HAL Id: hal-00889740
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Submitted on 1 Jan 1998
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Gestion des écosystèmes pâturés en situations extensives : apports de l’écologie fonctionnelle et perspectives de recherches appliquées en moyenne
montagne humide
Pierre Loiseau, Frédérique Louault, Gérard L’Homme
To cite this version:
Pierre Loiseau, Frédérique Louault, Gérard L’Homme. Gestion des écosystèmes pâturés en situations
extensives : apports de l’écologie fonctionnelle et perspectives de recherches appliquées en moyenne
montagne humide. Annales de zootechnie, INRA/EDP Sciences, 1998, 47 (5-6), pp.395-406. �hal-
00889740�
Revue
Gestion des écosystèmes pâturés en situations
extensives : apports de l’écologie fonctionnelle et perspectives de recherches appliquées en moyenne
montagne humide
Pierre Loiseau a Frédérique Louault a Gérard L’Homme b
" Inra, unité
d’agronomic,
fonctionnement etgestion
del’écosystètne prairial,
Domaine de CrOLlël, 234, avenue du Brézet, 63039 Clermont-Ferrand cedex 2, Franceh
Enita Clermont-Ferrand, Marmilhat,
Lcmpdcs,
France (Reçu le 24 avril 1998 ;accepté
le 24 août 1998)Abstract -
Management
ofgrazed
ecosystems in extensified conditions: Relevance of functionalecology
and research prospects,applied
to moist middle mountains.According
tothe situations encountered in extensified
breeding
farms, threeimportant pieces
ofecological knowledge
allow to understandgrassland
ecosystemdynamics,
in order to settle sustainable pasture management in bothproduction
and environmental aims. i) The interaction betweenvegetation
and herbivores must bc considered as well as thelong
termadaptation
betweenvégétation
status andstocking
rate, or as the instantaneous modulation ofgrassland production
and structure under herbivore
prédation,
ii) Thedynamics
of botanicalcomposition
must berepresented
in terms ofsensitivity
and resilience toperturbations
or to managementchanges,
which condition
primary phytomass production
and accumulation.Extensifying grassland
management induces réversible effects on the seasonaldynamics
of thephytomass,
butcumulativc
negative
effects on botanicalcomposition. Species stratégies
are involved in thedynamics
of thespatial
structure anddiversity
of thevegetation.
iii) The management of thenitrogen cycle
allows tomanipulate
in along
term the soilnitrogen supplying capacity,
forimproving
thepercnnity
of sowed swards, ormaking
easier the control of thephytomass
underlow
stocking
rates. Theimplications
for NIcaching
are discussed. © Elsevier / Inradynamics
/ management / grassland /grazing
/ biogeochemicalcycle
Résumé—
Compte
tenu des situations rencontrées dans les fermesd’élevage
extensives, trois fac-teurs
écologiques expliquent
ladynamique
desécosystèmes prairiaux
ets’appliquent
à la mise aupoint
des
systèmes
depâturage
conciliant lesobjectifs
deproduction
et d’environnement. i) Les interactions’!
Correspondance
et tirés à partTél. : (33) 04 73 62 44 27 ; fax : (33) 04 73 62 44 57 ; e-mail : loiseauC!valmont.clermont.inra.fr
entre les états de
végétation
et les effets des herbivores doivents’envisager depuis
les loisd’équilibres
à
long
terme entre lechargement
et lacomposition botanique jusqu’aux
modifications instantanées de laproduction
et de la structure par laprédation. ii)
Ladynamique
de lacomposition botanique
doitêtre caractérisée par la sensibilité et la résilience des
prairies
auxperturbations
ou auxchangements
de la
gestion qui
conditionnent notamment laproduction primaire
et l’accumulation desphyto-
masses. L’extensification de la
gestion
induit deschangements
instantanés et réversibles desdyna- miques
saisonnières dephytomasses,
mais des effets cumulatifs défavorables sur lacomposition botanique.
