HAL Id: jpa-00236487
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00236487
Submitted on 1 Jan 1961
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Rayonnement de freinage dans les expériences de diffusion muon-proton
Jean-Marie Abillon, Paul Kessler
To cite this version:
Jean-Marie Abillon, Paul Kessler. Rayonnement de freinage dans les expériences de diffusion muon- proton. J. Phys. Radium, 1961, 22 (8-9), pp.521-524. �10.1051/jphysrad:01961002208-9052100�.
�jpa-00236487�
RAYONNEMENT DE FREINAGE DANS LES
EXPÉRIENCES
DE DIFFUSION MUON-PROTONPar JEAN-MARIE ABILLON et PAUL
KESSLER,
Laboratoire de Physique Atomique et Moléculaire du Collège de France.
Résumé. 2014 En vue d’expériences de diffusion muon-proton dans une région où le transfert
d’impulsion est de quelques centaines de MeV, nous avons calculé à l’aide de la méthode des pro-
cessus quasi réels la contribution du rayonnement de freinage à la section efficace de diffusion. Le résultat obtenu doit être additionné avec la correction de Schwinger qui inclut à la fois les effets radiatifs virtuels et l’émission de photons réels de très basse énergie. On obtient ainsi la correction radiative totale, qui est fonction de l’énergie initiale du muon, de l’angle de diffusion, et de la lar-
geur de résolution pour l’énergie finale. Une application numérique est donnée pour une énergie
initiale de 2 GeV et différentes valeurs de l’angle de diffusion et de la largeur de résolution.
Abstract. 2014 In relation with muon-proton scattering experiments in a region where the mo-
mentum transfer is several hundred MeV, we have calculated by the method of quasi-real pro- cesses the contribution of bremsstrahlung to the scattering cross-section. Our result has to be combined with the Schwinger correction, which includes both virtual radiative effects and emission of real photons with very low energy. One thus gets the total radiative correction as a function of initial energy of the muon, scattering angle, and resolution width for the final energy. A nume- rical application is given for an initial energy of 2 GeV and different values of the scattering angle
and the resolution width.
PHYSIQUE 22, 1961,
Introduction. - Des
expériences
de diffusionde
mésons sont
actuellement en cours ou enpré- paration dans
divers laboratoires. Le transfertd’impulsion (du
muon aunoyau-cible)
se situedans ces
expériences
entre 102 et 103 MeV. Leurbut est de déceler dans ce domaine une anomalie éventuelle dans les sections efficaces de diffusion
élastique :
anomaliequi
serait due soit à une struc-ture du méson p., soit à une interaction non élec-
tromagnétique
entre le muon et le noyau.En raison de la faible intensité des faisceaux de
mésons {i susceptibles
d’être obtenus(à partir
de faisceaux de mésons vu se
désintégrant
envol),
il est
pratiquement impossible
dans cesexpériences
d’avoir une bonne résolution sur
l’énergie
finaleau
voisinage
dupic
de diffusionélastique.
Lessections efficaces mesurées incluront donc forcé- ment une
part
d’effetsinélastiques.
Ceseffets,
dans le cas
particulier
de la diffusionmuon-proton (que
nous considéronsici)
se réduisent au nombrede deux :
rayonnement
defreinage,
etproduction
de mésons 7t. Il est donc nécessaire de calculer
ces effets
(compte
tenu des valeursprévisibles
pour la
largeur
de résolution surl’énergie finale),
pour
pouvoir
les soustraire des sections efficacesexpérimentales
et obtenir ainsi les valeurs correctes des sections efficaaes de diffusionélastique.
Dansle
présent travail,
c’est au calcul dupremier
desdeux effets mentionnés que nous nous
attaquons.
Notons que nos calculs seraient
également (et
même a
fortiori, puisque
nous utiliserons une appro- ximationrelativiste)
valables pour la diffusionélectron-proton
dans le même domained’énergie,
seule, la masse
de la particule
diffusée variant d’unproblème
à l’autre. Mais dupoint
de vueexpéri- mental,
nos résultats sontbeaucoup
moins utilés dans le cas del’électron,
pourlequel
il est faciled’obtenir une bonne
résolution,
et en fait d’isolerle
pic élastique. Signalons
néanmoins que nousavons fait
précédemment
un calcul semblable pour la diffusionélectron-noyau dans
un domained’énergie
où la structurenucléaire
ne se manifestepas encore
[1].
Calcul du
rayonnement
defreinage
par la mé- thode des processusquasi
réels. -. Nous utilise-rons pour ce calcul la méthode
d’approximation
dite des processus
quasi
réels[1].
Cette méthodeconsiste à associer à un
diagramme
deFeynman
élémentaire
tel que
celuireprésenté
sur lafigure
1un
spectre
donné par :soit encore par
l’expression équivalente :
Cette formule est valable à condition que le fermion entrant et sortant soit relativiste
(E,
E’ »m).
Elle
permet
dans de nombreux cas en électro-dynamique
de ramener un processuscomplexe
àun processus
plus simple
en «amputant »
le dia-gramme de
Feynman correspondant.
Revenons à notre
problème.
