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Histoire d’un texte le Kitâb al Imtâa wal muânasa d’Abû Hayyân

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2014

Histoire d’ un texte

le Kitâb al Imtâa wal muânasa d’ Abû Hayyân

Dr Faisal Kenanah Universit é de Caen, France

Résumé :

En ét udiant le Kit âb al-Imt â wa-l-muânasa d’ Abû Hayyân et les ét udes qui y ont ét é consacrées, cet art icle se veut mont rer le cont ext e de l’ hist oricit é de ce t ext e lit t éraire médiéval, à caract ère encyclopédique, ainsi que les condit ions qui ont poussé l’ aut eur à réaliser cet t e composit ion d’ adab. Cet t e dernière, à l’ origine une conversat ion orale, prend une f orme de mut hâqaf a (quêt e des connaissances). Il est quest ion également d’ aborder l’ édit ion de cet ouvrage ainsi que les dif f érent es et mult iples t raduct ions proposées par divers chercheurs. Cet t e œuvre a t raversé, en ef f et , plusieurs ét apes avant de nous parvenir en l’ ét at act uel.

Mots-clés :

Kit ab, Abu Hayyan, lit t érat ure médiévale, adab, cult ure.

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Le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa se dist ingue des aut res ouvrages d’ Abû Hayyân, de par sa nat ure. C’ est en ef f et un ouvrage, au sens moderne du t erme, à caract ère encyclopédique représent ant la vie int ellect uel le, sociale et polit ique du IVe/ Xe siècle sous l’ aspect d’ une série d’ ent ret iens noct urnes ent re un vizir, avide et f éru de connaissances, et un homme de let t res, t rès au f ait des sciences de son t emps.

L’ int érêt de l’ œuvre réside dans le f ait que sa rédact ion incarne l’ une des ét apes les plus import ant es de la vie de not re aut eur. En parcourant l’ ouvrage, nous découvrons la vast e cult ure d’ Abû Hayyân et ses diverses préoccupat ions, qui ref l èt ent de la vie int ellect uelle de son époque.

Si nous cherchons à connaît re l’ origine de cet t e composit ion lit t éraire, nous devons nous réf érer au passage suivant , passage t iré de ce même ouvrage :

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act uelle pénible et dif f icile après le déroulement des ent ret iens noct urnes. Si t u le permet s, j e rassemblerai t out dans une épît re qui cont iendra le subt il et le vénérable, le doux et l’ amer, l e t endre et le rêche, l ’ aimable et l’ odieux. . . car il se peut que cet t e quêt e des connaissances demeure et soit rapport ée, et qu’ en cet act e soit préservé un bon souvenir. . . même si cela cont ient des élément s nombreux et dif f érent s, complexes et ét ranges dont cert ains d’ ent re eux f ont bouillir le sang ret enu, l’ âme précieuse qui se démène pour lui ; l’ obscurit é se réduit avec lui, et on ne s’ en cont ent e pas par ef f ort minimal sans ef f ort maximal. On y t rouve également aut re chose, (des élément s) qui f ont sourire, amusent l’ esprit , invit ent à la raison, prodiguent un conseil, appuient la sacralit é, lient l’ alliance, dif f usent l a sagesse, honorent l’ ardeur, f écondent l’ int elligence, accroissent la compréhension et la civilit é, ouvrent la voie du succès et de la prospérit é, f ont valoir la marchandise des gens de science au marché qui n’ est pas achalandée, réveillent les yeux endormis, mouillent l ’ out re usée et déchirée, humidif ient l ’ argile sèche, et seront une raison f ort e de mieux êt re et de vie agréable"(1).

Cet ext rait sit ué dans l’ int roduct ion du Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa semble livrer une des clef s de l’ int ent ion du proj et de l’ aut eur, Abû Hayyân al-Tawhîdî. L’ obj ect if est décrit : celui de rapport er "t out " à un ami, par écrit . Ce "t out " n’ est f inalement qu’ une "mut hâqaf a" (quêt e des connaissances) qui cont ient de nombreux aspect s cult urels. Abû Hayyân semble avoir t racé sa visée dans ce proj et de composit ion malgré t out es les dif f icult és qu’ il a pu rencont rer.

Il est en ef f et évident que l’ ouvrage d’ Abû Hayyân aborde plusieurs suj et s, de caract ère encyclopédique, puisque la nat ure de la conversat ion orale exige que l’ on parle de t out . Nous serions donc f ace à un compt e rendu oral mis à l’ écrit .

