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‘Jeunes Favelados’ et ‘Jeunes de Banlieue’ : l’expression artistique dans la construction du sujet en territoires stigmatisés

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Academic year: 2021

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‘Jeunes Favelados’ et ‘Jeunes de

Banlieue’ : l’expression artistique

dans la construction du sujet en

territoires stigmatisés

*

Resumo

Esse trabalho analisa o rap, um dos elementos do movimento cultural Hip Hop, como uma via de expressão da juventude que vive nas periferias e favelas das grandes metrópoles urbanas. Essa questão será estudada em dois contextos diferentes: em Blanc Mesnil, periferia da região parisiense, e a Rocinha, uma das maiores favelas do Rio de Janeiro. A estética e as letras de rap serão compreendidas como simbolização do vivido dos jovens rappers, marcados pela estigmatização, pela precariedade, pela violência e pelos conflitos presentes nos espaços urbanos onde eles vivem. ‘Jovens de Banlieue’ e ‘Jovens Favelados’ : o espaço participa da construção da identidade e da subjetividade desses jovens. O espaço e o indivíduo são associados e assimilados à uma mesma representação negativa. A identificação com o movimento cultural Hip Hop permite a emergência de num ‘Nos’, que responde através da arte no campo social. Essa pesquisa investiga a expressão pela mediação simbólica, que vem dar forma e nome aos afetos, denúncias e conflitos dessa juventude.

Palavras-chave: rap, juventude, espaço, simbolização, sujeito, representação.

*

Cette recherche est réalisée dans le cadre d’une cotutelle de thèse entre les Universités Paris 7, Denis Diderot et Université Fédérale Fluminense, et s’inscrit respectivement dans les travaux du ‘Laboratoire de Changement Sociale’, et du ‘Laboratoire Juventude e Trabalho’.

Ana de Santa Cecília Massa1

1Doutoranda em cotutela

internacional de tese pelas universidades Universidade Paris VII, Denis Diderot e Universidade Federal Fluminense.

Autor para correspondência: Ana de Santa Cecília Massa 20, Cité Moynet. Cep 75012, Paris, França Email:anamassa@hotmail.com.br M a ss a

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Introduction

Au début du XXIème siècle, la marginalisation urbaine se présente comme l’un des plus grands défis posés aux métropoles des pays d’Europe Occidentale, d’Amérique du Nord et d’Amérique Latine, qu’il s’agisse de pays développés ou de pays en développement. Les ‘guettos’ aux Etats-Unis, les ‘banlieues’ en France, ou les ‘favelas’ au Brésil sont les territoires urbains destinés à la relégation sociale. Selon le sociologue François Dubet1 (2005), ces zones concentrent pauvreté et difficultés sociales, à l’origine de la formation de « blocks explosifs » dans ces endroits de la ville. Loïc Wacquant (2006), ajoutera que le problème de la marginalisation de territoires urbains est aussi d’ordre symbolique. Ces endroits participent de la structuration socio - spatiale et de l’organisation de l’ordre symbolique de la métropole, jouant un rôle pour les villes auxquelles ils appartiennent. Il s’agit d’endroits stigmatisés, sur lesquels sont projetés les malheurs de la ville, destinés aux parias urbains.

Ce travail s’intéresse aux individus qui vivent dans ces territoires urbains marginalisés, plus précisément aux jeunes, qui font face au défi de se construire comme adultes dans une société qui leur impose la négativité du stigma du territoire dont ils font partie. Il s’agit d’interroger la position subjective et les stratégies sociales mises en œuvres par les jeunes qui vivent dans ces territoires stigmatisés des métropoles, face à l’image négative qui leur est renvoyée par la société et aux difficultés sociales liées à ces endroits.

La volonté de mener une recherche approfondie sur ce sujet a abouti à la réalisation d’une étude comparative entre les jeunes qui vivent dans la Cité des Tilleuls au Blanc Mesnil, en Seine-Saint-Denis (93), l’une des banlieues de Ile-de-France, et les jeunes qui vivent dans la favela da Rocinha à Rio de Janeiro, au Brésil. Le terrain de recherche a été développé dans un premier temps, d’octobre 2007 à juillet de 2008, dans la Cité des Tilleuls, dans la ville du Blanc Mesnil et dans un second temps, de septembre à décembre de 2009, dans la favela da Rocinha, à Rio de Janerio. Ensuite, en juin 2009, quatre brésiliens, dont deux rappeurs, un DJ (disc-jockey) et un producteur, sont venus pendant trois semaines au Blanc Mesnil pour rencontrer les jeunes rappeurs français.

L’importance de l’étude comparative d’une problématique commune dans des contextes différents s’affirme d’abord par l’utilisation d’un deuxième repère, susceptible de faciliter l’émergence

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François Dubet, Colloque « Penser la ‘crise de banlieues’ : que peuvent les sciences sociales ? » réalisé à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales, 23/01/2005, Paris.

