HAL Id: jpa-00238617
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00238617
Submitted on 1 Jan 1886
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Études sur la théorie du téléphone
E. Mercadier
To cite this version:
E. Mercadier. Études sur la théorie du téléphone. J. Phys. Theor. Appl., 1886, 5 (1), pp.141-165.
�10.1051/jphystap:018860050014100�. �jpa-00238617�
ÉTUDES
SUR LATHÉORIE
DUTÉLÉPHONE;
PAR M. E. MERCADIER.
Une étude
complète
dutéléphone électromagnétique comporte
trois recherchesprincipales,
savoir :I. Recherches du mécanisme en vertu
duquel
des ondes sonoressimples,
comme celles des sonsmusicaux,
oucomplexes,
commecelle de bruits ou de la
parole articulée,
font varier lechamp
ma-gnétique
d’un aimant où se trouve une lame de fer ou d’acier etproduisent
ainsi dans une hélicequi
entoure l’aiiiianl des courantsinduits.
II. Recherche de la nature intime de ces courants.
III. Recherche du mécanisme en vertu
duquel
lapropagation
de ces courants dans un
appareil
semblable an transmetteur per-met de
reproduire
les sons ou bruitsqui
leur ont donnénaissance,
avec leur
hauteur,
leurtimbre,
leurcomplexité,
sauf une réductionconsidérable d’intensité.
De ces trois genres de
recherches,
le secondn’a guère
donnélieu
qu’à
des étudesthéoriques,
basées sur deshypothèses
rela-tives au mécanisme
qui
doit fairel’objet
dupremier,
et àquelques expériences
en vue de déterminer l’intensité des courants induitstéléphoniques.
Le
troisième,
aucontraire,
a étéeffectué,
onpeut
ledire,
sous presque toutes lesfaces,
aupoint
de vueexpérimental,
dans le but de chercher à accroître l’intensité des effetsproduits.
Une quan- tité considérable de Mémoires ont étépubliés à
cesujet
dans laplupart
des pays dumonde;
mais il est à remarquer que, dans leplus grand
nombre de cesrecherches,
on ne s’est pas servi commetransmetteur du
récepLeur lui-même,
enprofitant
de sa réversibi-lité : on a
employé
des transmetteursmicrophoniques
àpile,
dontles effets sont
plus intenses,
maisqui compliquent
au fond lesétudes de cette
espèce.
Quoi qu’il
ensoit,
peu de personnes ont cru devoirs’occuper
de l’étude du transmetteur
électromagnétique luii-même
et de sonArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018860050014100
perfectionnement.
Et l’on est étonné delire,
dans des livres scien-tifiques
où laquestion
dutéléphone
esttraitée,
que la théorie dutéléphone électromagnétique
transmetteur n’offre pas de difficul- tés ! Je croisqu’il
serait certainementplus
exact d’affirmer quecette théorie n’a pas encore été véritablement étudiée.
Jusqu’à présent,
eneffet,
on s’en est à peuprès
tenu auxexpli-
cations données par M. G. Bell dans son Mémoire
présenté
à laSociété des
ingénieurs télégraphistes de Londres,
le 3 octobre1877.
Or,
dans celflémoire,
siremarquable d’ailleurs,
M. G. Bell a définice
qu’il
entend par courantsondulatoires,
courantsqui
se suc-cèdent d’une manière continue avec des intensités successivement croissantes et
décroissan tes ;
il a soutenu la nécessité de leur em-ploi
pourreproduire,
par des moyensélectromagnétiques,
laparole articulée;
mais le mécanisme même en vertuduquel
cescourants sont
produits
n’est pas nettementexpliqué;
toutes lesexplications
à cesujet
se réduisent à dire que les courants enquestion
sont les courantsqui
résultent desrapprochements
etéloignements
de l’armature vibrantequi
est en face dupôle
d’unaimant,
sous l’influence des ondes aériennesproduites
par la voix.Jusqu’à ce j o ur ( du
moins à maconnaissance)
on n’a pas donné d’autresexplications
du mécanisme parlequel l’énergie
sonore,renfermée dans les ondes aériennes si
complexes produi tes
par la voixhumaine,
est transformée enénergie électrique
ciné-tique,
sous la forme de courantsinduits,
par suite del’interposi- tion,
entre les ondes et lepôle
d’un aimant entouré d’unehélice,
d’un
diaphragme
en matièremagnétique
comme le fer ou l’acier.Je me propose
d’exposer
une série de recherchesexpérimentales
faites en vue de rendre
compte,
autant quepossible,
de ce méca-nisme.
