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Projet de creation d´un centre d´interpretation du cafe a l´ouest Cameroun

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Academic year: 2021

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UNIVERSIDADE DE ÉVORA

Mestrado em Gestão e Valorização do Património Histórico e Cultural -

Master Erasmus Mundus TPTI

(Techniques, Patrimoine, Territoires de l’Industrie: Histoire, Valorisation,

Didactique)

PROJET DE CREATION D’UN CENTRE D’INTERPRETATION DU CAFE A

L’OUEST CAMEROUN

VOUFFO Bergenie Epiphanie

Orientador / Sous la direction de : Pr. FILIPE Themudo Barata

Et MARCO Bertilorenzi

Évora, setembro de 2018 | Évora, septembre 2018

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UNIVERSIDADE DE ÉVORA

Mestrado em Gestão e Valorização do Património Histórico e Cultural -

Master Erasmus Mundus TPTI

(Techniques, Patrimoine, Territoires de l’Industrie: Histoire, Valorisation,

Didactique)

PROJET DE CREATION D’UN CENTRE D’INTERPRETATION DU

CAFE A L’OUEST CAMEROUN

VOUFFO Bergenie Epiphanie

Orientador / Sous la direction de : Pr. FILIPE Themudo Barata

Et MARCO Bertilorenzi

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J’ai repondu à l’appel

De ma terre mère j’ai écouté le son du tam-tam Ces cris audibles que personne n’entend Ces patri-moi-nes abandonnés, oubliés, réjétés,niés Que je pourfends avec flamme. Dans mon âme en slam J’ai toute suite réalisé Que quelque chose devrait se passer

Je suis sortie de ma cage Pour m’ouvrir à de nouveaux langages En fait, j’ai cessé de conjuguer le patrimoine culturel [uniquement à l’artistique Villes, industries, innovations technologiques se sont imposées Pour une fois que le premier pas venait de moi, Je voulais qu’il soit spécial Alors je me suis impliquée TPTI m’a serrée la main De tous les coins et recoins du monde Les patrilovers ont repondu à l’appel du patrimoine Ensemble nous avons pris un billet sans retour pour le monde interculturel En deux années je crois avoir vecu toute une vie TPTI m’a fait me sentir comme une reine Le patrimoine m’a fait me sentir puissante

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AVANT-PROPOS

Ce projet de Centre d’Interprétation ne répond aucunement à une logique de refus du changement dans la société Ouest camerounaise. Car tout refus du changement s’assimile à une attitude passéiste relativement stérile. Il n’incite donc pas à une fixation sur la période café encourageant “l’invasion de la société par un processus de pétrification, d’immobilisme, de sclérose et de mise sous quarantaine de la vie sociale” (Jeudi cité par Davallon, 2003) souvent critiquée par les sociologues. C’est un centre d’interprétation sur les rapports des hommes au temps qui passe. Il questionne les manières de faire, de vivre, de penser qui traversent les âges ou qui au contraire disparaissent petit à petit. On ne peut pas éviter l’évolution, les transformations, les apparitions et disparitions de modèles culturels, économiques, politiques et sociaux dans une société. Cependant, il faut tout de même éviter d’avancer tête baissée sans questionner ni ce qui est derrière, ni ce qui est devant au risque de provoquer “des collisions inattendues”. Ce centre peut-être alors considéré comme un outil de réflexion sur l’héritage du café, la construction de l'identité, la transmission de la mémoire, l’attachement à la terre, aux vestiges de l’époque café, les contrastes de génération, la valeur du travail, le rapport au passé et à l’avenir.

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DÉDICACE

A mes petits-frères et soeurs Nguimeya Wilson, Nguim Pires, Nguim Geordine comme exemple à suivre et à dépasser. Qu’ils trouvent dans ce travail un stimulant pour leurs travaux futurs.

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REMERCIEMENTS

Le projet de réaliser ce mémoire n’aurait pu se concrétiser du seul fait de ma volonté́ et de mon engagement. Il l’a été́ par le concours de beaucoup de personnes et de structures que je ne pourrai pas toutes citer ici.

Je tiens sincèrement à remercier mon Directeur de mémoire, le Pr. Filipe Themudo Barata, pour sa patience, sa bienveillance et surtout ses judicieux conseils qui ont contribué à alimenter ma réflexion.

Je voudrais aussi exprimer toute ma gratitude à mon Co-directeur Marco Bertilorenzi. Ses conseils, ses orientations, sa disponibilité ont été capitales pour cette recherche.

Mes remerciements vont aussi à l’endroit de tous les enseignants du Master Erasmus Mundus TPTI, qui ont pris le temps de partager leurs expériences et leurs connaissances avec nous.

Je voudrais exprimer ma reconnaissance à toute l’administration du Master Erasmus Mundus TPTI pour sa contribution à notre formation et pour n’avoir ménagé d’aucun effort pour faciliter notre intégration en Europe.

Mon séjour à l’Université Polytechnique de Prague a été très précieux car il m’a permis de visiter et m'immerger pour la première fois dans musée totalement consacré au café.

Je remercie les Responsables de la CAPLAME, de l’UCCAO, de CAPLANOUN, les paysans et à tous nos informateurs pour leur écoute, disponibilité et les informations mises à notre disposition. Un remerciement à spécial à Sontsia Pierre, Yangouo Jules.

J’exprime toute ma gratitude à la famille Ngoune. Merci pour votre soutien multiforme et sans faille. Grâce à vous je n’ai pas ressenti l'éloignement du pays.

Je voudrais remercier mes amis, collègues pour leur soutien moral et même technique tout à au long de cette recherche. Il s’agit d’Anna Karla de Almeida, Daily Vega Barbara Cruz, Yaya Mamoudou, Dandjouma, Tchatat Maruis, Bayelgue Bernard, Timeu Rose, Maria Marquez.

Merci à mes parents Nguimeya Edouard et Feujio Ortance qui ont affectuesement accepété d’être les enquêtés de la première heure pour ce travail.

Mes derniers remerciements vont à l’endroit de mes cousins, cousines, tantes, oncles pour leur encouragement et soutien multiples.

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS ... ii

DÉDICACE ... iii

REMERCIEMENTS ... iv

LISTE DES ABREVIATIONS ... vii

LISTE DES ILLUSTRATIONS ... viii

LISTE DES IMAGES ... viii

LISTE DES FIGURES ... x

LISTE DES TABLEAUX ... x

RÉSUMÉ ... x ABSTRACT ... xi INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1 GENERAL INTRODUCTION ... 3 INTRODUCTION ... 5 CHAPITRE 1: MÉTHODOLOGIE ... 9

I-Objectifs, état de l’art, cadre théorique et conceptuelle de la recherche ... 9

I.1-objectifs de cette recherche ... 9

I.2-Etat de l’art ... 9

I.3- Cadre théorique et conceptuel de la recherche ... 13

II-Techniques de collecte des données ... 20

II.1-Organisation de la recherche ... 20

II.2- Les autres sources ... 22

II.3- Phase d’analyse et rédaction ... 22

CHAPITRE 2: CONTEXTE D’IMPLANTATION DU CAFÉ À L’OUEST CAMEROUN ... 24

I-Présentation de la région de l’Ouest Cameroun ... 24

I.1-Cadre physique ... 24

I.2-Cadre humain ... 26

II-Historique et contexte d’émergence de la caféiculture à l’Ouest Cameroun ... 27

II.1-Bref aperçu historique du Cameroun ... 27

II.2-Introduction et développement de la caféiculture à l’Ouest Cameroun: l'apogée d’une culture ... 28

