HAL Id: jpa-00208244
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00208244
Submitted on 1 Jan 1975
HAL
is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire
HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Analyse structurale des liquides ioniques KCl et CsCl par diffraction de neutrons
J.Y. Derrien, J. Dupuy
To cite this version:
J.Y. Derrien, J. Dupuy. Analyse structurale des liquides ioniques KCl et CsCl par diffraction de
neutrons. Journal de Physique, 1975, 36 (2), pp.191-198. �10.1051/jphys:01975003602019100�. �jpa-
00208244�
ANALYSE STRUCTURALE DES LIQUIDES IONIQUES KCl ET CsCl
PAR DIFFRACTION DE NEUTRONS
J. Y. DERRIEN
Institut
Laue-Langevin, Grenoble,
Franceet J. DUPUY
Département
dePhysique
des Matériaux(*),
Université
Claude-Bernard, Lyon I, 43,
boulevard du11-Novembre-1918,
69621Villeurbanne,
France(Reçu
le 29 mai 1974, révisé le 3juillet
et le 9 octobre1974)
Résumé. 2014 Nous avons mesuré, en utilisant la technique de diffraction des neutrons thermiques
sur des enrichissements
isotopiques,
les facteurs de structurespartiels
et les 3 fonctions de distribu- tion radiales depaire, respectivement
pour KCl liquide à 800 °C et CsClliquide
à 700 °C. Des limitespour les facteurs de structure
partiels
à faible moment de transfert, nous en déduisons la validité de la relation classique de Orstein et Zernicke et nous évaluons l’ordre degrandeur
de la fréquencedu mode optique longitudinal. L’analyse des fonctions de distribution de
paires
permet de conclure à une augmentation locale de la compacité dans les liquides ioniques par rapport au solide corres-pondant
et à unpotentiel
d’interaction dans lequel interviendrait unerépulsion
de typesphères
dures.Abstract. 2014 The
partial
structure factors and the three radial distribution functions of moltenpotassium chloride and molten cesium chloride were measured
respectively
at 800 °C and 700 °Cby the diffraction of thermal neutrons using an isotopic substitution method. From the
partial
structure factor limits at low momentum transfers we verify the classical Orstein Zernicke relation for binary systems and we deduce an order of the
magnitude
for thefrequency
of the longitudinal optical mode. From the analysis of the partial distribution functions it can be concluded that there is an increase in the local compacity of these ionic liquids compared to the corresponding solid.A best fit with the experimental results could be obtained for an interaction potential given by the
model of a system of
particles
withhard-sphere
repulsive interactions.Classification Physics Abstracts
7.126
Introduction. - Jusqu’à présent, l’étude théorique
des
liquides ioniques
n’a pas pu êtrebasée,
par manque de donnéesexpérimentales,
sur une connaissance structuralecomplète.
Des calculs par simulation[1], [2], [3]
ontcependant
récemmentpermis
d’obtenirdes informations
importantes
sur cette classe deliquides.
Enparticulier,
dansl’approximation
d’unpotentiel
central prenant en considération les forces de Coulomb et les forces dedispersion dipôle-dipôle
et
dipôle-quadrupôle,
lespropriétés thermodynami-
ques de
quelques liquides ioniques
binairessimples
ont pu être
calculées,
en accord avec les résultatsexpérimentaux.
Ces calculs ont deplus permis
dedonner les fonctions de distribution
partielles
depaires.
La connaissance des forces d’interaction de
paires
dans les
liquides
est fondamentale pourl’analyse
de leurs
propriétés dynamiques.
Il est donc nécessaire d’obtenir et de vérifierexpérimentalement
un certainnombre d’informations
précises
sur cepotentiel
central.
L’étude de la diffraction de neutrons
thermiques
permet d’accéder aux fonctions de distribution de
paires.
