5 5 5 2 . 0 1 1 5 X
LES CLASSIQUES DE LA SCIENCE
Publiéssous la direction deMM
.
H. ABRAHAM,H. GAUTIER . H. LE CH ATELIER, J.LEMOINE
I I
M E S U R E D E L A V I T E S S E
D E L A L U M I È RE
É T U D E O P T I Q U E
D E S SURFACES
MÉ M O I R E S
de
LÉ O N F O U C A U L T
A v e c3 p l a n c h e s h o r st e x t e
.
ü . F . R . J
.BLIOTECAs
,r,
HEGlSTR
.
DATA3 m \ MJi
L I B R A I R I E A R M A N D C O L I N
P A R I S 1 0 3, B O U L E V A R D S A I N T
-
M I C H E L,1 9 22
Tousdroit#de reproduction,detraductionetd’adaptationréservéspourtous pays
.
2e Edition
.
I
AVERTISSEMENT
! En publiant la collection des Classiques
de laScience,
nousesp é
rons être utiles à tous ceux que la Physique et la Chimie intéressent,
auxprofesseurs, aux étudiants des grandes Ecoles et des Facult
és , aux
él
èves des classes de l
'Enseignement secondaire .
Notre intention est de pr é senter successivement
aupublic scientifique les m émoires fondamentaux dus
auxsavants franç ais et
étrangers qui ont ouvert les grands chapitres
de lascience.
Chacun des volumes de la collection comprendra soit divers mémoires d
’un seul savant , soit des mé moires de plusieurs auteurs
serapportant à un m
ême ordre d
’idé
es.
La Société française de Physique
afait ré imprimer,
d’ unefaç
onluxueuse,
lesœ uvresde quelques physiciens fran çais (Amp
ère, Coulomb , Becquerel , Curie , etc
.) . En Allemagne, Ostwald a publi é , dans
salangue, de
nom-
breux
m émoires dus
àdes chimistes et des physiciens de diverses
nationalités.
Nous voulons réaliser de m
ême,dans un but d
’intér
êt
g én
éral ,
uneédition française à bon marché , facilement
accessible au grand nombre . Nous le faisons d
’ unefa çon
absolument désintéressé
e,
cequi nous a permis de
demander
auxé diteurs des sacrifices correspondants .
Auteurs et é diteurs esp è rent que le public , par l
’accueil
AVERTISSEMENT
lente, maiscertaine, de l’observation
,
pour de séduisantes
rêveries, peut-
être seront-ils arrêt
és sur ce terrain glissant en voyant un hommede génie qu’aucun dé tail nerebutait.
Et d’ailleursà une époque où, sauf quelqueshonorables
exceptions,la publication d'un livre est une opération pure-
ment mercantile; où les traités de science,surtout
,
taillés sur le même
patron, ne diffèrent entre eux que par des nuances de rédaction souvent imperceptibles; où chaque auteur néglige bien scrupuleusement touteslesexpériences
,toutes
les théories,
tous les instruments que son prédéces -
seurimm édiat aoubliésou méconnus
,
onaccomplit,
jecrois,
un devoir en dirigeant l’attention des commençantsvers
lessources
originales.C’est là,etlàseulement, qu’ils puiseront d’importants sujets derecherches;c’est là qu’ilstrouveront
l’histoire fidèle des découvertes, qu’ilsapprendront à dis-
tinguerclairementle vrai de l'incertain
,
àsedéfier enfin,des théories hasardées que les compilateurs sansdiscernement
adoptentavec
uneaveugleconfiance.. .
)#[Ann
.
de Phys,et Chim.
[2], LIV, 396,1833.)AVERTISSEMENT VII
qu’il fera à ces classiques , leur apportera la preuve que la publication ré pondait bien à une nécessit é .
Cette publication para
ît d
'ailleurs
être la réalisation d
’un vœ u que l
’ontrouve souvent formul é par de nom -
breux écrivains qui ont recommand é la lecture des m é moires originaux comme le meilleur moyen de d
éve- lopper chez les é tudiants l
’esprit scientifique, tout en contribuant aussi
àleur culture litt
éraire. Nous donnons ci - dessous quelques citations de savants qui nous parais
-sent avoir encourag
é àl ’avance notre tentative .
LeComitéde Publication :
VI
II
.ABRAHAM, H
.GAUTIER , H
. LECHATELIER , J
.LEMOINE .
Éloge historique d’Alexandre Volta.
ParFRANçOISARAGO,
Secrétaire perpétueldeVAcadémie desSciences
.
(Lu à la séance publique du 26 juillet 4833.)
«
. . .
Lalettre àLichtenberg,
en date de 1786,
dans laquelle Volta établit par de nombreuses expériencesles propriétés des électromètres à paille, renferme sur les moyens de rendre cesinstrumentscomparables,
surlamesure
des plus fortes charges,sur certainescombinaisons del’électrom
ètre
et du condensateur, des vues intéressantes
dont on est étonné de ne trouveraucune
trace dans lesouvrages
les plus récents. Cettelettrene
sauraitêtre trop recommand ée aux jeunesphysiciens. Elle les initieraàl’art sidifficiledesBxpériences; elleleur apprendraà se défier des premiers aperçus
,
àvariersans cessela forme desappareils;etsiune imagination impatientedevaitleur faire abandonner la voieLes méthodes d’enseignement des sciences expérimentales.
Par LUCIEN POINCARÉ.
( Conférence duMuséepédagogique,4904.)
/.
«
. ..
Retenonsaussiceconseildelire parfoisauxélèves
ce qu’ontécrit les grands savantseux -
mêmes.
