ÉTUDE THÉORIQUE ET EXPÉRIMENTALE DE LA GÉNÉRATION HARMONIQUE ACOUSTIQUE DANS LE MOLYBDATE DE PLOMB
R. TORGUET
Laboratoire Central de Recherches
Thomson-CSF, 91, Orsay
E. BRIDOUX
Laboratoire
d’Ultrasons,
CentreUniversitaire, 59,
Valenciennes(Reçu
le5 juin 1972,
révisé le 28juillet 1972)
Résumé. 2014 En utilisant la théorie non linéaire de
l’élasticité,
nous avons calculé lesampli-
tudes des
harmoniques qui
prennent naissance dans un cristal demolybdate
deplomb
lors de lapropagation
d’ondes ultrasonoresd’amplitude
finie. Grâce auxpropriétés acousto-optiques
remar-quables
dumolybdate
deplomb,
nous avons pu visualiser directement les effets non linéaires.Un montage
optique superhétérodyne a permis
de détecter despuissances
de l’ordre du nanowatt et de mesurer avecprécision
la constante decouplage
r = 3 +C333/C33.
Abstract. 2014 Using non-linear
elasticity theory,
calculations of theamplitudes
of harmonicsgenerated
in a leadmolybdate crystal by
finiteamplitude
ultrasonic waves have been made. Due to excellentacousto-optical properties
of leadmolybdate,
we havedirectly
vizualized non-linear effects. Anoptical heterodyne
method has allowed detection of nanowatt acoustic power levels and the accurate determination of thecoupling
constant r = 3 +C333/C33.
Classification
Physics Abstracts 16.80, 18.10
1. Introduction. - L’interaction de la lumière avec
les ondes
acoustiques
de hautefréquence
est unphéno-
mène
important
par ses nombreusesapplications
danstous les
systèmes
de communicationoptique
et detraitement de l’information utilisant des lasers
[1]-[5].
Parallèlement au
développement
de cestechniques,
des études
systématiques
ont été faites pour sélec- tionner les matériauxayant
les meilleuresperfor-
mances
requises (rendement acousto-optique élevé,
faible
perte acoustique,
stabilité entempérature, etc.) [6]-[9].
Lemolybdate
deplomb PbMo04
est actuelle-ment le matériau le
plus
utilisé dans lesapplications optiques, [10]
à cause de son facteur de mérite acousto-optique élevé,
et de ses faiblespertes acoustiques
etoptiques.
De
plus,
il n’est pas soluble dansl’eau,
cequi explique
son
avantage
parrapport
à l’acidealpha-iodique (a-HI03) qui
a un facteur de méritecomparable [11].
L’utilisation de transducteurs de niobate de lithium
LiNb03
à fort coefficient decouplage
électroméca-nique permet
d’obtenir despuissances acoustiques
élevées. Avec une
puissance hyperfréquence
d’entréede
2,5
W sur le déflecteur utilisé dans cetteétude,
lapuissance acoustique
estégale
à 1 W etpratique-
ment 100
%
de la lumière incidente est déviée. Pour des ondesacoustiques
de densité depuissance
del’ordre de 10
W/cm2,
la loi de Hooke n’estplus
vala-ble
[12].
Les anharmonicités du réseau cristallin déforment les ondesacoustiques d’amplitude
finie aucours de leur
propagation
et il y a transfert d’unepartie
REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE. - T. 7, N° 4, DÉCEMBRE 1972
de
l’énergie
de l’onde fondamentale à ses harmoni- ques[13]-[16].
Ces effets non linéaires
peuvent
êtreexpliqués mathématiquement
en introduisant les constantesélastiques
du troisième ordre dansl’équation
dumouvement
[17].
Nous établirons d’abord dans le casdu
PbMo04 les équations couplées
entre lesamplitudes
des différents
harmoniques.
En utilisant les tech-niques
du calculnumérique,
nous avons obtenu la variationamplitudes
en fonction de la distance par-courue dans le cristal.
Nous avons utilisé une sonde
optique
pour détecter les différentesharmoniques.
Il suflît de faire varierl’angle
d’incidence d’un faisceau laser sur lesplans
d’onde
acoustique
et de translater le cristal par rap-port
au laser et auphotodétecteur qui
restent fixespour étudier la variation de la
puissance transportée
par,
chaque harmonique
au cours de leurpropagation
dans le cristal
[18].
Cette méthode al’avantage
d’éviterla mesure de la
perte
de conversionélectromécanique
d’un
système
détecteur àchaque fréquence,
lapuis-
sance lumineuse diffractée étant
indépendante
de lafréquence acoustique.