Eneffet,
en utilisant la méthode de substitutionisotopique (Page [4]),
3expériences
de diffraction suffisent pour déterminer la structure localecomplète
d’un
liquide ionique
binaire.Nous proposons, par une telle méthode la déter- mination des fonctions due distribution radiales par- tielles du chlorure de
potassium liquide
à 800 "C et du chlorure de césiumliquide
à 700 "C.En
effet, depuis longtemps
le chlorure depotassium
fondu est considéré comme le
liquide ionique
idéal(Rice [5])
à cause despropriétés
de ses éléments :masse, structure
électronique...
etc. Le choix du chlo-rure de césium nous permet
d’étudier,
par compa- (*) Associé au C.N.R.S.Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01975003602019100
192
raison à
KCI,
le rôle structural que peutjouer
dansl’expression
dupotentiel
central le rapport desrayons
ioniques,
et lapolarisabilité
d’un des éléments.Nous
présenterons
successivementl’analyse
desdeux informations
importantes
que l’on peut déduire des mesures de l’intensité diffractée : d’une part les facteurs de structurespartiels,
et leur relation avec lafréquence optique
de vibration COL à faible moment de transfert et d’autre part les fonctions de distribu- tion radiales depaires, image
de la structure locale.1.
Expérience.
2013 1.1 CHOIX DU SPÉCIMEN. - Lapossibilité
d’obtenir des enrichissementsisotopiques
de chlorures alcalins à
99,32 %
enisotope 35Cl
fo tdiffuseur de neutrons, et à
75,58 %
enisotope 37tl
faible diffuseur de neutrons a
guidé
notre choixconcernant
l’halogène.
Si l’étude du chlorure de
potassium
sejustifie théoriquement,
il pose pourl’expérience
de diffraction de neutrons unproblème
lié à la tropgrande
diffé-rence entre les sections efficaces de K et de CI
(voir
Tableau
I),
cequi peut
rendre les résultats finaux trop sensibles aux erreursexpérimentales.
L’utilisa-tion d’un réacteur à haut flux permet de réduire autant que
possible
cette erreur.Les
caractéristiques neutroniques
du chlore et ducésium
permettent,
aucontraire,
une détermination trèsprécise
des facteurs de structurespartiels
et desfonctions de distributions radiales de
paires.
1.2 CELLULE. CHAUFFAGE. - Les
composés
étu-diés n’étant
liquides qu’au-dessus
de700 °C,
il est nécessaire de construire unsystème
dechauffage fiable,
transparent aux neutrons et permettant d’attein- dre 1 000 °C. Le modeopérationnel adopté
consisteen un tube vertical de vanadium
d’épaisseur 1/10
mmplacé
sous vide dans l’axe duspectromètre
et parcouru par un courant de haute intensité(200-300 A).
Larégulation
detempérature
se fait par actionintégrale proportionnelle
et dérivée sur l’alimentation duprimaire
du transformateur basse tension-haute inten-sité reliant l’ensemble d’alimentation en courant au
four. Un tel montage
permet
d’atteindre destempé-
ratures
supérieures
à 1000 °C sous un vide de l’ordre de 10- 5 T.Nous avons fait nos
expériences
sur trois échantil-lons
de 2 g de KNCI, K35CI
etK37CI
et sur troiséchantillons de
4,8
g deCsNCI, Cs35Cl
etCs37CI,
contenus dans un tube de quartz de diamètre inté- rieur 8 mm et de diamètre extérieur
9,2
mm scellésous
atmosphère d’argon.
Le tube est monté sur un support de nitrure de bore(absorbant
pourneutrons).
La cellule et son support sont
placés
dans le four et l’ensemble estporté
pour KCI à 800 °C sous unvide de 10-5 T
pendant
toute la durée del’expérience
et 700 °C pour CsCI.
1.3 MESURE NEUTRONIQUE. - Les mesures ont été effectuées sur le
spectromètre
D4 du réacteur à Haut Flux de l’InstitutLaue-Langevin (Grenoble).
Nousavons utilisé un faisceau
monochromatique
de neu-trons de
longueur
d’onde0,696 A qui
permet d’obtenir des spectres d’intensité entre 0,4A-l
et 15A-1.
Nous avons effectué successivement les spectres du four
seul,
celluleseule,
cellule etproduit
à latempé-
rature d’étude. Pour obtenir l’intensité
I(k)
diffuséepar le
produit seul,
il est nécessaire de tenir compte du bruit defond,
de la diffusion de lacellule,
del’absorption
dans l’échantillon et de la diffusion.inélastique.
