « in-variants de
réversibilité » ;
;mais,
pour embrasser le casgénéral thermodynamique,
il seraitpréfé-
rable d’utiliser
exclusivement,
comme on lefait d’ailleurs assez
souvent, l’expression
« inva-riants d’Ehrenfest » à
qui
onpourrait
donnerla
signification
d’invariants « adiabatico-réver- sibles ».4. Variation de l’action
maupertuisienne
dansune transformation virtuelle entre états
thermody- namiques.
--- Considérons deuxtrajectoires
réellesvoisines d’un
système
deBoltzmann,
définiescomme suit :
- l’une r va du
point q i.,
aupoint q2, t2
engardant
des coordonnées de liaisonxP
constantes ; - l’autreP’,
va dupoint qi
+8qi, tl
+8t1
au
point q2 - 8q, t2
+St2
avecégalement
desxP
+8XP
constantes ;- les deux mouvements sont
mécaniques
purs(adiabatiques).
Au sens
thermodynamique
duterme,
ces deuxmouvements
représentent
donc des états(ni
mou-vement des
xP,
niéchange
dechaleur).
On
peut
passer dupremier
mouvement au secondpar une transformation virtuelle continue
8qi, 8t, 8XP
avec8XP
= Cte.D’après l’équation (8),
E estune constante pour
chaque
mouvement, et 8E uneconstante.
Appliquons
alorsl’équation générale (5),
en la
particularisant
pour faireapparaître
les deuxsortes de
coordonnées qi
etxp.
On obtient7tp étant les moments
>T/zgP.
Comme les8xP
et 8E sont des
constantes,
cetteéquation peut
aussi s’écrire
et on voit
apparaitre
la moyennetemporelle
de AP.5. Formule de Boltzmann et invariants d’Eh- renfest. - Le dernier terme de
l’équation (11) acquiert
unesignification physique
dans le cas oùles deux mouvements
réels, qui jusqu’à présent
étaient variés l’un de l’autre par une transforma- tion
virtuelle, .peuvent
être reliés par une transfor- mation réelle réversible. Lafigure représente
cequi
se passe. De
l’instant tl
à l’instant tA le mobile(de
l’extension enphase)
suit latrajectoire h ;
de tAFIG. 1.
978
à tB, et sous
l’impulsion
de forcessupplémentaires,
il suit la
trajectoire
réelle de transit y ; enfin à par- tirde tB,
les forcessupplémentaires
ontdisparu
etla
trajectoire
suivie est r’.Les variations
qui figurent
aux deux membres de(11)
ne sont pascalculées,
engénéral,
sur lestrajectoires
réellementsuivies,
mais entretrajec-
toire réelle et
trajectoire prolongée :
h enavant,
r’en arrière. Dans le cas
particulier
où r et r’ sontdes
trajectoires fermées,
les variationspeuvent
seprendre
entre despoints
de passage réels sur lestraj ectoires.
La transformation y étant réversible et
Ap
unemoyenne
temporelle, l’équation (10)
montre que(8E
-Ap 3x.P)
est la chaleur absorbée par le sys- tème dans la transformation réelle y. D’où la for- mule de BoltzmannComme cas
particulier
degrande importance, plaçons-nous
dans le cas oùl’énergie cinétique
totale est de la forme
Tq
etT x
étant deux formesquadratiques,
lestermes
rectangles
enqx
étant absents. C’est cequi
arrivera en
particulier lorsque
lescoordonnées q
et x sont attachées à deux
systèmes
depoints
matériels différents.
Dans les mouvements r et r’ à liaisons cons-
tantes
T,
estnul,
de même que 7!p =oT loxP, puisque
lesxp
sont nuls.(12)
devient alorsl’énergie cinétique
et la somme pi8qi
ne se rappor-tant
qu’aux
coordonnéesmicroscopiques.
Définissons maintenant un invariant d’Ehren- fest
(« adiabatique »)
comme unequantité
définiesur une certaine classe de mouvements
mécaniques purs à
liaisons constantes(états thermodyna- miques),
etqui
demeure constantequand
on passed’un mouvement à un autre de la classe par une transformation réversible et
adiabatique.
Il est alors
immédiat,
àpartir
del’équation (13),
de démontrer l’existence d’un invariant adiaba-
tique
pour les mouvementspériodiques :
il suffitcomme on sait de faire
8Q
=0,
et de considérerl’intégrale 1
T dtprise
sur lapériode.
Manuscrit reçu le 13 juillet 1962.
BIBLIOGRAPHIE [1] DE BROGLIE (L.), C. R. Acad. Sc., 1961, 253, 1078 et
cours professé pendant l’année 1961-1962.
[2] BOLTZMANN, Vorlesungen über Mechanik, 2.
[3] BRILLOUIN (L.), Les tenseurs en mécanique et en élas- ticité, chap. VIII.
[4] SOMMERFELD, La constitution de l’atome et les raies
spectrales, chap. V.