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Chapitre sixième Intérêts & Enjeux

Conclusion générale

L'objectif principal de ce travail de recherche était d'identifier et de comprendre la dynamique des différents facteurs biologiques fondamentaux et primordiaux qui sont à l'origine du comportement permettant la reproduction, essentiel à la survie de l'espèce humaine.

Principal résultat

Dans la première partie de cette recherche, nous avons vérifié à partir de l'analyse des données éthologiques, ethnologiques et neurobiologiques, que, chez l'Homme, le comportement de reproduction (dont tout particulièrement la séquence cruciale du coït vaginal) ne serait pas inné.

Puis nous avons vérifié, en partie au moyen d'une expérimentation, que, chez l'Homme, l'acquisition du comportement permettant la reproduction dépendrait – principalement mais indirectement – de l'activation des processus de renforcement, provoquée par la stimulation du corps et des zones érogènes des organes génitaux.

Cette double vérification, montrer que le comportement permettant la reproduction n'est pas inné et qu'il est acquis, est nécessaire, car le fait de démontrer l'existence d'apprentissages ne permet pas d'exclure l'hypothèse de l'innéité de ce comportement. En effet, il est toujours possible d'objecter que les apprentissages ont masqué les processus innés, et que, s'il n'y avait pas eu d'apprentissages, ces processus innés auraient été révélés et auraient permis la réalisation du comportement de reproduction.

Cette double vérification nous permet de conclure, en résumant l'essentiel, que, chez l'Homme, le comportement permettant la reproduction ne serait pas inné, mais acquis.

Le « bricolage de l'évolution »

Pour bien comprendre les résultats de cette recherche, il est nécessaire de les interpréter dans le cadre du paradigme du « bricolage de l'évolution » de François Jacob (1977 ; 1981). Contrairement au modèle dominant de la théorie néodarwinienne qui suppose une optimisation des organismes qui tend presque à la perfection, il semblerait que l'effet majeur de la sélection naturelle n'est pas tant cette optimisation que l'élimination des organismes non viables. Ce qui signifie que les organismes actuels ne sont pas forcément parfaits ni même optimisés, mais que leurs structures anatomiques et physiologiques leur permet – peut importe la manière – de survivre et de se reproduire.

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Facteurs primordiaux à l'origine du comportement permettant la reproduction

A l'issue de toutes les analyses présentées dans cette étude, quels sont les facteurs à l'origine de l'apprentissage du coït vaginal ?

Le premier facteur inné, primordial et principal, serait un système fonctionnel constitué par les processus de renforcement (localisés dans la partie basse du faisceau médian du télencéphale – noyau accumbens, aire tegmentale ventrale …), associés au système somatosensoriel (et en particulier aux zones érogènes mucocutanées orales et pelviennes, dont principalement le pénis/clitoris). Des processus hédoniques (localisés dans la partie haute du faisceau médian du télencéphale – septum latéral, lobe préfrontal ventromédian …) seraient également étroitement associés à ce système fonctionnel. Cette organisation structurelle provoquerait la répétition de la stimulation du corps et des organes génitaux, ainsi que des sensations conscientes de plaisirs intenses associées à ces stimulations (plaisir sensuels et érotiques, orgasme).

Le deuxième facteur inné, primordial mais plus secondaire, serait un système hormonal et phéromonal (principalement localisé au niveau hypothalamique – aire préoptique médiale, hypothalamus antérieur …). Cette organisation structurelle et moléculaire provoquerait à la puberté une augmentation significative du désir et des activités sexuelles, ainsi qu'éventuellement une tendance – mais faible – au rapprochement hétérosexuel, sous l'effet des phéromones.

La structure (neuro)biologique principale – processus de renforcement associés aux zones érogènes (pénis/clitoris principalement) – similaire aux deux sexes, crée les conditions d'un apprentissage hautement probable d'une grande variété de séquences motrices érotiques, dont certaines, telles le coït vaginal fécondant, deviennent préférentielles. La grande intensité du renforcement érotique serait à l'origine d'une importante fréquence des activités érotiques, qui est constatée par exemple dans les sociétés où n'existent pas ou peu de restrictions culturelles à la sexualité. Cette fréquence élevée permet ainsi la réalisation d'un nombre plus que suffisant de coïts fécondants, et, par voie de conséquence, la reproduction et la survie de l'espèce.

Par rapport à la phase motivationnelle du comportement sexuel, c'est-à-dire au rapprochement des partenaires, les renforcements liés à la stimulation hédonique du corps (plaisirs somatosensoriels) représenteraient environ les deux tiers des facteurs à l'origine du désir d'avoir des activités érotiques avec un partenaire. Le tiers restant serait essentiellement constitué par des facteurs émotionnels et cognitifs (amour, tendresse, complicité, curiosité …).

Par rapport à la phase consommatoire du comportement sexuel, c'est-à-dire à la réalisation effective du comportement érotique, les renforcements érotiques seraient le facteur majeur, et peut être unique, à l'origine de l'organisation des activités érotiques autour de 3 zones érogènes majeures : la zone génitale (principalement), et les zones buccale et anale (secondairement).

