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1.3) Évolution de la rétention à très long terme…

No documento post-natal, étude chez le raton (páginas 144-147)

Article 4 Forgetting resistance increase during post-natal development

II. 1.3) Évolution de la rétention à très long terme…

La rétention à très long terme de la mémoire de la CTA apparaît brusquement entre P12 et P15. Ce qui est impressionnant, c’est la rétention de l’aversion 1 an après le conditionnement à P15 et à P18 : la CTA résiste à l’oubli. Chez l’adulte, il est couramment admis que la CTA est un apprentissage robuste qui peut être retenu des semaines, des mois et même des années. Mais en réalité peu d’études ont analysé la rétention de la CTA à très long terme : 2/3 mois (Martin & Timmins, 1980; Matsuzawa et al., 1983; Burritt & Provenza, 1990), et 6 mois (Houpt et al., 1996). Notre étude est donc la première démonstration d’une rétention de la CTA à un délai de 1 an. Ce résultat est d’autant plus spectaculaire que le conditionnement a été réalisé chez des rats avant le sevrage (P15, P18), et que la mémoire est exprimée dans des conditions de test (pipettes remplies d’eau à la pêche présentées dans une cage) qui sont différentes de celles du conditionnement (tétine remplie de lait à la pêche présentée à la main).

L’observation d’un changement abrupt en rétention est assez rare dans la littérature.

En effet, la plupart des études sur l’amnésie infantile sont réalisées chez des ratons entre P20 et P40, et montrent une évolution graduelle de la rétention à long terme. Dans notre cas, malgré des performances de rétention de CTA identiques entre P15 et P18 (article 4), il est cependant possible que la rétention à long terme puisse encore un peu évoluer après le sevrage : la rétention de l’aversion est plus faible chez des jeunes sevrés (P18-23) que chez des rats plus âgés (Steinert et al., 1980; Schweitzer & Green, 1982; Guanowsky et al., 1983).

Ce changement drastique de la rétention ne semble pas être spécifique à la CTA, puiqu’une disparition abrupte de l’oubli a été observée entre P14-16 et P17-19 dans une tâche de peur conditionnée (Coulter et al., 1976). Cette apparition de la rétention à très long terme chez les ratons vers P15 (entre P12 et P15 pour la CTA, entre P14-16 et P17-19 pour le conditionnement de peur) rappelle fortement la perte abrupte des souvenirs qui caractérise l’amnésie infantile chez l’humain. Coulter a donc proposé que le rapide oubli avant P12 correspond à de l’amnésie infantile, comme elle est décrite chez le jeune enfant de moins de 3 ans (Coulter, 1979).

II.2) Implication de la mémoire dans l’adaptation au changement de l’environnement

Les nouveau-nés sont capables d’apprendre une aversion conditionnée vis-à-vis d’un goût nouveau dans un contexte de tétée. Cet apprentissage pourrait paraître sans valeur adaptative par le fait que le raton va refuser de se nourrir, entraînant ainsi sa mort. Dans des conditions naturelles, les ratons seraient capables d’apprendre une aversion par rapport à un nouveau stimulus issu de l’alimentation de la mère. Il est fort probable que la mère, ayant perçue le même stimulus, établisse également une aversion gustative. Dans le cas où la

substance toxique (ex : atropine) est sans effet aversif sur la mère elle-même, mais induit un malaise chez ses ratons, la mère est capable d’apprendre une aversion vis-à-vis d’une substance qu’elle a ingéré avant le malaise de leurs petits, via des indices olfactifs présents dans l’urine et les fécès des ratons (Gemberling, 1984). Suite à l’acquisition directe ou indirecte (via ses petits) de l’aversion, la mère n’ingérera plus l’aliment toxique, et les ratons ne seront pas resoumis à cet aliment tant qu’ils dépendront de leur mère pour la nutrition. La rétention de la CTA ne semble donc pas primordiale durant la période de lactation. En accord avec cette idée, l’oubli rapide de la CTA formée avant P12 (article 4) peut être envisagé comme une statégie adaptative : les informations inutiles sont éliminées du répertoire (Rovee-Collier & Cuevas, 2009).

La rétention à long terme de la CTA apparaît vers P15, or c’est justement à cet âge que les ratons commencent à changer d’alimentation : ils goûtent à la nourriture solide. À partir de 15 jours post-natals, les ratons peuvent ingérer des aliments variés dont certains peuvent être toxiques. Mais une fois qu’ils ont appris qu’un aliment est dangereux, ils sont capables d’adapter leur comportement afin de sélectionner une nourriture saine. Il semble donc que la capacité à retenir à long terme apparaisse à un âge déterminant d’un point de vue éthologique.