Soit m et M lesmasses
respectives
duméson v
et duproton,
E et E’
respectivement l’énergie
initiale etl’énergie ,
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01961002208-9052100
522
finale du
méson (1.,-
6l’angle
dediffusion,
et à lalargeur
de résolution pour E’.Appelons
encoreE*
l’énergie
finalecorrespondant
aupic élastique, q le
transfertd’impulsion
pour la diffusionélastique,
et enfin
E’(== E* -A)
la limite inférieure surl’énergie
finale(coupure expérimentale
duspectre).
Nous
prendrons
unsystème
d’unités où c= 1,
1ï = 1.
FIG. 1.
L’allure
générale
duspectre
différentielqui
nousintéresse
(pour
unangle
0déterminé)
estindiquée par
lafigure
2. Cespectre
contient lepic élastique
FIG. 2.
plus
la queue due aurayonnement
defreinage ;
il se confond avec le
spectre mesuré,
une fois que l’on a déduit de celui-ci l’effet deproduction
demésons. Notons
qu’il
estimpossible
deséparer
strictement le
rayonnement
defreinage
dupic élastique,
étant donné que dans lepremier phé-
nomène le
photon
émispeut
avoir uneénergie
aussi voisine de zéro que l’on veut. Nous pouvons néanmoins
opérer
une telleséparation
en intro-duisant
un . paramètre
artificiel equi
définit unelimite inférieure pour
l’énergie
duphoton
émis.La section efficace de
rayonnement
defreinage, intégrée
sur lespectre d’énergie, dépendra
dequatre paramètres :
d’unepart,
les limites 0 et e ; d’autrepart,
deuxparamètres
que l’on est libre de choisirparmi
les troisquantités E, q
et 0(liées
entre elles par une
relation).
Nous choisissonsE
«Â,
et d’autrepart
nouspostulons
pour lesparamètres q,
0 et d les conditionsexpérimentales
suivantes :
On vérifie aisément
qu’avec
ces conditions nous sommes dans le domaine de validité de la méthode des processusquasi
réelsqui
nouspermettra
icide
replier
defaçon directe,
par la formule donnéeplus haut,
lerayonnement
defreinage
à la diffa- sionélastique.
En
effet,
nous avons à considérer les deux dia- grammes(a)
et(b)
de lafigure 3 ;
chacun de cesFrG. 3.
diagrammes
contient undiagramme
élémentaire dutype
de lafigure 1,
« branché » sur un processus de diffusionélastique.
Les conditionsposées
en-traînent le fait que les
angles § et cp indiqués
surles deux
diagrammes de
lafigure
3 sont essentiel-lement
petits
parrapport
àl’angle
total de diffu- sion 6. Il en découle deuxsimplifications impor-
tantes :
1° Pour chacun des
diagrammes (a)
et(b), l’angle
de la diffusionélastique (qui
intervient auvertex
marqué
d’unecroix) peut
être sensiblementconfondu avec 6. ’
2° Nous pouvons
négliger
l’effet d’interférence entre les deuxdiagrammes,
l’état final étant es-sentiellement différent dans les deux cas : dans le processus
(a)
lephoton
est émis à peuprès
dansla direction de la
particule sortante,
dans le pro-cessus
(b)
à peuprès
dans la direction incidente.Soit Gel,
a i
eta i
les sections efficacesrespectives
de la diffusion
élastique
et durayonnement
defreinage correspondant
auprôcessus (a)
ou(b).
Pour la
simplicité
del’écriture,
nous définirons cessections efficaces comme fonctions de
l’énergie
seu-lement,
considérant les autresparamètres (0, A, e)
comme
fixes ;
d’autrepart,
nous écrirons a pour la section efficace différentielledG /dQ. Enfin,
nousécrirons directement les facteurs de branchement :
On obtient immédiatement :
où
P(E*, E’)
etP(E, E’*)
sont données par la for- mule des processusquasi
réels. Lesénergies
in-termédiaires E* et E’* se déduisent de E et .E’
par les relations
bien
connues de lacinématique
de la diffusion
élastique :
d’où
également :
Le calcul de 8’ donne de
façon
immédiate :Dans
l’argument
dupremier
facteurlogarith’
mique;
il est raisonnable deprendre, d’après
leshypothèses
faitesplus
haut : C{)max sw0 ;
d’autrepart,
onpeut prendre
E* N E et noter que EO - q.D’où :
Le
calcul de 8b est considérablementplus
diffi-cile. Il faut considérer en détail la section efficace de la diffusion
élastique
d’un fermion(électron
oumuon)
relativiste par unproton (2) :
Dans cette
formule,
Kreprésente
le moment ma-gnétique
anormal duproton (K = 1,79) ; F,
etF2
sontrespectivement
les facteurs de forme élec-trique
etmagnétique
duproton, qui dépendent
duquadrivecteur
q(énergie-impulsion
transférée dans ladiffusion).
Il est difficiled’avoir,
à la lumière des donnéesexpérimentales (sur
la diffusion élec-tron-proton),
uneexpression analytique précise
de
Flet F2.
