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Comment peut-on devenir Arabe Mr Ibrahim et les fleurs du Coran

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2005

Comment peut-on devenir Arabe ?

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

Mihaela Arnat Universit é de Suceava, Roumanie

Résumé :

Le roman "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" est un roman d’ init iat ion et d’ éducat ion, un roman de la t olérance conf essionnelle. Roman de l’ échange spirit uel ent re les deux civilisat ions. C’ est j ust ement cet t e pluralit é d’ hypot hèses int erprét at ives qui, au niveau t hémat ique, t out comme au niveau discursif , ouvre au roman d’ Eric-Emmanuel Schmit t une virt ualit é fert ile de pist es de lect ure où deux manières de penser, deux façons d’ expressions se rencont rent heureusement .

Mots-clés :

Arabe, Schmit t , Coran, sagesse, musulman.

***

Arabe, cela veut dire "ouvert de huit heures du mat in j usqu’ à minuit et même le dimanche, dans l’ épicerie". C’ est une phrase persévérant e qui revient maint es f ois t out au long du livre d’ Eric-Emmanuel Schmit t , "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran". C’ est beaucoup, pour ne pas avoir de signif icat ion, et assez, pour nous suscit er l’ int érêt . Monsieur Ibrahim est , depuis quarant e ans, l’ Arabe d’ une rue j uive localisée chromat iquement comme la rue Bleue. Mais t out commence, comme dans la plus vieille des hist oires, dans la rue de Paradis. C’ est ici qu’ un garçon, et son nom est Moïse, a perdu son bon sens. Il a onze ans et il a cassé son cochon. Pour aller voir les mauvaises filles. Le cochon ét ait sa t irelire dont les ent railles cachaient deux cent s francs, l’ ef fort de quat re mois parcimonieux. C’ est précisément le prix de l’ âge de l’ homme.

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ent re sa caisse et les produit s d’ ent ret ien, une j ambe dans l’ allée, l’ aut re sous les boît es d’ allumet t es, une blouse grise sur une chemise blanche, des dent s en ivoire sous une moust ache sèche, et des yeux en pist ache, vert s et marron, plus clairs que sa peau brune t achée par la sagesse"(1). La sagesse de monsieur Ibrahim c’ est un fait indéniable et cela vient de sa const ance de quarant e ans dans la rue j uive, de sa façon de parler peu et de sourire beaucoup, de sa sereine immobilit é sur son t abouret , et même de sa t roublant e absence ent re minuit et huit heures du mat in.

De l’ épicerie de monsieur Ibrahim le gamin vole des boît es de conserves. Il vole monsieur Ibrahim non sans hont e, cependant . La vilenie ét ait disculpée par cet t e excuse rassurant e que le pet it voleur se répét ait consciemment : "Après t out , c’ est qu’ un Arabe"(2). Mais, lorsqu’ il vole son père, il le fait avec la sat isfact ion de celui qui a ét ait out ragé. Le père, avocat économe, avait demandé des explicat ions pour l’ argent que Moïse dépensait pour faire bouillir la marmit e. Mais, ce que le père ne savait pas, c’ ét ait que cet t e malhonnêt e t irelire à sens unique, ne permet t ant que d’ y glisser l’ argent sans en sort ir, eût déj à ét é cassée. Le rit e préliminaire de séparat ion ét ait déj à accompli.

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cherchant à t rouver les différences qui devraient séparer les deux religions. Différences qui t ardent d’ apparaît re puisqu’ il découvre que "les j uifs, les musulmans et même les chrét iens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se t aper sur la gueule"(6). Cela ne le concernait pas, se disait -il, mais le réconf ort ait .

Pour Moïse l’ hist oire cont inue funest ement . Son père, ayant perdu son boulot , quit t e la maison et se suicide. La mère revient voir l’ enfant abandonné il y a des années et t rouve Momo. "Voilà, maint enant j e suis Momo, celui qui t ient l’ épicerie de la rue Bleue, la rue qui n’ est pas bleue. Pour t out le monde, j e suis l’ Arabe du coin. Arabe, ça veut dire ouvert la nuit et le dimanche, dans l’ épicerie"(7). Not re lect eur se demande légit imement , bien sûr, quel serait l’ enj eu pour lequel on a dévoilé, au milieu de not re propos, la t ransformat ion du j uif Moïse dans l'arabe Momo. Vu que ce n’ ét ait pas la surprise de cet t e conversion que nous voulions énoncer, on a cit é sans hésit at ion la fin du livre. L’ essent iel pour not re ét ude, ce n’ est pas de saisir le changement de Moïse en Momo, mais de rassembler dans un dipt yque j udéo-musulman les idées, les considérés, les supposés et les présupposés disséminés t out au long du livre et récurrent es à cet t e t héologie composit e.

Et on croit fort ement , qu’ en réalit é, il ne s’ agit pas d’ une conversion, mais d’ une récupérat ion spirit uelle de l’ Arabe Momo. Des rares phrases que Schmit t a fait prononcer le père de Moïse, on se rappelle la suivant e : "Êt re j uif, c’ est simplement avoir de la mémoire. Une mauvaise mémoire"(8). Pour échapper à cet t e maudit e mémoire le père choisit le suicide, t ouj ours pour guérir d’ elle, l’ enfant fait l’ apprent issage d’ une aut re confession. Confession qui ne supplant era pas celle j uive, mais qui lui fera du bien.