Lesstratégies d’espèces
doivent permettre de rendre compte de l’évolution de la structurationspatiale
et de la diversité des communautés. iii) Lagestion
ducycle
de l’azote permet demanipuler
à
long
terme lepouvoir
de fourniture des sols en azote, soit pour améliorer lapérennité
desprairies
semées, soit pour faciliter le contrôle desphytomasses
en conditions decheptel
limitant. Lesimpli-
cations pour le
lessivage
des nitrates sont discutées. © Elsevier / Inradynamique
/gestion
/prairie
/pâturage
/ cyclebiogéochimique
1. INTRODUCTION
L’intensification des
systèmes d’élevage
et de
pâturage
apermis
uneaugmentation
très
importante
de laproductivité herbagère
et animale au
prix
d’effetsnégatifs
surl’environnement.
L’enjeu
pour lefutur,
endéveloppant
dessystèmes d’élevage plus extensifs,
est degérer
l’ensemble del’espace fourrager,
enrespectant
à la fois lesobjectifs
et les contraintes de
production
et d’envi-ronnement. Pour les
systèmes intensifs,
ils’agit
de limiter les effetsnégatifs
sur l’envi-ronnement. Pour les
systèmes
moins inten-sifs,
leproblème
consiste à concilier pro- duction et entretien del’espace,
enpréser-
vant la diversité
végétale
et lapropreté
deseaux de
drainage.
Les
objectifs
de cette communicationsont de
présenter
un état des connaissancesécologiques
etagronomiques
en matière defonctionnement de
l’écosystème pâturé
etde
dégager
lesperspectives
de rechercheappliquée qui
contribueront à la mise aupoint
de nouveaux modes degestion
desespaces
fourragers
à l’échelle des unités degestion (lots
d’animaux etparcelles).
Lescontextes
pris
comme référence sont lesprairies pérennes
desrégions d’élevage
demoyenne montagne.
Compte
tenu de ladiversité des milieux et des fonctions des
parcelles
dans lesexploitations extensives,
nous
développerons quelques
aspects essen- tiels des mécanismesqui
déterminent la valeurd’usage
et ladynamique
desprairies
selon leur
gestion : i)
les relations entrevégétation
etherbivore, ii)
l’évolution des communautésvégétales
en condition desous-exploitation
etiii)
les flux et bilansd’azote dans les
écosystèmes sol-peuple-
ment
prairial.
2.
ÉQUILIBRE
ENTRELA
VÉGÉTATION
ET L’HERBIVORE Uneproduction
durable dessystèmes
depâturage exige
desquantités
etqualités ingé-
rées suffisantes par animal
pendant le séjour
d’un groupe sur une
parcelle.
Cetteexigence s’applique
à l’ensemble des unitésparcel-
laires dont les fonctions
complémentaires
sont
organisées
pourréguler
lesystème
four-rager
[4, 5, 19, 26].
Plusieurs critèresdirigent
les choix de
gestion
au sein del’exploita-
tion : la diversité
écologique -
naturelle ouacquise -
des différentesparcelles 19],
les facilitésd’exploitation
liées à la structure foncière[28]
etl’hétérogénéité
interne desparcelles,
naturelle ou due à un regroupe- ment foncier[8].
Unetypologie
basée surles fonctions
agricoles
et lescaractéristiques
des
parcelles distingue
deux situations etproblématiques
degestion :
1)
Desparcelles riches,
mécanisables ethomogènes, qui
fournissent l’essentiel desressources
pâturées
par les lots d’animaux lesplus exigeants
et permettent de recons- tituer les stocks. Uneproduction
de bonnequalité
est obtenue par un taux élevé d’uti- lisation de laproduction.
Unobjectif
essen-tiel est
d’optimiser
les entrées d’azote par lesengrais
et par la fixationsymbiotique
des
légumineuses
pour obtenir un meilleurrapport
entre les coûts et les bénéfices enlimitant les
impacts
environnementaux et enpérennisant
lacapacités
deproduction
du milieu.
