HAL Id: jpa-00204277
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Le problème de la prévision du temps
L. Dunoyer, G. Reboul
To cite this version:
L. Dunoyer, G. Reboul. Le problème de la prévision du temps. J. Phys. Radium, 1921, 2 (5),
pp.129-141. �10.1051/jphysrad:0192100205012900�. �jpa-00204277�
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
..
ET
’
.
LE RADIUM
LE
PROBLÈME
DE LAPRÉVISION
DU TEMPS(1).
Par L. DUNOYER et G. REBOUL.
SÉRÏE
VI. TOME II. MAI 1921 ? 5Les
résultats,
que nous avons pu recueillir el grouper, sur laprévision
du
temps,
doivent. aux circonstances danslesquelles
nous nous sommestrouvés,
un caractère surlequel
il nousparait
utile de donnerd’abord de brèves
indications ;
nous énoncerons ensuite les diversesrègles
que nous avons
employées ; enfin,
nous chercherons à montrer comment,en
pratique,
nousopérons.
Si nouspensons
que cette dernièrepartie peut présenter
del’intérêt,
c’est parcequ’une expérience
bien souvent renou-velée nous a
permis
de constater que notre manière de faire était très facile àenseigner,
aupoint
depermettre
àquelqu’un n’ayant jamais
faitde
météorologie
de réussir laprévision
des 24 heures d’une manière trèsconvenable, après quelques
semainesd’apprentissage.
Le mérite de la création d’un Service
météorologique
auxArmées,
revient à l’Aviation et, d’une manière toute
personnelle
au colonelBarès, qui était,
en 1915et 1916,
directeur del’Aéronautique
au G.Q.
G.A la création de ce
service,
nousreçûmes
la direction d’une stationmétéorologique
à établir sur leplateau
deMalzéville, près Nancy,
pourrenseigner
les groupes de bombardementqui s’y
trouvaient alors réunissous le commandement d’une des
plus
noblesfigures
del’Aviation,
le chefde bataillon Roisin
(z).
ltésolu aprofiter
des moindres circonstances favorables pour tenter desexpéditions offensives,
le commandant ltoisin était trèsdisposé
il accorder leplus grand
crédit à nospronostics.
De lajustesse
denos
prévisions dépendait
donc souvent, dans une assezlarge
mesure, lesuccès des
opérations
de bombardement et l’existence des calnarades aumilieu
desquels
nous continuions à vivrequotidiennement.
On
conçoit
que, dans cesconditions,
nous ayons abordé leproblèmes
de la
prévision
dutemps
avec une mentalité assezspéciale. Dépourvus
de(~ ) Résumé d’une communication à la Société française de Physique, séance du W j uin £ 9 1 9 ..
(2) Le commandant Roisin fut, peu de mois après, glorieusement descendu devant
Verdun.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. - SÉRIE VI. - T. IL - MAI ~~~1. - IN- J. 9.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0192100205012900
toute idée
préconçue
et sans autrebagage météorologique
que le livre de M. Gabriel Guilbert(’),
nous n’avionsqu’un souci,
celui de fairedes phélri-
sions aussi utiles que
possible
à nos camarades. Elles devaient pour celaremplir
deux conditions redoutables pour lemétéorologiste : 1 10,
être sûres, ou tout au moins êtreacconipagnées
derenseignements indiquant
leur
degré
decertitude; 2n,
être aussi détaillées quepossible.
La
pratique,
en effet. et le bon sensindiquaient
que lesprévisions trop sommaires, trop
vagues outrop générales
danslesquelles
une habilerédaction
présente
comlnepossible,
pour lelendemain,
un peu de toutes,.