Pour cettedernière,
nous avons utilisél’expression
donnée par Placzeck[6].
Les corrections dues àl’absorption
dans l’échantillon et à la diffusion de la cellule vide sont faites àpartir
des formulesproposées
par Paalman etPings [7]
et des données tabulées des coefficientsd’absorption
des troisisotopes
de chlore et du
potassium [4], [8]. Ainsi,
enappliquant
ces
corrections,
les courbesexpérimentales (Fig. 1) qui
prennent en considération lefour,
le container et leproduit
nouspermettent
de donner l’intensitéI(k)
diffusée par le
produit
seul(Fig. 2b).
Lesfigures
2aet 3
représentent
les résultatscorrespondants
obtenuspour les
produits K35CI
etK37Cl.
TABLEAU 1
(*) Voir les références [4], [8], [18], [19], [20].
FIG. 1. - Intensité expérimentale brute diffusée par : a) 2 g de KNCI + container + four à 800 °C ; b) container + four à
800 °C ; c) le four seul à 800 °C.
FIG. 2. - Intensité corrigée et lissée, diffusée à 800°C par K 35Cl (a) et KNCI (b).
FIG. 3. - Intensité corrigée et lissée, diffusée à
800 °C
par K37Cl.Il est intéressant de remarquer que l’enrichissement
en 35CI (forte
section efficace dediffusion)
fait croître fortement lepic
à1,60 A-1
pour KNCI et K 35CI cequi
permet de penser que cepic
est dû enmajorité
à la corrélation CI-CI. Nous constatons
également qu’à partir
de 10A - 1,
les oscillations deviennent très faibles et peuvent être considérées commenégligea-
bles. Il en est de même pour CsCI.
2. Facteurs de structure
partiels.
- 2. 1 DÉFINI-TION. - Dans
l’approximation statique,
courammentutilisée pour
analyser
ce genred’expérience,
larelation entre le facteur de structure total observé
S(k)
et les facteurs de structure
partiels Sij(k)
peut êtreécrite
[9]
:où
(ci, bi) représentent respectivement
la concentra-tion et la
longueur
de diffusion del’espèce i (i
=1, 2) ;
hk est le moment de transfert :
où
,,.h(k)
est l’intensité cohérente diffusée .2.2 ANALYSE DES SPECTRES. - Les facteurs de structure
partiels Sij(k)
ne peuvent être calculés quesi l’on a trois
équations
différentes de la forme(1).
Ceci est obtenu par trois spectres de
diffraction,
sur lecomposé naturel,
sur lecomposé
enrichi en35Cl
à
99,32 %
et sur lecomposé
enrichien 37Cl
à75,58 %.
Chacun de ces spectres conduit à un facteur de
structure total
S(k)
dont la détermination nécessiteune connaissance
précise
deIcoh(k).
Pourceci,
nousavons suivi la démarche suivante : nous avons admis que la diffusion
multiple
et la diffusion incohérente sontisotropes (Blech [10])
et leur sommeégale
àune constante
Co.
Dans ce casPour déterminer
Co,
nous utilisons un ensemble de relations valables à k = 0 pour lesliquides ioniques
binaires :
- la relation
générale (1)
à k =0 ;
- la relation reliant les facteurs de structure
partiels
à k = 0 au coefficient decompressibilité PT [11]
où n est le nombre de
paires
d’ions par unité devolume, KB
la constante de Boltzmann et T latempérature.
Dans le cas étudié :
Sij(0) -
7 x10- 3 ;
- et la relation
(2)
à k = 0 :On peut ainsi montrer que
compte
tenu de la fortedépendance
en k de l’intensité pour les faibles valeurs de k et de la valeurimportante
de1(0)
par rapport àI(oo),
aux erreursexpérimentales
et à l’erreurd’extrapolation près,
nous pouvons admettre queCo
est voisin de
1(0),
donc :194
Une confirmation de la validité de cette
approxima-
tion est
donnée,
aux erreursexpérimentales près,
par la vérification de la relation :
pour les trois combinaisons de x et y que l’on peut faire avec les trois enrichissements
isotopiques
pour les deuxliquides
étudiés.I’(oo)
etbx
étantrespecti-
vement l’intensité diffusée
corrigée pour k -
oo etl’amplitude
de diffusion de M"CI.Les facteurs de structure
Sij
déterminés et donnésfigure
4 sont tels queSij(oo)
= 1Vi, Vj.
