HAL Id: jpa-00205319
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Submitted on 1 Jan 1928
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Réalisation de l’expérience de Michelson en ballon et sur terre ferme
A. Piccard, E. Stahel
To cite this version:
A. Piccard, E. Stahel. Réalisation de l’expérience de Michelson en ballon et sur terre ferme. J. Phys.
Radium, 1928, 9 (2), pp.49-60. �10.1051/jphysrad:019280090204900�. �jpa-00205319�
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
E T
LE RADIUM
,RÉALISATION
DEL’EXPÉRIENCE
DE MICHELSON EN BALLON ET SUR TERRE FERMEpar A. PICCARD et E. STAHEL
(Bruxelles).
Sommaire. 2014 Nous décrivons un appareil Michelson de petites dimensions à enregis- trement photographique. Nous montrons que sa sensibilité est de même ordre de gran- deur que celle des appareils à grandes dimensions, utilisés en Amérique, mais que sa
précision est plus grande, parce que les perturbations sont moins importantes, même relativement.
Avec cet appareil, nous avons effectué des mesures en ballon libre et sur terre ferme.
En ballon, des perturbations thermiques ont diminué la sensibilité. Ce n’est donc qu’à
une précision de 9 km par seconde environ que nous pouvons affirmer l’absence du vent d’éther au moment de la mesure à 2 500 m d’altitude.
Au laboratoire, à Bruxelles, la précision était beaucoup plus grande. La moyenne des
mesures à donné un vent d’éther de 1,7 km: S au moment où, d’après M. Miller, il aurait dû être de 8,9 km : s, et de 2,3 km : s à une époque décalée de 12 heures de la
précédente, au moment du minimum de M. Miller. Ces deux valeurs trouvées sont dans la limite des erreurs probables.
En donnant à l’un des miroirs un déplacement artificiel, nous avons montré que notre appareil permet réellement de déceler des déplacements de franges de l’ordre de grandeur
cherché.
Nous avons finalement répété l’expérience sur le Rigi à 1 800 m d’altitude, afin de nous placer dans des conditions correspondant à l’expérience de M. Miller. La précision a
encore pu être augmentée et nous avons trouvé, au moment où, d’après M. Miller, le
vent d’éther aurait dû être de 9, 5 km : s, un effet 40 fois plus petit, correspondant à un
vent d’éther de 1,5 km : s, la limite des erreurs probables étant de 2.5 km : s.
Nous concluons donc que le vent d’éther ne s’est pas manifesté ni à Bruxelles, ni sur le Rigi à 1 800 m.
Shm YL ToMS IX. FÉVRIER 1928 N8 2.
1. INTRODUCTION
On
sait’-qu’en
1887 Michelson etMorley [l, 2J (1)
ontentrepris
la fameuseexpérience qui perte!
maintenant le nom d’ «Expérience
Michelson », pour déterminer la vitesse relative de la Terre parrapport
à « l’éther ». Le résultat étaitnégatif
avec uneprécision
d’environ 6 km : s.
En
1905, Morley
et Miller[3, +]
ontrépété l’expérience
avec le même résultatnégatif.
En
s’appuyant
sur cefait,
Einstein[:>1
a établi sa théorie de la relativitéd’après laquelle
toute détermination de vitesse relative entre observateur et « éther » devient
impossible.
En
1921,
Miller[1,I] reprend
sesexpériences
à uneplus grande
altitude et trouve surle Mont
"BBTilsonICaltitude :
1750m)
un vent d’éther de 10 km: s[1]. D’après
lespremières publications,
il semblaitqu’il
y avait une forteaugmentation
du vent d’éther avecl’altitude, puisque dans[la plaine
ce vent d’éther neparaissait
pas exister(entraînement partiel
dcl’éther$?). L’importance
de ce résultat étaitmanifeste, puisqu’il portait
un coup mortel à la théorie de la relativité. Une discussion acharnées’y
rattachap
à18).
C’est
alorsîque
nous nous sommesproposés,
fin1925,
derépéter l’expérience
en ballon(~) Les chiffres entre crochets [ ] se rapportent à l’index bibliographique à la fin de cet article.
M IOURN.A..L DE PRYSIQUE 8’ LE RÀDIUX. - SÉRIE TOMB ix. - FÉVRIER 1928. - W 2. 4-
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019280090204900
libre,
dans l’idée que, s’il y avait entraînementpartiel
del’éther,
cet entrainement devrait diminuerrapidement
dansl’atmosphère
libre avec l’altitude. Nous étionsprêts
pour l’ascen- sion dès mars 1926. Mais leprintemps 1926, particulière tuent mauvis,
nous a contraints de la retarderjusqu’en juin.