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d’éléments qui contribuent à la profondeur des analyses. Ce qui peut être clairement observé dans un contexte aide à observer ce qui, dans l’autre, a pu être obscur ou partiel. Dans ce cas, selon Moignard (2006), l’altérité est conçue comme un ‘opérateur de connaissance’. De plus, il introduit du recul lors de l’observation et de l’analyse.

En France, la violence urbaine est souvent associée aux ‘jeunes de banlieue’. Les événements de novembre 20052, ont encore renforcé cette image, consolidant la stigmatisation des banlieues comme l’endroit des « jeunes délinquants », renforçant en cela le prétendu triptyque immigration – banlieue – violence. Ces épisodes ont commencé après la mort de deux jeunes qui, pour échapper à un contrôle de police, ont escaladé les hauts murs d’un transformateur à haute tension, ce qui a provoqué leur mort par électrocution. Les ‘jeunes de banlieue’ sont de jeunes français, fils d’immigrants qui sont venus travailler dans la France de l’après-guerre, et qui sont aujourd’hui confrontés au chômage et à la pauvreté, cumulant les difficultés sociales.

Dans le quartier nord de la ville de Blanc Mesnil, 38% de la population a moins de 20 ans et 33% entre 20 et 39 ans. Le chômage y atteint 21 à 23%, étant plus important parmi les jeunes de16 à 20 ans. Dans la Cité des Tilleuls, où nous avons réalisé le terrain de cette recherche, 56% des familles ont comme personne de référence quelqu’un de nationalité étrangère, principalement originaires de l’Afrique du Nord et de l’Afrique de l’Ouest. 27% de la population de cette cité n’a pas de qualification et 17% de la population de plus de 15 ans n’est plus scolarisé3. Ces données montrent la vulnérabilité sociale et économique dans laquelle vit une partie de la population de Blanc Mesnil.

Au Brésil, la violence et la criminalité sont associées aux favelas. Actuellement, à Rio de Janeiro, il y a environ 700 favelas, 1,1 millions de « favelados », ce qui représente 20% de la population. Dans cette ville, il y aurait 10.000 jeunes de moins de 18 ans armés, fait lié notamment à la guerre du trafic de drogue. Cela explique, entre autres facteurs, le nombre de morts violentes, qui s’élève à 3400 chaque année. 75% des victimes de cette violence ont entre 15 et 29 ans et sont issues des favelas. En outre, 67% de ces victimes sont de couleur noire ou métisse (Davis et Bachmann, 2005, p.77). Si en France la mort de deux jeunes a pu provoquer les protestations de l’automne de 2005, au Brésil, où il y a une moyenne de 9 homicides

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En automne 2005, des voitures, des centres sociaux, des gymnases ont été brûlés dans les banlieues françaises. Cela a été une manifestation des ‘jeunes des

banlieues’ contre la discrimination vécue par cette jeunesse. Cela a provoqué une

agitation en France. Les médias montraient des images impressionnantes de voitures en feu La peur éveillée par ces images a été politiquement instrumentalisée et est devenue un enjeu de la campagne présidentielle de l’époque.

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Source : Direction de la Solidarité de l’Observatoire Social et Démographique Urbaine- Blanc Mesnil – Novembre 2006 in Rapport d’Activités 2006 GRAJAR 93.

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par jour, la mort d’un jeune dans une favela ne fait plus la une d’un journal. Certes, la violence urbaine n’est pas la même en France et au Brésil. Les statistiques le confirment et dévoilent la gravité du problème dans ces pays. Dans cette recherche il ne s’agit pas de mesurer les différences et les similitudes de la détresse dans laquelle des ‘jeunes favelados’ et les ‘jeunes de banlieues’ vivent. Entre les favelas et les banlieues, il s’agit de ‘comparer l’incomparable’ (Detienne, 2000). Pour cet auteur, il faut construire des comparables qui soient ni trop généraux ni trop spécifiques d’une seule culture. (Detienne, 2000). Dans le cas spécifique de ce travail, cela vaut dire qu’il ne s’agit pas de classifier les conditions concrètes de la vie des jeunes dans les banlieues françaises et dans les favelas brésiliennes. Il s’agit de réalités de sociétés tellement différentes dans leurs aspects économiques, sociaux et culturels qu’une caractérisation obstinée de leurs similitudes et de leurs différences finirait par les enfermer chacune dans sa spécificité, ce qui finalement rendrait le travail de confrontation impossible. Ainsi, à notre avis, une recherche qui prétend épuiser les similitudes et différences entre les jeunesses de ces deux pays serait peu fructueuse. Pour nous, le plus intéressant serait justement de travailler sur la construction des points de convergence, qui traversent ces deux pays. Le sens commun se charge d’une bonne partie de ces constructions classificatoires binaires entre le bon et le mauvais, entre le civilisé et le sauvage, entre le développé et le primitif et ainsi de suite. Ce travail, que pour l’instant on nomme ‘comparatif’ à défaut d’un meilleur terme, essaye de tisser une problématique commune, qui traverse la jeunesse des banlieues françaises et des favelas brésiliennes, sans pour autant nier les différences concrètes qui rendent la réalité de la jeunesse de ces deux pays aussi distante. Ainsi, dans la construction d’un comparable, il faut que les catégories d’analyse ne soient pas excessivement classificatoires, ce qui pourraient emprisonner les analyses. La construction du comparable dans cette recherche est faite en écoutant les discours portés par les jeunes. On s’aperçoit qu’ils trouvent des points de convergence dans les revendications d’égalité et de reconnaissance par les sociétés française et brésilienne. Notre objectif dans cet article est d’essayer de tisser cette problématique commune vécue par la jeunesse du Blanc Mesnil et par la jeunesse de la Rocinha et analysant son expression par la forme et la force des paroles de rap.

