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Le mausolée support de pratiques rituelles dans la ville contemporaine

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2012

Le mausolée support de pratiques rituelles

dans la ville contemporaine

Monia Bousnina Universit é de Sét if , Al gérie Résumé :

Not re t ravail consist e en l’ observat ion et l’ analyse de groupes humains considérés dans leur part icularit é. Tout en les cont ext ualisant dans leur espace de vie. Not re ét ude a pour obj et un f ragment de la sociét é algérienne (sét if ienne), imprégnée de la t radit ion cult urelle musulmane, localisée et circonscrit e dans un espace vit al et t emporel. On remarque un rapport ent re le t emps et l’ espace, une relat ion chronologique ent re le déroulement de la vie de l’ individu, j alonnée dans le t emps par des rit es de passage manif est és spat ialement . Nous prenons pour obj et d’ applicat ion de not re hypot hèse, le mausolée de "Sidi el Khier" de la ville de Sét if .

Mots-clés :

mausolée, Sidi el Khier, ville, Sét if , rit es.

***

1 - L’ espace sacré et la sacralisation du Monde :

Emile Durkheîm dans "les f ormes élément aires de la vie religieuse", avance comme déf init ion de la religion qu’ une caract érist ique commune à t out syst ème religieux est la dist inct ion ent re deux cat égories de choses : les choses sacrées et les choses prof anes. Cela serait donc l ’ un des t rait s dist inct if s permet t ant de reconnaît re la religion.

Il revient souvent sur la not ion de "conscience collect ive", c'est -à-dire "un ensemble des croyances et des sent iment s communs à la moyenne des membres d’ une même sociét é".

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Les deux concept s de sacré et prof ane sont considérés comme caract érist ique du phénomène religieux ainsi que le concept de "conscience col lect ive" à t ravers le t erme "communaut é morale". Nous pouvons résumer par le f ait que l es croyances religieuses sont t ouj ours communes à une collect ivit é dét erminé et qu’ elle suppose t ouj ours une division bipart it e de l’ univers en un monde sacré et prof ane. Ces deux mondes sont presque hermét iquement séparés, ce sont deux mondes qui ne se rencont rent prat iquement j amais. La seule except ion à cet t e règle est le passage t emporaire de l’ homme religieux du monde prof ane vers le sacré. Ce passage impl ique des disposit ions part iculières.

Mircea Eliade a une même représent at ion du monde, selon lui, il exist e deux modalit és d’ êt re : le sacré et le prof ane, deux sit uat ions exist ent iell es que l’ homme religieux a de t out t emps assumé. D’ après lui, pour l’ homme religieux, "l’ espace n’ est pas homogène", il y a des port ions d’ espaces qualit at ivement dif f érent es des aut res. Ces port ions représent ent l’ espace sacré qui est reconnu comme ét ant "f ort " et signif icat if . Par conséquent le rest e des espaces est considéré comme prof ane, sans st ruct ure et "amorphe".

Il est clair comme nous l’ avons vu dans l e concept du lieu qu’ aucune implant at ion ne peut se f aire sans une orient at ion préalable et que t out e orient at ion impl ique l’ acquisit ion d’ un point f ixe.

Pour met t re en évidence la non-homogénéit é de l ’ espace, t elle qu’ elle est vécue par l’ homme religieux, on peut f aire appel à l’ exempl e du mausolée dans une ville arabe cont emporaine t elle que Sét if . Pour le croyant , cet édif ice part icipe à un aut re espace que l’ ét endue où il se t rouve. La port e qui s’ ouvre vers l’ int érieur de l ’ espace du t ombeau marque une solut ion de cont inuit é vers un aut re monde.

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et ext érieurs indique en même t emps l a dist ance ent re deux modes d’ êt re, le sacré (religieux) et le prof ane. Paradoxalement , ce lieu mat érialise la f ront ière ent re ces deux mondes et en même t emps c’ est aussi le lieu où ces deux mondes ont la possibilit é de communiquer, puisque c’ est en enj ambant le seuil que s’ ef f ect uer le passage d’ un monde à l’ aut re.