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les phrases à suivre : "Ici ça sent le cierge, c’ est cat holique. Là, ça sent l’ encens, c’ est ort hodoxe"(9). Dans la mosquée Bleue, Moïse apprend qu'un lieu de prière qui sent les hommes est cert ainement fait pour les hommes. Là, chacun se sent , sent les aut res, donc on se sent déj à mieux. C’ est une leçon d’ humilit é profonde que monsieur Ibrahim enseigne à son fils - car Moïse deviendra son fils par adopt ion - et cet t e leçon consist e dans cet t e vérit é simple : on ne vaut mieux que not re voisin.

Momo s’ inst ruit également dans l’ art de vivre. Il apprend à sourire, à avoir chaud, à êt re heureux. Le bonheur est d’ abord ressent i comme une sensat ion de chaleur cont rast ant e avec la froideur de la maison du père. L’ enfant demande candidement à son maît re où t rouver le bonheur. Monsieur Ibrahim lui en avoue la source, le Coran, pour aj out er plus t ard que les grandes vérit és ne sont pas dans les livres. Le sage monsieur Ibrahim sait que "l’ homme à qui Dieu n’ a pas révélé la vie direct ement , ce n’ est pas un livre qui la lui révélera"(10). Lorsque le pet it Moïse rest e seul, il commence à vendre les livres de son père aux bouquinist es de la Seine. On peut y déceler plus qu’ un act e freudien, c’ est une libérat ion idéologique. Loin de t out e fict ion, Momo verra clairement sa vie. Il se rendra compt e que l’ Arabe n’ ét ait pas arabe, que la rue bleue n’ ét ait guère bleue, que t ous les t ruismes sont à t omber, que la vie n’ at t endait qu’ à commencer. Ce n’ est pas du t out innocent e la réplique qu’ il donne à sa mère : "Moi, on m’ appelle Momo"(11). Ce qui suit signifie l’ accept at ion volont aire et fière de son nouveau st at ut : "Ah bon ? Tu n’ es pas Moïse ? Ah non, ne faut pas confondre, madame. Moi, c’ est Mohammed"(12).

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s’ agit de deux civilisat ions socialement caract érisées par les deux confessions. Il faudrait néanmoins prêt er at t ent ion au décor parisien où se déroule l’ hist oire. Ce que Moïse devait changer, ce n’ ét ait pas la religion j udaïque, mais ses préj ugés européens.

Le romancier ne fait point de son roman un "éloge de l’ Islam". Aussi f aut -il pas se méprendre sur la significat ion de la mét amorphose de Moïse / Momo. Or c’ est même cet t e conversion qui occult e un niveau subt il de l’ int erprét at ion pragmat ique du t ext e. La conversion ét ait un élément accessoire, sur lequel un lect eur coopérat if pourrait facilement ant iciper. En premier lieu, ce que Moïse apprend c'est réfut er les idées reçues. Ainsi l’ Arabe n’ est pas Arabe, la rue Bleue, n’ est pas bleue. Le syllogisme crédit erait la conclusion suivant e : le j uif Moïse n’ ét ait pas j uif . Progressivement , l’ enfant apprend à voir au-delà de la surface des choses, renonçant à la manière d’ appréhension occident ale et épidermique pour s’ en approprier une aut re, ext ensionnelle, non dépendant e d’ une cult ure dét erminée. Il cont est e les direct ions préét ablies car "les dict ionnaires n’ expliquent bien que les mot s qu’ on connaît déj à"(13). Ainsi, le péril ne viendrait pas de la religion mais de l’ idéologie qu’ elle act ive : "il y a des façons de penser qui sont aussi des maladies, disait souvent monsieur Ibrahim"(14).

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"Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" - roman d’ init iat ion et d’ éducat ion ? Roman de la t olérance confessionnelle ? Roman de l’ échange spirit uel ent re les deux civilisat ions ? C’ est j ust ement cet t e pluralit é d’ hypot hèses int erprét at ives qui, au niveau t hémat ique, t out comme au niveau discursif, ouvre au roman d’ Eric-Emmanuel Schmit t une virt ualit é fert ile de pist es de lect ure où deux manières de penser, deux façons d’ expressions se rencont rent heureusement .

Comment peut -on devenir Arabe ? Moïse y connaît la réponse. Tout simplement parce qu’ il ne s’ est j amais posé la quest ion. Ou j ust ement parce qu’ on a lui appris comment se poser les quest ions.

Notes :

1 - Eric-Emmanuel Schmit t : Monsieur Ibrahim et les f leurs du Coran, Albin Michel, Paris 2001, pp. 12 - 15.

2 - Ibid. 3 - Ibid. 4 - Ibid., p. 15. 5 - Ibid. 6 - Ibid., p. 50. 7 - Ibid., p. 85. 8 - Ibid., p. 40. 9 - Ibid., p. 72. 10 - Ibid., p. 48. 11 - Ibid., p. 58. 12 - Ibid. 13 - Ibid., p. 37. 14 - Ibid.

Pour citer l'article :

 Mihaela Arnat : Comment peut -on devenir Arabe, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 03, 2005, pp. 7 - 12.

Referências

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