Laconséquence
lâcheuse de ce retard fut que lagrande
chaleurd’été, qui
n’aurait pas été à craindre au mois de mars, aempêché
le thermostat de fonc- tionnernormalement,
de sorte que laprécision
en a souffert Entretemps, 1)1.
Milleravait
publié [1]
que lesexpériences
àClev eland,
même celles de1905, interprétées
autre-ment
(!),
donnaient un effet de même ordre degrandeur
que sur lc Mont Wilson.L’augmen-
tation de l’effet avec l’altitude ne semblait donc pas exister et l’on
pouvait reprendre
lesexpériences
dans laplaine.
C’est ce que nous a.vons fait en novembre ï9~6~19~20~?1~.
Nous décrivons dans la
suite,
en unpremier chapitre,
les détails sur la construction de l’interféromètre et nos méthodes de mesures,et,
dans une secondepartie,
les résultats obtenus.II.
TECHNIQUE
DES MESURESi. L’interférométre. - L’interféromètre Michelson que nous avons utilisé est du
type
à réflexionsmultiples (huit miroirs).
Le cheminoptique aller
et retour dans chacune des branches est L - 280 cm. Lafigure
1 montre l’interféromètre avec lesappareils
auxiliaires.
Fig. ~. - Dispositions générales.
Hg, Lampe F, Filtres; :Mo, Miroir semi-transparent; 11t à M,,3, 3Iivoirs de réflexion;
P, Plaque de compensation; L, Lentille ; D, Diaphragme; E, Filin enregistreur.
Le
principe
de fonctionnement de l’interféromètre est connu. Nous donnonsci-après quelques particularités
de l’instrument que nous avons utilisé.2.
Miroirs. - Les miroirs et laplaque
decompensation
ont 40 mm de diamètre sur10
m.m"d’épaisseur.
Ils ont été fournis par la maison Jobin et Yvonet argentés chimique-
m en pu’ nous.
’
3. Détails de Les miroirs de Finterîéromètre sont mentes sur une
plaque
d’aluminium de crn" 45 cm et de 4 cmd’épaisseur.
Nous ,ivons choisi cetteforte
prei-nière-mx--it,,t
pour avoir unegrande
stabilitémécanique
et deuxième-ment pour uniformiser autant que
possible
latempérature.
Pour des raisons denous avons choisi une
plaque
carrée tenue en son -centre. En les accéléra fions horizon- tales etverticales, toujours
à craindre enproduisait
dans ces conditions des défoor- mationsqui sont,
enpremière approximation, symétriques
parrapport
aux deux cheminsoptiques
del’interféromètre,
estqui
negênent
donc pa. Un calculsommaire,
ba-sé sur des,so.ux-enirs
aéronautiques, a permis
depréyoir
que dans ces conditions ni les accélérations del’aérastat,
ni les oscillations de la nacelle nepouvaient
altérer résultats. Les miif’ÛÜ’s .sont tenus par destrépieds
en fonte de binoiize dans des allneaux en à l’aide àepicé1n.e
Fig. 2. - Support des miroirs 311 épi (réduction 2/3).
~fig. 2).
La fixation des miroirs est trèsimportante;
pour ne pas les déformer du lout. il faudrait les coller ~n un seulpoint
de la circonférence. Defait,
on le; a fixés en haut et enbasdans les anneaux. La stabilité en est fortement
augmentée
et la déformation desmiroirs,
Mon qu
appréciable,
n’est pas encorenuisible,
parce que lapicéine
cède lentement auxefforts
éJastiques
des miroirs.Chaque trépied
est fixé sur laplaque
d’aluminium par vis avec écrou et ressortpassant à
travers laplaque.
Cette fixation s’est montrée si stable que nous avions putransporter
l’interféromètre en automobile du laboratoire auchamp aéronautique
de Zellick sur un parcours de t5 km, sans que la raie d’interférence d’ortlre -z,éro se frÙ tdéplacée
deplus
d’un demi-intervalle(observée
en lumièreblanche).
Le dernier miroir
Mg, qui
sert auréglage
exact desfranges,
est fixé autrement(voir figure 3).
