Le
complexe d’histocompatibilité
des autresespèces
I. - Introduction
Parallèlement aux recherches
développées
chez lasouris,
des études d’histo-compatibilité
ont étéentreprises
dans de nombreusesespèces;
toutes les classes de lasystématique
des vertébrés ont étéabordées,
mais nous ne nous intéresse-rons, dans ce
chapitre qu’à
l’étude desmammifères,
classe pourlaquelle
leplus
grand
nombred’espèces
sontl’objet
derecherches;
seul lepoulet
viendracompléter
cette liste. De nombreuses revues
bibliographiques
ont été consacrées àl’exposé
des résultats obtenus pour chacune de ces
espèces;
il seraimpossible
ici depré-
senter dans le
détail,
les méthodes ettechniques
d’étudesspécifiques
dechacune;
nous essayerons
cependant d’apporter
des informationsprécises
sur lecomplexe d’histocompatibilité majeur
de l’hommecompte
tenu de son intérêt enmédecine;
nous nous intéresserons
également plus longuement
à la connaissance de deuxespèces
d’intérêtzootechnique :
le porc et lepoulet,
dans la mesure où les résultatsdéjà acquis
sont assez nombreux. Pour les autresespèces,
nous nerapporterons
que
quelques particularités
méritant d’êtresignalées;
le tableau 9 fournit la liste desespèces
que nousmentionnerons,
et l’onpeut
constater que les recherchasd’histocompatibilité
ont connu un trèsgrand développement depuis 19 6 0 . Enfin,
et c’est là notre
principal objectif
dans cechapitre,
nous pourrons voir que lacomparaison
des résultats des diversesespèces,
ycompris
la souris considéréecomme modèle de
référence, permet
de constater une extraordinaire similitude de structure et de fonction attribuable auxcomplexes d’histocompatibilité majeurs.
II. - Présentation du
complexe
HLA de l’hommei. - Mise en évidence du
complexe
HLALes
premiers
travaux n’ont pas été unetransposition
de ceux réalisés chez lasouris;
l’homme ne semblait pasprésenter d’antigènes d’histocompatibilité
détectables sur les
érythrocytes
parhémagglutination et
les résultats de AMOS( 1953
) prouvant
que desantigènes
H2pouvaient
êtreexprimés
par leslympho-
cytes ontdirigé
lesinvestigations
vers cet autretype
cellulaire. De 1920 à ig5o,l’existence de substances
leucolytiques
dans le sang de maladesleucopéniques
n’apas pu être
démontrée, malgré
de nombreux travaux. C’est en travaillant dans cette direction que DAUSSET et NENNA( 1952 ),
etindépendamment
MOESCHLINet WAC-N£P,
( 1952 )
ont décrit lespremières
réactions deleucoagglutination,
d’ori-gine immunologique, marquant
ainsi le début des étudessérologiques
d’histo-compatibilité
chez l’homme.Les années
suivantes,
l’étudesystématique
desanticorps développés après transfusion,
en utilisant latechnique
deleucoagglutination,
a amené à la définition d’unepremière spécificité leucocytaire :
MAC(DA USS ET, I g58).
Cette mêmeannée,
deux
équipes
ont découvertindépendamment
lagrande fréquence d’anticorps anti-leucocytes
dans le sérum de femmesmultipares (V AN
RooD etal., 195 8,
P AYN
I; et
ROLFS, 1958).
L’analyse
des résultatssérologiques apparaissait cependant inextricable,
cequi
laissaitprésager
unegrande complexité immunogénétique.
L’introduction de l’ordinateur dans ces études apermis
depoursuivre
ladescription
desspécificités;
V
AN RooD et VAN I,!uw!rr
( 19 6 3 )
ont découvert ainsi lesspécificités
4a et4 b,
et PAYNE et al.
( 19 6 4 )
ont trouvé lesspécificités
LAi etI,Az, identiques
à MACet
ségrégeant
comme allèles dans les études familiales.A
partir
de cettedate,
lesprogrès
trèsrapides
de l’étude ducomplexe HLA
sont à attribuer à une intense collaboration
internationale, qui
apris
forme parexemple,
enorganisant
un séminairerégulièrement,
sur un thèmeparticulier (voir
tabl.ro).
Dès 1970, à la suite du 3eséminaire,
lesystème
HLA est apparucomme un
système unique,
formé de locipolyalléliques
étroitementliés,
lesspéci-
ficités
sérologiques
étant contrôlées par 2 loci.Cependant,
lapossibilité
de l’exis-tence d’un troisième locus
sérologiquement
défini a étéévoqué (S ANDBERG
et al.1970
; KissmEYER-NiELsEN et
al., 197 1).