Eh quoi !dira-
t-on, vous voudriezqu’on lût,au lycée,lesmémoires origi
-
naux;folle entreprise ! Nesentez
-
vous pas que vouscon -
damneriez ainsi les malheureux enfants déjà
surmen
és à une nourriture trop substantielle,qu’ilsne sauraient digérer,
et qu’ils ne pourront absolument rien comprendre à un langage beaucoup tropélevé et trop compliqué pourleurs
AVERTISSEMENT
apprenant
dans un cours les résumés des expériences de Lavoisier ou de Dumas, on n'é tudie pas mieux la science qu’on n’étudierait lapo
ésie dramatique en apprenant des résumésdespièces deCorneille
. A côté et autour des faits, il ya toutuncortèged’idées dans un cas, de sentiments et de mélodie dans l’autre,
qui constituent bien plus que les faitsmat
ériels la science ou lapo
ésie.
Lesr
ésumés,
bons pourlapréparationaux
examens, sont stériles pour ledéve-
loppementde l’esprit
et
de l’imagination.. .
»[Revue générale des Sciences, IX,104,1898.)
VIII AVERTISSEMENT IX
jeunes
intelligences
? Il y a ici, bienentendu,
une question de tact, et Von devrasoigneusementréglerla doseselon lamesure
des intelligences à quil’on s’adressera;maisqu'on vérifiepar
l’expérience,
et l’onconstalera que telle ou telle page écrite parun
Pascal, un Arago ou un Berthelot, a, danssa
profondeur,
plus de lumineuse clarté et plus de réelle simplicité que les chapitrescorrespondantsde beau-
coup de traités, dits élémentaires
,
o ù des auteurs,
quiremontent
rarement à la sourceet qui se copientsouvent lesuns lesautres,ont reproduit,avec
des déformations de plusen plusfâcheuses,
lapenséepremière
des inventeurs. . .
»t
!r
L’enseignement scientifique généraldans ses rapports avec l'industrie
.
Par HENRY LE CHATELIER
.
«
. . .
Pour développercette activitéindividuelle,
il faudrait que, dans les sciences expérimentales, comme cela existe pour les sciencesmathématiques, lesdevoirsécrits,lestra -
vaux personnels des élè
ves
tinssent une large place dans l’enseignement, et neseréduisissentpasàquelquesrarescal-
culs mathématiques, le plus souvent dépourvus d’intérêt
,
sur telle ou telle question de physique.
On pourrait faire analyser lesm
émoiresscientifiques originaux qui sontrestés classiques : ceux de Lavoisier, Gay-Lussac, Dumas, Sadi Carnot,
Régnault, Poinsot,endemandant
de bien mettre en relief leurs points essentiels; faire discuter les avantages comparatifs de deux méthodes expérimentales ayant un mêmeobjet:celle du calorimètreàglace etdu calorim ètreà eau, par
exemple ; faire desprogrammes
d’expériences pour desrecherches sur un sujet donné: en un mot,imiterce
qui se faitavec
beaucoup de raison dans l’enseignement litté- raire. Avanttout,
ce qu’il faudraitemprunteràcetenseigne-
ment est la lecture régulière des auteurs classiques
.
En\ .
T A B L E D E S M A T I È R E S
Pages
AVERTISSEMENT . .
vPREMIÈRE PARTIE.
—
Mesuredela vitessedela lumière
. FOUCAULT. Notice biographique
M é thode g
én érale pour mesurer
lavitesse de la lumi
èreSur les vitesses relatives de la lumi
èredans l
’air et dans l
’eau
D é termination exp é rimentale de la vitesse de la lumi
ère. Parallaxe du soleil
D
étermination exp
érimentale de la lumi ère. Des -
cription des appareils
1
3 14
44 46 DEUXIÈME PARTIE.—
Étude optiquedessurfaces.Sur
unnouveau t
élescope
en verreargent é . . .
M
émoire sur la construction des t
élescopes en
verreargent
éSur la construction du plan optique
1C
6Sur
lam
éthode suivie par L
éonFOUCAULT pour
reconna
îtresi la surface
d’un miroir estrigou -
reusement parabolique .
M é thode d
’autocollimation de L
éonFOUCAULT
. .119
5155
%
114
M É MOIRES RE L É ON FOUCAULT
S U R
LA VITESSE DE LA LUMI
ÈRE
•E T
L
'ÉTUDE O P T I Q U E DES SURFACES
FOUCAULT (Jean-Bernard
-
Léon) [1819-1868] a toujours habité Paris. Ses premières étudesfurent peu brillantes.
Espritconcretet pratique, les vérités abstraites n’é taient pourlui,audébutdesa vie toutau moins,
que des subtilit ésvaines ; la préparation du bacca- lauréat lui fut,paraî t ü,assezpé nible.il commença des études demédecine, devintainsi préparateur
,
excessivementadroitetingé nieux, d'un coursde microscopie àla Faculté,ensuite rédacteur scientifique au Journal des Débats
,
puis, avec une thèse sur lamesurede la vitesse de la lumière,
docteur èssciencesphysiques en 1853.En 1862,ilétaitmembre du Bureau des Longitudes
,
eten1865, membre de llnstitut.
Deuxansaprès, une cruelle paralysie atteignait successivement lesmains,lesyeux,la langue, le cerveau de ce savantsi brillam
-
mentdoué,etilmourait,en1868
,
âgé seulement dequarante-
neufans
.
Les travaux de Foucault se rapportent à trois chapitresde la physique : l’optique, l'électricité, la mécanique
.
11 avait merveil- leusement le génie del invenlion, résolvaitles questions les plus diverses, avecsûreté,pardes expériences décisives qui frappaient de surprise le mondesavant,maisne cherchait la théorie mathé- matiqueque plus tard , pour répondreà ceuxqui discutaient,soit ses appaieils,
soit l’interprétation désesexpériences.11apprenaiten inventant,disait de lui Joseph Bertrand,et consultait la science suivantsesbesoins et dans lamesure nécessaireseulement.