Nous avons cherché à mettre au
point
unetechnique
de mesure
permettant
de mesurer avecprécision
laçonstante
decouplage qui
caractérise les non-linéa- ritésacoustiques
duPbMo04. L’appareillage
réaliséau cours de ce travail nous a
permis
de détecter despuissances acoustiques
de l’ordre dunanowatt
et de visualiser les ondesharmoniques.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0197200704029100
II. Etude
théorique
de lagénération harmonique
d’ondes
acoustiques.
- A.EQUATION
NON LINÉAIREDU MOUVEMENT. - Les
équations générales
de propa-gation
des ondesacoustiques d’amplitude
finie dans les solides ont été écrites par Thurston[19].
Dans cetravail,
nous utiliserons les coordonnéeslagrangiennes.
La
position
instantanée dechaque
atome du cristalest
exprimée
en fonction de saposition
initiale dans le cristal enéquilibre.
Toutegrandeur physique dépen-
dant du mouvement des atomes du cristal est fonction du
temps
et de laposition
initiale des atomes. Si les(aj)
sont les coordonnées des atomes à l’état
d’équilibre,
les
positions
instantanées(xj)
des atomes dans lecristal déformé sont fonction des
(aj)
et dutemps.
Ilen est de même pour le vecteur
déplacement
u définipar la relation :
La déformation en
chaque point
du cristals’exprime
à l’aide du tenseur des déformations dont les compo- santes 11 ij sont définies de la
façon
suivante :Thurston
[19]
introduit une tensionthermodyna- mique tij
définie par :où U est
l’énergie
libreisentropique
du cristal. Pour des cristaux nonpiézo-électriques
soumis à des défor- mationsélastiques, l’énergie
librepeut
êtredéveloppée
par
rapport
aux variablesélastiques
11ij. Si cedévelop- pement
est limité au troisièmeordre,
nous obtenons :où
Cijkl, Cijklmn
sontrespectivement
les constantesélastiques
du second et du troisièmeordre,
et la tensionthermodynamique peut
s’écrire :En
remplaçant
la tensionthermodynamique
parl’expression précédente
dansl’équation générale
depropagation
obtenue par Thurston[19] :
où po est la masse
volumique
dans l’état nondéformé,
nous obtenons
l’équation
non linéaire du mouve-ment
[20]
:’Cette
équation
du mouvement sesimplifie
dans lecas de la
propagation
suivant des axesprincipaux qui correspondent
à des modesacoustiques
purs. Pour les ondesacoustiques longitudinales
sepropageant
sui-vant la direction
(0, 0, 1)
dumolybdate
deplomb,
cristal
tétragonal appartenant
à la classe4/m,
nousobtenons à
partir
des constantesélastiques
non nullesdu second et du troisième ordre déterminées par
Brugger [21] ]
pour toutes les classescristallogra- phiques :
où :
avec
(étant
la vitesse des ondesacoustiques) , (constante
decouplage) .
Dans le
premier
membre del’éq. (9),
nous retrou-vons
l’équation
linéaire du mouvement obtenue enlimitant au second ordre le
développement
del’énergie
libre du cristal.
B.
EQUATIONS
COUPLÉES. - Nous nous limiterons dans cette étude à lagénération
desquatre premiers harmoniques
et nous pouvons donc écrire ledépla-
cement U3 sous la forme :
avec
Les amplitudes Pn(a3) et Qn(a3) ne peuvent
pas être considérées comme constantes à cause de l’existence de termes non linéaires dans le second membre del’éq. (9).
Nous supposonsqu’elles
sont des fonctions lentement variables de la coordonnée a3 de sorte que :En
remplaçant
U3 parl’expression (10)
dansl’équa-
tion du mouvement
(9)
et en tenantcompte
deshypothèses précédentes,
nous obtenonsl’expression
del’équation
depropagation :
-En identifiant les termes de même
fréquence
et de mêmephase,
nous obtenons leséquations couplées
suivantes :Pour
simplifier
lescalculs,
choisissons laphase
dufondamental de
façon
queP1(a3)
= 0. Leséquations précédentes
montrent que :le
déplacement
u3peut
donc s’écrire :Cette relation montre que si la
phase
de référence est choisie defaçon
telle que le fondamental soit unsinus,
tous lesharmoniques pairs
sont en cosinus ettous les
harmoniques impairs
sont en sinus. Cettepropriété
est uneconséquence
de l’absence de dis-persion.