les sortes de
temps
connus, étaient d’uneparfaite
inutilité pour l’aviation.Ce que le commandant Roisin et les chefs de groupe nous
delnallùaient,
c’était de connaître dequelle nlanière,
et (iverquelle
ce q71l estbeaucoup plus difficile,
évoluerait le (lllrd5’ les 2!¡ heures.Si des éclaircies étaient
probables,
il fallait tenter deprévoir
versquel
moment de la
journée
elles seproduiraient
etquelles
seraient leur étendue et leur durée.Enfin,
l’étude attentive des couchesatulospllériques
et, par-ticulièrement,
des zones de vents forts entre I o0o et 3 000 mètres,présen-
tait la
plus grande importance,
surtout pour nos avions de bombardement de nuil. La méconnaissance ou la naissanceimprévue
de telles couchespouvait
amener de véritables désastres.C’est sous cet
aspect pratique
et redoutable que leproblème
de lapré-
vision se
présentait
à nous. Nous avions comme sourccsde renseignements :
1° Les données nécessaires pour élablir des cartes
isobariques
del’Ouest de
l’Europe,
fournies par le Bureau CentralMétéorologique.
2° Les
sondages aérologiques
effectués à notre station ou communi-qués téléphoniquelnent
pour les autres stations du front.3° Nos observations - locales du
baromètre,
duthermométre,
del’hygromètre
et de l’anémomètreenregistreurs ;
enfin et surtout l’examen attentif de l’élat duciel,
directeJnent et COJlstClJn1Ttent observé.Comme méthode de
prévision,
nous avisons d’abordessayé,
avec toutle zèle dont nous étions
capables,
celle (~. Guilbert. G. Guilbert a eu iegrand
mérite d’être lepremier,
en France, à croirepossible
laprévision
rationnelle du
temps,
et àindiquer,
d’une manière assezprécise,
desrègles
à
appliquer. iIalheuretisement, malgré
tout notrezèle,
nous sommes forcésde,
reconnaître que, du moins entre nosmains,
lesrègles
énoncées par M. Guilbert ne nous ont pasperlnis
de.faire,
àMaizéville,
le genre deprévision
dont le comlnandement avait besoin. Nous avions donc cherché 1’ ) G. GuiLBERT. 1Volll.’elle de teinps.à combler nous-mêmes cette
lacune,
soit en nousinspirant
desrègles déjà existantes,
soit en enénonçant
de nouvelles.La méthode de 31. Guilbert est presque entièrement fondée sur l’obser- vation des vents de
surface;
or, ceux-ci ne constituentpoint,
à notre sens, le seul critèrequi
doit intervenir. Lapratique
nous a, eneffet,
montré quenous
pouvons augmenter,
d’une manièreimportante,
lapréczsion
et lasîtreté de nos
prévisions
en étudiantsystématiquement
et simultanément uncertain
nombre,
leplus grand possible,
de critèresiloedépeloedaloets.
C’est encela, principalement,
ainsi que dans le choix de nos critères et dansla
manière de les
discuter, qu’a
consisté notreméthode. Quant
à sa valeurpratique,
elle a tenu, engrande partie,
au soin que nous avonspris
dechercher
quel
était ledegré
de certitude desprévisions
que nous donnions. Nous croyons avoir introduitlà,
dans la manière decomprendre
la
prévision
dutemps,
un élément nouveau.Pour
l’application pratique,
eneffet,
leproblème
nese présente
pas de la même manièrequ’au point
de vuespéculatif.
Ilimporte
peu à l’homme d’actionqui
vous demande desrenseignements
sur letemps qu’il
ferademain, général,
8 sur 10 de vosprévisions
soient exactementyérifiées si demain doit être
précisément
un des deux cas défavorables. Cequi
luiimporte,
avant de faire tous sespréparatifs
dedépart
ou decombat,
c’est de savoir le nombre de chances
qu’il
y a pour que letemps
du lende-main ne soit pas pour lui une
gêne. Or,
laprobité scientifique
laplus
élémentaire
oblige
lemétéorologiste, quel qu’il soit,
de convenir que, siparfois
ilpeut
annoncer letemps
du lendemain avec unequasi-certitude,
il y a en revanche des circonstances où ses
prévisions
ont une valeur beau- coup moindre.Honnêtement, toute prévision
devrait êtreaccompagnée
d’un coefficient
numérique indiquant
les chances de cetteprévision.