Les trois vis sont facilement accessibles de l’extérieur etpermettent
d’orienter le miroir d’unefaçon quelconque.
4. Source lumineuse. --~s Nous avons utilisé une
lamp-e
à arc au mercuresystème
’Cotion à cause d-e son
grand
éclat. L’arc nécessite 100 volts pour êtreamorcé,
mais on,peut
l’entretenir(en ballon)
avec 50 volts. Courant3,2 ampères.
,5. Filtres. - Nous nous sommes
proposés
de travailler avec la raie bleue 4358 Â duspectre
du m’ercure. Pour absorber les autresraies,
nous nous sommes servis :a)
d’une solution de sulfate dequinine pour
absorber leslongueurs
d’onde inférieures.à 4358 À
(suivant
les conseils de M.Cotton) ;
b)
d’une solution de violet d’aniline pour absorber la raie verte. La raiejaune
nes’enregistre
pas sur les filmscinématographiques.
6. Lentille. - La lentille
L, qui projette
les interférences sur lefilm,
est construitespécialement
pour êtreachromatique
pour la l~umière verte et la luinière bleue de l’arc demercure. Ceci
permet
derégler
à l’oeil les interférences à la lumière verte étantpeu
sensible pour lebleu)
et dephotographier
ensuite à la lumière bleue en intercalant les filtres.Fig. 3. - Support du miroir Mg (réduction 2/3).-
i.
Diaphragme. -
La réflexion de la lumière sur la surfacepostérieure (non argentée)
du miroirMo
donne un faisceau lumineuxqui
ne fait paspartie
des faisceaux interférents etqui
voile lesfranges
d’interférences.Rappelons
ici leprocédé élégant
que 1B1.Kennedy
aemployé
pour éviter les faisceauxparasites
et pour avoirthéoriquement
même intensité des deux faisceaux : En
polarisant
la lumière et en choisissant lesangles
de
réflexion,
onpeut
éviter toute réflexion sur les surfaces de verres nonargentés.
Nous avons
préféré
une autreméthode,
enemployant
en D undiaphragme
circulaire.En
effet,
c’est là que se formel’image quasi-ponctuelle
de l’arc. On y observeplusieurs iinages,
l’une estproduite
par les faisceauxinterférents,
d’autres par des faisceaux para- sites. Lesimages
sont nettementséparées;
unpetit diaphragme
circulaire de0,5
mm dediamètre
permet
donc d’éliminer la lumièreparasite
et den’employer
que les faisceaux interférents.Dans ces
conditions,
le rayonayant passé
par laplaque
decompensation
estlégère-
ment
plus
faible que l’autre. Onpeut égaliser
l’intensité des faisceaux en distribuant conve-nablement les miroirs sur les deux
trajets
et en tenantcompte
de leurpouvoir
réflecteuri ndividuel.
8.
Enregistrement photographique. -
Leperfectionnement principal,
par rap-port
à la formeclassique
del’interféromètre,
a été deremplacer
l’observation directe parl’enregistrement photographique.
Un filmcinématographique
ordinaire se déroule(à
l’aided’un entraîneur
électrique
oumécanique)
derrière une fente de0,3
mm avec une vitesseconstante de 1 mm : s environ. On
projette
sur cette fente lesfranges
d’interférence hori- zontales etéquidistantes
de 1 mm environ. Si lesfranges
restaientimmobiles,
elles appa- raîtraient sur le film comme des droitesparallèles.
On obtient les films les
plus nets,
c’est-à-dire desfranges
blanches(en négatif)
trèslines,
si l’onphotographie
les interférences dans les environs de lafrange
d’ordre zéro(différence
des cheminsoptiques
des deux rayonségale
àzéro).
Onrègle
donc d’abord les interférences à la lumière blanche pour avoir lafrange
zéro au milieu duchamp, puis
onpasse à la lumière
monochromatique
et l’onphotographie.
9.
Repères. - Puisqu’on
veut constater si lesfranges
sedéplacent quand
on fait,tourner
l’appareil,
il faut déterminer leurspositions
parrapport
à unrepère
fixe. On avait utiliséjusqu’ici
unréticule,
mis dans leplan
del’image
desfranges (donc près
de lafente).
’Cette méthode a l’inconvénient
qu’un déplacement
du réticule parrapport
au miroir(à
lasuite d’une déformation
élastique
dusupport,
parexemple)
donne un mouvement appa- rent desfranges.
