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Mode d’élevage des poules et qualité de l’œuf de consommation
B. Sauveur
To cite this version:
B. Sauveur. Mode d’élevage des poules et qualité de l’œuf de consommation. INRA Productions
Animales, Paris: INRA, 1991, 4 (2), pp.123-130. �hal-00895931�
B. SA UVEUR
INRA Station de Recherches Avicoles 37380
Nouzilly
Mode d’élevage
des poules et qualité
de l’œuf
de consommation
L’opinion est
assezlargement répandue
enFrance que l’oeuf
«fermier » est
meilleur que celui issu d’élevages rationnels, tant du point de
vuegustatif
que du point de
vuenutritionnel. Au moment où
seremet
enplace
uneproduction d’oeufs de consommation par des poules logées
« ausol » il est opportun de rappeler que cette opinion mérite d’être très largement
reconsidérée.
La
réglementation européenne, publiée
auJ.O.C.E.
le 13juillet
1985, a autorisé, dans lestermes suivants,
l’indication,
sur lesemballages
des
oeufs,
des conditions utilisées pour l’éle- vage despoules :
- Poules élevées en
plein
air,système
extensif- Poules élevées en
plein
air- Poules élevées au sol
- Poules élevées en volière.
Il existe donc un créneau commercial corres-
pondant
à ce que l’onappelle
souvent enFrance « l’oeuf de
plein
air » etqui
est estiméaujourd’hui
à environ 2 % de laproduction
totale. Entre 1984 et 1988, le nombre de
poules impliquées
dans cetype
deproduction
seraitpassé
de 100 000 àprès
d’un million(Cham-
pagne
1988).
L’élevage
despoules
au sol satisfait la demande de certains consommateursqui préfè-
rent savoir que ces animaux ne sont pas main- tenus en cages et
qui
estiment souvent defaçon implicite
que la «qualité
» et lacomposition
de l’oeuf doivent être différentes selon que l’ani- mal estlogé
ou non en cage.Dans ce contexte il est apparu
opportun
de faire lepoint
des étudesqui
ont effectivementessayé
depréciser
defaçon
sérieuse dansquelle
mesure le moded’élevage
despoules pourrait
influencer lescaractéristiques
de leurs oeufs.1 / Quelques définitions
_
On
désigne
essentiellement ici par « moded’élevage
» le type delogement
despoules.
Il peuts’agir,
dans tous les casd’élevages
ration-nels :
- de cages
(quel
que soit leurplan
d’assem-blage) placées
dans un bâtiment muni ou nonde
fenêtres,
- d’un
élevage
« au sol» (habituellement
surlitière et caillebotis ou sur litière
seule)
à l’inté-rieur d’un
bâtiment,
- d’un
élevage
« au sol avec parcours » faisantappel
à un bâtiment ouvert sur un parcours extérieur.Dans la
quasi-totalité
de ces cas, lespoules
sont nourries avec un aliment
composé équili-
bré renfermant essentiellement des
céréales,
une ou deux sources
protéiques
et unmélange
minéral et
vitaminique.
Résumé
________________________On rapporte ici les résultats de 25 études effectuées au cours des 15 dernières années pour comparer
objectivement
lescaractéristiques
des oeufsproduits
pardes
poules logées
en cages ou au sol(avec
ou sansparcours).
Ces résultats mon-trent que ni le
poids
del’oeuf,
ni sacomposition globale
ne sont modifiés defaçon répétable
par le moded’élevage.
Seule une tendance(rarement significative)
àl’augmentation
de la teneur en acidelinoléique
et en cholestérol est retrouvée defaçon
suivielorsque
lapoule
estlogée
au sol.Le
pourcentage
d’oeufs fêlés est réduit dansl’élevage
au sol en relation avec unediminution
probable
des chocs subis par lacoquille.
Ni la structure dublanc,
ni la coloration dujaune
ou lafréquence
des inclusions ne sont modifiées defaçon
permanente par le moded’élevage.
