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Les propriétés acoustiques des verres isolants à basse température
P. Doussineau
To cite this version:
P. Doussineau. Les propriétés acoustiques des verres isolants à basse température. Re- vue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1977, 12 (5), pp.809-816.
�10.1051/rphysap:01977001205080900�. �jpa-00244246�
LES PROPRIÉTÉS ACOUSTIQUES DES VERRES ISOLANTS
A BASSE TEMPÉRATURE
P. DOUSSINEAU
Laboratoire d’Ultrasons
(*),
Université Pierre etMarie-Curie,
Tour
13, 4, place Jussieu,
75230 Paris Cedex05,
FranceRésumé. 2014 Les verres isolants
présentent
à bassetempérature
despropriétés
différentes de celles des cristaux. La variation linéaire entempérature
de la chaleurspécifique,
la loi en T2 de la conducti- vitéthermique,
ont conduit àpostuler
l’existence d’excitationssupplémentaires
sous la forme desystèmes
à deux niveauxd’énergie
ayant une densité d’état presque constante. Dans le cadre de cemodèle sont aussi
expliqués
les deuxrégimes
d’atténuation ultrasonore : résonnante variant comme T-1 et de relaxation en T3. Lepremier régime
est sensible à lasaturation,
cequi
est une autre carac-téristique
de cessystèmes.
Le même modèleexplique
la variation en Log T de la vitesse dephase.
Une fois ces lois
expliquées
et les coefficients decouplage mesurés,
l’utilisation des ondes acous-tiques
permet l’étude de certainespropriétés
des verres. On peut citer l’interaction entresystèmes
àdeux
niveaux,
la formation d’échos ultrasonores despins
fictifs. Enfin lespropriétés diélectriques
anormales à basse
température
peuvent être étudiées dans desexpériences
mixtes où interviennentune onde
électromagnétique
et une ondeacoustique.
Abstract. 2014 The low temperature
properties
ofamorphous
insulators arequite
different fromthose of
crystals.
Inamorphous compounds
the linear temperature variation of thespecific
heatand the T2 law of the thermal
conductivity
led to thepostulation
of additional excitations in the form of two-level systems with anearly
constantdensity
of states.Using
this model the behaviorof ultrasonic attenuation can be
explained
in the tworegimes
of resonant attenuation(varying
asT-1)
and relaxation attenuation(varying
asT3).
The firstregime
is sensitive to saturation which is another feature of these systems. The same modelexplains
theLog
T variation of thephase
velo-city. Having explained
theseexperimental laws
and measured thecoupling coefficients,
furtherproperties of glasses
can be studiedby
the use of acoustic waves, twoexamples being
the interaction between two-level systems and the formation of ultrasonicpseudo-spin
echoes.Finally
the anoma-lous dielectric
properties
at low temperatures can be studiedby
means ofcross-experiments
whereone
electromagnetic
wave and one acoustic wave are usedsimultaneously.
1. Introduction. - L’étude des verres au moyen des rayons X montre que les distances
interatomiques
sont les mêmes que pour le matériau sous forme cris-
talline, quand
elle existe. Parexemple,
pour la silice ladistance Si-0 vaut
1,60 A
comme dans lequartz.
Maisà
grande distance,
les corrélations deposition dispa-
raissent : un verre est un milieu désordonné. Considéré à
grande échelle,
cedésordre,
par effet de moyenne, donne au milieu unegrande symétrie macroscopique :
le verre est
isotrope.
Pour lespropriétés optiques
ouélastiques,
les verres sont des milieuxisotropes
commeles
liquides.
Donc,
aupremier abord,
un verreapparaît
commeun
liquide
immobilisé par sa viscosité avant d’avoir atteint sonéquilibre thermodynamique.
Et cet étathors
d’équilibre peut persister
indéfiniment. Dans cesconditions,
il est facile de calculer la chaleurspéci- fique
à très bassetempérature (T
1 ou 2K)
car ellen’est déterminée que par l’excitation
thermique
desquanta d’énergie élastique (phonons)
de basses fré- (*) Associé au Centre National de la RechercheScientifique.
quences donc de
grandes longueurs
d’onde pour les-quels
le milieuapparaît
continu. C’est la théorie deDebye ;
elle donne C = cDT3.
Sans aucun doute
possible, l’expérience
infirme cetteprécision.