On pare à cette difficulté enplaçant
lerepère
devant les miroirs~I,
etEn
effet,
unobjet qui
i se trouvejuste
devant ces miroirs seprojette
nettement sur le film.Nous avons
placé
devant unpremier
fil horizontal(diamètre 2 mm).
Ilintercepte
la.lumière du
trajet
1-3-5-7 etproduit
sur le film une bandegrise qui
n’est éclairée que par’le
trajet
2-4-6-8. Les bords de cette bande ne sontcependant
passymétriques, puisque
lesfranges
d’interférence lestouchent,
et il seraitdangereux
de s’en servir pour faire lespointés.
Nousplaçons
donc un deuxième fil horizontal(de 0,5
mm dediamètre)
devant lemiroir
)ils
et nous leréglons
de tellefaçon qu’il
seprojette
au milieu del’image
dupremier
,fil. Il se
produit
sur la bandegrise
une fineligne blanche,
dont les bords sontrigoureu-
sement nets et
qui
servira derepère
absolument fixe. Dans cedispositif,
undéplacement
éventuel du film par
rapport
à l’interféromètre negènera
nullement. - 10. Thermostat. - Tout l’interféromètre estentouré,
soit d’un thermostatrempli
de
glace (en ballon,
voirplus loin),
soit d’une enceinte en fer àjoints
de caoutchoucqui permet
de faire le vide.L’expérience
nous amontré,
dès ledébut,
que c’était surtout lesperturbations thermiques
dans l’airqui
donnaient des mouvementsirréguliers
etrapides
des
franges
et non pas deshétérogénéités
detempérature
dans lesupport.
Pour les éliminercomplètement,
nous avons tenté deplacer
l’interféromètre dans le vide et nousavions,
dans cette
intention,
fait construire l’enceinte en fer.ylalheureusement,
les interférences sedéréglaient
au bout dequelques
minutes dans le vide à cause de faiblesdéplacements
desmiroirs, produits
par de minuscules bulles d’airqui
se dilatent lentement dans lapicéine.
On aurait évidemment pu
imaginer
unréglage
à distance. Nous y avonsrenoncé,
l’essaiayant
montré que lerécipient seul,
par sagrande capacité thermique,
a si bienhomogé-
néisé la
température
que, mêmeà, pression atmosphérique,
lesperturbations thermiques
disparaissaient complètement.
’Il.
Suspension
etrotation.
-cc)
enballon.
- Il ne fallait pas songer à tourner Finterféromètre parrapport
au ballon. La seulepossibilité
de réaliserl’expérience
con-sistait à faire tourner tout le ballon. On réalisait ainsi une rotation très douce autour d’un
axe
parfaitement
vertical. Cettesuspension aérostatique
vautlargement
lesupport
clas-sique
du bain de mercure. Nous avons réalisé la rotation à l’aide de deux moteurs élec-triques
munis d’hélices,suspendus
en dessous del’équateur
du ballon à la hauteur de la nacelle. Nousdisposions
d’une forcepériphérique
de3,5 kg,
mais nous n’avions à utiliser que0,8 kg
pour donner au ballon de I G m de diamètre(2200 fi.3)
une vitesse de rotation d’un tour en 2;5 secondes. Cette vitesse est le maximum de ce que nouspouvions supporter
à la
longue
sans inconvénientsphysiologiques
graves, comme l’avaient montré lesexpé-
riences
préliminaires.
b)
au laboratoire. - Nous avonssuspendu
toutl’appareil
à unetige
de fer, traver- sant leplafond
etsupportée
par un roulement à billes cimenté sur leplancher
del’étage
supérieur.
Lasuspension
contient unsegment
de cordevertical, qui,
par saflexibilité,
garantit
la rotation autour d’un axeparfaitement
vertical. Pour éviter toutepériodicité
dans la viksse de rotation. l’entrainement est obtenu au moyen d’un
petit
moteur avec-hélice, posé
3ui, laplaque
Lournaiite même.12. Azimuts. - Pendant la rotation de
rinterféromètre,
l’azimut del’appareil
doitêtre connu à
chaque
instant. Nous avons combiné uncaarau,
muni de fenêtres et neparti- cipant
pas à larotation,
avec un rayon lumineux dont la source et letrajet
sont solidairesde
l’appareil.