Il
n’y
a pas, enmétéorologie,
derègles qui
neprésentent d’exception Appliquée
à un trèsgrand
nombre de cas, tellerègle
nous induit en erreur,par
exemple 4
foissur 10 ;
telle autre, aucontraire,
ne noustrompe
que 2 fois sur 10. Nous dironsque le
certitude de lapremière règle
est0,6
et celui de ladeuxième, 0,8.
Si pour faire notreprévision,
nous
appliquons
seulement lapremière règle,
nous pouvons avoir 4chances
d’erreur sur10,
et 2 sur 10 si nousemployons
seulement la seconde.Mais,
si nousemployons
les deuxrègles
à lafois,
il serapossible
que nos chances de succès soient fortement
augmentées.
Elles le seront sil’application
des deuxrègles
conduit au même résultat. Elles le seront moins si lesrésultats,
sans être enopposition,
ne sont pas absolument concordants. S’il~divergent absolument,
il est clairqu’il
faudraaccepter
de
préférence
lés indications de larègle
affectée duplus grand
coefficient de certitude. Mais la valeur de laprécision
sera alors assez faible.Pour établir nos
prévisions,
nous utilisions les données suivantes : 1° Larépartition
des isobares sur une carte semblable à cellesqu’utilise
le Bureau CentralMétéorologique.
Les isobares étaient tracées de millimètre en millimètre depression.
2° La
répartition
des tendances(variations
du baromètrependant
lestrois heures
précédant l’observation).
3° L’intensité et la direction des vents au sol.
’
~~° Le
rapport
de la vitesse du vent au sol à la tendance.3° L’irttensité et la direction des vents
supérieurs
révélés par lessondages
effectués lelong
du front.6° La
répartition
des états du ciel. A ceteffet,
nous avons trouvéutile,
dès les débuts de notrestation,
deporter
sur la carteisobarique
les indi-cations du baromètre et de tracer la flèche indicatrice de la direction et de la force du vent en
chaque
station avec des encres de couleurs différentes.L’encre
orangée représentait
le ciel pur,rouge’iun’ciel 1 1 ou 1/2
couvert,violette un ciel
3/4
oucomplètement
couvert. L’encre noirecorrespondait
à la
pluie ou [à
laneige.
Enfin les orages étaientreprésentés
par le bleu et le brouillard par le vert. De cettefaçon,
unsimple
coup d’oeiljeté
sur lescartes successives révélait
J’existence
des zonesd’éclaircies,
ou depluie, permettant
d’en suivre latrajectoire
et par suite d’enprévoir
l’arrivée.A cette étude de la
répartition
des états duciel,
se rattachait celle des cirrus quesignalaient quelques
stationsfrançaises.
7~ Indication des
températures.
8° Indication locales et horaires du
baromètre,
duthermomètre,
del’hygromètre
et del’aspect
du ciel. ,Chacune de ces
adonnées
nous fournissait unerègle.
Nous allons exposer brièvement chacune de cesrègles,
enl’énonçant
avec leplus
deprécision possible
et enindiquant
la -valeur du coefficient de certitudequi
lui corre~pond
suivant les diverses circonstances(’).
1.
Règles
des tendances. -a)
Lesré,qions
deqi-andes
ten-dances
négatives
sont celles verslesquelles
sedéplacent
les bassespressions.
(’) Nous avons publié le résumé de nos recherches dans une série de notes parues aux
Concples Rendus de l’Académie des Sciences : 19 nov. 1917, t. CLXV, p. 1068 ; 7 jan-
vier 1918, t. CLXVI, p. 45; 2i janvier 1918, t. CLxvI, p. i24; 18 février 1918, t. xvi, p. 293;
ii mars 1918, t. CLxvI, p. 423 ; 17 février 1919, t. CLXVIII, p. 356 ; 3 mars 1919, t. CLxvIII, p. If57 ; 24 mars 1919, t. CLxvin, p. 621; 14 avril 1919, t. CLxvin, p. 78J ; 12 mai 1919, t. CLgYIII, p. 947; 2 juin 1 919, t. CLxvm, p. 1102; 15 juillet 1919, t. cLxix, p. 78 ; 28 juillet
1919, t. CLXix, p. 191 ; 8 mars 1920, t. CLXX, p.
b)
Lesrégions
desplus grandes
tendancespositives
sont celles verslesquelles
sedéplacent
les hautespressions.