La chaleurspécifique,
mesurée sur ungrand
nombre de verres isolants à basse
température,
estbeaucoup plus grande
queprévue
et est de la forme[1, 2] :
Tout se passe comme s’il existait des
excitations,
desdegrés
de libertéssupplémentaires
dontl’énergie
estde l’ordre de
grandeur 10-6
à10-3
eV. En outre, le coefficient cl(dont
nous verronsplus
loinqu’il
est liéà la densité d’états de ces
excitations)
est à peuprès
lemême pour tous les matériaux
amorphes.
Quelles
sont ces excitations ?Quelle
est leur natureet leur densité
spectrale ?
L’excès de chaleurspécifique,
la limitation du libre parcours moyen des
phonons
que met en évidence la faible conductibilité
thermique, peuvent-ils
être attribués aux mêmes excitations ? C’est pour tenter derépondre
à cesquestions
queArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01977001205080900
810
depuis cinq
ansenviron,
lesexpériences
sur les verres sesont
multipliées.
Si la nature de ces excitations n’est pas encore établie defaçon définitive,
il fut vitecompris qu’elles
diffusaient fortement les ondesélastiques.
C’est dire que les méthodes
acoustiques pouvaient jouer
un rôleimportant
dans l’étude de ces matériaux.Dire
quel
fut cerôle, quelles
furent lesinformations
recueillies etquelles
sont lesperspectives
encoreoffertes,
tel estl’objet
duprésent exposé.
Après
uneprésentation
du modèle utilisé pour dé- crire les excitations de bassesénergies,
les résultats demesures de chaleur
spécifique
et de conductivité ther-mique
sontrappelés.
Ensuite les informations fournies par les étudesacoustiques (mesures
d’atténuation et de variation de vitesseultrasonore)
sontprésentées
endétail. Enfin un aperçu est donné sur l’utilisation des méthodes
acoustiques
dans les directions actuelles d’étude des verres.2. Le modèle. - 2.1 SYSTÈMES A DEUX NIVEAUX. -
Il semble maintenant admis que les
propriétés
desverres isolants à basse
température
sont bien décrites par le modèleproposé
simultanément parPhillips [3]
et Anderson et al.
[4].
Ce modèle décrit les excitationssupplémentaires
de basseénergie,
dont les mesures dechaleur
spécifique
et de conductivitéthermique
ontrévélé
l’existence,
comme dessystèmes
à deux niveauxd’énergie (S 2N)
dont la densitéspectrale n(2 E)
seraitconstante sur une
grande
gammed’énergie.
Un tel modèle
phénoménologique
suffirait pourexpliquer
laquasi-totalité
desexpériences
faites à cejour
sur les verres isolants sans que la nature de cessystèmes
ou défauts soit connue.Cependant,
pour fixer lesidées,
et aussi parce que c’est leplus vraisemblable,
on admet
généralement
que les deux niveauxd’énergie
sont les deux états propres d’une
particule (atome
oupeut-être
grouped’atomes) placée
dans un doublepuits
depotentiel
etpouvant
passer de l’une à l’autre despositions
par effet tunnel. Un tel doublepuits
estreprésenté schématiquement
sur lafigure
1.Fm. 1. - Double puits de potentiel avec asymétrie 2 A, hauteur de la barrière Vo et distance 1 entre les deux minima.
Les états propres ont pour
énergie :
d où 2 est
l’asymétrie
du doublepuits
etJo
est fonctiondes
caractéristiques
de cepuits (hauteur
de la barrière depotentiel V,
distance entre les deux minimal)
et dela masse de la
particule.
La densitéspectrale
constantesignifie
que toutes les valeursd’énergie E
sontégale-
ment
possibles
de 0jusqu’à
environ0,1
eVqui
est del’ordre de
l’énergie
de fusion(1 000 K).
Il est nécessaire de remarquer
qu’une
valeur donnéede E
peut
être obtenue pour différentes combinaisons de valeurs de A etd o,
c’est-à-dire pour différentescaractéristiques
des doublespuits
depotentiel.
A causede la structure
désordonnée,
les valeurs de A et40
varient bien entendu d’un site à l’autre et toute statis-
tique
surl’énergie
est en fait une doublestatistique
surces deux
paramètres.
2.2 SPIN FICTIF. - Il a été
proposé
de considérer les deux niveauxd’énergie
comme étant ceux d’unspin
fictif S =
1/2 placé
dans unchamp magnétique
localvariant de site en site en intensité comme en orienta- tion
[4]. L’avantage
de cettedescription
estqu’elle permet
l’utilisation du formalismedéveloppé
pour lemagnétisme.