Aucune différence de
caractéristiques organoleptiques
n’est décelable en l’ab-sence de parcours. Des oeufs véritablement « fermiers » ont, de ce
point
de vue, descaractéristiques plus
variables et pas forcémentmeilleures,
que des oeufs issusd’élevages
rationnels.La
production
au solpeut augmenter
lafréquence
des oeufs sales et la contami- nation bactérienne de l’oeuf. Un des moyens de contrôle lesplus importants
est de limiter à moins de 6 heures le délaiséparant
la ponte du ramassage de l’oeuf.Ces résultats montrent donc que
l’opinion
favorable dontjouit,
chez certains consommateurs, l’oeufproduit
ausol,
ne sauraits’appuyer
sur des différences constantes decaractéristiques qualitatives objectives.
Les écarts de
composition
de l’aeufentre
poules
élevéesen cage et au sol
avec ou sans
parcours sont peu
importants
etsurtout très
variables
d’uneétude
àl’autre.
L’appellation
deproduction
« fermière » tra-ditionnelle
sous-entend, quant
àelle, qu’en plus
du parcourslibre,
il n’est pas faitappel
àun aliment
composé
et que lespoules
nereçoi-
vent donc que des
graines
et des déchets ména- gers. Sans que ceci soittoujours
connu, cetteproduction
a en outre un caractère saisonnier trèsmarqué (production
deprintemps
etd’été).
Enfin,
elle fait souventappel
à des animauxpeu sélectionnés. Les données
bibliographi-
ques récentes relatives à des oeufs issus d’une telle
production
sont à peuprès
inexistantes.Dans les
paragraphes qui
suivent, seules cer-taines données rassemblées par Pavlovski
(1987)
enYougoslavie (références
17 à 19 destableaux et
figures)
semblent s’enrapprocher,
encore que
l’origine génétique
des animaux nesoit pas
toujours précisée.
2 / Les études réalisées
Après
quequelques enquêtes ponctuelles
aient été conduites dans les années 60 lors du
développement
del’élevage
despoules
encages, c’est essentiellement au cours des 15 dernières années que des laboratoires de recherche avicole ont mis en
place
desproto-
colesexpérimentaux
permettant de comparer valablement des oeufs issus de différentstypes d’élevage.
Ces études ont été conduites pourbeaucoup
enEurope
du Nord(6
enAllemagne,
4 en Grande
Bretagne)
maiségalement
enItalie, Europe
de l’Est(Yougoslavie, Pologne,
Tchécos-lovaquie),
USA, Inde et en France pour les étudesorganoleptiques.
Nous
distinguerons
ici lescomparaisons
effectuées entre laproduction
en cages et cellesur litière et entre la
production
en cages et celle deplein
air.Dans le
premier
cas en effet ils’agit systéma- tiquement
decomparaisons rigoureuses,
met-tant en
jeu
des animaux de mêmeorigine géné- tique,
nés le mêmejour
dans le même couvoir et recevant le même alimentcomposé.
Dans lecas de
l’élevage
deplein
air, ces conditionsoptimales
n’ont été réalisées que dans les études deBelyavin (1988), Bergami
et al(1978)
et
Hughes
et Dun(1985) ;
encore faut-il souli- gner que laprésence
d’un parcours entraîne nécessairementl’ingestion
par lespoules
d’ali-ments non contrôlés tels que
herbe,
vers, insectes ... Dans les autres études recensées ici pour laproduction
deplein
air, soit lespoules
étaient
identiques
mais l’alimentation diffé-rente
(Pavlovski
et al1982),
soit tout était diffé-rent
(Pavlovski
1987, Tolan et al 1974,Torges
et al1976).
Il convient donc d’êtreparticulière-
ment
prudent
dansl’interprétation
des résultatsenregistrés.
3 / Les résultats
Les
principaux
résultats obtenus par chacun de ces auteurs sontregroupés
dans lesfigures
1et 2 ainsi que dans le tableau 1. Pour être ren- dus
comparables,
ils ont tous été transformésen
pourcentage
de variation parrapport
aux valeursenregistrées
simultanément sur les oeufsproduits
par despoules logées
en cages, oeufs considérés ici comme témoins.3.