Voicila liste deses principauxtravaux
.
Il suffira de laconsulterMÉMOIRES DELÉON FOUCAULT.
-
11
LES CLASSIQUES DE LA SCIENCE
pour juger de ce que la physique et aussi génieoriginaldecegrandsavant
.
2
i l’industrie doivent au
O P T I Q U E
Etude* des plaques photographiques.
Arcvoltaïque;régulateur;photométrie
.
Interf érences delalumière
.
Vitesse de la lumière
.
Instrumentsastronomiques;étudeoptique dessurfaces Polariseurenspath
.
P R E M I
ÈR E P A R T I E
VITESSE DE LA LUMIERE
ÉLECTRICITÉ
Horlogeélectrique;régulateur électrique
.
Courantsd'induction
.
Interrupteur desbobinesd'induction
.
Uléthocle générale pour mesurer la vitesse de la lumière dansl'airet les milieuxtransparents. Vitesses relatives de la lumière dans l'air et dans l'eau. Projet d’expérience sur lavitessedepropaga- tion du calorique rayonnantl.
La nouvelle méthode expé rimentale que je
propose
pour évaluer la vitesse de la lumière sepropageant
àpetite dis-
tance
,est
fondéesurl’emploidumiroirtournant
inventé par M. Wheatstone,et
indiqué par M.
Arago, comme pouvant servir àattaquer
ce genre de question. Le miroirtournant
associé àun appareil optique convenable permet en effet deconstater,
à moins d’un trentième près, la durée du double parcours de la lumière à travers une colonne d’eau de3
mètresde longueur, et lorsqu’on se proposed’opé rerseu-
lement dans l’air
,
une légère modification de cet appareil permetd’atteindre àun degré depr
écision dontil n’est
pas encore possible de préciser la limite.
Une troisième modifi-
cation, ayant pour but de ménager beaucoup les
pertes
de lumière,
servira, ainsi que j’ai pu m’en rendre compte, à constater pardesindicationslhermométriquesquelerayon-
nement
calorique,jusqu’ici inséparable de la lumière, se pro-
page aveclamêmevitesse.
Pour faireconnaître ces expériences, j’aurai à décrire les diverses dispositions du système optique ainsi que la nou
-
vellemachine qui me sert à animer le miroir
tournant
d’un1
.
C.Ii.deVAc.
des5c.
,t.XXX,p. 551,etŒuvresdeFoucault,p.
i73.
M ÉC A N I Q U E
Penduleconique
.
Rotationdu plan d’oscillationdu pendule
.
Gyroscope;toupie.
Iléliosiat.
Régulateur du mouvement uniforme;application à diversesma
-
chines.
Quelques
-
uns deces travaux ont été exécut
és en collaboration avecFizeau.
Le Recueil des travauxscientifiques de Léon Foucault
,
publié parMmQveuve Foucault,samère,misen ordre par G
. -
M. Garicl,
précédéd'unenotice parJ
.
Bertrand(Gauthier-Villars,
éditeur),
dans lequel nousavonsétéautoriséà puiserlibrement pour constituer ce petit volume,
réunit lespublications deFoucaultéparsesdans lesdiverses revuesscientifiques.
Jules LEMOINE
.
1
1
t
»
LES CLASSIQUES DE LA SCIENCE
mouvement
rapide et promptement mesurable : on opèreavec
la lumière solaire; on lepeut
aussi avec la lumière
électrique.
Unfaisceau de lumièredirecte pénétrant par
une
ouverturetraverse
presqueaussitôtun réseau
présentant onze fils ver - ticaux de platine au millimètre; de là il se dirige vers une excellente lentille achromatique à long foyer, placéeà une distance du réseau moindre que le double de la distance focaleprincipale.L’image du réseau
tend àse
formeraudelà des dimensions plus ou moins amplifiées; mais,
après avoir traversé lalentille,lefaisceau tombeavant
sa conver-
gence en foyer sur la surface du miroir
tournant
, et, entraîné d’un mouvement angulaire double de celui du miroir,
il forme dans l’espace uneimage du réseau quise dé placeavec
une grande rapidité. Dans une portion assez limitéedeson
trajet,cette
image rencontre la surfaced’un miroir concave ayantson
centrede courbure surlecentrede figure etsur Taxe de rotation du miroirtournant,
etpendanttout
letemps qu’ellesepromè neàsa surface, la lumiè re qui a concouruà
la former rebrousse chemin et vient retomber leréseau
lui-mêmeenune imaged'égale grandeur.
Pour observercette
image sansmasquer
le faisceau d’origine,
on place obliquement sur le faisceau ,aupr
ès du réseau
, entre lui etla lentille objective,une
glace parallèle, soit épaisse, soit mince, et l’on
observe avec un puissant oculaire les images déjetées sur lecôté.
Quand la glace est épaisse, les deux imagessont
plus ou moins complètement séparées; quand la glace est mince, elles serecouvrent
en partie,
et l’on
choisit pour l’inclinaison de la glace sur le faisceauun angletel, qu’ily aitsuperposition deslignes noires équidis-
tantes
dont ellessont
sillonnées; parce
moyen , l’on utilise lesréflexions des deuxsurfaces.
Le miroir entournant faitrepara
îtrecette
image à chaque ré volution,
et si lavitesse dumouvement
de rotation estuniforme, ellereste
immobile dansl’espace
. Pour des vitesses qui ne dépassent pastrente
tours par seconde,ses apparitions successives sont plus ou moins distinctes, maisau
delà de trente tours, il ya persis-
tancedes impressions dansl’œil
,
etl’imageparaît
absolument calme.
il est facile de démontrer que le miroir
,
entournant
de4 L
.