Si nous utilisons pour la distribution decharge
duproton
le modèle dit «exponentiel
»,relativement
simple
et assez bien confirmé dansun
large
domained’énergie,
ce modèle nous donne :où l’on
prend
pour la constante a(«
rayon »électromagnétique
duproton)
la valeur de0,8
fermis = 4
(GeV)r1;
d’autrepart, q2
est donnépar :
Comme nous avons à considérer dans notre pro- blème un
rapport
de deux sections efficaces rela- tives à desénergies différentes,
nous negarderons
dans
l’expression
de ael que les facteursqui
varientfortement avec
l’énergie. Compte
tenu des condi-tions
initiales,
cela nous donne :D’autre
part,
dansl’expression
deF,
nous pren- drons(compte
tenutoujours
de noshypothèses) : q2 N 4E2 sin2 0/2,
cequi
nous donnezoù
Avec ces
simplifications,
on a :soit encore :
L’intégration,
assezfastidieuse,
donne fi-nalement : ,
où
f(lE, jEo*)
sera donné parl’expression
ci-dessous.Pour
simplifier l’écriture,
nous posons :et d’autre
parut :
Nous avons :
524
La somme de 8a et 8b nous donne la
contribution
durayonnement
defreinage
dans les limites dé- finies.Toutefois,
si nous voulons déterminer la correction radiativetotale,
et en mêmetemps , éliminer
leparamètre
artificiel s, nous devonsajouter
un troisième terme 81qui
est la correctionradiative calculée par
Schwinger [3],
etqui
cor-respond :
10 Aux effets
virtuels,
c’est-à-dire à l’émission et à laréabsorption
d’unphoton virtuel ;
20 Al’émission d’un
photon réel
de très basseénergie
(k .
Ce terme est donné dans le cas relativiste par :
où0(6)
est une fonctioncompliquée, qui
se réduitcependant
pour 0 1 radian à :Il ne reste
plus qu’à
additionner les trois termes pour obtenir la correction radiative totale :APPLICATION
NUMÉRIQUE.
- Uneexpérience qui
est actuellement en
préparation
au C. E. R. N.prévoit
la diffusion demésons
d’uneénergie
de 2 GeV sur des
protohs ; l’angle
de diffusionpourra varier entre 100 et 300
(ce qui correspond
à un transfert
d’impulsion compris
entre 340 et1 020
MeV),
et la résolution surl’énergie
finalesera certainement de l’ordre de
quelques
centainesde MeV.
Nous
donnons
dans le tableauci-après
les résul-tats que nous obtenons pour 8
(en pour-cent)
enfonction de différentes valeurs de 0 et A.
Il convient de noter que pour 0 = 300
(q
-M),
nous sommes
déjà
à la limite de nos conditionsinitiales ;
d’autrepart,
ilsemble, d’après
des ex-périences
récentes[4]
sur la diffusion électron-proton,
-que le modèleexponentiel
ne soitplus va-
lable dans ce
domaine,
la décroissance du facteur de formeélectrique (en
fonction deq2) apparais-
sant comme moins
rapide
que ne leprédit
ce mo-dèle. Les
approximations
que nous avons faites d’unepart,
le choix du modèle d’autrepart,
nousont sans doute conduit à une surestimation des valeurs de 8 pour
300 ;
les résultats donnés pour cetangle peuvent
donc être considérés comme desbornes
supérieures.
-D’autre
part,
le fait d’avoir utilisé uneapproxi-
mation relativiste introduit pour l’ensemble des résultats une erreur relative
qui
est au maximumde l’ordre de
(In qlm)-l.
Cette erreur est évidem-ment
particulièrement
sensible pour 6 = 10°(q
=3m),
mais ilapparaît
que pour cette valeurla correction radiative est de toute
façon pratique-
ment
négligeable, quelle
que soit la résolution.Malgré
leur caractèreapproximatif,
les chiffres donnés ci-dessus(chiffres qui permettent
d’ailleursune
interpolation
facile pour des valeurs intermé-’diaires de 0 et
A) peuvent
être d’unegrande
utilitépour les
expérimentateurs.
Ils doivent en effetleur
permettre
de déterminer la résolution à ob- tenir pour unangle
de diffusion donné(autrement dit,
de décider des moyens de détection à mettreen oeuvre pour le faisceau .de muons sortant sous cet
angle)
en fonction de la bornequ’ils
entendentassigner
à la correction radiative.Nous désirons remercier MM. L. Goldzahl et J.
Banaigs,
avecqui
nous avons eu de fructueuses discussions. Nous tenons d’autrepart
àsignaler
que ce travail a bénéficié de l’aide du Commissa- riat à
l’Énergie Atomique,
ainsi que du CentreNational de la Recherche
Scientifique..
, Manuscrit reçu le 9 mai 1961.
BIBLIOGRAPHIE [1] KESSLER (P.), Nuovo Cimento, 1960, 17, 809.
[2] HOFSTADTER (R.), Ann. Rev. Nucl. Science, 1957, 7, 231 (voir formule 89).
[3] SCHWINGER (J.), Phys. Rev., 1949, 76, 790.
[4] HOFSTADTER (R.), BUMILLER (F.) et CROISSIAUX