Stigmatisation territoriale et construction de la

subjectivité

La marginalité urbaine ne s’exprime pas de la même façon au Brésil et en France. Si les favelas sont peuplées notamment par des brésiliens noirs, qui se trouvent dans des conditions de pauvreté absolue, les banlieues françaises sont habitées par une population

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issue de l’immigration, qui vit dans une pauvreté relative. De ce fait, des questions comme la couleur de la peau, les origines ethniques, la violence urbaine, l’importance du trafic de drogue, l’intervention de la police et le rôle de l’Etat sont vécues et perçues selon la spécificité de chaque réalité. Bien que l’apparition de ces territoires dans les métropoles de ces pays renvoient à des origines et à des évolutions différentes, qui ont un rapport avec la singularité et la gravité des problèmes sociaux des contextes dans lesquels elles sont inscrites, ces territoires sont traversés par des questions qui ont des aspects similaires.

La stigmatisation territoriale exerce un impact sur la construction de la subjectivité des individus qui vivent dans ces espaces urbains ségrégués. Jeunes et territoire sont assimilés dans une même représentation négative, qui insinue et confond la dangerosité du jeune et du lieu, les deux prisonniers d’une relation dialectique de cause à effet. ‘Favelados’ et ‘Jeunes de Banlieue’ : le territoire participe de la construction de ces signifiants et « rend visible la négativité de la place social que le citoyen occupe. »(Carreteiro, 1993, p. 20). Ces signifiants stigmatisés associent au regard de la société la précarité de l’espace physique et la peur produite par la place symbolique qu’il occupe dans la structure sociale, et se concrétisent dans la relégation sociale de ces jeunes.

Dans l’imaginaire de la société, ces jeunes sont destinés à la délinquance avant même leur naissance. Le discours porté par la société les inscrit dans une place dont le reflet négatif dévoile leur image : celui d’une jeunesse qui joue l’anti-modèle social : déscolarisée et sans occupation, elle aurait du temps libre pour provoquer le désordre dans l’espace social. Mais cette négativité est aussi renvoyée aux parents de ces jeunes : leurs origines ethniques, la couleur de leur peau, leur pauvreté et leur chômage ne correspondent pas au repères valorisés par la société. Selon Takeuti (2002), les parents ne sont donc pas en mesure de soutenir leurs enfants dans leur estime de soi. Mais il ne s’agit nullement de dire qu’ils sont de mauvais parents. C’est la place qui leur est destinée dans l’organisation sociale qui provoque la vulnérabilité des modèles identificatoires parentaux de ces jeunes et qui fait qu’ils ne sont pas en mesure de faire la médiation entre leurs enfants et la société, et de les accompagner dans le passage entre ‘estime de soi’ et ‘estime sociale’. Encore selon cet auteur, ces jeunes ne peuvent pas subjectivement désirer ce qu’ils sont objectivement pour la société.

Les jeunes qui vivent dans ces endroits ségrégués sont donc confrontés à un double défi : d’abord échapper aux statistiques des homicides, du chômage, de la mort réelle ou symbolique ; pour ensuite faire face au défi de re-signifier une trajectoire de vie, en lui donnant un sens et un avenir qui ne soient pas destinés à la fatalité. Ainsi, la notion de ‘difficulté sociale’ doit être saisie dans sa dimension concrète qui peut être exprimée par des statistiques, mais il faut aussi interroger les représentations fantasmées autour de cette

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jeunesse et la façon dont elles sont vécues consciemment et inconsciemment par ces jeunes.

Les jeunes des favelas et des banlieues jouent le rôle à la fois de victimes et de délinquants dans l’imaginaire de la société. Mais il est temps d’accorder à ces jeunes la place de sujets, d’acteurs sociaux qui tentent d'apporter des réponses face aux contradictions qu'ils rencontrent dans tous les registres de leur existence. Entre réalité et fantasmes, la dimension symbolique est essentielle pour comprendre le sens qu'ils souhaitent ou qu’ils peuvent donner à leur existence. Ces jeunes auront donc pour tâche de parvenir à se donner la possibilité de raconter leur histoire de façon cohérente et de devenir, ainsi, sujet de leur propre histoire. Cette tâche compte fondamentalement sur la mobilisation de leur potentiel créatif. L'entrée par l'expression artistique s'avère particulièrement pertinente pour saisir cette dimension.