Nous avons
supposé jusqu’ici
que l’ondeaçoustique
se
propageait
dans un milieu sanspertes.
Endésignant
par a l’atténuation de l’onde à la
fréquence
fonda-mentale,
l’atténuation del’harmonique n
seraégale à n2
apuisque
dansles
isolants l’atténuation variecomme le carré de la
fréquence.
Enposant :
nous obtenons finalement le
système d’équations couplées :
Dans le cas
général,
cesystème d’équations
diffé-rentielles ne
peut
être résolu que par calculnumérique
en
imposant
les conditions initiales(à
a3 =0) :
La valeur
A(o)
est définie àpartir
de lapuissance
del’onde
acoustique
fondamentale au niveau du trans- ducteur par la relation :W et e étant
respectivement
lalargeur
et la hauteur du transducteur.La
technique
de calcul sur ordinateur nous apermis
d’obtenir directement les courbes de variation des
puissances acoustiques
aux différentesfréquences
har-moniques
en fonction de la distance parcourue dans lecristal en
prenant
commeparamètre
lapuissance acoustique
fondamentale. La valeur de la constante 0393peut
être trouvée à l’aide d’une solutionapprochée
valable au début de la
propagation
de l’onde dans le cristal et par des faiblespuissances acoustiques.
C. SOLUTION APPROCHÉE. - Considérons mainte- nant le début de la
propagation
du cristal dans le casoù l’onde fondamentale
transporte
unepuissance
rela-tivement faible. Le transfert
d’énergie
entre l’ondefondamentale et les différents
harmoniques
restealors très faible
(D
~C ~
B ~A)
et dans le cas d’unmilieu avec faibles
pertes,
nous pouvonsnégliger
l’atté-nuation et supposer que
l’amplitude
de l’onde fonda- mentale reste constante. Avec ceshypothèses,
nousobtenons en
intégrant
lesystème (16) :
En
exprimant
lapuissance acoustique
dechaque harmonique
en fonction de lapuissance acoustique
fondamentale à l’aide des relations
(17)
et(18),
nousobtenons les
propriétés
suivantesqui permettront d’interpréter
les résultatsexpérimentaux :
- la
puissance
du secondharmonique
est propor- tionnelle au carré de la distance parcourue dans lecristal,
au carré de lapuissance
fondamentale et aucarré de la
fréquence fondamentale,
- la
puissance
du troisièmeharmonique
est pro-portionnelle
au cube de lapuissance
fondamentale et à lapuissance quatrième
de lafréquence
fondamentale et de la distance parcourue dans lecristal,
- la
puissance
duquatrième harmonique
est pro-portionnelle
à lapuissance quatrième
de lapuissance
fondamentale et à la
puissance
sixième de lafréquence
fondamentale et de la distance parcourue dans le cristal.
Ces résultats ne sont valables que pour des faibles
puissances acoustiques
etqu’au
début de la propa-gation. Néanmoins,
ilspermettent
de déterminer la valeur de la constante decouplage
17. Nous montre-rons en
particulier qu’il
estpossible
d’obtenir direc- tement la valeur de T àpartir
durapport
de lapuissance acoustique
du secondharmonique
et dela
puissance acoustique
fondamentale mesurées aumême
point
dans le cristal et à faible niveau.III. Etude
expérimentale.
- A. PRINCIPE DE LAMÉTHODE UTILISÉE. - Dans tout ce
travail,
nous avonsutilisé la diffraction de la lumière dans le
régime
deBragg
par les ondesacoustiques [22] [23]
afin d’étu-dier leur
propagation
en unpoint quelconque
ducristal. Le
principe
de la méthode est décrit à lafigure
1.FIG. 1. - Principe de la méthode de détection des harmoniques
ultrasonores par effet photo-élastique.
En faisant varier
l’angle
d’incidence du faisceau lumi-neux sur les
plans
d’ondeacoustique,
nous obtenonsune
analyse harmonique
de la déformationqui
sepropage dans le cristal. En
effet,
si l’ondeacoustique
fondamentale de
fréquence f
est détectée par unangle
de
Bragg 03B8B(f)
défini par :03BB étant la
longueur
de lalumière, A
lalongueur
d’ondeacoustique, l’harmonique n
de l’onde fondamentalesera détectée pour un
angle
deBragg 03B8B(nf)
défini par :et pour les
angles petits :
En
déplaçant
le cristalparallèlement
à l’axe de propa-gation
de l’ondeacoustique,
nous pouvons mesurer la variation de lapuissance
dechaque harmonique
enfonction de la distance de
propagation.