Ainsi l’hamiltonien du
système peut
être écrit :et les deux états propres
(Sz
= ±1/2)
ont bien lesénergies
± E.2. 3 COUPLAGE ENTRE UNE DÉFORMATION
ÉLASTIQUE
ET LES SYSTÈMES A DEUX NIVEAUX. - Toute déforma- tion de l’environnement d’un défaut modifie les para- mètres du double
puits
et donc les niveauxd’énergie
du défaut. Ce mécanisme de
couplage
avec le réseauest
l’analogue
de la situation rencontrée enmagnétisme
et l’hamiltonien de
couplage peut
s’écrire :où
Bap
est unecomposante
du tenseur de déformation(afi
se réfèrent aux axesgéométriques
dumatériau).
Sx
etSz
sont lescomposantes
duspin
fictif. Les axesX, Y,
Z varient aléatoirement d’un site à l’autre.Les termes
Bap G03B103B2,x SX qui
ne commutent pas avecl’hamiltonien
statique Jeo permettent
de décrire les transitions résonnantes entre les deux états des S 2N,
c’est-à-dire le passage del’état 1
-1/2
>d’énergie -
Eà
l’état 1
+1/2
>d’énergie
+ E parabsorption
d’unquantum élastique
defréquence v,
pourvu que 2 E = hv Les autres termesBap G03B103B2,Z Sz représentent
la modifica- tion del’énergie
des états enprésence
d’une déforma- tionélastique Bap ;
ils interviennent dans l’atténuationnon résonnante
(ou
derelaxation)
de l’ondeélastique.
G03B103B2,X
etG03B103B2,Z
sont donc les constantes decouplage
entre la déformation
élastique
et les S 2 N(ou spin-
phonon).
Elles sont liées aux dérivéesoJ/OBafJ
et8Ao/8Bap.
Elleschangent
bien évidemment d’unspin
àl’autre à cause des
caractéristiques
différentes dechaque
double
puits
depotentiel.
Il s’avère donc nécessaire de faire des moyennes sur les A etJo.
Les valeurs moyen-nes
Gx
> etG2Z
> varient lentement avec E et on supposegénéralement qu’elles
sont constantes.3.
Propriétés thermodynamiques
des verres isolants.2013 3.1 CHALEUR
SPÉCIFIQUE.
- Nous nous intéressonsuniquement
aux bassestempératures,
inférieures à 10 K. La chaleurspécifique
a été mesurée par divers groupes dans la gammecomprise
entre0,1
et 10 K surde nombreux matériaux de
compositions chimiques
etde structures différentes. Ceci inclut des
verres
telsSi02, Ge02, B203, As2S3,
3Si02, Na20
etc... ainsique des
polymères PMMA, Polystyrène,
Lexan ouencore du
glycérol
ou le vernis GE 7031[1, 2].
Dans cette
région
detempérature
et pour tous lesamorphes étudiés,
lescaractéristiques
suivantes ontété relevées :
- la chaleur
spécifique
par unité de volume du matériau non cristallin esttoujours beaucoup plus grande
que pour le cristalcorrespondant quand
ilexiste ;
- elle
peut
se mettre sous la forme- le
coefficient cl
a une valeurqui
varie très peu(moins
de 50%)
d’un matériau à l’autre. Le coefficient c3 esttoujours supérieur
à la valeur cD calculée par le modèle deDebye qui
est tout à fait correct pour les cristaux à cestempératures.
Ce
comportement
anormal est bien décrit par le modèle des S2 N : ils sont les excitationssupplémen-
taires
qui augmentent
la chaleurspécifique.
L’effet estanalogue
à l’anomalie deSchottky produite
sur lachaleur
spécifique
par des vraisspins.
Mais la densitéd’état constante des S 2 N introduit une différence : au
lieu d’une anomalie à une
température
biendéfinie,
on a une contribution
étalée,
etplus
exactement, liné- aire en T. On trouve :La mesure de
CV
donne donc la densité d’étatno(2 E) supposée
constante. Les écarts à la loi en Tpeuvent
êtreexpliqués
par la non-constance den(2 E).
Il fautcependant prendre garde
que la chaleurspécifique
estsensible à toutes les
excitations,
ycompris
cellesqui
nesont pas les S 2
N,
enparticulier
lesimpuretés [6, 7].
Moyennant quelques précautions,
on a pu obtenir n0 ~ 2 x1032 erg-’ cm-3
pour tous les verres.3.2 CONDUCTIBILITÉ THERMIQUE. - La conductivité
thermique
des verres isolants a été mesurée dans la même gamme detempératures
et sur les mêmes maté-riaux que la chaleur
spécifique [1, 2].