THÉORIE DU TRANSMETTEUR.
I. - Étude du diaphragme au point de vue élastique.
Bien que ce ne soit nullement nécessaire
(car j’ai
construit debons
téléphones
avec desdiaphragmes
de formesdiverses),
le dia-phragme
destéléphones
a ordinairement la forme d’undisque
mince en fer ou en acier.
Avant de l’étudier au
point
de vuespécial
de sonapplication
autéléphone,
il étaitindispensable
de l’étudier en lui-même aupoint
de vue de ses
propriétés élastiques
ouacoustiques.
Tel a été le but des recherches sur les vibrations des lames rec-
tangulaires
etcirculaires,
en fer et enacier, qui
ont étépubliées
dans ce Journal
(1).
Enparticulier,
l’étude sur les vibrations des lamescirculaires, publiée
en décembre1885, répond précisément
au titre ei-dessus :
Étude
du-diaphragme
aitpoint
de vue élas-toque.
Je lasupposerai
connue dans cequi
suit :II. - Étude du diaphragme au point de vue téléphonique.
Rappelons,
avant tout, cequ’on peut appeler
la définition d’untéléphone
transmetteur.Un
téléphone électromagnétique
transmetteur, tel que M. G.Bell l’a réalisé
après
de nombreuxessais,
se compose essentielle-ment d’un
diaphragme
en forme dedisque mince,
en fer ou enacier,
encastré sur sesbords,
à peu de distance d’unpôle
d’aimantou d’électro-aimant entouré d’une hélice
métallique.
Quand
on relie les deux bouts de l’hélice à celle d’unappareil semblable,
servant derécepteur,
on reconnaît au transmetteurles caractères suivants :
i°
Quand
onproduit
des vibrationssimples
del’air,
dans levoisinage
dudisque,
ces vibrations se trouventreproduites
à dis-tance par le
récepteur,
avec leurpériode
et une intensitébeaucoup
moindre;
2° Si l’on
produit
simultanémen tplusieurs
vibrationssimples,
formant par
exemple
desaccords,
lerécepteur
lesreproduit
aussisans altération des
intervalles ;
3° Si les vibrations sont
plus complexes,
comme celles de la pa- rolearticulée,
leur articulation estreproduite,
et leur timbreaussi,
au moinsapproximativeu1en t;
4"
Si l’on fait varier d’une manière coj2ttnue lapériode (là hauteur)
des sons, des accords ou des sonscomplexes
correspon- dant à cesvibrations,
lerécepteur
lesreproduit
d’une manièrecontinue.
(’ ) Journal de Physique, 26 série, t. III, i8g; IV, 541; 1884,-85.
I44
Cette continuité dans les effets
produits
est lapropriété capi-
tale et
caractéristique
dutéléphone.
Elle suppose évidemment dans lediaphragme
du transmetteur lapossibilité
de mouvementstrès
complexes
etsusceptibles
de varier d’une manière continue dans leurs éléments. C’est lepremier point
à étudier.A. Rôle dzc
diaphragme
aupoint
de vueélastique)
i-elative-ment à la nature des mouvements
qu’il effectue.
- Le dia-phraglne
est un corpsélastique susceptible
de vibrer :j’appellerai
sons
particuliers
ou propres de cediaphragnle,
ceuxqu’il
estcapable
deproduire (fondamental
etharmoniques)
en vertu deson
élasticité,
de sa formegéométrique)
de la nature de son sup-port,
et caractérisés par l’existence delignes
nodales déterminées.Quand
onproduit
dansl’air,
devant lediaphragme
des mouve-ments vibratoires
simples
oucomplexes
comme ceuxqui
résultentde la
parole aruictilée,
ils’agit
de savoir si les mouvementsqui
seproduisent
sont ceuxqui correspondent
aux sonsparticuliers
dudiaphragme
ou des mouvements d’une autre nature.I. Il est à remarduer d’abord que, dans le fonctionnemen t or-
dinaire du
téléphone
transmetteur, lediaphragme
n’estjamais
misen mouvement, comme on le fait
quand
on veutproduire
la sériedes
harmoniques
et deslignes
nodalesqui
lescaractérisent;
caron ne les abandonne pas à eux-mêmes
lorsqu’ils
ont commencé àvibrer,
on ne laisse pas un librejeu
à l’action des forces élas-tiques ;
en un mot, les mouvementsqu’ils peuvent
effectuer sont des mouvementsforcés;
observationimportante,
car, si l’on nepeut
en conclureI’impossibilité
des mouvementscorrespondant
aux sons
particuliers
dudiaphragme,
ellepermet déjà
de conce-voir la
possibilité
de mouvements d’ une autre nature.II. En second
lieu,
la continuité nécessaire des mouvementsindiqués
ci-dessus est en contradiction avec les résultats de la théorie desdisques
vibrants et del’expérience.