2)
Desparcelles
de moindresaptitudes
agro-nomiques, plus
pauvres,éloignées
ou hété-rogènes, qui
sontpâturées
par des lots d’ani-maux moins
exigeants
ou encomplément
par les lots
principaux.
Le taux de consom-mation de la
production
est faible et variabledans
l’espace
et letemps.
Lesproblèmes
demaîtrise des
aptitudes pastorales
se posent pour de tellesparcelles, qu’elles
soientsituées dans les milieux pauvres ou, dans les milieux
riches, gérés jusqu’alors
demanière
plus
intensive[4].
En
systèmes allaitants,
lesobjectifs
deproduction
sont atteints avec une faible arti- ficialisation du milieu. Les interventions directes de l’éleveur sur le sol se réduisent souvent à lagestion
des fertilisants. Uneproportion importante
des surfaces fourra-gères
estgérée
essentiellement par herbi-vore
interposé.
Dans cesconditions, le
fonc- tionnement et l’évolution del’écosystème prairial reposent
sur des interactions entreles
producteurs,
les consommateurs et lesdécomposeurs
de matièresorganiques.
Gérerun
écosystème pâturé,
revient àpiloter
cesinteractions pour réaliser les
objectifs
que sont laproduction
animale et le maintien du milieuqui permet
de laperpétuer.
Les nou-veaux
objectifs d’agriculture
durableimpo-
sent une meilleure connaissance des
régu-
lations internes
responsables
despropriétés adaptatives
et évolutives desécosystèmes complexes.
2.1. Relation entre la
composition botanique
et lechargement
dans un milieu donné
Le
chargement
est le critère leplus global
pour estimer
l’impact
du troupeau sur lavégétation
et le milieu dans des situations àl’équilibre.
Dans les montagnes d’estive extensives du MassifCentral, Daget
et Pois-sonnet
[ 10]
ont montré que lechargement
animal était corrélé
positivement
à l’abon-dance des bonnes
espèces fourragères.
Cetterelation a
permis
d’élaborer undiagnostic
de la valeur
d’usage
des communautésvégé-
tales par un indice de valeur
pastorale (VP)
basé sur la
composition botanique
et sur uneexpertise
desespèces composantes
des com- munautés. L’indice de VP a étélargement
utilisé dans les
opérations
de recherche-développement
en estives[29, 42].
L’ana-lyse
factorielle de lacomposition botanique
des communautés a fourni un
champ d’hypothèses
sur les relations àlong
termeentre la
gestion
et l’état desprairies [3, 12],
dont la valeurprédictive
a été démontrée par des étudesdiachroniques
en situationréelle chez les éleveurs
[17, 31].
L’interprétation
fonctionnelle de la cor- rélation entre VP etchargement implique
une
plasticité
de lavégétation
et introduitle
concept
depouvoir
améliorateur de l’her- bivore sur sapâture.
Uneapproche expéri-
mentale a été réalisée en
Auvergne
dans lesannées 1970 à 1980
[43]
enimposant
deschargements
croissants à une mêmevégé-
tation initiale. Les
expériences
ont démon-tré que le
chargement
n’était pas seulementune
conséquence
mais un déterminant de la VP. Pour un milieu et une conduite dupâtu-
rage
donnés,
il existe unchargement
Chmqui
maximise lesaptitudes fourragères
dela
végétation.
Dans des milieux initialement pauvres,l’augmentation
de la VP avec lechargement jusqu’à
Chms’explique
par un effetpositif
de l’herbivore sur ladisponibi-
lité en éléments nutritifs pour la croissance de l’herbe
[45].
La diminution de la VP audelà de Chm
s’explique
par un effetnégatif
de la défoliaison sélective des meilleures
espèces renforçant
lacompétitivité
des indé-sirables
[l, 23, 301.
2.2.
Application
à larépartition
d’un
cheptel
sur un territoireÀ l’étage collinéen,
une relation simi- laire entre la VP et lechargement
a été pro-posée [341 (figure I).