1 / Poids de l’oeuf (figure 1)
S’il est
classiquement
admis quel’élevage
encages augmente en moyenne le
poids
de l’oeufde 1 à 2 %
(Sauveur 1988),
les donnéespré-
sentes
indiquent qu’il
existe des situationsopposées (Chand
et Razdan 1977,Hughes
et al1985)
et surtout que la réductionpeut
êtrebeaucoup plus
forte(- 10 %)
dans certainsexemples d’élevages
réellement fermiers(Pav-
lovski 1982, Pavlovski et Masic
1987).
3.
2 / Composition de l’oeuf
a /
Composition globale (figure 1)
Les résultats peuvent être résumés en disant que le mode de
production
n’affectepratique-
ment pas la
composition
de l’oeuf et que, lors- que des différencessignificatives
sont obser- vées, elles restent pour laplupart
non repro- ductibles d’un essai à l’autre.Les
quelques
conclusionsqui peuvent
êtredégagées
pour caractériser les oeufsproduits
par les
poules logées
au sol(le
lot témoin étanttoujours
constitué par leurshomologues
encages)
sont en effet les suivantes :- légère
baisse de lapart
dejaune (observée
5fois contre 1
augmentation
et 2 valeursconstantes)
- pas de variation
répétable
des teneurs enlipides (2 augmentations
et 2 diminutionssignificatives)
ou enprotéines
- pas de variation
significative
des teneurs enmatière sèche contrairement à ce
qui
estquel- quefois
affirmé : les valeursrapportées
par lesprésents
auteurs sont en effet de + 0,6 % pour lejaune (Scholtyssek 1975),
+ 1 % pour le blanc(Ristic
et Freudenreich1984)
ou de - 1,2,- 1,6 et 0 % pour le
mélange
blanc +jaune (Ris-
tic et Freudenreich 1984, Tolan et al 1974,
Scholtyssek 1975).
b / Teneurs en certains nutriments
(tableau 1)
Il convient d’abord de
souligner
que le nom-bre d’études est limité et que,
parmi
celles- ci, celle de Tolan et al(1974) (n°
27 dutableau) qui
est la
plus complète
nes’appuie
pas sur un pro- tocoleirréprochable
dans la mesure oùl’origine génétique
etl’âge
despoules
sont très variablesd’un lot d’oeufs à l’autre.
Les
analyses
de tous les acides aminés conduites parScholtyssek (1975, 1976)
fontapparaître
des variations faibles(-
2 à - 6%)
mais
significatives
pourcinq
d’entre eux, varia-tions
qui
ne sont pas retrouvées par Tolan et al(1974).
Les résultats sontplus
concordants pour les acides graspuisque
les 4 séries d’ana-lyses pratiquées
montrent(bien
que defaçon
non
significative)
uneaugmentation
de lapart
d’acidelinoléique (Cl8:2)
de + 6 à + 15 % auxdépens
des acidesstéarique (Cl8:0)
etoléique (C18:1) (-
2 à - 6 %chacun) lorsque
lespoules
sont élevées au sol
(avec
ou sansparcours).
Ilest tout à fait connu par ailleurs que les acides gras de l’oeuf
(surtout
lesinsaturés) peuvent
varier
légèrement
en fonction de l’alimentation despoules (Sauveur 1988)
et il n’est donc passurprenant
que, au moins dansl’élevage
deplein-air
avec parcours,quelques
modifications des acides grasd’origine
alimentairepuissent
être observées. Les six séries
d’analyses
de cho-lestérol
pratiquées indiquent également
unetendance à
l’augmentation
dans laproduction
au
sol,
mais seules deux d’entre elles(Scholtys-
sek 1975 et
1976) atteignent
le seuil designifi-
cation.
Ingr
et al(1987),
commeplusieurs
autres auteurs,
parlent
quant à eux d’unelégère
décroissance de teneur en cholestérol des oeufs lors d’intensification de la
production
cequi peut
aller dans le même sens.La teneur en vitamine A semble
pouvoir
êtretrès faiblement réduite par
l’élevage
au sol(- 0,5
à -2 %)
même sans modification d’ali- mentation despoules. Lorsque
celles-ci ontaccès à un parcours,
Krieg (1961) parle
aucontraire
d’augmentation
de teneur de l’oeuf envitamine A
pendant
les mois d’hiver et deprin- temps
où lesprécipitations
sont suffisantes. Il est connu que le contenu en vitamine A de l’oeuf reflètel’ingéré
de l’animal et de telles variations peuvent en fait être obtenuesquel
que soit le mode
d’élevage.