De l’identification imaginaire à l’identification

symbolique, le rôle du Hip Hop

Selon André Levy4 (2007), il y aurait deux possibilités face aux identifications imaginaires pathogènes : d’un côté, le groupe menacé peut se replier sur lui-même, de façon à renforcer ses liens et à se protéger des menaces extérieures. Cependant, cette alternative comporte certains risques, comme celui de renforcer ce qui est pathogène. Dans cette optique, les émeutes en banlieues françaises et la criminalité dans les favelas brésiliennes pourraient être comprises comme des réponses de jeunes français et de jeunes brésiliens aux difficultés sociales liées à ces territoires. Effectivement, ces actions leur permettent d’avoir une existence sociale. Cependant, ces jeunes se renferment dans l’image négative qui leur est renvoyée en produisant une violence qui est sociologiquement et psychologiquement compréhensible, mais qui produit des conséquences indésirables : elle éloigne le sujet de la reconnaissance et de la protection dont il a besoin pour appartenir à une communauté. D’un autre côté, il y aurait la possibilité de chercher les origines de telles identifications imaginaires pathogènes, de façon à déconstruire les structures sur lesquelles elles ont été créées, et ainsi contribuer à leur transformation. L’antidote aux identifications imaginaires pathogènes serait, selon ce psychosociologue, les identifications symboliques. Le raisonnement n’est pas capable de modifier les identifications imaginaires, puisque celles-ci ne peuvent pas être changées par l’argumentation. Cependant, l’identification

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Colloque « Dynamiques Sociales et Expériences Subjectives », Paris 07/12/2007.

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symbolique permettrait l’identification à un discours, construit par des sujets, à partir duquel il est possible d’argumenter, de discuter et de transformer. C’est le symbolique qui donnera de l’ordre à l’imaginaire, et qui permettra au sujet de construire son rapport au réel5, créant les conditions du passage entre ce qui est interne et ce qui est externe à l’individu.

La présente recherche interroge les stratégies sociales de ces jeunes pour faire face aux images négatives qui leur sont renvoyées par la société, et se focalise ainsi sur l’étude de leur expression artistique. Par l’identification à un mouvement artistique, les jeunes pourraient passer de la négativité qui leur est renvoyée par l’identification imaginaire de la société à l’identification symbolique à un mouvement culturel. Le Hip Hop a été ainsi choisi en tant que mouvement commun aux banlieues en France et aux favelas au Brésil, auquel les jeunes s’identifient. Nous avons affaire à des réalités différentes, à des jeunes différents qui trouvent une voie similaire d’expression par les paroles de Rap. Il faut les écouter.

Le mouvement Hip Hop: une culture urbaine

dénonciatrice

Le mouvement Hip Hop a commencé dans le Bronx, au début des années 70 et est arrivé dans les banlieues françaises et dans les favelas brésiliennes dans les années 80. Il regroupe les arts de la rue, tels que le graffiti, le break danse, et le disc-jockey. Son expression textuelle et parlée est le Rap, dont le sens en anglais selon le Hachette Oxford anglais – français est : « I - coup sec (conversation) conversation, (accusation) accusation ; II - frapper sur ; III faire du rap, (talk) parler. » Clyde (1997, p. 25) définie le rap comme « la diction, mi-chantée, mi-parlée, de textes élaborés, rimés et rythmés, et qui s’étend sur une base musicale produite par des mixages et des extraits de disques et d’autres sources sonores. » (CLYDE, 1997, p. 25). Selon Georges Lapassade (1996), le rap est une nouvelle forme de poésie urbaine, qui utilise le langage de tous les jours en s’appropriant des codes linguistiques qui se font et se refont dans la rue. Le rappeur les sort de leur quotidienneté et leur donne une nouvelle force grâce à la rime et au rythme.

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Les trois registres essentiels dans la psychanalyse, selon Lacan : le symbolique, le réel et l’imaginaire.

Le symbolique désigne les phénomènes qui se structurent comme un langage, faisant référence au caractère fondateur de la parole. Le symbole est lié à ce qu’il représente. L’imaginaire marque la relation à l’image du semblable. Le bébé construit ses premières images de soi à partir de l’image de son semblable. Le réel est ce tout ce qu’existe et qui échappe à la symbolisation.

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Les paroles de rap font appel au sujet d’énonciation : sujet du langage, inséré dans le symbolique, qui s’approprie des constructions langagières pour exprimer ses émotions, ses sentiments, ses pensées, ses désirs. Mais leur contenu réalise le passage au sujet de dénonciation des dysfonctionnements de la société, exprimant la difficulté des trajectoires de vie des jeunes dans la quotidienneté des banlieues et des favelas. Ainsi, ces jeunes qui sont rarement écoutés prennent la parole et font parler la jeunesse à la première personne du pluriel, revendiquant ses droits et ses besoins. Le rap révèle un mouvement culturel engagé, porteur de la parole d’une jeunesse qui, pour partager un discours, s’identifie au mouvement Hip Hop.