II.3-La chute de la caféiculture à l’Ouest Cameroun: les raisons ... 34

III-Les impacts de l’activité caféicole à l’Ouest Cameroun ... 35

III .1-impacts socio-culturels ... 35

III.2-impacts politico-économiques ... 37

CHAPITRE 3: ... 42

LA CAFÉICULTURE À L’OUEST CAMEROUN: CULTURE TECHNIQUE, ORGANISATION DU SECTEUR ET PATRIMOINE INDUSTRIEL ... 42

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I- De la culture technique ... 43

I.1-La caféiculture à l’Ouest Cameroun: du transfert des techniques ... 43

I.2-Chaîne opératoire et la culture matérielle ... 46

II-Création et organisation des coopératives de café ... 51

II.1-Des coopératives coloniales et locales à la création de l’UCCAO: époque coloniale .. 51

II.2-L’organisation des coopératives après l’indépendance ... 53

CHAPITRE 4: ANALYSE DES DONNÉES DE TERRAIN ... 54

I- Un patrimoine méconnu et inexploité ... 55

I.1- Etat de conservation ... 55

I.2- La réutilisation des vestiges de l’activité caféicole ... 56

II- De “l’objet” au patrimoine ... 57

II.1- Les attentes des populations locales par rapport à la mise sur pied d’un projet de sauvegarde et de valorisation des vestiges de l’industrie du café ... 57

II.2- A la fabrication du patrimoine... 61

III-Les musées à l’Ouest Cameroun ... 63

III.1- L’offre muséale/culturelle Ouest Camerounaise ... 63

III.2- Le concept de musée dans l’imaginaire Ouest-camerounais... 65

CHAPITRE 5 : CONCEPTION DU CENTRE D’INTERPRÉTATION SUR L’HISTOIRE DU CAFÉ À L’OUEST CAMEROUN ... 71

I. RÉSUMÉ DU PROJET ... 71

II. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU PROJET ... 71

III.LOGIQUE D’INTERVENTION DU PROJET ... 73

IV. LOCALISATION DU PROJET... 74

V. BUDGET ... 75

VI- CHRONOGRAMME DES ACTIVITES (IL FAUT AUSSI PRESENTER LE PLAN D’ACTION) ... 78

VII- DU FINANCEMENT DU PROJET ... 79

VIII.-ETUDE TECHNIQUE DU PROJET ... 79

CONCLUSION GENERALE ... 90

BIBLIOGRAPHIE ... 92

Projet Tutoré ... 97

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 98

A-PREMIÈRE PARTIE : ASSOCIATIONS ET FORMATIONS DE PÂTISSIERS D’HIER À AUJOURD’HUI ... 100

I-Genèse et évolution des corporations ... 100

I.1-Dès l’antiquité ... 100

I.2- De la codification ... 101

I.3-Organisation, hiérarchie au sein des corporations. ... 103

II-Genèse et évolution des corporations pâtissière ... 104

(9)

II.3-L’apprentissage ... 106

III-Associations et Formations de pâtissiers de nos jours ... 108

III.1-Formation de pâtissiers ... 108

III.2-Les Associations de pâtissiers en France de nos jours ... 125

CONCLUSION ... 138

BIBLIOGRAPHIE PROJET TUTORE ... 139

WEBOGRAPHIE ... 139

ANNEXES ... 140

Annexe 1 : Guide d’entretien destiné aux responsables des coopératives ... 141

Annexe 2 : les rappels du passe cafeicole dans le territoire ... 142

Annexe 3 : Le Système agraire après la déprise caféière ... 149

Annexe 4 : source d’inspiration conception centre d’interpretation ... 150

LISTE DES ABREVIATIONS

BCD: Banque Camerounaise de Développement CAC: Crédit Agricole du Cameroun

CAPBCA : Coopérative Agricole des Planteurs Bamiléké de Café d’Arabie CAPLABAM : Coopérative Agricole des Planteurs des Bamboutos

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CAPLAME : Coopérative Agricole des Planteurs de la Menoua CCA : Crédit Communautaire d’Afrique

CDC : Cameroon Development Corporation

CIPBCA : Coopérative Indigène des Planteurs Bamiléké de Caféiers Arabica COE: Centro Orientamento Educativo

ICOM: Conseil International des Musées

COOPAGRO : Coopérative des planteurs agricoles du Noun

COOPCOLV : Coopérative de COLlecte et de Vente

CPBCA : Coopérative des Planteurs Bamoun du Café d’Arabie FASA: Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles

FONADER: Fond National de Développement Rural MDC: Musée des Civilisations à Dschang

MUCEM:Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée OCIM: Office de Coopération et d’Informations Muséales

OIC: Organisation Internationale du Café (OIC)

ONCPB: l’Office Nationale de la Commercialisation des Produit ONU: Organisation des Nations Unies

PRDC: Programme Route des Chefferies PSC: Projet Scientifique et Culturel SDN: Société des Nations

SOMUDER: sociétés mutuelles de développement rural

UCCAO : Union Centrale des Coopérative Agricoles de l’Ouest

UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture

LISTE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES IMAGES

Image 1 : coupes de la cerise ... 19 Image 2 : Marcel Lagarde, Ingénieur en Chef des services agricoles coloniaux français ... 30 Images 3 et 4 : les oeuvres de la CAPLAME ... 36

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Image 5 : Mathias Djoumessi 1900-1966 caféiculteur, chef traditionnel, nationaliste ... 41

Image 6: séminaire de formation aux techniques de culture et de décorticage du café au siège de la CAPLAME ... 45

Image 7 : Chaîne Buhler CAPLAME ... 50

Image 8 : dépulpeuse manuelle ... 51

Image 9 : reste de la chaîne Bühler à la – COOPCOLV ... 56

Image 10 : bâtiment de la - COOPCOLV transformé en lieu de dépôt de boisson ... 57

Image 11 : Site du Musée des Civilisations à Dschang ... 67

Image 12 : motif représentant l’araignée entrée principale du MDC ... 67

Images 13 et 14: sorties pédagogiques au MDC. ... 69

Image 15 : entrée principale musée du café ... 84

Image 16 : entrée musée du café ... 84

Image 17 : plan général du site ... 85

Image 18 : premiers rendus site ... 86

Image 19 : façade bâtiment musée du café ... 86

Image 20 : plan du bâtiment musée ... 87

Image 21 : esquisse parcours de l’exposition ... 87

Image 22: Esquisse espace 1 ... 88

Image 23 : esquisse espace 6 ... 88

Image 24 : Les bannières des metiers au moyen-âge ... 103

Images 25 et 26 : Cartes postales des métiers et corporations 1306 ... 105

Image 27 : Rue du Terrage : école d'apprentissage [de pâtisserie] ... 107

Image 28 :: Locaux de l’INBP ... 110

Image 29 : Formation longue à l’INB ... 111

Image 30: Locaux de l’ EFBPA ... 112

Image 31 et 32 : : Formation des boulangers à l’EFBPA : cours théoriques et pratiques ... 113

Image 33 : Espace pâtisserie à l’EFBPA ... 114

Image 34: Formation professionnelle continue à l’EFBPA ... 115

Images 35, 36,37 :Formation à l’Università del Gusto ... 115

Image 38: Site de l’ Università di Scienze Gastronomiche di Pollenzo ... 116

Image 39:Locaux école internationale de la Boulangerie ... 117

Image 40: Formation à l’Ecole internationale de Boulangerie ... 117

Image 41: Locaux Ecole Française de Gastronomie ... 122

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Image 43: Locaux Ecole Nationale Supérieure de la Pâtisseri ... 124

Image 44 : Formation à l’ENSP ... 125

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Zone de l’étude ... 25

Figure 2 : évolution du nombre de caféiers entre 1928 et 1936 ( Kuété, 2012) ... 38

Figure 3: Schema première transformation du café voie humide, voie sèche ... 48

Figure 4 : démembrements de l’UCCAO ... 53

Figure 5: Avis des populations locales par rapport à la mise sur pied d’un musée du café à l’Ouest Cameroun ... 59

