3.2 R´eduction `a un mode : un oscillateur de Van der Pol
3.2.2 Approche de la solution au seuil d’oscillation
La m´ethode des ´echelles multiples peut ˆetre utilis´ee pour approcher la solution suite `a la bifurcation du point fixe [63]. L’id´ee de la m´ethode est de rectifier les d´efauts de synchro- nisation entre l’oscillateur lin´eaire et l’oscillateur non-lin´eaire en supposant les param`etres de la solution lin´eaire comme fonctions de plusieurs variables (ou ´echelles) ; la subtilit´e consiste `a ´eliminer les termes s´eculaires, termes for¸cants `a la pulsation ω de l’oscillateur qui engendreraient des solutions non-p´eriodiques et non-born´ees [57,78].
D´efinissant plusieurs ´echelles de temps `a l’aide d’un petit param`etre ² introduit artifi- ciellement4
Ti=²it ;i≥0,
on cherche une ´ecriture de la solution sous la forme d’un d´eveloppement
p(t) =peq+² p1(T0,T1,T2) +²2p2(T0,T1,T2). . . (3.20) o`u peq = 0 est le point d’´equilibre. Nous nous limitons ici au premier ordre en². On note que pour une description pr´ecise de la solution, il conviendrait de prendre en compte aussi l’´evolution de la pulsation au cours du temps : on ´ecrirait alorsω=ω1+² ω2(T0,T1,T2)+. . .).
Nous nous contentons de l’approche pour laquelle ω est suppos´ee constante (ω =ω1).
Suite au changement d’´echelles, les d´eriv´ees temporelles deviennent
∂t=D0+²D1+²2D2+· · · ,
∂tt2 =D20+ 2²D0D1+²2(D21+ 2D0D2) +· · · (3.21) o`u les op´erateurs Di correspondent `a Di = ∂/∂Ti. Au regard de (3.14), il apparaˆıt que ce sont les termes cubiques p2p˙ qui vont modifier la dynamique du syst`eme puisque des termes de fr´equenceω1 et 3ω1leur sont associ´es. En cons´equence, l’influence du param`etre de contrˆole µ = Y −A et du terme non-lin´eaire C n’apparaˆıt qu’`a l’ordre O(²3) ce qui conduit `a poser en utilisant le param`etre ²
µ=²2µ2, (3.22)
Effectuant les changements de variables et injectant la solution d´evelopp´ee dans l’´equation (3.14) puis identifiant les puissances en², il vient:
ordre O(²)
D02p1+ ω21p1 = 0, (3.23)
4. On verra que le param`etre²permet de commander l’arriv´ee des termes non-lin´eaires dans les calculs.
A la fin des calculs, on pose²= 1 [64].
ordre O(²2)
D20p2+ ω12p2 =−2D0D1p1+4c
` B p1D0p1, (3.24) ordre O(²3)
D02p3+ ω21p3 =−2D0D1p2−2c
` µ2D0p1−2D2D0p1−D21p1+ 4c
` B[p1(D0p2+D1p1) +p2D0p1] +6c
` C p21D0p1. (3.25) La solution de (3.23) s’´ecrit simplement
p1=a1(T1,T2)ej ω1t+c.c, (3.26) o`u c.c d´esigne le complexe conjugu´e du terme pr´ec´edent et o`u le terme d’amplitude a1(T1,T2) sera d´etermin´e ult´erieurement. Introduisant cette solution dans (3.24), des termes de pulsationω1apparaissent dans le terme de droite. Lacondition de solvabilit´equi consiste
`a annuler les termes for¸cants r´esonnants [57], s’´ecrit:
D1a1(T1,T2) = 0, (3.27)
ou encore
a1 =a1(T2). (3.28)
Compte tenu de (3.28), la solution de (3.24) s’´ecrit p2 =
·
a2(T1,T2)ej ω1t−j 4c
3ω1`B a21(T2)ej2ω1t
¸
+c.c, (3.29)
qui fait appraˆıtre le lien d´ej`a ´evoqu´e, entre le termeBet la g´en´eration d’harmoniques pairs.