D’une manière
absolue,
cesrègles
sont évidemment inexactes ; ellessupposent qu’un phénomène
amorcé dans un certain sens continuera indéfi- niment dans ce sens-là. Leur inexactitude relative ne les rend pascomplè-
tement inutiles, surtout si l’on
précise
les conditions danslesquelles
leurapplication peut
êtredangereuse
ou utile. Une discussion fortsimple
montre que le
coefficieot
de certitudequ’on
doit leur affecter est d’autantplus
faible que l’échéance estplus éloignée
et que laperturbati in
dureramoins. Il s’ensuit que ces
règles
nepourront
servir que si lesperturba-
. tions que la carte révèle embrassent de
grandes étendues,
sont trèscreuses et se
déplacent
lentement.II.
R ègles
faisant intervenir l’intensité du vent. - Unsimple
coup d’oeil sur les courbesd’enregistrement
de lapression barométrique et,,de
l’intensité du vent, en un même
point
et au mêmeinstant,
montre que desvents croissants sont, en
général, acccompagnés
de baisse dubaromètre,
tandis que des
vents décroissants accompagnent
la hausse. D’une manièregénérale,
les variations du baromètre sontliées.
à celles de l’anémomètrecomme
l’indiquent
les deux courbes de lafigure
1.Fig. i.
Il s’ensuit que les
régions
menacées par la baisse sont celles où la tendance du baromètre estnégative
et la tendanceanémométrique positive (partie
1 de lafigure).
Aucontraire,
lesrégions
que menace la haussecorrespondent
à lapartie
III de lafigure.
Nous avons ainsi lesrègles
suivantes : . .
a)
Les oit les vents sont croissants sont celles que menace la baisse.b)
Lesréqioîzs
où l’intensité dit vent (lécrozt sont envahies par la hausse.Ces
règles, analogues
à celles des tendancesbarométriques
et déduitesd’une manière
semblable,
seront soumises aux mêmescritiques
ets’appli- queront
dans les mêmes cas.On
peut
utiliser la carte des vents au sol d’une manière un peu différente : on vomit sur lafigure
1 que la baissecommence
autemps t0,
e’est-à-dire au rnoment où le vent est le
plus faible; quant
à la hausse,elle commence à se
manifester
autemps il,
c’est-à-dire au moment où le vent est fort. Nous en déduisons lesrègles
suivantes :a)
Dans levoisinage
bassepression
lesrégions
les vents sontfaibles
sont celles que rnenace la baissebarométrique.
b)
Dans levoisinage
d’une haîtiepression,
lesrégions
où les ventssont
forts
sont celles oic seproduira
la hausse dît baromètre.- Il suffit de feuilleter une collection de cartes à situation
isobarique
peucompliquée
pour se rendrecompte
que cesrègles
sont assez souventconfirmées.
Elles devienent insuffisantesquand
la situation estcomplexe.
En outre, il faut leur
reprocher
lagrande imprécision
des termes « vents faibles » ou « vents forts ». Nous avonséprouvé
que, si l’on cherche à lespréciser
par l’introduction « du vent normal » comme l’a fait M. G.Guilbert,
on
n’y
gagnerien,
par la difficulté d’évaluer correctement, sur les cartes.,ce vent normal. _
!If
’
III.
Règles
faisant intervenirles tendances
du baromètre et l’inten- sit.é du vent. - La tendance du baromètre est donnée par le coefficientangulaire
de latangente
à la courbebarométrique :
convenons decompter
le vent Vpositivement
et la tendance T avec sonsigne.
Lesquotients V/ T
de l’intensité du vent par la tendance sont faibles etnégatifs
dans la
partie
1 de lafigure:
c’est alors que la baisse menace. Dans lapartie II,
lesquotients Vll’
sontgrands, négatif s
oupositifs :
c’est la zoned’équilibre
où la baisse va cesser et la haussereprendre.