Figure 6 : attentes des populations par rapport au futur musée du café ... 60

Figure 7 : Le verbatim ... 61

Figure 8 : Localisation des musées de l’Ouest Cameroun ... 63

Figure 9 : Ecoles de formations en pâtisserie en France ... 108

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Les plantations indigènes à l’aube de la caféiculture ... 31

Tableau 2: production caféière de l’UCCAO de 1959 à 1978 ... 39

Tableau 3 : fréquentation MUROBAH 2012, répartition par pays ... 64

Tableau 4 : statistiques fréquentation du MDC en 2011 par les nationaux et les étrangers. ... 70

Tableau 5 : budget Musée du Café ... 75

Tableau 6: Chronogramme des activités ... 78

Tableau 7 : financement du projet ... 79

Tableau 8: Cours de formation à Associação de Cozinheiros Profissionais de Portugal ... 118

RÉSUMÉ

La région de l’Ouest Cameroun s’est vue complètement transformée dès les années 1920 par l’introduction et le développement de la caféiculture. En effet, pendant près de 70 ans de règne sans partage, le “Dieu café” a marqué de manière profonde et durable les paysages agro-industriels de la région. En tant que culture de rente et plante identitaire, il a été

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à l’origine d’un important patrimoine industriel et historique. L’industrie du café a donné lieu à l’apparition de nouveaux modèles économiques, sociaux, politiques et culturels. Elle a conditionné l'aménagement du territoire, la création des usines, l’utilisation des machines, des objets aratoires et a rassemblé des gens autour des institutions fédératrices. La déprise caféière qui commence à partir des années 1980 et qui va mettre fin à l’hégémonie de la caféiculture fut un bouleversement pour toute la région. Ce travail envisage sauvegarder et valoriser grâce à la mise sur pied d’un centre d’interprétation, les traces du passé caféicole de l’Ouest Cameroun.

Mots clés: Centre d’interprétation, café, Ouest Cameroun, Patrimoine industriel

RESUMO

Projeto de criação de um Centro d’Interpretação do Café no Oeste dos Camarões

A região oeste dos Camarões foi completamente transformada, na década de 1920, pela introdução e desenvolvimento do cultivo de café. Com efeito, durante quase 70 anos de reinado indiviso, o "Deus Café" marcou de forma profunda e duradoura as paisagens agroindustriais da região. Como cultura de rendimento e identidade, tem estado na origem de um importante património industrial e histórico. O setor do café deu origem a novos modelos económicos, sociais, políticos e culturais. Este condicionou o desenvolvimento do território, a criação de fábricas, o uso de maquinaria, objetos agrícolas e pessoas reunidas em torno das instituições federais. O declínio da produção de café, que começou nos anos 80 e encerrou a hegemonia da cafeicultura, levou à rutura de toda a região. Este trabalho prevê salvaguardar e melhorar, graças à criação de um centro de interpretação, os vestígios do passado do café no oeste dos Camarões.

Palavras-chave: Museu, café, Oeste Camarões, Patrimônio Industrial

ABSTRACT

The West Cameroon region was completely transformed in the 1920s by the introduction and development of coffee growing. Indeed, for nearly 70 years of unchallenged reign, the "God Coffee" has marked in a deep and lasting way the agro-industrial landscapes of the region. As a cash crop and identity plant, it has been at the origin of an important

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industrial and historical heritage. The coffee industry has given rise to new economic, social, political and cultural models. It has conditioned the development of the territory, the creation of factories, the use of machines and tools, agricultural objects and and has brought people together around federating institutions. The abandonment of coffee that began in the 1980s and will end the hegemony of coffee growing was a disruption for the entire region. This work envisages safeguarding and enhancing thanks to the setting up of an interpretation center, the traces of the coffee past of in the West region of Cameroon.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Ce travail s’inscrit dans le cadre du mémoire de fin d’études du Master Erasmus Mundus en Techniques, Patrimoines et Territoires de l’Industrie (TPTI). La fin de cette formation est sanctionnée par la rédaction d’un mémoire comprenant un projet personnel et la partie individuelle du projet tutoré. Mon projet personnel porte sur “La création d’un centre

d’interprétation du café à l’Ouest Cameroun” et la partie individuelle du projet collectif

qui a pour thème “Pâtisserie” porte sur “les associations et formations de pâtissiers”. Master à vocation internationale, intersectorielle, interculturelle, le Master TPTI forme au patrimoine industriel, à l’expertise des environnements techniques et historiques, à la patrimonialisation des savoirs techniques. Il relève du programme Erasmus Plus mis en place par la commission européenne et est coordonné par l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France), avec la collaboration de l’Université de Padoue (Italie) et l’Université d’Evora (Portugal). Si cette formation de deux ans m’a permis d’approfondir mes connaissances et compétences dans le champ du patrimoine, elle m’a surtout aidée à m’ouvrir à de nouveaux langages. Lors du premier semestre à Paris 1 j’ai embrassé pour la première fois l’histoire des techniques. Les questions liées à la construction d’un discours technique à partir d’un savoir-faire, au transfert des technologies, aux innovations technologiques et aux bouleversements socioculturels et politico-économiques occasionnés par l’introduction d’une technique dans une société donnée ont particulièrement attiré mon attention car touchant à mon sujet. Par exemple, l’analyse des régimes de la pensée opératoire1 dont le régime de la

pratique (où les savoir-faire sont transmis oralement) et celui de la technique (basé sur un écrit normatif) m’ont permis d’appréhender comment s’est opéré la transmission et le transfert des techniques “pâtissiers” et caféicoles dans le cadre de ce travail. Le deuxième semestre en Italie a aussi été très bénéfique car il traitait concrètement des politiques, stratégies de patrimonialisation des friches industrielles qui constituent le point central de ce travail. La reconversion ou la réutilisation des vestiges physiques de l’industrialisation observée lors des Workshop TPTI a profondément inspiré ce travail sur le plan méthodologique et pratique. Pour finir, l’Université d’Evora où se sont déroulés les derniers semestres m’a aussi aidé à approfondir mes connaissances sur le concept de paysage, l’impact des innovations technologiques sur ce dernier. Les enseignements reçus ici m’ont conduit à m'intéresser aux mutations paysagères engendrés par la culture du café à l’Ouest Cameroun. Au total, chacune

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de ces université a apporté une pierre à la construction de ce travail. La première partie de cette recherche est consacrée au projet personnel, et la deuxième à la partie individuelle du projet tutoré.

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GENERAL INTRODUCTION

This work is part of the final thesis of the Erasmus Mundus Masters in Technology, Heritage and Industry Territories (TPTI). The end of this training is sanctioned by the writing of a dissertation including a personal project and the individual part of the tutored project. My personal project is "The creation of a coffee museum in West Cameroon" and the individual part of the collective project on the "Pastry" theme focuses on "The associations and training of pastry chiefs". Master in international, intersectoral, intercultural, the Master TPTI forms the industrial heritage, the expertise of technical and historical environments, the heritage of technical knowledge. It is part of the Erasmus Plus program set up by the European Commission and is coordinated by the University of Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France), with the collaboration of the University of Padua (Italy) and the University of Evora Portugal). This two-year training not only allowed me to deepen my knowledge and skills in the field of heritage, but it especially helped me to open myself to new languages. It is during the first semester in Paris that I first embraced the history of techniques. Issues related to the construction of a technical discourse based on know-how, to the transfer of technologies, to technological innovations and to the socio-cultural and politico-economic upheavals occasioned by the introduction of a technique into a given society. This have particularly attracted my attention because touching my research topic.t For example, the analysis of the regimes of operational thought, whose regime of practice (where the know-how is transmitted orally) and that of technique (based on normative writing) have allowed me to understand how the transmission and transfer of "pastry and coffee" techniques is carried out as part of this work. The second semester in Italy was also very beneficial because it dealt concretely with the policies, strategies of heritage inheritance of brownfield sites which constitute the central point of this work. The reconversion or reuse of the physical vestiges of industrialization observed during the TPTI workshops deeply inspired this work on the methodological and practical level. Finally, the University of Evora where the last semesters took place also helped me to deepen my knowledge on the concept of landscape, the impact of technological innovations on the latter. The lessons learned here led me to take an interest in the landscape changes engendered by coffee growing in West Cameroon. In total, each of these universities has contributed in the construction of this work. The first part of this

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research is devoted to the personal project, and the second to the individual part of the tutored project.