De même, lorsque les réponses comportementales s’inversent avec l’âge, elles semblent être relativement adaptées aux conditions de vie du nouveau-né. La réponse paradoxale d’approche avant P10 lors du conditionnement « odeur-choc » serait liée au fait que le choc rappelle les stimulations de la mère (piétinement, prise par la nuque, morsure…) (Sullivan et al., 2000a). Nous avons montré que cette réponse d’approche s’inverse en réponse d’évitement (article 3); ainsi la réponse comportementale est en accord avec l’âge du test et non avec celui du conditionnement. Plusieurs travaux ont mis en évidence une réponse comportementale en rapport avec l’âge du test (Johanson & Hall, 1984; Weihmuller

& Collier, 1990; Hartshorn, 2003). Cependant les études de Rick Richardson suggérent le contraire : la présentation du SC 24 heures après un conditionnement de peur à P16 entraîne une variété de réponses comportementales : évitement, immobilité, mais pas de réponses de sursaut. Lors d’un test de rétention à P23, âge où le raton peut apprendre une réponse de sursaut, les ratons conditionnés à P16 expriment leur peur par les mêmes types de réponses qu’à P17, suggérant que l’expression de la peur conditionnée est appropriée à l’âge de l’apprentissage, mais pas à celui du test (Richardson et al., 2000; Richardson &

Fan, 2002). L’expression comportementale d’un souvenir semble donc varier en fonction des tâches, des conditions de rétention et des index de rétention.

conditions environnementales du fait du gain en autonomie: inversion de la mémoire vers P10 lors du conditionnement « odeur-choc » d’une part et rétention à très long terme de la CTA entre P12 et P15 d’autre part.

II.3) Évolution de la mémoire : ontogénèse et vieillissement

Les modifications de la mémoire ne semblent pas être spécifiques de la période post- natale. Qu’il s’agisse de la dynamique de la stabilisation ou de la rétention à long terme, la mémoire semble évoluer de manière symétrique au cours du développement post-natal et au cours du vieillissement. Cette similitude entre l’ontogenèse et la sénescence rappelle la loi de l’évolution-dissolution de Jackson, postulant que les fonctions neuronales qui apparaissent les premières dans l’évolution sont aussi celles qui apparaissent en premier au cours du développement et qui disparaissent en dernier au cours du vieillissement (Jackson, 1884). Par exemple, au cours du vieillissement, les fonctions sensorielles déclinent dans l’ordre inverse de leur apparition : l’olfaction et la sensibilité thermique, qui apparaissent en premier, sont plus résistantes à la sénescence que l’audition et la vision.

La cinétique de la consolidation se raccourcit au cours du développement post-natal, mais elle semble évoluer symétriquement au cours du vieillissement. En effet, la cinétique de la consolidation d’un évitement est prolongée chez les rats agés (20 mois) et chez des souris agés (14-15 mois) respectivement par rapport à des rats de 4, 9 et 12 mois et des souris de 2-3 et 6-7 mois (Doty & Doty, 1964; Davis et al., 1981). Il semble donc que la dynamique temporelle des processus mnésiques se raccourcit au cours de la croissance puis se rallonge au cours du vieillissement. Cette similitude ne permet cependant pas d’affirmer que l’évolution de ces cinétiques implique les mêmes processus.

Des similitudes dans les décours de l’oubli ont été observées entre le jeune et le vieux rat : aux deux âges, l’évitement passif est retenu moins de 10 jours, alors qu’un rat d’âge intermédiaire présente une bonne rétention pendant plus de 30 jours (cité par Campbell et al., 1984). Néanmoins, à l’inverse de l’oubli observé chez le raton de moins de 12 jours (article 4), la CTA semble hautement résistante à l’oubli chez le rat âgé (15-16 mois et 18-19 mois) (Ingram & Peacock, 1980; Guanowsky et al., 1983), suggérant une différence de dynamique de rétention à long terme entre le nouveau-né et l’individu âgé. Il semble donc qu’une similitude entre le jeune et le vieux rat soit observable pour des apprentissages apparaissant assez tardivement, au-delà de P12 (évitement passif, apprentissage spatial - piscine de Morris ou labyrinthe radial), mais pas pour des tâches qui peuvent être acquises très précocement (ex : aversion gustative conditionnée).

La comparaison du développement et de la dissolution de la mémoire suggère d’une part une symétrie des cinétiques de consolidation et d’autre part une symétrie de la résistance à l’oubli (mais pour certaines tâches seulement).

No documento post-natal, étude chez le raton (páginas 144-147)