FOUCAULT. —
VITESSE DELA LUMIÈRE 5 •plus en plus rapidement
,
doitd éplacercette
imagecomme
sielleétait entraî née dans le
sens
du mouvement.
En effet, la lumière qui s’échappe entre les mailles duréseau n’y revient qu’après avoir subi sur lemiroirtournant
deux réflexions sénantparéespar laduréede son doubleparcoursdu miroirtour -
au miroir
concave .
Or, si le miroirtourne tr
èsvite, la duréedece
va-
et-
vient, même dans une longueur restreinte de 4 mètres
, nepeut
passerpour
nulle, et le miroir a le temps dechanger sensiblement de position,
ce quisetrahit par un déplacement de l’image formée parle rayon réfléchi retour.Itigoureusementparlant,cet
effetse
produit dès que le miroirtourne
, même lentement; mais ilne devientobser-
vableque quand ilacquiertunecertaine grandeur
, et
qu’on emploie pourleconstaterdespr
écautionsparticulières.
Tous aussiappa -
1
sous
au
i
mesefforts ont tendu à rendre
cette
dé viation rente que possible.Leprincipal obstacle àsurmonter tient àce que
,
dans un trajetaussicompliqu é,la lumièrene peut se reconstruireenfoyer bien
net
; l’étranglement que lefaisceauéprouve se réfléchissantdeuxfoissurle miroirtournant
àtrèspetite surface détruit nécessairement lanettet
é de l’image et apporte dansses contours un
troubleabsolumentinévitable;c’est pour cela qu’on a pris
pour source
de lumière lesespaces
linéaireséquidistants ménagés entre les fils d’unr
éseau
très fin.
Bien que l’image qu’on en obtient ne soit jamaisnette
, elle sepr
ésentesous
la formed’un systèmederayures
blanches etnoiressemblablesà desfranges incolores et dont chacune présente un maximum et un minimum de lumière bien déterminé.
Ainsi queles filsm
êmes
du réseau , ces
espaces lumineux ou obscurssont distants les uns desun
en
sur
autresde
—
l de millimètre,
et si, pour les observer,on
place dans l'oculaire un micromètre diviséen dixièmes
de millimètre les deux systèmes
de lignes fonctionnent, leurs d éplacements relatifs,
à la mani ère du vernier,
et per-
mettentde saisir,
sans
équivoque, dans l’image un déplace-
demillim è
tre.
D'après la vitesse déjà connue de la lumière,
avec un
objectifde2 mètres defoyereten
opérant sur
undouble par-
par
f l
ment de 100
G L
.
FOUCAULT. —
V I T E S S E D E L AL U M I ÈR Emilieux si l’on
veut
seulement reconnaître
lesensdelà diffé-
rencedecesdeuxvitesses.
Jusqu’àprésent,pour communiquer à un miroir un mou
-
vement
de rotationrapide,on a eu recoursàdesmoyensdif-
férents. M
.
Wheatstone, en seservant
d’un fil flexible agis-sant sur
une poulie solidaire avecl'axe, a obtenuune vitesse de6à800 tours par seconde.
Après lui,
M.
Bréguet
, utili-
sant
les propriét
és précieuses de l’engrenage de White,a
obtenu de 1.000 à1.500 tours.
Il mesembleque
ces deux modesde communication demouvement ont
l’inconvé nient d’être
trop rapidementdestructeurs,
de nepas permettre de changer la vitesse d’une manière continue, oude la main-
tenir
constante
pendantuntemps
suffisammentlong.
L’appareilqui m’a serviest,jepense,
à l’abridecesdivers reproches;il communique au miroir unevitesse qui varie,à volonté,
detrente
à huit centstours
,et que l’on maintient suffisammentconstante
et mesurable aumoment
même de l’observation.Il consisteenune petite turbineà
vapeur
assez comparable àla sirène,
mais qui donne comparativementpeude son.
On emploielavapeur fourniepar unechaudièresous une pres-
sion d’une demi-atmosphère ; la vapeur
est
surchauffée par unelampeàl’alcoolau momentoù elleva s’engagerdans la machine.
Elle s’échappepardeux orificespercésobliquementsur
unmême diamètre dans la paroisupé rieure de lachambre placéesous
le plateau de la turbine, quilui-mêmeest perc
é de vingt-quatre trous
inclin és en sensinverse,et sépar
ésles unsdesautres
par de minces parois.Ces paroissont
lesaubes de laturbinequi, à causedeleurpeu
de hauteur,
n’ontpas besoind’être
courbes. Lesorifices d’écoulement delavapeur ont un diamètrecinq ousixfois plus grand quel’épaisseur des palettes, en sorte que l’écoulementde lavapeur estcon
tinuet ne donneque peu de son.
On conçoitsanspeine le principal avantaged’une pareille
communication
demouvement
. La force motrice engendrée dans lachaudière secommuniquesanschocà l’axede la tur-
bine.11 n’yavait plus à craindre que l’effet de la pression sui
-
vant
l'axe; pour l’annuler, j’ai fait monter sur cet axe un plateau decontre
-pression , qui approche extérieurement la paroi inférieure de lachambredevapeur, laquelle est com -
LES C L A S S I Q U E S DE LA S C I E N C E
cours de 4 mètres,
on trouve
qu’il ne faut pas donnerau
miroirunevitesse bienexagérée(6à800 tours)pour
obtenir des d éplacements de 2 et 3 dixi èmes de millimètre.
Mais ilest
unmoyenbien simple de doubler l'étenduedes d é viations, etqui peut être
utile en maintes circonstances; j’y aidéjà eu recoursplusieurs fois, et je me suis assuréqu’ilréussit.Il consiste à faire ré fl échir,commel’indiqua Bcssel,le faisceau lumineux du miroirtournant
sur un miroir fixe auxiliaire placétout près,et
de celui-
cisur le miroirtournant avant et
après son excursion surlemiroirconcave.