En
effet,
considérons enpremier
lieu undisque
vibrant libre-ment; il ne
peut prendre qu’une
série limitée de déformationscorrespondant
au son fondamental et à sesharmoniques,
etil y
en a très
peu :
2 dans l’octave du sonfondamental
2 dans la2e octave;
4
dans la3e; 4
dans la4e,
etc.L’expérience
confirme cesrésultats,
même pour desdisques
defer,
de fer-blanc ou d’acier trèsminces,
tels que ceux des télé-phones
ordinaires. Les résultatsqu’on obtient,
eneffet,
en étu-diant les
diaphragmes
dont on se sert dans la fabrication usuelle des transmetteurstéléphoniques,
ne diffèrent pas de ceux quenous avons
indiqués
dans lapremière partie
de cesétudes,
pour desdisques
minces en acier le meilleurpossible
et le mieux tra-vaillé.
Ainsi : i° ils
présentent
la mémehétérogénéité intérieure,
ma-nifestée à l’oreille par des battements de sons
simultanés, quand
on
produit
le sonfondamental,
et àl’oeil, par les
déformations de la nodale circulaire du 1 erharmonique.
En voici unexemple,
pour fixer les idées. J’ai
pris
au hasard114 diaphragmes
en fer-blanc,
deom,
io de diamètre et deomm, 6
à0mm, 7 d’épaisseur,
ser-vant à construire des transmetteurs d’Arson"B"al. Sur ce
nomhre,
10 pour i o0 ont
présenté
une nodale circulaire et donnent un sonmusical assez pur;
35
pour J o0 ont une nodale circulaire un peudéformée ;
3o pour 10o sont médiocres aupoint
de vueacoustique ;
ou bien leur nodale est franchement
elliptique,
ou bien elle a laforme
ovoïde ;
leur son estgénéralement
médiocre. Enfin 25 pour I Ooproduisent généralement
un son mauvais et ont des nodales encoreplus déformés ;
soit que l’un des axes de lafigure s’allonge
à uneextrémité;
soit que la nodale prenne une formetriangulaire
curvi-ligne qui
n’est bien nette quelorsque
les trois sommes coïncidentavec les trois
points d’appui
entriangle équilatéral
dessupports
surlesquels
lesdisques
sontplacés,
et il est à remarquer que, dans cetteposition,
le son dudisque
estgénéralement
pur, soit que la nodale ait une formehexagonale,
ou enfinqu’il n’y
ait pas de nodale nette,auquel cas le disque
ne rendqu’un
sonmat ou plu tô t un
bruit sonore.2° Des
diaphragmes
de ce genrequi
ne sont pas travaillés avecsoin et dont la surface est étamée ou
nickelée,
et dontl’épaisseur varie,
parsuite, généralement
enchaque point,
offrentd’ailleurs,
cela va sans
dire,
la même discordance que lesdisques
minces dumeilleur
acier,
entre la théorie etl’expérience,
en cequi
concernela hauteur des sons fondamentaux et des
harmoniques.
3°
Enfin,
et c’est lepoint
surlequel il y
a lieu d’insister actuel-lement,
les sonsparticuliers
de cesdisques,
fondamental et har-moniques,
formenttoujours
une série cliscontinlle et lin2Ltée.Considérons maintenant des
diaphragmes,
nonplus libres,
mais encastrés sur leur contour, comme ils le sont dans les télé-
phones.