L’esthétique du rap permet à la violence de s’exprimer par l’art. Les hyperboles et les métaphores sont mises au service de la haine et de la révolte. Les paroles peuvent être dures. Les ennemis sont ciblés : l’Etat, la police, les hommes politiques, la bourgeoisie, les médias... Ils sont menacés, tués. Le rythme percute, les mots percent. Le morceau s’achève sans mort réelle. Les paroles de rap peuvent ainsi être répétées et chantées indéfiniment par ces jeunes, qui apprennent par coeur ces gigantesques strophes. Il s’agit d’une parole partagée. Les jeunes se retrouvent dans les récits chantés de leur vie quotidienne. Comme l’explique Christian Béthune, le rap descend d’une tradition afro-américaine où « les formes originales de poésie orale sont placées sous le signe de l’emphase et de la démesure » (BETHUNE, 1999, p. 140).

Ces récits virils sont des jouets verbaux qui consistent à annuler l’adversaire et démontrer qui est le plus fort.

Dans les paroles de rap, les rôles peuvent changer, dominés deviennent dominants, les dominants des dominés et les jeunes montrent comment ils saisissent la réalité. L’‘usage ludique’ nommé par Béthune, doit être compris dans sa référence à l’espace de création et d’expression que le rap introduit par le biais de l’utilisation du langage. Mais si d’une part les paroles de rap ne doivent pas être comprises comme l’incitation à l’‘acting out’6, d’autre part elles doivent être saisis dans le sérieux de ce quelles dénoncent.

Nous pouvons voir ce jeu avec le langage dans les paroles d’un rappeur de 15 ans de Blanc Mesnil :

Arrête de faire le fou

Parce que ici le fou c’est nous

Parce que Sarko veut nous kecro (croquer)

L’ambiance est lourde parce nos frères n’ont pas de papiers

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Passage à l’acte violent, résultant de l’impossibilité pour le sujet à s’exprimer par la médiation symbolique.

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L’ambiance est lourde parce que les chmitts (la police) veulent nous

Veulent nous enculer.

Le jeune rappeur prévient son interlocuteur de ne pas ‘faire le fou’, car dans ce combat, ils sont les plus forts : ‘ici les fous, c’est nous’. Mais le rappeur va plus loin, il lui explique le pourquoi de cela, et il en nomme les responsables. Sarkozy en tant que président de la France, vient symboliser l’Etat, les lois, l’ensemble des figures françaises dominantes (parmi lesquelles nous pouvons également imaginer les employeurs). En s’adressant à lui par un surnom, ‘Sarko’ le jeune rappeur semble vouloir déstabiliser le pouvoir conféré au chef de l’Etat, refuser la légitimité de ses lois, en même temps qu’il exprime son mécontentement envers l’ordre établi. Dans le rap, c’est lui le plus fort. Dans ces paroles il trouve la force pour aller contre l’ordre dominant. Il se fait entendre dans ses revendications, dans ses dénonciations. La lourdeur du quartier vient de ce qu’il dénonce : « nos frères n’ont pas de papiers », « le chmitt veut nous enculer ». Les gros mots donnent forme à l’expression de la colère générée par leur condition. Cette ‘mal adresse’ pourrait être ici comprise comme l’expression du conflit d’une jeunesse qui se sent violée en ses droits.

L’émergence du sujet social

Le Hip Hop est devenu un repère pour d’identification collective, que ce soit pour les jeunes de banlieues françaises, ou pour les jeunes des favelas brésiliennes. Les manifestations de ce mouvement vont au-delà du rap, du break-danse, du graffiti ; elles comprennent aussi leur façon de s’habiller, de marcher, de parler, de bouger. Les jeunes s’identifient à l’ensemble des signes, aux gestuelles, aux tenues vestimentaires et, en partageant cela, ils partagent aussi les revendications du mouvement. Les jeunes s’identifient ainsi les uns aux autres, mais cette fois-ci non pas à travers une image négative, mais par un discours partagé. Ce partage crée un lien, ils s’identifient à un ‘nous’. Selon Jacqueline Barus-Michel (1987, p.26) « Le « nous » désigne le sujet social dont on pourrait parler, par analogie, avec le sujet- individu, comme à la fois générateur de phénomènes psychologiques et énonciateur: sujet de l’énoncé, à la première personne du pluriel. »

L’extrait qui suit a été écrit par un jeune de 13 ans, d’origine marocaine qui vit dans la Cité de Tilleuls :

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Je débarque et je m’installe Je suis en free style

Pour ma famille à la té-ci (cité en verlan)

Blankok, Tilleuls, PHL, c’est l’adresse (endroits de la ville) Tireur d’élite, Afrique, toujours ‘al’

Sur ce beat, je viens représenter Les marocains et les algériens, Les ‘sénégaliens’, et les maliens Ça fait du bruit,

Si t’es pas content barre-toi vite Ecoute, écoute ça c’est du lourd Tu vas kiffer, ça vient du quartier Tu vas kiffer ça vient du quartier