En ce qui concerne l e mausolée, en arrivant la f emme se dirige direct ement vers la pièce abrit ant le t ombeau, elle se déchausse à l’ ent rée. Une pet it e surélévat ion marque le seuil, t out es les chaussures y sont ent reposées ; c’ est à cet endroit que se f ait la dist inct ion ent re les deux modes d’ êt re, prof ane et sacré, on se déchausse pour ent rer dans un endroit pur, propre et sacré, et calme. Même le t on de la voix se t ransf orme. Les paroles se f ont murmures et gest es. On change de comport ement et d’ at t it ude en pénét rant l’ ant r e sacrée. C’ est pourquoi dans de nombreuses religions le seuil a une grande import ance. Il permet le passage d’ un monde à un aut re. Le seuil en f ait est un "dedans", il ne cesse de s’ ouvrir puisqu’ il permet l’ accès à l’ inséreur et paradoxalement , c’ est un "dehors", puisqu’ il permet l’ accès à l ’ ext érieur. En f ait , par int érieur, nous ent endons le sacré (le t ombeau) et par l’ ext érieur, le prof ane (la cour). Out re sa f onct ion usuelle, le seuil est l’ obj et de nombreux rit uels puisqu’ il est considéré comme un lieu de passage, de renversement et de ret ournement .

"Il est des lieux, le seuil en est un, où t out es les f igures se donnent et s’ ef f acent , et que nous port ons en nous-mêmes, hors mémoire, dans l’ oubli ; des lieux qui sont à la f ois ryt hme, t emporalisat ion et célébrat ion de l’ art iculat ion ; art iculat ion qui ne se voit pas, dit Héraclit e, est de plus haut règne que celle qui se voit "(1).

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t ranscendé. La coupol e est l’ une des images de la t ranscendance, l’ ouvert ure vers le ciel, la "port e" vers le haut , par où l’ homme peut communiquer symboliquement avec Dieu.

2 - Mise en scène du religieux et centralité :

Il est connu que la cent ralit é dans la ville arabe t radit ionnelle se f ormalise aut our de deux élément s urbains incont ournables : la mosquée et le souk. Mais quelle demeure l a place de ces élément s dans la ville arabe cont emporaine ? Si la ville t radit ionnelle of f re une lect ure claire des liens qui rapprochent la cent ralit é et la sacralit é, en revanche dans le cas d’ ét ude empirique, Sét if , ville cont emporaine, il nous apparaît que la sacralit é est à rechercher dans d’ aut res espaces moins évident s.

Not re t ravail consist e à repérer des espaces de mise en scène du religieux (le sacré dans le sens générique) et du concept de la cent ralit é dans la ville. Nous part ons du post ulat que la vill e de Sét if est consacrée par un pôle qui f ait f igure de lieu "symbolique". La populat ion aut ocht one pérennise la f réquent at ion de ce lieu et la prat ique des rit uels qui lui sont assignés de t out t emps. Nous supposons que dans le ment ale du Sét if ien, cet espace archit ect ural de valeur symbolique (l e mausolée) a une place édif iant e dans leur concept ion de la ville. Sét if nous paraît alors, comme une superposit ion d’ une cart e ment ale t radit ionnell e sur une cart e physique mat ériellement moderne. Puisqu’ à t ravers nos t ravaux, nous avons remarqué la t ransposit ion d’ un syst ème t radit ionnel sur un syst ème moderne (le mausol ée de Sidi el Khier à ses origines, a ét é un lieu de prat iques rit uelles t radit ionnelles).

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nymphe communément appelée "Aïn el Fouara".

Le premier se t rouve dans l’ ext érieur immédiat de la ville, alors que l e nouveau cent re d’ int érêt de la populat ion (Aïn el Fouara) se t rouve, quand à lui, en milieu urbain, précisément au niveau du cent re-vil le hist orique de la ville de Sét if . Nous f ormulons l’ hypot hèse de la nécessit é et la possibilit é d’ une const ruct ion de ces espaces sociaux en t ant qu’ expression collect ive des valeurs. C'est -à-dire que l’ espace ment al et l’ espace vécu ne f ont qu’ un. Qu’ en out re, parmi les lieux sacrés (religieux) de la ville, on ne dist ingue pas seulement les mosquées, mais il y a aussi d’ aut res endroit s caract érist iques et part iculiers répondant à un besoin de spirit ualit é. Il s’ agit not amment des sources d’ eau et espaces minéraux t el que l a f ont aine de "Aïn el Fouara", les places et les mausolées dont l e plus inf luent "Sidi el Khier" qui f ait l’ obj et de cet t e présent at ion. 3 - Le phénomène de culte du saint patron :