Depuis,
la connaissance ducomplexe
HLA s’estdéveloppée,
et la similitude existant avec les résultats obtenus chez la souris estimportante.
Les déterminantsSD,
LD ont été mis enévidence,
la liaison avec des facteurs ducomplément
a étéétablie,
desantigènes
Iaéquivalents
ont été identifiés...Cependant, compte
tenude
particularités biologiques (impossibilité
d’avoir des individushomozygotes),
on n’a pas pu pour l’instant retrouver de
gènes Ir,
cesparticularités
offrant par ailleurs d’immensespossibilités
engénétique
despopulations,
domaine danslequel
les résu.lta.ts sont
déjà
abondants.2
. -
Description
ducomplexe
HLALe
complexe majeur d’histocompatibilité
de l’homme dont l’étude a commencé par les lociHI,A-A
etHI,A-B (loci sérologiquement définis),
a été situé sur le chro-mosome
6,
soit parhybridation
cellulairesomatique (J ON GS M A
etal., ig 7 q.),
soitpar étude familiale
(L AMM et al., rg 74 );
des résultats récents(>!RnNCk! et al., I977
)
situent lesgènes
HLA sur lepetit
bras du chromosome6, submétacentrique,
à 17
centimorgans
du centromère(OrT et al., 197 6).
La carte de cette
portion
de chromosome a pu être établie etfigure
àla
figure
19.Jusqu’à présent le complexe
HLAcomprend essentiellement ¢ loci, étant sérologiquement définis (HLA-A,
B etC), le
4e étant le déterminant de la réactionlym!hocytaiye
mixte(déterminant LD).
1/ensemble des autres lociportés
par cette
portion
dugénome
et liés àHLA, figure
au tableau m, et l’on constateque ces études ont
pris
une trèsgrande expansion depuis quelques
années.3
. -- Les loci
HLA-A, HLA-B,
HLA-CCorrespondant
aux loci H2-K et H2-D de lasouris,
ils ont été décrits lespremiers,
àpartir
des étudessérologiques.
La définition d’unespécificité dépend
de
l’emploi
de sérumsmonospécifiques;
c’estpourquoi
lasérologie
HLA a été diffi-cile et la définition d’une
spécificité
a été basée surtout sur lacomparaison
de nom-breux
sérums, comparaison
effectuée en calculant à l’aide d’un ordinateur les X2 ainsi due les coefficients de corrélationqui
ontl’avantage d’indiquer
le sens del’association
(FE IN G OLD , 19 66)
entre les divers sérums. Une associationpositive
signifie
que les deux sérums ont des similitudesqui
sontplus fréquentes
que ne levoudrait le
hasard,
une associationnégative signifiant
que les deux sérums ont tendance àréagir
avec des cellules différentes(ce qui correspond plutôt
à unesituation
d’allélisme).
La réalité de cesspécificités
a, par lasuite,
étéprouvée
pardes relations
génétiques qui
les unissent entre elles etqui
sont apparues au cours d’étude depopulations
ou de familles :ainsi,
lagénétique
est venue à l’aide de lasérologie.
L’ensemble
des étudessérologiques
menéesdepuis
2o ans a conduit à la défi-nition de 3 séries
alléliques,
chacune étant contrôlée par un des lociHI,A-A,
Bou C. Les
fréquences
des divers allèles identifiés dans lapopulation
caucasoïdesont fournies au tableau 12,
qui
utilise la nomenclature officielle. Il est très diffi- cile d’attribuer la découverte de tel ou telantigène
à uneéquipe
ou à une autre;souvent les
spécificités
ont été découvertes simultanément etindépendamment
d.ans
plusieurs
laboratoires à la fois. Une table deséquivalences
se trouve dans«
Histocompatibility testing
rg72 !·, etpermet
de retracer l’histoire des découvertesjusqu’à
cette date.Si le caractère
allélique
des différentesspécificités
ne faitplus
aucundoute,
il
faut, néanmoins, souligner
le côté arbitraire de cetteclassification;
l’existence despécificités publiques
fait que la tendance est de subdiviser lesspécificités existantes;
il est certainqu’aujourd’hui,
le processus de subdivision n’est pas achevé. D’autrepart,
il reste, desspécificités
encoreinconnues;
les « blancs »correspondent
vraisemblablement non pas à desproduits alléliques
peu ou pasimmunogéniques,
mais à desspécificités plus
raresqui
seront découvertes.Les
antigènes HLA
contrôlés par les 3 lociA,
B et C sont desglycoprotéines
de surface
membranaire;
leur distribution estubiquitaire;
on retrouve donc lesrésultats
déjà
connus chez la souris. La structure de la molécule estidentique,
etdes résultats récents mettent en évidence une
analogie
deséquence
des chaînesprotéiques (S ILVER
etal., 197 6).