L’étude de Tolan et al
(1974)
faitapparaître
une
augmentation
de teneur en vitamines E,B12 et Ac.
folique qui
n’a été confirmée paraucun autre auteur.
Compte
tenu du mode de collecte des oeufs mis enplace,
il estimpossi-
ble d’affirmerqu’il s’agit
là d’un effetspécifi-
que du mode
d’élevage ;
les auteurssoulignent
d’ailleurs eux-mêmes que les différences entre centres fournisseurs des oeufs sont
supérieures
à celles attribuables au mode
d’élevage.
3.
3 / Qualités d’usage de l’oeuf
a /
Solidité de la coquille (figure 2)
Enregistrée
dans 15 essais différents à l’aide de critèresvariables,
la solidité de lacoquille
ne varie pas de
façon
constante.L’hétérogé-
néité des
réponses
est surtout évidente dans lecas de
l’élevage
deplein-air
où les écarts sont lesplus larges
de - 7 à + 9 %(toujours
en com-paraison
avec les oeufs «homologues
» pro- duits encages).
L’étude de
Hughes
et al(1985) permet
d’éclairer ceproblème
d’une lumière un peu nouvelle. Elle montre en effet uneaugmenta-
tion limitée
(+
6 à + 9%)
maissignificative
dela résistance de la
coquille
à larupture
dansl’élevage
deplein
air,augmentation indépen-
dante de
l’âge
du troupeau et dupoids
de l’oeufet
qui peut
éventuellement êtrerapprochée
d’une
température
ambiante inférieure en exté- rieur(6
à 14&dquo;C vs 18 à21&dquo;C)
et d’une consom-mation d’aliment
plus
élevée(+
16%).
Simul-tanément la
fréquence
de casse des oeufs est réduite de moitié(2
% vs 4,6%)
dansl’élevage
de
plein-air
c’est-à-dire defaçon beaucoup plus
que
proportionnelle
à la variation de résistancede la
coquille.
En outre, l’évolution de cette fré- quence en fonction del’âge
du troupeau diffère totalement entre « cages » et « sol» (figure 3).
Dans le
premier
cas le taux de casse augmenterapidement
àpartir
de 50 semainesd’âge (réponse
tout à faitusuelle)
alorsqu’il
semblepeu affecté par
l’âge
du troupeau maintenu au sol.Puisque
les écarts decaractéristiques intrinsèques
descoquilles
sont peu affectés parl’âge,
c’est donc l’environnementqui jouerait
un rôle
prioritaire
dans ceproblème,
lescontraintes
mécaniques imposées
à l’oeuf s’ac-croissant avec
l’âge
dans le cas des cages.Les observations de Cholocinska et
Rozycka (1987)
vont dans le même sens pourl’élevage
sur litière sans parcours
puisque, malgré
l’ab-sence de différence
significative
dans les carac-téristiques
decoquilles,
le taux de casse moyen des oeufs entre 30 et 64 semainesd’âge
est de22 à 25 % en cages contre seulement 5 à 7 % au sol.
b
/ Hauteur de l’albumen(blanc) (figure 2)
La hauteur du blanc
gélifié
mesurable lors- que l’oeuf est cassé sur une surfaceplane
estune mesure
prédictive
de certainesqualités d’usage
duproduit.
Elle est liée d’une part àl’âge
del’animal,
d’autre part et surtout autemps écoulé entre la ponte et la mesure ; elle reflète donc en
partie
la fraîcheur de l’œuf(Sauveur 1988).
Les données de lafigure
2montrent que ce critère est
sujet
à d’assezlarges
variations(jusqu’à
+ 15%)
defaçon apparemment imprévisible.