Elle permet de rai-sonner
globalement
larépartition
sur leterritoire d’un
cheptel limité,
considérécomme outil d’entretien de la
végétation
herbacée.
À l’équilibre,
Chm maximise la valeur des surfaces entretenues mais mini- mise leurétendue,
laissant unegrande
par- tie du territoire à la forêt. Leplus
fort rapportentre la
qualité
de lavégétation
àl’équilibre
et le
chargement
est obtenu pour unecharge critique
d’intervention(Chc) qui
maximisela ressource
fourragère
sur l’ensemble du territoire. Auchargement
d’entretien de l’herbe(Che),
laproportion
de surface entre- tenue estmaximisée,
mais la surface en forêtest minimisée au
prix
d’une faible valeurfourragère
de la surface en herbe et de dif-ficultés pour y contrôler le
développement
des
espèces
nonfourragères.
De
plus,
les territoires à entretenirpré-
sentent une
grande
diversité selon les par- celles. Les niveaux dechargement critiques
sont
plus
élevés dans les milieux riches que dans les milieux pauvres. Enconséquence,
à un même
chargement faible,
les surfacespréalablement
intensifiées de la SAU pose-ront des
problèmes
de maîtriseplus aigus
que celle des anciens parcours situés sur les milieux pauvres. Au sein d’une
parcelle hétérogène
soumise à une diminution duchargement, la dégradation
de lavégétation risque
d’êtreplus rapide
dans les zonesriches ou dans les zones pauvres selon la
gestion
dupâturage.
Pourapprécier
cettedynamique,
il est nécessaire de mieux connaître les lois decomportement
des her- bivores en fonction de larépartition
des res-sources à l’intérieur des
parcelles 1421.
2.3. Interaction entre
production
et
exploitation
Dans un même
milieu, la production
ins-tantanée sous
pâturage
varie dans unelarge
mesure selon la
gestion [ 15].
Lesprogrès
en
écophysiologie
despeuplements (Sous-
sana et
al., présent ouvrage)
permettent lamesure et la modélisation de la croissance réelle des couverts défoliés selon les res- sources en nutriments
[40].
De nouvellespossibilités
sont ainsi offertes pour com-prendre
etpiloter
les états de l’herbepâturée [ 141.
Dans lesexpérimentations
depâturage
à hauteur constante, un
chargement
iden-tique
en animaux peut induire différentes hauteurs etproductions
d’herbe[6, 36, 38].
Aux faibles hauteurs
d’herbe,
laproduction
est limitée par l’indice foliaire et le taux de consommation de la
production
réelle estimportant. À
des hauteurs d’herbeélevées,
laproduction
estplus importante
mais unfaible taux de consommation de la
produc-
tion réduit la
qualité
dufourrage
offert[40]. ] .
La
production primaire
et son taux deconsommation pour un milieu et un char- gement donnés
dépendent
enpartie
de lagestion
antérieure140, 44], soulignant
lanécessité
d’approches dynamiques.
L’herbeest
plus
haute si lechargement
est atteint àpartir
depressions
d’utilisation antérieuresplus
faibles.Anticiper
ces situations permeten
particulier
aux éleveurs de raisonner lestechniques complémentaires
d’interventionmécanique capables
de maîtriser unetrop
forte accumulation de biomasse sur lespâtu-
rages extensifiés
[9].
3.
DYNAMIQUE
DE
L’ÉCOSYSTÈME PÂTURÉ
3.1. Caractérisation sur
l’exemple
du facteur
trophique
Les
perturbations qui
affectent la réor-ganisation
desécosystèmes
consistent soit enphénomènes temporaires
caractérisés par leurfréquence
et leur intensité[25, 51 ],
soiten modifications durables d’un facteur éco-
logique [21].
Le délai nécessaire pour le retour d’une variable d’état à l’étatd’équi-
libre initial
après
uneperturbation
instanta-née définit l’élasticité de cette variable face à la
perturbation [24j.