Ils sont reliésaux facteurs de structure
précédemment
définis dans(1)
par les relations
simples
suivantes :Les résultats
correspondants
obtenus pour CsCI sont donnés sur lafigure
5.FIG. 4. - Facteurs de structure partiels du chlorure de potassium liquide à 800 OC.
FIG. 5. - Facteurs de structure partiels du chlorure de césium
liquide à 700 °C.
2.3 PROPRIÉTÉS. - L’allure
générale
des facteurs de structurepartiels
obtenus pour KCI est à rappro- cher de celle obtenue pour CsCI. Nous ne sommespas en mesure à l’heure actuelle de
comprendre
lasignification physique qui
se rapporte auxgrandeurs
relatives de certains
pics,
enparticulier
les 2e et 3edans
S’cm.
Par contre, il est intéressantd’analyser
l’allure des courbes à faible k. Dans cette
région (k 1 A - 1) :
- les pentes de
S:i(k)
et deSé(k)
sontrespective-
ment
positives
etnégatives
pour KCI etCsCI ;
- la variation de
Sé
pour KCI est très faiblecomparée
à celle de CsCI.Ces résultats
peuvent
être reliés àl’analyse
récem-ment donnée par
Abramo,
Parrinello et Tosi[11]
qui proposent
undéveloppement
en série des facteurs de structureSij(k)
de la forme :les coefficients Sij ayant des valeurs
pour k -
0 définiespar les relations
où piT
est lacompressibilité isotherme,
ml et m2 lesmasses
ioniques, m
=n(m 1
+m2), n le
nombre depaires
d’ions par unité devolume,
et COL lafréquence
du mode
optique longitudinal.
Ces relations
prévoient
une pentepositive
pourSii(k)
etnégative
pourSij(k) (i t= j),
cequi
est enaccord avec nos résultats
expérimentaux
sur KCIet CsCI.
La
représentation
deSij(k) f (k 2) pour
k 1A-1
donne une évaluation
grossière
des limitesde Sij(k)
pour k - 0.
Malgré
la forteimprécision expérimen-
tale dans ce
domaine,
la trèsgrande
différence observée pour les deuxliquides
permet deprévoir
queet que cette
fréquence
du modeoptique,
tout aumoins pour CsCI
liquide,
estlargement plus
faibleque celle observée dans le solide
[12]
de3,1
x1013 s-1.
3. Fonctions de distribution
partielles.
- 3 .1 DÉFI-NITION. - Les fonctions de distribution
partielles
gij(r)
sont reliées aux facteurs de structurepartiels
modifiés
S¡j(k)
par la relation :où r est la distance
interatomique
et go le nombre d’ions par unité de volume.Nous donnons sur les
figures
6 et7,
lesreprésenta-
tions
graphiques
des trois fonctions de distribution gcc, gmm, gcm(respectivement
fonction de distributionchlore-chlore, métal-métal, chlore-métal)
pour KCIet CsCl.
3.2 RÉSULTATS. - De
l’analyse
de ces fonctionsde
distribution,
trois types derenseignements
concer-nant la distance minimum
d’approche,
les distancesinteratomiques
et le nombre de coordinance peuvent être déduits et un certain nombre depropriétés
communes pour les deux
liquides ioniques
mises en évidence :- la distance minimum
d’approche
anion-cationdcmmin
et les distances minimumsd’approche
des ionsde même
signe dmm
etdmi°
que l’on peut déterminer ( TableauII)
sont telles queCes
grandeurs fondamentales
pourl’approche
théori-que des
liquides
sont difficiles à déterminerexpérimen-
talement par suite des oscillations à faible distance résultant de la transformée de Fourier.