Dans lapartie III,
lerapport VIT
sera faible etpositif :
ilcorrespond
aux zonesenvahies par la
hausse,
Supposons
formé cerapport
pour les diverses stationsde’la
carte
météorologique; reportons
sur la carte les valeurs de cesquotients.
De ce que nous avons
dit,
nous déduisons lesrègles
suivantes :a)
Lesrégions
où se trouvent les stations pourlesquelles VIT
estfaible
raleur absolue seront celles que J1lenaCe la baisse.b)
Lesrégions nÙ JÍ/T
cetet faible
sont celles oit va sestabiliser la hausse.
Quant
auxrégions
oùl’jT
estgrand,
ellescorrespondent
à la zoned’équilibre qui sépare
lesrégions
menacées par la baisse â~ cellesqu’envahit
la hausse. ,Si on
exprime
l’intensué du vent dans l’échelle de Beaufort et la iendarme enmillimètres,
lapratique
montrequ’en général
il faut consi- dérer lesquotients
commepetits
si leur valeur absolue est infé- rieure à 3.Le coefficient de certitude
global
de cesrègles
est environ0,7.
Ce coefficientdépend
d’ailleurs de la saisonpendant laquelle
est faite laprévision.
Ainsi pour lesdépressions,
nous avonspendant
le semestred’été
0,~~
etpendant
l’hiver0,75;
pour les hautespressions,
aucontraire,
nous avons
0,80 pendant
l’été et0,66 pendant
l’hiver.IV.
Règles
faisant intervenir la direction des vents, - Dans un assezgrand
nombre de cas, les routes suivies par lesdépressions
ou les hautespressions
sont influencées par des zones de vents dus à desperturbations rnétérologiques
coexistantes. M. G. Guilbert a insisté sur cette action et cherché à en utiliser les lois pour laprévision
dutemps :
il a énoncé lesrègles
dites des cc ventsdivergents
». En tentantd’employer
cesrègles
nousavons été amenés à
adopter
un énoncé différent de celui deGuilbert ;
aussi, pour éviter touteCOllfusion,
croyons-nouspréférable d’appeler
cesrègles, règ les
des ventsd’al-)pel.
Elles s’énoncent ainsi :a) Lorsqu’il y
cc, dans levoisinage
d’ltnedépression,
zone devents dont les (lirections sensiblernent
parallèles
viennent de l’intérieur de ladépression
et de sarégion eerctrale,
cettedépression
estappelée
su)- larégion
que couvre la zone des vents.b) Iors jzc’il
y a, dans levoisiîîage
hautepression,
une zone devents dont les seii,çible»oeent
parallèles
vont vers l’intérieur de lapression
et enparticcclier
vers sarégion centrale,
cette hautepression
estappelée
sur larégion
que couvre la des vents.Le coefficient de certitude moyen de la
première règle
est envi-ron
0,70 ;
-, sa valeurpendant
l’hiver atteint0,75
etpendant
l’été elle n’est que0,65.
Celui de la deuxième est0,68
avec, aucontraire,
une valeur de0,74 pendant
l’été et0,58 pendant
l’hiver.En
outre, les directionsd’appel N.-E,
E. et S.-E sont pour les.
dépressions
et les hautespressions
des directionsprivilégiées.
Pour cesdirections,
le coefficient de certitude clevient0,78
pour lesdépressions
et
0,73 pur
les hautespressions,
alorsqu’il
nedépasse
pas0,5
ou0,6
dans l’un et l’autre cas,pour
les autres directions.A propos de la direction des vents au
sol, signalons ~l’importance,
bienconnue de tous les
météorologistes,
de la manièredont,
d’une carte àl’autre,
les vents au sol ont pu tourner. Cet examen estparticulièrement
utile pour les stations côtières ouest de France et
V.
Règles
faisant intervenir les vents desondage.