La ville de Sét if peut êt re considérée comme essent iellement hagiologique. Ell e est prot égée par "la baraka" de son saint pat ron "Sidi el khier". Son évocat ion enclenche aussit ôt la f ormule de bénédict ion "yaat af aalina bi barakat ihi", "qu’ il nous prot ège avec sa baraka".

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Or, si nous prenons t el que Abdelahad Sebt i, le sens pré-wébérien du t erme charisme dans son accept ion religieuse, celle-ci correspondrait à "karâma" et "baraka"(4). "Charisma" signif ie grâce divine, don, f aveur ; nous t rouvons aussi l’ idée de charme ou grâce "qui s’ at t ache à cert ains personnages sur lesquels se sont posés le regard et le choix de Dieu"(5).

4 - Le mausolée de "Sidi el khier" :

Dans le cas du mausolée, le Sét if ien a ident if ié un espace part iculier, il l’ a isolé du rest e de la ville, et il en a f ait un lieu auquel il at t ache quelque chose de pl us que ses caract érist iques obj ect ives. Nous sommes en présence d’ un "espace-symbole".

Mohamed Boughali en t ravaillant sur la représent at ion mult idimensionnelle de l’ espace domest ique, urbain et mondial chez le marocain illet t ré a abordé cet aspect symbolique de l’ espace. En se basant sur le f ait "qu’ aucun homme ne se sit ue et ne se représent e dans son univers sans mobiliser, plus ou moins manif est ement des t echniques, des croyances et des valeurs"(6). Il f aut savoir que le t erme mausolée peut êt re t raduit par divers aut res t ermes en arabe et not amment par celui de "zaouia"(7).

Sit ué à 6 km au Sud de la ville de Sét if et f aisant part ie de sa périphérie concept uelle, "Sidi el khier" est le sanct uaire le pl us inf luent de la région. Il est composé d’ une mosquée, d’ un mausolée, et d’ un puit s, le t out ent ouré d’ un cimet ière. Le mausolée est une const ruct ion d’ archit ect ure simple en un seul niveau. Il f ût édif ié sur le point l e plus haut du t errain aux abords d’ un pet it canal d’ irrigat ion. La microsphère sacrée "la pièce du t ombeau" est de f orme carrée dont les 4 murs sont percés de niches et d’ ouvert ures minuscules (genre de moucharabieh) laissant à peine pénét rer la lumière. De légende on dit que l e Saint aurait demandé qu’ en l’ ent errant on lui laisse une ouvert ure donnant sur la ville pour qu’ il puisse veiller sur elle, et la prot éger de sa "baraka".

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rural en édif iant un mausolée pour abrit er le t ombeau du Saint . De plus, l e mausolée est cosmisé par l es dif f érent s rit es. La puret é et la sérénit é de l’ endroit f avorisent un climat de dévot ion int ense.

Il est considéré par le pèlerin (homme religieux) comme une port ion d’ espace qualit at ivement dif f érent e du rest e du t errit oire. C’ est un pôle d’ at t ract ion, posit if , paré d’ une aura bénéf ique. C’ est un t errit oire sacré, un "point f ixe", lieu saint qui at t ire les pèlerins et rayonne au-delà des f ront ières t errit oriales. "La révélat ion d’ un espace sacré permet d’ obt enir un "point f ixe", de s’ orient er dans l’ homogénéit é chaot ique"(8).