Dans ce cas, la théorie
supposant
desdisques
infiniment minceset un encastrement
absolu,
c’est-à-dire oû tous lespoints
encas-trés sont
complètement immobiles, indique qu’un
tel encastrementfait seulement varier
légèrement
la hauteur du son fondamentalet des
premiers harmoniques qu’avait
ledisque
nonencastré ;
mais ils restent
toujours
discontinus et en nombre limité.Voici ce que dit Wertheim à ce
sujet (Annales
de Chinl. et dePhys.,
3esérie,
t.XXXI,
p.18) :
« On nepeut
vérifier cettepartie
de lathéorie, puisqu’il
estimpossible
d’encastrer uneplaque
sur toute sa
circonférence ; cependant
onpeut
obtenir des sons etdes
figures correspondantes qui
forment la transition du bord libre au bord encastré etqui
s’accordent tout à fait avec la théorie.A cet
effet,
on fixe certainspoints
de la circonférence au moyen d’unsupport
à bouchons et l’on continue à ébranlerpar le
centre ;on obtient alors de ces
figures
à festonsqui
sont connuesdepuis Chladni,
mais dont la théorie n’a pas encore étédonnée,
Et enmême
temps
le son montesensiblement,
tantqu’on
n’a pas dé-passé
le troisième son. Lesfigures
ne se sont bien formées que sur lesplaques
en laiton.... »En
premier lieu,
notons ce dernierpoint,
car il n’est pas réalisé dans letéléphone
où l’onn’emploie jusqu’ici
que des lames en fer(’ )
ou en acier.En second
lieu,
il est à remarquer que lesfigures
dontparle wertheim,
etqui
sont des sortes de cerclesfestonnés,
n’ontja-
mais été obtenues
qu’en employant,
des moyensénergiques,
telsque celui
qui
consiste à percer au milieu de laplaque
un troudont on frotte les bords avec une mèche de crin
colophanée,
cequi
n’a véritablementqu’un rapport
extrêmementéloigné
avec lemode d’ébranlement
qui
consiste àparler
sur le centre de laplaque.
sIl
paraît
donc nécessaire de voirques peuvent
être les effets de(1) Wertheim n’a j jamais employé dans ses expériences qu’un disque en fer doux,
et il avait 4mm,48 d’épaisseur, condition indispensable pour que la théorie soit véri-
fiée, ainsi qu’on l’a montré ( Journal de Physique, 28 série, t. IV, décembre 1885).
l’encastrement dans les cas des
plaques
habituellement en usageen
téléphonie,
et avec un mode d’ébranlement enrapport
avec celuiqu’on
yemploie.
A cet
effet,
dans untéléphone
de formeparticulière (fig. 1)
que
j’ai
fait construire pour servir à des étudesvariées, je puis,
àFig. 1.
volonté,
serrer la membrane de fer étudiée in(fig. y (1)
sur uneportée
bienplane
circulaire p, avec un anneauplat
de bronzeépais,
à l’aide de huit écrous
E, placés
au sommet d’unoctogone,
ou bien en encastrersuccessivement,
entre depetits
blocs decuir b,
huit
points
de la circonférence(les
autres restantlibres),
à l’aidede brides convenables B serrées par les huit écrous.
J’ai soumis à des
expériences
de ce genre desplaques
de toute sles
catégories spécifiées précédemment,
etj’ai
observé les faits suivan ts :En encastrant un
point
de la circonférence d’une de cesplaque s,
on
obtient,
en lafrappant
au centre àpetits
coupsrépétés,
unmélange
de sonsconfus, plus
ou moinsclairs,
mais il estimpos-
sible d’obtenir une
figure
nodale stablequelconque.
En
essayant
d’entretenirélectriquement
le mouvement à l’aided’un
style placé
au centre de laplaque,
onpeut
obtenir avecbeaucoup
de difficulté un son continuqui
s’entend àpeine.
On
peut
étudier ainsi cequi
arrivequand
on fixe successive-ment entre deux blocs de cuir 2,
3, 4, ... points
de la circonfé-rence du
disque,
ouquand, appliquant
cette circonférence sur laportée
dusupport
et l’anneau de bronzeau-dessus,
on serre suc-cessivement les écrous. On reconnaît ainsi : 10
qu’on
nepeut
obtenir defigure
nodale nette enfrappant
le centre ; 2,° que l’en- e) Les figures contenues dans cet article ont été obligeamment mises à notre disposition par le journal La Lunaière électrique.I48
tretien
électrique
du mouvement nepeut
s’effectuer que très malavec de
grandes difficultés;
3° que lesdisques
neproduisent plus
de son soutenu et
musicale
mais bienplutôt
une sorte de bruitsonore, de tonalité assez vague
quand
on lesfrappe ; 4° qu’en
fai-sant varier
graduellement
ledegré
d’encastrement ouplutôt
deserrage on fait varier cette
tonalité (fait déjà signalé
dans les té-léphones ordinaires).