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l-muânasa af in de saisir les enj eux qui se cachent derrière cet t e composit ion lit t éraire, t out en soulignant les liens ent re les prot agonist es. Il nous f audra donc f aire apparaît re les mot if s et les cont raint es de la rédact ion : le choix d’ un proj et écrit peut se comprendre par la vol ont é de rédiger un t ext e d’ adab.

Dans cet art icle, nous nous at t acherons à ét udier le cadre général du Kit âb al-Imt âa wa-l -muânasa en deux t emps af in d’ en éclaircir et d’ en ét abl ir le cont ext e.

La première idée direct rice que nous ét udierons consist era à f aire la lumière sur l’ hist oricit é de l’ ouvrage af in de saisir le f ond de cet t e composit ion lit t éraire. Nous nous ef f orcerons de mont rer que le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa a t raversé plusieurs phases avant de nous parvenir dans son ét at act uel .

Ainsi, l’ ouvrage sur l equel port e not re ét ude est apparu à l’ époque où l’ on composait des Maqâmât (Séances), et où l’ on emplissait les ouvrages de nombreux ent ret iens noct urnes, de légendes, de cont es et de récit s. Cet t e œuvre est donc à classer parmi les t ext es qui ont adopt é l e discours narrat if et qui ont f ait appel à de nombreux "akhbâr" et aut res récit s pour leurs dif f érent s t hèmes. L’ ét ude de l’ œuvre nous oblige à nous arrêt er sur la nat ure du message que l’ aut eur t ransmet , et ceci à t ravers la manière dont le t ext e est reproduit et sur son ét at f inal, af in de découvrir son organisat ion précise, la perf ect ion de sa rédact ion, pour mieux en connaît re la spécif icit é. Ce t ext e est f inalement le résult at concret , organisé et conscient qui t ire son exist ence de sa nat ure propre : puisqu’ il est f ait de paroles et que la logique de cel les-ci exige un enchaînement selon l’ ordre chronologique, il résult e de cet enchaînement que chacun des élément s du t ext e occupe une place primordiale, et que ces élément s apparaissent en suivant une cert aine organisat ion.

1 - L’ édition d’ Ahmad Amin :

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t omes en 1953 au Caire. Ces deux édit eurs nous indiquent dans leur int roduct ion qu’ ils ont adopt é les deux manuscrit s d’ Abû Hayyân pour réaliser et met t re au propre l’ ouvrage d’ al-Imt âa wa-l-muânasa : "Quant au premier exemplaire, il est complet et

est const it ué de cinq part ies. . . mais les deux manuscrit s

cont iennent de graves incohérences quant aux aj out s, aux omissions et aux f alsif icat ions. . . Le déf unt Ahmad Zakî Bâchâ a phot ographié ce premier exempl aire de la bibliot hèque du palais de Top Kapi à Ist anbul "(2).

Les deux édit eurs aj out ent que "le deuxième exemplaire est un exempl aire phot ographié et emprunt é de l’ original à Milan, mais qu’ il est incomplet . Il est const it ué de t rois part ies… Cet exemplaire est rest é encombré de f aut es et d’ erreurs"(3).

Selon al -Tâhir Ahmad Makki, l e crit ique Ihsân Abbâs, a exprimé sa déf iance quant à l a réalisat ion du Kit âb al-Imt âa. Après avoir pris connaissance du manuscrit qui se t rouve à la bibliot hèque Ambrosiana de Milan, il a pu apprécier que les nombreuses not es et aj out s qui le composaient pouvaient f ournir mat ière à éclairer davant age l ’ œuvre d’ al -Imt âa(4).

Cela signif ierait que l a présent e édit ion aurait besoin d’ êt re réexaminée af in d’ en explorer int égralement la mat ière, et de prendre conscience des erreurs commises par les prédécesseurs. Or, nous savons qu’ il exist e également une part ie d’ un aut re manuscrit signalée par Abd al-Razzâq Muhiyy al-Dîn, mais selon lui : "l’ orient alist e Margoliout h a consult é une copie du premier t ome qui se t rouve à Bagdad"(5).

Par ailleurs, les deux édit eurs ont aj out é une int roduct ion à cert aines nuit s et ont subdivisé chaque nuit du premier t ome en dif f érent s t hèmes numérot és(6). Ils ont ainsi int roduit un prologue à la 30e nuit(7) alors qu’ il n’ exist ait pas, dans les manuscrit s qu’ ils ont adopt és, d’ indicat ions pour cet t e nouvelle nuit(8).