Nous voyons que dans la pluralité ethnique des banlieues françaises il y a l’émergence d’un ‘Nous’, du Sujet Social. ‘Je suis en free style, pour ma famille à la té-ci’. La cité est aussi un espace d’intégration des jeunes, où ils se retrouvent créent des liens d’appartenance. Selon Lopes (2009), en même temps que les conditions matérielles des favelas provoquent l’indignation de ses habitants, la favela est aussi pour eux l’endroit générateur d’un sentiment de fierté et appartenance. En écoutant les paroles de ce jeune rappeur, nous sommes amenés à nous interroger sur cette question dans les banlieues françaises. « Blankok, Tilleuls, PHL, c’est l’adresse (espaces de la ville de Blanc Mesnil Nord) Tireur d’élite, Afrique, toujours al ». ‘Toujours al’, c'est-à-dire, ‘toujours là’, en verlan7. C’est dans la banlieue que les jeunes tissent leurs réseaux de solidarités avec leurs familles et avec leurs amis. C’est l’espace où ils passent leur jeunesse, où ils construisent leur histoire, leurs liens d’appartenance.

Un rappeur de Blanc Mesnil, 28 ans, parle de cette relation des jeunes avec la banlieue pendant son entretien8: Quand tu es petit et tu viens d’un quartier pauvre, t’as déjà pas grand-chose. (…) C'est-à-dire que ton quartier, avec les amis avec qui t’as grandi, les potes de ton quartier, bah, en gros c’est tout ce que t’as. (…)… même si c’est que des murs, c’est que des murs… C’est tout ce qu’on a. Ils nous ont mis là, là, là… (il me montre les bâtiments). Dehors c’est vraiment où avec tes potes tu fais ta vie, tu te construis. Où tu peux tout dire parce qu’ils sont comme toi.(…) On est né là, on n’a connu que ça. Autant on peut détester les conditions de vie, et notre quartier parfois car c’est la cause de plein de problèmes, bah, autant on y tient parce qu’on a pas grande chose d’autre, tu vois ? (…)

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Verlan : argot qui consiste à prononcer les mots à l’envers. Les jeunes en banlieue emploient fréquemment des mots en verlan.

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Entretien accordé à la chercheuse le 06 juin 2008 au Blanc Mesnil, dans le cadre de la réalisation du terrain de recherche.

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Ainsi, ce ‘beat’ fait par le jeune de 13 ans vient représenter la fratrie constituée dans la banlieue, il représente à la fois les marocains, les algériens, le ‘sénégalais’, les maliens, immigrations différentes qui construisent la même famille. Et le jeune rappeur fait ce rap pour eux. Ce rap devient ainsi un message adressé, un hommage, une dédicace. Ce jeune transforme dans ce rap la lourdeur de la vie de la cité en un ‘son lourd’, qui dans le Hip Hop signifie « un son qui a du caractère, qui est bon ». Le rap devient ainsi un outil d’action sur les signifiants, capable de transformer les mots dans leur signification. Ainsi, cette expression artistique, ce qui vient du quartier, devient positif : ‘ tu vas kiffer’9, parce que ‘ça vient du quartier’. Ainsi les jeunes par le biais du rap s’approprient les signifiants et agissant sur eux. Par le biais de l’identification à un mouvement artistique, les jeunes pourraient passer de la négativité qui leur est renvoyée par l’identification imaginaire de la société à l’identification symbolique à un discours.10

Le rap suivant a été une production collective réalisée par des jeunes filles et des jeunes garçons, entre 12 et 18 ans qui participaient à un atelier d’écriture de rap proposé par une ONG installée dans la favela da Rocinha, à Rio de Janeiro. Nous pourrons également y retrouver la valorisation de l’espace, la construction de la fratrie, chantées par les jeunes comme dans le rap du jeune français :

Eu moro na Rocinha que satisfação ! Je vis dans la Rocinha, quel plaisir ! Curtir areas como Roupa Suja e Valão

M’amuser dans les quartiers comme la ‘Roupa Suja’ e ‘Valão’ Subindo mais um pouco, encontrei um irmão

Si je monte un peu plus, je croise un ‘frère’ Jogando futebol na quadra do terreirão Qui joue au foot au ‘Terreirão’

E nessa caminhada fiquei como: casadão Et en marchant, j’ai été fatigué

Fui curtir um baile la na quadra : tranquilão Je suis allé m’amuser dans un bal : trakil Desci pela TL e pela Fundação

Je suis descendu par la ‘TL’ et par la ‘Fundação’ Conheço a Rua 2, Via Apia e Cachopão

Je connais la ‘Rua 2’, ‘Via Apia’ et ‘Cachopão’ Moro na favela e mesmo assim sou demais

Je vis dans une favela, mais je suis quand même génial Gosto de brincar, gosto de zoar

J’aime jouer, j’aime m’amuser

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‘Kiffer’ est un mot d’argot employé pour dire ‘aimer beaucoup’

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André Levy , Communication orale :« Dynamiques Sociales et Expériences Subjectives », Paris 07/12/2007

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Mas tem uma hora que temos que pensar Mais il y a des moments où il faut réfléchir.