Eneffet,
lerapport
de l’intensité lumineuse diffractéeIdiffr
parune onde
acoustique
depuissance Pac
et de l’intensité lumineuse incidenteIo
estégal
à :[24]
où W et e sont
respectivement
lalargeur
et la hauteurdu faisceau
acoustique, ko
est le vecteur d’ondelumineux, n
l’indiceoptique
ducristal, p
la constantephoto-élastique
mise enjeu
dans l’interaction acousto-optique.
Cette relation montre que l’intensité lumineuse diffractée est directement reliée à la
puissance
acous-tique
de l’onde détectée et estindépendante
de safréquence.
La sondeoptique
utiliséepermet
doncde,
mesurer directement les
puissances
relatives des har-moniques
de l’ondeacoustique
fondamentale enchaque point
du cristal et évite enparticulier
le pro- blème délicat ducalibrage
des transducteursqui
seraient utilisés comme
récepteurs.
Cette méthode
permet
en outre de mesurer direc-tement la constante de
couplage
T. Eneffet,
pour de faiblespuissances acoustiques,
la relation(22)
devient :En
remplaçant Pac
parl’expression (17),
nous obtenonsl’intensité
lumineuse diffractée par l’onde fonda-mentale :
et par le second
harmonique :
Les
expressions (24a)
et(24b) permettent
de trouver lerapport B/A2 :
Ce
rapport B/A2
est relié à la constante decouplage 7"
par la relation
(18a) qui peut s’écrire,
en tenantcompte
de l’atténuation dans le cristal :Nous
obtenons,
àpartir
de(25)
et(26),
la relation suivante :Cette relation montre que la constante de cou-
plage
Fpeut
être déterminée enmesurant
les deuxrapports 1110
etI2/I1 au
mêmepoint (a3)
du cristalet à faible niveau de
puissance acoustique.
B. MÉTHODES DE MESURE. - Il est assez difficile de
mesurer le coefficient 17 à très faible niveau à cause de la très
grande dynamique
dessignaux
à détecter. Leproblème
est encorecompliqué
par le trèsgrand
coef-ficient de
couplage opto-élastique
demolybdate
deplomb.
Pouraugmenter
laprécision
des mesures,nous avons été amenés à utiliser
plusieurs montages expérimentaux
décrits dans ceparagraphe.
Il est d’abord nécessaire de contrôler
soigneusement l’homogénéité
du faisceauacoustique. Lorsque
lecouplage photo-élastique
estfaible,
lechamp
élec-trique El
du faisceauoptique
diffracté est de laforme
[24].
où y
est un facteur constant et AK unequantité
pro-portionnelle
à la différence entrel’angle
deBragg
etl’angle
d’incidence. Dans les conditions idéales d’in- teraction :Pour l’onde
fondamentale, Ae(x)/e
estproportionnel
à P(x)
oùP(x)
est ladensité
depuissance acoustique :
Pour la seconde
harmonique, 039403B5(x)/03B5
n’estplus
propor- tionnel à-J P(x)
mais àf (P(x)) où f
est une fonc-
tion voisine de la fonction u -0--+
U2
et lechamp
élec-trique
du faisceauoptique
diffracté est de la forme :Pour que les formules
(22)
et(26)
soientvalables,
ilest donc nécessaire
que P(x)
soit uneconstante ; dans
le cas
contraire,
il serait nécessaire de faire intervenir la fonctionf qu’on
nepeut
connaître apriori.
Le contrôle de
l’homogénéité
du faisceau acous-tique
pour des rendementsopto-élastiques
inférieursà 10
%
ne pose pas deproblèmes,
il suint en effet devérifier que l’intensité diffractée en fonction de
l’angle
d’incidence est de la forme
[24] :
où Y est
proportionnel
à d8.Pour des rendements élevés
(puissances acoustiques supérieures
à 100mW),
le contrôle del’homogénéité
pose des
problèmes
relativement difficiles à résoudre.La
première
méthode consiste à coller en bout du cristal demolybdate
deplomb
un matériau commela silice
ayant
uncouplage
très faible et de vérifier que lediagramme
de diffraction reste de la forme(31) quel
que soit le niveauacoustique.
Nous avons aban-donné cette méthode car il est assez difficile d’obtenir
un
collage
suffisammenthomogène
pour faire uncontrôle efhcace.
Il a été montré
[24]
que le rendement de l’interactionopto-acoustique
en fonction de lapuissance acoustique
et de
l’angle
d’incidence est de la forme :où X est fonction de
P
et Yproportionnel
à 039403B8.On estime que le faisceau
acoustique
esthomogène
si le résultat
expérimental
est suflisamment voisin de(32).