Làaussi,
lecomportement
est différent de celui des cristaux. La conductivitéthermique
estplus
faible et suitapproxi-
mativement une loi en
T2
avant d’être constante auxalentours de 10 K
(plateau) puis
de croître à nouveau, alorsqu’aux
mêmestempératures,
la conductivitéthermique
d’un cristalparfait
est enT3.
Cespropriétés
sont aussi
quasiment indépendantes
du matériau. Lesécarts sont même
plus
faibles que pour la chaleurspécifique.
Il a été montré que, dans les
amorphes,
la chaleurétait bien
transportée
par lesphonons [8].
Le libreparcours moyen
qui
en a été déduit(l ~ 6 10-3
cmà
0,5
K dansSi02)
estplus
faible que celui observé dans les cristaux. Toutes cespropriétés
ont aussi étéexpliquées
ensupposant
que, à bassetempérature,
les S 2 N
agissaient
comme diffuseurssupplémentaires
pour les
phonons.
On retrouve alors la loi enT2
et la mesure de la valeur absolue de la conductivitéthermique
donne une valeur pour leproduit nG2X.
Ladensité d’état étant
déjà
connue par les mesures de chaleurspécifique,
on en déduit le coefficient de cou-plage Gx
entre les S 2 N et la déformation.Typique-
ment
Gx - 0,5 eV,
c’est-à-dire un très fortcouplage comparable
à celuid’impuretés
telles que OH-dans KCl[9].
A
partir
de l’ensemble des mesurespubliées
à cejour,
il semble que la conductivitéthermique
dans lesamorphes
nedépende
que très peu de l’état depureté
du matériau. Elle serait donc
plus intrinsèque
que la chaleurspécifique [6, 7, 10].
4. Les méthodes
acoustiques.
- Les mesures deconductivité
thermique
sontdéjà
des mesures detype acoustique
en ce sensqu’elles renseignent
sur le libreparcours moyen des
phonons thermiques.
Mais ce sontdes mesures
globales
car elles font intervenir simulta- nément toutes lespolarisations
d’ondesélastiques
etune
large
gamme defréquences (telles
que hcv -kT).
On voit donc l’intérêt
d’expériences plus fines, plus analytiques,
où n’interviendraientqu’une
seulepolari-
sation et une seule
fréquence.
C’est là le domaine del’acoustique.
4.1 ATTÉNUATION D’UNE ONDE
ÉLASTIQUE.
- Lesmesures
d’absorption
ultrasonore dans les verres iso- lants révèlent aussi uncomportement spécifique
différent de celui des solides cristallisés.
Ainsi,
lespremières
mesures, faites à bassetempérature,
par desexpériences
d’effet Brillouin stimulé(donc
à forteintensité
acoustique)
ont donné une valeur de libre parcours moyen biensupérieure
à celle déduite desmesures de conductivité
thermique [11].
Ce désaccorda pu être
expliqué
par la suite. Desexpériences
depropagation
ultrasonore ont en effet montré que l’atténuation mesuréedépend
de lapuissance
ultra-sonore. Grande à bas
niveau,
elle diminuelorsque
leniveau
augmente [12, 13, 14, 15].
Cette saturation de
l’absorption
ultrasonore estexpliquée
dans le cadre du modèle des S 2 Nqui
est812
d’ailleurs le seul à en rendre
compte.
C’est cette théorieque l’on examine d’abord succinctement.
Puisqu’elle
estcouplée
aux S 2N,
une onde ultra-sonore de
fréquence
wpeut
induire des transitions ré- sonnantes pour ceux dont les deux niveauxd’énergie
sont distants de 2 E = 03C9.
Lorsque
le taux de cestransitions est
trop grand
pour quel’équilibre
ther-mique
soit rétabli par la relaxation avec lesphonons thermiques,
lespopulations
des deux niveaux tendent às’égaliser.
L’atténuation ultrasonore devient alorsplus
faible : c’est la saturation.
Le libre parcours moyen
1,
et l’atténuation1R ’
dusaux effets résonnants ont été calculés
[13, 5].
Onobtient :
où p est la masse
volumique
du matériau.v la vitesse de
propagation
de l’ondeacoustique.
T la
température.
k la constante de Boltzmann.
03A6 le flux de l’onde
acoustique
incidente.03A6c
le fluxcritique
donné par :Tl
etT2
étantrespectivement
lestemps
de relaxation S 2 N-réseau et S 2 N-S 2 N.La formule donnant
lR 1
est très intéressante carelle contient des critères directs de la validité du modèle.