‘Je vis dans la Rocinha, quel plaisir !’. Ils racontent comment ils vivent, comment ils s’amusent dans la favela. Les endroits de la favela sont nommés : « Je suis descendu par la ‘TL’ et par la ‘Fundação’, Je connais la ‘Rua 2’, ‘Via Apia’ et ‘Cachopão’ ». Une jeune fille de 15 ans, qui a participé à l’atelier d’écriture qui produit ce rap, dit lors d’un entretien11 :

Eu passo na rua, aqui, não é todo mundo, mas uma boa parte já me conhece. Quando eu vou pra outro lugar, ninguém sabe quem eu sou. Então é bom. É igual uma árvore quando cria raiz. Eu tenho as minhas raizes aqui. Então é por isso que eu gosto de morar aqui. Então o que eu puder fazer, eu vou fazer pra Rocinha ser melhor.

Quand je marche dans la rue, ce n’est pas tout le monde, mais les gens me connaissent ici. Quand je vais ailleurs, personne ne sait qui je suis. Donc, ici c’est bien. C’est comme un arbre qui crée des racines. J’ai mes racines ici. C’est pour ça que j’aime vivre ici. Donc, je ferai tout ce que je pourrai pour rendre la Rocinha encore meilleure.

Les jeunes rappeurs de la Rocinha parlent également de leurs liens d’appartenance, avec l’espace et avec les gens qui y vivent. Mais dans ce rap, les jeunes nomment aussi la contradiction dans laquelle ils vivent : « Je vis dans une favela, mais je suis quand même génial. » Cette mesure révèle l’impacte de la représentation négative de l’espace sur la construction de la subjectivité de ces jeunes. C’est comme s’il y avait une contradiction entre vivre dans une favela et ‘être génial’. Ainsi, l’espace physique, soit la favela ou la banlieue, devient protecteur pour ces jeunes, fragilisés lors de ce contact hostile et discriminatoire avec la société. Etre dans le groupe devient rassurant dans la mesure où les jeunes sont reconnus et rassurés par leurs égaux. Cependant, cette protection du groupe, vécue dans son extrême, peut également entraîner le repli et l’enfermement dans leurs différences si par ailleurs les individus ne trouvent pas les moyens de retourner vers la société.

La médiation symbolique introduite par l’écriture d’un rap devient une possibilité d’appropriation d’un contexte et l’ouverture aux possibilités de transformation de ses représentations. Dans cette

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Entretien accordé à la chercheuse le 25 novembre 2008 à Rocinha, dans le cadre de la réalisation du terrain de recherche.

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mesure, la médiation artistique soutient le sujet de façon à empêcher que sa subjectivité soit enfermée par la stigmatisation et ouvre de nouvelles possibilités de significations valorisantes d’une trajectoire de vie qui ne sont pas destinées à la négativité. L’utilisation de symboles permet l’élaboration du subjectif dans ses représentations sociales, mais aussi du social dans sa dimension affective et imaginaire. A mesure qu’il fournit des instruments pour leur externalisation, elles peuvent être élaborées et re-signifiées. Dans cette mesure le rap devient une possibilité de transformation et ouverture pour ces jeunes.

Ci-dessous, l’extrait d’un rap d’un jeune de 15 ans de la Cité de Tilleuls :

Ce son vient pas bloquer Blankok est la cité Dit pas de ‘grossièreté’ Même si tu es énervé Pourquoi s’insulter J’ai enfin appris à parler Pourquoi s’embrouiller J’ai enfin appris à me calmer

La réalité c’est qu’on veut ‘fuck’ l’Etat Arrête de faire la Kaïra (le délinquant)

Arrête de faire le ragla (frapper le plus petits)

Sinon un jour je viendrai te mettre des que-cla (des claques)

Le thème du rap écrit par ce jeune est l’expression. Par le biais du langage, les conflits peuvent être nommés. La symbolisation a une capacité de contention, dans la mesure où elle utilise des mécanismes de défense qui sont admis par la société. Cependant, l’absence de contention peut amener le sujet à un passage à l’acte violent, contre lui-même mais aussi contre l’autre. « La violence est fréquemment l’expression d’une souffrance non exprimée », nous dit Barus-Michel, (2004).

Le symbolique, médiateur par excellence entre le réel et l’imaginaire, peut apporter une forme de régulation de la violence dans la société, empêchant qu’elle se réalise dans sa puissance destructrice. Entre Eros et Thanatos, les sujets ont besoin de trouver des outils symboliques qui permettent le passage de la destruction à la création. Le symbole est capable de contenir l’acte violent et, ainsi, l’art permet médiation de l’expression de la violence.