Le
montage expérimental (Fig. 2)
se compose d’un laser hélium-néon de 5 mW depuissance.
Le faisceauFIG. 2. - Schéma du dispositif de relevé des diagrammes de diffraction des faisceaux acoustiques.
optique
est focalisé sur le faisceauacoustique
par une lentillecylindrique
de 20 cm de focale. Le faisceauoptique
dévié estrepris
par une lentillecylindrique symétrique
de laprécédente, puis
focalisé par une lentillesphérique
sur unephotodiode.
Le cristal est’
porté
par uneplatine
tournante dont la rotation estcouplée
à unpotentiomètre
délivrant une tensionproportionnelle
àl’angle
de rotation. Le transducteur est alimenté par ungénérateur hyperfréquence
moduléen
impulsions
pour éviterd’appliquer
despuissances
moyennes
trop importantes
et pour éviter touteerreur
systématique
due à dessignaux parasites
lumi-neux continus. Le
signal
fourni par laphotodiode
estamplifié
par unamplificateur
àlarge
bande.Après échantillonnage,
mise en mémoire etfiltrage,
lesignal
est
appliqué
à la voie X d’unenregistreur,
la tensionfournie par le
potentiomètre
étantappliquée
à lavoie Y.
La linéarité de la chaîne de mesure est contrôlée en
vérifiant que le rendement est
proportionnel
à lapuis-
sance
électrique appliquée
au transducteur pour des rendements inférieurs à 10%.
Le faisceau lumineux est ensuite atténué de 10 dB.Le relevé du niveau diffracté en fonction de la dis- tance pour les rendements
supérieurs
à 1%
se fait aumoyen du
montage
décritplus
haut danslequel
onremplace
les lentillescylindriques
par des lentillessphériques
pour concentrer le faisceau en unpoint précis
du cristal. Undéplacement
calibré du cristal devant le faisceau laserpermet
de faire varier la dis-tance entre la zone d’interaction et le transducteur. La chaîne de mesure est
identique
à laprécédente.
Laporte
de l’échantillonneur estdéplacée
manuellement dans letemps
de manière à échantillonner lesignal
fourni par la
photodiode
au même endroit et éliminer ainsi toute erreur due à uneimpulsion hyperfréquence imparfaite.
Cette méthode estprécise
et relativement sensible car ellepermet
unfiltrage
eflicaceaprès
l’échan-tillonnage.
Elle a le défaut d’être lente et parconséquent
sensible aux instabilités des chaînes
d’amplification
oudu niveau de sortie du
générateur hyperfréquence.
Pour des niveaux
acoustiques
tels que le rendement soitsupérieur
à 10%,
nous avons modifié lemontage précédent
pour rendrel’enregistrement plus rapide.
Le faisceau
optique
estélargi
au moyen d’unsystème anamorphaseur
àprismes [25] permettant
d’obtenirun faisceau
optique
absolumentparallèle.
Le trans-ducteur est alimenté par une
impulsion
trèsbrève,
d’unedurée de l’ordre de 100 ns. La
photodiode reçoit
doncdans le
temps
unsignal dépendant
du niveau acous-tique
aupoint
d’abscisse a3 =v(t - to).
Lesignal
fourni par la
photodiode
eststroboscopé
par unoscilloscope
àéchantillonnage
etenregistré
au moyen d’unenregistreur
X Y.Cette méthode très
rapide
mais peu sensible s’est révélée extrêmementprécise
pour le relevé du niveau desharmoniques 2,
3 et 4 pour despuissances
acous-tiques supérieures
à 1 W.Lorsque
le rendement est inférieur à 10%,
il estcependant préférable
d’utiliser unmontage optique superhétérodyne
sensible nonplus
à l’intensité lumi-neuse diffractée mais à
l’amplitude
de l’onde acous-tique.
Il est ainsipossible
de détecter des densités depuissance acoustique
inférieures au nanowatt par millimètre carré.La
pulsation
duchamp électrique El
du faisceauoptique
dévié estégale
à :où oeo est la
pulsation
duchamp électrique
du faisceauoptique
incident et 03A9 lapulsation
de l’ondeacoustique.