Onobtientainsi,
par laconsidération de l’image virtuelledu miroirtournant
danslemiroir auxiliaire, lemêmeeffet que M.Aragoaobtenu duconcours
dedeuxmiroirstournantsimultanémentensens inverse, avec cetavantage
que le miroir tournantet son
image ont toujours des positions rigoureusement symé-
triques, mais en subissant les inconvénients d
’
une notablediminution d’intensité et d’une augmentation du troublede l’image.
Telleestladisposition de l’appareiloptique quimapermis de
constater
la propagation successivedesrayons
lumineux.
Mes premièresexp
ériences ont réussi dans l’air avec un miroir qui ne faisait pas plus devingt-cinq à trente tours par seconde, la longueur du double parcours étant de 4mètres.
Pour lesexé
cuter
dans l’
eau,
il n’
yaqu’àinterposerentre le miroirtournant
et le miroir concave une colonne dece• liquide maintenueentredeuxglacesparallèles dans un tube métallique conique, intérieurement verniaucopal, afin que l’eau ydemeure transparente et limpide,à prendre lespré
-
cautions nécessaires pourqueles glaces terminales nesoient pasforcéesdansleurs
montures,
etpourobvierà l’inconvé-
nient de
rallongement
du foyer par l’interposition d’
une couche liquideà facesparallèles de3mètres
d’épaisseur.
On arriveen finde compte assez facilement à obtenir, avec lerayon
affaiblietverd âtrequia traversél’eau,uneimageaussi distinctequecelle quiseformesansl’interpositiondu liquide.
11 nyadoncplusabsolumentqu’à s’occuperdefaire tourner le miroiretdemesureravecprécisionsavitessederotation, si l’onlient à en déduire les vitesses absoluesdans l’air et dans l’eau
, ou
bien à opérer simultanément sur cesdeux7
f
} f
8 L E S C L A S S I Q U E S DE LA SCIENCE
prise
entre
le plateaupercéet le plateau plein.
Sur ce der-
nier d ébouchentdesorificesqui
exercent
unepression desens inverseà celle qui estdueàl’écoulementdesjetsmoteurssur le plan obliquedes palettes; mais j’ai bientôt
reconnu que la pression verticale que je voulais ainsi combattrereste infé-
rieurepour une demi-atmosph ère aupoids de l’axe
tournant
et de sesappendices et quecette
pression ne fait quesou -
lager la machine
.
Mais je meréserve
d’employer ce plateau decontre-pression lorsque,
poussant leschoses à l’extrême,
j’essayerai d’obtenirlesplus grandes vitesses de rotation
pos -
sibles.
L’axede laturbine se prolonge infé rieurement au -dessous de lachambredevapeur, etilest interrompupar unanneau d’acier, dans lequel
on
engage le miroir deverre, maintenu en place comme les objectifs de lunette dans leur barillet, entre
deuxvirolesa visgarnies de rondelles de plomb ; ce miroir est taillé dans une glace parallèle et recouvertd’ un dépôtd’argent
sur l’unede sesfaces:il constitue unemasse
solide etcylindrique,dont lecentre
de gravitépasse aucentre
dumouvement
,etqui résisteefficacement auxdéformations que tend à produire le développement excessif de la forcecen-
trifuge
.
Au-dessousde l’anneauporte
- miroir,
l’axe reparaît, trempéet
termin é en cône, comme à son extrémité supé-
rieure; il est d’ailleurs maintenu vertical entre deux vis d’acier
non
trempées, fixées au bâti de la machine pardes contre-écrous
, et percées, dans toute leur longueur,
d’un canal étroitqui setermine par uneempreinte conique, dont l’ouverture s’accommode avec les cônes terminaux del’axe derotation.Le canal,quitraverse
la vis d’outreen outre,
est destiné à l’aménagement de l’huile,
qui afflue continuelle-
ment
sous
l’effort d’unepression d’unecolonne demercure
de
30
à40
centimètresdehauteur.
Le constructeur,
M.
Fro-
ment
,
qui m’a
prêt
é leconcours de son zèleetde son talent, a employétous sessoins aucentrage
exact de l’axeetde ses annexes;c’est
la seule partiedélicatede la machine. Plus ce centrage estexact
, moins le martelage inévitable se fait sentir aux points d’appui, et plus lamarche de la machine estrapide,
constante et durable.
Du reste,
on procède à la rectification de cette pièce
importante avec la plusgrande facilité.
V I T E S S E D E L A L U M IÈR E
11va sansdireque,pourla m i s e en expérience,le miroir estabrité par des écransconvenablement disposéscontre le jaillissementde lavapeuretde l’huile,et contre les courants d’air échauffé
.
On peut memelefaire tourbillonner dans une enceinte très limitée, où l’on entretient parun écoulement constant uneatmosphèreartificielle de gazhydrogène,
dont latrès petite masse équivaut presque au vide; c’estencoreune
ressource quejemeréserve pourl’occasionoùjemepro-
posed’expérimentersur de très grandes vitesses
.
Je ne me hasarderai pas encoreà donner desnombresni à
poser
la formule qui sert à les interpréter; je me bornerai seulementàconstater que lesd é viations obtenuessurun trajet de4mètres sont observables au trentième de leur grandeur.
Jusqu
’àprésent,la vitesse derotationdes miroirsn’aét
é éva-
luée que parla hauteur du son que donneen
tournant
l’axe qui les porle, au moyen des battements qu’il fournit avec le son d’un diapason é talonné.