Par conséquent , vu l a f idélit é et l’ at t achement af f ect ives des Sét if iens à cet t e parcelle de t erre, la part ie consacrée au cimet ière ne cesse de s’ ét aler et ses limit es sont sans cesse repoussées. Pour permet t re aux cit oyens de la ville d’ ent errer leurs mort s dans ce périmèt re sacré. Il est à penser que l’ ent errement dans ce lieu, légit ime le sent iment d’ appart enance à la ville d’ où le qualif icat if du Sét if ien "d’ Ouled Sidi el khier". 5 - Le rite de la "ziara" :

"Ziara" est un t erme qui veut dire lit t éralement "rendre visit e", avec la prat ique d’ une of f rande. On rent re par conséquent dans un syst ème de don t el que déf ini par Marcel Mauss en t ant que syst ème d’ échanges. On of f re dans l’ at t ent e de recevoir une cont re part ie.

C’ est un cult e local, qui consist e en la visit e au sanct uaire pour impl orer le Saint pat ron de la vill e de sa prot ect ion l a "baraka" et de ses grâces. Il ponct ue les dif f érent es ent reprises de la vie de l’ individu.

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at t end à l ’ ext érieur dans le parking, la cour ou la salle de prière at t enant e au mausolée. "Le t emps du rit uel la f emme est invest ie d’ une aut orit é morale sur l’ événement et sur les espaces", ell e acquiert (le t emps du rit e) un st at ut part iculier. Les logiques de l’ aut orit é et du pouvoir sont inversées. La f emme t ant ôt impure devient la personne requise pour t ransmet t re la prière.

Ce rit e obéît à un processus init iat ique et se compose de nombreux rit uels selon la circonst ance et la nat ure du rit e : c’ est un act e t radit ionnel et cyclique. Il s’ agit d’ une concept ion de parcours ponct uée d’ act ions rit uelles où le mausolée prend le t emps du rit e de la "ziara", une dimension cosmique. Dans ce cont ext e, not re approche de la ville est une approche mat érielle et immat érielle. Le rit uel se présent e comme un scénario qui se déroule sur une scène : la vill e. Sachant que le lien ent re l a sociét é et le t héât re se dist ingue parmi les f ormes principales de relat ions ent re la vie sociale et la créat ion t héât ral e, la "ziara" représent e l’ une de ces f ormes. Elle correspond aux cérémonies t héât ralisées et à l’ int ensit é moment anée de la vie collect ive. Le rit uel est , par déf init ion, un comport ement f ormel prescrit lors des occasions cycliques, f aisant réf érence aux croyances, à l’ exist ence d’ êt res visibles ou invisibles et de pouvoirs myst iques. Quand l e rit uel est associé à l’ espace mat ériel, il nous inf orme sur la relat ion que l’ homme ent ret ient avec ce dernier.

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d’ une st ruct ure concept uelle.

En ef f et , d’ une part , l’ archit ect ure est une crist allisat ion des valeurs sociales. D’ aut re part , elle représent e un syst ème de communicat ion cognit ive ; c’ est -à-dire que l’ espace ut ilisé au quot idien devient à son t our récept acle de ces mêmes valeurs, qui const it uent l ’ arrière plan de la conscience collect ive.

6 - Les étapes du rite :

1. l’ espace domest ique, la préparat ion de l a "sedka":

Sous l’ aut orit é de la f emme, le rit e commence au sein de l’ espace domest ique où elle ét ablit un processus de purif icat ion avant de se présent er au lieu saint . Si l’ on f ait une "sedka" (of f rande) le repas est préparé à la maison et emmené ensuit e pour êt re consommé et part agé sur place au lieu du sanct uaire. En d’ aut res circonst ances, le repas est préparé sur place et part agé par la suit e, ceci est appelé "zerda".

2. la rout e de la ville au mausolée, le chemin sacralisé :

Ensuit e on emprunt e l’ it inéraire qui mène au mausolée, le chemin qui dans les mémoires est emprunt de sacralit é. Une anecdot e populaire vient appuyer not re hypot hèse, selon l es dires : une f emme meurt rie de chagrin aurait ef f ect ué t out l e chemin de la ville au mausolée, pieds nus, en arrivant les pieds en sang, elle implore le saint par ces paroles : "ya sidi el khier dj it ek haf iyana, bekiana, aqdhili haj t i zerbana", à t raduire : "Oh Sidi el Khier, j e suis venue à t oi pieds nus, en pleurs, exauce mon vœu expressément ".