Nous pouvons
cependant
donner unesignification
des valeurs que nous proposons
qui
seprêtent
à unevérification
qualitative
du théorème des fluctuations pour lacompressibilité
isotherme. Eneffet,
on peut établir[13], [14]
une relation liant lacompressibilité
isotherme
PT
et la valeur moyenne de la fonction de distributiongm(r) :
en définissant gm par
TABLEAU II
Caractéristiques
desfonctions
de distribution radialesnmm, noe, nmc = Nombre de coordinance pour les distributions
métal-métal,
chlore-chlore etmétal-chlore.
rmax = Position du
pic principal.
rmin = Position du minimum
qui
suit lepic principal.
dmin
= Distance minimumd’approche.
Dans notre travail les valeurs
proposées
pour nmc, nmm, ncc sont calculées avecdmin
r r min.196
FIG. 6. - Fonctions de distribution partielles du chlorure de potassium liquide à 800 °C.
où
gij(r)
sont les fonctions de distributionpartielles
et en admettant que pour
et que pour
Le
premier
membre de la relation(3) dépend
forte-ment de la distance minimum
d’approche
anion-cation et est de l’ordre de
10-2
en accordqualitatif
avec la valeur de go
kB TPT ;
- en ce
qui
concerne les distancesinteratomiques,
la distribution cation-anion permet de vérifier quechaque
ion eststatiquement
entouré d’ions designes opposés
en accord avec lesexpériences
antérieures La distance moyenne anion-cation estplus
faible que pour le solidecorrespondant
aupoint
de fusion.On obtient en effet pour KCI
3,06 A
pour3,26 A
à
TF
et pour CsCI3,38 A
pour3,57 À
àTF ;
FIG. 7. - Fonctions de distribution partielles du chlorure de césium liquide à 700°C.
- pour les deux
liquides enfin,
on observe une distributionuniforme
obtenue trèsrapidement
à 6Â
pour KCI et
4,5 A
pour CsCl. ,L’analogie
des résultats obtenue pour les deuxliquides ioniques
ne sepoursuit plus
dansl’analyse
détaillée des courbes des fonctions de distribution radiales de
paires.
En effet :a)
En cequi
concerne la distributionM-CI,
lasphère
de coordination centrée sur3,06 À
pour KCI est biendéfinie,
gcm devenant voisin de 0 à4,85 A (1),
distance à
laquelle apparaît
lepremier pic
de la fonc- tion de distribution des ions de mêmesigne.
Surcette
distribution,
on observecependant
unépaule-
ment à
4,3 A
que nous sommes amenés àattribuer, compte
tenu des résultats observés pourCsCI,
à unphénomène physique (ions
enposition
intermédiaire entre3,06 A
et4,85 A) plutôt qu’à
uneimprécision expérimentale.
Le nombre de coordinance ncm que l’on peut définir est 6 comme pour le solide. PourCsCI, l’épaulement
observé sur la distribution gcm de KCI devientimportant
et l’on peut considérer un dédouble-(1) La valeur négative observée vers 4,85 A pour la fonction gcm du chlorure de potassium n’a pas de sens physique. Elle est liée à la suite d’imprécisions résultant de la transformée de Fourier et de la résolution d’un système linéaire qui, pour KCI, amplifie l’erreur expérimentale sur les trois courbes d’intensité. Nous nous sommes assurés que, quelle que soit l’imprécision introduite dans
nos calculs (compatible avec l’erreur expérimentale), la forme générale des courbes est conservée, en particulier les épaulements.
ment du
pic principal
pour cette distribution. Si l’on considèrecependant,
paranalogie
avec KCIliquide,
une
première sphère
de coordinanceélargie
entre2,45 A
et5,40 À,
on obtient une valeur de5,92
voi- sine de 6. En tenant compte du dédoublement de cettepremière sphère,
le nombre de coordinance sous lepic principal
est de3,
et, à la distance de3,85 Á,
il faut
prendre
en considération laprésence
d’environ2 ions de
signe identique
à celuipris
commeorigine.
b)
Cescaractéristiques
sont en étroite correspon- dance avec lescaractéristiques
des distributions des ions de mêmesigne.
- Pour
KCI,
on peut définir unpic principal
situé à une distance
(4,85 Á) correspondant
à celledes deux
plus proches
voisins du solide(4,60 À).