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nuit : "le t roisième t ome du Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa"(9). Les deux édit eurs not ent également que, dans le cours de la 31e nuit du deuxième t ome on lit : "Le deuxième t ome du Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî s’ achève conf ormément à not re organisat ion. . . " Le t roisième t ome le suit et s’ ouvre sur : ''Puis la conversat ion s’ est engagée sur le suj et des hôt es et convives''(10).

La ment ion du t roisième t ome apparaît une deuxième f ois après vingt -six aut res pages consacrées à l’ index des t hèmes du deuxième t ome. Ce désordre dans la subdivision des nuit s soulève, selon nous, un problème d’ organisat ion.

Si les deux édit eurs signalent des aj out s et des omissions, nous en ignorons les limit es. Cela signif ierait donc que le premier manuscrit ne serait pas complet puisque celui de Mil an cont ient , selon Ihsân Abbâs, bien plus d’ inf ormat ions et d’ élément s que ceux f ournis par Ahmad Amin et Ahmad al-Zayn.

Pour l’ heure, nous ne pouvons que const at er que l’ ouvrage que nous avons ent re nos mains auj ourd’ hui ne nous est pas parvenu t el qu’ Abû Hayyân l’ avait rédigé. Voyons maint enant si le t it re même de l’ œuvre a soulevé diverses int erprét at ions et variant es.

2 - Réflexion sur le titre, de multiples traductions :

Nous allons à présent ét udier les signif icat ions et relever les t raduct ions du t it re données par cert ains chercheurs af in de dét erminer la relat ion ent re le t i t re et le cont enu de l ’ ouvrage.

Marc Bergé, dans Bull et in d’ ét udes orient ales, t ome XXV, a consacré une court e ét ude à l’ œuvre d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî, sous le t it re de "Genèse et f ort une du Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî". Il a apport é une explicat ion

aux deux t ermes d’ al-imt âa wa-l-muânasa que nous t enons à

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développement des t hèmes les plus variés"(11).

Il poursuit : "De son côt é, le mot "muânasa" exprime ici "l’ int imit é", "la f amil iarit é", "la sympat hie" qui exist ent ent re ceux qui met t ent en commun leurs richesses int ellect uelles dans le cadre de cet t e f orme de vie sociale que représent e le maj lis (cercle) propre à une personnalit é t elle que celle d’ un vizir"(12).

Dans sa t hèse "Récit et discours dans le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî", Aïcha Bayoudh a adopt é une approche plus lexicale du t it re d’ Abû Hayyân alTawhîdî : "Al -Imt âa, serait le nom dérivé des racines "ma-t a-a" dont le signe linguist ique désigne la j ouissance et le plaisir… Ainsi, l’ Imt âa… s’ associe au t erme muânasa, qui lui, dérive des racines "a-na-sa", se sent ir en sécurit é"(13).

En out re, selon Ibn Manzûr, nous t rouvons dans son Lisân al-arab que l e mot "imt âa" vient du verbe "mat aa" : "l ’ homme se réj ouit . On dit que t out ce qui est bon, réj ouit (mat ua) et est réj ouissant (mat i)"(14).

Quant au mot "muanasa", il est l’ opposé de "wahcha" : solit ude, t rist esse et absence de sociét é. Il t rouve son origine dans les verbes "anasa, anisa, anusa et ânasa" : "êt re sociable, s’ habit uer à quelqu’ un et devenir f amilier avec lui". Les t rois composant s "al-anasu wa l-unusu wa l -insu" désignent une vie sociale, une f amiliarit é et une sérénit é.

Quant à la t raduct ion même du t it re, Pierre-Louis Reymond se propose de le t raduire par : "La saveur du plaisir de se t rouver en sociét é agréable"(15).

Dominique Mallet dans son art icl e "La volière d’ Abû Hayyân" donne la t raduct ion "L’ agrément du plaisir cult ivé et la j ubilat ion de se t rouver en agréable compagnie"(16).

Ibrahim al -Kilani, dans son livre Abû Hayyân al-Tawhîdî, essayist e arabe du IVe siècle de l’ Hégire (Xe siècle) propose la t raduct ion "l a dél ect at ion et l ’ agrément "(17).

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d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî La sat ire des deux vizirs, il t raduit l e t it re d’ al -Imt âa wa-l-muânasa par "Le plaisir of f ert et la sociabilit é part agée"(18).