Cet t e supplicat ion comport e t rois dimensions, l’ espace (parcouru pieds nus), l’ ét at émot ionnel de la personne et la dimension t emporelle dans le t erme "expressément ".

Il est dit qu’ en ret ournant chez elle, elle aurait appris que son mari aurait f ait un accident , que sa deuxième f emme serait mort e et qu’ il serait rest é paralysé à vie, son vœu se serait exaucé.

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glorif ié par beaucoup de f emmes, et nombreuses sont celles qui aimeraient le ref aire dans de t elles condit ions pour se voir ainsi récompensées.

3. le compl exe du sanct uaire :

Les visit es sont souvent ef f ect uées le vendredi (j our sacré) et les j ours de f êt es. C’ est un lieu qui se prêt e au recueillement et à la f erveur de la f oi.

En arrivant la f emme se dirige direct ement vers la pièce abrit ant le t ombeau, elle se déchausse à l’ ent rée, comme de cout ume, avant d’ accéder à un lieu sacré. Une pet it e surélévat ion marque le seuil ent re les deux mondes : monde int érieur et monde ext érieur. Tout es les chaussures y sont ent reposées ; c’ est à cet endroit que se f ait la dist inct ion ent re les deux modes d’ êt re, prof ane et sacré, on se déchausse pour ent rer dans un endroit pur, propre, sacré, et calme. Même le t on de la voix change. Les paroles se t ransf orment en murmures et gest es. On change de comport ement et d’ at t it ude en pénét rant l’ ant re sacré c'est -à-dire qu’ on passe d’ un ét at d’ êt re à un aut re ét at d’ êt re : "le seuil qui sépare les deux espaces. . . est à la f ois borne, la f ront ière qui dist ingue et oppose deux mondes, et l e lieu paradoxal où ces mondes communiquent , où peut s’ ef f ect uer le passage du monde prof ane au monde sacré"(10).

Ensuit e, la f emme s’ int roduit à l’ int érieur af in d’ accomplir un rit uel de prières et d’ of f randes. Ell e allume des bougies qu’ elle place dans les niches sit uées dans les murs. L’ une d’ ent re elles sit uée sur le mur orient é est percée sur t out e sa longueur. C’ est la place du "kanoun"(11) qu’ on al lume pour brûler de l’ encens dont la f umée va mont er t out au long de l’ enf oncement . Après l’ encens et les bougies, elle mouille et malaxe le henné(12) et en met dans t ous l es coins, part iculièrement t out au long des angles des murs et sur le côt é Sud (supposé la t êt e du Saint homme) de la pierre t ombale, recouvert e de f aïence.

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part iculièrement les coins, les niches et "l’ izar"(13). Parf ois le t ombeau est recouvert d’ une nouvelle ét of f e qu’ on vient raj out er pardessus celles déj à ent reposées.

A t ravers t ous ces act es et cet t e gest uelle t ransmise horizont alement de mère en f ille, l’ espace sacré est st ruct uré et magnif ié. D’ abord les 4 point s cardinaux, ensuit e l e cent re (le t ombeau). Le mausolée est un espace délimit é, cent ré et orient é. Tout ce qui se t rouve à l’ int érieur est pur par opposit ion à l’ ext érieur considéré comme impur.

De plus, l’ espace est assimilé à un êt re humain en la personne d’ une mariée, puisqu’ il subit le même t rait ement que cet t e dernière. Il se t rouve par l à même idéalisé. En f ait , il est apprêt é à l ’ image d’ une mariée, henné, encens, parf um, bougies, youyou (cri st rident ). On not e une corrélat ion, voire même une mét aphore de cet t e associat ion ent re la mariée et le Saint dans la puret é et l’ aspect virginal des deux ent it és.

Après avoir accomplit les gest es rit uels, on s’ assied aut our du t ombeau pour prier et impl orer la "baraka" du Saint . Cert aines f emmes, les plus enhardies s’ agenouillent près de sa "t êt e". Elles recherchent une proximit é t act ile en posant leurs mains sur le t ombeau sans cesser de prier et d’ impl orer la bénédict ion. Il est recommandé de f aire une prière assort ie de deux "raqaât " en direct ion de la kaâba. Il est import ant de not er que l a prière est dest inée uniquement à Dieu. L’ espace du mausolée est un pôl e, un espace de médiat ion ent re la t erre et le ciel. Sa puret é et sa saint et é f ont de l’ endroit où il est ent erré un espace privilégié et sacré.