Certaines diminu-tions limitées
enregistrées
dans laproduction
au sol
pourraient,
selonAppleby
et al(1988),
être liées au temps
passé
par lespoules
sur leuroeuf à l’intérieur des nids. Les trois cas d’éle- vage de
plein
air où un accroissement notable a étéenregistré
sont ceuxrapportés
par Pavlovski(1982, 1987)
n’utilisant que des ceufs de pro- duction réellement fermière.c
/ Coloration de la coquille
Ce
critère,
mesuré parréflectométrie,
estprincipalement
sous.contrôlegénétique
et peu sensible aux effets du milieu. Les troisenregis-
trements effectués font néanmoins état d’une moindre coloration de
coquille
chez lespoules
de
plein-air,
la réduction étant soit non-chiffrée(Belyavin 1988)
soitcomprise
entre - 4 et - 9 %(Pavlovski
1982 ; Pavlovski et Macik1987).
d /
Coloration
dujaune
Contrairement à la
précédente,
la coloration dujaune
est directement liée à l’alimentation de lapoule puisque
due auxpigments
caroté- noïdes absorbés par l’animal. Lesréponses
rap-portées
enfigure
2 sont, dans ce contexte, tout à faitlogiques : lorsque
les animaux sur litièrereçoivent
le même aliment que ceux en cages,aucune variation de
plus
de 5 % de la colora- tion dujaune
n’estenregistrée
dans un sens oudans l’autre. Dès lors que les animaux ont accès à un parcours extérieur, la coloration du
jaune
reflète laquantité
d’herbeingérée.
Il est donc clair que celle-ci était élevée dans le cas des oeufs fermiers de Pavlovski(n°
17, 18,20)
et que lespoules
en cages servant de référence rece-vaient au contraire un aliment déficient en
pig-
ments. En aucun cas, une coloration intense du
jaune
n’est une « preuve » deproduction
deplein-air.
e / Inclusions
Les taches de « sang » ou de « viande
» pré-
sentes dans le blanc résultent de micro- hémor-
ragies
ovariennes ou dedesquamations
de l’ovi-ducte dues à des causes encore mal connues.
Leur
fréquence
peut varier defaçon
trèsimpor-
tante selon les
troupeaux.
Les variations extrêmesenregistrées
entre cages et litières sont de + 87 %(Chand
et al1977)
et - 90 %(Mench
et al1986) !
Trois autres études font état de variations nonsignificatives
nedépas-
sant pas 5 %.
3.4 / Caractéristiques organoleptiques
Elles ont été évaluées dans
cinq
études seule-ment
qui
peuvent donc être toutesrapportées
ici brièvement. La
plus
ancienne est celle deTorges
et al(1976)
en RFA : àpartir
dedégusta-
tions d’oeufs
durs,
les évaluateurs ontexprimé
des
jugements
tous satisfaisants pour des œufs issus depoules
en cages, au sol et sur parcours.Les deux
premières catégories
ontété,
enmoyenne, mieux classées que la troisième mais les différences n’étaient pas
significatives.
De lamême
façon,
l’évaluationpratiquée
en Finlandepar Mâkinen et al
(1985)
sur des œufs cuits ne montre pas de différence entre des œufs issus depoules
en cages et surlitière,
l’ensembleétant
jugé
satisfaisant(note
moyenne de 3,6 surun maximum de
5).
Tout à fait similaires enfinsont les résultats de Mench et al
(1986)
auxEtats Unis où,
malgré
l’utilisation de 8jurys
semi-entraînés et l’introduction de tests
séparés
sur
jaunes
etblancs,
aucune différencesignifi-
cative de
flaveur,
de texture etd’acceptabilité globale
n’a pu être trouvée entre les oeufs cuits semi-durs issus depoules
en cages ou au sol. Ilparaît
donc établi quel’élevage
ausol, comparé
à la cage, n’introduit pas de modification sensi- ble des
caractéristiques organoleptiques
desoeufs,
au moins tant que les conditions d’ali- mentation sont assez voisines.La situation peut être éventuellement diffé- rente dans le cas d’oeufs réellement fermiers c’est-à-dire
produits
par despoules
en libreparcours ayant accès à des sources alimentaires
non contrôlées
(revoir § 1).
L’étude conduite par Colas etSauvageot (1979)
est, de cepoint
de vue, intéressantepuisqu’elle
apermis
decomparer, avec un
jury spécialement entraîné,
7 provenances réellement fermières à deux éle- vages « industriels » utilisant l’un des
poules
en cages
(11),
l’autre despoules
au sol(12).