La variable est dura-blement modifiée dès que la durée moyenne
entre deux
perturbations
excède l’élasticité.Ainsi, après
uneperturbation
déclenchéepar une concentration locale du
piétinement
et des
déjections
du troupeau, l’élasticité de laproduction
standard et de lacomposition botanique
de parcours pauvres estsupérieure
à 5 ans. Dans la
pratique,
les éleveurs de la chaîne des Dômesappliquent
cesperturba-
tions tous les 3 à 5 ans, dans un but d’amé- lioration du parcours
[33].
Il est
important
depouvoir
caractériser l’inertie de lavégétation
ou de formuler desdiagnostics précoces
de la tendance évolu-tive,
afin de maintenir la réversibilité parune
adaptation
de lagestion.
Dans le cas depratiques
modifiant le facteurtrophique,
larelation entre les variables de
production
etde
composition botanique
depeuplements
àl’équilibre
permet uneinterprétation
desdynamiques
d’évolution[31].
Unapport
fer-tilisant ou un
épuisement
du sol parl’expor-
tation provoquent une évolution
plus rapide
de la
production
que de lacomposition
bota-nique [33, 34].
La durée nécessaire à l’obten- tion d’un rapport conforme àl’équilibre
tra-duit l’inertie ou résilience de
l’écosystème (5
ans pour lespelouses
à Nardus stricta[25, 39]).
Lerapport
entre ces deux variablescomparé
à leur rapport àl’équilibre
traduitle sens de la
dynamique
instantanée d’unécosystème
face au facteur considéré.3.2.
Application
à lasous-exploitation
des milieux riches
Une
perturbation importante
intervenantsur un
système
à faible inertie peut provo- quer ladisparition d’espèces fourragères [38!.
En conditions de moyennemontagne
en
Auvergne,
lacomposition botanique
d’une
prairie
extensifiée sedégrade
par dis-parition
des bonnesespèces fourragères (Trifolium
repens, Loliul11perenne)
et aug- mentationd’espèces
moins bonnes(Elymus sp.). À l’équilibre,
le niveau dedégradation
augmente avec le
degré
d’extensification(figure 2!<).
Lacomposition botanique
d’uneprairie
conduite alternativement defaçon
extensifiée et selon un itinéraire
technique
d’entretien
prend
des valeurs intermédiairesentre celles obtenues par les mêmes conduites
pratiquées
defaçon
continue(figure 2b).
Lacomposition botanique
estdonc sensible aussi bien au
degré
d’exten-sification
qu’au
nombre cumulé d’annéesde conduite extensifiée.
La sensibilité de la
végétation
aux per-turbations résulte de
régulations internes, importantes
àélucider, qui
conditionnent lasouplesse d’adaptation
desprairies
à la ges-tion. L’identification des fonctions
adapta-
tives des
espèces responsables
de leur com-pétitivité
dans les communautésapparaît
nécessaire pour une
compréhension
del’évolution, applicable
à différents états ini- tiaux de communautés. Enconséquence,
l’évolution
botanique
devra être considéréenon
plus
en termesd’espèces,
mais degroupes
d’espèces-type, distinguées
par lescaractéristiques biologiques qui
déterminent leur comportement face au facteur actif :physiologie, morphologie, cycle
saisonnier.Si les
stratégies trophiques
permettent decomprendre
ladynamique
desvégétations
soumises à des variations de la
disponibi-
lité en
minéraux,
lesstratégies
clonalesqui
déterminent
l’architecture, l’intégration phy- siologique
et lecycle
annuel desespèces [49]
conditionnent fortement leuradapta-
tion à l’intensité
d’exploitation.
Lacompé-
tition pour la lumière
[37]
favorise le déve-loppement d’espèces
à forteplasticité phénotypique.
Lesstratégies d’expansion
par rhizomes ou stolons sont favorisées avec
Ranunculu.s repens, Poa
praten.sis, Agrostis
tenuis
[37, 50)
etElyrrcus
sp.(figure 2).