4. - Le loc-us HLA-D
La
région chromosomique
environnant le locusHI,A-D
est certainement cellequi
suscite actuellement leplus d’investigations compte
tenu des nombreuses fonctionsqui
lui sont attribuées.a)
Contrôle de la réactionlymphocytaire
mixte(MLR)
Déterminisme
génétique.
- Le contrôle de la réactionlymphocytaire
mixted’abord attribué sans
précision
au déterminantHI a A-B,
ou à ungène
étroitementlié,
par de nombreux auteurs(DuPONT
etal.,
1971; I,!axurV etal.,
1971; GATTI etal.,
1971;E l jsvooGEL et al.,
Ig72; Yurrrs etA MOS , 1971 ),
a été définitivement attribué au locusHI,A-D,
ainsidéfini, placé
à l’extérieur dusegment HI,A-A / HI,A-B,
à icentimorgan
du côté deHI,A-B (!rJsvooG!r, et al.,
rg72; M!NrP!i,et
al.,
zg72; SASPORTES etal., 1972 ).
Comme chez lasouris,
l’existence de loci« mineurs » a été
postulée (SAS P O R TES
etal.,
zg73; THORSBY etal., ig73),
mais ilsdemeurent difficiles à localiser au niveau du
complexe HLA,
et sont encorel’objet
de controverses.
’
Typage
HLA—D. — Le contrôlegénétique
de laMLR
par le locusHLA-D
étantétabli,
il est apparuintéressant,
dans le but depouvoir typer
desindividus,
de définir desspécificités
«HI,A-D
».L’observation
de familles où lesparents
par-tageaient
unhaplotype HI,A
apermis
d’atteindre cetobjectif;
eneffet,
il a étépossible
de rencontrer dans la descendance de tellesfamilles,
d’unepart,
des enfantsHLA phéno-identiques
à l’un desparents,
et d’autrepart,
des enfantshomozygotes HLA;
la MLR entre les divers individus a donné les résultats suivants:- une réaction
négative
entrehétérozygotes phéno-identiques;
- une réaction
négative
ou faiblementpositive
dans le cas d’unhétérozy- gote
stimulé par unhomozygote;
- - une réaction
positive
dans le cas oul’homozygote
est stimulé par unhétérozygote.
Dans ces
conditions,
il est apparupossible
d’utiliser cetype
de situations pour arriver à identifier lesspécificités
en travaillant avec des celluleshomozygotes.
De nombreux groupes ont
rapporté
des cas de familles de cetype :
MEMPEL etal.,
zg73
; DUPONT et
al., lQ73
SAspoRrts etal.,
1973. Enfait,
l’utilisation de celluleshomozygotes
avait étéproposée
par BrtaDr,kY et al.( 1972 ),
dans l’étude de la MI,R chez le porc; l’idée a ensuite étéreprise
etlargement développée
chez l’homme(M!mrP!r,
etul., 1973).
Une
réponse
detypage
est définie comme la faibleréponse
obtenue en1!ZI,R, quand
une cellulerépondante
à unespécificité HI,A-D
en commun avec la celluleHI,A-D homozygote
stimulante de référence. La recherche de celluleshomozygotes
est alors devenue
essentielle;
une des sources comme nous l’avons vu est consti- tuée par les familles où lesparents
ont unhaplotype
en commun; une autre sourceest
représentée
par les familles à forteconsanguinité (Varr
DEN Tw!!r, etal.,
ig73
;
J OR GE NS E N
etal., i9!3);
une étudesystématique
de familles normales aégalement permis
de trouver des celluleshomozygotes HI,A-D,
même chez deshétérozygotes
pourHI,A-A,
B et C.Caractérisation des
spécificités
HLA—D. — Elle a été réaliséegrâce
à un travailinternational
(voir
tabl.10 ) qui
a consistéprécisément
enl’échange
de cellules homo-zygotes;
6spécificités
ont été définies. Leursfréquences antigéniques
etgéniques figurent
au tableau i3;l’analyse génétique
a révéléqu’elles
sont contrôlées par des allèles codominants d’un locusunique.