La turbine s’accorde du lieu même o ù l'on observe,en réglant l’écoulement de la vapeur par lemoyend’un robinet dont la clef porte un long levier quel'on fait man œuvrer, àdistance, avecun filqui s’enroule sur un treuil placé sous la main. J’indiquerai plus loin un moyen beaucoup plussuretplus rapide pourévalueràtout instant lavitessederotation des miroirs.
En mebornant à desappréciationsdelàvitesseparleson
,
j’ai d éjà constaté, pardeux observations successives,
que la déviation de l'imageapresle parcours dela lumière dans l'airest moindrequ’après
son parcoursdans l'eau .
J’aifait aussi une autre expérience confirmative, qui consistait à observer l image formée en partie par la lumière qui atra-
versél’air, eten partie parla lumière qui a
travers
é l’eau.
Pour les vitesses faibles,les rayures delimagemixteétaient sensiblementcontinues les unes aux autres, etparl'accél é
-
rationdu mouvement derotation,Vimages'esttransportée
,
etlesrayaresse sont rompuesà la lignedejonction deV image aérienne et de l'imageaqueuse
,
lesrayuresdecelles-ci pre-nant
l'avancedanslesensde la déviationgénérale.
Déplus,en
tenant compte des longueursd'airetd'eau traversées,les déviations se sont montrées sensiblement proportionnellesaux
indices deré fraction.
Cesrésultatsaccusent unevitesse delalumière moindredans l'eau
que dansl'air et confir -
L
.
FOUCAULT.
9P
<t
>
1 0 LES CLASSIQUES DE LA SCIENCE
ment pleinement, selon les vuesdeM
.
Arago,lesindications de lathéorie desondulations.
Il est à
remarquer
,comme
l’a fait observer M.
Arago, séance tenante
, quel’expé rience, endémontrant
unevitesse moindre dansl'eau que dansl’air, est tout hfait
décisiveet qu elle prononcesans
appel entre lesdeuxsystèmes.
Si l’on euttrouv
é un résultatinverse,
la théorie de Newton restaitencore
soutenable, mais la théorie desondulations n’étaitpas nécessairementrenvers
ée, attendu qu’il est possiblede tituerYétherdemanière àexpliquer,quelqu’onsoitlesens, lechangement de vitesseauxchangementsdemilieux.
Pourcomplé
ter
les prévisions de M.
Arago, il ne restait qu’àconstater
lesensdeladispersion quiaccompagne
néces -
sairement
la déviationdu
rayon quia
traversé un milieur
éfringent.
Ladélicatessedes moyensd’obser à lam
éthode meplé
ment
désirable.
Les expériences qui viennent d’être rapportées
portent
pas une grandepr
écision, attendu qu'on est limité par lalongueuradonnerà la colonne d’eau quidoitêtre
tra-
versé
e
deux fois par le faisceau lumineux; à moins de recourir à des artilicesnouveaux
, il n'est gu ère possiblededonner
à cette colonneplus de3 m
ètres de longueur,tant
l’eaulaplustransparente absorbe la lumière en la colorant en vert.Je nesais ce que produiront, dans les mêmescircons- tances
,d’autres liquides, telsque l’alcool, l'essence
de téré-
benthine, lesulfuredecarbone, elc.,sur lesquels jeme pro
-
posed’opérer; mais quand les expériencessefont dans l’air seulement
,
ilestpossible,en modifiantquelquepeula dispo-
sition optique, defaire
intervenir
des longueursextrêmement considérables,
etd’arriverpar suite à desmesures
excessive-
ment précises
.
Les déviations
peuvent être singulièrement agrandieset se compterpar
centim è tres.
Danscos nouvelles circonstances, l’exactiludedesmesures
nedé pend plusde la grandeur du phénomène oplique qui peut être évalu ée demi-
millième, mais de la difficulté qu'on rencontrerait à donnerau miroirun mouvement d’une exactitude dum
ême
ordre
.
Je vaisessayer dedécrire le complément à donner à l’appareiloptique pour le rendre applicableàdes distances in déliai ment croissantes.
V I T E S S ED E L A L U M IÈR E l i
L
.
FOUCAULT.
Sans changer
Ja
disposition dé jà connue, rien n’empêche dedoubler, de triplerle rayon de courburedu miroircon-
etde le placerà une distance double ou triple;seule
-
cavc
,ment
, on estbientôt arr
êt
é dans l’allongement progressif de ce rayon par plusieursdifficultés.
Si l’on ne veut pasperdre d'intensité, il faut donner à ce miroir,
àmesure
qn’on l’éloigne, une surface plus grande et proportionnelle au carré de ladistance au miroirtournant
;t
, sans compter la diffi-
culté qu’on éprouverait à faire construire un pareil miroir
pour
une distance de50 m
ètres
, il devient de plus en plus difficile aussi de l’orienter de façon à placer soncentre
de courbureexactement sur
lecentrede figure dumiroir
tour-
nant
. C’estpour
lever du m ê mecoup
tous cesobstacles
que je placeentre
le miroirtournant
et le miroirconcave
,aussi éloign és qu’on les suppose l’un de l’autre,
jusqu’àconcur
- de plusieurs centaines de m ètres, une chaîne
d'un nombre pair d’objectifs àlongfoyer, qui setransmettent
de deuxen deux, et alternativement, l’image mobile du réseau etl’imagefixe du miroirtournant .
L’extrémité de celle cha îne se termine par le miroirconcave
, quiconserve
alors ses petitesdimensionset son petitrayon
de courbure,qui reçoit la dernièreimagedu réseau, et qui est orienté de manièreà renvoyerlalumièredont elleestforméesurlasurfacedel’ob- jectif le plus voisin;onest
sûr, dès lors, que le faisceauremonte
lachaîne et repasseexactement
'parle miroir tour-
nant
sans pouvoirêtredéjeté dansaucunedirection.