Le rayon lumineux passe à travers les fenêtres du cadran ets’enregistre
parun
système
de miroirs et de lentilles sur le bord du film. Enballon,
le cadran était main- tenu immobile par uneaiguille
aimantée(1) ;
aulaboratoire,
le cadran était fixé sous la table tournante. Le cadranintercepte
ungénéral
lalumière ;
il ne la laisse passer que par des fentespratiiluées
tous lesvingtièmes
de tour. On obtient donc un éclair de lumière tous les 18° de rotation. Lavîngtième
fente(qui
est dans la directionnord)
est obstruée.On
peut
doncrrpérer
sur le film la direction nord(signal manqnant), puis
les azimuts.de 18° en 181.
i3. SensibiUté de t’interféromètre. - de
pouvoir
exécuter les mesures inter-îérométriques
enballon,
il a fallu construire un interféromètre depetites
dimensions. Nous’avons choisi un
appareil
dont le cheminoptique
total danschaque
branche mesurait2,80
m. Miller utilise dans sesexpériences
unappareil
de 70 m de chemi.noptique. Quelle
sera la sensibilité du
petit
inodèle encomparaison
de celle del’appareil
de Miller ? Dans cesdernier
l’observateurpeut
estimer laposition
desfranges
parrapport
au réticule àI/’() îrange près j. Avec l’enregistrement photographique, l’analyse
dufilm,
faite à la machine- àdiviser,
estbeaucoup plus
exacte. Eneffet,
la distance desfranges
a été choisieégale
à1 mm environ. L’errieur
probable
d’unpointé
nedépasse
pas0,007
mm. La mesure se fait donc avec uneprécision
defrange,
donc 15 fois meilleure que dans lesgrands
appa- reils.L’enregistrement photographique permet
en outre d’utiliser unelongueur
d’ondeplus,
courte
(0’,436~.
Elle ex donc~,36
foisplus petite
que celle de la raie de sodium(0.,589 p..}
d’où uii coefficient de
1,36
en faveur dupetit appareil qui
estfinalement,
aupoint
desvue
précision
delecture, i,3()Xl5 =20
foisplus
efficace.Or,
son cheminoptique
n’eakque 24 fois
plus
courut. Un voit flue la sensibilité relative des deuxtypes,
Si
donc
Î aupoint
ci~ vuesensibilité,
les deuxappareils
sevalent,
lepetit
modèlepossède
desavantages
aupoint
de vue des erreurssystématiques
et desperturbations :
.
a)
Il estplus
facile de l’isolerthermiquement
et de lui doniierîa stabilitémécanique
nécessaire.
b) L’enregistrement photographique permet
de tournerl’appareil plus
vite(3
à 4 tourspar
minute)
Il L’observation visuelle nepeut
se fairequ’avec
une vitesse maximum de 1 tour par minute(2). Or,
toutes lesperturbations
à variations lentes influent sur le résultat.plus
fortement si la durée de rotation estplus grande.
c}
Le filmenregistreur
domu uii documentqui peut être
examiné en tout repos à la machine à diviser. Il faut une demi-lieure environ pourdépouiller
un tour de1’appa:reil enregistré
en 15 à 25 secondes.d)
Onpeut
t éliminer toute erreurpsychologique
en faisant mesurer les films par unpersonnel subalterne, entraîné
à la mesure inais ne sachant pas dequoi
ils’agit
dans lecas
particulier.
Ceci est évidemmentbeaucoup plus
difficile sil’observateur,
marchantautour de
l’appareil,
sait àchaque moment,
dansquel
azimut il se trouve.je4..
Analyse
du films. -- Ainsiqu’il
a été ditau §
fi ~, 19signaux
lumineuxs’enregistrent
par tour sur le film. Le
vingtième signal qui
manque donne le nord. Pour chacun dessignaux,
on mesure à la machine à diviser la distance entre lerepère
et deux desfranges
d’interférences. Si un vent d’éther
existait,
lesfranges
devraient sedéplacer
parrapport
au(l) Dirions i.c~ que, lors de l’ascension, cet
appareil
n’a pas servi. Les astres étant dsibres, nous enregistre les a::imiils en eommantlttnl la petite lampe à maLn ton:" les(2) )Iichet’3on n6 ÎaisJÜt qUE’ 1 tour par minute.
repère
en un mouvement sinusoïdalqui
aurait deuxpériodes complètes
pour un tourE Les mesurescorrespondant
auxsignaux
11 à 20 sont donc enphase
avec celles dessignaux
i à 10 et onpeut
les résumer en une moyenne. Leproblème mathématique qui
sepose est donc de calculer
l’amplitude
et laphase
de la sinusoïdecomplète
qui s’adapte
le mieux aux 10points
observés. La méthode des moindres carrés de Gausspermet
de trouver la solution paranalyse harmonique.