PROJET PERSONNEL

Création d’un Musée du Café à l’Ouest

Cameroun

PROJET PERSONNEL

Projet de création d’un Centre d’Interprétation sur

l’histoire du Café à l’Ouest Cameroun

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INTRODUCTION

La région de l’Ouest est l’une des dix régions que compte le Cameroun. Dès le début du 20ème siècle, elle se voit transformée par l’introduction du caféier arabica. En moins d’un siècle, le café est passé d’une plante importée à une plante identitaire. En effet, pendant près de 70 ans de règne sans partage sur la campagne et les villes, il a façonné l’histoire économique, sociale, culturelle et politique des hautes terres de l’Ouest Cameroun, tout en jouant les premiers rôles dans le fonctionnement de l’économie nationale (Kuété, 2012). Principale source de revenus monétaires et de prestige social, il a bâti la prospérité des économies locales et a diffusé aux paysanneries africaines le modèle du : « petit paysan capitaliste, souvent cité en référence dans le cadre de la modernisation agricole qu’a connue l’Afrique noire depuis la colonisation. » (Guetat-Bernard, 2008). Cependant, la déprise caféière des années 1980 a profondément bouleversé ce système en mettant fin à l’hégémonie de la caféiculture (Uwizeyimana, 2009). La disparition du caféier arabica de l’Ouest-Cameroun marque la fin d’une époque, d’une civilisation (Kuété, 2011). Cette culture omniprésente il y a à peine 40 ans, dont la présence tangible est en voie de disparition a marqué de manière profonde et durable, le paysage naturel et agro-industriel de l’Ouest Cameroun. Son développement en tant que culture commerciale et industrielle est à l’origine d’un important patrimoine industriel et historique qui mérite à juste titre d’être valorisé. Espaces, récits, friches industrielles, machines sont porteurs de traces qui évoquent le passé, fondent le présent et questionnent l’avenir. Le caféier (et le café) a certes marqué les esprits mais qu’en reste-t-il aujourd’hui? Ce travail se situe dans la fourchette chronologique de 1920 à 1990. Ce sont respectivement l’année d’introduction et de la chute du café à l’Ouest Cameroun.

Alors pourquoi s'intéresser à la sauvegarde du patrimoine industriel généré par la culture et à la transformation du café à l’Ouest Cameroun? Une partie de la réponse se trouve dans le fait que sur le plan scientifique, ce champ reste encore très peu exploré. Les travaux sur le patrimoine industriel au Cameroun et sa valorisation sont quasi inexistants. Certes des études ont été faites par des archéologues, historiens, économistes… Elles restent pour la

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plupart généralistes. Autour du concept de musée d’entreprise, encore appelé corporatemuseum, et ou d’histoire des techniques les travaux académiques n’existent presque pas, ce qui offre un champ de recherche très intéressant à explorer. Cette recherche entend apporter sa modeste contribution à l’écriture de l’histoire industrielle du Cameroun et de sa valorisation.

Deuxièmement, je suis petite-fille d’un ancien caféiculteur. Ainsi, ayant grandi en campagne, les histoires liées à la culture du café ont toujours rythmé ma vie. J’ai toujours été séduite par les modes de vies à l’ancienne, amour de la terre et du pays… Nostalgie de l’enfance ? Peut-être. Mais aussi crainte que ces images ne disparaissent sous le coup d’une évolution galopante.

La troisième raison est liée à la place prestigieuse de la caféiculture à l’Ouest Cameroun. Affirmer une identité, rassembler des groupes hétérogènes en une véritable communauté de travail, retrouver fierté en un savoir-faire voilà autant de raisons qui militent pour la création de ce musée. Pendant mes discussions avec d’autres caféiculteurs de Dschang, j’ai senti que le contexte historique, social, culturel de la ville était propice à la mise sur pied d’un centre d’interprétation. J’ai été touchée par des personnes qui avaient manifestement l’envie de transmettre leur histoire, leur vécu. Ces personnes si attachées à leur région portent en elles les traces d’un passé riche et complexe. Mémoire, héritage, contrastes de générations… ces thématiques prennent tout leur sens lorsque l’on se penche sur l’histoire de cette localité et de ses habitants. Nos parents, et même nos frères et sœurs ont profité de l’existence de cette culture pour trouver un emploi rémunéré et assurer l’éducation de leurs enfants.

La quatrième raison est liée à la fragilité du patrimoine agricole. Partant du fait qu’un important pan d’héritage culturel des entreprises agricoles a disparu avec les personnes ressources, la conduite de cette recherche servira d’outil de sauvegarde du patrimoine industriel agricole méconnu. Ce choix émane d’une passion pour les musées qui sont aujourd’hui des lieux de mémoire et de restitution d’une histoire donnée que nous n’avons pas vécue jusqu'à nos jours. Bien plus, c’est un domaine imaginatif où la créativité est au centre d’une recherche scientifique et technique pour les générations présentes et futures.

La cinquième et dernière raison est liée au besoin d’accroissement de l’offre touristique de la région de l’Ouest Cameroun. Les musées ont su prendre au cours de ces dernières années, les mesures de l’enjeu que représente le tourisme, non seulement pour le

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développement de leur propre fréquentation, mais aussi de l’essor économique de leur ville. Le musée participe pour de nombreux territoires, de la construction d’un projet global préalable aux stratégies de développement touristique. Ce travail cadre avec les ambitions du gouvernement qui a fait du tourisme un levier de développement et d’émergence à l’horizon 2035.

A l’Ouest Cameroun, le café est passé d’une culture importée à un élément du patrimoine. Il a rythmé la vie des populations et influencé l’économie de la région. L’histoire de la région a subi des bouleversements dus à des mutations de modèles économiques. Ces modèles économiques ont érigé des structures, ces structures ont rassemblé des gens. Un sentiment d’appartenance, une identité se crée autour de ces institutions fédératrices. Lorsqu’elles disparaissent, c’est l’identité de toute une population qui est chamboulée. Cette identité mérite d’être pérennisée et valorisée pour des fins de mémoire et touristique. Il s’agit de développer une véritable réflexion de marketing territorial autour du thème d’un centre d’interprétation sur l’histoire du café (caféier). Dès lors, comment créer ce Centre d’Interprétation sur l’histoire du café (caféier) à l’Ouest Cameroun ?

La réalisation d’un tel projet revêt des enjeux scientifiques, socioculturels et même économiques énormes. Sur le plan scientifique, l’étude des musées d’entreprises permet d’ouvrir des pistes de réflexion sur sa conception, sa compréhension et sa valeur. Le fait d’attester que l’entreprise est ancrée dans l’histoire en présentant des innovations spectaculaires, un savoir-faire reconnu et en exhibant une date d’un passé lointain ne suffit plus. Lieu de mémoire, œuvre philanthropique, preuve de la qualité du savoir-faire des artisans ou des employés sont autant d’intérêt scientifique justifiant cette recherche.