D’après l’expression (28),
dans les conditions deBragg (t1K
=0)
et pour un transducteurhomogène,
le
champ
diffractéEl
est de la forme :cp étant un terme de
phase qui dépend
dupoint
d’in-teraction :
Si l’on fait battre le rayon lumineux de
champ
élec-trique E 1
avec un rayon lumineux de vecteur élec-trique Eo :
le
champ électrique
résultant est :Le courant de la
photodiode
estproportionnel
aucarré du module de E :
Les deux
premiers
termes sont constants dans letemps
et
génèrent
un courant constant dans laphotodiode.
Ce courant est écoulé à la masse à travers une self- inductance. Le courant alternatif est
appliqué
à unrécepteur ayant
uneimpédance
d’entrée de 50 Q. La tension Vapparaissant
aux bornes de laphotodiode
est donc :
si on omet le terme de
phase
constant(p’
fixé par lemontage.
Si le cristal est
déplacé
dans une directionparallèle
àK,
la fonction V estpériodique
en a3 et depériode égale
à celle de l’ondeacoustique.
Il est doncpossible,
en
déplaçant
le cristal devant le faisceaulumineux, d’enregistrer
les variations de l’indice du cristal tout aulong
du parcours de l’onde ultrasonore.Pour
plus
decommodité,
nous avons cherché àenregistrer
directementl’enveloppe
dusignal V
en lefaisant battre avec un
signal hyperfréquence
de réfé-rence de
pulsation
Q :Le
signal hyperfréquence
résultant est de la forme :dont
l’enveloppe
a pouréquation :
Le
potentiel constant v1
sert àpolariser
la diode dedétection à une valeur fixe
(le
deuxième terme étantfaible par
rapport
àV 2). 1
Le
potentiel
redressé est alors strictement propor- tionnel à :Il suint
d’enregistrer
cesignal
en fonction de a3 pour visualiser strictement les variations d’indice à l’inté- rieur du cristal. Cette méthode estremarquable
par sa sensibilité : ellepermet
de mettre en évidence despuissances acoustiques
de l’ordre du nanowatt.C. RÉALISATION EXPÉRIMENTALE. - 1. Partie
opti-
que. - La réalisation
expérimentale peut paraître
délicate.
Cependant, depuis plusieurs
années nousavons travaillé sur ce genre de
problème
pour réaliser deslignes
à retard continûment variable[26].
Lameilleure structure
optique
que nous ayonsmise , au point
estreprésentée
à lafigure
3. Le faisceau sortantFIG. 3. - Schéma optique du dispositif hétérodyne de détec- tion des ultrasons.
du laser est divisé en deux faisceaux
identiques
aumoyen d’une lame
semi-transparente
et d’un miroir.Ces deux faisceaux sont concentrés par une lentille de focale F
appropriée
sur le cristal. La distance 2 d des faisceaux est telle qued/F
=0,.
D’autrepart, Kogelnik [27]
a montré quel’enveloppe
d’un faisceauoptique ayant
une distributiongaussienne
est unhyperboloïde
de révolution dont le côneasymptote
apour
angle
au sommet aufoyer
de la lentille :et dont le diamètre du cercle à
l’étranglement
est03A60 :
où 0 est le diamètre du faisceau
optique
sortantdu
laser
(Fig. 4).
Ainsi le faisceauoptique
resteparallèle
sur une distance D
qui
estsupérieure
à lalargeur
Wdu faisceau ultrasonore si la focale F est suffisamment
grande.
FIG. 4. - Forme d’un faisceau optique gaussien au foyer d’une
lentille convergente.
Ce
montage permet
d’obtenir degrandes
variationsde
fréquence (nous
avons réalisé un déflecteur à1,5
GHz avec une bandepassante
de 600MHz) [28].
Cela
signifie
aussi que leréglage
est assez peucritique.
Lorsque
lecouplage
estgrand,
le faisceau(2)
estperturbé
et la théorieprécédente
doit êtrecorrigée
enremplaçant
dans la formule(38)
lefacteur 1 eo par |e0|2. (1 - R2).
La dernière lentille de focale
F/2
concentre lesfaisceaux
optiques
sur laphotodiode
dont la surfacesensible est très
petite
pour obtenir des bandes pas- santesimportantes.
Eneffet,
lacapacité
de laphoto-
diode étant
proportionnelle
à sasurface,
la bandepassante
est inversementproportionnelle
à la surface.Pour cette
raison,
nous avons utilisé laphotodiode
HP 7201 de Hewlett Packard. Le
trajet
des rayonslumineux étant
symétrique
parrapport
à la lentille et lepoint
0 étantfixe,
les rayons lumineux arrivent surla
photodiode quelle
que soit lafréquence acoustique.