Ellepermet
de déterminer les troisgrandeurs
et6’ ;
connaissant .4et 9,
on calcule lagrandeur
et la direction du vent d’étherproduisant
une telle sinusoïde.En
effet,
la théorie de l’interféroinètre Michelson montrequ’une
vitesse relative entre l’éther et l’observateur se traduit par une variation à L du cheminoptique
.~qui
est donnéepar la formule
-
- - ..
Si
-L4/2
estl’amplitudè
observée de lasinusoïde,
etD,
la distance entre deuxfranges
consé-cutives,
on a(~,, longueur d’onde)
d’où :La formule
(4 j permet
de calculer v, connaissant X etL,
etayant
mesuré ll et D.Nous
comptons
tous les azimuts del’appareil
àpartir
de laposition
danslaquelle
lechemin
optique
1-3-5-7 se trouve dans leplan
méridien et nouscomptons
lesamplitudes
dans le sens
qui correspond
à un raccourcissement de ce cheminoptique.
Dans ces condi-tions,
la direction du vent d’éther forme avec le méridien unangle égal
à~/~.
On nepourrait
donc déterminer que l’orientation etjamais
la direction du ventd’éther,
commeil ressort de la, théorie de l’interféromètre.
III. RÉSULTATS.
~ . l:n ballon. --- L’ascension a eu lieu le
20/21 juin
i 926(1).
Les mesures furentexécutées le ~1
juin
entre 0 et 4 heures du matin à une altitude de 2 500 m. Lajournée précédente ayant
été trèschaude,
le thermostat àglace
n’a pas bien fonctionné et lesperturbations thermiques
ont fortementgêné. L’analyse
du film n’a donné un vent d’étherqu’en deçà
de la limite des erreursproblables qui,
à cause de cesperturbations thermiques,
était de 9 km : s.
A dix heures du
matin,
à 4 500 m, l’observation visuelle apermis
seulement de cons-tater que le
déplacement
desfranges n’atteignait
pas un dixième de la distance entre deuxfranges, correspondant
à ;~0 km : s environ.2. Sur terre ferme à Bruxelles. - Le même
interféromètre,
maisperfectionné quant,
1à sa
protection thermique,
a servi au laboratoire en novembre 1926. Deux séries de mesuresfurent exécutées, l’une les 25 et 29 novembre à
minuit, époque
àlaquelle
laprojection
horizontale du vent d’éther de Miller était
près
du maximum. A cemoment, l’apex
du ventd’éther se
trouvait,
pourBruxelles,
au dessus del’horizon,
cequi donne,
pour un vent d’éther de 10 km : s(Miller),
uneprojection
horizontale de8,9
km : s. Ce vent d’éther(t) Pour plus de détails voir : C. R., t. 163 (f9~6); n- ~; Bull. Acad. Belg., (1926), p. 630-63j.
devrait donner une sinusoïde d’une
amplitude
totale de5,7/iOOO frange.
L’autre série demesures a été exécutée le 23 novembre de 10 h 40 mn à Il h 00 nin. On a étudié
chaque
fois six groupes de dix tours de rotation et l’on a
calculé,
pourchaque
groupe, la sinusoïde laplus probable
enamplitude
et enphase.
Les résultats sont réunis dans le tableau I.TABLEAU 1.
Il est à remarquer que la
première
série(minuit)
a été mesurée par l’un de nous, tandis que, pour la deuxièmesérie,
les mesures du film ont été exécutées par unpersonnel
subalterne
qui
n’était pas au courant de laquestion.
Lepremier
groupe de dixtours,
mesuré par un collaborateur nonentraîné,
a dû être remesuré. Apart cela,
toutes lesmesures, sans aucune
exception,
ont été utilisées tellesquelles
avec le mêmepoids.
On voit que, dans ces 12 groupes, un seul a donné un vent d’éther aussi
grand
que celui de Miller. Engénéral,
le vent d’éther trouvé estpassablement plus
faible. Enoutre,
cequi
estessentiel, la
direction des différents vecteurs trouvés varie d’unefaçon
tout à fait arbitraire. On s’en rend biencompte
enportant
les vecteurs en ungraphique polaire.