- Pour
CsCI,
ilapparaît
unpremier pic principal
à
3,85 À : position
du minimumséparant
les deuxpics principaux
degcm et
trèséloignée
de la distanced’équilibre
des ions de mêmesigne
dans le solide(5,05 Â).
Tout se passe comme si les distributions lesplus probables
d’ions + + et - -participaient
àla
première sphère
de coordinance.Il en résulte une coordinance dans la deuxième
sphère
decoordination, impossible
à définir pourCsCI,
un peuplus précise
pour KCI. Pour ce dernierliquide,
par suite de la mauvaise résolution dupic principal
degcc(r)
etgmm(r)
par rapport àgcm(r),
on
peut
donner deux calculs(Tableau II).
- Le
premier
avec3,40 À
r6,30 Á
conduità nmm =
12,04
et ncc =12,3,
alors que pour obtenir le même nombre de coordinance dans lesolide,
onprend 3,18 Â
r5,70 Â.
Ceci met bien en évi- dence le relâchement de la structure pour les distances intermédiaires(4-6 Á)
lors du passage à l’étatliquide.
- Le second calcul effectué pour
3,40 Á
r 7A (cette
dernière distancecorrespondant
au milieude la zone minimale des courbes gkk et
gcc)
nousconduit à nmm =
15,90
èt ncc =16,20.
4. Discussion. - 4.1 COMPARAISON AVEC LES
RÉSULTATS ANTÉRIEURS. - Le chlorure de
potassium liquide
adéjà
étél’objet
d’études structurales menées soit par rayons X ou neutrons[15], [16],
soitplus
récemment par simulation
(Woodcock [1]).
Il estintéressant de comparer nos résultats à ces différents travaux en
précisant
les conditions ouhypothèses
dans
lesquelles
ils ont été réalisés.Les mesures de diffraction de rayons X ou neutrons faites sur le chlorure de
potassium
naturel seul nepermettent pas de déterminer les fonctions de distri- bution
partielles.
Les valeurs minimumsd’approche proposées
parLevy (2,69 À) [15]
ouZarzycki (2,50 À) [16]
diffèrent assez fortement de notre résul- tat(2,20 À).
En cequi
concerne les distances inter-atomiques,
laposition
dupremier pic
de la fonction de distributionglobale,
assimilée par ces auteurs aupic principal
de la fonctiongcm(r),
est en assez bonaccord avec nos résultats :
3,10 A
pourLevy
et3,14 Á
pourZarzycki. Cependant,
pour calculer le nombre de coordinance on ne peut pas assimiler cepremier pic
de la fonction de distributionglobale
aupremier pic
de gcm car les courbesgcc et
gmm montrentune
interpénétration
de lapremière sphère
de coordi-nation et de la seconde. La
première sphère
de coordi-nation ainsi déterminée à
partir
de la fonction de distributionglobale
est alorsplus petite qu’en
réalité.Ceci
expliquerait
le faible nombre depremier
voisinproposé
parLevy (3,5)
ou parZarzycki (5,2).
Ilest toutefois
possible
que lespics
de la fonction de distribution radialeglobale
soient suffisamment bien résolus pour que le nombre de coordinance calculé àpartir
de cette dernière ne soit pas trop entâché d’erreurs.Ainsi,
le faible nombre de coordinance donné pour lescomposés
dulithium,
LiF(Vaslow [17])
ou LiCI
(Zarzycki [16]),
seraitjustifié
par la bonnerésolution du
premier pic
de la fonction de distribu- tion radialeglobale
de cescomposés.
Les calculs de simulation effectués récemment par L. V. Woodcock
[1]
sur le chlorure depotassium liquide
en utilisant lepotentiel
depaires proposé
par Tosi et Fumi pour le solide
[22]
ontpermis
decalculer les fonctions de distribution radiale par- tielles
gcm(r), gmm(r)
etgcc(r).
Comme on peut le constater sur le tableau
II,
la distribution calculée des Cl-K est en bon accord
avec nos
résultats,
elle permet de déterminer unnombre de
premiers
voisins(5,7) également proche
de 6 comme pour le solide. Par contre, si l’allure
générale
des distributionsgcc et
gmmthéoriques correspond
à celle des courbesexpérimentales,
lespositions
dupic principal
à4,30 Á
et de la distance minimaled’approche
à2,98 Á
sontplus
faibles que celles que nous proposons :4,85 Á
et3,40 Á.