- Si l’on a soind’éliminer les variations dues à l’action l’on constate que les vents de
sondage rapprochés
de la marche du baromètresuggèrent
lesmômes remarques que celles que nous avuns faites pour le vent au sol : les vents donnés
’par
dessondages successifs croissent [en
intensité’quand
le baromètre
baisse,
tandis que des vents d’intensité’décroissante
corres-pondent Pen général ,.à
un baromètre enhausse;
des vents stationnairesaccompagnent l’immobilité barométrique ;
ils sont!forts
dans le cas d’unmaximum.
’ °
Pour la
pratique,
nous’,déduisons’
de làqu’une
série de vents desondage
d’intensité croissante favorise labaisse, /tandis
que des ventsd’intensité décroissante constituent un
argument
en faveur de la haussebarométrique.
Il se trouve
qu’assez
souventl’augmentation
ou laIdiminuLion
desvents en altitude s’amorce
par le
haut. Il en résulte les faits[suivants :
t. Un vent fort en haut est
accompagné
ou suivi de baisse baromé-trique.
2. Un vent faible en haut est
accompagné
ou suivi de haussebaro-
métrique.1
3.
~Un
vent desondage homogène
et stationnairecorrespond
à l’immo-bilité
barométrique.
La discussion de ces divers faits donne un coefficient de certitude moyen d’environ
0,7;
ces coefficients sont d’ailleursplus grands
en hiverqu’en
été.,par
régime
de vent d’Ouest que par vent d’Est.En somme, associés à
)un
coefficient de certitude d’environ0,7,
lesrègles qui
utilisent les vents desondage
pour la’prévision
des variationsbarométriques
s’énoncent comme il suit :1.
Lorsque
dessondages successifs
des ventsforts
en haut oudes vents dont
l’iîîtensit"est _progressivement
croissante :prévoir
la baisse..(1)
Voir ’C. R. ’Ac. Sciences, 1917, t. CLXV, p. 1068; 1918, t. CLg‘’I, p. 45; If1g, te CLXVI., p. 293.l
2.
Lorsque
dessondages successifs
donnent des ventsfaibles
en haitiou des vertts dont l’intensité est
progressivement
décroissante :prévoir
lahausse.
3.’Lorsqite
l’intensité dit vent donnée parles"sondages esthomoqèneet
ît"a
point pendant plusieurs
heures :prévoir
l’immobilité baromé-o
Dans ce
qui précède,
nous ne nous sommes nullementoccupés
deschangements
de direction que les ventspeuvent présenter
aux diversesaltitudes :
or, ceschangements
de direction sontplus
faciles à déceler que leschangements
d’intensité etpermettent,
parrapprochement
avec la carteisobarique,
uneanalyse plus pénétrante
de la situationmétéorologique.
Etant donné le sens de rotation des vents dans les
dépressions
et les hautespressions,
il est facile d’identifier laperturbation météorologique
àlaquelle
se rattache une couche de vent de direction donnée : de sorte que les varia-.
tions en altitude de l’intensité des vents de
sondage permettront
deprévoir
le sens de la variation
barométrique,
tandis que celles de leur directionpermettront
d’identifier la nature et le mouvement de laperturbation météorologique qui produira
cette variation.Les
règles
que nous avons énoncées secomplètent
donc comme ilsuit :
Si l’intensité des vents de
sondage fait prévoir
labaisse,
et si leurdirection
permet
de les à unedépression
révélée par la carteisobarique,
cettedépression
se creusera ouapp?.oche>.a ;
c’est l’inverse si le vent se rattache à 2cne hautepression.
*
Si l’interasité des vents
fait prévoir
la hausse et si lelu9 direction les rattache àdépression,
celle-ci se combler ous’éloignera,
tandis que s’ils se rattachent à 2cne hautepression,
celle-ciapprochera
oz~ s’exhaus-sera.
VI.
Règles
faisant intervenir lestempératures.
- L’arrivée d’unedépression
venant de l’Océan est, enhiver,
presquetoujours accompagnée
d’une hausse de
température (hiver doux),
tandis que l’établissement d’unrégime
de hautepression s’accompagne
d’une baisse detempérature (hiver rigoureux)..