Onn’y
voit aucune trace d’un effetsystématique
de l’ordre degrandeur
du vent d’éther de Miller.Ces
graphiques polaires permettent
en outre de déterminer d’unefaçon simple
levecteur moyen,
qui représente
le vecteur leplus probable.
Comme résultat
final,
nous trouvons :’
En
appliquant
la formule(4)
et en y introduisant les valeurs suivantes :on trouve
On retrouve les mêmes valeurs en calculant un peu autrement. Prenons la moyenne de toutes les mesures du
premier signal,
celle dusecond, etc.,
et calculons la sinusoïde laplus probable
parrapport
aux dixpoints
moyens. Nousreprésentons
dans lesfigures 4
et 5les
graphiques correspondants.
Dans lepremier,
on voit en outre la sinusoïdequ’on
auraitdû trouver pour un vent d’éther horizontal de
8,9
km : s(Miller).
On voit que ces valeurs trouvées sont en
complet
désaccord avec les résultats de îvliller. Ledéplacement
desfranges
observé à minuit est 28 foisplus petit
que ce que devrait donner le vent d’éther horizontal de8,9
km : s(0,f
millième defrange
contre5,7 millièmes).
Fig. 4. - 2~ et 29 novembre à minuit. Fig. 5. - 23 novembre à midi.
Graphiques finaux pour Bruxelles.
Précisons encore que les faibles vitesses que nous trouvons ne
peuvent
pas étre consi- dérées comme réelles. Endiscutant,
par le calcul des erreursprobables,
les erreursindividuelles,
on trouve que les erreursprobables
sontplus grandes
que les valeurs trouvées. Ellessont,
pour les deux cas, d’environO,ti/1000 frange, correspondant
à3,0
km : s environ.3. Mesure de contrôle. - Il était intéressant de prouver que notre interféromètre était
capable d’enregistrer
réellement de faiblesdéplacements
desfranges
de l’ordre degrandeur
de l’effet Miller. Nous avonsproduit
un « effet artificiel » de lafaçon
suivante : -.L’appareil
estimmobilisé;
sur lesupport
du miroirM,
est fixé un ressortdynamométrique, qui peut
être tenduplus
ou moins fortement au moyen de la vismicrométrique
d’unemachine à diviser. On donne d’abord au ressort un
allongement
tel que le mouvement desfranges
devient directement visible à l’0153il. Unallongement
du ressort de 50 mm donnait undéplacement
defranges
de0,40
fois la distancequi
lessépare,
d’abord estimé è~ensuite
enregistré
et mesuré à la machine à diviser. Laproportionnalité
entrel’allongement
du ressort et le
déplacement
desfranges
a été vérifiée. Enallongeant
le ressortplus faiblé- ment,
soit da0,71
mm, ledéplacement
desfranges
devrait être 70 foisplus petit,
donc5,7/1000, amplitude égale
à l’effet de Miller.Nous avons effectué deux séries de mesures de ce
déplacement artificiel,
enprenant
lesprécautions
nécessaires pour que l’observateurqui
mesure le film ne sache pas dansquel
sens le mouvement du ressort a été fait
(ceci
afin d’éliminer toute « erreurpsychologique ~>).
, Nous avons trouvé des
déplacements
de4,3/1000
et5,5/1000
en moyenne4,9/1000
±1,5/1000
au lieu de
5, 7/1000.
On voit que l’effet s’est bien manifesté dans le sens
prévu
avec une erreur absoluequi
est en
deçà
de l’erreurprobable.
Cette vérification est trèsimportante
etsatisfaisante,
puisqu’elle
montreqii"tin déplace1nent
desfranges
de l’ordre de,fJl’andeur
de il/illernous
échapper.
Si l’erreur est k deux fois
plus grande
ici que dans les mesuresprincipales,
cela tient à ce que le nombre d’observations estplus petit.
4. Discussion. - Si l’on compare nos mesures de Bruxelles à celles cle M.
Miller,
onpeut
nousobjecter
que nos mesures, ont été faites à une altitude de 100 mseulement,
tandis que Miller a trouvé le vent d’éther sur le Mont Wilson à 1 i ~0 m. Mais dans sa
publication
en avril 1926[1],
ilcommunique qu’en ieprenant
les mesures à Cleveland(à
faiblealtitude)
iltrouve,
làaussi,
uneffet, qui, d’après lui,
ne diffère pasgrandement
de celui du Mont QYilson
(1).