D’abord,
le facteur th(03C9/2 kT)
est caracté-ristique
de la variation avec latempérature
de ladifférence de
population
desystèmes
à deux niveaux(spins
ouautres). Ensuite,
àtempérature donnée,
la différence depopulation
de S 2 N à la résonance varie en fonction de l’intensité duchamp qui
induit lestransitions comme
c’est un résultat bien connu en résonance
paràmagné- tique électronique. Ici,
pour unepropagation
ultra-sonore, ce résultat est valable localement :
4l(x)
varie au cours de lapropagation
à cause de l’atté-nuation de l’onde.
Quand
on tientcompte
de cettevariation,
on trouvequi
est donc aussicaractéristique
de la saturation d’unepopulation
de S 2 N.Le processus résonnant n’est pas le seul mécanisme
possible d’absorption
ultrasonore. En modifiantl’énergie
des S 2N,
l’ondeacoustique perturbe
leuréquilibre thermique.
Le retour àl’équilibre
s’effectuepar un processus de relaxation entre S 2 N et
phonons [16, 17].
Letemps caractéristique
en estTl.
Cette contribution a aussi été calculée et on trouve
[16]
Cette formule est valable à basse
température, lorsque 03C9T1(03C9, T) ~
1. Elle montre que dans ce cas, l’atté- nuation de relaxation nedépend
pas de lafréquence
etqu’elle
n’est pas saturable.Expérimentalement,
ladépendance
enpuissance
del’atténuation ultrasonore a été observée dans différents
verres isolants dans la gamme de
fréquences
s’étendantde
0,5
à 10 GHz[12, 13, 14, 15, 18, 19].
Les caracté-ristiques principales
des résultats sont les mêmes et sontpratiquement indépendantes
du matériau étudié. Lafigure
2reproduit
une courbed’absorption l-1
enfonction de la
puissance
P à0,732 GHz, 0,48
K dans un borosilicate[15].
A fortepuissance, l-1
estindépen-
FIG. 2. - Dépendance en intensité de l’atténuation d’ondes acoustiques longitudinales dans un borosilicate BK 7.
(W.
Arnoldet al. J. Non Crystall. Solids. 14 (1974)
192.)
dant de P et est faible
(- 0,1 cm-1
dans cecas).
Abasse
puissance l -1
est aussiindépendant
deP,
maisest
grande comparée
à l’atténuationprécédente (~ 0,8 cm-1).
Dans le domaine intermédiaire1-1
varie avec lapuissance
suivant une loi enP-1/2
ou03A6-1/2.
A l’aide du modèleprécédent,
les deuxrégions
extrêmes sont identifiées comme celles où dominent
respectivement l’atténuation
non résonnante et l’atté- nuation résonnante. Dans larégion intermédiaire,
lathéorie
prévoit
bien une loi enP-1/2 qui
a été vérifiéedans toute la gamme de
fréquences explorée
à cejour.
Si l’atténuation est mesurée en fonction de la
tempé-
rature, le résultat est différent suivant la
puissance
ultrasonore dans le cristal. A forte
puissance,
la contri-bution non
résonnante, prédomine
et on observe unedépendance
enT3
del -1.
A bassepuissance,
la contri-bution résonnante domine et l’atténuation croît
lorsque
latempérature
diminue avec une loi enT-1.
La
figure
3reproduit
l’ensemble de ces résultats[15].
La
dépendance
enW2
attendue dans le cas03C9 ~
kT aaussi été vérifiée.
FIG. 3. - Dépendance en température de l’atténuation ultra-
sonore dans un borosilicate à 940 MHz à deux intensités acous-
tiques différentes. La courbe 3 est le résultat de la différence entre les courbes 1 et 2. La courbe 4 est la courbe 2 de laquelle a
été retranchée une atténuation résiduelle (ici 0,6 dB/cm) indé- pendante de la température.
(Arnold
W. et al. J. Non Crystall.Solids 14 (1974)
192.)
Avec une onde ultrasonore de
fréquence 0,592
GHzet dans la
région
detempérature
entre 20 mK et0,5 K,
la loi en th(03C9/2 kT)
a pu être mise en évidence commele montre la
figure
4[20].
FIG. 4. - Dépendance en température de l’atténuation d’ondes acoustiques longitudinales et transversales dans un verre de silice.