Alorsque la
pérennité végétative
est souventpré-
dominante dans les
prairies
biengérées,
lasous-exploitation
renforce le rôle de la repro- duction pargraine
dans ladynamique
devégétation [36b].
Enconséquence, les
recon-versions
d’usage
peuvent se traduire par l’introductiond’espèces nouvelles, dépen-
dant de l’environnement de
l’écosystème
etsusceptibles d’augmenter
la diversité éco-logique
desespèces
au sein de la commu-nauté
[4].
La
sous-exploitation
modifie aussil’importance
et lacomposition
desphyto-
masses
qui
conditionnent leur valeurd’usage
pour l’herbivore. La
dynamique
saisonnière des stocks surpied dépend
essentiellement de l’itinérairetechnique
de l’année en cours et ne montre pas d’effets cumulés du nombre d’années de traitement(figure 2b).
La faucheet le
pâturage
d’arrière saisonapparaissent
donc comme des moyens
puissants
derecréer des états d’herbe favorables à une
augmentation
de lapression
depâturage
età une restauration à terme de la
qualité
bota-nique
desprairies dégradées
par un sous-pâturage [9, 50].
Pratiquement,
l’intensitéd’exploitation
se traduit donc de
façon
immédiate sur lastructure du
peuplement,
et àplus long
termesur l’évolution
botanique.
Les recherchesfutures devront caractériser l’élasticité de
l’écosystème
par rapport à ces deux variables pourpréciser
les conditions de réversibilité de ladynamique
par lagestion.
L’expertise classique
de la valeurd’usage
de la
prairie
par les indicesspécifiques
devraalors être
remplacée
par des concepts destratégie d’espèce.
3.3. Rôle de
l’hétérogénéité
dansla
dynamique
des formations herbacées Dans lesparcelles exploitées
enpâturage extensif,
lesstratégies
de croissance et demorphogenèse
desespèces végétales parti- cipent
àl’hétérogénéisation
de la structureverticale et horizontale du couvert. Le ren-
forcement du
pouvoir compétitif
desespèces
à
capacité
dedéplacement
horizontal et desespèces capables
de portscespiteux
se tra-duit par
l’arrangement spatiotemporel
descommunautés en
plusieurs
faciès[22,
27, 51,52],
dominés chacun par un nombre limité destratégies adaptatives.
Cette évo-lution des communautés associe donc une
diminution de la diversité
spécifique
interneaux faciès
(a-diversité)
à uneaugmentation
de la diversité en faciès
((3-diversité).
Lesconséquences
del’hétérogénéisation
pourla
physionomie
desprairies
trouvent desapplications
en matière dediagnostic
agro-nomique [ 18, 20]. Les
recherches futures auront à mieuxcomprendre
cettedynamique
de
patchs,
enparticulier
àpréciser
dansquelle
mesurel’hétérogénéité
du milieu[38c] participe
à la structurationspatiale
dela
végétation [49]
ou en résulte.Dans les
pâturages
extensifs soumis à unchargement
constant, de nouvelleshypo-
thèses fondées sur les interactions entre
herbe et herbivore doivent fonder de futures recherches sur
l’apparition,
la nature, le rôleet la
gestion
del’hétérogénéité
dans les éco-systèmes pâturés 171.
Les hauteurs d’herbeet les rapports de
compétition
entrefaciès,
induits par des facteurs internes à la
végé- tation,
sont modulables par des facteursexternes tels que les
préférences
alimen-taires des animaux
[1, 23]
ou la sensibilité aupiétinement.
De telles recherches devien-nent nécessaires pour une
application
auxcouverts extensifiés-sénescents.
3.4. Rôle de
l’hétérogénéité
dans la
dynamique
des formationsmixtes
herbacées-ligneux
À
des niveaux dechargement
voisins dela
charge
d’entretienChe,
les communau- tés évoluent encomplexes
desynusies
d’herbe et de
ligneux temporellement
et spa- tialementdépendantes [221.