Il est en tout caspermis
de comparer les mesures de Bruxelles à celles de Cleveland.Puisque
les mesures de Cleveland donnent un résultat presque iden-tique
à celles du MontWilson,
onpeut aussi comparer les’résultats
de Bruxelles à ceux du Mont Wilson.5. Mesures sur le
Rigi,
à 1800 m. - Pour terminer nos recherches et pourrépondre
à certaines
critiques [2:11,
nous avonscependant
tenu àrépéter l’expérience
aussi enaltitude et à nous
.placer
dans des conditions serapprochant
autant quepossible
de cellesdes mesures de 31. Miller. Nous avons choisi comme
point
d’observation leRigi (longitude
8°30’ Est Greenvyich et latitude 47°0’Nord),
dont la hauteur(1
800m) dépasse légèrement
celle du 3Iont Wilson. Son sommet trèsdégage
seprêtait particulièrement
ànotre travail. Il est à une
quarantaine
de kilomètres au nord de lapremière
chaîneprinci- pale
desAlpes.
Les cimes isolées lesplus rapprochées qui
ledépassent légèrement
sontà 20 km à l’est et a l’ouest
(Mythen
etPilate).
Lenord, d’oii,
selonMiller,
soufflerait le ventd’éther,
est tout à fait ouvert.L’appareil
étaitplacé
3 mplus
haut que lesommet,
sous les combles de l’hôtel le
plus
élevé. Aucun murépais
nepouvait
arrêter le courant d’éther(2).
Les mesures furent exécutées les 16 et 17
septembre
1927 entre 5 heures et 6 heures du matin(heure locale).
Le vent d’éther de M. Miller avait n ce moment uneprojection
horizontale de
9,5
lnn : s, son apex se trouvant alors à 19° au-dessus de l’horizon. Pouraugmenter
laprécision,
nous nous étionsproposés
de doubler le nombre des mesures.Nous avons donc
enregistré
et mesuré 120 tours del’appareil,
subdivisés en 12 groupes de 10 tours. Commeprécédemment,
nous avons calculé les sinusoïdes lesplus probables qui,
comme le montre le tableauII,
ont toutes desamplitudes passablement plus
faiblesque
6;4/1000 (amplitude
du vent d’éther de M. Miller auRigi)
et dont lesphases
varientirrégulièrement
entre 0 et 2~.L’amplitude
résultante moyenne se trouve êtreégale
à0,’~fi/1000 frange
.correspondant
à un vent d’éther deLe
déplacement
desfranges
trouvé est donc 40 foisplus petit
que cequ’aurait prévu
M. Miller.
Comme erreur
probable
de cette série de mesures, nous pouvonsindiquer 0,4/1000 frange correspondant
à v =2,5
km : s.Si l’on résume comme
précédemment
et5)
les mesures des 10points
des12 séries en une moyenne
générale
et si on lesreprésente graphiquement
à la même(1) Miller dit textuellement j9 j : The evidence now indicates that the drift at .Iount Wilson does not differ greatly in magnitude from that at Cleveland and that at sea-level it ,vould probably have about
the same value.
(~) Nous tenons ici it remercier l’administration des douanes fédérales et les directeurs des Chemins de Fer du Rigi et de l’hôlel Rigi-Kuim pour toute,- les facilités qu°ils nous ont accordées.
TABLEAU II.
échelle
qu’une
sinusoïde de 1B1.Miller,
on obtient legraphique représenté
par lafigure
6Ici encore on se rendra bien
compte
que lespoints
observés sont tout à faitincompa-
tibles avec un vent d’éther horizontal de
P,5
km : s.Fi g. G. - Graphique correspondant aux mesures du Rigi.
Pour
terminer,
nous avons cherché àexpliquer
la discordance entre les résultats d8"Miller et les nôtres. Notre
impression
est quel’appareil
de Miller n’a pas uneprécision
suffisante pour ce genre de recherches. Nous croyons que si sa
précision
avait étésuffisante,
Miller ne serait pas arrivé à conclure de sesexpériences,
à Cleveland d’abord!(i90~~,
par l’absence du ventd’éther, puis,
eninterprétant
autrement les mêmesexpérieilces,
à croire à l’existence du vent d’éther de l’ordre de
grandeur
de 10 km : s.Notre travail a pu être exécuté
grâce
à une subvention de la Fondation Universitaire de Bruxelles.Manuscrit reçu le 26 novembre 192TL
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