Le report des solutions (3.26) et (3.29) dans (3.25) conduit `a la condition de solvabilit´e suivante pour l’ordreO(²3)
−j
·2c
` µ2a1− 6c
` C a21a1+ 2a01
¸ + 8c
3ω1`B2a21a1 = 0, (3.30) o`ua1 d´esigne le complexe conjugu´e dea1 et0 d´esigne maintenant la d´erivation par rapport
`a T2. Notant a1(T2) = 12ρ(T2)ejθ(T2) o`u ρ et θ sont r´eels (a1 est suppos´e sinuso¨ıdal) et imposant²= 1 (µ2 devientµ), l’identification des parties r´eelles et imaginaires de (3.30) donne un syst`eme dynamique gouvernant l’amplitude complexe de la solution `a l’ordre O(²)apr`es la bifurcation. Il vient :
˙ ρ=−c
`ρ(µ−3
4Cρ2), (3.31)
θ˙=− c
3ω1`B2ρ2. (3.32)
Solution en r´egime permanent
Pour C6= 0, l’´equation (3.31) poss`ede 3 points fixes : ρP F = 0, ρP F =−2
r µ
3C, et, ρP F = +2 r µ
3C . (3.33)
Pour µ < 0, le point fixe ρP F = 0 est instable tandis que les deux autres points fixes sont respectivement stables sous la condition C < 0 et instables sinon, les bifurcations correspondantes ´etant qualif´ees de directe et inverse. Pour qu’un r´egime permanent stable soit ´etabli, le mod`ele `a un mode confirme deux r´esultats publi´es dans [39] : la n´ecessit´e du terme C dans le d´eveloppement de la fonction non-lin´eaire et C <0. Pour les solutions non triviales, ρP F 6= 0, la correction pour la fr´equence de l’oscillation est donn´ee par
θ=− c
3ω1`B2(ρP F)2t +θ0. (3.34) o`u θ0 est une constante. En d´efinitive, une approximation du signal de pression en r´egime permanent est
p(t) =A cos(ωmt+θ0), (3.35) avec
A= 2
rY −A
3C , (3.36)
ωm=ω1
·
1− 4c
9`ω12B2Y −A C
¸
. (3.37)
A l’ordre O(²) c’est-`a-dire pour des valeurs du param`etre de contrˆole proche de z´ero, les oscillations sont sinuso¨ıdales, la fr´equence d’oscillations ´etant tr`es l´eg`erement inf´erieure
`a la fr´equence c/4`. L’amplitude de l’harmonique P1 en r´egime permanent est identique
`a celle donn´ee dans [39, 53], le facteur deux venant du fait que l’on donne ici l’ampli- tude r´eelle. Le r´esultat (3.36) fait apparaˆıtre un ph´enom`ene typiquement non-lin´eaire : la d´ependance en amplitude de la solution. Revenant sur le d´eveloppement (3.20), la solution
`a l’ordre O(²2) illustre l’autre caract´eristique des ph´enom`enes non-lin´eaires : la distortion non-lin´eaire. Des termes de pulsation 2ω1 apparaissent dans la solution et la forme des oscillations pourra fortement s’´eloigner de celle d’une sinuso¨ıde.
Solution en r´egime transitoire
Une fois connu le comportement du syst`eme en r´egime permanent, on s’int´eresse `a l’´evolution du syst`eme depuis le point de bifurcation jusqu’au r´egime permanent en int´egrant les
´equations (3.31) et (3.32).
La r´esolution de (3.31) se fait par la m´ethode des variables s´epar´ees. On a µ < 0 et
|ρ| < 2p
(Y −A)/3C. La s´eparation des variables ρ et t dans (3.31) puis le calcul de la primitive de chaque membre de l’´equation conduit `a l’expression de ρ(t) pendant le transitoire d’attaque donn´ee par
ρ2(t) = 4(Y −A) 3C
e−2c`(Y−A)t+2K1
1 +e−2c`(Y−A)t+2K1 , (3.38) o`u K1 est une constante donn´ee par les conditions initiales et C 6= 0. Supposant qu’`a l’instant initial ρ(t0 = 0) =ρ0 6= 0, l’amplitude de p(t) est finalement donn´ee par
A(t) = 2
rY −A 3C
r 1 1 +
³4(Y−A) 3Cρ20 −1
´
e2c`(Y−A)t
, (3.39)
qui, pourt→ ∞, est identique `a (3.36).
La correction `a la fr´equence d’oscillation pendant le r´egime transitoire est obtenue par int´egration par rapport au temps de (3.32) ce qui m`ene `a
θ(t) =−2 9
B2 ω1C
½2c
` (Y −A)t−ln
· 1 +
µ4(Y −A) 3Cρ20 −1
¶
e2c(Y−A)t/`
¸¾
+K2, (3.40) o`uK2 est une constante d´etermin´ee avec les conditions initiales. Supposant qu’`a l’instant initialθ(t0 = 0) =θ0, il vient pour la correction de la fr´equence en r´egime transitoire
θ(t) =−2 9
B2 ω1C
½2c
` (Y −A)t−ln
· 3Cρ20 4(Y −A) +
µ
1− 3Cρ20 4(Y −A)
¶
e2c`(Y−A)t
¸¾ +θ0.
(3.41) La pr´esence de la non-lin´earit´e entraˆıne avec l’accroissement de l’amplitude de l’oscillation, une variation de la fr´equence d’oscillations du syst`eme. La modification de la fr´equence est ici tr`es faible (inf´erieur au dixi`eme de cent pour (ζ = 0,35,γ = 0,42,η = 0,0228) et la validit´e de (3.41) est limit´ee puisque l’effet des termes non-lin´eaires sur la p´eriode n’a pas ´et´e correctement pris en compte dans les d´eveloppements pr´ec´edents (il aurait fallu
´ecrireω =ω1+² ω2(T0,T1,T2) +. . .). Enfin, on note que le fait d’imposer pour conditions initialesρ0 =ρP F redonnent (3.36) et (3.37).