Sur le plan socioculturel, à travers cette recherche, il est question d’inciter l’Etat notamment par le biais du Ministère des Arts et de la Culture à accélérer la valorisation de notre patrimoine à travers une politique culturelle plus incitative et à travailler en collaboration avec les ministères en charge de l’éducation, du tourisme et loisirs, de la recherche scientifique et de l’innovation, de la jeunesse et de l’éducation civique entre autres pour promouvoir le patrimoine industriel camerounais. Mettre sur pied le musée de l’histoire de caféiculture à l’Ouest Cameroun permettra non seulement de valoriser la dimension patrimoniale de cette activité mais aussi et surtout de mettre à la disposition du public les collections qui retracent l’histoire de l’activité caféicole.

Sur le plan économique, les musées sont de nos jours passés du musée conservateur au musée entrepreneur. Les musées sont donc devenus des entreprises ou des unités économiques

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qui génèrent des bénéfices à travers la billetterie, la vente de certains articles, la location d’espaces et d’autres activités périphériques (Vouffo, 2015) . Ils développent aussi d’autres secteurs d’activités dans leurs territoires d’implantation (hôtellerie, restauration, transports, artisanat entre autres). Ils participent ainsi à la réduction du chômage et au développement de l’économie locale. Cette recherche entend proposer une piste pour le développement économique local à l’Ouest Cameroun à travers la mise sur pied d’un centre d’interprétation sur l’histoire du café.

Ce travail porte sur cinq chapitres. Le premier chapitre est axé sur la méthodologie de recherche. Le deuxième traite du contexte d’implantation de la caféiculture à l’Ouest Cameroun. Le troisième chapitre s'intéresse à la culture technique et l’organisation coopérative de la caféiculture. Le chapitre quatre analyse les données recueillies sur le terrain d’un côté l’état des lieux et de l’autre côté les attentes des populations : un centre d’interprétation pourquoi ? Pourquoi ? Comment ? Le chapitre cinq est consacré à la conception du centre d’interprétation pour réécrire l’histoire du café et reconvertir le patrimoine industriel généré.

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CHAPITRE 1: MÉTHODOLOGIE

Ce chapitre présente explicitement la manière dont s’est déroulée la recherche en marquant un temps d’arrêt sur les objectifs de la recherche, l'état de l’art, l'approche théorique et conceptuelle du sujet, la démarche méthodologique adoptée, le champ d’investigation retenu.

I-Objectifs, état de l’art, cadre théorique et conceptuelle de la recherche I.1-objectifs de cette recherche

Le but de ce travail est de concevoir un centre d’interprétation sur l’histoire du café à l’Ouest Cameroun. Pour atteindre cet objectif général, des objectifs spécifiques ont été déclinés pour faciliter la démarche. Il s’agit:

- de présenter le contexte d’implantation de caféiculture à l’Ouest Cameroun et les bouleversements socio-culturels et politico-économiques occasionnés;

- de montrer la culture technique et l’encadrement de la caféiculture à l’Ouest Cameroun;

- Faire un état des lieux sur la conservation et réutilisation du patrimoine industriel issu de la culture et de la transformation du café à l’Ouest Cameroun;

- Mettre à nue l’offre muséale de la région.

I.2-Etat de l’art

Mener une recherche sur la patrimonialisation du café à l’Ouest Cameroun à travers la mise sur pied d’un centre d’interprétation exige de dégager au préalable le background scientifique sur la thématique de l’étude afin de la confronter à d'autres travaux qui se sont penchés sur des études similaires. Ce sujet en embrassant plusieurs disciplines (histoire, géographie, sciences du patrimoine…) impose deux types de littérature. D’un côté les travaux sur le café et de l’autre côté les travaux sur la patrimonialisation ou sur les musées. Les deux thèmes (Musée ou centre d’interprétation et café) ont toujours été séparément abordés au Cameroun.

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Plusieurs travaux attestent la place prestigieuse de la caféiculture à l’Ouest Cameroun, des mutations socioculturelles, politico-économiques et paysagères qu’elle a occasionnée et tout le patrimoine historique qu’elle a engendrée. D’entrée de jeu, pour comprendre pourquoi le café Ouest camerounais a significativement suscité la curiosité de divers chercheurs pourtant il est à peine connu sur le marché mondial, tant son poids est insignifiant (Kueté 2012), il faut non seulement s’immerger dans la culture du peuple (Bamileké surtout) qui l’a accueillie mais aussi dans son histoire complexe bourrée d'échecs et de réussite dans cette région. Les travaux existants relatifs à notre sujet peuvent être réunis sous trois thèmes: la question du dynamisme Bamileké (indispensable pour comprendre le phénomène de la culture du café à l’Ouest Cameroun), l’historique de l’introduction de cette plante dans l’Ouest Camerounais, la question sur les impacts financiers et socio-culturels du café. Lorsqu’on parle généralement de l’Ouest Cameroun ou de ses populations, un concept devenu même identitaire revient: “le dynamisme Bamiléké”. Ce “Dynamisme Bamiléké” a suscité la curiosité de divers chercheurs aux horizons scientifiques et géographiques différents. Lorsqu’on évoque cette thématique on pense directement à Jean Louis Dongmo (1981) qui en a fait son objet d’étude en lui consacrant tout un ouvrage intitulé Le dynamisme Bamiléké (Cameroun): la maîtrise de l’espace agraire. Dans cet ouvrage, l’auteur présente les Bamileké comme un peuple dont les caractéristiques humaines particulièrement favorables ont impulsé en eux un dynamisme économique remarquable. Les Bamileké sont un peuple très laborieux, entreprenants, endurants. Cet acharnement au travail couplé à leur sens d’épargne, à leur culture et à leur solidarité doublée d’un mélange “curieux d'individualisme et d’esprit communautaire” (Lecoq R. 1953) est à l’origine de leur exceptionnelle réussite économique. Ils “trustent” une fraction très importante de toutes les activités rémunératrices du pays au point d’être victimes des rejets des autres ethnies du Cameroun (Maguerat Y., 1983). Ce peuple est à l’origine du puissant système de gestion du terroir et de production le plus connu et le plus célèbre des paysanneries en Afrique Subsaharienne. A ce propos, Hurault (1962) écrit ceci: “Nulle part à notre connaissance, dans toute l’étendue de l’Afrique tropicale, l’homme n’a à ce point asservi la nature et remodelé le paysage géographique”. Cette thèse d’un dynamisme remarquable des Bamileké est soutenue par plusieurs auteurs au rang desquels: Lecoq R. (1953), Hurault (1962), Mveng E. (1963), Fotsing J.M (1987), Guillermou Y. (2001), Jiotsa A. et als, (2004), Tchatchoua T. (2013). Les Bamileké sont donc considérés ici comme des populations au sens d’adaptation remarquable, travailleuses et ouvertes à l’innovation. Si en 2000 Martin Kuete pouvait partager cette approche, il est clair que dans son ouvrage paru en 2012 intitulé Café et acteurs de la caféiculture des hautes terres

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de l’Ouest Cameroun, grandeur et crise d’une plante identitaire: les réponses paysannes, il remet en cause ce dynamisme Bamileké suite à l'impossibilité (selon lui) des paysans à trouver une solution de rechange adéquate à l’après café. Les campagnes la région de l’Ouest Cameroun sont confrontées de nos jours à une pauvreté qui amène à interroger ses systèmes de production. Le “dynamisme Bamileké n’est-il donc qu’un mythe? S’agissait-il depuis des systèmes de production “archaïques”, “inadaptés” donc “malades”? s’interroge l’auteur. Uwizeyimana (2009) estime quant à lui que ces populations ont des capacités de résilience exceptionnelles. Le désarroi de l’après café fut de courte durée. Car très vite, de nouveaux modes de production basés sur le vivrier, le maraîchage en particulier vont être construits. Mais il y’a actuellement pas encore une plante qui rivalise le café. Tout compte fait, l’ouvrage de Tchatchoua T. publié en 2013 est donc une réponse à Martin Kueté dans laquelle il rassure que “le dynamisme Bamiléké n’est donc pas un mythe, c’est une vérité incontestable.” Une réalité qui été renforcée ou “pervertie” par l’introduction de la caféiculture dans le terroir.