Enf in, dans son art icle int it ulé "La nuit inaugurale de Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî : une leçon magist rale d’ adab", Salah Nat ij t raduit le t it re de l ’ ouvrage par "Le livre des conversat ions inst ruct ives et sociables"(19).

Comme nous pouvons le const at er, le t it re de cet t e œuvre a donné plusieurs t raduct ions possibles. Pour not re part , nous j ugeons bon de conserver le t it re original en arabe sans essayer de l’ int erprét er laissant ainsi l e lect eur dét erminer à t ravers sa lect ure le(s) sens possible(s) qu’ il peut lui at t ribuer.

A t ravers les signif icat ions d’ al-Imt âa wa-l-muânasa, les quarant e nuit s de l’ ouvrage d’ Abû Hayyân se déroul ent dans ce même cadre af in d’ apport er l e plaisir et la sociabilit é aux membres de l’ audit oire. Chaque nuit ent ret enue avec le vizir port e en elle des images claires et occupe un cadre t emporel et spat ial. Ell e a également des variét és part iculières quant à ses exemples, ses personnages, ses événement s et ses dét ails.

Abû Hayyân a cert es voulu que son œuvre port e le t it re de "al-Imt âa wa-l-muânasa" comme pour prouver que ces quest ions int ellect uelles port ent dans leurs prof ondeurs un plaisir of f ert et une aimabl e compagnie. La quest ion en ef f et , qui se pose est de savoir : qui a donné du plaisir à l’ aut re ? Abû Hayyân ou le vizir ? La sat isf act ion n’ a-t -elle pas ét é éprouvée que d’ un seul côt é ?

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cercle port a, à l’ occasion, le nom de "maj lis al-imt âa wa-l-mu’ ânasa", comme l’ indique al-Tawhîdî lui-même (Imt âa, I, 157, l. 18). Il y a donc ident it é de nom ent re l’ ouvrage d’ al -Tawhîdî et le maj lis du vizir, sans que nous sachions à qui revient l’ init iat ive de ce choix".

Quelle est la limit e de la concordance ent re le t it re et sa mat ière ? Le t it re présent e-t -il l e développement d’ une réf lexion ou un couronnement de la mat ière débat t ue ?

Si un lect eur arabophone non spécialisé, en découvrant l ’ ouvrage, se cont ent e d’ en l ire le t it re "al -Imt âa wa-l-muânasa", son imaginaire le renvoie à des aspect s érot iques. Car, le sens premier du mot imt âa est "plaisir et j ouissance", et celui du mot muânasa, "la compagnie int ime". C’ est pourquoi, le t it re, au premier abord, ne semble pas correspondre t out à f ait à son cont enu. Et c’ est pour cet t e raison que les chercheurs qui ont proposé des t raduct ions à ce t it re, ont eu recours à des t it res explicat if s af in de dét erminer le cont enu de l’ ouvrage.

Ainsi, il est dif f icile de donner une t raduct ion mot à mot du t it re sans f aire appel à des t ournures explicit es.

Au dire de l’ aut eur l ui-même, des t émoignages du vizir, aux impressions de t out lect eur spécialist e de la lit t érat ure classique, nous démont rerons le cont raire, c’ est -à-dire que le t it re est en t ot ale harmonie avec son cont enu, car nous ent endons par l es deux t ermes imt âa et muânasa, "un pl aisir et une sociabilit é int ellect uels".

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vizir. Et al-Imt âa dépend de l ’ immense savoir qu’ Abû Hayyân t ransmet t ra au cercl e du vizir. Abû Hayyân a l’ honneur de servir le vizir, d’ ent ret enir de bons rapport s avec lui et d’ avoir sa f aveur. Le vizir lui-même af f iche le désir de sa compagnie : "j ’ ai désiré ardemment t a présence pour nous ent ret enir et avoir une aimable compagnie"(20).

Nous devons également signal er le j ugement d’ al-Qif t î à propos de la descript ion de l’ ouvrage : "en vérit é c’ est un livre int éressant pour celui qui part icipe aux diverses branches de la science. Car ce livre a abordé de nombreux suj et s et les a t rait és avec minut ie"(21).

L’ aut eur, par ce t it re, spécif ie donc la cat égorie de lect eur qui peut s’ int éresser à la mat ière de cet ouvrage. Tout lect eur ne peut pleinement savourer l’ ouvrage lorsqu’ il le lit , car il a besoin d’ un bagage de connaissances suf f isant pour êt re en harmonie avec la mat ière du livre et en t irer avant age.