Cette variationpeut
être deplus
d’uneoctave pour des
disques
deom,
1 o de diamètre et deomm, 7 d’épais-
seur, d’une
quarte
pour desdisques
de 5mmd’épaisseur,
et mêmed’une seconde et
plus
pour lesdisques
de 10mmd’épaisseur.
Un
disque téléphonique
aussiimparfaitement
encastré estdonc,
aupoint
de vuemécanique
etélastique,
unsystème
trèscomplexe
et fort peudéterminé;
on nepeut guère
lui supposerapplicables
que les résultats lesplus généraux
de la théorie desdisques vibrants,
à bordsparfaitement
encastrés et considéréscomme f xes,
tels que l’élévation despremiers harmoniques
dudisque
libre. Nous venons de voir ce résultat réalisé pour le son leplus
grave dudisque;
mais ilimporte beaucoup
de savoir s’il existe encore une séried’harmoniques analogues
à ceux dudisque
non encastré.
A cet
effet,
imitant la méthode dont s’est servi M.Bourget
pour l’étude des membranescirculaires, j’ai
soumis desdisques
serrésdans une monture ordinaire de
téléphone (par exemple
de télé-phone Gower)
à l’action des vibrations detuyaux d’orgue
dontl’ouverture était
placée
au-dessous de leur centre.Je me suis servi d’une série de
vingt-six tuyaux produisant
dessons croissant par
intervalle,
de secondesmajeures
oumineures ;
des
appendices cylindriques
en cartonpermettaient,
enallongeant graduellement
chacund’eux,
de passer du son de l’un à celui de l’autre sansdiscontinuité; j’obtenais
ainsi une série continue desons allant du
la2
àl’ut6,
c’est-à-diredépassant
debeaucoup
leslimites des sons de la
parole
articulée.En versant du sable sur le
disque
maintenuhorizontal,
oncherche
si, indépendamment
des faibles mouvementsinévitables
communs aux
disques
et à la monture, il y a des sons que ledisque
renforce
visiblement,
enproduisant
deslignes
nodalesplus
oumoins
régulières,
etqui correspondraient
ainsi à desharmoniques
particuliers.
Voici les résultats ohtenus avec un
disque
en fer très mincede
omm,
I5d’épaisseur;
les dessinsreprésentent
leslignes
nodalesirrégulières
obtenues pour un certaindegré
de serrage dudisque (fig. 2):
Fig. 2.
(a) correspond
àl’ Ul3; (b)
aux sonscompi-is
entresi3
et ut4;(c)
à ut 4 ;(d) à fa4; (e)
àla#4; (f) à ré #3; (g) à fa*;.
Entre les sons
indiqués, sauf mz3, qui a produit
une ébauchede
ligne nodale,
tous les autres n’ont rien ou à peuprès
rienproduit
de sensible.La discontinuité de ce
qu’on peut appeler
les sonsparticuliers
du
disque
est donc bien évidente.Si l’on soumet à cette
expérience
desdisques
deplus
enplus
épais,
on reconnaît que, toutes choseségales d’ailleurs,
le nombresdes sons
qui produisent
dans ledisque
des nodales sensibles di- minue. Apartir
deomm,
5d’épaisseur,
la série se réduit à un cer-tain son et à des octaves pour
lesquels
ledisque
vibre en tous sespoints ;
mais onpeut
admettre que pour cesépaisseurs
le modede mise en vibration n’est pas assez
énergique,
et que les sériesd’harmoniques peuvent
néanmoins exister enproduisant
des mou-vements
d’amplitude trop petite
pour être directementvisibles;
mais cette circonstance ne saurait évidemment
changer
leur dis-continuité en continuité.
En
remplaçant
l’action destuyaux d’orgue
par celle de lavoix,
en chantant des sons formant une échelle continue dans un tube dont l’extrémité est
placée
au-dessous du centre dudisque,
on ob-tient des résultats
analogues
auxprécédents,
maisbeaucoup plus
faibles.