Plusieurs auteurs s’accordent sur les raisons de l’introduction de la caféiculture à l’Ouest Cameroun et du choix de cette région. Ce sont entre autres Dongmo J.L (1981),Champaud (1983) Jiotsa A. et als, (2004) Bounou V. (2006) , Nouboussi E. (2006) et Kueté M. (2012). Les hautes terres de l’Ouest Cameroun convenaient parfaitement au café arabica. La fertilité de ses sols, son climat humide et l’engouement de ses populations ont favorisé cette irruption. Au-delà de ces facteurs favorables à l’introduction et au développement du café, s'ajoute l'engagement de la France pour le café Ouest-Camerounais. Selon Martin Kueté (2012), étant quasi absente sur le marché mondial du café dominé par le Royaume-Uni, la France s’invite à la conquête de parts du marché international du café. Ceci par la mobilisation générale de la Métropole, négociants et consommateurs pour la cause du café arabica du Cameroun. Dès les années 1920 la France forme les paysans, œuvre pour la production d’un café en quantité et de qualité qui respecte les normes internationales. Des coopératives sont créées à travers la région pour contrôler, organiser et structurer le secteur. Dès le début, les meilleurs planteurs sont décorés. Le café s’inscrit très vite comme moteur de développement socioculturel politico-économique de la région.

Les impacts financiers, culturels et politiques du café ont eux aussi attisé la curiosité de nombre de chercheurs: Coste R. (1936), Delarozière (1946), Portères (1948), Kuete M. (2000, 2008 et 2012), Rivière Y. (2000), Fongang G. (2004), Guetat-Bernard H. (2008 et 2015), Uwizeyimana L. (2009). Ces travaux témoignent de la place prestigieuse de la caféiculture à l’Ouest Cameroun, de sa contribution au désenclavement rural, à l’électrification des campagnes, au renforcement de l’esprit communautaire à travers les

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coopératives, à la construction des ponts et routes, à l'aménagement urbain et rural, à l’enrichissement du paysan et à la restructuration de la société rurale. Le café est aussi source d’inégalité. S’il a permis au paysan Ouest Camerounais se découvrir une nouvelle personnalité, celle d'un homme fier” (Kuete, 2012) avec de nouveaux attributs, styles vestimentaires, une nouvelle façon de penser et de percevoir, il a surtout renforcé les inégalités de genres selon Guetat-Bernard H. (2008 et 2015). Il a été aussi utilisé pour des revendications sociales et politiques au Cameroun. La déprise caféière marque donc la fin d’une “civilisation” et exige aux paysans d’être plus créatifs.

L’après café est marqué par la diversification des produits (Janin, 1996 ; Kamga, 2002), à l’arrachage de caféiers (Foko, 1999 ; Kamga, 2002) et au développement des produits maraîchers pour une clientèle locale, nationale ou sous-régionale (Hatcheu Tchawé, 2000 ; 2006). Alors que foisonnent des écrits sur les coopératives à l’Ouest Cameroun, il faut tout de même noter la rareté voire la quasi absence des travaux sur le patrimoine industriel (issu de la transformation du café: traitement industriel des cerises et torréfaction) généré par le café. Malgré ces études plus ou moins abondantes, générales ou spécifiques, différents axes d’approche possibles pour ce sujet n’ont été jusqu’à présent pas ou qu’assez peu traités. L’étude de la patrimonialisation de l’histoire du café à l’Ouest Cameroun reste champ à exploiter surtout lorsqu’on se penche sur le patrimoine industriel généré par cette plante ce qui constitue l'intérêt de cette recherche. Pourtant ce ne sont ni les sources encore moins les activités techniques et les différentes problématiques qui les entourent qui font défaut. Ce travail ambitionne combler modestement ce vide en s’appuyant sur les enseignements reçus dans le cadre du Master TPTI et de quelques ouvrages phares en la matière tels que: Garçon A. F. (2012), Gourhan A. L-R. (1943, 1945, 1965) Simondon G. (2012). Ces ouvrages bien que généralistes permettent d'appréhender un certain nombre de concepts: chaîne opératoire, régimes opératoires, complexe technique, culture technique, milieu technique objet technique. Tout ce patrimoine à la fois industriel et historique issu de la caféiculture à l’Ouest Cameroun mérite alors d’être valorisé à travers la mise sur pied d’un musée. Un musée sur le café à l’Ouest Cameroun Pourquoi, Pour qui et Comment?

La question du musée en Afrique est de nos jours au coeur de nombreux débats. Alpha Oumar Konaré (1985) dans son article « The Creation and Survival of local Museums » avait clairement perçu la difficulté des musées africains à se détacher du modèle occidental de musée. Ces musées, désespérément en quête d’une audience n’arrivent pas s’affirmer et à s'insérer dans le tissu urbain. Ils restent boudés par les populations locales car n’étant pas le reflet de leur patrimoine pourtant immense et diverse. Ce sont des musées “extravertis”,

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“aliénés” qui n’arrivent pas à remplir leurs fonctions traditionnelles (Nizésété, 2007). Alors qu’ils sont créés pour répondre aux besoins de développement local. Le musée doit pencher un regard sur soi, sur ses origines, sur le présent et l’avenir. Il devrait permettre de définir l’image de soi que l’on veut communiquer vers l’extérieur. C’est pourquoi, dit-il :

Il est temps, grand temps, cela nous semble, de procéder à une totale remise en cause, il faut tuer, je dis bien tuer le modèle occidental de musée en Afrique pour que s’épanouissent de nouveaux modes de conservation et promotion du patrimoine. (Konaré, 1985).

Selon l’auteur, il faut s’affranchir du concept de “musée” en Afrique pour embrasser des concepts à l'intérieur duquel l’africain se reconnaîtrait. Au lieu de “musée” il serait préférable d’utiliser le concept de « maison du patrimoine » ou « maison de la culture ». En 1991, le Conseil International des Musées (ICOM) lors de ses rencontres de novembre au Benin, au Ghana et au Togo, s’interrogeait aussi sur le rôle des musées en Afrique à travers son programme : quels musées pour l’Afrique ? Patrimoine en devenir. Ce thème laissait comprendre en filigrane qu’il fallait réellement penser des musées pour l’Afrique. Car bien qu’il existât et qu’il existe encore des lieux (ces lieux n’étaient pas ouverts aux publics) de conservations dans diverses sociétés africaines qui servaient à la sauvegarde des biens du peuple, le musée tel que vécu et perçu de nos jours est une valeur culturelle occidentale introduite en Afrique par le biais de coloniale (Vouffo, 2015). Cette approche de renaissance du musée en Afrique a été promue et soutenue par d’autres chercheurs à l’instar de: De Sabran M. (1999), Bouttiaux (2007), Heumen T. H. (2008, 2014). Il faut “africaniser” l’institution muséale en la rapprochant des lieux traditionnels de conservation. Il doit émerger des musées en Afrique dans lesquels les africains pourront facilement s’identifier, se nourrir de leur histoire et retrouver leurs repères. C’est pourquoi ces musées doivent être imprimés des réalités africaines.

Le projet de mise sur pied d’un musée sur l’histoire du café à l’Ouest Cameroun s’inscrit donc dans cette logique de proposer un musée par les africains pour les africains. Un musée qui s’imprime des réalités locales, s’adresse aux populations locales d’abord tout en étant ouvert au monde. Tel est le défi de ce projet.

I.3- Cadre théorique et conceptuel de la recherche

Ce cadre permet, à partir de la définition des principaux concepts du sujet, de situer le travail au coeur des grands débats et théories qui l’entoure.