Les processusen cause dans la maintenance de ces for- mations sont à la fois de natures interne et externe. Les
premiers
concernent la capa- citéd’accumulation,
la vitesse de vieillis- sementpuis
derégénération
desligneux
etmettent en cause le
cycle
des éléments[52].
Les seconds
interagissent
par laplus
oumoins
grande
sensibilité desvégétations
auxactions
physiques
du climat(gel
sur Saro-thamnu.s
.scoparius [46]),
de l’homme(feux)
et du troupeau
(rajeunissement
des landesà Calluna
vulgari.s [32]).
Faute d’une main-tenance par la
gestion
de cettedynamique cyclique,
une évolution se déclenche versle boisement et la fermeture de
l’espace.
Enconséquence,
auvoisinage
de lacharge d’entretien,
lagestion
de cesvégétations
doit viser le maintien de la
dispersion
spa- tiale ettemporelle des patchs.
Le débrous-saillage mécanique
instantané de surfaces tropimportantes
est àprohiber
car une aug- mentation troprapide
de la surface àpâturer implique
à moyen terme uneaugmentation
de la surface en friche et des
risques
d’évo-lution vers la forêt.
4. CYCLE DE L’AZOTE
DANS
L’ÉCOSYSTÈME PÂTURÉ
La
disponibilité
en azote minéral condi- tionnei)
laproduction
debiomasse, ii)
l’évo- lution de lacomposition botanique, iii)
lesrisques
depollution nitrique
des eaux deruissellement et de
drainage.
Dans les sys- tèmesintensifiés,
le niveau d’alimentation en azote est souvent caractérisé par celui de la fertilisation minérale. Ensystème extensif,
l’alimentation en azote
dépend
essentielle-ment de la
disponibilité
des éléments bio-gènes
des sols. Une connaissance ducycle
de l’azote et de ses liaisons avec le
cycle
ducarbone dans le
système sol-peuplement
devient alors nécessaire pour mieux contrô- ler les états de
l’écosystème.
Nous exami-nerons seulement
quelques applications
dela
gestion
du bilan de l’azote au contrôle dupouvoir
de fourniture en azote des sols et de lapollution nitrique
des eaux de drai-nage.
4.1. Bilan environnemental de l’azote et contrôle de la fertilité des sols Le bilan des flux d’entrée et de sortie d’azote les
plus
facilement mesurables dusystème pâturé (apports
fertilisants et expor- tations dans lesproduits
animaux etvégé- taux)
permetd’apprécier
l’évolution desaptitudes
du milieu[11, 16, 47], mais,
selonles
situations,
il serépercute plus
ou moinssur les
pertes
d’azote ou sur le bilan azoté du sol. Dans lessystèmes prairiaux fauchés,
pauvres en
légumineuses
etsujets
à defaibles pertes
[ 13J,
une diminution du bilan de l’azote réduit lepouvoir
de fourniture en azote du sol et restaure la diversité desprai-
ries intensifiées
[41 J. Dans
lessystèmes pâturés,
un bilannégatif
entraînel’appau-
vrissement des terrains de parcours, dont la
capacité
deproduction épigée
est réduite de4,8
à2,8
tMS/ha/an en trente ans[31 ].
Dans desprairies
sanslégumineuses,
unrégime
defauche sans restitutions diminue de moitié l’azote mobilisé dans les récoltes en 3 à 7 ans selon l’état initial de la
prairie (tableau I).
Inversement, les bilans
positifs
augmen- tent à terme le bilan dusol,
sacapacité
defourniture en azote à
long
terme et la capa- cité ultérieure deproduction
de laprairie.
Ainsi,
au bout de 4 ans, laproduction
àl’apport
nul d’uneprairie
fauchée(Festuca arundi
/1
acea)
recevantdepuis
le semis soit150,
soit 350kgN/ha/an
atteintrespective-
ment 70 et 150
kgN/ha/an [35]. L’approche
par bilan permet de raisonner
globalement
les fertilisations azotées
capables
de main-tenir les
capacités productives
de laprairie.