Abû Hayyân conf irme cet t e réal it é lorsqu’ il signale que les concept ions de la pensée et de la connaissance ne sont pas une subst ance solide qui provoque l ’ ennui. Au cont raire, la mat ière de l’ ouvrage est int éressant e pour des individus ayant acquis un niveau cul t urel élevé et précis qui leur permet d’ af f ront er t out es sort es de savoirs.

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3 - Origine du Kitâb al-Imtâa wa-l-muânasa :

Nous avons l’ habit ude de t rouver dans les œuvres d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî des indicat ions chronologiques qui peuvent embrasser une période d’ environ quinze ans, comme par exemple dans al-Basâir wa-l-dhakhâir (Vues des anciens et pensées des sages) et les Muqâbasât (Ent ret iens). Ces indicat ions sont les preuves que ces ouvrages n’ ont pas ét é réalisés d’ emblée ni sur une court e durée(23), mais au cont raire qu’ ils sont le f ruit de savoirs, de connaissances et de dif f érent s t émoignages qu’ Abû Hayyân al-Tawhîdî a rencont rés sur plusieurs années. Il rassemble par la suit e t out es ces expériences dans une f orme f inale après les avoir minut ieusement ét udiées.

Le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa a-t -il pu êt re rédigé de

manière déf init ive d’ emblée ou a-t -il ét é remanié, modif ié avec précision comme les deux aut res ouvrages indiqués ci-dessus ?

En ef f et , de nombreux indices dans al-Imt âa wa-l-muânasa nous renvoient à dif f érent es dat es. La dernière remont e à l’ année 370/ 980, dat e à laquelle Abû Hayyân rent re de Rayy, dépit é du vizir bouyide Ibn Abbâd.

Dans l’ édit ion manuscrit e de Milan, les deux édit eurs, Ahmad Amîn et Ahmad al-Zayn, indiquent à la f in du premier t ome du Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa que : "cet t e épît re a ét é rédigée au mois de raj ab 374 / 984"(24).

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Avant d’ ent rer dans le dét ail, nous devons rappel er les condit ions qui ont permis à Abû Hayyân de pénét rer dans le cercle du vizir, et comment cet accès lui a ét é accordé après avoir subi plusieurs f ois des échecs dans le passé.

Ce sont les besoins moraux et mat ériels qui l’ ont poussé à se déshonorer maint es f ois près du seuil des "Grands". Il n’ a donc pas pu obt enir ce qu’ il désirait pour des raisons que cert ains ont t ent é de j ust if ier. Mais ce qui est import ant pour nous ici est de savoir que, bien qu’ il ait éprouvé les doul eurs de la décept ion, il n’ a j amais perdu espoir. Dès son ret our à Bagdad en 358/ 968, il ret rouve son ami Abû l-Waf â, et cela f ut "la rencont re la plus heureuse"(26).

Abû Hayyân se plaint de sa sit uat ion et demande de l’ aide auprès d’ Abû l-Waf â qui n’ hésit e pas à lui t endre la main : "Et j e t ’ ai promis d’ améliorer t a sit uat ion avec une f erme int ent ion"(27).

Poussé par le besoin et la nécessit é, Abû Hayyân avait conscience de la f aille qui t ouchait ses valeurs morales et ses mœurs. Il l’ annonce l ui-même par allusion ou par décl arat ion, car la quêt e de la nourrit ure ne peut s’ obt enir : "Que par le f ait d’ abandonner sa f oi, corrompre ses vert us, perdre son respect , f at iguer son corps, digérer l’ amert ume, support er la peine, souf f rir la privat ion, résist er à t out es sort es de t ourment s"(28).

C’ est ainsi, et grâce à son ami, qu’ Abû hayyân al-Tawhîdî a pu pénét rer dans le maj lis du vizir Ibn Saadân.

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Abû Hayyan et le vizir sont donc t ous deux des bénéf iciaires. L’ un a réal isé son rêve de f réquent er les maj lis, l’ aut re a réussi à se renseigner sur ce qu’ il cherchait . Quant à Abû l-Waf â, il rest e l’ int ermédiaire, l’ axe de meule de ce proj et . Il est cert es l’ init iat eur et c’ est à lui aussi que reviennent les résul t at s. Abû l-Waf â a eu f inalement raison de menacer Abû Hayyân al-Tawhîdî pour qu’ il l ’ inf orme de ses ent ret iens avec le vizir, car l’ ouvrage, d’ un simpl e échange oral s’ est t ransf ormé en un vérit able écrit .