(Golding
B. et al. Phys. Rev. B 14 (1976)1660.)
Il est
important
de noter que cesexpériences
ont étémenées sur
plusieurs
matériaux incluant des silices de diversespuretés
et des borosilicates. Les résultats sontsimilaires dans tous les cas. Et même
plus,
de cesmesures, il est
possible
d’évaluer les constantes decouplage
S 2 N - déformationélastique Gx
etGz,
ou
plus
exactement lesproduits nG2 ;
les valeurs déduites sont, à un facteur deuxprès,
les mêmespour tous les matériaux. La densité d’états n étant
connue par les mesures de chaleur
spécifique,
onpeut
calculerGx
etGz.
On trouveGx
de l’ordre de0,5
eVet
Gz
voisin de 1 eV.4.2 VARIATION DE VITESSE. - A toute atténuation
ultrasonore
est liée une variation de la vitesse depropagation.
Les deuxquantités
sont liées par les relations deKramers-Krônig.
Del’expression
del’atténuation,
il est facile d’obtenir la variation de vitesse.La contribution résonnante s’écrit dans le cas d’une densité d’états constante et dans
l’approximation
03C9 ~ kT [21] :
To
est unetempérature
de référence choisie arbitraire- ment. Cette contribution estindépendante
de la fré-quence et
correspond
à uneaugmentation
de la vitesseavec la
température
contrairement à cequi
estgénéra-
lement observé dans un cristal.
A très basse
température (hcv » kT),
la variation de vitesse devientindépendante
deT,
maisdépend
de w.Les deux
régions
se raccordent en faisantapparaître
un minimum à 03C9 ~
2,2
kT[19, 23].
La contribution non résonnante
peut
aussi être calculée. Dansl’approximation
des bassestempéra-
tures
(03C9T1(T, 03C9) ~ 1),
on trouve tous calculs faitsoù les indices L et T se réfèrent aux ondes
longitudi-
nales et transversales et où A est une constante
numérique.
La variation de vitesse est cette fois
négative.
Comme pour
l’atténuation,
à bassetempérature
lapartie
résonnantedomine,
tandis que la non résonnantel’emporte
àplus
hautetempérature.
Les deux contribu-tions étant de
signes contraires,
la courbe(0394v/v)total
enfonction de T passe par un maximum dont la
position dépend
de lafréquence.
Il faut remarquer que, contrairement à ce
qui
sepasse pour
l’atténuation,
la contribution résonnante à la variation de vitesse n’est pas saturable.L’explication
en est que les S 2 N
qui
influent surdv/v
mesuré à (J)fixé s’étendent sur une
large
banded’énergie (ou
defréquence)
de l’ordre dekT ;
aucontraire,
pour l’atténuation les S 2 N concernés sontuniquement
ceux à la
fréquence
úJ de l’ondeacoustique (à
la lar-geur de raie
près).
Expérimentalement,
la variation de vitesse ultra-sonore a été mesurée pour des
fréquences
allant de814
30 MHz à 2 GHz dans la gamme de
températures comprise
entre 20 mK et 5 K[21, 22, 23, 24].
La
figure
5reproduit
les mesures de variation devitesse à
30,
90 et 150 MHz dans une variété de siliceentre
0,3
K et4,2
K[21].
Ondistingue
bien les carac-FIG. 5. - Variation relative de la vitesse d’une onde acoustique longitudinale. Les courbes en fonction de la température sont
normalisées à la température la plus basse.
(Piché
L. et al. Phys.Rev. Lett. 32 (1974)
1426.)
téristiques prévues
par le modèle des S 2 N : unecroissance en
Log
Tindépendante
de lafréquence
auxplus
bassestempératures, puis après
un maximumdépendant
de cv, une décroissancerapide. L’indépen-
dance de
0394v/v
en fonction du flux ultrasonore incidenta aussi été vérifiée. Ces mesures fournissent une nou-
velle évaluation du
produit nG2X
en bon accord avec lavaleûr
déduite des mesures d’atténuation et de conduc- tivitéthermique.
Des
expériences
ont aussi été faites àplus
haute fré-quence
(jusqu’à
2GHz)
etplus
bassetempérature (jusqu’à
20mK), atteignant
ainsi larégion 03C9 ~
kT[23].
Les résultats en sontreproduits
sur lafigure
6.Entre
0,1
K et 1K,
on retrouve bien la loi enLog
T. Ades
températures inférieures,
la variation de vitesse tend à devenirindépendante
de T avec une valeurqui
est fonction de w. A
1,94 GHz,
onpeut
observer un minimum. Toutes ces courbes sont en bon accord avecles
expressions
calculéesnumériquement.
Il est néan-moins nécessaire pour obtenir un meilleur accord de supposer une
petite
variation de la densité d’états avecl’énergie,
cequi
estdéjà
le cas pour les résultats de chaleurspécifique [2].