En
parlant,
au lieu dechanter,
les effets sont encoreplus
faibles.
En
résumé,
ilparai
démontre que les mo uvements correspon- dant aux sonsparticuliers
dedisques encastrés,
comme ils le sontdans les
téléphones, forment,
comme ceux desdisques
vibrantlibrement,
une échellediscontinue;
dès lors ils ne suffisentpoint
à
expliquer
la transmission d’une série continue de sons ou d’ac-cords,
et l’on est conduit ainsi d’une nouvelle manière à admettrela possibilité
de mouvements d’une autreespèce.
III. Nous pouvons aller
plus
loin et montrer que cettepossibi-
lité est véritablement une nécessité.
En
effets,
prenons desdisques
de 2mmd’épaisseur
au moins etde IOU’nm de diamètre : leur son fondamental et, par
suite,
leursharmoniques
sontsupérieurs
àl’ut;, lorsqu’ils
sont encastrés. Sinous
produisons
devant cesdiaphragmes
une série continue desons ou d’accords d’une hauteur inférieure à
1lit5,
ou bien si unhomme
parle
devant eux en émettant ainsi des sons articulésqui
sont
toujours compris
dans la gamme d’indice 3 auplus,
il est im-possible
que les sonsparticuliers
dudiaphragme
soient mis enjeu.
Pourtant avec destéléphones
transmetteurs, dont le dia-phragme
a2mm,
3mm ou4mm d’épaisseur,
on entend fortbien,
avecune faible intensité il est
vrai,
dans lerécepteur
l’échelle continue de sons ou d’accordsindiqués
ci-dessus et laparole
articuléeavec son timbre. Il est donc nécessaire ici
qu’il
seproduise
dansle
diaphragme
des mouvements différents de ceuxqui
corres-pondent
à laproduction
du son fondamental et desharmoniques.
Les considérations
précédentes,
basées sur les lois de l’acous-tique
etde l’élasticité, présentent principalement
un caractèrethéorique,
bien ques’appuyant
sur un certain nombred’expé-
riences très
simples.
Ellespeuvent
être confirmées par une seconde série de faits d’un caractèreplus expérimental
encore.IV. On
peut agir
sur ledisque
d’untéléphone,
nonplus
direc-tement, mais par l’intermédiaire de substances
quelconques,
sus-ceptibles
ou non d’émettre des sons propres,métalliques
ou non,corps
magnétiques
ou non,élastiques
ou mous, fibreux ou cristal-lisés, homogènes
ouhétérogènes,
ainsiqu’on
le voit dans l’énu- mération suivante des corpsessayés : mica,
verre,zinc, fer, cuivre, liège, caoutchouc, bois, papier,
coton,plume, linge,
ciremolle.
Il suffit
d’appuyer
une lame de ces corps sur les bords destinés habituellement à visser le couvercle del’instrument, emprisonnant
ainsi une couche d’air
plus
ou moinsépaisse
entre ledisque
de feret la
plaque essayée.
On reconnaît que
l’interposition
de cette lame n’altère pas lespropriétés téléphoniques,
enparticulier
lareproduction
dutimbre,
et ne fait même pas varier sensiblement l’intensité des
effets,
toutes choses
égales
d’ailleurs(1 ).
Pour éviter
qu’on
nepuisse
attribuer ce résultat aux vibrationsdirectes des
parties
latérales del’instrument,
on en toure le télé-phone
tout entier d’uneépaisse
couche d’ouate et l’on constatepréalablement qu’on
ne transmet rienquand
onparle
contre lesparois,
dans ces conditions.La même
précaution
étantprise,
enaugmentant l’épaisseur
dela lame
interposée,
on affaiblit bien engénéral,
il estvrai, graduel-
lement l’intensité de l’effet
produit;
mais la hauteur et le timbre de la voix ne sont nullementaltérés,
et ce dernier au contrairedevient de
plus
enplus
net. ,(1) M. Ochorowicz avait déjà montré qu’on peut interposer une lame de caout-
chouc entre la bouche et un téléphone.
J’ai observé ce
fait,
parexemple,
avec une lame de verre de5mm
d’épaisseur,
une lame de cuivre de2mm, 5,
uneplaque
deliège de 75mm,
un bloc de bois de50mm,
une couche d’ouate de20mm,
un livre broché de
50mm,
une couche d’édredon d’environom, 30
entourant l’instrument de toutes
parts,
une couche de sable deom, 05.