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Pour parler de patrimonialisation qui est selon Jean Davallon (2003) l’ensemble des processus par lesquels les objets deviennent patrimoine, il est important de revenir sur le concept même de patrimoine. Etymologiquement, patrimoine vient du latin patrimonium qui veut dire “bien de famille”. Françoise Péron fait une nette différence entre patrimoine et héritage qui semblent très souvent se confondre car “tout ce dont hérite ne fait pas patrimoine” . La construction du patrimoine ne relève donc pas d’une décision arbitraire. C’est un ensemble de biens reconnus, acceptés et revendiqués par un groupe social pour des fins stratégiques et identitaires (Péron F., 2005). Depuis la nuit des temps, le concept de patrimoine n’a cessé d’évoluer. En 1972, l’UNESCO dans sa convention définit et reconnaît deux types de patrimoine: le patrimoine naturel et le patrimoine culturel. Au terme de l’article 1 de la convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, le patrimoine culturel renvoie aux:

− monuments: œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science,

− ensembles: groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science, - sites: œuvres de l'homme ou œuvres conjuguées de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. (UNESCO, 1972)

C’est un “Héritage du passé, dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux générations à venir.” Il renvoie alors à l’idée de transmission des biens issus de l’histoire. Il “s’inscrit dans l’histoire des hommes” (Héritier, 2013) mais ne se résume pas uniquement à cela. Selon l’article 2 de la convention de 1972 de l’UNESCO, le patrimoine naturel renvoie aux:

-monuments naturels constitués par des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique,

−formations géologiques et physiographiques et les zones strictement délimitées constituant l'habitat d'espèces animale et végétale menacées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation,

− sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle. (Unesco, 1972).

En 2003, le patrimoine a cessé de se conjuguer uniquement au culturel ou au naturel: le patrimoine immatériel s’est imposé. Il est donc désormais l'ensemble de tous les biens naturels ou culturels créés par l'homme sans limite de temps ou de lieu. Au rang de ces ensembles culturels et naturels figurent non seulement les patrimoine immatériel, mais aussi le patrimoine industriel qui est l’objet de cette étude. En effet, “quand la technologie renvoie à la question des sens, il est important d’élargir le champ culturel. Car les sciences, les

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technologies, les processus de l’industrie créative y participent pleinement.” Le patrimoine industriel désigne littéralement la rencontre du concept « patrimoine » d’avec celui d’ « industrie ». Au total, c’est l’ensemble de tous ces biens reconnus, acceptés et revendiqués par des groupes sociaux qui sont appelés à être patrimonialisés, sauvegardés pour les futures générations. La patrimonialisation est donc selon Emmanuel Amougou (2005),

“ un processus social par lequel les agents sociaux (ou les acteurs si l'on préfère) légitimes entendent, par leurs actions réciproques, c'est-à-dire interdépendantes, conférer à un objet, à un espace (architectural, urbanistique ou paysager) ou à une pratique sociale (langue, rite, mythe, etc.) un ensemble de propriétés ou de « valeurs » reconnues et partagées d'abord par les agents légitimés et ensuite transmises à l'ensemble des individus au travers de mécanismes d'institutionnalisation, individuels ou collectifs nécessaires à la préservation, c'est-à-dire à leur légitimation durable dans une configuration sociales spécifique ».

La patrimonialisation ne se limite donc pas aux politiques de conservation (Bouisset C. Dégrémon I, 2013). Elle met en relation un certain nombre d’acteurs oeuvrant pour la sauvegarde, le partage, la transmission, des ressources matérielles, symboliques ou immatérielles d’un groupe social. Ce travail mobilise un ensemble de valeurs, de représentations, de discours et de pratiques à connotation identitaire, politique, culturelle, territorial que partagent divers acteurs institutionnels, individuels ou collectifs (Guillaud et al,2014). Depuis deux décennies déjà, on note une abondante littérature critiquant la patrimonialisation. Le grief le plus souvent évoqué est le caractère passéiste et nostalgique qui anime ces projets. “La sociologie critique va plus loin en considérant le développement de la patrimonialisation non seulement comme un retour aux choses passées, mais comme une sorte de fixation, sinon une inversion de temporalité, entre le présent, le passé et le futur.” (Davallon, 2013). Ce projet ne s’inscrit pas dans la logique d’un refus de changement. Il permet plutôt d’avancer en questionnant le passé et l’avenir.

- Musée ou Centre d’interprétation?

Etymologiquement, le terme musée renvoie à une petite colline, lieu des muses. Le Museîon d’Alexandrie et l’agora d’Athène sont deux exemples qui attestent de l’existence dès l’antiquité des institutions qui peuvent être considérées comme musée. Ces institutions disposent des collections,salle de lecture, amphithéâtre, ménagerie, jardin botanique et réunit chercheurs et savants. Au fil du temps, le concept de musée a évolué conjointement avec la question des publics, l’élargissement du champ du patrimoine et son rôle social. Organisations internationales, institutions nationales, les professionnels de musées n’ont ménagé d’aucun effort pour trouver un contenu à ce concept. Les définitions du musée donnée par l’ICOM sont révélatrices de son dynamisme. En Juillet 1951 pour l’ICOM, “le mot musée désigne tout

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établissement permanent, administré dans l'intérêt général, en vue de conserver, étudier, mettre en valeur, par des moyens divers et essentiellement expose pour la délectation et l’éducation du public un ensemble d'éléments de valeur culturelle: collections d’objets artistiques, historiques, scientifiques et techniques, jardins botaniques et zoologiques, aquarium.” (ICOM, 1951) Vu ainsi, tout établissement exposant des objets historiques, scientifiques… et ouvert au public pouvait être considéré comme un musée. En 1974, l’ICOM définit le musée comme étant «une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et de son environnement, acquiert ceux-là ,les conserve, les communique, et notamment les expose à des fins d’étude, d’éducation et de délectation.» Le musée a donc pour mission d’assurer la conservation et la préservation du patrimoine. Le code de déontologie de l'ICOM adopté à Buenos aires en 1986 veut que le musée s’assure que les informations contenues dans les expositions soient honnêtes et objectives pour ne pas renforcer les mythe et stéréotypes. La définition de musée plus adoptée de nos jours est celle donnée par l’ICOM en 2007 qui voit en le musée « une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » (ICOM, 2007). Il est clair ici que le musée s’est ouvert à la dimension immatérielle du patrimoine consacré par l’UNESCO depuis 2003 par une convention. A côté de cela, de nombreuses associations ont aussi tenté de définir ce concept. L’Association britannique des musées estime que ceux-ci doivent rendre les visiteurs capables “d’explorer les collections pour l’inspiration, le savoir et la jouissance. Il s’agit d’institutions qui collectionnent, préservent et rendent accessibles les artefacts et spécimens, qu’elles tiennent en dépôt pour la société.” Pareillement, l’Association Américaine de Musées n’accrédite de musées que si l’institution est “ essentiellement éducative par nature.” (Poulot, 2009). Pour Tomislav Sola (1997), le musée est “une organisation sans but lucratif, qui collectionne, analyse, préserve et présente des objets appartenant au patrimoine naturel et culturel de manière à augmenter la qualité et la quantité des connaissances. Un musée doit divertir ses visiteurs et les aider à se détendre. Utilisant des arguments scientifiques et un langage moderne, il doit aider les visiteurs à comprendre l’expérience du passé. Dans sa relation mutuelle avec ses usagers, il doit trouver dans les expériences passées la sagesse nécessaire pour le présent et le futur.” En France, depuis 2002, l’appellation musée de France est accordée à “Toute collection permanente composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt

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public et organisée en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public.” (République Française, 2002). Toutes les définitions du concept de musée débouchent presque toujours sur sa fonction. Si hier les fonctions des musées étaient limitées à la conservation du patrimoine et à l’étude scientifique, de nos jours, les musées sont non seulement des lieux d’éducation, de socialisation, de brassage culturel, de lien intergénérationnel, de mémoire, des unités économiques, des médias et des emblèmes territoriaux.Tout ceci mettant désormais le public au devant de la scène. A travers le monde entier les institutions muséales mobilisent des réflexions sur la question des publics. Il s’agit selon les termes de Dominique Poulot du “temps des publics”. « Nous sommes passés d’une époque où on parlait du « musée comme enjeu », à l’époque présente où nous sommes appelés à parler des enjeux du musée » (Bordeaux, 2008). Il n’est plus seulement question pour les musées de nos jours de fabriquer le patrimoine mais aussi de le diffuser et le rendre accessible à tous.