Les variations detempérature précédent
assez souvent cellesde la
pression,
de sorte que l’onpeut parfois
s’en servir pourprévoir
lesvariations du baromètre.
Les
règles qui
utilisent lestempératures
pour laprévision
fontintervenir,
soit les valetcrs absolues de cestempératures,
soit leurdistribution suivant les
isothermes,
soit enfin leurs variations. Cesont les dernières
qui
sont lesplus
faciles aappliquer
et à discuter.Ces
règles
s’énoncent comme il suit :a)
Lesrégions
air la est Cil hausse sont 171enacées pal- la baissebar0J11étrique.
b)
Lesrégions
oÙ la est en baisse sont 171eJlacécs par la haîtsse ditLa discussion des coefficients de certitude donne en hiver
0,70
pour lapremière
et0,65
pour ladeuxiérne ;
enété,
aucontraire,
nous n’avons que0,55
et 0,~3. Cesrègles présentent
doncpendant
les mois d’hiver le même intérêtpratique
que celles que nous avonsindiquées plus
haut.Pendant les mois
d’été,
aucontraire,
clles sont inutilisables.La discussion montre aussi
qu’elles
ne sontapplicables qu’aux régions
de latitude
supérieure
à 45". Les coefficients obtenus sont, en effet :0,53
pour larégion
méditerranéenne et0,67
pourl’Europe
centrale.VII. -
Règles
faisant intervenir la nébulosité. - L’étude de la dis- tribution nuageuse dans le’voisinage
desdépressions
montrequ’à
l’avantde ces
perturbations
il y a, engénéral,
une éclaircie(disparition
de nuagesbas) ;
et que cette éclaircie laisse voir des nuages dutype
cirrus1’) .
L’onuCilise
depuis longtemps l’apparition
de ces cirrus ou de cette éclairciepour
prévoir
l’arrivée ou ledéplacement
desdépressions.
Il n’est pas un seul livre demétéorologie qui
ne dise quel’apparition
des cirrus est l’indicede
l’approche
du mauvaistemps.
Prise sous cette forme un peu vague, larègle
est difficilement contrôlable.Nojus préférons
la subdi;iser enplusieurs parties d’inégale importance
aupoint
de vue de laprévision
et faciles à con-trôler
séparélnent.
1. de cirrus en 2cn
point indique
l’existencedépi-es-
szon dans le
voisinage plus
ozt inimédial de cepoint.
Coefficients de
certitude ;
semestre d’été :0,92 ;
semestre d’hiver :0, J~.
Pour les cirrus des
régions
Ouest :0,96 ;
pour ceux desrégions
Est :0,81.
2. La direction d’oit viennent les
indique
la direction danslaquelle
se trouve ladépression.
Coefficient de
certitude ;
été :0,84;
hiver :0,81.
Cirrus d’Ouest :
0,91 ;
cirrus d’Est :0,57.
3. La direction de
déplacenlent
des cirrusindique
la di?.ectio?i àpré- voir pour
la 1narche de ladépression.
°Coefficient de
certitude ;
Eté :0,67 ;
hiver :0,60.
~1) Voir en particulier : SHAw.
Forecasling
H’eathe’t.Cirrus d’Ouest :
0,76;
cirrus d’Est :0,43.
Larègle
n’est doncappli-
cable
qu’aux
cirrus d’Ouest.4. Les
cirrus de grande
vitessefont prévoir déplacement rapide
dela
dépression.
Coefficient de certitude moyen ;
0, ~8 ;
larègle
n’étantapplicable qu’aux
cirrus d’Ouest.
5. Des cirrus abondants
indiquent,
ou que ladépression
est dans levoisinage
du lieud’observation,
ouqu’elle
estpro fonde.
Coefficient de certitude moyen :
0,’~’~.
En résumé, la
règle
des cirrus n’est utilisablequ’en restreignant
sonapplication
aux cirrus d’Ouest et à l’Ouest del’Europe.