b)
La Sérieallélique
HLA-DRDéfinie officiellement en 1977
(voir
tabl.10 ),
cette sérieallélique correspond
aux
antigènes
humainséquivalents
des lamurins,
DRsignifiant
« D-related »;7
spécificités
ont été reconnues.Actuellement,
leproblème
de lamonospécificité
des sérums anti-DR n’est pas résolu. De nombreux sérums sont
polyspécifiques;
une
étape
ultérieure sera doncl’absorption
surlymphocytes
pour démontrer ou obtenir lamonospécificité.
LJn effort dans ce sens adéjà
été fait avecl’emploi
des
anticorps
élués delymphocytes;
cette méthode(élution)
sélectionne un nombre limitéd’anticorps
àpartir
d’un immun-sérumpolyspécifique.
Les
spécificités
définiesrépondent
aux critères d’une sérieallélique :
corréla-tion
négative
entrespécificités
dans lepanel
deréférence,
absence detriplets
pourun individu
donné,
transmission comme des unités mendéliennessimples
dansles familles. Le tableau 14 fournit les
fréquences géniques
obtenues pour cette sérieallélique.
La liaison aucomplexe d’histocompatibilité majeur
etplus parti-
culièrement à
HIaA-D
a été obtenue par des études familiales. Les résultats obtenuspermettent,
par diversescaractéristiques
résumées au tableau 15, de considérer que lesantigènes
DR décrits sont bienl’équivalent
des la murins.La discussion fondamentale
porte
chez l’homme comme chez la souris surles relations entre les structures
responsables
de la stimulation en MLR et lesantigènes
DR; en d’autres termes, le locus D et le locus DR sont-ilsidentiques
ouétroitement liés et distincts? les
expériences
deblocage
de MRI,suggèrent
uneidentité sans
permettre
de l’affirmer. Eneffet,
les immuns-sérums anti-DRpeuvent
contenir des
anticorps
méconnusdirigés
contre les structures stimulantes. Mêmc si ce sont les anti-DR eux-mêmesqui
sontresponsables
dublocage,
celui-cipeut
être dû à un
empêchement stérique
au niveau de deux molécules voisines mais distinctes. Enfait,
comme nous allons levoir,
la discussion doit êtreélargie aujour-
d’hui à 3
catégories
degènes.
c)
Le Contrôle de la MLR IILa
réponse proliférative
secondaire accélérée estspécifiquement
déclenchéepar des structures stimulantes de la cellule cible codées par la
région HI,A-D.
Ceci a été démontré par l’étude d’une famille avec recombinaison
HLA-B jD (Mnwas et al.,
ig75; FRADELIzI etal., 197 6). Ainsi,
leproduit HI,A-D responsable
de la stimulation dans la MI,R I et les structures stimulantes de la
prolifération
secondaire sont codés par la même
région chromosomique;
cecipourtant n’implique
pas que ces 2
produits
stimulants soient absolumentidentiques.
La
précocité
de lastimulation,
notable dès laq.8 e heure,
et laspécificité
pour larégion
HI,A-D de laréponse allogénique secondaire,
ont conduit à proposerl’usage
delymphocytes préalablement
sensibilisés au cours d’une MLRI,
i7zvitro,
pour letypage
desproduits
stimulants en MLRII,
contrôlés par larégion
HIaA-D(S
H EE HY
et al.,
ig!5;F RAD E LIZI et al., 1975 ).
Cette méthode estappelée
« PLT» »(Primed lymphocytes typing method),
et lesproduits correspondants,
stimulantsla MI,R II, sont
appelés
structures « PI,» (Primed lymphocyte stimulating product).
La nature exacte des structures PI, est à l’heure actuelle
l’objet
d’intensesrecherches,
de même que la nature des relations entre ces structures PI, etproduits HI,A-D.
Deux observations méritent d’être retenues :- l’action des rayons ultra-violet est la même sur les structures PI, et HI,A- D : inactivation de la stimulation. Par contre, les
antigènes
SD ne sont pas modi- fiés(M A was et al., ig75);
- le
typage
d’individus par les deux méthodes(PI,T
et celluleshomozygotes HI,A-D) indique
une corrélationsignificative (C ROSI E R
etal., 1977 ),
mais lesstructures ne coïncident pas exactement.