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A. Aspects génétiques de la filière caprine française

2. Le schéma de sélection

Parmi les quelque 860 000 chèvres adultes qui composent la population française, environ 390 000 (2 100 élevages) participent au contrôle laitier officiel (CLO) réalisé par

29 Figure 3 : Grille de pointage des reproducteurs caprins (Capgènes).

30 différents organismes agréés indépendants. Les performances laitières des femelles sont relevées en continu par les automates de traite (quantité de lait) ou mensuellement lors des contrôles laitiers (qualité du lait). Des échantillons de la production de chaque chèvre sont prélevés et analysés afin de déterminer des caractères tels que la quantité de matière grasse, la quantité de matière protéique ou encore de compter les cellules somatiques présentes dans le lait. Ces données sont soumises à un contrôle qualité extérieur sous la responsabilité de France Génétique Elevage. Certains organismes de contrôle laitier, qui utilisent des éprouvettes automatiques de type LactoCorder (WMB AG, Balgach, Suisse), fournissent également des informations sur le débit d’émission du lait et la cinétique de traite. Les performances laitières sont ensuite remontées dans le Système National d’Information Génétique.

Parmi ces animaux, 170 000 chèvres (800 élevages) au total pour les deux races, font partie de la base de sélection. Les performances morphologiques d’une partie de ces animaux sont relevées au cours d’un pointage. La visite sur l’élevage d’un technicien de Capgènes permet en effet une observation individuelle des femelles en première lactation issue d’IA (et exceptionnellement de femelles plus âgées n’ayant pu être observées plus tôt) et une évaluation sur 11 postes, dont cinq concernent la mamelle et quatre les trayons. Ces postes correspondent à des mesures directes (tour de poitrine, longueur des trayons) ou à des notes sur la forme ou la qualité des caractères morphologiques jaugées par le technicien (orientation des trayons, qualité de l’attache arrière…). La liste de ces postes est détaillée figure 3.

D’autres particularités notables sont également relevées telles que les tares ou les gros problèmes de santé. Le pointage n’a lieu qu’une seule fois dans la vie de l’animal. Environ 25 000 chèvres sont ainsi pointées chaque année.

Les mères à boucs représentent les 4% meilleures femelles de la base de sélection.

Elles sont inséminées avec les semences des meilleurs mâles améliorateurs dans une optique de gestion combinée du progrès et de la variabilité génétiques. La méthode utilisée, dite de Sélection à Parenté Minimum (SPM) a été mise en place depuis 2006 [8]. Les accouplements qui en découlent, dits accouplements programmés, sont une étape primordiale du schéma de sélection : la procréation d’une nouvelle génération d’animaux appelés à devenir, pour certains d’entre eux, les meilleurs reproducteurs mâles de la génération suivante. On compte ainsi un peu plus de 1 000 accouplements programmés chaque année pour les deux races (Alpine et Saanen).

A l’âge d’un mois, les jeunes mâles issus de ces accouplements reçoivent la visite des techniciens de Capgènes. Une première sélection est faite sur des critères morphologiques (absence de tare et bon développement, entre autres). Il reste à ce niveau autour de 300 jeunes mâles candidats. Environ 170 d’entre eux sont choisis pour rentrer au centre de quarantaine, la sélection se faisant ici sur un ensemble de critères plus vaste.

Dans un premier temps, l’origine génétique des animaux est prise en compte. Il convient en effet de ne pas sélectionner trop de jeunes boucs apparentés afin de préserver la diversité génétique. Un choix est fait ensuite en fonction de la conformation du jeune et de sa

31 Figure 4 : Le schéma de sélection des races Alpine et Saanen (Capgènes).

32 croissance. Enfin, lorsqu’il faut choisir entre deux plein-frères, leur génotype pour la caséine αs1 est utilisé pour les départager.

La caséine αs1 est l’une desprincipales protéines du lait. Or, il existe en caprin une très forte variabilité (17 allèles) au niveau du gène, variabilité qui influence la teneur de la protéine dans le lait [9–11]. La quantité varie ainsi de 0g/L pour le variant dit « nul » à environ 3,6g/L pour les variants dits « forts ». Le type de variant joue aussi sur la dimension des micelles de caséines et possède donc une influence sur la capacité à la transformation fromagère du lait et sa capacité à être bien digéré [11,12], d’où son importance pour la filière.

L’entrée au centre est une période utilisée pour des examens sanitaires, de croissance et de conformation. Les animaux sont placés maintenant dans un environnement commun et leurs différences de performances sont donc beaucoup plus le reflet de différences génétiques.

On pratique alors une nouvelle sélection et seuls 120 boucs entrent en centre de production de semence pour un pré-testage. Ils seront soumis à une nouvelle batterie de tests sur leur comportement sexuel, leur production de semence (qualité et quantité) et l’aptitude de leur semence à supporter la congélation. En effet, un bouc, même s’il apparaît très bon sur les caractères en sélection, ne sera pas choisi comme bouc d’IA s’il n’est pas en mesure de fournir un grand nombre de doses avec un bon pouvoir fécondant.

Au final, ce sont seulement 70 boucs dont la semence sera utilisée en ferme. Mais là encore il s’agira d’un nouveau contrôle : le testage sur descendance. En effet, les caractères en sélection ne peuvent pour la plupart être mesurés directement sur des mâles (production laitière, morphologie mammaire…). Les performances des mères et sœurs de ces boucs ne sont pas suffisantes pour estimer leur propre valeur génétique avec précision, il leur faut des filles. C’est donc en moyenne 200 inséminations par mâle qui sont réalisées, aboutissant en général à environ 80 filles en production dont les performances seront contrôlées. A partir des performances de ces filles et grâce à l’indexation, les valeurs génétiques des mâles pour les caractères laitiers sont connues avec une précision convenable (Coefficient de Détermination (CD) autour de 0,50 pour le lait et les matières et 0,60 pour les taux).

En définitive, seuls les 30 à 40 meilleurs boucs sont retenus après testage comme améliorateurs et seront diffusés par insémination en semence congelée. Dans la base de sélection, environ 45% des femelles sont ainsi inséminées.

Les différentes étapes du schéma sont résumés figure 4.