Endéfi- nitive,cette série d’objectifsque la théoriepermet
d’allonger indéfiniment, que la pratique limitera sans doute, a pour effet desaisirle faisceau d ès qu’il tombe surla lentille laplus voisine du miroirtournant
, de s’opposer à sa divergence et de changer sonmouvement
angulaire dans l’espace en unmouvement
de serpenlement quileretient dans la ligned’ex-
p
ériencependant untemps nécessaire àl’excitationde lasen-
sibilité dela réline.
Aupremier abord,uneobjectionseprésente, àlaquelleje hâtede
r
épondre.
Lefaisceau delumi ère,au moment où il sengage
danscettesériede lentilles,
tombesur le bord de lapremièred’entre elles,et illes rencontrededeuxen
deux sur les bords alternativement opposés, puis,
un momentapr
ès,
iltombe
aucentre
de lapremi
ère lentille, et chemine
;
cons-
’
\ »lioninh érents
laisse l’espoir d’arriver à fournir ce com
-
rcncene com
-
au
m e
42 VITESSE DELALUMIÈRE
s’
attachera
maintenircette
concordance pendant pins de quel-
ques
secondes,car
ilsuffit de saisirlemomentde l’apparenteimmobilit
é de la rouepour faireaussitôt l’observation de la déviation del’image.
Cesdeux observations,dont l’une con- cerne
ceau
sert
seulement d’avertissementpour proc
éder immédiatement à laseconde.
En réalité,
l’appareilàrouedentée estuncomp
- teur surajoutéàlaturbine qui,m
écaniquement,
n’influenceaucunement
sa marche et quin
’est qu’en
simple relation optique avecelle.
Je
terminerai en montrant que
lam
ême méthodefournit
lesmoyensdemesurer
approximativementla vitessedepro -
pagationdu
rayonnement
calorifique.
Lestravaux
desphy-
siciens modernes
,
et particulièrement
deM.
Melloni,neper -
mettent
plus deconserver
de doute surl’identité des rayon-
nements
lumineuxetcalorifiques; ce sontdeux efletsd’une m êmecause;toute modificationqu’onimprimeà l’un doitse
retrouverdans l'autre .
Si lalumièreest
déviéedansl’expé-
riencequi vientd’êtred écrite,le lieudel’influence calorifique doitse déplaceravecelle, il me semble
que
la constatation de cefait
mérite d’être tent
ée.
Onyarriveraparle thermomètre m
ême,
enm
énageant
convenablementl’intensitédu faisceau lumineux.Lorsque le miroir
tournant
estaurepos et qu’ilseprésentesous
l'incidence voulue,
toutl’appareiloptiqueestincessam-ment travers
é par lerayonnement
lumineux, et l’ image du réseauposs
ède une intensité plus que suffisantepour
impres-
sionner un de
ces
petits thermomètresque
nous employésavec M.
Fizeaupourlarecherchedes interférences
calorifiques
.
Quandle miroir,agissant parses deuxfaces, se met
à tourner,
cetteimageconserveraitla m ê me intensitési, dansson
mouvement de translation , l’image mobile ne ces- sait de tomber sur unesurface miroitanteet sphériqueayant centre surle centredumouvement.
Or, ilest permisdese
rapprocherde ces conditions en multipliant les miroirs sphériqueset en lesalignantsurletrajet del’image mobile; petit thermomètre, placétout
auprès de la source de lumière
du côt
évers
lequel l’imagefixe doitse dévier,sera en
effetimpressionné dèsque cette
déviationsera
suffisam-
LES CLASSIQUES DE LA SCIENCE 13
directement
danstout
le système; il seraità craindre que,
dansces
deux positions, le faisceau n’eût à parcourir des routes notablementdifférentes,
ce quiseraitfâcheux dansune exp
érience qui aurait pour but d’arriver àune hautepr
éci-
siontrès longs qu;maisjeferai’on emploieremarquer dpour’abordréduirequ’en raison des foyersle plus possible le nombre desverres
,
cetteobliquitéest
très faible; en outre,
on démontre
qu’en
deux foyers conjugués des lentilles, les rayonsqui passentparle centreet
par les bords parcourent des cheminsl’ sinonégaux, du moinséquivalents, ensorteque objection devient nulle, et que la disposilion demeure irré-
prochable
.
Reste enfin à discuter la question relative à la régularité de la marche dumiroir et aux moyensde
mesurer
savitesse de rotation.Remarquons d’abord que l’image
ray
ée
qui semble per-
manente au foyerdel’oculaire a
une
certaine étendue,
2mil-
limètres
carr
és;que cette imageest
, en réalité,intermittente
, et queses
apparitions réitérées sont en
même nombre queles
tours
des miroirs.
Profitantdes apparitions périodiques de lroue'imagede 5,centim èjemasque
tresla partiede diam èsup tre
érieureet fenduepar
delebord d400
dents.
Supposant que cette rouetrique, fasseuneteurseconde;mais si, deexactement
il passerason
cô t800
é,2, tours
l’dentsaxe
mue par undeparsous
la turbineseconde,le regard deappareilildonneestchronomclairl800 tours’observa-qu’é-
parseconde,ily
aura
800 apparitions de l’imageduréseau; et,lcomme
les apparitions sont trèscourtes
relativement à/
800e deseconde,
lesdents successivesde la roue sesubsti- tueront exactement
les unes auxautres
dans l’intervalle de deuxapparitions, et la rouepara
îtra immobile.