4.2 ESSAI D’ANALYSE. - Les résultats
expérimen-
taux des fonctions de distribution de
paires
corres-pondent
à peuprès
àl’image
duliquide ionique
que la simulation permet de sereprésenter
àpartir
d’unpotentiel
d’interaction depaires
fortement dérivéde celui du solide
[22].
Enrègle générale,
cesliquides présentent :
- une très nette réduction de la distance anion- cation
qui
restecependant toujours
tellequ’elle correspond
à laquasi-additivité
des rayonsioniques ;
- un accroissement sensible de la distance anion- anion et cation-cation par rapport au
solide ;
- une structure diffuse au-delà de 6
Á.
On peut aussi
prendre
en considération le fait que le nombre de coordinance dans lapremière sphère
de coordination
élargie
estproche
de celui dusolide,
soit 6.
Ces résultats infirment
déjà
les modèles dequasi-
réseaux élaborés
après
lespremières
mesuresexpéri-
mentales de diffraction donnant une réduction à la fois de la
première
distanceinteratomique
et de lacoordinance,
celle-ci en étroite liaison avecl’augmen-
tation de volume à la fusion. Un modèle d’association d’ions
paraît plus approprié qu’une
structurequasi
cristalline. En
effet,
pour KCI tout aumoins,
la hau-teur de g et sa faible
largeur
à mi-hauteur correspon-198
draient
plus
à une tendance des ions à s’associer enpaires
ou enpetits
amas. Deplus, l’interpénétration
de la
première
et de la deuxièmesphère
de coordi-nance, ainsi que la
largeur
de cette dernière(mal
définie pour
CsCI),
s’accordent avec l’existence d’une structureplus
diffuse que ne lepermettrait
un modèlede réseau.
En
réalité,
les résultatsexpérimentaux
sur lesdistributions de
paires
traduisent uneaugmentation
locale de la
compacité
dans lesliquides ioniques
par rapport au solidecorrespondant.
Cettecompacité
peut être illustrée par la réduction de la
première
distance
interatomique
et, dans CsCI surtout, par la très forteinterpénétration
de lapremière
et de ladeuxième
sphère
de coordinance. Un essaid’analyse
de ce dernier effet peut être donné sur la base des rayons
ioniques.
Eneffet,
nous constatons que pour les deuxliquides étudiés, malgré
sa diminution la distance anion-cation observée reste voisine de celle du solide à 25 °C. La notion de rayonionique
peut donc êtretoujours
conservée.Cependant,
comptetenu de l’absence d’ordre à
longue
distance dans cesliquides, l’adoption
des valeurs des rayonsioniques
des ions libres
nous
paraît plus justifiée
que les valeursproposées
par Fumi et Tosi
[22]
pour les solidescorrespondants.
On peut penser que pour CsCI en
particulier
laquasi- égalité
des rayonsioniques
entraînera un encombre-ment
stérique
des ions sensiblementéquivalent
facili-tant
l’échange Cs +,
Cl - . Il en résultera :- une distribution uniforme atteinte
plus rapide-
ment que pour KCI
(au-delà
de4,5 A
eneffet,
laprobabilité
de trouver un Cs+ ou un CI- devient voisine de1) ;
- un dédoublement de la
première sphère
decoordinance
élargie, correspondant
à uneprobabilité importante
de trouver dans cettesphère
des ionsde même
signe
que l’ion central. Il luicorrespondra
une
réduction,
par rapport ausolide,
du nombre d’ions designe
différent enposition
deplus proches voisins,
réductioncompensée
par laprobabilité
detrouver, à des distances très
voisines,
des ions demême
signe
que l’ion central.Dans cette structure compacte, les forces d’inter- action entre ions
plus proches
voisins serontplus
faibles pour CsCl. Ceci est en accord avec les
prévi-
sions que l’on a pu faire sur les modes de vibrations
optiques
àpartir
des facteurs de structurespartiels
pour k -+ 0. La valeur de COL
prévue
pourCsCI liquide
est notablement
plus
faible que la valeur du solidecorrespondant
etplus
faible que celleprévue
pour KCIliquide.