Des
expériences
de diffusion Brillouinspontanée
ont
permis
de mesurer la variation de vitesse d’ondesacoustiques
defréquence
33 GHz entre1,5
K et 20 Kdans de la silice
[24].
Le mêmetype
decomportement
a été
observé,
cequi
est une extension vers les hautesfréquences
de la validité du modèle des S 2 N.Enfin,
il faut noter que la variation de vitesse ultra-sonore
présente
le même caractère d’universalité que lesFIG. 6. - Variation relative de la vitesse d’ondes acoustiques longitudinales dans un verre de silice en fonction de la tempéra-
ture et de la fréquence. Chaque courbe est décalée arbitrairement de 2 x 10-4 à 1 K. La ligne continue représente la vitesse calculée
avec une correction quadratique en énergie pour la densité d’états. La courbe en traits interrompus montre la variation de vitesse pour une densité d’états constante.
(Golding
B. et al.Phys. Rev. Lett. 37 (1976)
1248.)
,mesures
d’atténuation,
de conductivitéthermique
etdans une moindre mesure, de chaleur
spécifique.
Pour résumer ce
paragraphe,
onpeut
dire que lesexpériences
d’atténuationacoustique permettent
destests
simples,
directs(et
bienvérifiés)
du modèle dessystèmes
à deux niveaux. Mais les mesures sont déli-cates car la nécessité d’obtenir une désaturation
complète impose d’opérer
à des niveaux ultrasonores extrêmementbas ;
etplus
lafréquence
estélevée, plus
la difficulté est
grande.
Les mesures dedispersion acoustique,
aucontraire,
sontplus
aisées car l’intensité y est sans influence.Mais,
leurinterprétation
est moinsdirecte car la
dispersion
fait intervenir lespropriétés
des S 2 N de toute
fréquence (relation
de Kramers-Krônig).
Les deux
types d’expériences permettent
la mesure de constantes decouplage
que l’onpeut
mettre sous la forme sans dimensionqui dépendent
peu du matériau.5.
Développements
actuels des méthodes acous-tiques.
- Lesexpériences
depropagation
ultrasonore(mesures
d’atténuation et de variation devitesse)
ontfait
largement
progresser la connaissance des verresisolants à basse
température.
Actuellement,
l’utilisation des ondesacoustiques
s’oriente dans deux directions
principales :
d’unepart
l’étude des interactions des S 2 N entre eux et avec leréseau,
d’autrepart
lesexpériences
mixtes où est étudiéel’influence mutuelle d’une onde
électromagnétique
etd’une onde
acoustique
dans un verre.5.1 INTERACTION DES S 2 N ENTRE EUX ET AVEC LE
RÉSEAU. - Les
expériences acoustiques
ont montré lefort
couplage
S 2 N-déformationélastique
ainsiqu’en témoignent
les valeurs deGx
etGz.
Leproblème
desinteractions entre S 2 N n’a été abordé que
plus
tard.Il a été
proposé
quel’échange
dephonons
virtuelspouvait
être un mécanisme decouplage
efficace[5].
Le
temps
de relaxationT2 caractéristique
des inter-actions entre défauts a été mesuré d’abord par une
technique
utilisant deux ondesacoustiques.
La pre- mière onde sature les S 2 Nqui
ont la mêmefréquence qu’elle
et aussi les S 2 N defréquences
voisines à causedes interactions entre S 2 N. Si une autre onde de fré- quence assez
proche
se propage simultanément dansl’échantillon,
elleinteragit
avec unepopulation
modi-fiée et son atténuation et sa vitesse sont donc fonction des
caractéristiques
de lapremière
onde et de tous lesprocessus de relaxation
[26, 27].
La
largeur
de raie(reliée
àT2)
ainsi mesurée estdépendante
despuissances
des deux ondes. Une étudesystématique
en fonction des deuxpuissances
apermis
d’atteindre la
largeur
de raieintrinsèque r 2.
A1,5 K,
on trouve
F2 -
40MHz,
soitT2 -
5 x10-9
s[27].
Le
temps
de relaxation S 2 N-réseauTi
a été obtenupar une
technique
similaire[19].
Des mesurescomplé-
mentaires sont nécessaires.
Il manque encore une
exploration
deT2
etTl
dansune
large
gamme detempératures.
Une
technique plus prometteuse
semble être celle dite des échos despins
fictifs[28],
le formalisme pour la décrire est celui utilisé pour les échos de(vrais) spins,
ou
mieux,
les échos ultrasonores de(vrais) spins [29].