Ce
montage permet
uneplus grande
facilité deréglage.
2. Partie
hyperfréquence (Fig. 5).
- Ellecomprend
un oscillateur
hyperfréquence qui
délivre unsignal
FIG. 5. - Schéma optique et électronique du relevé hétérodyne des niveaux acoustiques.
modulé en
impulsions
pour éviter desphénomènes thermiques parasites. Après amplification,
unepartie
de ce
signal
estprélevée
et atténuée de manière à constituer lesignal
de référence. Lafréquence
de cesignal
de référence estmultipliée
par le rang de l’har--
monique
que l’on désire détecter. L’autrepartie
dusignal
estappliquée
au transducteur par l’intermédiaire d’un atténuateurpermettant
de faire varier lapuis-
sance.
Le
signal
de laphotodiode
estappliqué après mélange
avec lesignal
de référence à unrécepteur superhétérodyne
de bandepassante égale
à 4 MHz(suffisante
pouramplifier
lesimpulsions
sanstrop
lesdéformer). Après détection,
lesignal
est échantillonné et mis en mémoire entre deuximpulsions
successives.On
dispose
alors d’unsignal
continuqui peut
êtreenregistré.
3. La
ligne
dediffraction.
- Elle est constituée d’un barreau demolybdate
deplomb
de 6 x 6 x 15 mmsur
lequel
a été soudé un transducteur de niobate de lithium. Lesprincipales caractéristiques physiques
demolybdate
deplomb
sont les suivantes[10] :
- vitesse
acoustique v
= 3 632m/s
- indice de
réfraction n
=2,386
- masse
volumique
p =6,950
x103 kg/m3
- facteur de mérite
opto-acoustique : 23,7
foiscelui de la silice
(pour
les ondesacoustiques longitu-
dinales se
propageant
suivant(001) - ).
Le transducteur a une surface utile de
(0,7
x4,2) mm’
et a une bandepassante comprise
entre 150 et 280 MHz. Son
impédance électrique
dequelques
ohms a étéadaptée
à 80 03A9 avec un taux d’ondes stationnaires inférieur à 2(pour
éviter laréflexion des ondes
hyperfréquences
sur legénérateur).
Avec une telle
adaptation,
laperte
de conversion élec-tromécanique
du transducteur est environ 4 dB.D. RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. - Nous avons d’abord contrôlé
l’homogénéité
des faisceaux acous-tiques.
Lesfigures
6 et 7représentent
le rendement dev
FIG. 6. - Diagramme de rayonnement à l’infini du faisceau
acoustique fondamental et du 2e harmonique.
8 FIG. 7. - Diagramme de rayonnement à l’infini du faisceau
acoustique pour X = 5,04.
l’interaction
acousto-optique
en fonction del’angle
d’incidence pour deux valeurs de X
correspondant
àdes
puissances acoustiques respectivement égales
à780 mW et 1 l’W. Nous avons en fait tracé toutes les courbes pour
0,5
X 6(X
étant défini en(32)).
L’accord entre la théorie et
l’expérience
montre que leFIG. 8. - Enregistrement du niveau du 2e harmonique en fonc-
tion de la distance (Méthode hétérodyne).
FIG. 9. - Enregistrement du niveau du 3e harmonique en fonction de la distance (Méthode hétérodyne).
transducteur a un
rayonnement homogène
pour toutes lespuissances acoustiques.
Lesdiagrammes
de diffrac- tion du secondharmonique
montrent que sapuis-
sance est aussi
quasi homogène.
Onpeut
donc estimer que les erreurs commises sur le calculde
r dues auxinhomogénéités
du transducteur sontnégli- geables.
Pour mesurer avec
précision
le coefficient T il fauten fait combiner
plusieurs
méthodes de mesure. Il estFIG. 10. - Enregistrement du niveau du 4e harmonique en fonction de la distance (Méthode hétérodyne).
FIG. 11. - Enregistrement du niveau du 2e
harmonique
enfonction de la distance et de la puissance acoustique fondamen-
tale.
FIG. 12. - Enregistrement du niveau du 3e harmonique en fonction de la distance et de la puissance acoustique fondamen-
tale.
en effet difficile de faire des mesures absolues avec un
montage optique superhétérodyne.
Enprenant
beau- coup deprécautions
et en utilisant un matérielhyper- fréquence
trèsperfectionné,
il est à larigueur possible
d’obtenir les niveaux absolus avec une erreur de l’ordre de + 1 dB. Nous avons
préféré
utiliser lacombinaison des trois méthodes
exposées précédem-
ment. Le
montage superhétérodyne
reste valablejusqu’à
des rendements de l’ordre de 10%.