Cette réduction dans les forces d’inter- action peut être la composante de 2 effets : l’existence d’un continuumplus rapidement
atteint pour CsCI que pourKCI,
et surtout, la réduction du nombre deplus proches
voisins d’ions designes opposés,
liéeà
l’interpénétration marquée
de lapremière
et de ladeuxième
sphère
de coordinance.Les modèles de
potentiel
depaires adoptés généra-
lement dans les études de simulation
[1], [2], [3]
prennent
en considération unpotentiel
derépulsion
mou, un terme de Coulomb et les termes de
disper-
sion. Avec un tel
potentiel,
iln’apparaît
pas depics
secondaires dans les courbes de distribution radiales de
paires,
ni de différencesmarquées
dans les distri- butions[2] correspondant
à deuxliquides ioniques,
relativement semblables comme KCI et NaCl. Par contre, de tels
pics
secondairesapparaissent [21]
sur les distributions radiales dérivées d’un
potentiel
d’interaction
composé
d’un terme derépulsion
desphères
dures et d’un terme attractif coulombien.Les différences observées avec les résultats
expéri-
mentaux semblent liées aux
hypothèses
de calcul.Nous pensons
cependant qu’un
tel modèle d’inter- action seraitplus
en accord avec lescaractéristiques
réelles d’un
liquide ionique, qu’un
modèle directe-ment dérivé du solide.
Remerciements. - Nous remercions Monsieur le Professeur A. P. Tosi et Monsieur B. Larsen pour l’envoi de leurs communications avant
publication
ainsi que Monsieur
Egger, Physicien
de l’InstitutLaue-Langevin
de Grenoble pour son assistance durant la réalisation de cesexpériences.
Bibliographie [1] WOODCOCK, L. V. et SINGER, K., Trans. Farad. Soc. 67 (1971)
577.
[2] LARSEN, B., FORLAND, T., SINGER, K., Mol. Phys. 6 (1973)
1521.
[3] ROMANO, S., MC DONALD, I. R., Physica 67 (1973) 625.
[4] PAGE, D. I. et MIKA, K., J. Phys. C4 (1971) 3034.
[5] RICE, S. A., Trans. Farad. Soc. 58 (1962) 499.
[6] PLACZECK, G., Phys. Rev. 86 (1952) 377.
[7] PAALMAN, D. I. et PINGS, C. J., J. Appl. Phys. 33 (1962) 2635.
[8] BACON, G. E., Neutron diffraction (Oxford University Press).
[9] CHEN, S. H., in Physical Chemistry : Liquid State (VIII A), Ed. Eyring, Henderson, Jost. (Academic Press) 1971.
[10] BLECH, I. A. et AVERBACH, B. L., Phys. Rev.137 (1965) A1113.
[11] ABRAMO, M. C., PARRINELLO, M., TOSI, M. P., J. Non Metals
(en cours de publication).
[12] KITTEL, C., Introduction to solid state physics (3e édition) (John Wiley and Sons, Inc., New York).
[13] HILL, T. C., Statistical Mechanics (McGraw-Hill Book Company, Inc., New York) 1956, Chap. 6.
[14] STILLINGER, F. H., J. Chem. Phys. 35 (1961) 1581.
[15] LEVY, H. A. et DANFORD, M. D., Molten Salts Chemistry
Ed. M. Blander (Interscience, New York) 1964.
[16] ZARZYCKI, J., J. Phys. & Radium 19 (1958) Supp. 4, 13.
[17] VASLOW, F. et NARTEN, H., J. Chem. Phys. 59 (1973) 4949.
[18] Handbook of Chemistry and Physics (Chemical Rubber Co. F.) 1967, p. 124.
[19] Neutron diffraction Commission, Acta Cryst. A25 (1969) 391.
[20] YAFFE, D. et VAN ARTSTALLEN, E. R., J. Phys. Chem. 60 (1956) 1125.
[21] LARSEN, B., Communication présentée au Workshop sur
les études par simulation des liquides ioniques, Orsay,
Juin 1974.
[22] FUMI, F. G., TOSI, M. P., J. Phys. & Chem. Solids 25 (1964) 31.