Puis,
pour peu qu’ily
ait dediscordance,
soit en plus, soit en moins,entre
les retours successifsde
l’image et lespassages
des dents,autrement
dit,pour
peu quelaturbineexécuteplusou moins de400 tourspour
untour
de laroue
dentée, celle-ci sm’armera
êmesens
d’unque sonmouvement apparent demouvement
réel;d èsens
slorscontraire ouon saura
dansde quelsens
il fautagirsur
l’é
coulement de vapeur pourétablirune
concordance complète,accus
ée par une apparente immo- bilité dubord denté de laroue.
Ilestparfaitementinutile deL
.
FOUCAULT.
la vitesse de la turbineetl’autre ladéviation du fais
-
réfléchi,
sont
,pour
ainsi dire,
simultan ées;la première1
une
en
avons
son un
t
,—
VITESSEDELA LUMI ÈRE 15L
.
FOUCAULT.
le moindre doutesur
lumièredansl’
espace
videou dans noireatmosphère. Quant aux vitesses que prend la lumière en pén
étrant dans les milieux réfringents,elle n’était donn éequepar
lecalcul,qui, interprétant
la réfraction dans lesyst
ème de l’émission ou dans le systè medes ondulations, donnait, selon l’hypothèse adoptée,des résultats bien différents.
M.Arago,
dès l’année 1838
,fillepremiersentir
l’importance d’une expé
riencequi, sans mêmeconduire
à lamesure exacte
des vitesses de la lumière
dans des milieuxinégalementr
éfringents,
mettrait seulement leur diffé rence en évidence,
et fixerait,par
suite,
les physicienssur
la manièred’interpréter la réfraction.
La m éthode expérimentaleque je vaisd écrire dans ce Mémoire,
offrant la possibilité demesurer
la vitesse de la lumière dans un trajet très court, permet d’opérer sur différents
milieux, etdonnelasolution compl ètedel’importanteques-
tion
pos
ée,il ya quinzeans,par M.
Arago.
Mais,
avant
d’entrer
en matière
, il convient de jeter rapi-
dementuncoupd’œilsurl’ensembledesphénomènesnaturels
artificiellement
produits,quisont susceptibles demettre
en évidence la propagationsuccessive desrayons
lumineux.
En astronomie
,
les phénom
ènes sesont
produits d’eux-
m
êmes
; ils sesont
d’abordmontr
éscomme
des anomalies; on nelescherchait pas,
onnes’attendaitpasàlesrencontrer
, on n’a eu qu’à lesobserveret
àles.rapporterà leur vé ritablecause
pour en déduire,
par le calcul, le chiffre exprimant l’étonnante
vitessede lalumière .
Ce résultat portelecaract
ère distinctifdesœuvres
de l’astronomie; ilest
empreint d’une hautepr
écision , etl'on peut encoredouterquelesexpériences faites àlasurfacede la terre puissentprétendre un jourau même degré d’exactitude; jusqu'à présent
, du moins, n’a cherché qu’à contrôler approximativement parla phy-
sique les nombres fournis parles observatoires
,
etl’on lime heureux d’avoir obtenu des valeursqui oscillentassez
largementautourdu chiffre véritable.
Le phénomène sensible qui dut révéler pourla première foislavitesse de la lumièresepasse dansles limites de notre
syst
ème plané taire;il aétéob.-
ervé et expliqué parlloëmer
,dansle courantdes années
1673
et 1676;il consiste,comme
sait,dans l’inégalitéapparente
desretours
successifs des14 LES CLASSIQUES DE LÀ SCIENCE
ment agrandie
par
la vitesse de rotation.
Je n’en dispas davantage
surune
expériencequi estencore
à faire.
Ce mé moire necontient, en réalité
,
qu’un seul résultat : c’est laréussite, par des moyensnouveaux
, de l’expérience dicisive
imaginéedepuis plusieursannéespar
M.
Aragopour prononcerd éfinitivement
entreles deux théories rivalesdela lumière; maisce mém o i r eaencore
pour but deprendredate pour unesé rie d’applicationsde lanouvellem
éthode,
laquelle consiste essentiellement dansVobservation de l'image fixe d'une
image mobile.
Les circonstances qui m’ont obligé à rédigerprécipitam
-
mentce mé moire ne m’ont pas permis de traiter la partie historiquedela question. En publiantla suite de mon
tra -
vail
,
je ne manquerai pas de rappeler les magnifiques recherches deceux
qui m’ontprécédé,
deM.
Wheatstone,
de M.
Aragoet
de M.
Fizeau.
Si les physiciensaccueillent
favorablement
le fruit de premiersefforts, que tout l'honneur
en revienne à M.
Arago qui, dans une penséed’une hardiesse admirable,a
montréque les questions relatives à la vitesse de la lumière devaient passerdudomainede l’astronomie danscelui de laphoque,
et qui, par une généreuse
abnégation, a permis aux jeunessavants
dese
lanceravec
ardeur dansla voie qu’il leura trac
ée.
la véritable valeur de la vitesse delà
mes
ou
Sur les vitessesrelativesde lalumièredans l'airetdans l'eaub
PRÉLIMINAIRESHISTORIQUES
A l
’
époque où j’entreprisce
travail, la science possédait déjàtroisméthodes
différentes
pourdéterminer la vitessede lalumiè re.L’astronomie a fournilesdeuxpremières,fondées
surl’observation des éclipsesdessatellitesde Jupiter,
etsur
ie phénomènede l’aberration des étoiles
. La
troisième a
été imaginée plus récemment
par M. Fizeau,
et rentre dans le domaine de la physique expérimentale. Sans atteindreau
mê medegrédeprécision,
ces
diverses méthodes
se contrôlent lesunes
lesautres,
de tellesorte
qu’ilne peut plussubsister1
.
Th<>sededoctoratèsscienrrsphysiques, 23 avril1853.(Ann.
deCh.
et dePhys.
3],l.XL1,p.129etŒuvresde Euucault.p.185.)
ï
on s’es-
on