Il seraitimprudent
d’attacher aux cirrus une aussi
grande importance
dans le Sud-Est de laFrance,
où letemps
est souvent commandé par lesdépressions
méditer-ranéennes. ’
VIII. - Afin
d’imposer
à notrepersonnel l’emploi méthodique
etsysté- matique
desrègles qui précèdent,
-nouspréparions
à l’avance un tableaugroupant
les manifestationsmétéorologiques auxquelles s’appliquent, les règles.
Une fois reçus et classés lesrenseignements nécessaires,
un aideremplit mécaniquement
leslignes
du tableau en inscrivant dans les colonnescorrespondantes
lesrégions
que cesrenseignements
intéressent et les.perturbations météorologiques auxquelles
ils serapportent.
Dans lescolonnes « Favorable à... » ou « Défavorable à... », il note les modifica- tions que
l’application
de larègle
faitprévoir
ourejeter.
Prenons,
à titred’exemple,
le tableaucorrespondant
à lajournée
du24
janvier
1917.’
Nous voyons que :
10 Une
dépression
méditerranéenne s’élèvera vers leNord, puisque
nous avons 6
arguments
en faveur de cedéplacement.
2° Une zone de baisse arrivera sur les
îles Britanniques
et sur l’ouestde la France et de
l’Espagne (5 arguments favorables).
3° Une haute
pression
sur laNorvège
serastable (3 arguments) ;
elle sedéplacera
vers le Sud(1 argument).
Les conclusions 1 et 2 sont hautement
probables, puisque
nous n’avonstrouvé aucun
argument défavorable
etqu’elles
ne sont aucunement.incompatibles
entre elles. Nous pouvons lesaccepter
avec unequasi
certitude.
La conclusion 3 donne 3
arguments
en faveur de l’immobilité de la hautepression
et unargument
en faveur de sondéplacement
vers leSud. Nous ne pouvons pas
l’accepter
comme presquecertaine,
il y acependant
de fortes chances pour que la hautepression
sedéplace
peu.Si l’on se
reportait
à la carte du 25janvier,
on constaterait lajustesse
de ces conclusions.
Pour se rendre
parfaitement compte
de notre manière deprocéder
etdes résultats obtenus, il nous faudrait
prendre,
un à un, un assezgrand
nombre de cas
types
et étudierattentivement,
feuille àfeuille,
nosregistres
d’observations
journalières
et deprévision.
Dans ce
qui précède,
nous n’avons d’ailleurs traitéqu’une partie
duproblème
de laprévision
dutemps.
Une foisprévues
les variations baromé-triques,
il reste à chercherquelle
sera leurrépercussion
sur ce que l’on convientd’appeler
letemps (vents,
nuages,pluie, température, etc.).
Cettedeuxième
partie
duproblème dépend
essentiellement de larégion
où l’onse trouve ; elle constitue ce que l’on
appelle
la «prévision régionale
». Sasolution ne
peut
être abordée quesi,
au moyen d’observations suffi- samment nombreuses et bien,groupées,
l’on a pu déduire letype
detemps régional qui correspond
à chacun des modes de mouvement desperturba-
tions
météorologiques.
Engroupant méthodiquement
nos observations de deux années, nous avons pu faire enpartie
ce travail pour laLorraine,
etnous sommes convaincus
qu’une
dizaine d’années d’observations de tous les instants etquotidiennement discutées,
amèneraient dans cette voie à des résultats étonnammentprécis.
Pour ce
qui
est de laprévision
des variationsbarométriques,
nous neprétendrons point
avoir fait oeuvre définitive. Nos efforts ont eu lieu dans des circonstances souventangoissantes
et où il fallait aller vite. Si nous avons cruutile d’indiquer
notre manière de discuter une carte météoro-logique,
c’est parcequ’elle
nousparait
constituer une ébauchegrossière
dece que devrait être une méthode rationnelle de
prévision
des variations dubaromètre,
etqu’elle
nousparaît indiquer
assez nettement le sens danslequel
doivent être orientés les efforts de ceux que tente leproblème
de laprévision
dutemps.
-, Manuscrit reçu le 3 décembre ~~2~.