Nous const at ons à t ravers l’ int roduct ion de l’ ouvrage d’ Abû Hayyân al-Tawhîdî, et quand celui-ci adressait ses paroles à Abû l-Waf â, et not ait le déroulement de leurs échanges, qu’ Abû Hayyân s’ isolait avec l e vizir. Car Abû l -Waf â lui dit : "Mérit ais-j e de t a part , dans t ous ces mot if s que j e viens d’ énumérer et ceux semblables que j e n’ ai pas cit és ici par craint e de m’ at t arder, que t u t ’ isoles avec le vizir, que Dieu prolonge ses j ours, des nuit s durant es, consécut ives, que t u l ui parles alors de ce que t u aimes et de ce que t u veux, que t u lui livres ce que t u souhait es et ce que t u choisis, et que t u lui rédiges billet s sur billet s?"(30).

Malgré ses grands espoirs et les promesses qui lui ont ét é f ait es, Abû Hayyân al-Tawhîdî n’ a pas at t eint son but . Nous ne savons si cela relève d’ un échec de sa relat ion avec le vizir ou avec Abû l-Waf â, ou bien s’ il s’ agit davant age d’ une non adapt at ion, d’ une non int égrat ion à la vie du pouvoir, ou plut ôt , si cela ne découle pas t out simplement de la malchance(31).

Nous venons d’ ét ablir rapidement l’ hist oire du Kit âb al-imt âa t elle qu’ elle a ét é décrit e par l’ aut eur lui-même et les deux édit eurs Ahmad Amin et Ahmad al-Zayn dans l eur int roduct ion. Au f inal , plusieurs phases doivent êt re dist inguées dans la composit ion de cet t e œuvre :

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rapport é à nouveau, c’ est -à-dire qu’ Abû Hayyân n’ avait peut -êt re pas l’ int ent ion de révéler un j our ses ent ret iens avec le vizir par écrit . A mesure que les ent ret iens noct urnes se succèdent , ils prennent place dans des ensembles de longueur t rès variable que l’ on nommera bient ôt nuit , not ion ou t erme que l’ on ret rouve déj à dans un aut re ouvrage cél èbre, Les Mille et une nuit s.

Le proj et de t ext e écrit exist e sans dout e chez Abû Hayyân bien avant l’ int ervent ion et la menace de son prot ect eur Abû l-Waf â. Il se peut qu’ il ait eu l’ idée ou l’ int ent ion de composer à l a f in de ses ent ret iens noct urnes avec le vizir Ibn Saadân une épît re semblable à celle de La sat ire des deux vizirs(32).

C’ est , semble-t -il, après l’ inst allat ion d’ Abû Hayyân chez le vizir que surgissent l e dout e, la colère et l a menace d’ Abû l-Waf â qui réclame le compt e rendu de ce qui se déroul e ent re Abû Hayyân et le vizir.

Ce besoin chez Abû l -Waf â de savoir t out sur ces ent ret iens provient peut -êt re d’ une j alousie. Abû Hayyân répond f avorablement à son ami et prot ect eur et s’ en f ait presque un devoir.

2 - La deuxième phase début e avec la menace d’ Abû l-Waf â et son exigence de t out connaît re. Abû Hayyân se t rouve f ace à un ami puissant et capable de ret ourner sa sit uat ion. L’ inquiét ude s’ empare de son esprit et lui impose l’ obligat ion de s’ exécut er à la demande de ce prot ect eur sans poser de quest ions. Abû Hayyân soumet lui-même l’ idée à Abû l -Waf â de lui rapport er les ent ret iens par écrit . Cet t e ent reprise qui s’ opère à son init iat ive rest e d’ ordre personnel et ne semble pas avoir ét é imposée par Abû l-Waf â, puisqu’ Abû Hayyân lui dit : "Si t u le permet s, j e rassemblerai t out dans une épît re"(33). Cela renf orce not re hypot hèse qui mont re qu’ il avait déj à ce proj et à l’ esprit .

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mémorisat ion pour rapport er t out par écrit , ent reprise exigeant e, et enf in réaliser son ouvrage, "car il se peut que cet t e mut hâqaf a (quêt e des connaissances) demeure et soit rapport ée"(34).