Le changement de but et le changement d’objet introduits par la sublimation conduisent le sujet vers les créations socialement valorisées. Dans cette mesure, la sublimation présuppose du narcissisme retrouvé dans l’estime de soi et dans l’estime sociale. La sublimation conduit ainsi au détournement du passage à l’acte et introduit le gain dans sa non immédiateté. Nous pensons avec Jacqueline Barus – Michel :

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Le processus de sublimation pourrait être porteur de jouissance ; imaginer, penser, produire, défendre des valeurs ne sont pas que de l’ordre du renoncement ou de la souffrance, mais engendrent une jouissance spécifique : sans compter le rabattement narcissique, celle d’exercer ces fonctions spécifiquement humaines, imaginaires et symboliques, pour extraire l’existence de l’absurde, faire du sens, mettre le monde en langage. Mais, justement, le langage qui est de la substance de cette activité sublimante, c’est l’ordre symbolique ; il n’y a langage que dans la soumission partagée à de la loi qui ordonne les signifiants (BARUS-MICHEL, 2007, p.128, 129).

Les jeunes peuvent trouver dans l’expression artistique du mouvement hip hop l’appartenance à un groupe, une voie d’expression de leurs revendications et de leurs conflits, la possibilité d’agir sur leurs images et de transformer ses représentations, étant conduits vers la reconnaissance. Dans cette mesure, ce mouvement culturel contribue également à la régulation de la société, dans la mesure où il se réalise dans le débat, où il traite de la violence d’une façon non-violente.

Conclusions préliminaires

La mobilisation et l’organisation des jeunes autour des expressions artistiques du mouvement Hip Hop peuvent être comprises comme des expériences socialisantes valorisantes, capables d’introduire l’affiliation à un groupe dans lequel ils se reconnaissent et dans lequel ils retrouvent une image positive à partager. Dans ce cas, l’art paraît être en mesure d’assurer une valorisation et une reconnaissance que les institutions classiques de la société comme la famille, l’école et le travail semblent ne pas être en mesure d’offrir.

Ainsi, le Hip Hop s’affirme comme une importante voie d’expression de cette jeunesse, dans la mesure où les jeunes se retrouvent dans ce partage d’un discours revendicatif, qui parle des conflits de manière médiatisé, et qui en trouvant leurs propres mots pour nommer leurs difficultés et leurs qualités, font de ce mouvement un moteur de construction et de reconstruction de sens et de représentations.

En cherchant des mots, des rimes qui correspondent à ce qu’ils veulent exprimer, les jeunes peuvent à la fois se construire eux-mêmes et faire de l’art. De plus, si ce processus leur est renvoyé sous forme de reconnaissance par la société, du lien social est créé. Les expressions artistiques de jeunes qui vivent dans les territoires urbains

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stigmatisés peuvent générer d’autres représentations de ces endroits pour eux-mêmes, mais aussi pour la société dont ils font partie. L’espace social vécu comme négatif peut être appréhendé autrement, en même temps que les jeunes s’affirment dans leurs conditions de sujet capables de produire de la transformation sociale.

Sous cet aspect, cette étude a pour vocation non seulement d’analyser l’influence du stigma territorial dans la trajectoire de vie des jeunes de banlieues françaises et des jeunes de favelas brésiliennes, mais surtout d’envisager les possibilités de (re)construction d’autres représentations, de relativiser des présupposés fatalistes, comme par exemple celui qui font les jeunes des banlieues et les favelas des jeunes délinquants, qui génèrent le stéréotype de la ‘jeunesse, qui fait du ‘jeune favelado’ et du ‘jeune de banlieue’ le ‘jeune délinquant’, fruits d’une image négative qui enferme une jeunesse dans des déterminismes sociaux. De plus, une comparaison entre des contextes aussi différents permettrait que des a priori soient relativisés, soulignant des lignes de force dans des contextes économiques et culturels différents.

A un moment où les problèmes des ‘jeunes de banlieue’ et des ‘jeunes favelados’ sont régulièrement mis sous les projecteurs des médias, éveillant la peur et le sentiment d’insécurité de la population, il est essentiel d’aller vers ces jeunes à la fois pour écouter ce qu’ils ont à dire et pour comprendre la réalité de leur situation et ce qu’ils attendent des institutions et des pouvoirs publics, en tant que sujets et acteurs sociaux qu’ils sont.

Abstract

This study analyses rap, one element of the cultural movement called Hip Hop, as a way of expression for the youth living in the suburbs and in the favelas of major cities. This point will be examined in two different contexts : in Blanc Mesnil, a suburb of Ile de France and in Rocinha, one of the largest favelas in Rio de Janeiro. Esthetic and lyrics are viewed as a way of symbolizing living experience of young male and female rapers suffering from stigmatization, precarity, violence and conflicts, existing in urban aereas where they live. ‘Suburbs young people’ and ‘young favelados’ : territory takes part in the building of identity and subjectivity. Space and individual are associated and assimilated into the same negative image. Identification to the cultural movement called Hip Hop allows the emergence of a ‘We’ which begins to speak in order to give answers through art, on social ground. Therefore, this study is interested in the expression of the youth by means of symbolic mediation, giving shapes and names to feelings, denouncements and conflicts existing among this youth.

Keywords: rap, young people, space, symbolization, individual, image.

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Bibliographie

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Rapport d’Activités 2006 GRAJAR 93 - Direction de la Solidarité de l’Observatoire Social et Démographique Urbaine- Blanc Mesnil – Novembre 2006.

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Referências

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