La réduction de la
fréquence
des retourne-ments des
prairies qui
en résulte limite lescoûts de renouvellement et réduit la
pollu-
tion des nappes.
4.2. Bilan de l’azote et
risques
de
pertes
enpâturage
extensifEn conditions de
pâturage,
l’essentiel despertes
seproduit
par l’intermédiaire despis-
sats. Dans les
pâturages intensifs,
lespertes
par
lessivage
et par volatilisation ammo-niacale
représentent respectivement
enmoyenne 22 et 16 °!o de l’azote transitant par les urines de l’herbivore
[ 1 1 Dans
lespâturages
non fertilisés en azote, lespertes
sont réduites par une diminution de la sur-
face de
pissats
résultant de la baisse du char- gement!53].
Les recherches devraient véri- fier si les pertes d’azote parlessivage
sousun
pissat
sontproportionnelles
à l’azote totaldisponible,
somme de la fourniture du sol et de l’ensemble desapports.
Dans ce cas,une diminution des
apports
d’azote miné- ral et/ou de la fourniture en azote du solpourraient
réduire lesrisques
de pertes souschaque pissat.
Une extensification raison- née dupâturage
doit donc être favorable pour l’environnement.Cependant,
il n’est pas certain que la fourniture du sol en azote décroisseaprès
une diminution de
l’exploitation
ou un aban-don de
prairies
fertiles. Le déclenchement de successionsvégétales
secondaires s’accom- pagne souvent d’uneaugmentation
de ladisponibilité
de l’azote[54].
Il en va demême en cas de fauche ou de
broyage
avecrestitution sur
place
desphytomasses
sousforme de mulch
[41 ]. La
diminution du char- gement sans recours à la faucheexporta-
trice conduit à des bilans d’éléments voi- sins de zéro et provoque de faibleschangements
descaractéristiques
des sols[37]. Enfin, les
recherches en cours confir-ment que le niveau de nutrition azotée des
espèces
n’est pas diminué. Unepartie plus importante
de l’azote mobilisé dans la crois-sance des
plantes
étantrecyclé
defaçon interne, le
défautd’absorption qui
en résultepourrait
provoquer au contraire un surcroît d’azote minéraldisponible
dans le sol. Denouvelles recherches seront nécessaires pour
mesurer les effets d’un faible taux de consommation sur le
cycle
de l’azote et sesconséquences
éventuelles pour la fertilité dusol, l’eutrophisation
du milieu et le les-sivage
des nitrates.5. CONCLUSION
Pour une aide à la
gestion
dessystèmes extensifiés,
la recherche doit notammentdévelopper
uneapproche écologique
fonc-tionnelle de la
dynamique
desécosystèmes prairiaux
à l’échelle de laparcelle.
Troisorientations peuvent être
soulignées : i) l’expression
descompétitions
entreespèces
selon leurstratégie
decroissance,
demorphogenèse
et decycle
devie,
pour rendre compte de l’évolution de la structure de lavégétation
selon les conditions de dis-ponibilité
en minéraux et dedéfoliation ; ii)
lesconséquences
des interactions entre pro-ducteurs,
consommateurs etdécomposeurs,
en termes de
cycle
du carbone et des élé- mentsbiogènes,
pour rendrecompte
de ladynamique
de fertilitéchimique
dessols ;
iii)
la détermination descomportements
et des choix alimentaires destroupeaux
dansles
parcelles hétérogènes.
Ces connaissancessur les fonctionnements
permettront
de tes-ter des modèles de
dynamique d’écosys-
tèmes
complexes.
La mise en relation des fonctionnementsécologiques
avec les struc-tures de la
végétation,
et lescaractéristiques
des sols permettra l’élaboration d’indica-
teurs des valeurs
d’usage
et despropriétés dynamiques
desprairies,
et, parlà,
desmodalités d’interventions
techniques qui
devront être testées
expérimentalement
pour êtreintégrées
dans lessystèmes
depâtu-
rage.
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