Dans
l’eau,
l’effetproduit
estremarquable : quand
l’instrumentest entouré d’une couche d’eau de
Om,02
ouonl,o3,
ildonne, quand
on
parle
à la surface duliquide,
des résultats un peuaffaiblis,
mais le timbre est
parfaitement reproduit,
et, si l’onaugmente
jusqu’à om,
15l’épaisseur
de la couched’eau,
iln’y
a pas de nouvel affaiblissement sensible.V. Au lieu de faire varier l’action extérieure sur les
disques,
on
peut
les mettre manifestement hors d’état deproduire
des sonsfondamentaux et des
harmoniques
par lejeu
de leur élasticité propre.1° On sait d’abord
qu’on
construit de bonstéléphones
trans-metteurs en
prenant
pourdiaphragme
une membranequelconque
sur
laquelle
est collé unpetit
morceau defer, auquel
cas iln’y
apas lieu de songer à des sons propres de ce
fragment
de fer : c’estmême la forme
primitive
du transmetteur de M. G. Bell. Mais onpeut agir
sur lesdisques
ordinaires : il suffit de lescharger
depetites
masses enquelques points irrégulièrement
distribués surleur surface. On leur enlève ainsi ce
qu’on peut appeler
leurs pro-priétés acoiistiqiics habituelles,
mais nullement leursqualités téléphoniques.
2° On
peut agir
sur la substance même dudisque (fig. 3).
Pour
cela,
onprend
deuxdisques
aussiidentiques
quepossible,
au
point
de vueacoustique
ettéléphonique ;
on perce l’un d’euxcomme une
écumoire,
defaçon
à enlever environ la moitié de la matière de laplaque : celle-ci, acoustiquement,
ne donneplus
aucun son
musical ; mais, téléphoniquement,
elle donne absolu-ment les mêmes effets que la
première,
seulement avec moins d’in-tensité ;
mais ils’agit
ici de laqualité
et de la nature desphéno-
mènes et non de leur intensité. Il faut
prendre
laprécaution,
danscette
expérience,
d’encastrer avec laplaque
undisque
depapier
fin de même
diamètre,
ou de recouvrir letéléphone
d’une lame decaoutchouc,
pourempêcher
l’air mir par la voix de traverser laplaque
et deproduire
une résonnancegênante
dans la boîte mêmede l’instrument.
La
première plaque
est à son tourdécoupée
en forme de roueà 5 ou 6 ravons
étroits,
soutenantundisque
central dont la surfaceest un peu
supérieure
à celle dupôle magnétique
enprésence.
Dans cet
état,
sa masse est diminuée demoitié,
et elle donne les mêmes résultatstéléphoniques
quelorsqu’elle
étaitpleine.
Fig. 3.
Dans ces deux
expériences,
ilparaît
vraiment bien difficiled’admettre la
possibilité
de mouvements de laplaque,
caractérisés par une division en sectionsséparées
par deslignes
nodales.3° En
poussant
à l’extrême lesexpériences précédentes,
on estconduit naturellement à essayer un
systéme magnétique, maquant
autant que
possible d’homogénéité
et de consistance aupoint
devue
élastique
ouacoustique.
A cet
effet,
onpeut prendre
une toilemétallique
en fil de fer.En
plaçant
undisque
de cette toile à laplace
dudisque
ordinaire-du
téléphone,
defaçon qu’il
ne soit pas en contact avec lepôle
de
l’aimant,
en encastrant avec la toile une feuille depapier,
pour éviter les effets de résonnance dus à l’introduction de l’air par les mailles de la
toile,
on obtint des effets de même naturequ’avec
undisque
enfer,
mais avec une intensité moindre.Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’encastrer la toile
métallique;
il suffit de la fixer sur un
support
par troispoints,
à unepetite
distance du
pôle
de l’aimant.On
peut
se servir de toiles à mailles degrandeur variable, depuis
1mmq
jusqu’à omllHI, 4
et0mmq,3;
les toiles lesplus
serrées donnent.I54
les résultats les
plus intenses,
cequi
seconçoit
fortbien,
indé-pendainment
de toutethéorie,
le nombre par unité de surface des élémentsmagnétiques susceptibles
deréagir
d’une manièrequel -
conique sur l’aimant
placé
en face d’euxaugmentant
avec la finesse du tissu. Ilparaît
encore bien difficile de songer, avec un dia-phragme magnétique
de cette nature, à des mouvements transver- sauxd’ensemble,
avec division en concamérationsséparées
par deslignes
nodales.Toutes les
expériences qui
viennent d’êtreindiquées
ont étéfaites d’ailleurs avec des
téléphones
àchamps magnétiques
fortdifférents,
savoir :io Un
téléphone
dusystème
Bell avec aimantrectiligne,
dontun
pôle
de forme circulaire est en face dudiaphragme magné- tique ;
2° Un
téléphone
dusystème Gower,
où lediaphragme
est attirépar deux
pôles
contrairesvoisins,
de formerectangulaire allongée;
3° Un
téléphone
dusystème
d’Arsonvalagi ssan t
par deuxpôles
contraires
concentriques,
l’un circulaireintérieur,
l’autre annu-laire extérieur.