Les lieux de conservation des biens du peuple ont existé et existent encore dans toutes les civilisations sans forcément être appelés “musée”. A l’Ouest Cameroun par exemple, depuis l’émergence des chefferies, on note la présence des sites ou espaces consacrés à la sauvegarde du patrimoine de ce peuple. Ici l’institution gardait une valeur symbolique, sacrée et est restée pendant longtemps inaccessible au public. Il faut attendre la période coloniale, notamment sous l’administration française pour voir se développer dans cette localité des musées dits communautaires. Ces musées communautaires comparables aux “abattoirs culturels” n’arrivaient pas à justifier leur raison d’être auprès des communautés. Ils sont restés boudés par celles-ci. C’est à partir des années 2000 avec les initiatives du COE et le Programme Route des Chefferies que les musées vont se multiplier dans le territoire (impliquant les communautés locales dans les projets, ouverts à la contemporanéité, à l’écoute des aspirations de ses usagers, reflet du patrimoine culturel camerounais) et ceux déjà existants vont se moderniser.

L'évolution du concept “musée” s’ouvre aussi à l’élargissement des pratiques qui permettent de mieux spécialiser cette institution. Ecomusée, musée de plein air, maisons du patrimoine, centre d’interprétation ont émergé pour donner une autre dimension à l’institution. Pour Hugues de Varine, Le musée "normal" est un bâtiment, une collection, des publics et l'écomusée est un territoire, des patrimoines, une communauté. Le musée normal, c'est de la culture "hors-sol (De Varine, 2006). L'écomusée, c'est un musée enraciné dans la culture vivante des habitants. Il estime que l'écomusée fait partie des instruments de la dimension culturelle du développement local. A l’Ouest Cameroun, le Programme Route des Chefferies a développé le concept « case patrimoniale » pour qualifier les musées des chefferies. Ce

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concept « case patrimoniale » est inspiré de la proposition du nouveau concept de musée en Afrique faite par Alpha Oumar Konaré. Pour ce dernier, pour davantage rapprocher l’institution muséale des réalités socioculturelles de l’Afrique, il serait préférable d’utiliser « maison du patrimoine ». Les centres d’interprétation réussissent aussi très bien le pari de la pérennisation et de la valorisation du patrimoine à travers le monde. Dans un entretien accordé à Noémie Drouguet, Martine Thomas-Bourgneuf estime que:

“Le terme de centre d’interprétation est surtout utilisé dans des configurations où l’on ne peut pas employer le mot « musée » parce que le projet muséal ne se fonde pas sur l’existence d’une collection. Il n’y a pas, ou peu, d’éléments authentiques ou les « objets de collection » sont d’une nature particulière, monumentale ou environnementale, par exemple. Je crois que c’est peut-être ça le démarrage de cette appellation de « centre d’interprétation » : on présente un patrimoine, que ce soit un paysage, un territoire, un site, des vestiges ou encore un monument, ou même une histoire, et ce, sans passer prioritairement par des collections pré-existantes. On va interpréter, c’est-à-dire fournir des clés de compréhension, donner du sens à des éléments qui sont muets.” (OCIM, 2005)

Les centres d'interprétation permettent alors d'accéder au patrimoine sans nécessairement faire appel aux collections. Dans le cadre de ce travail, nous allons opter pour un centre d’interprétation plutôt qu’un musée classique. Bien qu’il ait des éléments authentiques pouvant permettre de constituer une collection à l’instar des objets aratoires et des archives, les plantations, les chaînes de traitement et torréfaction du café ne peuvent pas être déplacés de par leur nature. Pourtant ils constituent des éléments fondamentaux pour cette institution à mettre sur pied. A travers la mise sur pied d’un centre d’interprétation, nous allons offrir aux visiteurs les clés de compréhension de l’histoire du café à l’Ouest Cameroun, des bouleversements socioculturels et politico-économiques occasionnés et du patrimoine industriel généré. Pour rapprocher cette institution de ses usagers et faire qu’ils se reconnaissent en elle, il sera localement appelé Ngia kāfè qui veut dire en langue yemba “Maison du café”.

- Café

Issu du caféier, le café est une boisson énergisante obtenue à base des graines torréfiées de plusieurs variétés. Il appartient à la famille des Rubiacées et au genre coffea. Il est cultivé exclusivement dans les pays du sud2 et consommé majoritairement dans ceux du Nord. La légende la plus connue par rapport aux origines du café veut qu’un jeune berger du nom de Kaldi ait remarqué l’effet tonifiant de cette plante sur les chèvres qui en avaient consommé. Il se dit que ses chèvres étaient excitées parce qu’elles s'étaient nourries des feuilles et fruits de ces arbustes et son hypothèse fut confirmée lorsque, après avoir mangé

2 Ces régions offrent un climat modérément ensoleillé et pluvieux, avec des températures avoisinant les 32°C.

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même, il se sentit plus tonique et plus agité (Pinard, F. 2007). Le café est à la fois boisson et lieu de détente. Dès le 16ème siècle, de nombreuses “Maisons du café” s’ouvrent au Caire, à Istanbul et à la Mecque. Ce sont des lieux de convivialité où on joue aux échecs et où les individus peu importe leur rang social, s’échangent des idées (Bernardeau M. et als, 2014). Pour Léon-Paul Fargue, le “café est sans doute l’institution la plus solide en France” (Exposition café in Mucem 2016). On dénombre plusieurs variétés de café. Les deux espèces les plus cultivées sont l’Arabica et le Robusta. L’Arabica ne pousse qu’en altitude à partir de 600 m et jusqu’à 2000 m. Il produit des grains longs et larges plutôt plats, au sillon central sinueux, et de couleur parfois bleutée et ne contient que 1 à 1,5% de caféine. L’Arabica développe des arômes acidulés, parfumés, floraux, fruités. Le café robusta quant à lui possède deux fois moins de chromosomes que l’Arabica et ne pousse qu’à basse altitude, entre le niveau de la mer et 5 à 600 m. Il a des grains plus petits, plus trapus, plus arrondis, au sillon central rectiligne. Sa couleur est un vert tirant sur le brun et il contient plus de caféine: entre 2 à 2,5%, et sa boisson est plus corsée, mais aussi plus amère (Barel, 2007).

Image 1 : coupes de la cerise

Source:http://www.hotellerie-restauration.ac-versailles.fr/documents/cafeologie/culture/p5.htm

La cerise de café est alors constituée telle que nous voyons sur l’image d’une peau (épiderme), d’une pulpe mucilagineuse, plus ou moins abondante selon les espèces de café, et d’un noyau formé par deux graines opposées par leur face plate. Chaque graine est entourée d’une enveloppe ligneuse, la parche, et d’une pellicule argentée. A l’interieur de chaque graine, il y’a un embryon.

Imagem

Tableau 1 : Les plantations indigènes à l’aube de la caféiculture
Figure  2 : évolution du nombre de caféiers entre 1928 et 1936 ( Kuété, 2012)
Tableau 2: production caféière de l’UCCAO de 1959 à 1978
Figure  3: Schema première transformation du café voie humide, voie sèche
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Referências

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