Il est alorspossible
d’utiliser la méthode de relevépoint
parpoint
pour rétablir un niveau absolucorrespondant
à un
point
de mesure effectué au moyen dumontage
superhétérodyne.
Flc. 13. - Enregistrement du niveau du 4e harmonique en
fonction de la distance et de la puissance.
Les
figures 8, 9,
10représentent
le relevé de l’am-plitude
desharmoniques
au moyen de la méthodesuperhétérodyne
en fonction de la distance entre lepoint
d’interaction et le transducteur.Les
figures 11, 12,
13représentent
le relevé duniveau diffracté par les
harmoniques
à très haut niveau depuissance acoustique fondamentale,
àl’aide de la seconde méthode.
IV.
Comparaison
entre résultatsthéoriques
etrésultats
expérimentaux.
- Nous avons déterminé la valeur de la constante decouplage
Ienappliquant
laméthode
exposée
auparagraphe
III. A et àpartir
desrésultats
expérimentaux précédents.
Pour unepuis-
sance
acoustique
fondamentale de 20mW,
à la fré- quenceégale
à 264MHz,
nous avons obtenu à ladistance a3
= 14 mm :En
appliquant
la formule(27),
nous avons obtenu :Nous avons ensuite résolu le
système d’équations couplées (16)
avec les mêmes conditions initiales. Le meilleur accord entre la théorie etl’expérience
a ététrouvé pour
0393 = - 17,5 ± 1.
Lesfigures 14a, b, c, d représentent
les résultats obtenus à 264 MHz pour différentespuissances acoustiques
fondamentales(20 mW,
100mW,
500mW,
1W).
Les résultats ainsi obtenus nouspermettent
de mettre en évidence desphénomènes
intéressantsqui n’apparaissent
pas au début de lapropagation :
-
lorsque
le niveau de l’onde fondamentale aug- mente, l’onde fondamentale subit un excès d’atténua- tion dû aucouplage anharmonique.
L’atténuation desharmoniques (après
passage dumaximum) dépend
del’amplitude
fondamentaleinitiale ;
- l’abscisse des maxima atteints par les
amplitudes
des
harmoniques
diminuelorsque l’amplitude
fonda-mentale initiale
augmente.
Cette variation semble être due à la décroissance deplus
enplus rapide
de l’am-plitude
fondamentale.L’étude
théorique
faite auparagraphe
II endévelop- pant l’énergie
libre du cristaljusqu’au
3e ordre et enne tenant
compte
que desquatre premiers
harmo-niques
apermis
deprévoir les
résultatsexpérimentaux
et l’accord entre la théorie
et l’expérience
estpratique-
ment
parfait,
aux erreursexpérimentales près,
pour les faiblespuissances acoustiques (Pac
100mW).
Pourdes
puissances acoustiques
de l’ordre du watt, leléger
désaccord entre les résultatsthéoriques
etexpé-
rimentaux montre que nos
hypothèses
deviennentmoins valables. Pour obtenir de meilleurs résultats
théoriques,
il faudraitdévelopper l’énergie
libre ducristal à un ordre
supérieur
au troisième et tenircompte
desharmoniques
d’ordresupérieur
àquatre,
ce
qui
rendrait les calculs extrêmementcompliqués.
V. Conclusion. - L’ensemble des résultats obtenus dans ce travail montre que la
génération harmonique acoustique peut
êtreinterprétée
engénéralisant
la loide Hooke et en introduisant les constantes
élastiques
du troisième ordre. Les méthodes de mesure mises au
point
au cours de cetteétude,
enparticulier
la détec-tion
hétérodyne optique,
ontpermis
de visualiser direc- tement les effets non linéaires et d’évaluer la constante decouplage
T dumolybdate
deplomb :
que l’on
peut
comparer à celle du niobate de lithium parexemple [29] : |0393|
=2,6.
Ces résultatspeuvent
intéresser à la fois lesphysiciens
de l’état solidequi
ont une information sur la constante
élastique
du3 e ordre
C333
duPbMo04
et les nombreux utilisateurs des déflecteurs enPbMO04 qui
ont un ordre de gran-deur des effets non linéaires non
négligeables
à hautniveau de
puissance acoustique.
FIG. 14a, b, c, d. - Variation en fonction de la distance de la puissance des harmoniques 2, 3, 4 d’une onde fondamentale de puissance - 20 mW (a), 100 mW (b), 500 mW (c) et 1 W (d).
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