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Rôle de la matière organique du sol sur la formation et la stabilisation des agrégats

1.2 Rôle de la matière organique du sol sur la formation et la

Compte tenu du type de liaison des structures entre elles, la stabilité des micro- agrégats est considérée comme très importante (la dispersion par ultrasons est souvent nécessaire pour désagréger ces particules - Christiensen, 1992). En revanche, les macro- agrégats peuvent être désagrégés par des contraintes physiques liées à des pratiques agricoles ou par des pluies.

C'est à cette échelle qu'une grande partie de la qualité physique du sol se joue. L'état structural influe sur l'ensemble des facteurs et des conditions physiques qui conditionnent la germination, la levée des culture (Richard et Boiffin, 1990) et l'enracinement (Tardieu, 1990).

La résistance à la désagrégation amenant à la battance et à l'érosion se situe aussi à l'échelle du macro-agrégat (Le Bissonnais, 1996a). D'autre part, les macro-agrégats stables séquestrent plus de carbone que les micro-agrégats ou les macro-agrégats instables (Elliot, 1986 ; Cambardella et Elliot, 1993, Puget et al., 1995). Cette échelle du macro-agrégat est donc plus sensible à la désagrégation mais néanmoins très importante dans la hiérarchie de la structure du sol.

L'apport de matières organiques correspond à l'entrée d'un grand nombre de molécules carbonées dans un sol. Celles-ci peuvent modifier la stabilité structurale soit directement, par action physico-chimique directe avec les particules de sol (facteurs abiotiques), soit indirectement, au cours de la décomposition de la matière organique apportée par les micro- organismes du sol (facteurs biologiques).

1.2.1 Contribution des facteurs abiotiques

Différentes expériences ont visé à mettre en évidence l'effet direct d'un apport de matière organique sur la stabilité structurale, sans la médiation des micro-organismes. Martin et Waksmann (1940) n'observaient aucun effet de l'apport de MO sur la stabilité structurale dans un sol stérilisé. Martin (1942) comparait l'effet de composts à différents niveaux de maturité 4 heures après l'apport. Les effets observés étaient faibles et relativement plus importants pour les produits les moins compostés. Skinner (1979) observait une augmentation faible mais significative de la stabilité structurale 1 h après un apport de glucose, suggérant un effet physique immédiat de la matière organique dans certains cas. Metzger et al., (1987) observaient une stabilité supérieure avec un sol + boues de traitement des eaux + formaldéhyde (désinfectant) par rapport au même sol sans apport à l'état initial. En revanche, ils n'observaient aucune évolution de la stabilité structurale au cours du temps en présence du

biocide, alors que la stabilité structurale d'un traitement sans biocide évoluait fortement au cours du temps. On observe donc un effet initial de l'apport de produit organique sur la stabilité structurale, mais cette action est faible et sans doute négligeable dans la plupart des cas. Elle est sans doute liée aux propriétés hydrophiles / hydrophobes qui modifient la dynamique de l'eau dans le sol.

L'effet principal des matières organiques est donc directement lié aux processus de décomposition par les micro-organismes du sol (Lynch et Bragg, 1985).

1.2.2 Modèles de mise en place de l'agrégat et de la stabilité structurale en interaction avec les matières organiques apportées au cours de leur décomposition

Guckert et al. (1975) proposaient une élaboration des unités structurales stables en deux étapes :

i/ une phase agrégative, directement liée à l'activité des micro-organismes, des corps microbiens et filaments mycéliens, ainsi que certains produits de leur métabolisme comme les polysaccharides ;

ii/ une phase de stabilisation, où ils considéraient une évolution secondaire par biodégradation, une minéralisation partielle des molécules carbonées préalablement formées ainsi qu'une incorporation dans des composés humiques et un renforcement des mécanismes d'adsorption et des liaisons avec les particules minérales.

Cette vision dynamique de l'évolution de la structure peut être mise en parallèle avec le modèle hiérarchique décrit par Tisdall et Oades, (1982), où les éléments considérés dans la phase agrégative étaient décrits respectivement comme des agents agrégeants temporaires et transitoires (figure 4). Golchin et al., (1994) précisèrent ce modèle pour les micro-agrégats en caractérisant la matière organique associée par fractionnement granulométrique. Il apparaissait que la Matière Organique Particulaire incluse à l'intérieur des agrégats (M.O.P.i.), composée de fragments végétaux en cours de décomposition, se trouvait être au centre d'agrégats stables dans un premier temps. Puis, ces agrégats devenaient de moins en moins stables à mesure que la teneur en composés protéiques et en carbohydrates diminuait (Figure 5).

Figure 5 : Modèle conceptuel du turn-over des micro-agrégats (adapté de Golchin et al., 1994)

Dans le cas des macro-agrégats, un modèle analogue peut être proposé, si ce n'est que les M.O.P.i. sont plus jeunes encore que dans les micro-agrégats (Puget et al., 1995). Six et al., (2000) proposaient ce type de modèle avec des modalités de travail du sol et de non travail du sol (figure 6). Dans ce modèle, l'apport de matière organique fraîche est à l'origine de la formation de macro-agrégats. Les matières organiques apportées deviennent le centre d'une zone très favorable au développement des micro-organismes. L'activité biologique générée par la présence de la matière organique exogène permet de former de nouveaux agrégats et de consolider les agrégats existant. Cette notion de noyau où se situe la décomposition, ou résidusphère, est confirmée par la forte hétérogénéité spatiale et la petite échelle à laquelle se fait la décomposition, de l'ordre de quelques millimètres (Gaillard et al., 1999), soit à l'échelle du macro-agrégat. La décomposition de la M.O.A. induit une augmentation de la biomasse microbienne, le développement d'hyphes mycéliens et la sécrétion de molécules capables d'agréger les particules solides à l'échelle du macro-agrégat. Dans la suite de la dynamique de décomposition, le modèle propose une évolution à l'échelle du micro-agrégat, avec des

Matière Organique Particulaire Fraîche

Agrégat stable

Agrégat semi-stable

Agrégat instable

Complexe argile-MO (potentiellement labile, faible C/N, riche en carbohydrate, C aliphatique et carbonyle, indiquant une origine microbienne) Matière organique

particulaire récalcitrante Riche en

sucres simples, polysaccharides

Diminution relative des protéines et carbohydrates Augmentation relative en C alkyle et aromatique

P.OM.i plus petites. La désagrégation induite dans le modèle par le travail du sol ou plus généralement par les diverses contraintes physiques existant en conditions naturelles redistribue le spectre de taille des agrégats, en brisant notamment les macro-agrégats dont la stabilité est réduite suite à la baisse de l'activité biologique. Dans ce modèle récent, on peut considérer que les phases d'agrégation et de stabilisation proposées par Guckert et al. (1975) se retrouvent aux différentes échelles du modèle hiérarchique et à différents pas de temps.

Dans tous ces modèles, l'activité biologique liée à la décomposition des produits organiques est à l'origine de l'évolution de la stabilité de la structure.

Figure 6 : Modèle conceptuel du turn-over des agrégats avec et sans travail du sol (adapté de Six et al., 2000)

MO fraîche

MOP grossière MOP fine Macro-agrégat

Décomposition accrue par la réduction de la protection physique

Nouveau micro-agrégat Ancien micro-agrégat

Activité microbienne réduite

Micro-agrégats libres (nouveaux et anciens) MOP

Formation d'aggats

Labour

Labour