Si deux
impulsions
ultrasonores de faiblelargeur (At -
100ns) séparées
par untemps
i sepropagent
successivement dans un verreisolant,
ilapparaît
autemps
2 1 un écho ultrasonore dont letemps
de décrois-sance
(en
fonction der)
estT2 (voir Fig. 7).
Si uneFIG. 7. - Représentation schématique d’une expérience d’échos.
Rio, R2o et R30 sont les trois impulsions électromagnétiques émises aux instants 0, z et T respectivement. Ri 1, R2 i, R 31 sont les trois échos ultrasonores détectés (td est le temps de parcours ultrasonore dans l’échantillon. Elz et E123 sont les échos de spins
fictifs à 2 T et T + T. Il n’a été représenté qu’un seul train d’ondes ultrasonores afin de simplifier.
troisième
impulsion
ultrasonore estengendrée
à uninstant T
après
lapremière,
un écho ultrasonore autemps.
T + i est détecté. Letemps caractéristique
dedécroissance
de cet écho(en
fonction deT)
estTi.
REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE. 2013 T. 12, N° 5, MAI 1977
A 20 mK et
0,68 GHz ;
les valeurs mesurées sontT2
= 14 J.1s,Tl
= 200 03BCs[28].
La valeurnumérique
de
Tl peut
être calculée àpartir
des valeurs obtenues pourGx
dans uneexpérience ultrasonore ;
elle est entrès bon accord avec le
Tl mesuré,
cequi
montre lacohérence de l’ensemble de ces
expériences.
La varia-tion de
T2
etTl
en fonction de latempérature
n’a pas été encoreétudiée,
nonplus
que l’effet d’un éventuelgoulot d’étranglement
desphonons
surTi.
L’étude de la relaxation des S 2 N n’en est
qu’à
sesdébuts.
Lesexpériences
ontjusqu’ici
un caractèreexploratoire.
La voie à suivre est d’unepart d’élargir
la gamme de
températures,
d’autrepart
d’étendre lesmesures à des matériaux
différents.
5. 2 EXPÉRIENCES MIXTES
ÉLECTRIQUES-ÉLASTIQUES.
-Ces
expériences
font suite à la découverte de la varia- tion anormale de la constantediélectrique
dans lesverres isolants dans la
région
detempérature
allant de0,5
à 5 K. La variation relativeA818 qui
est reliée àcelle de la vitesse c des ondes
électromagnétiques
par :A818
= - 2Aclc
donne pour cette dernière une loien
Log
T suivi d’une décroissance[30].
Comme pour la variation de vitesse ultrasonore à
laquelle
il est trictementanalogue,
cecomportement
en fonction de latempérature
est dû à l’interaction avecdes
systèmes
à deux niveaux à densité d’état constantesur une
large
banded’énergie.
Contrairement auxpropriétés acoustiques,
lespropriétés diélectriques
desverres isolants
dépendent
du matériau étudié etplus précisément
de son état depureté [31].
Il a alors été
imaginé
desexpériences
mixtes où estétudiée l’influence d’une onde
électromagnétique
irra-diant le matériau sur l’atténuation d’une onde acous-
tique
defréquence
voisine sepropageant
dans le mêmeverre
[32, 33].
Dansl’expérience inverse,
on mesure lamodification de
l’impédance
d’une cavitéhyperfré-
quence dans
laquelle
estplacé
un échantillonlorsqu’une
onde ultrasonore
s’y
propage[33].
Lesexpériences
ontmontré que l’influence mutuelle des deux
types
d’ondesest
importante
et se fait par l’intermédiaire des mêmes S 2 N. L’existence de cet effet prouve que dessystèmes
à deux niveaux sont
couplés
à la fois à l’ondeélectrique
et à l’onde
élastique.
L’extension de cesexpériences
àdivers matériaux
amorphes
depureté
variable doitpouvoir renseigner
surl’origine microscopique
dessystèmes
à deux niveaux.6. Conclusion. - Les
propriétés physiques
desverres isolants à basse
température
sont différentes de celles des matériaux cristallisés comme l’ont d’abord mis en évidence lesexpériences
de chaleurspécifique
et de conductivité
thermique.
Le modèle dessystèmes
àdeux niveaux rend
compte
de cespropriétés
etprévoit
des
propriétés acoustiques
anormales.L’observation
expérimentale
de la saturation de l’atténuation ultra- sonore, de deux contributions différentes(résonnante
et non
résonnante)
à cette atténuation ainsiqu’à
lavariation de vitesse des ondes
élastiques
a fourniparmi
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