RELATIONS
DU PIAN AVEC LA SYPHILIS
Il y a de cela quelques années, j’ai commencé à examiner les conclusions sur les relations du pian et de la syphilis, j’eu l’avantage d’être sans idée préconcue. BientGt j’acquis la certitude que je devais avoir quelques connaissances sur l’agpect du pian, je visitai les iles tropicales de Haïti, Java, et les Philippines (Manille). Je vis un nombre restreint de malades avec le pian (de 300 B 400), la plus grande partie en une seule fois. Toutes les lésions dont j’ai lu la descrip- tion, furent observées, mais il n’y eut qu’un petit nombre de cas de maladies osseuses evidentes. Je fus profondément impressionné par le fait que le pian est seulement un des nombreux problèmes que les médecins tropicaux ont $ affronter, avec la dysenterie, le beriberi, la tuberculose, la variole, la lèpre et parfois la peste et avec le paludisme et les vers toujours en t&e de ligne.
Le pian aigu est tres facile à traiter, quoique les résultats finals ne puissent pas &tre détermines encare. Les indigbnes, ayant constaté les résultata du traite- ment, viennent volontairement à la clinique en grand nombre et y amènent leurs enfants. Il semble que les salles d’autopsies ne recoivent pas de cadavres por- teurs depian aigu. Dans les Tropiques les autopsies ne peuvent &tre faites que dans les hapitaux des grandes villes, oir il est difficile d’exclure la possibilité de la syphilis.
Depuis la monographie de Rat, et même dans les traités antérieurs, le pian et la syphilis ont été compares en maintes fois, les caracteres communs et les différences arranges en colorines parallèles. La plupart de ces points ont été mentionnés dans cet article. Vu mon inexpérience avec le pian et avec les mala- dies dermatologiques en general, j’ai fais probablement quelques erreurs. Dans ce resume je me contenterai de discuter l’anatomie et l’histologie pathologiques.
Les lésions primaires du pian et de la syphilis diffèrent certainement dans leurs caracteres histologiques, ‘suivant le petit nombre d’informations que j’ai obtenues. Des conclusions positives ne peuvent être tirées avant d’avoir plus de données.
Les lésions secondaires de pian aigu diffèrent certainement dans leurs aspects de la plupart des lésions secondaires syphilitiques, quoique la syphilis, dit-on, cause parfois des lksions semblables à celles du pian et vice versa. Histologi- quement les lésions secondaires du pian sont caractérisées par la présence des spirochètes, surtout parmi les cellules épithéliales, par une prolifération marquée de la base de l’épithélium, par le grand nombre de polymorphonucléaires qui pénètrent l’épiderme, et par l’altération légère des vaisseaux sanguins. Ainsi les papules pianiques diffèrent de la plupart des lésions syphilitiques, mais rare- ment les condylomes, et quelques lésions de syphilis cutanée peuvent avoir un aspect semblable au pian.
Les ulceres tertiaires du pian et ceux de la syphilis présentent une telle ressem- blanoe qu’un diagnostic différentiel est fréquemment impossible. Il m’a semblé que dans les tropiques, certaines lésions similaires sont étiquetées syphilis dans les villes et pian à la campagne. D’après les informations obtenues les différences histologiques ne sont pas assez marquées pour être décisives dans beaucoup sinon dans la plupart des cas. Cependant, avant de conclure définitivement, il est nécessaire de faire d’autres études.
[Julio 19361 HEDJAZ
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Les preuves qui ont été présentées pour montrer que les anévrismes de I’aorte sont causés par le pian me paraissent peu convaincantes. 11 est probable que les viscères internes ne sont pas atteints dans le pian, mais cela manque de preuves post-mortem.
Des travaux tant cliniques qu’expérimentaux, indiquent qu’une atteinte de pian confère une immunité considérable centre une seconde infection. Les ob- servations cliniques et les expériences de laboratoire suggèrent aussi qu’un certain degré d’immunité croisée entre la syphilis et le pian peut être produit, mais les conclusions sont quelque peu contradictoires. Probablement les contradictions, observées dans les expériences sur les animaux, peuvent &re le résultat de I’em- ploi d’agents infectieux ayant différents degrés de virulence ou du fait que les épreuves d’immunité furent faites plus tardivement dans certaines expériences que dans d’autres. Plus de recherches sont nécessaires et, à mon avis, plutôt sur des singes et dans des pays, tropicaux.
Les opinions sur les rapports du pian et de la syphilis diffèrent considérable- ment. Le pian a été appelé syphilis des tropiques et syphilis de l%ge de pierre. Le pian et la syphilis ont été considérés comme frère et smur, même comme jumeaux. Castellani les regarde comme deux infections essentiellement distinc- tes, comme la tuberculose et la lepre. Butler croit que le pian est la syphilis. Une théorie ingénieuse a été émise récemment par Essed dans une monographie : La syphilis est une vieille maladie de l’Europe, le pian fut importé d’dmérique en Europe par les matelots de Colomb, apparemment il a disparu de 1’Europe et y a reparu sous divers noms, certaine syphilis endémique est réellement le pian. Il y a plus de 40 ans, Hutchinson a constaté que les médicins tropicaux consi- dèrent le pian et la syphilis comme des maladies différentes. J’ai discuté la question avec près de 50 médicins des iles déja nommées, et autant que je me rap- pelle presque tous sans exception reconnaissent des différences entre le pian et la syphilis; un petit nombre seulement fut réticent.
Apparemment personne n’a rapporté avoir co\nstaté actuellement la trans- formation du pian en syphilis ou de la syphilis en pian. Il est difficile d’obtenir cette preuve excepté dans les laboratoires. La syphilis endémique, observée par von During Pasha en Asie Mineure parmi une population ordinairement dégénérée ressemble au pian par certains caracteres, mais ressemblance ne cons- titue pas identitá. Il y a des preuves en quantité pour démontrer que les Nègres dans les tropiques peuvent avoir la syphilis de la manière habituelle (van den Branden et Dubois), sauf le tabes et la paralysie générale qui, dit-on, sont ordi- nairement rares. Probablement tout le monde admettra que les spirochètes du pian et de la syphilis eurent, à l’origine, le même spirochéte comme ancktre. Les preuves disponibles me donnent l’impression que le spirochète soit du pian soit de la syphilis a subi une transformation fonctionnelle mais pas morphologique ches certain hbte humain, donnant naissance à l’autre infection. La ressem- blance entre les deux maladies indique que la nouvelle infection a évolué de l’ancienne en des temps comparativement récents. (Williams, H. U.: Bull. Serv. Hyg. & Assist. Pub. (Haiti), 29, mars 1936.)