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Introduction - Electre NG

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Academic year: 2023

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Introduction

Dans le monde scientifique francophone, les théories sociologiques connaissent depuis une vingtaine d’années un tournant « pragmatique » ou «  praxéologique  » qui les conduit à faire de l’action conjointe, en situation, une unité centrale d’analyse (Boltanski, 1990 ; Céfaï, 2002 ; Heinich, 1998 ; Latour, 1987 ; Quéré, 2004 ; Thévenot, 2006). Ce tournant pris par l’enquête sociologique se nourrit aux sources mêmes qui ont irrigué la sociologie américaine  : les philosophies pragmatistes de John Dewey (1993 [1938]), George H. Mead (2006  [1934]) et Charles S. Peirce (2003), et la sociologie empirique et interprétative de l’Ecole de Chicago (Park, Burgess, 1921), qui s’était elle-même beaucoup inspirée de la sociologie des « formes sociales » de George Simmel (1999 [1908]). Cette réorientation est également marquée par les perspectives qui, à partir des années soixante, se présentent comme des alternatives à la sociologie structurale-fonctionnaliste américaine et ont été pro- gressivement traduites en français  : l’interactionnisme goffmannien (Goffman, 1973 [1959]), l’interactionnisme symbolique (Strauss, 1992 [1959]), la sociologie phénonoménologique d’Alfred Schütz (1987), en particulier dans sa reprise par Peter L. Berger et Thomas Luckmann (1986 [1966]), et l’ethnométhodologie (Garfinkel, 2007 [1967]).

Bien qu’il ait joué un rôle tout aussi central dans l’étude de l’action pratique, le sociologue américain Harvey Sacks (1935–1975) est encore largement absent des débats dans le monde scientifique francophone1.

1 Schegloff (1992a, 1992b) offre une discussion détaillée de l’œuvre de Sacks, notamment de ses Lectures ; voir aussi : Coulter (1976), Lynch, Bogen (1994), Silverman (1998), Watson (1994). A ce jour, seulement quelques textes de Sacks ont été traduits en français  : Sacks (1973, 1985 [1984], 1993 [1963], 2002 [1984] ; 2002 [1989])  ; Garfinkel, Sacks (2007 [1970]). Pour des textes en français de présentation et de mise en œuvre du programme de Sacks, voir notamment : Ackermann et al. (1985) ; Barthélémy (2002) ; Barthélémy, Bonu, Mondada, Relieu (1999)  ; Bonu, Mondada, Relieu (1994)  ; Conein (1987)  ;

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2 Introduction

Cet ouvrage a dès lors pour ambition de proposer une introduction synthétique et néanmoins circonstanciée à cette œuvre magistrale, qui gagne véritablement à être connue. Ne serait-ce que parce que si elle s’est constituée en dialogue constant avec la discipline, elle l’a également profondément remise en question.

A la fin des années 1950, après des études de droit et de sciences politiques, Sacks suit les séminaires de Talcott Parsons à Harvard, où il rencontre Harold Garfinkel, puis entreprend un doctorat en sociologie sous la direction d’Erving Goffman à Berkeley. A partir de sa thèse de doctorat, dont le corpus empirique est constitué par des appels télépho- niques à un centre de prévention du suicide (Sacks, 1966), il apporte une contribution décisive à l’ethnométhodologie naissante, renouvelle l’étude des interactions sociales et développe deux nouvelles approches analytiques : l’analyse de conversation et l’analyse des catégorisations.

Sa brillante carrière est cependant très tôt interrompue. A l’âge de 40 ans, il décède d’un accident de la route.

Même s’il n’a pas pu le poursuivre, le travail de Sacks constitue une contribution importante et innovante à l’interrogation, centrale dans les sciences sociales américaines dès les années soixante, sur le rapport entre langage et action sociale. Aux côtés des perspectives déjà mentionnées, ses autres principaux animateurs sont la sociolinguistique interactionnelle de John J. Gumperz (1989), l’ethnographie de la com- munication de Dell Hymes (1962) et la sociolinguistique variationniste de William Labov (1993 [1972]). En 1974, Sacks publie avec Emanuel Schegloff et Gail Jefferson, tous trois sociologues, l’article fondateur de l’analyse de conversation : « A simplest systematics for the organi- zation of turn-taking for conversation  ». Cet article, qui a paru dans Language, la revue de la Linguistic Society of America, est à l’origine d’une myriade de recherches dans un grand nombre de disciplines en sciences humaines et sociales. Toutefois, dès l’introduction du texte, Sacks et ses coauteurs précisent que la motivation disciplinaire de leur travail est bel et bien sociologique (Sacks, Schegloff, Jefferson, 1974, p. 698). En effet, si Sacks a commencé à étudier des conversations, ce

Fornel, Ogien, Quéré (2001); Fradin, Quéré, Widmer (1994) ; Relieu (1994) ; Widmer (2010).

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