3 - C’ est après la mort d’ Abû Hayyân que nous pouvons placer l a t roisième phase de l ’ hist oire du Kit âb al -Imt âa.

La composit ion d’ Abû Hayyân (lui-même avait dû modif ier, corriger, supprimer, aj out er des élément s), l ’ exist ence de plusieurs exemplaires, ont t rès cert ainement ent raîné une manipulat ion de la part des copist es. Même si cet t e manipulat ion a peut -êt re ét é superf icielle, sans t oucher au f ond du cont enu, nous devons la prendre en compt e dans la st ruct ure de l’ ensemble de l’ ouvrage. Enf in, les deux édit eurs Ahmad Amin et Ahmad al-Zayn eux aussi ont procédé à des changement s, correct ions et explicat ions.

Plusieurs siècles séparent donc l a dat e de l a composit ion de l’ ouvrage par Abû Hayyân de la dat e de son édit ion par Ahmad Amin(35). Ce dernier mont re dans l’ int roduct ion au Kit âb al-Imt âa l’ exist ence des deux manuscrit s(36).

Nous comprenons ainsi que t rois phases, correspondant chacune à une ét ape, ont pu êt re dégagées. Il en résult e donc que le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa, l oin d’ êt re à considérer comme une œuvre f ixée déf init ivement , s’ est const ruit au f il des siècles. Cet t e not ion d’ évolut ion est l’ une des caract érist iques de son hist oire rédact ionnelle.

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chez cert ains chercheurs.

Il a ét é quest ion aussi de savoir si les manuscrit s avaient ét é remaniés ou modif iés avant de nous parvenir dans l’ ét at act uel , et déf inir ce que l’ on ent end par les deux t ermes composant l e t it re, Imt âa et muânasa, t out en f aisant part de not re dif f icult é éprouvée f ace à la t raduct ion de ce t it re t rompeur aux yeux d’ un lect eur non spécialist e. Force est de const at er que plus l’ on progresse dans la lect ure de l ’ ouvrage, plus le t it re apparaît êt re en t ot ale harmonie avec son cont enu.

Quoi qu’ il en soit , le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa présent era d’ aut res aspect s int éressant s : il pourra ainsi êt re apprécié soit comme une simpl e œuvre de commande, rédigé sous la cont raint e et l’ int imidat ion, soit , inversement , perçu comme une œuvre de dénonciat ion et d’ accusat ion du point de vue du cont enu. Le lect eur découvrira alors que cet t e double lect ure, oscillant sans cesse ent re l’ af f ect at ion et l a simplicit é, l’ invent ion et la vérit é, est à l’ image de l’ aut eur.

Notes :

1 - Abû Hayyân al-Tawhîdî : Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa, Ed. Ahmad Amin et Ahmad al-Zayn, Mat baat laj nat al-t alîf wa-l-t arj ama wa-l-nachr, 2e édit ion, Le Caire 1953, I, pp. 8 - 13.

2 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, pp. qâf , l. 10 et râ, l. 7 - 8 et l. 13 - 14.

Voir aussi Marc Bergé : Essai sur la personnalit é morale et int ellect uelle d'Abû Hayyân al-Tawhîdî, t ome 1, Ed. Universit é de Lille III, 1974, pp. 106 - 107. 3 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. ayn.

4 - Al-Tâhir Ahmad Makki : al-Tawhîdî yubat h f î l-Qâhira, Maj allat al-Hilâl, (novembre 1995), p. 71.

5 - Abd al-Razzâq Muhiy al-Dîn : Abû Hayyân al-Tawhîdî, sîrat uhu wa-ât hâruh, al-muassasa al-arabiyya li-l-dirâsât , 2e éd. , Beyrout h 1979, p. 214.

6 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. t â. 7 - Ibid. , II, pp. 196 - 201. 8 - Ibid. , II, p. 196, not e n° 4. 9 - Ibid. , II, p. 165, l. 5. 10 - Ibid. , II, p. 205, l. 7 - 111.

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- 32 -

(1973), p. 97.

12 - Ibid. , p. 99.

13 - Aïcha Bayoudh : Récit et discours dans le Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d'Abû Hayyân al-Tawhîdî, Thèse de 3e cycle, Universit é de la Sorbonne nouvelle, Paris 2003, pp. 55 - 199.

14 - Ibn Manzûr : Lisân arab, t ome 13, (art icle mat aa), Dâr ihyâ Turât h al-arabî, Muassasat al-Târîkh al-al-arabî, 3e édit ion, Beyrout h 1999, p. 14.