Comportement de reproduction, comportement érotique & Pan-sexualité potentielle

Toutes ces données suggèrent qu'il n'existerait pas chez l'Homme de comportement de reproduction inné, c'est-à-dire une organisation neurale hautement spécifique qui contrôle sans

REPRODUCTION : L' INNÉ & L' ACQUIS

Conclusion

apprentissage préalable le rapprochement hétérosexuel des partenaires, ainsi que les séquences motrices du coït vaginal permettant la fécondation.

La prépondérance fonctionnelle d'un système constitué par les processus de renforcement et le système somatosensoriel serait à l'origine de l'apprentissage d'un comportement dont le but est la stimulation du corps, et non la reproduction. Le coït vaginal reproducteur serait ainsi une conséquence indirecte et presque fortuite de la recherche des plaisirs somatosensoriels. Ce comportement, dont le but perçu au niveau conscient est le plaisir intense, pourrait être appelé

"comportement érotique".

Le fait que toute stimulation corporelle qui est érotiquement renforcé sera répétée – si le contexte le permet – fait qu'il existe une grande potentialité d'activités qui peuvent devenir érotiques.

L'existence de capacités cognitives développées rend possible la création potentielle du concept de

"sexualité" et son attribution, également potentielle, à une grande variété d'activités, d'éléments psychiques et de situations. Ces caractéristiques font que la sexualité humaine serait acquise et aurait une potentialité pan-sexuelle.

Analyse fonctionnelle et phylogénétique

En synthèse, on observe que l'anatomie et la physiologie de la reproduction sont innées, tandis que le comportement permettant la reproduction est acquis. Cela signifie que ce qui est inné sont les conditions qui rendent hautement probable l'acquisition du comportement permettant la reproduction.

Chez l'Homme, ce qui est biologiquement organisé de manière innée, c'est essentiellement la stimulation potentielle du corps.

On observe qu'il s'agit d'une organisation minimale. Ce qui est inné est juste l'essentiel : la tendance à la stimulation préférentielle du pénis/clitoris (et éventuellement du vagin). Le reste, c'est- à-dire le détail des séquences motrices permettant les stimulations érotiques ainsi que le coït vaginal fécondant, est appris grâce aux processus émotionnels et cognitifs. Il est important de remarquer que ces processus émotionnels et cognitifs ne sont pas spécifiques à la sexualité. Ces processus participent également à l'apprentissage des autres comportements.

Au niveau phylogénétique, chez les mammifères, on observe que le contrôle du comportement sexuel devient moins moléculaire et se déplace vers le télencéphale : principalement localisé dans le mésencéphale et le diencéphale avec surtout des hormones et des phéromones chez les rongeurs, et principalement localisé dans le diencéphale et le télencéphale avec plutôt des processus émotionnels et cognitifs chez l'Homme.

Par ailleurs, l'analyse phylogénétique suggère l'existence initiale chez les proto-mammifères d'un comportement spécifiquement organisé pour la reproduction (inhibition saisonnière par la mélatonine, rut, hormones sexuelles, phéromones sexuelles, lordose, érection, poussées pelviennes, réflexe éjaculatoire, libération de l'ovule lors du coït …) dont une partie des différents éléments constitutifs auraient été perdus ou modifiés lors des transformations du système nerveux au cours de l'évolution.

Les éléments restant chez l'Homme, bien que profondément modifiés, permettent toujours la

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reproduction, mais d'une manière indirecte, particulière et contre-intuitive. C'est là un parfait exemple du « bricolage de l'évolution ».

Toutes ces caractéristiques phylogénétiques, ontogénétiques et psychobiologiques, qui ont été mise en évidence dans cette étude pour le comportement de reproduction (cf. Figure 23, page 54 ), existeraient également dans la dynamique fonctionnelle des autres comportements humains.

Affectivité & Sexualité

De manière plus générale, il semble exister un phénomène psychobiologique d'ordre "affectif", plus large que ce qui est aujourd'hui culturellement défini comme "sexualité". La stimulation du corps (chatouilles, contacts corporels, caresses sensuelles, stimulations érotiques) correspondrait au niveau le plus basique, le cœur primordial de ce phénomène. Puis s'ajouterait successivement les différents effets, immédiats puis ultérieurs, de cette stimulation : effets sensoriels, effets renforçants, effets d'attachement et parfois de dépendance, effets émotionnels et effets cognitifs.

Ce qui est culturellement défini comme étant la "sexualité" correspondrait en fait à une partie de ce phénomène biologique affectif, associé avec des représentations cognitives élaborées. L'ensemble des données disponibles suggère que la "sexualité" serait le résultat – à partir des stimulations répétées du corps et des effets émotionnels et passionnels que ces stimulations entraînent – d'une construction sensorielle, émotionnelle, cognitive et culturelle, tout au long du développement et de l'existence du sujet.

REPRODUCTION : L' INNÉ & L' ACQUIS

Chapitre 6 : Intérêts & Enjeux

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