Ilétait demandé aux
juges (placés
en lumièrerouge afin de ne pas être influencés par les dif- férences de
couleur) :
1. de déterminer si l’échantillon
correspondait
ou non à ce
qu’ils
attendaient d’un œuf(blanc
et
jaune
évaluésséparément),
Classiquement,
lepourcentage
d’!ufscassés
augmente
en fin depériode de ponte
chez lespoules élevées
encages. Cette
augmentation
semble
ne pas existerchez
lespoules
élevées au solbien que les
caractéristiques de
coquille
soient peu modifiées.La contamination microbienne
de l’œuf
estplus importante lorsque
la
poule
est élevéeen
plein-air,
mais leramassage
de
7’œuf moinsde
6heures
après
laponte permet de la limiter.
2. de noter
l’acceptabilité
ainsi que la nature etl’intensité de défauts éventuels.
Les résultats montrent que les
fréquences
d’ceufs « industriels » et fermiers correspon- dant à l’attente « ceuf » ne diffèrent pas
signifi-
cativement. Parmi les oeufs
fermiers,
se trou-vent de « bons » comme de « mauvais » oeufs
comme le montre le classement des
acceptabili-
tés
obtenues, rapporté
au tableau 2.Dans une étude
postérieure (Colas
1984,communication
personnelle)
faisantappel
àune
technique
dejugement légèrement
diffé-rente
(éloignement
parrapport
à un témoincaché)
il est surtout apparuqu’un
classement favorable à des oeufs fermiers établi sur oeufs« à la coque » était inversé dans une
présenta-
tion « omelette » ou œuf « dur ».
Ces résultats montrent à l’évidence la diffi- culté d’évaluer
précisément
lescaractéristiques organoleptiques
del’œuf, produit
renfermantenviron 200
composés
volatils dont onignore l’implication
exacte dans cescaractéristiques
etqui peuvent
êtreplus
ou moins altérés lors de la cuisson. Les ceufs réellement « fermiers » ont vraisemblablement descaractéristiques
organo-leptiques potentiellement plus
variables et pas forcément meilleures que ceuxproduits
àpartir
d’une alimentation entièrement contrôlée et sensiblement constante.
3.
5 / Qualité microbiologique des oeufs
En liaison avec le
paragraphe précédent,
ilfaut
rappeler
que lescaractéristiques
bactério-logiques
des ceufs en modifientprobablement
les
qualités organoleptiques (Matthes 1985)
mais aucun
renseignement précis
n’estdisponi-
ble sur ce
point
en dehors des cas graves depourriture (par
certainsPseudomonas,
Proteusou
Serratia) qui
ontaujourd’hui disparu
descircuits de
production
rationnelle.La
ponte
de l’oeuf dans des nids traditionnelsplutôt
que sur unplancher
de cage est un fac- teurd’augmentation
de lafréquence
des oeufssales mais les différences observées n’attei- gnent pas
toujours
le seuil designification
sta-tistique (Appleby
et al1988).
L’absence defosses à
déjections
sous caillebotis(système
dela litière
intégrale) joue
selon Rauch et al(1980)
un rôle
primordial
en la matièreauquel
ilconvient évidemment
d’ajouter
laconception
et l’entretien des nids utilisés.
La surface de la
coquille
porte tout à fait nor- malement un nombre de bactériesqui peut
osciller de lo’-io’(coquille propre)
àplus
de10
9
(coquille
trèscontaminée).
Ces bactériesappartiennent
à unequarantaine
de groupes différents dont laplupart
sont heureusementnon
pathogènes. Torges
et al(1976) (tableau 3) comparant
des œufs fermiers et d’autres issus d’uneproduction
au sol et en cages trouventune contamination externe de la
coquille
parEscherichia Coli dans 44, 6 et 10 % des cas res-
pectivement.
Des contaminations internes exis- tentégalement
dans tous les cas mais seuls lesœufs fermiers renferment des coliformes.
Dans une étude
plus récente,
Matthes(1985)
confirme que la
production
en cages assure uneplus
faible contamination externe de lacoquille
par des entérobactéries que les
systèmes
au sol(figure 4a).