15 - Pierre-Louis Reymond : La quest ion du langage dans sa relat ion aux int ellect uels et au pouvoir à part ir du kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa, Thèse de Doct orat , Universit é Lumière, Lyon II, 2003.

16 - Dominique Mallet : La volière d'Abû Hayyân, dans Const ruire un monde ? Mondialisat ion, Pluralisme et Universalisme, sous la direct ion de Pierre Robert Bauduel, Inst it ut de recherche sur le Maghreb cont emporain, Maisonneuve et Larose, Paris 2007, p. 97.

17 - Ibrâhîm al-Kîlânî : Abû Hayyân al-Tawhîdî, essayist e arabe du IVe siècle de l'Hégire (Xe s. ), Beyrout h 1950, p. 43.

18 - Frédéric Lagrange : La Sat ire des deux vizirs, Ed. Sindbad - Act e sud, Paris 2004, p. 12.

19 - Salah Nat ij : La nuit inaugurale de Kit âb al-Imt âa wa-l-muânasa d'Abû Hayyân al-Tawhîdî : une leçon magist rale d'adab, Arabica, (avril 2008), volume 25, f ascicule 2, E. J. Brill, Leiden, p. 228.

20 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. 19, l. 7 - 8.

21 - Abû l-Hasan Jamâl al-Dîn Al-Qif t î : Târîkh al-ulamâ bi-akhbâr al-hukamâ, Makt abat al-Mut anabbî, Le Caire, (n. d. ), p. 283.

22 - Saîd Yaqt în : Al-maj lis, al-Kalâm, al -khit âb : madkhal ilâ layâlî al-Tawhîdî, Maj allat f usûl, t ome 14, n° 4, hiver 1996, p. 198.

23 - Voir Marc Bergé : Problèmes chronologiques, Bullet in d'Et udes Orient ales, t ome XXIX, Damas 1977, pp. 53 ss.

24 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. 226. 25 - Ibid. , III, p. 228, l. 3 - 4.

26 - Marc Bergé : Pour un humanisme vécu Abû Hayyân al-Tawhîdî, essai sur la personnalit é morale, int ellect uelle et lit t éraire dun grand prosat eur et humanist e arabe engagé dans la sociét é de l'époque bouyide, à Bagdad, Rayy et Chiraz, au IV/ Xe siècle (ent re 310/ 922 - 414/ 1023), Damas 1979, p. 171. 27 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. 4, l. 8.

28 - Ibid. , II, p. 143, l. 8 - 10.

(17)

- 33 -

vue, que c'est Abû Hayyân lui-même qui s'est proposé de t ransmet t re par écrit ses ent ret iens avec le vizir.

30 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. 5, l. 11 - 14.

31 - Cf . Zadi Mahj oub : Abû Hayyân al-Tawhîdî, un rat ionalist e original, Inst it ut des Belles Let t res arabes, 27e année, n° 108, 4e t rimest re, 1964, pp. 323 - 329. L'aut eur y expose les échecs d'Abû Hayyân al-Tawhîdî avec le vizir Ibn Saadân. 32 - Cf . lorsqu'Abû Hayyân dit à son prot ect eur : "Je t 'ai remis ce premier t ome par l'int ermédiaire de Fâiq, le page, et j e t iens à poursuivre dans un deuxième t ome. Il t e parviendra dans la semaine, si Dieu le veut ". Cela signif ie qu'Abû Hayyân a déj à ent repris un proj et d'écrit ure parce qu'il compt ait envoyer un t ome en ent ier dans la semaine, sachant que ce t ome cont ient douze nuit s. 33 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, p. 8, l. 10 - 11.

34 - Ibid. , I, p. 9, l. 6.

35 - La publicat ion de Kit âb al-Imt âa est dat ée comme suit : 1ère édit ion : l'apparit ion du 1er t ome en 1939, le 2e en 1942 et le 3e en 1944. La 2e édit ion a ét é réédit ée en t rois t omes en 1953 au Caire.

36 - Al-Tawhîdî : Imt âa, I, int roduct ion, p. qaf , l. 8 - 15 ; p. ra, l. 1 - 20 ; p. chîn, l. 1 - 21, et p. t â, l. 1 - 4.

Pour citer l'article :

 Dr Faisal Kenanah : Hist oire d’ un t ext e le Kit âb al Imt â wal muânasa d’ Abû Hayyân, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 14, 2014, pp. 17 - 33.

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