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"sedka" aux pauvres. Il s’ en servira pour ef f ect uer avec les t ravaux d’ ent ret ien du mausolée. C’ est lui qui gère les nombreuses of f randes.

C’ est pourquoi l’ ensemble de la "zaouia" se voit cont inuellement rénové, repeint , ret apissé par des donat eurs anonymes dont le vœu se serait accompli ou dans l’ espoir d’ êt re accompli. Les bienf ait eurs sont souvent des dignit aires originaires de la ville.

Les vœux sont la plupart du t emps, en rapport à la f écondit é (espoir d’ avoir un enf ant , mâle de préf érence), la maladie, un départ à l’ ét ranger, de f ut urs examens scolaires, le mariage, voir se solut ionner l es problèmes conj ugaux. . . et c. Lorsque le vœu est accomplit ou dans ce but , la personne ef f ect ue une of f rande ou "waada" sous f orme de "sedka". La cout ume veut que l ’ on prépare à la maison un "aïch" (gros grains de semoul e) ou un couscous à la viande aut our duquel t ous les pèlerins se régalent . Il est consommé et part agé à l’ ext érieur du sanct uaire sous l’ espace des arcades.

Le don ou la "waada" à déf aut d’ êt re pécuniaire ou aliment aire se f era sous f orme d’ un grand morceau d’ ét of f e d’ un vert part iculier (coul eur at t ribuée à Sidi el Khier, le vert est aussi dans la t radit ion musulmane une couleur associée au paradis) de lust res, ou de t apis. Pour "habil ler" le Saint et l a "zaouia" et pour of f rir la lumière.

La présence du puit s près du mausolée nous rappelle que l’ associat ion des deux élément s : l’ eau et l a saint et é, f ont part ie int égrant e du sacré.

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prat iques rit uelles par lesquell es il se meut d’ un monde à un aut re. En réalit é, lorsque l’ homme const ruit un espace sacré, il crée son "Monde" en met t ant en prat ique une prise de possession rit uelle qui a pour obj ect if de sacraliser ce monde dans lequel il doit vivre pour le rendre meilleur.

Notes :

1 - Mircea Eliade : Le sacré et le pr of ane, Paris, Gallimard, 1965, p. 28. 2 - Abdelahad Sebt i, p. 71.

3 - Max Weber : "Economie et sociét é", t . 1, Paris 1971. 4 - Abdelahad Sebt i : op. cit . , p. 71.

5 - Ibid.

6 - Mohamed Boughali, p. 4.

7 - L’ ét ymologie du mot "zaouia" direct ement emprunt é par le dialect al à l’ arabe classique, peut êt re révélat rice. Il veut dire angle ou port ion d’ espace visiblement limit és. "Aut rement dit le sanct uaire abrit ant un saint , par exemple, n’ est ainsi appelé que parce que son espace est la limit e mat érialisée d’ un sacré part iculier". Mohamed Boughali, p. 175.

8 - Mircea Eliade : Le sacré et le pr of ane, Paris, Gallimard, 1965, p. 27.

9 - Emile Durkheïm and Marcel Mauss: Primit ive classif icat ion, Chicago, The Universit y of Chicago Press, 1963.

10 - Mircea Eliade : op. cit . , p. 28. 11 - Pet it réchaud.

12 - Le "henné" est une plant e vert e qui dans la t radit ion islamique est supposée êt re venue du paradis. On la sèche et la réduit en poudre ensuit e on y aj out e un peu d’ eau ou d’ eau de f leur d’ oranger pour en f aire une pât e qu’ on applique selon la circonst ance sur l’ espace ou sur le corps. Après avoir séchée la t eint e grenat demeure un cert ain t emps. Le henné est ut ilisé comme produit de maquillage.

13 - Pièce de t issu de couleur vert e dont on recouvre le t ombeau.

Pour citer l'article :

 Monia Bousnina : Le mausolée support de prat iques rit uelles dans la ville cont emporaine, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 12, 2012, pp. 19 - 31.

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