Il montre surtout que laprésence
deces bactéries est directement conditionnée par le temps écoulé entre la ponte et le ramassage de l’oeuf
(figure 4b) ;
si ce délai reste inférieur à6
h,
lapopulation
microbienne est sensible-ment la même dans les deux
systèmes
de pro- duction. Il est enfinimpératif
d’écarter les œufspondus
directement sur la litière chezlesquels
la
prolifération
microbienne est laplus rapide.
En
conclusion,
laproduction
de l’œuf par despoules
au solrisque
d’offrir unproduit
demoins bonne
qualité bactériologique
mais desconditions strictes
d’élevage (évacuation rapide
des œufs hors des
nids)
peuvent permettre de combattre efficacement ceproblème.
Conclusion
Les travaux réalisés faisant
appel
à des com-paraisons objectives
de différents critèresquali-
tatifs montrent d’abord
qu’il
faut bien distin- guer l’œuf réellement fermier de celuiproduit
dans des conditions rationnelles contrôlées
quelles qu’elles
soient. L’œuf fermierprésente
en effet des
caractéristiques potentiellement plus
variables et, enrègle générale,
unequalité microbiologique
bien moindrequi
lui interdi- sent de constituer un modèle permanent de référence.Ceci étant
précisé,
lapremière
conclusiondes études
pratiquées
estqu’aucune
modifica-tion notable de
composition
de l’œuf ne peut être attribuée defaçon répétable
au mode deproduction.
Les différents critèresd’usage
del’oeuf sont
également
peu affectés defaçon
per- manente ; lafréquence
des oeufs cassés est réduite par la ponte dans les nids mais ceciparaît davantage
dû à une réduction des contraintesmécaniques qu’à
une amélioration de la soliditéintrinsèque
de lacoquille.
Lescaractéristiques organoleptiques
de l’œuf sontliées pour une part
importante
à l’alimentation de lapoule
et donc non modifiées par le moded’élevage
si l’alimentation reste constante.Enfin,
laqualité microbiologique
peut être infé- rieurelorsque
laponte
dans les nids ne s’ac- compagne pas d’une collecterapide
des oeufs.L’ensemble de ces données conduit à conclure que
l’opinion
favorable dontjouit
l’œuf de «plein-air » (et
afortiori,
l’oeuf « fer-mier
»)
dansl’esprit
de certains consomma-teurs ne saurait
s’appuyer
sur des différences decaractéristiques qualitatives objectives.
Seules des motivations, par ailleurs respecta-
bles,
liées au souhait de voir les animaux élevésen dehors des cages, devraient donc être rete- nues sans confusion avec la valeur nutrition- nelle ou
technologique
duproduit.
Remerciements
L’auteur adresse ses remerciements à Michèle Plou-
zeau pour la recherche d’une partie des références
bibliographiques
utilisées.Références bibliographiques
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Summary
Effects
of housing
conditions on egg character- istics. A review.During
the last fifteen years,twenty
five studies have been conducted in order to deter- mine whether thehousing
conditions oflaying
hens
(free
range,deep
litter orcages)
affectegg
composition
and/or eggquality.
The results indicate that neither egg
weight
nor gross egg
composition
arepermanently
modified
by housing
conditions. Small increases(rarely significant)
in linoleic acid and cholesterol content were theonly
perma-nently
recorded modifications whenlaying
hens were not
kept
in cages.Similarly,
albumenquality, yolk
color andblood and meat
spot
incidence did not seem to bedirectly
controlledby housing
conditions.The
percentage
of broken eggs was sometimesslightly
lower indeep
litter than in cages but without anyimportant
increase in the shellstrength
itsel£No variation in
organoleptic
traits of eggs was recorded betweendeep
litter and cage eggs.True « farm eggs were
potentially
more vari-able
(and
notnecessarily better)
than eggsproduced
in more controlledhousing
condi-tions.
The use of nests instead of cages could
easily
increase
dirty
egg incidence and the bacterial contamination ofeggshells.
One of the mostimportant
factors inlimiting
thisproblem
is tocollect eggs from the nests within 6 hours after
laying.
In conclusion eggs
produced
ondeep
litter orin free range conditions do not present
objec-
tive
advantages
for the consumer. Modifica-tions of egg characteristics are not the argu- ments which
might
be used tochange
theusual system of cage
housing
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