Tous les trois ont donné des résultats de même nature
(à
l’in-tensité
près
desphénomènes, qui
n’est pas enquestion
pour lemoment).
On ne
peut
alorss’empêcher
de penser que le mécanisme en vertuduquel
lesdiaphragmes téléphoniques
exécutent leurs mou-vements est tout au moins
analogue,
sinonidentique,
à celui parlequel
tous les corps solides de formequelconque,
un mur parexemple,
transmettent à l’une de leurs surfaces tous les mouve- mentsvibratoires, simples
oucomplexes,
successifs ousimultanés,
de
période
variant d’une manière continue oudiscontinue, qu’on produit
dans l’air en contact avec l’autre surface. Ce serait unphénomène
comme ceuxqu’on
caractérise enAcoustique
par lemot de résonnance.
Dans les
diaphragmes d’épaisseur suffisante,
ce genre de mou-vements existerait
seul;
dans lesdiaphragmes minces,
leursmouvements d’ensemble
correspondant
à leurs sons propres et caractérisés par des formesparticulières
delignes
nodales sesuperposeraient
auxprécédents,
en vertu de la loi de la superpo-sition des
petits
mouvements, toutes les fois que l’on émettrait des vibrations dont lapériode
serait la même que celle de ces sons eux-mêmes :superposition peut-être plus
fâcheusequ’utile, d’ailleurs,
car, s’il en résulte en ce cas, uneaugmentation
d’inten-sité,
c’est auxdépens
de lareproduction
dutimbre,
les harmo-niques
dudiaphragme
nepouvant
coïncider que par leplus grand
hasard avec ceux des sons
qui
mettraient enjeu
le son fonda-mental de ce
diaphragme.
Dans le
premier
cas, lesplaques
secomporteraient
véritablementcomme de
simples
ti-atisinettelii-s de mouvementsvibratoires, indépendamment
de leur formegéométrique.
Dans lesecond,
ellesagiraient toujours
de la mêmemanière,
et deplus,
àl’occasion,
d’une manière en
quelque
sorteplus active, plus personnelle, d’après
les lois de l’élasticité relatives à leur formegéométrique, plus
ou moins modifiées parl’hétérogénéité
de leur constitutionmoléculaire,
et par l’indétermination et l’insuffisance de leur encas- trement.Il me semble
qu’on
se rendrait ainsi assez biencompte
desmouvements
généraux
etcomplexes
desdiaphragmes téléphoniques
transmetteurs,
permettant
lareproduction
d’une échelle continue de sonssuccessifs,
etsuperposés
en accords musicaux ou enséries,
telles que celles que l’on considère dans
l’explication
dutimbre;
et, en même
temps,
ons’expliquerait
les renforcementsproduits
par les
diaphragmes
trèsminces,
à certainspoints
de cette échellecontinue et les altérations du timbre
qui
lesaccompagnent géné-
ralement.
Le
premier point
de la théorie dutéléphone
transmetteur,savoir,
la nature des mouvements dudiaphragme,
se trouveraitpar là même ramené à un
phénomène
connud’acoustique
oud’élasticité.
B. Rôle dru
diaphi-agme
aupoint
de vue de latransformation d’énergie qui
résulte de ses mouvements. --- Les mouvementsdu
diaphragme
seproduisent
dans unchamp magnétique :
il enrésulte une transformation
d’énergie mécanique cinétique
enénergie magnétique également cinétique,
constituant le secondpoint
à étudier dans la théorie du transmetteur.En